RSS
RSS
Derniers sujets
» [Plage d'épaves] On n'échappe pas aux sables mouvants de ses obsessions. [Audélia - Nothjaan]
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyDim 21 Avr - 8:29 par Audélia Métivier

» La liberté est au bout d'une corde - Partie 1
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyLun 30 Oct - 11:00 par Maître du Jeu

» [Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines.
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptySam 14 Oct - 18:33 par Eredin Lautrec

» Journal de Bord de Nothjaan
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyMar 20 Juin - 10:30 par Nothjaan

» [Port-aux-Echoués] Bienvenue à Port-aux-Echoués ! [Audélia - Nothjaan]
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyMar 6 Juin - 22:42 par Nothjaan

» Qui lutte contre le destin est infailliblement vaincu
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyVen 12 Aoû - 18:12 par Meryl

» [Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho]
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyMar 26 Avr - 14:47 par Jezabelle Linderoth

» La nuit les langues se délient
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyLun 18 Avr - 16:02 par Daren Van Baelsar

» Défaite du présent et résurgence du passé
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyVen 18 Mar - 22:05 par Adrian Mayr

» On ne change pas les règles en fin de jeu
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyMer 16 Mar - 0:15 par Erzebeth

» Journal de Lyhn
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptySam 19 Fév - 23:12 par Lyhn

» [Taverne de Borlk]Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras - Liveig & Uraïa [terminé]
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyDim 23 Jan - 17:09 par Liveig Fjorleif

» On ne change pas, on met juste les costumes d’autres et voilà.
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyJeu 20 Jan - 2:38 par Ernst

» Eccho — Le Traître
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyLun 17 Jan - 17:57 par Meryl

» Semi absence
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyLun 17 Jan - 15:52 par Ernst

» Proposition de RP avec un Préfet Ascanien
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyLun 17 Jan - 15:15 par Ernst

» Les veufs éplorés
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyMer 12 Jan - 21:19 par Ernst

» Lyhn
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyLun 10 Jan - 21:42 par Nyxie

» [Fleuve]Au delà des apparences et des non-dits [Raina]
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyDim 9 Jan - 16:45 par Liveig Fjorleif

» [Bois de l'Orée] Chasse à l'homme
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. EmptyDim 9 Jan - 15:57 par Nyxie


Claircombe  :: Titre :: Quartier Utgardien :: La hutte de Hurlsk :: [Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. ::
[Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines.
Liveig Fjorleif
Liveig Fjorleif
https://claircomberpg.forumactif.com/t34-liveig-fjorleif-une-ros
Date d'inscription : 19/10/2020
Messages : 120
Âge du personnage : 22 ans
Métier : Orfèvre
Mer 16 Fév - 0:07
Près d’un an et demi s’était écoulé depuis sa rencontre avec l’archère rousse. Leur longue conversation n’avait été somme toute qu’un échange de banalités entre bonnes femmes, du moins, c’est ce que Liveig persistait à croire.

« Quand tu te lèves...»

Pourtant, presque toutes les nuits depuis, elle se retrouvait à courir dans cette même forêt. Elle aurait pu placer elle-même chacun de ces arbres tant elle connaissait leur disposition. Dans quelques secondes, elle entendraient les chiens aboyer, même si elle connaissait par coeur le scénario, ses jambes ne pourraient s’empêcher de courir, entravées par le lourd tissus de ses jupes. Puis, elle entendrait le sifflement des flèches autour d’elle, et poursuivrait sa course pour se réfugier derrière le grand saule d’où surgirait un chasseur armé d’une hache. Son visage flou prendrait celui de Barldwin, puis ils étaient trois. Elle ne pourrait pas crier.

« Il te manque... ? »

Quand elle roulerait au sol, elle n’aurait plus de robe mes des pantalons et lanceraient des couteaux sur ses assaillants. Et lorsqu’ils tomberaient à genoux, ils prendraient le visage confus d’Eredin.

« Tu vas fuir à nouveau ? »

A ce moment du script, la voix emplie de déception suffisait à l’arracher à son cauchemars. Quelle ironie pour elle qui passait ses journées à se persuader qu’elle n’était plus celle qui fuyait ses problèmes que d’être bloquée chaque nuit dans une pièce de théâtre, spectatrice de son supplice, comme à son habitude. L’appréhension, l’impuissance, l’amertume, l’injustice, la lâcheté. Elle tendit le bras hors de sa paillasse pour attraper de quoi chasser toutes ces sensations désagréables et anesthésier ses émotions. Mais rien, où est cette putain de flasque ? Elle ouvrit un œil, le peu de lumière qui filtrait à travers les peaux tendues sur les fenêtres ne lui permirent pas d’identifier la formes qu’elle cherchait. Elle se souvenait d’une conversation particulièrement déplaisante où Marshall avait décrété qu’elle devrait désormais payer sa consommation à l’avance étant donné que le travail qu’elle fournissait ne suffisait pas à le dédommager. Avait-elle encore une bonne raison de rester ? Sa vie ici se résumait à voler pour boire, en particulier ces derniers mois. Les jours se fondaient les uns dans les autres comme une longue nuit d’ivresse régulièrement interrompu par des gueules de bois suffisamment violente pour lui permettre d’oublier ses cauchemars. Mais voilà, même ça, on lui enlèverait. Elle se redressa coudes appuyés sur ses genoux, ses mains enserrées sur ses tempes bourdonnantes. Tu te complais dans ta douleur.

— Ta gueule, répliqua-t-elle agacée par les pensées parasites que la sorcière avait réussi à lui implanter dans le crâne. Mais si ses paroles avaient eu un tel écho en elle, des saisons et des saisons après leur discussion, c’était peut-être qu’il y avait du vrai. Enfin, il y en avait certainement. Au fond d’elle, Liveig le savait. Tant qu’elle ne se serait pas occupée personnellement de ses démons, l’acide de sa rage continuerait à la ronger jusqu’à la moelle. Elle se redressa et regarda ses mains qui tremblaient à cause du manque. Elle avait besoin d’un truc qui la requinquerait. Même si elle parvenait à soudoyer Borlk, elle n’obtiendrait pas assez de lui pour que ça lui dure le voyage. Non, il fallait quelque chose de bien plus fort, de moins encombrant et elle savait parfaitement où se le procurer. Quand Marshall se rendrait compte qu’elle avait disparu en même temps qu’une partie de son stock de graine d’opiacine, mieux valait qu’elle soit déjà loin. Sinon, et bien… Elle n’aurait plus à se soucier de rien.

Il lui fallut quelques jours pour préparer son départ, tout devait passer inaperçu pour qu’elle puisse prendre de l’avance. Toutefois, on ne put s’empêcher de remarquer qu’elle avait pris de curieuses nouvelles habitudes. Il semblerait que l’interdiction de comptoir l’ait forcée à une meilleure hygiène de vie, mais qui allait s’en plaindre ? Elle rapportait plus de larcins et consommait moins, le patron s’en délectait. Evidemment, il déchanterait très rapidement et elle ne serait plus là pour le voir.

Une dizaine de jours plus tard, elle débarquait à Claircombe. Elle avait logé dans le quartier Amaranthis où elle avait trouvé le réconfort et le dernier soutien nécessaire à l’amorce de son entreprise suicidaire. Elle avait passé quelques jours à ajusté l’équipement qu’elle avait « emprunté » à son ancien patron. L’armure de cuir était beaucoup trop grande pour elle, et quand bien même elle lui irait, elle ne lui permettrait pas d’être aussi agile. Alors elle décida te tirer ce qui l’intéressait : plastron et dos, protège tibia et avant-bras en cuir durcit. Le reste ne ferait qu’empâter ses articulations, et ses cauchemars avait ancré en elle l’importance capitale d’être libre de ses mouvements.

Au treizième jour du troisième mois d’été, perchée sur un toit qui surplombait les murailles, elle avait regardé le soleil se lever et étirer ses rayons sur le Tentacle. Peut-être qu’il n’y  a des choses qui ne peuvent être réellement apprécier quand on connaît leur nature fragile et éphémère. Ce matin, elle était vivante pour voir la beauté la plus simple. Ce soir, elle mourrait en commettant des actes hideux.

Elle sortit de sa poche une un agglomérat  de graines d’opiacine qui formait une petite bille qu’elle croqua et mâcha longuement. Le goût désagréable était à peine masqué par le miel. Elle mâcha longuement pour s’assurer que chacune des graines était broyée et fournirait ce dont elle avait besoin. En quelques minutes, la beauté du paysage lui parut d’une banalité des plus ennuyeuse. Elle n’avait plus aucune appréhension quant à sa mission, bien au contraire, elle était emplie d’une détermination qu’elle n’avait jamais connu auparavant. L’idée de devoir attendre jusqu’à la nuit tombée la faisait bouillonner d’impatience. Maintenant que plus rien ni personne ne pouvait l’arrêter, elle aurait voulu débouler en plein marché chez l’armurier, tuer tous ceux qui lui ferait obstacle et couvrir les pavés du sang de ses démons. Mais sa mort serait vaine si elle ne parvenait pas à se venger avant. Elle prit son mal en patience et s’affaira à vérifier chacune des pièces de son attirail. Rien ne devait lui faire défaut maintenant qu’elle avait une maîtrise complète de son état mental.

Et enfin après une très longue journée estivale, la nuit tomba. Tout était prêt. Elle croqua sa quatrième dose d’opiacine et sortit. C’était peut-être la première fois depuis l’attaque qu’elle se promenait dans les rues de Claircombe sans une capuche rabattue sur son visage, sans baisser le regard. Menton haut, sa longue tresse blonde flottait derrière elle. Elle n’était pas aux aguets, ni méfiante, son pas était ferme et son regard résolu. L’assurance guerrière qu’elle dégageait lui valut quelques regards intrigués qu’elle ne remarqua même pas. La sérénité qui la portait était celle de quelqu’un qui marche vers la paix éternelle languie depuis trop longtemps. Elle ouvrit la porte sans toquer, elle n’attendit pas non plus d’être invitée. L’entrée donnait sur un petit couloir ouvert en arche sur la cuisine où une femme donnait le repas à ses enfants. Sans bruit, elle s’avança encore, témoin non-sollicité d’une scène qui lui noua la gorge. Elle avait entendu dire que Barldwin s’était finalement marié et qu’il avait eu deux petits garçons. Njörd non content de ne pas lui faire justice avait autorisé son bourreau à vivre la vie à laquelle il l’avait arraché. Njörd était mort, les titans dansaient sur son cadavre. Alors c’était à elle de prendre le marteau de la justice qu’elle méritait, puisqu’elle n’avait plus de destin à se forger, elle briserait celui des Mörth.

Un craquement sinistre résonna dans sa cage thoracique, quelque chose l’avait violemment renvoyée contre la porte d’entrée qui s’ouvrit, la désarmant au passage. L’épouse eut un cri de surprise. Barldwin jeta la bûche de bois dont il venait de se servir et récupéra la dague de l’intrus. Il crut que le choc l’aurait au moins sonnée le temps qu’il se saisisse de l’arme, mais pas du tout. Il eut tout juste le temps d’attraper la garde pour fendre l’air au niveau de son cou. Liveig repoussa  aussitôt la lame de son avant-bras droit. Le cuir de la protection crissa en se déchirant, peut-être même la lame atteignit sa peau, elle ne le sentit pas. Ils se trouvaient désormais dans la rue. Dans sa main gauche, elle tenait déjà l’un de ses couteaux et l’abattit comme un poignard sur l’oeil droit de l’armurier. La pointe glissa sans mal perçant et tranchant les chaires, ripant sur le bord infra-orbitaire, glissant contre la maxillaire jusqu’à la lèvre supérieure. Sur le passage du métal, le sang se mit à jaillir à profusion, éclaboussant indifféremment l’agressé comme l’agresseur, et le pavé.

— MAUDIT ! MAUDIT ! hurla un passant à l’adresse des gardes alertés par les siclées des gamins et de la mère en pleine hystérie. Barlwin tomba à genoux les mains enserrées sur les lambeaux rougies que constituaient son visage. Le hurlement de douleur aurait du avoir quelque chose de satisfaisant à aux oreilles de Liveig, mais rien. Au même titre qu’elle ne ressentait pas la douleur, elle ne parvint même pas à en tirer le moindre plaisir. Etait-ce ainsi qu’on l’avait retrouvée, gueule pendante ? Elle le vit se traîner vers l’arrière au milieu de la rue, comme pour creuser la distance qui les séparait. Il n’était pas mort, mais est-ce que sa mort lui suffirait ? Elle se tourna vers la porte d’entrée où se tenait l’épouse. C’était elle, la jument bienheureuse d’un criminel, qui lui avait offert tout ce qu’on lui avait arraché à elle. N’était-il pas juste qu’elle paie elle aussi ?

Les gardes la virent changer de cible mais trop tard. L’arbalétrier qui la tenait en joue déclencha le carreau même moment où son chef appuya sur l’arbalète de sa main.

— C’ pas un maudit ! brailla-t-il mais trop tard, le carreau partit se ficher et, au lieu d’atteindre la tête, se ficha dans l’épaule droite et ressortit partiellement, déviant à la trajectoire de son pas sans pour autant l’interrompre.

— AU NOM DE L’HURLSK, HALTE !

Voyant qu’elle se désintéressait d’eux, deux gardes se précipitèrent vers elle. Elle lança son couteau, mais déjà l’épouse avait refermé la porte. La lame se ficha dans le bois et elle fut maîtrisée. Elle fut emmené dans les gôeles de l’Hurlsk. Plus rien n’avait d’importance, elle avait échoué et maintenant elle allait être exécuté. Tout n’était qu’une question de temps. On lui avait retiré son équipement et ses précieuses graines d’opiacine et maintenant l’enfer commençait. Sa mâchoire avait avait été malmenée par le premier interrogatoire, jusqu’à ce qu’Uriel interrompe l’entrevue et interdise les visites jusqu’à nouvel ordre. Les vêtements de lin grisâtre qu’elle portait habituellement sous sa tenue de cuir étaient désormais imbibé de sang – celui de Barldwin, mais surtout le sien. Les vertiges qui la prenaient la forcèrent à s’asseoir le long d’un mur de sa cellule. Une vieille soigneuse vint retiré le carreau et les échardes que lui avait valu son arrestation. La longue estafilade qui courrait tout le long de son bras droit fut salement recousu, mais au moins elle cesserait de se vider sur place. Au fil des heures, son corps était plus fatigué et endolori que jamais. Les blessures qu’elle avait ignoré sans mal déclenchaient de vives douleurs, surtout celle de son épaule. L’absence soudaine de drogue dans son organisme lui donnait des sueurs froides et tordait la réalité.

La forêt. Les chiens qui aboient. Sa lourde robe.

« Tu vas fuir à nouveau ? »

Elle déchire sa robe. Les flèches. Le saule. Le chasseur à la hache. Elle se jette sur lui. Plonge ses ongles dans son orbite. Lui arrache l’oeil. Ses mains sont couverte de sang.

Des pas dans le couloir ? Une pitance. Des heures ou des jours ?

La forêt… Le saule. Le chasseur. Le sang.

Des pas dans le couloir.


Dernière édition par Liveig Fjorleif le Sam 14 Oct - 17:05, édité 1 fois
Eredin Lautrec
Eredin Lautrec
https://claircomberpg.forumactif.com/t33-eredin-lautrec
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 172
Âge du personnage : 24
Métier : Guerrier / Chasseur
Dim 20 Mar - 13:41
[Hutte d'Uriel]

Olgierd avait surgit dans la hutte en hurlant des propos incohérents envers Uriel et Eredin. Le protecteur parlait d'une femme blonde défigurée qui avait attaqué en plein jour Barldwin chez lui dans le quartier Utgardien et à priori, c'était moche à voir. Mais c'était tout simplement impossible, qui ferait ça en plein jour ? Et pourquoi ? Eredin sentit son ventre se nouer et la panique commencer à l'envahir. Barldwin était-il mort ? Ça ne pouvait pas se passer ainsi, pas maintenant alors que les pièces du puzzle commençaient à s’emboîter. Non, c'était sa vengeance, ce maudit chien ne pouvait pas mourir paisiblement comme ça, tué par une inconnue en pleine rue. Il lui réservait bien pire, donc non ! Comme hors de lui et de la situation, Eredin ne se rendit compte du silence qu'après un long moment. Relevant la tête, il vit les autres l'observer et attendre de voir sa réaction, mais il refusait de comprendre. Ce fut seulement lorsque Uriel s'approcha et s'agenouilla à coté de lui pour lui répéter calmement ce qu'Olgierd avait dit qu'Eredin comprit. Le choc fut violent, mais il eut pour effet de le ramener à la réalité. Cette femme défigurée, bien sûr que c'était Liveig. Son esprit avait refusé d'y croire, mais il devait bien faire face à la réalité. Secouant la tête avant de se l'enfoncer dans les mains, le guerrier hurla de colère et entreprit de retourner la table à laquelle il était toujours installé. Personne ne tenta de l'arrêter.

Comment avait-elle bien put faire ça maintenant ? C'était le pire moment ! Maintenant les Mörth allaient être sur leurs gardes. Et en pleine rue en plus, à la vue de tous ! Comment allait-il pouvoir l'aider ? La faire évader ? Son esprit passa en revue plusieurs solutions alors qu'il s'acharnait à broyer une chaise en petit bois. Et surtout... à quoi bon faire ça puisqu'elle avait lamentablement échouée ? Elle allait mourir pour rien.

Le souffle court, Eredin fit un effort pour ordonner à ses doigts de lâcher le morceau de chaise qui lui restait dans les mains. Non, elle n'allait pas mourir ainsi, il le refusait.


- Je ne peux pas la laisser ainsi.


Il y eut un long silence, Eredin se tourna vers son frère de sang en quête d'une réponse, quelle qu'elle soit. C'était pure folie de lui venir en aide, il le savait pertinemment, ils avaient aucune marge de manœuvre. La faire s'évader revenait à combattre une petite armée et pour l'innocenter... non, aucune chance de réussir. Il avait beau cherché, il ne voyait pas quoi faire. Continuant d'observer Uriel, il perdit patience et sortit sa hachette tout en avançant vers la sortie. Sa seule option était de combattre maintenant, en attaquant rapidement sans laisser le temps à l'Hurlsk de prendre des mesures contre eux, il y avait peut être une chance de réussir à la sortir de la... peut être
.

- Je t'interdis de faire ça, tu n'as aucune chance d'en ressortir en vie... mon père est déjà la bas.


Toute la résolution d'Eredin s'évapora comme neige au soleil. Il se laissa tomber à genoux à coté d'Uriel, c'était terminé, Liveig allait mourir et comme une histoire qui se répétait inlassablement, Eredin ne pouvait rien faire pour l'aider. Étrangement, lorsque Uriel posa sa main sur son épaule, le regard concentré sur le mur droit devant lui, Eredin eut de l'espoir.


- Tu as quelque chose ?
- Possible... mais ça serait...


Uriel hésitait à parler, les soucrils froncés et sa main libre devant sa bouche comme pour se cacher, le prochain Hurlsk doutait de la voie à prendre. Refusant qu'il se dérobe au dernier moment, Eredin le poussa à parler, le suppliant de l'aider.


- Mon frère, j'ai besoin de toi !


[Prison Utgardienne]

Le lendemain matin, l'Hurlsk avait autorisé Eredin à voir la prisonnière. Uriel avait réussi à faire entendre raison à son père, comment ? Il ne le savait pas encore, mais à partir de maintenant on ne la toucherait plus. Le prochain chef de clan avait donné une mission à chacun des membres du groupe. Olgierd et Torstein devaient rassembler leurs alliés pour être prêt au combat, Isaac et Askelaad devaient se rendre dans cette auberge Amaranthis pour vérifier les informations qu'Eredin avait obtenu la semaine dernière. Il avait espéré trouver confirmation discrètement en passant par les filles d'Eve', mais ils n'avaient plus le temps maintenant. Quand à Uriel, il tentait d'apaiser la foule dehors qui réclamait justice. La famille Mörth était connue, elle possédait de nombreux soutiens, notamment l'Hurlsk en personne, réussir à reporter la mise à mort allait etre difficile, mais Uriel était confiant. Après tout, il devait simplement gagner quelques jours.

S’enfonçant dans les entrailles du bâtiment, Eredin passa de nombreuses portes, toutes gardés par plusieurs hommes. Surtout qu'aucun d'entre eux n'étaient de la nouvelle génération. Que des anciens protecteurs fidèles au chef de clan actuel. On le fouilla et on lui retira ses armes et toutes nourritures de l'extérieur. Une façon de bien lui faire comprendre que c'était impossible de la faire évader et qu'elle n'échapperait pas à sa sanction, d'une manière ou d'une autre.

Face à la dernière porte, Eredin marqua une petite pause. La panique était passé, il affichait maintenant un masque de marbre sous lequel grondait une colère silencieuse. Il pouvait comprendre son geste, lui même s’était imaginé le faire de nombreuses fois, mais Eredin n'était pas assez stupide pour le faire de cette façon, surtout pour se rater. Finalement, il passa la porte pour pénétrer dans le couloir de la cellule de Liveig. Il s’avança lentement à la faible lueur d'une seule et unique torche allumée au milieu du couloir. On lui avait donné un bougeoir rudimentaire qu'il prit le temps d'allumer avant de se tourner vers la prisonnière. Malgré ce qu'il avait imaginé, l'Utgardien ne sentit pas son cœur rater un battement comme ça avait été le cas dans le passé lors de leur rencontre. Non, il ne ressentit pas grand chose en la voyant adossé au mur. Elle était dans un état pitoyable. On ne lui avait laissé que sa chemise encore couverte de sang pour la couvrir, elle avait le visage marqué par l'interrogatoire et elle semblait totalement perdu. Il n'aurait jamais imaginé la voir dans un tel état. Normalement, ça aurait du être l'inverse, lui à sa place, mais elle l'avait devancé. Et maintenant ? Que dire ? Que faire ?

Eredin s'approcha des grilles et posa le bougeoir au sol pour se libérer les mains. Il l'observa ensuite longuement sans un mot. A vrai dire, il ne savait pas vraiment par où commencer.

- Tu as réussi à lui prendre un œil, mais il va survivre.

Quitte à faire une chose aussi stupide, elle aurait du le tuer et mourir en se faisant capturer ! Mais non, elle avait raté et maintenant elle allait souffrir avant de se faire exécuter en place public. Eredin serra les poings et ravala la colère, ça ne servait à rien de l'accabler encore plus que ça... mais elle aurait du agir avec un plan, l'attraper quand il était seul ou venir le voir pour lui demander de l'aide. Mais non, trop stupide, trop fière ou trop droguée (on avait retrouvé des graines d'opiacine sur elle) , elle avait fait n'importe quoi.

Eredin s'adossa à la cellule, tournant ainsi le dos à la prisonnière de l'autre coté des barreaux et observa le mur devant lui.


- Tu te souviens du festival d'été ? Je t'y avais traîné presque de force, tu ne voulais vraiment pas y aller... trop de monde, mais après t'avoir offert des gâteaux, tu avais changé totalement d'attitude. Tu m'avais attrapé le bras et tu rigolais à toutes mes blagues... on avait fini par s’embrasser derrière l'étale du vieux Bill. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est l'un des souvenirs qui me revient à chaque fois que je pense à toi... je suis définitivement tombé amoureux de toi ce jour la.


Il avait un goût amer dans la bouche, il regrettait aujourd'hui de l'avoir amené au festival car ça l'avait conduite ici au fond de cette prison. Sans lui, elle aurait vécu une vie heureuse. Il comprenait ainsi les reproches qu'elle lui avait fait à Port-aux-Echoués, c'était totalement claire maintenant. Après tout, elle avait toujours était plus intelligente que lui.

- Tu es une idiote...


Idiote d'avoir fait ça, idiote de lui avoir fait confiance, idiote d'avoir quitté la ville sans lui, idiote de l'avoir aimé... Ca lui brulait les lèvres de lui donner de l'espoir, de la réconforter et de lui dire qu'il resterait jusqu'au bout quoi qu'il advienne ! Mais il ne pouvait pas faire ça, Eredin refusait d’être cruel et de lui donner de faux espoirs. Surtout que c'était sûrement la dernière chose qu'elle souhaitait entendre. Le plan ne tenait qu'à un fil après tout.

Liveig Fjorleif
Liveig Fjorleif
https://claircomberpg.forumactif.com/t34-liveig-fjorleif-une-ros
Date d'inscription : 19/10/2020
Messages : 120
Âge du personnage : 22 ans
Métier : Orfèvre
Sam 14 Oct - 16:49


Comme si son corps anticipait ce qui allait venir, le bruit des semelles sur le sol de pierre échaudait ses blessures. Elle essaya de détendre ses muscles mais surtout sa mâchoire qui avait déjà supporté son lot de question. Contracte avant l’impact. Combien de coups pourrait-elle encore encaisser ? N’avait-elle pas déjà quelque chose de cassé ? Comme pour répondre à ses interrogations, une douleur irradia le côté gauche de son dos. Pourtant, c’était sans importance au vu de ce que venait lui annoncer une voix bien plus que familière : Barldwin survivrait borgne, mais il survivrait. Un goût encore plus amer que celui du sang rampa depuis sa gorge avant de bondir en dehors, matérialisé en un rire nerveux. Même amoché de la sorte, il avait encore sa famille, ses enfants, sa vie. Ce n’était pas suffisant. N’était-ce pas ironique que la personne qui vienne lui annoncer la nouvelle soit celle-là même qui était venu à son chevet lui parler de la vengeance dont elle avait besoin. Elle avait rejeté l’idée que son visage soit la marque de la vengeance qu’Eredin aurait pu obtenir, et au final, de n’être respectée que parce que protégée, épousée par pitié, d’exister comme le laid trophée d’un héros de conte pour jeune fille. Elle observait la mèche de cheveux collée par le sang qui pendait devant son visage baissé au rythme de ses respirations. Voilà où elle en était : ni respectée, ni protégée, et elle pouvait jurer que si elle avait un miroir pour constater les ravages de la vie qu’elle avait mené à Port-aux-Echoués, elle n’avait certainement rien gagné au change. Pourquoi n’avait-elle pas juste accepté son offre ?

— T’as toujours su ce dont j’avais besoin... même quand j’le savais pas… reconnut-elle d’un ton désolé. Désolé pour lui, désolé pour elle-même et aussi peut-être pour cet ego de Narcisse qu’elle avait conservé après avoir perdu ses pétales, cet ego qui les avait tous deux malmenés et traînés jusqu’ici. S’il l’avait vengée le soir même, jamais le clan n’aurait eu le temps de le tempérer. Elle aurait dû utiliser la lame qu’il lui offrait, il lui aurait fait justice, mais alors il aurait été à sa place, et elle de l’autre côté de ces barreaux.

Non.

Elle aurait été malade de le savoir ici par sa faute. Elle n’aurait jamais été dans la position de le sauver. Et quand bien-même, que serait-elle devenue après sa condamnation ? A l’époque, elle aurait bien été incapable de survivre seule. Elle raya cet autre présent qui ne saurait plus jamais exister. Elle n’avait pas accepté, et comme elle l’avait prédit, le jour où elle avait à nouveau mis les pieds à Claircombe avait été parce que « sa rage n’avait plus eu assez de place dans son corps ». Et d’ailleurs, lui aussi avait vu venir ce jour où elle se lancerait dans une « mission suicide » pour obtenir ce qu’elle n’avait pu avoir autrement. D’un soupir, elle balaya toute l’hostilité et les reproches qu’elle conservait à l’égard d’Eredin. Être en colère demande une énergie de tous les instants, elle était trop fatiguée, blessée, trop déphasée, pour abaisser cette herse qui devait limiter les dégâts collatéraux. Elle se décolla lourdement du mur, sans se relever, elle se traîna jusqu’aux barreaux pour s’adosser dos à son interlocuteur. Elle baissa la voix suffisamment pour que les échos de leur conversations ne rebondissent pas contre les parois lisses des geôles.

— J’pensais qu’ils visaient mieux… déplora-t-elle en touchant sa clavicule blessée. Pas déconnant qu’il y ait autant de morts lors des attaques. A Port-aux-Echoués, si la mortalité était bien plus élevée qu’en ville, personne ne mourrait d’attaques de maudits. Tout le monde était bien trop armé et bien trop efficace à viser la tête pour laisser les morts se propager. Les raides d’anthropophages en revanche, c’était une autre histoire. Leurs émersions étaient trop aléatoires pour que les imprudents et les ivrognes en réchappent. Ils en avaient fait les frais lors de leur dernière rencontre. Et il était encore là, à parler du passé. Après tout, c’est la seule chose qu’elle lui ait laissée. Elle n’avait pas seulement choisi de faire tourner son monde entier autour de lui, elle avait fait d’Eredin son monde. Et le jour où la malveillance s’en était pris à elle, elle n’avait fait que l’accabler. Il était dangereux de faire dépendre son bonheur d’autrui, d’autant plus si c’est aussi cet autre qui constitue les seuls repères qu’on a en ce monde. Elle avait choisi de faire tourner son monde entier autour de lui, et quand la malchance l’avait mis en difficulté elle avait rejeté toutes les fautes sur lui. Elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir de la colère et du ressentiment, mais elle devait accepter qu’elle était la seule responsable de ses propres sentiments.

— Ne viens pas à l’exécution, s’il te plaît, murmura-t-elle doucement.
Eredin Lautrec
Eredin Lautrec
https://claircomberpg.forumactif.com/t33-eredin-lautrec
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 172
Âge du personnage : 24
Métier : Guerrier / Chasseur
Sam 14 Oct - 18:33
Il s'était attendu à recevoir le même accueil qu'à Ports-aux-Echouées, que sa présence déclenche une nouvelle fois sa rage, qu'elle déverse son discours violent et acerbe, mélange de colère, de rancœur et de dégoût, mais il n'en fut rien. C'était même l'inverse qui était entrain de se produire, d'une voix fatiguée, Liveig reconnaissait enfin qu'il avait raison depuis le début. Peut être que maintenant qu'elle n'avait plus nul part où fuir et plus beaucoup de temps, elle commençait enfin à ouvrir les yeux... mais pourquoi ça ne lui faisait rien ? Son rythme cardiaque ne s'emballait pas, sa tension restait normale, pourquoi ? Elle n'avait jamais quitté son cœur ou ses pensées, ho il avait bien tenté de la remplacer, mais elle restait Liveig et il avait toujours cru que rien ne pourrait changer ça... que peu importe le nombre de fois où elle le rejetterait, il serait toujours prêt à reprendre les armes pour la reconquérir après avoir pansé ses blessures énième fois.  Et pourtant, il n'éprouvait rien en cet instant qui serait peut être le dernier moment qu'ils partageraient ensemble dans cette vie.

- Un soir...il marqua une pause, hésitant à continuer une semaine après ton attaque... j'ai attrapé ma hache et je me suis rendu chez lui. Il revoyait cette nuit comme si c'était hier J'étais résolu, vraiment ! J'étais tellement en colère. J-je... Je voulais simplement le tuer, lui faire mal, très mal ! qu'importe les conséquences... mais j'ai pas réussi à aller jusqu'au bout. Isaac m'a dit une chose alors qu'on était juste devant sa porte. Il ne le précisa pas, mais cette nuit la, il y avait Uriel et Isaac avec lui. « Si tu le tue maintenant, comme ça, sans rien prouver, ça ne la ramènera pas et ça ne la vengera pas... » Par Njörd à quel point Isaac pouvait être aussi intelligent ? Eredin lui en avait voulu longtemps de l'avoir arrêté cette nuit la, son amour pour lui avait fini par effacer sa rancœur, mais il ne comprenait que maintenant les propos de son ami. Il était censé la connaître plus que quiconque, pourtant il n'avait jamais compris que le regard des autres étaient aussi important pour Liveig. Eredin n'avait pas besoin du consentement de qui que ce soit pour l'aimer, pas besoin que les autres hommes comprennent ce qu'il pouvait bien trouver derrière la cicatrice, il avait la force de vivre selon ses propres principes et envies... mais elle n'était pas comme lui et n'était pas aussi forte que lui. Isaac avait deviné qu'un meurtre n'aurait rien arrangé, non il fallait prouver que l'attaque avait été orchestré et la famille Mörth devait payer réparation devant le clan pour rétablir l'honneur de la jeune femme, c'était la seule façon de la faire revenir. Hélas, il avait mit trop de temps à trouver des preuves, à remonter la piste... cette histoire avait presque eut lieu dans une autre vie maintenant. Je n'avais pas compris ses propos sur le moment, je voulais juste faire passer ma colère donc j'ai repris ma route et au moment de rentrer dans la maison, c'est une simple patrouille de garde qui m'a fait renoncer... ils nous avaient vu... je regrette de ne pas l'avoir tué ce soir là, tu ne serais pas ici et tout aurait été différent... Il souffla bruyamment tout en se laissant glisser au sol le long des barreaux. Tu n'es pas en mesure de demander quoi que ce soit. Je souhaite être présent... pas pour toi, mais pour moi. Graver ce moment, m'empreindre de ma tristesse et ma colère... pour être sûr de ne jamais oublier.

Pas pour oublier son exécution car ce serait chose impossible, mais pour ne pas oublier à quel point ce monde était cruel et injuste. Si il aimait tant être en dehors de la citée à chasser, c’était parce que le comportent des animaux et des monstres étaient prévisibles comparé à celui des hommes. Oui, la mort de Liveig l'anéantirait une nouvelle fois, mais elle le rendrait aussi meilleur, plus dangereux, plus cruel, plus affûté... une bonne chose pour le futur qui approchait !

Mais ça, c'était si l’exécution avait lieu ! Il restait encore un espoir et c'était bien pour ça qu'il s'était adossé à la cellule, pour qu'elle ne puisse pas lire dans ses yeux qu'il n'avait pas abandonné car comparé à lui, Liveig le connaissait particulièrement bien. Ne voulant pas lui donner de faux espoirs, il ne pouvait rien lui communiquer, ce serait trop cruelle dans le cas ou l'opération échoué ou si ils n'arrivaient pas à arracher des informations ce soir...


-J'ai rencontré une femme... une chasseuse... tu l'aimerais bien...

Oui, lui faire croire qu'il irait bien malgré sa mort pouvait paraître tout aussi cruelle que de lui donner de l'espoir, mais c'était la seule chose qui lui était venu en tête... stupide Utgardien !
Contenu sponsorisé
Claircombe  :: Titre :: Quartier Utgardien :: La hutte de Hurlsk :: [Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines. ::