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Claircombe  :: Titre :: Quartier Utgardien :: Les pires promesses sont celles que l'on nous fait... ::
Les pires promesses sont celles que l'on nous fait...
Liveig Fjorleif
Liveig Fjorleif
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Dim 8 Nov - 11:11
Les pires promesses sont celles que l'on nous fait...

Eredin Lautrec & Liveig Fjorleif
Début d’après-midi |  Claircombes | Le Fleuve | An 81, 1er mois d'Ete, Jour 30


Lire l'épisode précédent → Fuite en Avant

Dans le quartier Utgardien, tout le monde était occupé aux préparations du Solstice d’Eté. A cette occasion, des bêtes avaient été lavées dans la rivière, les prêtres de Njörd s’était assurés de leur santé avant de les bénir. Elles furent ramenées des faubourgs jusqu’en ville, à l’Autel de Sacrifice où elles seraient égorgées au crépuscule en l’honneur de la fête du Solstice. C’était une célébration importante pour les siens comme pour elle-même, le jour où l’on supplie Njörd de nous sortir des ténèbres, le jour où on espère qu’il chantera sa promesse, et fera notre destin. Un petit rire nerveux s’échappa d’entre ses dents serrées. Quel destin ? Qu’est-ce que le futur pouvait bien lui réserver de plaisant ? Elle n’avait pas revu Eredin depuis des jours, en réalité, pas depuis cet après-midi où elle l’avait enjoint à se confronter à son père, pas depuis ce soir, où son père l’avait humiliée et rabaissée devant son aimé. Morte de honte, elle avait capitulé aussi facilement qu’une enfant, parce qu’après tout, n’était-ce pas ce qu’elle était ? Une enfant capricieuse et idiote, incapable de subvenir à ses propres besoin, dépendante. Chaque seconde où elle se laissait distraire la ramenait à cet instant fatidique où elle baissait les yeux devant Eredin et lui demandait de partir. Quelle ironie, quand on y pense, quand quelques heures auparavant elle déclarait d’un ton combatif qu’elle n’était pas une fleur. Du moins, elle avait essayé de s’en persuader. Elle n’était qu’une fleur, accrochée à ses racines pourrissantes, elle pouvait bien se faire piétiner, elle n’avait rien pour se défendre pas même une épine. Elle était à la merci de tous,  avait-elle besoin qu’on lui chante la promesse d’un destin dont elle ne voulait pas ?

Liveig ressassait ce moment déplaisant, le revivait en boucle, le regard perdu par la fenêtre de sa chambre. Les jeunes filles se faisaient belles dans l’espoir que ce soir leurs amants demandent leur main devant les dieux et lient leur destin. La jeune femme quant à elle était terrifiée à l’idée de revoir Eredin. Dix jours s’étaient écoulés depuis qu’Ulfgorm avait défié le guerrier d’obtenir la bénédiction de l’Hurlsk pour avoir sa fille. Plus rien depuis. Faut dire qu’elle s’enfermait soigneusement de peur de… de quoi ? De lire le mépris ? De honte ? Elle n’avait même pas adressé un regard à Eredin quand il était parti, elle ne savait que trop bien qu’elle y aurait lu la déception. Non, elle ne voulait surtout pas sortir ce soir. Elle n’avait envie de voir aucun visage joyeux, aucun couple heureux, aucun père qui donnerait la main de sa fille, aucun Hurlsk qui ne bénisse une union, elle ne voulait être témoin d’aucun bonheur qu’elle ne pouvait avoir. Pourtant, elle était là, à observer les jeunes filles d’en face se mettre en beauté, ajuster leurs robes claires et leurs coiffures complexes. La jalousie et le dégoût firent une bile acide qui remonta le long de sa gorge nouée.

Elle n’avait pas entendu sa mère rentrer dans sa chambre. Eidra Fjorleif passa ses doigts maigres dans sa tignasse blonde pour ramener une mèche rebelle derrière son oreille, puis ils retombèrent doucement sur son épaule. Etrangement, sa présence silencieuse lui apporta un réconfort, comme si elle absorbait le mal-être de sa fille. Comme si, peut-être, elle était désolée pour elle.

Qu’attends-tu, ma fille, pour te préparer ? fit-elle avec un sourire las qui camouflait presque son air soucieux.
Personne ne m’attend.
Celui qui t’attend n’est pas forcément celui que tu crois. Mais je suis assez certaine que quelqu’un t’attend.

Evidemment. Ses parents voulaient régler le problème rapidement. Elle n’avait jamais autant vu Barldwin Mörth que cette semaine. Avant ça, il passait de temps à autre avec divers prétextes, toujours quand Eidra et Ulfgorm n’étaient pas là. La famille Mörth détenait une forge et une fonderie, leurs activités commerciales étaient prolifiques et leur assuraient un train de vie particulièrement aisé. Les Fjordleif avaient des accords avantageux avec eux depuis toujours, ce qui permettait à Ulfgorm d’avoir des alliages et des métaux à un prix dérisoire. Liveig ne s’était jamais vraiment méfiée des intentions du jeune homme, désormais elle comprenait que ses visites étaient planifiées par leurs parents. Sa nature méfiante était allée encore plus loin, elle imaginait que Barldwin, loin de s’intéresser à elle, s’intéressait beaucoup plus à ce qu’à leur mariage pouvait lui apporter à lui et sa famille : une orfèvrerie. Elle était la fille unique des Fjorleif, c’était à elle que reviendrait le magasin familial. Paranoïaque, en colère, méfiante, elle avait été plus froide que jamais avec le jeune homme courtois dont les visites devenaient insupportables. Avant, elle le voyait comme un homme appréciable de bonne famille, désormais il n’était qu’un hypocrite venu picorer les restes. Eredin écarté, il pensait avoir tout le loisir de la courtiser, elle allait lui rendre la tâche beaucoup moins plaisante qu’il ne le croyait et bien plus ardue. Dans sa souffrance, elle y trouverait peut-être un peu de réconfort.

Il peut attendre longtemps.
Pourquoi es-tu si dure avec lui ?
Pourquoi est-il si horrible avec Eredin ?

Le sujet avait soudainement changé. Il ne s’agissait plus du fils Mörth mais bien d’Ulfgorm. Liveig n’était pas passée à côté du comportement étrange de ses parents lors de la confrontation. L’amertume et la rancœur qui masseraient en elle la poussaient à adopter cette attitude agressive qu’on ne lui connaissait pas. Eidra eut un mouvement de recul, comme si elle venait de prendre une flèche en plein coeur.

Nous voulons te protéger, tu sais.
Mais de quoi !
De toi-même, enfin ! Tu t’accroches à ce garçon car c’est le seul qui t’ai jamais donné d’attention !
Je l’aime !
Mais peux-tu en dire autant de lui ? Est-il allé demandé ta main l’Hurlsk ? T’attend-il ce soir ? Ou n’a-t-il pas déjà trouvé n’importe quelle autre jeune fille pour...
Il n’est pas comme ça !
On croit toutes qu’ils ne sont pas comme ça, Liveig ! Ouvre les yeux ! Qu’as-tu que d’autres ne peuvent lui donner ? Un sourire, un visage, un corps ?

Ces paroles étaient si cruelles mais si convaincantes, elles trouvèrent une cible facile. Eidra connaissait sa fille, elle l’avait faite, elle connaissait ses failles, ses doutes, son manque de confiance. Elle avait conscience de lui avoir transmis toutes ses insécurités, et elle s’en voulait d’en jouer désormais pour faire ce qui lui semblait maintenant être juste : lui épargner la douleur d’être trahie par un homme qui ne la méritait pas et qui se jouait certainement d’elle. Un instant, elle sembla être sur le point de révéler une histoire qu’elle avait vécue. Ses épaules s’affaissèrent, elle soupira, renonçant encore. Elle s’approcha de sa fille et la prit par les épaules.

Le désir et l’amour sont deux choses différentes ma chérie. Le premier est éphémère. Le deuxième ne vient que si on lui en laisse l’occasion et il durera toute ta vie. Eidra sembla peser ses mots encore, sa voix s’adoucit encore. Ne laisse pas le désir fermer ton coeur à qui le mériterait. Tu es en colère, mais pas contre la bonne personne. Du bout des doigts, Eidra releva le menton de Liveig pour diriger son regard vers la fenêtre, en contre-bas. Barldwin traversa la rue jusqu’à leur hutte.  C’est un ami de la famille, un homme respectable. Mérite-t-il d’être si injustement traité, juste parce que ton père l’apprécie ? Laisse-lui une chance de te prouver qu’il en vaut la peine, veux-tu ?

Le fils Mörth disparut du champ de vision. On entendit le heurtoir du magasin. Liveig se sentait prise dans un étau, une fois de plus. Elle se terrait ici pour échapper à la réalité, pour ne pas avoir à s’expliquer de sa réaction ou plutôt de son inaction. Maintenant, sa mère la prenait par les sentiments, en jouant sur ses doutes et ses peurs, pour l’inciter à sortir, mais en plus elle la faisait se sentir coupable de refuser les attentions de ce brave Barldwin. Non, elle ne le laisserait pas dans l’illusion qu’elle était encore accessible. Elle ne connaissait peut-être pas grand-chose au désir et à l’amour, mais elle était sûr que le fils Mörth ne saurait susciter chez elle aucun de ces deux sentiments. Elle descendit déterminée à le lui en faire part.

Bonsoir Barldwin, je...
Je vous laisse, j’ai une course à faire. Fermez derrière-vous, s’exclama Eidra d’un ton fort destiné à convaincre sa fille à réfléchir encore un peu à ce dont elles avaient parlé. La femme de l’orfèvre prit un panier avant de s’éclipser.
Liveig, tu es magnifique ! Il avait des fleurs fraîchement cueillies à la main. Il avait revêtu ses plus beaux habits pour la fête. Assez ironiquement, elle ne s’était pas apprêtée pour l’occasion ce qui rendit le compliment excessif à ses yeux. Avant qu’elle n’ait le temps de démentir ou d’expliquer qu’elle n’irait pas à la célébration du solstice d’Eté, l’homme reprit en abattant sa carte maîtresse. Je pensais que tu serais déjà accompagnée, puis j’ai vu l’Hurlskson et ses frères de sang.  Je me suis dit que je pourrais peut-être te convaincre de venir à la fête. Je t’ai apporté ça. C’était vrai, oui, il avait vu l’Hurlskson et ses frères de sang bien accompagnés, mais n’était-ce pas toujours le cas ? Aujourd’hui, le temps pressait, il devait utiliser la ruse pour la faire sortir coûte que coûte. Il devait écarter son rival, même ça signifiait quelques coups bas. Ce n’était qu’une question de temps désormais, ce soir, Barldwin ferait sa demande devant Njörd, et tout le monde saurait.

Il tendit le bouquet avec un sourire innocent, elle ne le voyait pas. Elle s’était arrêtée sur sa première phrase et, allez savoir ce qu’elle avait compris. Elle voyait déjà Uriel et Eredin entouré d’un groupe de jolies Utgardiennes avec qui ils s’enivreraient pendant qu’elle resterait ici à broyer du noir. La vision sortie tout droit de son imaginaire maladif raviva sa colère. D’un ton impérieux, elle lui conseilla de s’installer sur une chaise et remonta aussitôt dans sa chambre. Hors de question de rester ici, elle n’avait pas dit son dernier mot. Barldwin resta donc au rez-de-chaussée, et quand le butoir retentit une nouvelle fois, il se chargea d’accueillir le visiteur, comme s’il était lui-même l’hôte. De toute façon, ce serait bientôt le cas, pourquoi se gêner ? Un gamin se tenait dans l’embrasure de la porte, il avait apparemment couru jusqu’ici, il était essoufflé.

Mademoiselle Liveig ? demanda-t-il peu convaincu en détaillant l’homme de haut en bas.
Non.
Elle… Je peux lui parler ?
Non. Elle est occupée. Je me chargerai du message.
L’Hurlskson l’invite à la fête… balbutia-t-il pris de cours, il mentionna une surprise mais le fils Mörth le remerciait déjà en lui tendant une pièce.
Elle ira, ne t’en fais pas. Tiens prend ça, tu as bien fait ton travail.

L’enfant repartit au galop, heureux d’avoir accompli sa mission et d’avoir obtenu un sou supplémentaire. Son message n’atteindrait jamais sa destinataire.

Lorsque Liveig redescendit ses cheveux retombait jusqu’au bas de son dos et étaient partiellement tressés en une épaisse natte blonde ornée de perles. Elle portait une longue robe blanche comme beaucoup porteraient ce soir, car le blanc représentait les dernières lueurs de l’été.
Tenue de Liveig:

Allons-y, l’invita-t-elle en s’emparant des fleurs qu’il tenait toujours, et sortit, bien décidée à voir qui tournait autour de son chasseur.

La fête du Solstice allait bientôt commencer et Liveig, si calme d’habitude, s’impatientait. Ses yeux scrutaient la foule qui grouillait dans la rue de l’Autel de Sacrifice près de la porte du Tentac. Elle n’avait pas encore repéré celui qu’elle cherchait. De plus, les commentaires et les anecdotes de Barldwin aiguisait son humeur. Si elle avait vu une femme au cou d’Eredin passer, elle aurait pu se jeter sur elle, tellement elle était tendue. Ils étaient venus bien trop tôt à vrai dire, le crépuscule ne tomberait que dans quelques  heures. D’ici là, ils aideraient à placer les offrandes, à ramener de la nourriture sur les grandes tables. Son agressivité se mua peu à peu en lassitude extrême : la voix de son cavalier n’était plus qu’un bourdonnement de fond auquel elle ne prêtait plus attention. Elle se contentait de sourire ou de hocher la tête lorsqu’elle voyait qu’il avait besoin d’un signe de son attention ou d’une réponse, et il repartait de plus belle. Ca ne s’arrêterait donc jamais ? Enfin, il tourna le dos, tout occupé à une tâche, et Liveig disparut dans la foule. Plus petite que la moyenne utgardienne, elle se faufilait facilement entre les gens. Dans ce quartier de la ville, la blondeur de ses cheveux était un trait commun à une grande partie des habitants, elle se fondait dans la masse. Que lui avait-il pris de venir ici avec cet idiot de Barldwin ? Elle aurait dû s’en tenir à son plan initial et rester chez elle. A contre-courant de la foule, elle essayait de remonter la rue. On amenait les sacrifices jusqu’à l’Autel, des charrettes de bière et de vin bloquaient le passage.
Eredin Lautrec
Eredin Lautrec
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Lun 9 Nov - 17:13




- C'est la seule solution possible sans faire couler de sang ! Donc on le fait ce soir !
- Ton père risque de mal le prendre.
- Il sait très bien que jamais on en resterait la et il a fait bonne figure devant tout le monde la dernière fois... Tu ne vois pas ? Il a sauvé les apparences, mais il n'a rien fait pour qu'aujourd'hui on ne fasse rien ! Est-ce qu'il a compensé ta perte d'une quelconque façon ? Hein ?
- Non.
- Exactement ! Si il voulait vraiment t'en empêcher, il t'aurait donné de l'argent ou récompensé pour ta loyauté, mais il n'a rien fait ! Comme ce soir, il ne fera rien. De toute façon il ne pourra rien faire.
- Des sanctions vont tomber... vous êtes sûr de vouloir m'accompagner dans cette histoire ?
- Ha ! Et qu'est-ce qu'il va faire ? Nous fouetter au centre du village pour avoir osé restaurer l'honneur d'une femme du clan ? Tuer le futur chef de clan et ses commandants ? Tu parles...



Uriel avait eut l'idée plusieurs jours auparavant, il l'avait partagé avec le groupe et s'était depuis évertué a convaincre tout le monde que c'était la seule solution possible. Son idée était forcement meilleur que celle d'Eredin qui consistait simplement à abattre Barldwin Mörth, simple mais terriblement efficace. Il avait même imaginé comment faire pour que tout le monde pense à un accident. Mais d'après Uriel, la mort tomberait trop au bon moment pour lui, absolument tout les soupçons se tourneraient vers lui et il risquerait de devoir faire face à des représailles sanglantes. Mais est-ce que Eredin avait peur ? Absolument pas, il était un guerrier ! Mais à force d'entendre son frère et ami lui répétait a longueur de journée que la seule solution possible était sa propre idée (qui n'avait pas besoin de faire couler de sang au passage). Et bien à force, il s'était laissé convaincre. Et aujourd'hui que le plan allait devoir se dérouler, il écoutait une nouvelle fois Uriel raconter chaque détail au petit groupe.

Au total, en ce matin de fête, ils étaient six dans la hutte d'Uriel. Six hommes de confiances prêt à faire front pour un seul d'entre eux ! Ils se connaissaient tous depuis l'enfance et aujourd'hui, pour Eredin, ils allaient braver l'autorité de l'Hurlsk ! A l'époque, quand une bêtise était faite et que le chef de clan commençait à s'énerver contre eux, il suffisait au groupe de gamin de fuir en courant et en rigolant pour lui échapper... mais aujourd'hui, ce n'était plus aussi simple. Chacun avait des responsabilités confié par l'Hurlsk et l'action de ce soir allait forcement se payer. Mais comme l'avait expliqué Uriel, que pouvait bien faire son père ? Ils allaient tous devenir des soutiens important pour son fils dans l'avenir. C'est bien pour ça que Yngvar avait déjà commencé à les installer à des postes qui, dans quelques années, feraient d'eux des hommes avec du pouvoir dans le clan. Toujours selon Uriel, ils ne risquaient pas grand chose comme punition, au pire le soir même, ils allaient devoir se battre pour gagner du temps, mais si le plan se déroulait comme Njörd le souhaitait, il n'y aurait même pas besoin d'en arriver aux mains.


- On ne sait pas comment les choses peuvent évoluer, si l'un d'entre vous souhaite partir maintenant, je ne lui en tiendrai pas rigueur et on se verra demain comme si de rien était !


Et dans le silence ambiant, personne ne bougea ou ne dit mot. Uriel, Eredin, Isaac, Torstein, Askelaad et Olgierd. Un groupe soudé comme on l'attendait des Utgardiens.


- Maintenant qu'on est tous d'accord, préparons nous.



[Plusieurs heures plus tard]


Les préparatifs pour la cérémonie avançaient à bon train. En début de soirée, des animaux seront offert à Njörd pour renouveler la promesse originelle. Une cérémonie extrêmement importante pour les Utgardiens. Elle coïncide d'ailleurs avec le solstice d'été car à partir de demain les jours allaient commencer à se réduire. Pour que Uvn reprenne de la vitesse dans le ciel pour rattraper Gard et à nouveau éclairer les hommes, il était important d'offrir des offrandes. Et des offrandes, il allait y en avoir ! Entre les animaux préparés par les prêtres de Njörd, les offrandes des habitants et les proies des chasseurs, c'était plus d'une centaine de bête qui allait se faire sacrifier. Et ensuite, le temps des promesses ! Le moment où tout allait se jouer pour Eredin et Liveig.

Mais avant ça, il devait s'assurer que Liveig vienne à la cérémonie. La connaissant et comme Eredin n'était pas venu l'invité, la jeune blonde allait sûrement rester chez elle pour éviter la foule. A dire vrai, personne dans le groupe ne comprenait réellement pourquoi Eredin avait choisi Liveig. Oui elle était belle, mais le quartier Utgardien ne manquait pas de jolies femmes, alors pourquoi elle qui préférait rester a la maison plutôt que de faire la fête ! Surtout qu’être un frère de sang du futur Hurlsk permettait de s'attirer facilement le regard des jeunes femmes. Donc pourquoi s'obstiner quand il suffisait simplement de cueillir une nouvelle fleur ? L'honneur de récupérer ce qu'il avait juré d'avoir ? Ou l'amour ? Seul Eredin était capable de répondre à cette question.


- Répète !
- L'Hurlskson invite mademoiselle Liveig Fjorleif à la cérémonie de ce soir, une surprise l'attendra devant la scène au moment des promesses.
- Très bien.
Et voyant que le gamin restait planté la comme un idiot, il lui colla un coup de pied au cul en lui faisant signe d'aller accomplir sa mission.
- Maintenant on a plus qu'a attendre et s'assurer que ta chère et tendre ramène bien son minois à la cérémonie.
- Elle viendra.


[Début de soirée]


Pourquoi était elle venu avec cet idiot de Mörth ? Avait-elle finalement accepté le destin que son père avait décidé pour elle ? N'était-il plus qu'un lointain souvenir ? Barldwin comptait-il faire sa demande ce soir ? Autant de question que l'Utgardien se posa en voyant de loin Liveig au bras du prétendant choisi par ses parents. Bizarrement, après quelques secondes et tout un cocktail de sentiment, il était plus motivé que jamais. Une assurance inébranlable dans ce qu'il avait à faire. Et qu'importe sa réponse, au moins il aurait tout tenté et aucun regret ne ressortirait de cette aventure.


- Assure toi qu'elle reste jusqu'à la cérémonie !

Une tape dans le dos et un signe de tête plus tard, Olgierd disparut dans la foule pour s'assurer que Liveig reste jusqu'au moment des promesses. Eredin l'aurait bien fait lui même, mais c'était prendre des risques pour rien. Entre la famille Mörth, Fjorleif et les hommes de l'Hurlsk, qui sait combien pourrait tenter de l'empêcher de la voir. Non, il devait faire profil bas et attendre le dernier moment.

La nuit était tombé et la cérémonie pouvait commencer. La place de l'autel de sacrifice était bondée comme à chaque grande cérémonie. La seule chose qui changeait, c'était le calme qui régnait. D'abord les sacrifices, ensuite les promesses et enfin la fête allait pouvoir commencer. Sur l'autel, le prêtre commença son traditionnelle discours. Cela dura un temps puis lui et ses adjoints commencèrent à sacrifier une par une les bêtes préparés. Le sang versé fut d'abord recueilli dans de grands récipients, puis une fois plein, il commença à recouvrir l'autel et fini même par déborder de la plate-forme.  Il fallut plus d'une heure pour venir à bout des dernières offrandes. Seul les prières et les bruits des animaux venaient rompre le silence de cet instant solennel. Pas très loin de l'autel, le groupe d'Eredin attendait le moment venu. Seul Uriel et Eredin était habillé comme pour les grandes occasions, les autres portaient des tenues plus traditionnelle pour être plus à l'aise, au cas où.


- Rappel moi on est combien ce soir ? Car il y a beaucoup de monde... je suis pas sûr de pouvoir tous les retenir.
- J'ai demandé au groupe d'Haakon de donner un coup de main, donc on devrait une grosse dizaine.
- Ho bah ça va ! J'avais peur que l'on soit totalement submergé...


Peut être qu'ils auraient du vider quelques bières avant de venir car la tension était palpable. Et même Eredin semblait avoir perdu de sa confiance. Quand à Uriel, sa main droite venait taper frénétiquement sa jambe. Mais il était trop tard pour reculer maintenant !

Puis, enfin, le moment commença à se dessiner. Le grand prêtre invita les gens à s'écarter et naturellement, un couloir se forma dans la foule. Un prêtre de l'autel commença à remonter l'allée qui venait de se former en versant du sang au sol pour former une ligne. Une fois terminé, des couples s’avancèrent en suivant la ligne de sang vers l'autel. Le temps des promesses ! Chacun allait se promettre l'un à l'autre devant Njörd et le clan. Et cette promesse avait plus de pouvoir au sein du clan Utgardien que les paroles d'un père sur sa fille ! Même l'Hurlsk devait s'y soumettre. Mais bien-sur, encore fallait-il réussir à monter sur l'autel et faire la promesse. Jouant des coudes, Eredin s'approcha de l'allée pour voir les couples qui se pressaient devant l'autel.





Liveig Fjorleif
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Dim 15 Nov - 13:39

Personne ne comptait rebrousser chemin, certainement pas pour laisser quelqu’un qui ne se dirigeait pas vers la cérémonie. Liveig dut se résoudre à contourner la masse qui se pressait dans la rue en tentant de passer par une ruelle adjacente. Une main ferme la saisit par   le bras, elle sursauta.

Liveig, te voilà ! J’ai cru t’avoir perdue dans la foule.

La voix n’était pas celle que son coeur attendait, ces paroles sonnaient comme un reproche. Le visage de Barldwin n’avait plus l’air si aimable tout à coup. Les traits de son visage étaient tendus, son sourire cachait une colère froide. La garce avait bien failli lui filer entre les doigts, il n’avait pas la patience d’attendre le moment opportun où elle serait bien obligée d’endosser sa part du contrat.
Il avait bien compris qu’il devait le provoquer ce moment, et rapidement, avant qu’elle ne porte l’enfant d’un autre. Ainsi, tout l’argent investi dans les arrangements faits entre leur deux familles ne serait pas une perte vaine. Il était jeune, il avait encore beaucoup à prouver, sceller cette alliance était la première vraie responsabilité que son père lui avait donné, il n’allait pas se laisser décourager si facilement.

Quelque chose me dit que je ne dois pas être là, s’entendit-elle avouer comme si cette excuse serait suffisante pour qu’il la laisse partir. Mörth éclata d’un rire narquois. D’un geste sec, il ramena Liveig contre son flanc et l’entraîna vers la cérémonie.

Parfois, je me demande si tu n’as pas du sang Ascanien. Ne fais pas ta grande dame, un peu de sang contre la bénédiction de notre mariage par Njörd et par le clan, tu y survivras.

Elle eut l’impression de tomber dans un lac gelé. Tout son corps s’engourdit, son sang se figea, elle pâlit. Piégée, trompée, vendue. Comment s’était-elle laissée convaincre de venir ici ? L’évidence lui sautait aux yeux désormais : les mots de sa mère, les doutes induits par le traître, tout. On s’était jouée d’elle. Elle n’avait pas son mot à dire, elle ne l’aurait jamais. Son regard vide erra sur les visages de la foule qu’elle ne reconnaissait pas. Le brouhaha de la foule se mut en un silence assourdissant. Barldwin continuait de parler en la traînant avec lui, elle se mit à résister et à vociférer.

Lâche-moi, tu me fais mal !

Alors cesse de faire l’enfant, et marche ! ordonna-t-il les dents serrées en la poussant vers la traînée de sang qui menait à l’Autel de Sacrifice. Barldwin avait sans doute remarquer la présence des Frères de Sang de l’Hurlskson. Il appréhendait une intervention imprévue ce qui le rendait impatient de toute évidence. Et il avait raison, de se méfier. Tout se passa très vite. Quelque chose heurta Mörth, il lâcha subitement sa prise sur Liveig, le choc la projeta si violemment qu’elle manqua de tomber et fut rattrapée par un deuxième individu qui se tenait là, comme prêt à la réceptionner. On la retint fermement pour qu’elle garde l’équilibre. Elle releva les yeux vers Eredin, soulagée de le voir enfin.

Je désespérais que tu m’invites, fit-elle sur un ton de reproche en massant son bras. Eredin portait un garde-corps particulièrement élégant, on eut dit qu’il se préparait pour une grande occasion. Un sourire sarcastique s’esquissa sur le visage de Liveig. Mes parents, Barldwin, toi… tout le monde est donc au courant de ma promesse, sauf moi ?

Mais l’accroche entre Olgierd et le fils Mörth avait initié une altercation avec ceux qui avait été bousculés, et Njörd sait qu’il y a bien une chose à laquelle les Utgardiens ne résistent pas : l’appel d’une bonne rixe. Barldwin n’était pas venu seul à la cérémonie, son père, ses oncles et leurs fils intervinrent aussitôt. Il allait bientôt falloir l’intervention de l’Hurlsk et de la garde pour éviter que la cérémonie ne vire en bagarre générale.
Eredin Lautrec
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Lun 16 Nov - 20:42





Donc comme ça, Barldwin avait eut la même idée que eux ! Il n'avait pas invité Liveig à la cérémonie pour la séduire, mais bien pour lui faire une promesse. Est-ce que la famille de la jeune femme était au courant ? Bien sûr que oui. Elle devait sûrement être la seule à ne pas être au courant du piège que ses proches avaient préparé pour elle. Ça se voyait sur son visage ! Si doute il avait put y avoir auparavant, il n'en existait plus aucun dans le cœur de l'Utgardien. Il faisait clairement le bon choix en intervenant ainsi et lorsque Barldwin la traîna dans l'allée de sang au centre de la foule pour la mener à l'autel, Eredin intervint avec une confiance en lui gonflé à bloc. Dans un premier temps, Olgierd bouscula violemment le fils Mörth, l’entraînant avec lui dans la foule pour le séparer de Liveig et l’empêcher de comprendre ce qui était entrain de se passer. Simple, mais efficace, Olgierd avait une carrure imposante et sa force était surprenante. On l'avait déjà vu soulever un homme et le lancer à l'autre bout d'une pièce sans vraiment d'effort. Barldwin allait avoir du mal à réussir à se libérer de son emprise. Dans un second temps, naturellement comme si de rien était, Eredin prit la place de Barldwin au coté de la jeune femme et passa directement une main dans le bas de son dos pour la pousser gentiment vers l'autel. Il y avait de nombreux spectateurs, moins il y aurait d'agitation et plus il y avait de chance de succès.

- J'ai pourtant envoyé une invitation... mais le principal c'est que tu sois la !


En parlant d'agitation, dans la foule derrière eux commençait à s'élever des exclamations. La famille Mörth ne devait pas être bien loin et Olgierd n'allait pas tenir bien longtemps seul. Mais ce qui inquiétait le plus Eredin, c'était les gardes autour de l'autel. Si ils se rendaient compte de quelque chose ou si ils recevaient un ordre de l'Hurlsk, ça allait être compliqué. Il devait se dépêcher.


- La promesse est notre seule chance d’être ensemble, l'Hurlsk ne pourra rien y faire et sera obligé de céder ! Donc... a toi de voir, mais tu va devoir réfléchir rapidement.


Pressant le pas, un coup d’œil à gauche lui confirma la présence du reste du groupe qui avançait dans la foule pour rester à son niveau. Prêt à intervenir à tout moment. Une seule promesse pouvait avoir lieu en même temps, le reste des couples devait attendre son tour. Hors, il y avait bien une dizaine de personne devant eux. Sauf qu'Eredin et Liveig n'avaient pas le temps d'attendre eux.


- Tu veux le faire ?

Liveig le regarda, anxieuse et un peu perdu, mais elle hocha la tête sans hésitation. Eredin l'embrassa rapidement avant d'attraper sa main pour être sur de ne pas la perdre.


- Fait moi confiance.

Eredin entraîna Liveig à sa suite et commença à doubler les couples devant eux. Quelques protestations s'élevèrent, mais le reste de la foule (encore inconscient du chaos derrière eux) se mirent à rire en pensant avoir à faire à deux jeunes trop pressé d’être promis l'un à l'autre. Alors que l'autel se dressait devant eux et qu'il ne restait plus qu'a passer entre les gardes. Juste avant de pouvoir monter la première marche, le père de Liveig se dressa devant eux et avec lui se trouvait le père de Barldwin. La colère pouvait se lire sur leurs visages et ils n'avaient pas du tout l'intention de les laisser passer gentiment.


- Tu pensais vraiment que-

Mais Ulfgorm n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Isaac, Torstein et Askelaad intervinrent. Rapidement, le père de Liveig se retrouva maîtrisé au sol, mais le chef de famille Mörth opposa bien plus de résistance et Torstein du lui envoyer son poing en pleine figure pour réussir à le maîtriser. Hélas, toute la scène se passa devant les gardes. Il n'était plus possible de passer inaperçu maintenant. Tout était terminé. Les six gardes présents commencèrent à préparer leurs boucliers et à sortir leurs armes, mais une puissante voix les arrêtèrent. Uriel debout sur l'autel avait fait le tour.

- Laissez les passer, c'est un ordre !

Les gardes, sans trop savoir quoi faire se regardèrent en se demandant si ils devaient obéir ou non. En temps normal, l'Hurlsk était le seul à pouvoir les commander, mais il n'était pas présent à l'instant présent et Uriel était son fils aîné ! Voyant qu'ils hésitaient, Eredin tenta le tout pour le tout et avança. Un garde tenta bien de se mettre devant lui, mais Uriel qui était descendu le repoussa violemment en lui promettant de se souvenir de lui si il osait arrêter son frère de sang. La menace fonctionna car il s'écarta.

Eredin enleva ses chaussures, Liveig aussi, puis ils montèrent les marches ensanglantés de l'autel. Ils avaient réussi à passer, maintenant ils suffisaient plus qu'à faire la promesse devant Njörd et le clan ! Mais ça risquait d’être compliqué car maintenant qu'il avait un peu de hauteur, Eredin avait une belle vue sur ce qui se passait dans la foule. A l'arrière, une bagarre avec commencé et commençait à se propager. Mais le plus embêtant, c'était le Hurlsk et sa garde qui approchait. Dés qu'il serait la, même Uriel ne pourrait retenir les gardes.




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Mar 24 Nov - 18:50

Leurs pas claquèrent dans la traînée de sang, projetant des éclaboussures sur le bas de sa robe immaculée. Le couple dépassait les autres dans la file. Décidément, il n’y avait qu’Eredin pour lui faire faire ce genre de chose. Le rose montait aux joues de la jeune femme en attendant les remarques moqueuses sur leur empressement à se promettre. Le guerrier l’éclaira sur la raison de sa hâte. Depuis la dernière fois, il avait tout le loisir d’échafauder un plan, et en la matière, il n’était jamais à cours d’idée. Il est vrai que les Promesses étaient sacrées aux yeux des Utgardiens, c’était le droit de tout un chacun de sceller son destin à un autre être dans les braises de Njord. Personne ne pourrait plus rien dire sur leur union, la loi divine transcendait celles des mortels.

L’espace d’un instant, elle avait voulu croire à la simplicité de leur problème et à la facilité avec laquelle il aurait pu être résolu. L’instant s’égraina, puis la réalité le dissipa. Devant eux se dressait Ulfgorm Fjorleif & Tobias Mörth, côte à côte, décidés à faire rempart de leur corps. Mais les Frères de Sang avaient tout prévus, et leur intervention permis de les écarter. Lorsque la rixe alerta les gardes, l’Hurlskson les somma de les laisser passer, Eredin força le passage jusqu’à l’Autel où ils se déchaussèrent.

La tradition voulait que l’on présente un ruban brodé des noms des promis, généralement, les Utgardiennes se chargeaient de le broder avec soin. Loin de penser qu’elle ferait sa promesse ce soir, Liveig n’avait rien prévu. Son regard embarrassé croisa celui d’Eredin qui était particulièrement confiant. Il esquissa un sourire en sortant un tissu doré où leurs noms étaient brodés, et le tendit à la prêtresse de Njörd pour l’inviter à commencer le rituel.

Le visage grimé de traces de sang et les traits impassibles, la Völva les attendait et n’était nullement perturbée par les bagarres qu’ils avaient provoqués sur leur passage. Les promesses réchauffaient les cœurs ou ravivaient les vieilles rancœurs. Dans un cas comme dans l’autre, son travail n’était pas de glorifier les joies ou d’apaiser les tensions : elle devait transmettre au Dieu des dieux les offrandes des mortels et leur quémander la réalisation de leurs souhaits. Silencieuse, elle fit un nœud lâche autour des poignets gauches du couple dont les mains ouvertes étaient posées l’une contre l’autre. Liveig plongea ses yeux clairs dans ceux d’Eredin, on pouvait y lire de l’enthousiasme, mais aussi une certaine appréhension. Parviendraient-ils à garder leurs paumes jointes, comme il l’était nécessaire pour garantir le succès de la promesse ? Une fois la cérémonie commencée, aucune autorité, pas même l’Hurlsk pouvait l’interrompre car ç’aurait été comme défier le Dieu des Dieux en voulant intervenir à sa place.

Le chant lumineux du Dieu Njörd créa toute chose. Aujourd’hui, nous célébrons sa Promesse Originelle : le Destin. Le regard perçant de la prêtresse parcourut la foule, son intervention suffit à faire cesser la rixe et à imposer le silence. Presque toutes les Promesses commençaient ainsi et variaient légèrement par la suite en fonction de ce que la Völva percevait sur l’alliance qu’elle forgeait pour le Forgeron Aveugle. Elle était ses yeux, elle voyait au-delà des mondes. Trois de ses doigts effleurèrent la surface visqueuse contenue dans la vasque de sang que tenait un jeune serviteur de Njörd. Puis, elle traça des runes sur le visage du chasseur en partant du haut de son front jusqu’au bout de son nez.

Puisse le souffle brûlant du Destin fondre vos âmes comme la hache et le bouclier d’un seul et même guerrier. Puis se tournant vers Liveig, la main de la prêtresse s’immobilisa à mi-chemin sans encore toucher son visage. Elle aurait pu la marquer des lèvres au menton, comme c’était souvent le cas pour les femmes, mais au lieu de cela, elle lui barra la joue gauche des lèvres à l’oreille.

Puisse cette promesse parvenir aux oreilles du Maître Forgeron… Marqués de runes, ils devaient sceller la promesse en mêlant leur sang. Ils écartèrent leurs mains gauches l’une de l’autre, sans pour autant décoller la base de leurs paumes, pour que la Völva puisse glisser la petite lame entre leur main. Puis, lorsque le tranchant arriva au cœur de leurs mains, leurs doigts s’entrelacèrent fermement. Qu’importe la douleur, leur paumes devaient restées collées. ...et ne jamais se briser sur son enclume.

D’un geste sec, la lame s’extirpa des mains des promis, tranchant la peau qui la retenait. Liveig ne put retenir un petit cri de douleur et un tressaillement, alors qu’Eredin appuyait raffermissait sa prise pour s’assurer que leurs paumes restent bien l’une contre l’autre. Un mince filet de sang tâcha le ruban doré. La Völva utilisa le petit poignard pour trancher le ruban et libérer les poignets des désormais fiancés. Elle s’avança sur le devant de la petite estrade se trouvait un pilier en pierre d’un mètre cinquante de haut qui portait les braises enflammées du Forgeron Aveugle et y jeta le ruban qui s’y consuma instantanément. Le couple s’embrassa et la foule se mit à applaudir, mais parmi elle un petit groupe d’homme croisait les bras, l’air mauvais et le regard désapprobateur.

Alerté par un coursier envoyé par Mörth, l’Hurlsk avait fait son possible pour être là à temps, mais en vérité, ses responsabilités de chef de clan passait avant les festivités du Solstice, aussi importante soit-elle et pour une raison très simple : c’était la Völva, la Grande Prêtresse de Njörd qui présidait la cérémonie. Il avait donc négligemment envoyé son fils, Uriel, pour faire acte de présence en son nom, tandis qu’il terminait de recevoir deux commerçants en désaccord dont l’un, illettré, ne semblait pas avoir compris les termes de leur accord et refusait désormais d’honorer sa part du marché. Tout ne serait-il pas plus simple, si tout le monde savait lire ? Mais l’éducation était une besogne longue dont peu gens pouvait bénéficier, surtout s’ils n’en avaient pas grand usage. Toutefois, le Chef gagnerait beaucoup de temps s’il n’avait pas à légiférer sur ce genre de désaccord sans arrêt. Et voilà, il avait suffi d’une faille pour que le Frère de Sang de son fils s’y engouffre : tous deux avaient profité de son absence pour mettre en place leur petit plan. Maintenant, c’était lui, l’Hurlsk, qui passerait pour un imbécile auprès des Fjorleif et des Mörth sur le caprice ridicule de deux gamins entêtés.
Eredin Lautrec
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Dim 29 Nov - 12:59





C'était fait ! Ils étaient unis devant Njörd et à partir de maintenant, plus personne ne pourrait remettre en question leur union. Ne voyant que Liveig devant lui, il se perdit un long moment dans la contemplation de sa fiancée. Elle était magnifique dans sa tenue blanche, lui prenant le visage à deux mains il colla son front contre le sien pour lui faire une promesse éternelle. Il l'aimait et il était prêt à tout pour elle. Eredin était l'homme le plus heureux du monde à l'instant présent, mais son bonheur fut de courte durée car Uriel le rappelait déjà à l'ordre. Observant la foule, il pouvait voir au loin l'Hurlsk se rapprochait et se frayait un chemin vers l'autel. Ils devaient partir maintenant et attendre un peu que la tempête se calme. Et Eredin voulait aussi mettre Liveig à l'écart, il voulait éviter qu'elle subisse la colère du chef de clan, alors que lui avait bien plus l'habitude d'y faire face. Passant un bras dans son dos et l'autre sous les jambes de la jeune femme, il la souleva en rigolant avant de descendre de l'autel. Escorté en dehors de la foule, à l'opposé de l'Hurlsk, il finit par la reposer une fois bien à l'écart.

- Mes félicitations pour votre promesse ! Puis il tendit une clé à Eredin. Allez chez moi, ils ne viendront pas vous chercher la bas. Demain nous irons voir mon père...
- Merci à tous pour votre aide, sans vous c'était impossible de réussir.
- Allez-y avant de nous faire pleurer !


Et le groupe se sépara la. Eredin, refusant de lâcher sa fiancée, la mena dans la hutte d'Uriel pour s'y cacher le temps d'une nuit. Elle était plus grande et plus confortable que la sienne, l'endroit parfait pour une nuit de promesse. A l'aise et comme chez lui, l'Utgardien s'installa dans la Hutte de son frère comme si c'était la sienne. Il avait bien l'intention de profiter de cette soirée avec Liveig.

- Toujours des doutes sur mes sentiments ? Tu es la seule qui compte à mes yeux Liv', je t'aime et je t'aimerais à jamais !


Il l'embrassa à nouveau et pendant une soirée, rien d'autre n'avait plus d'importance qu'eux, comme dans un cocon coupé du monde, les deux amoureux ne se soucièrent de rien d'autre et profitèrent simplement du moment. Qu'importe les conséquences de cette union contre l'avis général, ils étaient tout deux persuadé d'avoir fait le meilleur choix possible.


Le lendemain, après une longue matinée à profiter du calme avant la tempête, Eredin se décida enfin à quitter les bras de sa future femme. Caché sous un capuchon, il réussit à retrouver Uriel chez Isaac, puis ils se rendirent tous ensemble dans la Hutte de l'Hurlsk. A peine le bâtiment à portée de vue que des gardes leurs tombèrent dessus. N'étant pas la pour se battre, ils n’opposèrent aucune résistance. Les bras bloqués dans le dos, ils furent rapidement escortés jusqu'au chef de clan. La hutte fut vidé pour que l'affaire puisse se régler en toute discrétion. Assit dans son siège, l'Hurlsk les fit mettre à genoux devant lui. Il se leva ensuite et commença à marcher autour d'eux.


- Je pensais cette histoire réglé lorsque tu as refusé de m'affronter pour la main de Liveig, je pensais que tu- non, que vous aviez de l'honneur ! mais non... vous avez préféré attendre comme des rats et attendre l'opportunité de la voler contre l'avis de sa famille et de votre chef.
- Nos aînés nous ont toujours appris à utiliser notre tête avant nos bras... c'est donc se que nous avons fait. C'était la seule façon pour que j’obtienne la main de Liveig sans avoir à vous combattre. Vous etes mon chef, jamais je ne pourrais lever une arme contre vous.
- Et pourtant en faisant ça, c'est exactement la même chose, tu va à l'encontre des mes décisions et tu me mets dans l'embarras.
- J'en prends toutes les responsabilités.
- Je n'en doute pas.
Puis, observant les autres et surtout son fils Uriel, et vous ? vous êtes d'habitudes si bavard, vous n'avez rien à dire ?
- Hurlsk, n'écoutez pas cet idiot, lors du dernier entraînement, il a reçu un terrible coup sur la tête et ne sait plus du tout se qu'il dit...  c'était mon idée à moi !


D'un signe de tête de l'Hurlsk, l'un des gardes n'hésita pas à mettre une belle tape derrière la tête de Torstein pour qu'il arrête de raconter n'importe quoi.


- Père, vous saviez pertinemment que nous n'en resterions pas la... vous étiez même prévenu il me semble. On a été plus malin que vous et on vous a battu, donc acceptez simplement la défaite !
- C'était malin d'attendre la cérémonie des promesses, comment j'aurais put imaginer ça... et si seulement je ne m'étais pas retrouvé à devoir régler une affaire urgente pendant les promesses au lieu de présider la cérémonie comme chaque année.


Il était sérieux ? Ils s’échangèrent tous des regards perdu sans vraiment savoir si l'Hurlsk se moquait d'eux ou non. Il est vrai que le plan c'était passé sans accroc, même bien mieux qu'ils ne l'avaient imaginé à vrai dire. L'Hurlsk avait-il fait en sorte de s'éloigner pour leur laisser le champ libre ? Non, impossible... si ?


- Mais du coup, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous ? Maintenant que la promesse vous unis, la seule solution qu'il me reste pour tenir ma parole, c'est de tuer Eredin. N'étant plus en mesure de l'épouser, Liveig pourra ainsi revenir à Barldwin comme convenu à la base.
- Vous n'y pensez pas.... ?
- Ai-je une autre solution ?


A aucun moment ils avaient imaginés que l'Hurlsk en vienne à cette solution. C'était terrible et maintenant qu'il s'était laissé fait prisonnier, il ne pouvait même plus se défendre. Torstein et Olgierd tentèrent de se lever pour protester, mais des coups dans les cottes les renvoyèrent au sol.


- Si tu fais ça, beaucoup de sang va couler.

Tout le monde s'arrêta de bouger, voir même de respirer. Uriel avait les yeux exorbités et il avait parlé très calmement, ce n'était pas une menace, mais plutôt une mise en garde.

- Je sais bien que si je fais ça, je vais devoir éliminer au minimum la moitié de votre groupe dont mon fils aîné pour retrouver la paix dans le clan... et je ne peux pas me le permettre. Cette affaire va bien plus loin qu'un simple mariage dorénavant. Et si je prend en compte les mensonges de Ulfgorm sur sa fille, je pense que je peux revenir sur ma décision. Mais avant ça, je souhaite poser la question à l’intéressée elle même. Comme tu me l'avais si bien fait remarquer Eredin, c'est une femme libre. Et hier comme aujourd'hui, j'ai l'impression qu'elle n'a pas son mot à dire.


D'un signe de main, il invita un garde à ouvrir la grande porte. Se retournant, Eredin réussi à voir entre deux gardes Liveig qui était escorté à son tour devant l'Hurlsk. Bon sang, si il touchait à un seul cheveux de sa tête !!!!


- N'ai pas peur Liveig je souhaite seulement avoir ton avis car tu es la seule à ne jamais être venue me voir pour me demander ce que tu souhaitais réellement. Donc, nous t'écoutons, c'est le moment ou jamais de régler cette histoire une bonne fois pour toute, ma décision dépendra de toi.


Liveig Fjorleif
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Sam 12 Déc - 23:53

Nous sommes tous coupables. Nous aussi, autrefois, nous avons été enfants. Nous, mieux que quiconque, savons que les rêves ne deviennent pas réalité, que les miracles sont le secret des bardes pour résoudre un problème que la raison ne saurait régler. C’est pourtant notre devoir d’empêcher les innocents de s’égarer dans les rêves, mais nous sommes lâches. Nous les voyons heureux et puissants dans cet instant éphémère où rien ne saurait les briser. C’est une illusion. Tout n’existe que dans l’instant. Rien n’existe vraiment pour toujours. Sauf l’amour alors ? Qu’en est-il de l’amour ? Un sentiment pur qui transcende les êtres, la vie, la mort parfois, qui fait naître et qui tue, qui se corrompt trop souvent en haine sans pour autant perdre sa puissance. Oui, peut-être que s’il est une chose qui traverse les mondes , quitte à changer de forme, c’est peut-être l’amour.

Eredin irradiait de joie. S’il est un moment précis où il ne faut pas faire de promesses, c’est sans doute lorsque l’euphorie nous prend, balayant le moindre mauvais souvenir, engloutissant les querelles et les problèmes sous sa marée. Noyée sous les flots, sans savoir si elle devait nager dans leur sens ou bien attendre le creux de la vague pour respirer, sa compagne restait pétrifiée. La mer fini toujours par se retirer, laissant derrière-elle bien des épaves. Mais surtout, qu’attendait-il d’elle ? Qu’elle se laisse aller à le croire, tout simplement, en dépit de tout bon sens ? Car comme tout le monde, Liveig se demandait pourquoi. Pourquoi elle ? Parfois, elle avait l’impression que ce valeureux chasseur gardait une âme d’enfant, naïf et innocent. Il ne se posait pas de question, il faisait ce qu’il voulait, c’est tout. Aujourd’hui, il l’aimait, et aujourd’hui, il lui avait fait une promesse. N’était-ce pas suffisant après tout ? Un sourire timide s’esquissa sur le visage de l’Utgardienne alors qu’il lui volait un baiser. Elle prendrait tous ces moments de bonheur qu’il voulait bien lui donner cette nuit et les autres, les rangerait précieusement derrière les remparts de son coeur. Voilà quelque chose que personne ne pourrait jamais lui prendre.

Malgré tous ses efforts pour retenir son aimé, Liveig dût le laisser s’échapper de son étreinte. Il devait prendre ses responsabilités pour avoir saboté la promesse de l’Hurlsk envers les Mörth. N’aurait-il pas été plus simple qu’on la laissa s’exprimer à ce sujet ? Elle avait l’impression d’être un joli vase que son père avait essayé de négocier au plus offrant, qu’Eredin venait juste de voler et qu’il devait maintenant s’en expliquer. Il y alla donc seul, laissant derrière lui un parfum entêtant d’amertume et d’appréhension. Impossible de rester seule dans les fourrures. Insupportable aussi de rester ici sans rien faire. S’extirpant à son tour de la couche, elle s’habilla rapidement comme si le lieu, si chaud et accueillant,  s’était soudainement mis à l’oppresser.

Depuis qu’elle était enfant, elle avait toujours pensé que rester stoïque face aux moqueries et aux provocations faisait d’elle quelqu’un de fort et d’imperméable au monde. Elle n’aimait pas parler, elle n’aimait pas se battre, elle n’aimait pas le bruit, elle n’aimait pas danser. Elle regardait les autres avec une distance qui la faisait paraître hautaine, et réagissait avec un calme qui la faisait passer pour une personne froide ou indifférente. Elle n’aimait pas s’exprimer par peur de paraître idiote, et comme elle ne le faisait pas, on la prenait pour une attardée. Elle modérait ses réactions pour la même raison, elle était donc d’une passivité déconcertante. Maintenant, cette résignation l’étouffait. Pour la première fois, elle comprit. L’heure n’était plus au flegme. A deux, ils avaient brisé cette promesse, c’était donc à eux deux d’en subir les conséquences.

Elle sortit de la hutte beaucoup moins apprêtée que la veille et beaucoup plus soucieuse aussi. Son esprit fonctionnait à toute vitesse, imaginant les pires scénarios et les réactions qu’elle devait avoir pour ne pas tout gâcher. Sa marche aussi s’était accélérée, plus aucune hésitation ne l’entravait. Que risquait Eredin pour avoir bravé les ordres de l’Hurlsk ? Son pas semblait avoir atteint la limite de la course quand elle fut arrêtée par deux gardes de l’Hurlsk.

Liveig Fjorleif, l’Hurlsk souhaite vous entendre.

La jeune femme se raidit et parvint à les toiser du regard malgré son petit mètre soixante. Sa mâchoire dû trahir une crispation, son regard absolument impérieux leur lancer le défi de la transporter manu-militari – ce qui aurait été aussi facile que de déplacer une chaise, vu la carrure des gaillards. Pour autant, comme elle restait parfaitement immobile et silencieuse, ils se regardèrent mal à l’aise, se demandant s’ils devaient s’encombrer de politesses pour quelqu’un « comme elle ». Comprenait-elle seulement ce qu’on venait de lui dire. L’un d’eux repris :

Maintenant.

Aucun mouvement. Aucune réponse. Regards en chien de faïence. Enfin, elle sembla intégrer leurs mots, et sur le point de répondre. Finalement, peut-être bien qu’elle avait compris.

Et bien, pourquoi faites-vous attendre l’Hurlsk ? demanda-t-elle d’un ton placide, avec un petit mouvement de tête et un regard légèrement confus, comme pour savoir s’ils attendaient d’elle qu’elle se téléporte dans la hutte puisqu’ils ne la laissaient pas passer. La question renvoya les deux garde à leur réalité, celle où ils servaient le chef et celle où ils risquaient de le mécontenter en le faisant attendre. Ils escortèrent la fille Fjorleif en silence.

Les lourdes portent s’ouvrir sur une scène qui l’horrifia. Protégée derrière un masque de marbre, seul un battement de cils trahi sa réaction. A genoux, les membres de la bande d’Uriel étaient alignés et maîtrisés devant le siège de celui à qui ils avaient tous prêtés serment. L’Hurlskson était agité et cette agitation sembla se transmettre à Eredin lorsqu’il vit sa bien-aimée entrer dans le hall. Quelque plan bien ficelé qu’il avait pu avoir, ça n’avait apparemment pas marché cette fois. Le chef des Utgardien invita Liveig à s’avancer, ce qu’elle fit, s’inclinant discrètement pour saluer, puis à s’exprimer sur sa propre volonté. Il était intéressant de voir qu’on lui demande son avis maintenant que l’important personnage se trouvait dans l’embarras à cause de son propre fils et de ses Frères de Sang. Les yeux gris observèrent l’Hurlsk quelques instants, une éternité pour tous ceux qui retenaient leur souffle dans la pièce. Qu’avait-on dit au grand Yngvar Hurlsk pour qu’il accorde si facilement sa bénédiction ? Faisait-il preuve de négligence dans tous les domaines ou seulement quand il s’agissait de se débarrasser de querelles futiles à ses yeux ? Ou quelqu’un en particulier l’avait conseillé sur son cas. Son regard s’arrêta sur deux hommes un peu en retrait, le bras-droit d’Yngvar et son conseillé, qu’elle fixa.

L’Hurlsk aurait été mieux conseillé en demandant aux concernés, son regard revint sur son chef, avant d’accepter des promesses qu’il ne pouvait pas tenir.

On eut dit qu’un souffle glacial venait de balayer la grande pièce. Liveig avait-elle seulement conscience que son honnêteté pouvait facilement être interprétée comme un manque de respect ? Ce don rare de dérouter les gens en ouvrant la bouche était peut-être aussi la raison pour laquelle elle préférait se taire, à moins de parler à une personne qui avait gagné sa confiance. Les codes sociaux étaient un langage frivole et une perte de temps à ses yeux, ils l’étaient d’autant plus qu’elle ne comprenait pas leur intérêt réel.

Son fils même aurait pu l’avertir que mon coeur était pris depuis bien longtemps.

Combien de phrases parviendrait-elle à mettre au point consciencieusement dans sa tête avant de les accoucher difficilement à son interlocuteur sans le faire sortir de ses gonds ? La tension devenait presque palpable. Néanmoins, ce que Liveig commençait à explorer avec le temps, c’était quelque chose qu’Eredin lui enseignait chaque jour. Quelque chose qui pouvait désamorcer n’importe quel conflit, paraissait-il.

Peut-être le Grand Hurlsk devrait-il songer à compter Uriel Hurlskson parmi ses conseillers pour éviter ce genre de bévue ? demanda-t-elle avec l’ombre d’un sourire. Dans les rangs des Frères de Sang, on entendit des rires étouffés.

C’est vrai, Père. Me l’aurais-tu seulement demandé, j’aurais pu t’informer de la situa...

Silence !

La moustache d’Yngvar frémit comme pour contenir ses sentiments contradictoires. En s’essayant à un train d’humour pour détendre l’atmosphère, la jeune femme avait touché un point sensible bien mal gré elle. De ce qu’Ulfgorm lui avait dit, sa fille était une simple d’esprit d’une naïveté déconcertante et que, pour sa propre sécurité, mieux valait la laisser sous la surveillance d’un adulte. Pour cette raison, il avait choisi pour elle un homme de confiance et tenait à ce que sa décision soit appuyée par l’Hurlsk. Pourtant, la personne qui se trouvait devant lui, bien que dépourvue de toute affabilité, avait l’air en pleine possession de ses facultés mentales. Ulfgorm Fjorleif avait menti pour obtenir sa bénédiction et sa permission, de fait, cette dernière était mal venue. Voilà une chose qui était réglée. Ces derniers temps, le Chef Utgardien se retrouvait souvent à essayer d’écarter son fils du pouvoir alors que ce dernier était destiné à prendre sa suite tôt ou tard. Même s’il était justifié, cet affront direct lui restait en travers de la gorge.

N’en as-tu pas assez fait ? As-tu seulement réfléchi à ce qui aurait pu arriver si par ta faute l’un d’entre vous avait été tué lors de la Promesse ? Ou pire, si quelqu’un d’autre avait été tué ?As-tu pensé à l’affront que ça aurait été à Njörd ?

Des années passées à l’éduquer et à lui enseigner à se servir de son intelligence et à son visage, on voyait que le jeune héritier n’avait pas anticipé ce genre de dérapage. Il avait envie d’endosser son rôle de père et de lui faire un sermon fleuri de nombreux synonymes de « abruti » mais sentant que ça devenait un peu trop pour un discours avec un tel public, il se ravisa et se mura dans un silence encore plus terrible. Aveuglé par la fougue de sa jeunesse et son inconscience, Uriel n’avait vu qu’une seule issue possible : la réussite. Et ma foi, en ne se laissant aucune marge de manœuvre, il n’avait eu d’autre choix que de parvenir à ses fins, ce qui était encore plus exaspérant. Yngvar soupira en levant les yeux au ciel, comme si Njörd allait apparaître dans le plafond pour donner une leçon à tous ces petits crétins. Mais rien ne se passa. Il soupira sans retenue.

Si Njörd a accepté la promesse faite par cet énergumène, il pointait Eredin du doigt, alors qui suis-je pour ne pas en faire autant ? Liveig Fjorleif & Eredin Lautrec, puisse votre union durer jusqu’à ce qu’Uvn nous dévore tous, puissiez-vous être heureux et avoir de nombreux enfants ! acheva-t-il sans plus de cérémonie. Maintenant tout le monde dehors, je dois parler à mon fils !

Uriel et ses comparses se relevèrent, les désormais fiancés se prirent dans les bras avant d’être invités à se faire des papouilles ailleurs que dans le grand hall où Uriel allait prendre une sacrée rouste. Mais ils devaient désormais s’affairer à des préparations autrement plus importantes : leur mariage.
Eredin Lautrec
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Sam 16 Jan - 17:34



Une semaine était passé depuis la cérémonie des promesses et pour le jeune couple, le monde avait changé de bien des façons. Liveig ne pouvait plus rentrer chez elle, son père refusait catégoriquement de la voir et il lui avait interdit de se représenter devant lui. Eredin l'avait naturellement accueilli chez lui, même si ils n'étaient pas encore marié, ils allaient vivre ensemble. De toute façon, il n'y avait guère d'autres solutions au problème. Qu'importe les rumeurs et les regards, c'était maintenant trop tard pour faire marche arrière. En tout cas, Eredin lui le vivait bien, même très bien !  Liveig était sienne et depuis que le plan bien que dangereux et  inconscient avait fonctionné, il avait l'impression que rien au monde ne pouvait l'arrêter. Plus confiant que jamais, il bombait le torse comme un coq qui n'avait peur de rien et de personne. Les autres s'étaient un peu fait taper sur les doigts, notamment Uriel qui avait passé une sacré soirée. Mais qu'importe les sentences, la récompense occultait absolument tout. Eredin rayonnait de joie et d’énergie !

Il aurait aimé organisé une grande fête pour le mariage et inviter ses parents qui étaient à Ports-aux-échoués, mais faute de temps, il n'en ferait rien et se contenterait d'une cérémonie très privés. Liveig le lui avait demandé ainsi que l'Hurlsk en personne qui souhaitait éviter de rajouter de l'huile sur le feu. Ça pouvait se comprendre. Eredin avait remarqué plusieurs fois Barldwin Mörth l'observer de loin, lui ou d'autres membres de sa famille d'ailleurs. La tension était claire, mais quand Eredin le fixait ou s'approchait, Barldwin s'éloignait sans demander son reste. L'Utgardien ne savait pas si son « rival » avait peur de lui faire face ou si il se montrait juste supérieur à lui en passant à autre chose et en acceptant de perdre sa promise, chose que lui même n'avait pas réussi à faire. Il n'aurait su dire si son regard était plein de colère ou de mélancolie, mais à vrai dire il s'en fichait simplement. Sûr de lui et se sentant invincible, il n'avait cure de savoir se qui pouvait bien traverser la tête d'un homme dont il se fichait éperdument maintenant qu'il avait gagné. Mais avec du recul, en se posant les bonnes questions, Eredin aurait peut être réussi à anticiper un minimum les événements qui allaient venir.

Revenant du marché avec Isaac, les bras chargés de fleurs de toutes les couleurs et de toutes les formes. Les deux hommes rejoignirent leurs amis derrière la maison d'Uriel. Torstein était occupé avec sa sœur à fleurir des totems de protections qui devaient décorer la petite cérémonie. Juste à coté d'eux, comme si de rien était, Olgierd s'occupait de préparer un cochon qui devait être l'un des plats principaux du repas. La joie était présente, il était le premier du groupe à se marier donc tout était nouveau pour eux. Mais ça ne rendait l’événement que plus spécial encore ! Il ne manquait qu'Uriel et Askelaad, ils préparaient une surprise pour le couple. Eredin était persuadé que son frère lui avait réservé une course à la mariée... Laissant le petit groupe aux préparatifs, Eredin rentra chez lui pour retrouver la future madame Lautrec.  Sa propre mère ne pouvait être présente et celle de Liveig non plus. Il l'avait donc laissé plus tôt avec la mère d'Uriel, Aslaug, qui était venu pour aider Liveig à se préparer. Elle avait accepté avec joie. Voulant rentrer, Eredin se retrouva face à une porte fermé. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit et Aslaug se présenta devant lui.


- Eredin, que fais-tu la ? Les préparatifs sont déjà terminé ?
- Pas encore, je venais simplement voir comment allait Liv'...
- Ce n'est plus une enfant, c'est une femme, ta future femme même ! Elle n'a pas besoin que tu veilles sur elle sans cesse.
Puis balayant de la main comme pour passer à autre chose : Et est-ce que tu comptes la faire vivre longtemps dans un logement aussi petit ? Pour un homme seul, c'est très bien, mais maintenant tu as des responsabilités et elle mérite bien mieux que ça ! Donc tu as intérêt à la sortir de la au plus vite ou tu va m'entendre mon garçon ! Et je connais très bien ta mère, je n’hésiterais pas à-
- Qui est-ce ?
- C'est ton idiot ma chérie, il souhaite te voir, mais je lui rappelais qu'une bonne surprise est une surprise que l'on découvre au bon moment !
- Laissez le entrer quelques instants s'il vous plait!


Profitant de l'intervention de sa promise, Eredin tenta d'échapper à Aslaug en rentrant chez lui, mais la mère d'Uriel l'arrêta en l'attrapant par le col de sa chemise.


- Pas de bêtise où je n'hésiterais pas à te punir mon garçon... comme la fois où vous avez mis le feu à une chèvre, tu te souviens n'est-ce pas ?

La gorge extrêmement sèche d'un coup, il tenta de déglutir et manqua de s'étouffer en se souvenant de la punition qu'ils avaient reçus à ce moment la. Elle le lacha et il en profita pour trouver refuge à l'intérieur de la maison. Cette femme lui avait toujours fait peur, à lui comme aux autres d'ailleurs. Un drap pendu au milieu de la pièce l’empêchait de voir Liveig, il n'apercevait que sa tête qui dépassait.

- Alors tout se passe bien ? Sache que tout sera prêt dans les temps. On a essayé de faire simple... mais tout le monde est plus que motivé !
Il se gratta la tête avec un sourire niais. J'ai hâte que cette journée soit terminé, que je puisse enfin t'appeler ma femme !







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Dim 24 Jan - 19:33

Aslaug n’était pas simplement l’épouse de l’Hurlsk, c’était une guerrière féroce, une femme exigeante et une louve. C’est donc tout naturellement qu’elle avait pris Liveig sous son aile lorsque la jeune femme s’était retrouvée seule à organiser les préparatifs de son propre mariage. Inconcevable ! Une mariée ne devait pas se préoccuper de ce genre de frivolités : elle devait surtout préparer son corps, son esprit et son âme aux responsabilités de maîtresse de foyer qui lui incomberaient, et s’assurer que Njörd l’accompagnerait sur ce chemin. La mère d’Uriel tournoyait sur elle même, donnait à tous ceux qui se trouvaient dans un rayon de 10 mètres d’elle, elle affairait tout le monde et son énergie était contagieuse.

Seule Liveig y était imperméable. Ses yeux un peu tristes étaient déconnectés de son sourire poli, les zygomatiques de son visage fatiguaient. Les excuses pour ne pas revenir à l’Orfèvrerie avaient été nombreuses. Son père avait besoin de temps pour digérer son échec, elle avait blessé son orgueil. Peut-être sa mère, comme toute femme, oeuvrait discrètement à l’apaiser. En tout cas, elle l’avait espéré. La réalité avait été toute autre. Lorsqu’enfin, elle revint su rle perron de la demeure, Eidra elle-même l’avait giflée cette fois. Cette claque-là avait été encore plus violente que celle de son père, quelques semaines auparavant, car elle ne s’était jamais attendu à une telle explosion de violence de la part de la femme qui l’avait toujours consolé et dorloté. En l’espace d’un mois, Liveig avait reçu plus de gifles que jamais dans toute sa vie. On l’avait tellement protégé de tout et de tout le monde, et maintenant, elle recevait tout d’un coup : la rancune, l’injustice, la colère, la déception.  Après tout ce qu’ils avaient fait pour elle, tout ce qu’ils avaient sacrifié pour elle, tout ce qu’ils avaient arrangé pour elle, comment avait-elle osé ? Sur un coup de tête, elle avait traîné l’honneur de sa famille dans la boue, renié la parole des siens, et Njörd savait qu’un Utgardien sans parole ne vaut rien de plus qu’un bête de somme. Avait-elle fait le bon choix ? Il faudrait qu’elle l’assume de toute façon.

Les lèvres d’Aslaug exécutaient une danse entre la sévérité et la bonne humeur, en fonction de si elle reprochait à quelqu’un d’être absolument inutile ou de si elle se tournait vers la fiancée de son fils adoptif pour lui adresser une douce parole. L’image mais pas le son. Bientôt, la future mariée se retrouva en tenue légère les bras tendus tandis que la marieuse ajustait la robe qu’elle porterait pour la cérémonie. La tenue évoquait certainement celle portée lors de la promesse, et pour cause, il s’agissait du même vêtement qui avait été recoupé et teint en rouge vif pour dissimuler les tâches de sang de sacrifices qui n’étaient pas parties au lavoir. Liveig aperçutt son reflet, le nœud dans son estomac se serra un peu plus. Elle n’avait pas entendu toquer à la porte, mais l’écho d’une voix la ramena sur terre.

Eredin.

Un grand sourire illumina son visage poupin aux joues rosées. Ses lèvres prirent une courbe taquine quand elle compris que le guerrier était tout aussi victime qu’elle de leur mariage. Emportés par une vague de liesse, le couple se contentait de garder la tête hors de l’eau tandis que l’engouement de tous leurs amis créait des remous contre lesquels ils avaient du mal à lutter.

Oui, moi aussi, j’ai hâte, avoua-t-elle en posant ses doigts par dessus le draps tendu comme si elle tentait d’y échapper. Eredin caressa le bout de ses doigts, seule parcelle de son corps accessible pour le bon déroulement de son mariage, et pour éviter le courroux d’Aslaug. De toute façon, les mains sur les hanches, elle le surveillait avec un regard sévère. Il dût se sentir mal à l’aise et consentit à sortir avant de se faire chasser.

Celui-là, même marié, il va falloir que je le garde à l’oeil. Et toi aussi ! Fit-elle en pointant son index menaçant vers la future mariée. Puis, son regard examina la robe de haut en bas, et conclut : elle va bien. Je vais faire amener l’eau braisée et je ferai coudre les ajustements pendant tes ablutions, ajouta-t-elle comme énonçant ses pensée à voix haute. D’accord avec elle-même, Aslaug acquiesça et sortit aussitôt. Liveig se laissa glisser sur une chaise. A nouveau seule, l’appréhension la tordait. Elle secoua la tête pour se ressaisir : se faisait du mauvais sang pour rien. Cette journée allait se terminer, elle laisserait son ancienne vie derrière. Elle fonderait sa propre famille, elle n’avait pas besoin de ses parents. Ses doigts se tordaient. Il était difficile de se convaincre soi-même. Quelques secondes à peine venaient de s’écouler, la femme de l’Hurlsk revenait déjà accompagnée de plusieurs personne à en juger les nombreux bruits de pas qui foulaient le plancher. Liveig tressaillit, elle n’avait même pas commencé à se préparer pour sa prière. Bondissant de la chaise, elle se redressa pour aviser Aslaug par dessus le drap.

Que vous êtes rapide ! Je me suis encore laissée allé à mes rêv… s’étrangla-t-elle en voyant trois hommes dans l’encadrement de la porte. Le dernier s’affairait à barricader l’entrée. A leur allures et leurs traits, ils n’étaient pas du quartier, d'ailleurs, aucun Utgardien ne se serait permis d’interrompre un rite de préparation. L’air de la pièce s’était alourdi à en devenir malsain, les intentions de ces hommes étaient malfaisantes, son instinct de proie lui criait de s’enfuir. La bâtisse était petite, les ouvertures peu nombreuses et réduites.  Les trois n’avaient pas l’air d’enfants de coeur. Ils portaient les stigmates de multiples rixes : cicatrice à l’arcade sourcilière, nez tordu ou traces de coupures. Les marques étaient anciennes et trahissaient le mode de vie d’individus peu fréquentables et violents.

Par Njörd sortez ! Ou craignez sa colère ! s’écria-t-elle en reculant pour maintenir la plus grande possible entre les intrus et elle. Derrière le drap blanc et lisse tendu avec soin, leurs rires mesquins se firent échos : ils n’étaient nullement intimidés par les menaces divines.

Ferme-la, et peut-être que t’auras la vie sauve ! rétorqua l’un.

D’un geste sauvage, une lame se planta dans l’étoffe et la déchira sans ménagement, laissant ce qui restait pendre avec impuissance. Les membres maintenus sans ménagement pour la plier à d’autres volontés faisaient couler ses larmes. Ni les supplications, ni les tentatives pour repousser les odieux personnages n’y firent, au contraire. Les gémissements de douleur lui valurent des coups supplémentaires ; on lui avait pourtant dit de se taire. Enfin, elle écopa d’un coup de poing dans la tempe qui eut au moins l’avantage de lui épargner les détails de l’atroce scène qu’elle était en train de subir. Elle se mit à flotter à l’extérieur d’elle sans douleur ni crainte.

Liveig tout va bien ? C’est Aslaug, ouvre !

Peut-être était-ce son prénom qui la ramena, ou  l’espoir. L’’écœurant individu qui la surplombait et l’étouffait de tout son poids lui mettait des petites tapes le visage.

Fais la partir, ribaude ! Intima-t-il, la lame de son couteau appuyé sur sa joue. Elle allait crever ici, dans la petite maison de son aimé où elle pensait avoir échappé à une vie dont elle ne voulait pas, où elle pensait pouvoir trouver le bonheur ou peut-être au moins quelque chose qui s’y rapprochait. On allait la retrouver mutilée, à moitié nue et souillée, morte. Quelle ironie pour elle qui quelques minutes plus tôt pensait avec joie que cette journée allait se terminer avec son ancienne vie. Il faut toujours se méfier de ce que l’on souhaite.

Qu’avait-elle crié ? Peut-être le nom d’Eredin, peut-être qu’elle avait juste crié sa douleur et son désespoir. On aurait dit le hurlement d’une âme maudite en proie au pire tourment, la dernière note se terminait sur un râle d'agonie. La porte s’ouvrit à la volée, trois hommes surgirent de la maisonnette où Aslaug avait commencé à tambouriner, la jetant à terre sur leur passage. Parmi ceux qui ne comprirent pas ce qu’il s’était passé certains comprirent au moins qu’il fallait prendre en chasse les fugitifs.

Dans la chaumière, les objets retournés, brisés ou à terre étaient les seuls témoins de l’attaque qu’avait subi Liveig. Recroquevillée à terre dans ses lambeaux, une grande quantité de sang coulait de son visage, le long de son cou, de son corps, imbibait les lattes de bois qui seraient tâchées jusqu’à ce qu’on les change. Sa mâchoire serrée contrôlait un gémissement continue qui semblait lié à la blessure sur laquelle la paume de sa main appuyait. Blottie dans un coin de la pièce, son corps tremblant gardait la tête baissé dessous un avant-bras, incertaine de si le pire était encore à venir.
Eredin Lautrec
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Dim 14 Fév - 18:19



Alors que l'ambiance était des plus festives et que les préparatifs touchaient à leurs fin, Olgierd fut le premier à se rendre compte qu'il se passait quelque chose. Dans la rue, une terrible rumeur se répandait, les gens portaient leurs mains à la bouche et abandonnaient leurs activités en cours pour aller voir se qu'il se passait. Quand le géant se renseigna sur la situation, on lui expliqua qu'il y avait eut une attaque et que la femme du chef s'était faite agresser. Il n'en fallut pas plus, le groupe se mit rapidement en route vers l'endroit où ça s'était passé. Qui avait eut l'audace de s'en prendre à Aslaug ? Allait-elle bien ?  De nombreuses questions qui furent balayé en voyant l'endroit de l'agression. C'était chez lui ! Deux gardes empêchaient les badauds de rentrer, mais s’écartèrent vivement en voyant Eredin et Uriel se ruer à l'intérieur. Aslaug accroupi dans un coin se releva en entendant l'arrivé de ses fils, d'un geste autoritaire, elle leur imposa le silence avant d'expliquer la situation calmement et rapidement.

- Trois hommes remontent en se moment la grande rue pour quitter le quartier, rattrapez les... ils ont agressés Liveig'.
Et plongeant son regard dans celui d'Eredin, son masque d'autorité disparut d'un seul coup, des larmes se mirent à couler et d'une voix pleine d'émotion, elle réussit à dire : elle va vivre... mais plus rien ne sera jamais pareil... je suis désolé Eredin.

Des larmes se mirent alors à couler des yeux des deux guerriers, l'un pleurait pour son frère pendant que l'autre voyait son monde s’effondrer. Uriel quitta alors la pièce et on l'entendit hurler des ordres, le quartier devait être bouclé et les agresseurs attrapés coûte que coûte. Eredin lui s’avança pour voir sa femme, recroquevillée dans un bain de sang, elle se cachait le visage en pleurant. Aslaug se mit alors devant lui et lui ordonna de se mettre en quête. Complètement vide, Eredin referma sa main droite sur la tête de la petite hache qui était toujours accroché à sa ceinture. Avait-il la moindre chance de rattraper les hommes qui avaient fait ça ? Ils devaient déjà être loin maintenant. Et sa femme avait besoin de lui, il ne pouvait l'abandonner ! Même si c'était déjà trop tard au final, l'Utgardien n'avait pas réussi à la protéger. Le regard perdu sur cette femme défigurée, il tenta d'établir un contact, sa main gauche tendu en avant et commençant à avancer lentement. Eredin s'arrêta instantanément, horrifié par se qu'il aperçu le temps d'une seconde. Liveig, en le voyant s'avancer s'était recroquevillé encore plus contre le mur. Elle était totalement envahie par la peur, elle avait peur de lui ! Peur d'Eredin ! Se figeant en le comprenant, un feu puissant s'anima en lui. D'un seul coup, la colère, la rage et la haine venaient balayer cet état léthargique dans lequel il était tombé pendant quelques secondes en voyant l'état de sa femme.


- Prend soin d'elle.

Et d'une détermination sans précédente, il se détourna de Liveig et sortit de la maison. Au bout de la rue, Isaac lui faisait de grands gestes en tenant les rênes d'un cheval qui venait d’être détaché d'un chariot. S'approchant en courant, il sauta sur la selle et son ami lui indiqua sans un mot une direction. Ils n'avaient pas besoin de discuter pour se comprendre. Le cheval lancé au galop dans la rue, il ordonnait d'une voix puissante aux gens de s'écarter et nombreux lui indiquaient des directions comme si tous étaient au courant de sa mission. Le cavalier remonta rapidement la grande rue, il passa à coté d'un homme qui se tenait le nez d'où le sang couler encore, il était sur le bon chemin. Et après encore un petit moment, il aperçu un petit groupe d'Utgardien armé qui courait après trois hommes basanés, des chiens d'Amaranthis. Ils s'évertuaient à renverser le maximum de personnes et de marchandises pour tenter de ralentir le groupe à leur poursuite. C'était un miracle qu'ils ne soient pas déjà caché quelque part où déjà en dehors du quartier. Ils s'étaient fait retenir et avaient sûrement du se frayer un chemin jusque la à la force de leurs poings. Il ne fallait pas sous estimer le quartier Utgardien et le caractère de ses habitants. D'un cri, il fit remarquer sa présence, les Utgardiens s’écartèrent et il passa au galop, hache à la main, prêt à frapper. Hélas, Eredin, focalisé sur les agresseurs de Liveig ne s'était pas rendu compte de l'endroit où ils se trouvaient. Et lorsque des miliciens de Claircombe formèrent une ligne au niveau du point de contrôle, il n'eut de choix que de tirer sur les rênes au maximum pour ne pas les percuter. Son cheval glissa sur quelques mètres avant de s'arrêter. Sans perdre de temps, il mit pied à terre et se mit à courir sur les trois Amaranthis qui eux avaient bien l'intention de forcer le barrage. Il sauta sur l'un d'entre eux et le fit tomber à terre, lui glissant la hache sous la gorge, il observa les autres se réfugier dans la ligne de la milice.


- Aidez nous, ils veulent nous tuer !

C'était l'un des agresseurs. Semer le doute et se faire passer pour la victime, une tactique efficace car les gardes campés sur leurs positions prêt à l'impact se relâchèrent un petit peu et leur chef s'avança même vers les Utgardiens pour arrêter le groupe armé.

- Arrêtez ses hommes ou écartez vous !


Il était hors de question qu'ils réussissent à s'échapper comme ça ! Eredin, appuya avec plus de force sur la tête de l'Amaranthis au sol, l'obligeant à poser sa gorge sur le tranchant de la hache et l'invitant ainsi à arrêter de se débattre. Maintenant rejoint par les autres Utgardiens, Uriel, Olgierd et Torstein sortirent du lot pour s'avancer vers les miliciens.

- Halte, que personne ne bouge et expliquez vous !

Le chef des miliciens (le sergent) leva une main en l'air et d'un coup les soldats sortirent leurs armes et l'un d'entre eux se prépara même à couper la corde de contre poids qui maintenait la grille ouverte. C'était un moyen efficace et rapide de cloisonner les différentes parties des quartiers de la ville en cas d'infestation. Sauf que si la grille tombait, elle bloquerait les Utgardiens d'un coté et les deux autres Amaranthis de l'autre avec les miliciens en ligne. Hors de question que cela se produise.  

Olgierd, le géant, posa sa main sur l’épaule d'Eredin pour l'inviter à le laisser s'occuper de l'Amaranthis. Eredin se releva donc et son ami n'eut besoin que d'une main pour enfoncer le crane de son prisonnier dans le sol, le faisant gémir sous la force brut.


- Je suis Uriel Hurlsk, fils d'Yngvar Hurlsk actuel chef des Utgardiens ! Ces hommes ont agressés une femme et ma mère, remettez les nous !
- Avez vous des preuves ?


Des preuves ? Mais de quoi il parlait ? Comme surpris par une telle réponse, Uriel prit quelques secondes pour répondre.

-J'ai deux femmes blessés plus haut dans la rue, allez voir si vous voulez.
- Des preuves que ce sont eux les agresseurs...
- Êtes vous sérieux ? Pourquoi nous serions ici à courir après des hommes si ce n'était pas eux.
- Ça ne serait pas le première fois que des Utgardiens s'en prennent gratuitement à des pauvres gens des autres quartiers.  


C'était donc ça ! Cet homme était un foutu Ascanien, un chien qui éprouvait plus de plaisirs à faire chier les Utgardiens qu'à faire régner la loi. Après sa provocation, Uriel s’avança d'un pas rageur mais s'arrêta aussi tôt en voyant le bras du sergent commençait à s'abaisser... cet enfoiré n'attendait qu'une bonne raison pour faire tomber la grille et les empêchaient de mettre la main sur les deux autres Amaranthis.

- Vous voyez, des sauvages, si je vous laisse mettre la main sur ses pauvres hommes, qui sait la justice que vous allez appliquer. Vous n’êtes pas chez vous ici ! Mais à Claircombe et la justice ne se fait pas comme ça...

Un sourire vicieux s'afficha sur les lèvres du sergent. Agacé et prêt a perdre patience, Eredin commençait à avoir mal à la main tellement il serrait fort le manche de sa hache. Uriel se déplaça sur le coté avant de revenir à sa place initial.

- Toi, toi et toi ! Dit-il en désignant trois miliciens. Vous êtes Utgardiens, vous êtes des nôtres ! Sachez que ses trois chiens ont attaqués une femme et la femme de notre chef, ma mère ! Ils doivent être amené à l'Hurlsk, vous le savez.

Les trois miliciens abaissèrent leurs armes et commencèrent à se regarder, que devait-il faire dans une situation comme celle-ci ? Mais le sergent n'avait pas dit son dernier mot.

- La trahison est un crime grave, réfléchissez bien avant de faire une bêtise.
- C'est un bon conseil, tu devrais peut être l'appliquer avant de déclencher quelque chose que tu ne saurais assumer...
et Uriel s’avança de plusieurs pas sans se soucier que la grille se referme devant lui ou non. Si tu dois menacer quelqu'un ici, c'est moi. Mais fait très attention, tu as usé toute la patience que j'ai actuellement et demande toi se qui pourrait bien se passer si je prenais vos vies à tous, ici et maintenant... est-ce que la guerre serait déclaré ou est-ce que la ville fermera simplement les yeux ?  Je suis le futur chef de clan, donc écarte toi avant de commettre l'irréparable.

Et avant qu'il ne puisse répondre, l'un des miliciens Utgardien aidé d'un collègue attrapa l'un des Amaranthis juste devant lui et l'avanca vers Uriel.

- Non arrêtez ! Vous n'av-

Mais d'un coup, le dernier Amaranthis envoya son poing dans le nez du milicien devant lui et força le passage. La tension était palpable depuis le début et cette action fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres. Voyant ça, Eredin et Torstein se jetèrent en avant pour tenter de le poursuivre, mais dans la confusion le sergent ordonna que l'on ferme la grille. Elle tomba lourdement entre les deux groupes, deux Amaranthis bloqués avec des Utgardiens en colère tandis que le dernier s'enfuyait le plus vite possible avec quelques miliciens aux fesses. Deux sur trois, ça suffisait largement...



---- [ Deux jours plus tard ] ----



Plic, ploc, Eredin observait le sang couler lentement de ses mains endoloris. Il reprenait son souffle et profitait de la fraîcheur régnant dans la grange. De la fumée s'échappait de son corps comme un étalon après un long effort. Couvert de transpiration et de sang, il avait passé la nuit à s'entretenir avec ses deux prisonniers. Olgierd était aussi présent, les bras croisés dans un coin, il ne l'avait pas laissé une seule seconde.  Au milieu de la pièce, l'un des deux Amaranthis gisait au sol à coté des restes d'une chaise. Complètement dans les vapes, il n'était plus bon à rien pour l'instant. De toute façon, Eredin l'avait fait parler depuis le premier jour, maintenant ce n’était que du bonus. C'était le seul moyen qu'il avait d'évacuer la rage toujours en lui. On lui avait interdit de s'en prendre à la famille Mörth avant d’être absolument sûr que c'étaient bien eux qui avait engagé le prénommé Mo'tak. Le troisième Amaranthis, le seul qui avait réussi à s'échapper et le seul à avoir rencontré le client qui avait commandé cette agression. Il devait maintenant prendre son mal en patience avant de pouvoir assouvir sa vengeance, le temps que l'on arrive à retrouver Mo'tak. Cette décision était légitime, il arrivait à la comprendre, mais il ne l'acceptait pas. C'était forcément Baldwin qui avait engagé ses hommes pour se venger de l'affront ! Mais ce n'était pas la seule source de son état. En effet, il n'avait même pas pu revoir Liveig depuis l'agression car la jeune femme refusait simplement de le voir. Et il ne savait pas pourquoi. Elle lui en voulait de ne pas avoir réussi à la protéger ? Ou de l'avoir engagé dans cette situation ? Ou peut être avait-elle simplement peur de lui... Eredin n'avait aucun élément de réponse et plus il y pensait, plus il était en colère et avait la rage. Sauf que maintenant, plus aucun des deux Amaranthis n'était en état de recevoir des coups, il n'avait pas l'intention de les tuer trop vite, il devait se montrer patient... Sautant de son perchoir, Eredin invita son ami à une nouvelle danse. Olgierd cracha au sol, monta sa garde prêt à en découdre et s’avança prêt au combat vers Eredin. Il avait besoin d'évacuer, d'une façon ou d'une autre.



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