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Claircombe  :: Titre :: Quartier Amaranthis :: L'Éveil des Sens :: Les veufs éplorés ::
Les veufs éplorés
Ernst
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Ven 9 Avr - 0:31
Et pourquoi c’est à moi d’y aller d’abord ?
Ernst, vous êtes une homme habile et rusé,
Evidemment.
…Vous comprenez qu’une personne de mon niveau ne peut aller dans un tel lieu ?
Dans une taverne ?
Oui - il hésitait - mais il se trouve que j’y suis déjà allé pour des raisons personnelles, que certains ont jasé et que j’ai déjà justifié cela par une mission officielle.
Evidemment.
Donc, maintenant c’est vous qui y allez.
Ernst avait le regard oblique et les sourcils froncés, l’expression d’un homme qui réfléchit intensément.
Vous y êtes allé pour une raison personnelle, en prétextant une raison officielle. Mais, vous ne voulez pas y retourner de peur qu’une affaire officielle paraisse officieuse ?
Le capitaine le regarda avec effarement, voir le cerveau d’Ernst s’allumer, c’était voir couler une fontaine en pleine canicule.
Heu… oui c’est cela.
Evidemment.
La fontaine n’avait pas duré longtemps. Le préfet retrouvait son air habituel. Son air hagard et niais, presque abruti.
Et pourquoi est-ce à moi d’y aller ?
MAIS VOUS M’EMMERDEZ AVEC VOS QUESTION GRISON-EBERMANN ! QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ TOUS AUJOURD’HUI A TOUS VOULOIR ME FAIRE CHIER ! VOUS BOUGEZ VOTRE CUL ET FAÎTES CE QUE JE DIS ! MAIS QUEL BANDE DE JOBART JE ME TRAINE ! MAIS VRAIM…

Ernst préféra laisser son officier à ses bruyantes introspections et referma doucement la porte. Sans attendre et son sac en bandoulière, il prit la direction du quartier Amaranthis. Autant en finir au plus vite.




A peine la porte du quartier franchie, le préfet décréta la faune locale lamentable ainsi que tout ce qu’il put croiser. Par principe. Après quelques pas à longer les murs intérieurs, il prit à sa droite où s’attroupaient des mâles vulgaires, occupés à trouver quelque sens à leurs vies ineptes dans le péché et la grossièreté. Un gros utgardien leur opposait ses bras croisés et les décourageait d’entrer. C’était la fameuse taverne. Tous ces gens discutaient entre eux.
Hey Tex ? Tu t’y connais en dame toi ?
Pour sur. Hey m’sieur, vous savez ce qu’on dit à une femme avec deux yeux au beurre noir ?
Non…
On lui dit plus rien, on lui a déjà expliqué deux fois !

Ernst était surpris des moeurs locales, mais il nota la boutade au fond de sa mémoire. Lui aussi aimait rire, d’ailleurs ses ouvriers riaient à tous ses calembours, comme celle des canards toujours à l’heure parce qu’ils sont dans l’étang.

Les rires rebondirent, mais l’étrange groupe attendait toujours pour rentrer. Le gros utgardien gardait les bras croisés devant l’entrée, souriant mais ferme. Une taverne huppée à ce qu’on dirait.
Allez, soyez sympa, c’est jour de paie, laissez nous entrer !
Je me demande si vous n’allez pas me faire regretter. Qu’êtes-vous venu chercher ? Vous voulez quoi les jeunots ?
Déjà, le plus hardi montait sur les marches de l’escalier à gauche, sur ce piédestal de fortune il évoquait par moult paroles et gestes un excès de libido dont ses comparses s’enhardissaient.
J’veux que tout le monde bouge ses fesses, que les femmes oublient leur complexes. Façon Tex, oh ouais. Oui maintenant faut que ça bouge ! Que tout…

Ernst prit ses distances, un peu estomaqué du spectacle. Il contourna les jeunes gens agités jusqu’à rejoindre le portier. Il affronta son regard.
Eh, vous c’est pourquoi ?
Bonjour, je suis préfet Ascanien et je cherche la patronne de ce lieu.
Il ne savait pourquoi, il sentait qu’il devait se justifier. Il sentit une gêne à la façon dont on le regardait.
Une affaire privée, je ne peux vous rendre compte. Ça ne dépend pas de moi, je suis en mission discrète. A ne pas trop ébruiter.
Le portier eut un sourire entendu.

Que de procédure pour une simple guinguette, songeait Ernst.
Evangeline Delacroix
Evangeline Delacroix
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Sam 10 Avr - 16:20
Une fin d'après-midi inhabituelle pour l'Éveil des Sens. En effet, l'établissement avait ouvert plus tôt aujourd'hui pour une occasion tout à fait particulière : l'anniversaire d'Aurélia. Elle avait tenu à faire la fête avec les habitués qui se massaient déjà à l'intérieur. Vaaris était posté à l'extérieur pour ne pas laisser entrer le tout venant et filtrer la clientèle. La jolie blonde avait l'air de beaucoup s'amuser et en ce jour, nombreux voulaient avoir le privilège de partager sa couche.

Evangeline se promenait dans la salle en souriant, elle aimait voir de si riches clients dépenser à tout va. La bonne humeur était communicative et elle se sentait plutôt en joie. Elle n'avait pas lésiné sur la dépense pour l'occasion et avait paré le lieu de plusieurs fanions de couleurs. Elle avait aussi fait préparer un énorme gâteau que les gens se partageaient avec plaisir. Le rouge était prédominant dans la salle, rappelant l'ancienne faction de la belle blonde et aussi, pour se moquer un peu de son ancienne vie. Eve avait tout de suite accepté ce choix dû à son passé à elle aussi. Pour le coup, elle était vêtue d'une somptueuse robe d'organdi de soie rouge laissant suggérer joliment sa silhouette. Fendu sur le devant révélant ses cuisses lorsqu'elle marchait, ses manches n'était que de simples voiles accrochés ça et là par quelques sangles dorées sur les bras. Le vêtement remontait sur le devant, lui aussi retenu par une sangle d'or autour du cou, laissant tout de même une ouverture pour son joli décolleté. Le vin coulait à flot, les rires fusaient, l'allégresse était de mise et allait bien continuer comme ça longtemps dans la nuit.

Tenue d'Evangeline:

* * * * *

Vaaris jaugeait l'homme face à lui. Son sourire s'étira lorsque ce type avec un air benêt lui affirma être un préfet Ascanien et qu'il cherchait la patronne. Il ne l'avait jamais vu dans le coin encore mais personne ne savait vraiment ce qu'avait Eve dans la tête la plupart du temps, sans doute un de ses nouveaux jouets. Après tout, il n'était pas là pour essayer de la comprendre mais pour faire son boulot. Il avisa les idiots qui tentaient d'entrer à la fête et leur somma de rester là.

"Bien, je vais voir si elle peut vous recevoir" fit-il par la suite au préfet avant d'entrer dans la bâtisse et de refermer derrière lui.

* * * * *

Tandis que la rousse conversait avec un Amanranthis richement vêtu au comptoir, Vaaris s'approcha d'elle, se penchant vers son oreille.

"Un homme dit avoir une affaire privée à discuter avec vous."
"Un homme ? Quel homme ? De quoi tu parles ?"

Eve fronça les sourcils, elle n'avait absolument aucune idée de ce dont parlait son garde. Il venait la déranger pour quelque chose de sans doute très insignifiant.

"Je ne l'ai jamais vu ici. Apparemment, c'est un préfet Ascanien. Il dit qu'il veut vous voir."

Lorsque Vaaris accola les mots "préfet Ascanien" ensemble, une lueur s'alluma dans les yeux de la belle et un sourire amusé fit place sur ses lèvres. Une proie de choix à n'en pas douter !

"J'arrive" répondit-elle avant de prendre congé avec son interlocuteur, visiblement déçu de ne pouvoir poursuivre plus loin.

La jeune femme se hâta de suivre le garde vers la porte. Elle était aussi excitée qu'une petite fille attendant le cadeau de ses rêves. Elle avait tellement hâte de le déballer. Décidément, cette journée était agréablement surprenante. Ouvrant la porte sur l'homme, Vaaris se poussa pour laisser apparaître la pétillante Eve. Celle-ci s'approcha et se présenta sans tarder en souriant.

"Bienvenue cher préfet. Je me nomme Evangeline Delacroix, je suis la dirigeante de cet endroit. Bienvenue à l'Éveil des Sens ! Mais je vous en prie, entrez donc."

Elle le laissa procéder à l'intérieur de l'établissement et Vaaris referma la lourde porte sur eux, repartant débattre avec les zigotos qui s'agitaient à l'extérieur.

Alors qu'ils se mouvaient dans la salle principale, Leonie passa près d'eux vêtue d'une petite robe lui arrivant à mi-cuisse en riant. Elle était suivie de près par un homme ayant presque le double de son âge et ils montèrent l'escalier les conduisant à l'étage.

"Nous ne sommes pas ouverts si tôt d'ordinaire mais nous fêtons là l'anniversaire d'une de nos pensionnaires" fit-elle en désignant Aurélia plus loin. "Voulez-vous vous joindre à la fête ?"

Eve savait très bien qu'il n'était pas venu pour ça d'après ce que Vaaris lui avait dit plus tôt. Cependant, elle avait un nouveau but à présent. Et ce but, c'était capturer cet homme dans ses filets et ce, par tous les moyens. Il fallait absolument qu'il finisse dans l'un de ses carnets ! Elle n'allait pas le laisser filer sans avoir tout tenté.

"A moins que vous ne vouliez passer dans mon bureau pour discuter de cette fameuse affaire privée et discrète."


La lionne avait ce petit sourire en coin qui voulait tout dire. Certaines filles qui avaient tourné la tête vers elle se mirent à glousser, elles savaient à présent que la patronne avait un nouveau jouet.


Dernière édition par Evangeline Delacroix le Mer 14 Avr - 4:40, édité 1 fois
Ernst
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Sam 10 Avr - 20:29
Ernst, en gentilhomme qu’il était, constata immédiatement la profonde vulgarité de cette taverne.

Si les beaux tissus étaient de sortie, il n’était pas dupe : les vêtements des femmes étaient des haillons dont il manquaient des pans entiers de tissus, de sorte que les parties les plus indélicates à l’œil honnête n’étaient point couvertes. D’ailleurs sa vue souffrait, les couleurs vives l’agressaient et l’ambiance du lieu n’épargnait pas ses oreilles. Les manières mielleuses des hommes présents l’agaçaient, que de faux-semblant, que de pitrerie pour plaire à ses dames et pour quoi ? Il n’y avait pas beaucoup de sorte d’alcool à Claircombe, la boisson ne pouvait pas être à ce point meilleur ici qu’ailleurs.

 La tenancière lui parue immédiatement désagréable. Bien trop souriante à son goût pour une veuve, sa place était dans une retraite à l’ombre de la vie publique. Hélas, les moeurs Amaranthis étaient ce qu’ils étaient et son officier lui avait déconseillé d’être plus désagréable que nécessaire. Au fond Ernst n’était pas du genre à juger durement son prochain. Que lui importait si dans le quartier Amaranthis, la Perfidie s’écrivait sur toutes les faces qu’il croisait ? Il la salura courtoisement et répondit aux questions par des hochements de tête. Le bureau irait très bien.

Il tenait fermement son sac et attendait plus de discrétion.
Evangeline Delacroix
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Dim 11 Avr - 0:38
Evangeline se mit à rire légèrement aux réactions de l'Ascanien près d'elle. Il était mal à l'aise et cela l'amusait. Tout était parfait et parfaitement délicieux. Faire tourner ces sombres idiots en bourrique était son passe-temps préféré. Et celui-là, il débarquait chez elle à point nommé. D'un geste du doigt elle l'invita à le suivre dans son antre, refermant doucement la porte derrière lui lorsqu'il fut à l'intérieur. Celle-ci coupait assez bien le bruit de la pièce principale, ce qui laissait un petit peu plus d'intimité entre eux.

Délicieusement parfait.

"Prenez place, vous serez plus à l'aise pour m'entretenir de cette affaire qui vous préoccupe tant."

Eve lui désigna le siège en face de son bureau de façon cordiale. Elle n'allait pas entamer les hostilités tout de suite, il fallait le laisser mijoter quelques temps avant. La rousse resta près de lui alors qu'il s'asseyait timidement. Elle réprima un grand rire en le voyant aussi stressé.

"Allons cher préfet, vous devriez vous détendre. Je ne mords pas vous savez" fit-elle en souriant quelque peu et penchant la tête sur le côté. "Dites-moi donc à qui ai-je l'honneur ? Un homme aussi respectable que vous doit avoir un nom tout aussi honorable."

Les yeux de la lionne passait sur toute la stature de l'homme, le détaillant de bas en haut comme un bout de viande. Il était indéniable que son corps était marqué par l'exercice physique. Étrange, en général les hommes de haut rang se contentaient de se prélasser et s'engraisser. Elle notait chaque élément qui le composait avec minutie. Et au vu de son comportement, il se pourrait qu'il ne sache même pas où il était tombé. Elle resta près de lui, s'appuyant simplement contre le bureau, gardant une distance acceptable sans pour autant l'avoir hors de portée.

"Voulez-vous boire quelque chose ? Je peux faire porter un peu de vin. Ainsi nous pourrons converser de façon plus posée et plus amicale. Et vous pourrez me parler de ce pour quoi vous venez."

La belle rousse était aussi curieuse de savoir pourquoi il venait là si ce n'était pas pour s'encanailler. Les Ascaniens étaient peut-être des imbéciles mais ils étaient aussi de bons fanatiques. Nul doutes que son veuvage avait jazzé dans la communauté et ne cessaient d'alimenter les rumeurs les plus folles. Certains l'appelaient la veuve joyeuse, d'autres encore la veuve noire. Ces derniers n'avaient aucune idée du bien fondé de ce petit nom... Et cela devait rester ainsi. De toutes façons, qui pourrait donc venir la soupçonner sans aucune preuve ? Sûrement pas ce benêt qui se présentait devant elle.
Ernst
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Jeu 15 Avr - 0:16
Ernst prit place avec tout le sérieux de sa fonction, il gardait autant que possible son esprit concentré. Le sens du devoir engourdissait ses gestes et son regard restait bas, comme soupçonneux. Au fond, ses manières cachaient mal son trouble à se tenir en des lieux qu’il ne connaissait point et à l’allure si exotique. Aux manières sirupeuses qu’on lui assénaient, il répondit avec fermeté. Il était le préfet Grison-Ebermann, mandaté par [   caviardé   ], officier de la cavalerie ascanienne pour le compte du Cardinal.

Il allait refuser le vin, mais les manières affectées des clients envers les serveuses lui revinrent à l’esprit. Quel breuvage pouvaient-elles dont servir pour susciter tant d’attention ? Curieux, il céda.
Je ne cherche pas de relation amicale, mais je veux bien goûter votre vin.

Sans se formaliser, Ernst posa lourdement son sac sur le bureau pour en extraire difficilement un vieux papier. Il s’installait à la façon d’un notable, de cet air faussement soumis et vaniteux. Les engranges mécaniques et protocolaires de sa fonction l’agitaient comme une marionnette, il était le parfait petit exécutant.
Madame, vous êtes bien Evangeline Delacroix ?
Il n’eut pas un regard, la question était purement rhétorique.
Veuve de feu votre mari Grégor Delacroix, décédé en forêt en l’an soixante seize et enterré dans le cimetière de l’Eglise, concession cent quatre-vingt trois et enterré le [   caviardé   ] par le père [   caviardé   ] et accompagné par les prières ordonnées par le Cardinal les trois jours suivants.

Ernst reprit son souffle, il se devait de rester concentré pour ne pas perdre le fil.
…à l’occasion de ses funérailles ont été chantés : “Le cantiques de Providence”, “A présent nous sommes libres”, “J’veux qu’on chante sur ma tombe”…
La liste était longue, mais la détermination du préfet était palpable. Il allait faire son travail de manière irréprochable, clair, limpide. A dire vrai, et à mesure qu’il énumérait les chants et d'autres éléments, il se mettait à songer à son interlocutrice. Ce n’était rien de personnel mais simplement la réalité de son genre. A bien y penser, était-ce bien utile d’expliquer quoique-ce-fut à une femme ? Malgré ses doutes il poursuivait.

…ont été acquis à l’occasion de ses funérailles douze bouquets de fleurs, une stèle fournie par votre belle famille, une…
Être irréprochable. Quand bien même la veuve Delacroix n’aurait pas retenu la moitié de ce qu’il venait de dire et opposerait un raffut hystérique, lui resterait immaculé de bout en bout.
…une réservation dans la rangée de l’adoration au premier niveau extérieur pour votre mari faîtes par votre mari antemortem…
Être méthodique, être compréhensible, voilà la bonne méthode et la noble attitude que commandait le devoir. Ernst était de ceux qui veulent bien faire, quand bien-même c’était peine perdue. Et c'était peine perdue.

Par acquis de conscience, il jeta un œil au dessus du papier pour voir la veuve Delacroix, le premier vrai regard depuis leur rencontre. Il eut comme un choc. Quelque chose au fond de son vieux cœur meurtri s’était rouvert, comme une étincelle à l’éclat insolent au milieu d’une vaste cave débordant de vide.
Ernst rabaissa vivement ses yeux, mais il sentait son rythme cardiaque augmenter. Il continuait, se voulant imperturbable, ne l’étant plus. Il s’accrochait désespérément aux mots, essayant de ne pas s’égarer, il ne fallait pas défaillir, le devoir l’interdisait. Fébrile, il masqua autant qu’il le put son émotion et arriva avec soulagement au terme de sa démonstrations.

…et cinquante deux par huit plus treize par dix…
Au dessus des mots, l’esprit de Ernst rajoutait l’image de celle qui le troublait, il se sentit alors complètement cerné par cette présence. Il vit le vin qui s’était ajouté sans qu’il ne le remarque et but une lichette pour reprendre son souffle, masquer sa défaillance dans la dernière ligne droite.
…qui nous font quatre mille trois cents valons que vous devez à monseigneur le Cardinal.
Providence soit loué, le devoir était accomplit. Il sortit une autre feuille bardé de chiffre en tout sens, raturé et sans la moindre annotation.
Je vous adresse aujourd’hui en tant que préfet la copie de votre dette et je reste à votre disposition pour prendre note de vos remarques.

Ernst savait qu’il n’y aurait pas de remarque.
Ses esprits lui revenaient, il n'avait eu qu’un court égarement.
Cette femme, comme n’importe quelle autre femme, était dépassée par la situation et probablement, il faudrait lui expliquer inutilement jusqu’à ce qu’elle se résigne à faire confiance aux institutions loyales ascaniennes et paie son dû.

Il évitait pourtant de recroiser ce regard si troublant.
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Dim 18 Avr - 0:38
Lorsque le fameux préfet accepta le vin, c'était un point de gagné pour Eve qui élargit son sourire. Alors qu'il sortait tout son bazar sur la table, elle alla donc demander une bouteille à la porte à une des filles. Peu après, on porta du bon vin et elle se mit alors à en verser deux verres tandis qu'il commençait son discours. La rousse était amusée de le voir si mal à l'aise, les Ascaniens étaient bien tous les mêmes. Nul doute que le breuvage le ferait se détendre quelque peu.

Les bourdes qu'il faisait régulièrement dans son texte appuyaient cet état de gêne et de stress mal contenu. Elle ne cessait de lui sourire en le reprenant sur les termes alors qu'il s'efforçait de continuer tant bien que mal, se cramponnant à son papier.

"... décédé en soixante-quatorze... incinéré non enterré... entreposé dans la crypte familiale..."

Eve s'était assise sur le bord du bureau et fixait l'homme face à elle en penchant la tête sur le côté. Elle n'écoutait qu'à moitié ce qu'il racontait surtout parce qu'elle ne savait pas franchement où il voulait en venir. Elle y était à cette fichue cérémonie, elle savait bien comment tout cela s'était déroulé, elle n'avait pas besoin qu'on vienne lui faire un debriefing de la chose.

Elle nota cependant un regard un bref instant. Puis le trouble qui s'en suivit après ça. Et elle en fut tout à fait ravie, se délectant d'une énième gorgée de vin. Mais lorsqu'il commença à parler chiffres, Eve se redressa sur le bureau et son sourire commençait à s'évaporer. Jusqu'au coup fatal de la note salée qu'il venait de lui adresser. Sa main se crispa sur son verre et ses yeux s'écarquillèrent.

"Quoi ?!" hurla t-elle alors.

De quoi parlait donc cet abruti ? D'où sortait cette dette pharaonique ?? La rousse posa son verre sur le meuble avant de l'envoyer valser contre un mur.

"Donnez-moi ça !"

Elle arracha le papier des mains du préfet et alla à son bureau pour en sortir ses lunettes d'un tiroir. Les ajustant sur son nez, elle commença à étudier plus sérieusement tout ce qu'il venait de débiter en faisant des allers-retours dans la pièce, ne faisant même plus attention à son but premier en la personne d'Ernst.

"C'est pas vrai..." maugréa t-elle toute seule.

La jeune femme s'approcha d'un secrétaire et fouilla dans un des casiers, sortant plusieurs papiers, cherchant visiblement quelque chose de bien particulier. Après dix bonnes minutes, elle trouva enfin et vint s'installer sur son imposant siège, non sans avoir attrapé un boulier avant sur la bibliothèque derrière elle. Elle se mit à comparer les deux factures, comptant sur le boulier et prenant quelques notes. Elle était pleinement concentrée dans ce qu'elle faisait et le préfet était bien le cadet de ses soucis pour le moment.

Au bout d'un moment, elle soupira et se renfonça dans son siège, un air sérieux sur le visage.

"Lorélie... sale petite..." siffla t-elle tout bas entre ses dents.

Eve prit une bonne rasade de vin et posa ses lunettes sur le bureau avant de se pincer l'arrête du nez de façon agacée. Sa belle-soeur, la plaie de sa vie... Elle n'avait visiblement toujours pas digéré le fait que la belle rousse se pointe à la commémoration de Grégor l'été dernier. La jeune femme avait bien juré de le lui faire payer, Eve en avait aujourd'hui la facture sous les yeux. Elle reporta finalement son regard sur Ernst, elle devait trouver une issue à tout ceci. Non pas qu'elle ne puisse pas payer, sa fortune le lui permettait. Mais c'était une question de principe.

"Écoutez, il doit y avoir une erreur" lui dit-elle en le fixant de ses yeux ambrés. "Voyez-vous, c'était à ma belle-famille de payer tout cela. Ce sont même eux qui se sont proposés pour tout régler, dû à mon deuil brutal."

La belle devait tout tenter pour échapper à ça. Elle prit un air attristé et très affecté, baissant les yeux et laissant son sourire au placard.

"Mon mari est mort si soudainement, une véritable tragédie. Une crise cardiaque vous savez, personne ne pouvait le prévoir. Cela a été un véritable choc pour moi mais aussi pour son entourage. J'ai longtemps porté le deuil, je me suis longtemps demandé ce que j'allais faire sans lui à mes côtés. Providence avait rappelé à elle une de ses brebis et je me retrouvais abandonnée. Je me suis longtemps perdue sur le chemin de Pernicie sans savoir où aller. Mais j'ai finalement réussi à surmonter mon chagrin et à trouver ma propre voie."

Elle reporta une nouvelle fois son regard dans celui du préfet, il était humide et empli de larmes de crocodiles qui faisaient plus vraies que nature. Elle affichait un comportement volontairement fragile, une femme qui aurait besoin d'être rassurée et réconfortée.

"Malgré tout ça, il reste toujours une part de lui en mon coeur. C'est pour cela que je garde ce médaillon à mon cou comme s'il était toujours près de moi et qu'il me guidait sur la voie de la lumière. Et c'est aussi en ce sens que son portrait orne mon bureau" fit-elle en indiquant le tableau au mur, derrière Ernst.

Eve avait réussi à détourner le sujet. Restait à voir si ce benêt allait la rejoindre ou resterait-il un crétin fini bien déterminé à lui faire cracher tout l'argent qu'elle devait supposément. Elle ne laisserait pas la famille de Grégor la déposséder de son dû, cet argent était à elle à présent, elle ne le verserait sûrement pas à des culs bénis.

"Vous me comprenez n'est-ce pas cher préfet ?" ajouta t-elle pour appuyer ses dires. "J'avoue tout de même qu'il y a des jours où je me sens bien seule..."

A cette phrase, la belle essuya une larme invisible au coin de son oeil en fixant toujours l'homme face à elle.
Ernst
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Mer 12 Jan - 21:19
Ernst avait eu une courte absence. Mais comme pour toute chose, il avait une bonne excuse.

Lorsque la tenancière s’était tournée vivement pour se diriger vers son bureau, le zélé sens de l’observation d’Ernst tomba sur les courbes de tissus d’Evangeline. A cette découverte soudaine, toute la virilité patiente d’Ernst lui pesa comme la pression accrue d’un château d’eau qui se trouve une gouttière. Tandis que la réalité biomécanique le clouait au sol, la vision du beau l’emportait vers des destinations célestes. Le rêve l’engourdissait, son âme déclamait des vers au creux de son oreille :


“Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu’au coeur de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s’aller perdre où la pente les appelait.”




Hélas, l’âme de notre héros n’était pas celle de Verlaine. Chez Ernst, tandis qu’il la voyait vérifier ses comptes, c’est sur le boulier que se concentrait les métaphores. Son esprit malade et étriqué peinait à trouver les assonances, mais nul désespoir avec pareille muse. A la vue de la veuve, de ses doigts effeuillant les nombres, à ce claquement ferme des boules entre elles, des sueurs montaient au préfet poète, il sentait venir l’inspiration poétique. Hélas, les mots sublimes qu’il ressentait ne se firent point entendre à son esprit, ses rimes butait sur sa pureté d’esprit et son ignorance des rimes en -ule.

“…médaillon à mon cou comme s'il était toujours près de moi”
Hein ? Quoi ? Il se tira difficilement de sa torpeur, mais son ouïe traitresse lui faisait confondre les -ou et les -u ; jamais médaillon ne fut si étrangement porté dans l’imaginaire du Grison-Ebermann.

Ses voiles s’étaient tant gonflées du vent de sa créativité qu’il s’étonna d’être encore sur son siège après un si beau voyage. Il resta là, abrutis de fiction et de rêveries, la voyant face à lui et ne sachant plus ce qu’il faisait ici.

"J'avoue tout de même qu'il y a des jours où je me sens bien seule...”

Elle le regardait, elle attendait une réponse. De quoi parlaient-ils déjà ? Le fil de la conversation était définitivement perdu pour Ernst, il relisait ses papiers pour reprendre contenance. Elle attendait quelque chose, mais quoi ? Certainement pas ce qu’Ernst avait en tête, regretta-t-il. Troublé au dernier point par ce raffut intérieur, il choisit la fuite avant d’être entièrement consumé par ces visions de Pernicie. Il prit congé par un poli :

— La loi c’est la loi, c’est la même pour tout le monde. Payez ou nous mandaterons la justice du capitaine pour nous dédommagez, avec des frais de justice supplémentaires

Il espérait qu’aucune fébrilité n’avait transparu dans ses paroles trop mièvres pour un préfet arcanien bien sous tout rapport. Lorsqu’il sortit enfin de ses pensées, il était déjà de retour dans son quartier.

A son grand désarroi, cette envolé des sens l’avait conduit à considérer cette veuve comme étant peut-être un cœur à prendre.
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