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Claircombe  :: Titre :: Quartier Amaranthis :: Le Lys d'Argent :: Défaite du présent et résurgence du passé ::
Défaite du présent et résurgence du passé
Adrian Mayr
Adrian Mayr
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Métier : Apothicaire
Ven 24 Sep - 1:07

Défaite du présent et résurgence du passé


Liveig & Adrian


Soirée | Le Lys d'Argent | Troisième mois d'été, Jour 5

Défaite du présent et résurgence du passé Image10


Le soleil culminait presque dans le ciel lorsque les sons du monde extérieur parvinrent aux oreilles Adrian. Ses pupilles émeraudes s’ouvrirent au monde pour y découvrir un ciel bleu éclatant prophétisant une journée des plus agréables. Sa main vint couvrir la partie droite de son visage qui subissait l’exposition à l’astre du jour. Il se redressa alors, réalisant seulement qu’il avait dormi assis, une couverture fine sur lui, suffisante pour ne pas subir les fraîcheurs nocturnes. Son appui était un mur qui lui avait servi de dossier dans sa torpeur. Désormais sur ses deux jambes, il observa son environnement, les yeux plissés le temps de s’accoutumer à l’éclatante lumière qui embellissait les matériaux essentiellement minéraux qui l’entouraient.

Il n’eut pas longtemps à réfléchir pour savoir quel était cet endroit. La vue dégagée lui offrait un panorama à couper le souffle sur les nombreuses toitures de la cité. Son regard suivit machinalement ce dédale de pierre, de bois et de chaume pour le conduire vers le seul endroit plus élevé que lui à cet instant, le grand palais de Claircombe. Il resta un long moment à le contempler, car il savait qu’un jour, elle l'emmènerait là-bas. Il sourit à cette pensée et prit encore plusieurs secondes pour contempler la ville vue depuis le toit de la grande bibliothèque. D’ici, tout semblait plus beau, plus léger, plus respirable.

Comme s’il ne manquait plus que ça pour que l’idylle ne devienne complète, elle arriva au détour d’un mur de la coupole. Elle l’avait de toute évidence laissé dormir, car il se souvenait très bien qu’elle avait sombré contre son épaule bien avant qu’il ne se laisse emporter par les songes. Il lui sourit, elle le regarda, est-ce que quelque chose la tracassait ? Elle n’avait pas l’air triste, mais pas heureuse non plus. Il tenta de lui parler, mais sa gorge était sèche et ses jambes lourdes, surement la fatigue et l’ingestion abusive d’alcool de la veille. Reprenant un peu ses esprits, ses yeux se posèrent à ses pieds et quelque chose le troubla. Le sol n’était plus fait de pierre lisse, mais de pavés, et ses chaussures avaient disparu. Il sentait le froid des pierres ouvragées sous lui, sur lui, comme s’il était allongé dessus, tout en restant debout. Ses yeux se relevèrent vers elle. Toujours immobile, elle le fixait différemment maintenant, ses pommettes étaient émaciées et l’ambre de ses yeux ne luisait que de haine et de rancœur. Il fronça les sourcils pour masquer sa détresse, il fallait qu’il lui demande pourquoi était-elle en colère. Une nouvelle fois il ne le put.

Elle fit soudainement volte-face, disparaissant derrière la coupole avec d’une démarche lente et éthérée. Cette fois, il put crier, il put lui demander ce qu’elle avait, mais aucune réponse ne vint face à ce dos qu’elle lui montrait. D’ailleurs, depuis quand était-elle habillée comme si elle était prête à partir ? Il hurla son nom plusieurs fois, mais irrémédiablement, et comme à presque chaque nuit, elle finit par disparaître. Ses jambes furent libérées de leur entrave, il courut comme un dératé pour la rattraper, tournant autour de la gigantesque coupole en verre dans l’espoir de l’empêcher de partir. Lorsqu’il crut apercevoir sa silhouette au travers du verre, il pressa le pas encore un peu plus.


Jusqu’à chuter dans le vide qui l’attendait de l’autre côté. La chute fut brève, brutale, comme à chaque fois qu’il finissait par sortir de cet obscur songe qui hantait toute ses nuits. Puis plus rien, le noir total, seulement une forte sensation de chaleur qui semblait ne prendre que du coté droit de son corps.

Un bruit régulier se fit entêtant dans cet abîme, un son régulier et familier, un claquement souple. Comme la langue d’un animal en train de laper quelque chose…

Adrian ouvrit les yeux péniblement. Il cligna plusieurs fois pour dissiper le flou qui dominait son champ de vision. Le son dans sa tête devint plus distinct, spatialisé dans cet endroit qui lui servait de couchette. Devant lui, non loin, la langue râpeuse de Whisper était en train d’explorer les saveurs peu ragoûtantes de ce qui semblait être les vestiges d’une soirée encore bien trop arrosée. Avec une moue dégoûtée et un haut le cœur, Adrian poussa maladroitement son compagnon canin pour l’éloigner de la flaque de vomi épaisse qui jonchait le sol.

L’odeur devint trop entêtante pour sa fragilité gastrique, le forçant à se redresser en vitesse. Il ne put cependant que se remettre sur les genoux, pas encore capable de mobiliser suffisamment de force pour tenir sur ses deux jambes. Sa tête tournait et ses tempes pulsaient avec vigueur face à cette agression qu’était la remise en marche de son corps. Ses yeux se perdirent une nouvelle fois autour de lui.

Il se trouvait au sommet de sa demeure, dans cet espace presque secret qui, de l’extérieur, ressemblait presque à une chapelle. Autour de lui, un vaste Amas de lys blanc évoluaient dans des bacs tantôt au sol, tantôt accochés au garde corps en pierre blanche. En relevant la tête, il constata que le ciel était bleu, et que le soleil était bel et bien en cause dans cette sensation de chaleur unilatérale qu’il avait ressenti un peu plus tôt.

Whisper s'apprêtait à revenir à la charge quand Adrian l’arrêta d’un simple geste de la main, précis et compréhensible pour son compagnon canin handicapé par une surdité totale. La boule de poil s’arrêta avant de commettre son méfait, choisissant plutôt de s’asseoir et de regarder son maître, langue pendante. Adrian le fixa pendant de longues secondes, puisant un semblant de calme au travers de l’innocence de ces yeux qui l'observait.

Finalement, après un profond soupir, l’apothicaire se hissa sur ses deux jambes avec précaution, de peur de réveiller les nausées. Ses pupilles émeraudes rencontrèrent le soleil en premier, le forçant à fermer les yeux et tourner la tête. Son regard jaugea son lit de fortune. Il n’y avait rien, juste le sol, un cadavre de bouteille complètement vide et son chien. Plus tard...il ramassera ça plus tard…

Saisissant l’anneau qui ouvrait la trappe vers l’escalier menant à l’étage inférieur, Adrian prit une profonde inspiration avant d’entreprendre la descente, en premier, pour contenir l’impatience de son compagnon qui risquait de dégringoler d’empressement. Chaque marche lui parut un supplice tandis qu’il tentait de se remémorer la veille. Son dernier souvenir remontait à la première heure dans cette taverne qu’il affectionnait. Il se souvint avoir prestemment quitté l’endroit après avoir observé les volutes de Lotus Noir envahir la pièce. Son arrivée à la seconde taverne lui revint en tête, son premier verre aussi, tout comme sa première ingurgitation médicamenteuse. Après...Plus rien. Il faut dire qu’il se souvint avoir bu déjà au moins une demi bouteille en amont, sous le couvert de sa demeure.

Arrivé en bas, il descendit directement au premier étage pour aller chercher de quoi calmer ses migraines, à savoir ce que son corps réclamait le plus à cet instant : De l’eau. Il but de tout son soul, jusqu’à ce que son ventre le tiraille et le supplie d’arrêter. La faim lui faisait remonter des nausées, l’alcool de la veille quant à lui enflammait encore son oesophage et sa gorge de reflux acides. Il passa non loin de son canapé, presque tenté de s’y affaler, mais l’heure déjà bien engagée de cette fin de matinée le découragea et il se dirigea vers la salle de bain.

Face à lui, son reflet le toisa, dévoilant ses cernes et cette cicatrice tenace qui marquait encore sa joue. Examinant son visage en inclinant la tête, il prit machinalement le rasoir et entreprit d’égaliser sa barbe pourtant toujours aussi soignée. Il passa de longues minutes à chasser les imperfections, puis ses yeux se figèrent sur ces trois marques, celles de ses doigts auparavant pourvus d’ongles longs et qui avaient creusé de profond sillons dans sa peau. La lame du rasoir vint longer la marque centrale sans y toucher la peau. Puis, doucement le froid de l’acier entra en contact avec la cicatrice, creusant une très fine marque supplémentaire en dedans. Lorsque le sang perla dans sa barbe, Adrian écarquilla les yeux et laissa tomber la lame, avant de reculer pour fuir son reflet. Il passa son doigt sur la coupure, il n’avait rien senti. Sa main vint devant lui et il contempla le fluide vital nappé sur le bout de ses doigts.

Il ne se rappelait rien de la veille, mais son rêve lui était bel et bien encore fermement ancré dans sa tête. Ces yeux d’ambres le regardaient encore et encore, et tout lui revenait toujours à l’esprit quelques minutes après son réveil. Il resta impassible à couvrir de sa main le sang qui coulait sur sa joue, incapable l’espace d’un instant de réfléchir correctement.

Finalement apprêté et soigneusement toiletté, Adrian descendit à l’étage d’une démarche routinière et mécanique, toujours suivi par Whisper, qui ne le quittait presque jamais d’une semelle. Comme la veille, il observa longuement ses rayonnages éparses de nouveau ordonnés et fournis. Les embruns végétaux, bien que moins proéminents que par le passé, étaient entêtants et doux. Il déambula le long des murs, ajustant ça-et-là ses décoctions et autres articles à vendre. En passant devant son bureau, il récupéra les feuillets encrés pour en consulter le contenu, qui n’avait rien à voir avec de la botanique.

Il ignora son activité de rangement pour se concentrer sur sa lecture, jusqu’à ce que finalement sa ronde le conduise près de la lourde porte en bois de sa boutique. Il posa la main sur la poignée et prit une profonde inspiration tout en sortant de son étude de document. Il resta ainsi une minute, sans bouger, puis finalement, il s’écarta. Aujourd’hui encore, Le Lys d’Argent restera fermé pour la journée.

Sa seule sortie fut pour Whisper et ses besoins, une brève échappée pendant laquelle il ne se rendit pas compte qu’il avait ignoré presque la moitié des gens l’ayant salué. Pour lui, il avait été même assez poli et cordial avec tous ceux qui lui avaient adressé la parole, une perception que le monde ne partageait pas vraiment, laissant traîner dans son sillage chuchotements réprobateurs ou inquiets.

Il sauta ses deux repas, jusqu’à ce que finalement les crampes d’estomac ne le rattrapent. Un morceau de pain et de fromage, maigre pitance mais suffisante pour son besoin immédiat. Comme il le faisait à chaque début de soirée depuis maintenant plusieurs jours, Adrian redescendit avec une bougie pour aller chercher quelques parchemins vierges soigneusement rangés dans un coin de la boutique. En remontant, il veillait à bien verrouiller sa porte, une sorte de rituel en somme. Ensuite, il s'installait sur son lit pendant de longues minutes, parfois une heure ou deux, sans rien faire. Lui-même aurait été incapable de dire tout ce qui lui passait par la tête pendant cette inactivité, mais non pas parce qu’il ne s’en souvenait pas, seulement parce qu’il était incapable de mettre des mots sur ces incessantes images de son esprit affaibli.

Puis, son rituel prenait fin avec une ultime action. Il sortait de sa torpeur pour aller s’installer sur la grande table du salon, y installer deux chandelles de petite taille, suffisante pour lui offrir une source de lumière tamisée et sécurisante. Il lisait toujours les parchemins et prenait soin que son encrier ne fuit pas. Ses précautions d’usage lui prenaient bien cinq bonne minutes. Enfin, il s’emparait de sa plume, et se mettait à écrire.


Il lui arrivait de ne pas s’arrêter pendant une heure, mais parfois seulement quelques minutes suffisaient à le rassasier de cette activité. Pensif, il se coupait du monde extérieur le temps de faire courir sa plume sur les parchemins. Ce qu’il écrivait était aussi réfléchi qu’inconstant, mais toujours avec un seul et unique thème, et chacune de ses lettres commençait irrémédiablement par cette même formule de politesse, avec toujours ce même nom. Une fois terminé, il empilait avec un soin démesuré ses nouvelles notes avec les autres, celle qu’il s’était épris à lire le matin même. Ce geste, il le répétera sûrement le lendemain matin.

Puis vint cette heure fatidique où la soirée prenait définitivement ses marques sur la ville. Le soleil tombait de plus en plus vite à l’avènement de cette fin d’été. Derrière les fenêtres ouvertes de l’étage, Adrian entendait l’ambiance changer dans la rue, les travailleurs devenaient promeneurs, et les amants gloussaient déjà leurs amourettes au gré du vent dans les rues du quartier Amaranthis. Autrefois, ce changement d’ambiance le captivait, lui qui était toujours intéressé par les comportements humains de ses pairs. Aujourd’hui, il sondait les alentours depuis sa chambre au premier étage, tiraillé entre la tentation d’aller à la taverne et l’envie de rester chez lui.

Cette fois, il opta pour la seconde solution. Il revint dans son salon et reprit machinalement ses parchemins et ses lunettes. Distraitement, il laissa ses yeux courir sur ses écrits, souvent avec une envie de sourire qui ne parvenait jamais à dépasser le stade de l’intention. Il fit une pause pour aller ouvrir une bouteille de vin de sauge et récupérer également deux fioles de sa décoction favorite qu’il posa sur la table basse devant lui. Régulièrement, il adressait de l’attention à la boule de poil lovée sur le divan à ses côtés. Lorsqu’il était encore chiot, il avait essayé de lui interdire l’accès au lit et aux canapés réservés aux humains, mais les protestations attendrissantes du canidé avaient eu raison de sa volonté. Aujourd’hui, Whisper cherchait presque toujours à se nicher aux côtés de son maître sur les confortables assise molletonnées de la demeure.

Ce soir-là, il lut par deux fois ses lettres avant de les ranger et de prendre son premier verre, le regard perdu dans le vide de sa demeure, sombre reflet de ce qu’était devenu sa vie.
Liveig Fjorleif
Liveig Fjorleif
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Mer 6 Oct - 0:12
Soirée | Port aux Echoués | Taverne | An 82, 2ème mois d'Hiver, Jour 13

Je crois que je ne ressens rien. Pas comme si tout m’était égal, non, comme s’il n’y avait plus rien qui existait, plus rien qui importait. Est-ce ce que les sauvages appellent le Grand Vide ? Est-ce que ça y est, cette fois, c’est fait : je suis morte. C’est le point de non-retour, plus rien ne sera jamais comme avant. Tout un monde est né et s’est brisé dans tes yeux, ces pupilles céruléennes dans lesquelles j’ai cru voir la naissance de Vaangard, avant son immersion, quand tu nourrissais encore cet espoir vain. Puis, là devant moi, je l’ai vu se briser comme une vague sur l’écueil de nos souvenirs, écrasé sous le déluge que seul un coeur brisé peut déchaîner. On ne se retrouvera jamais, ni ici, ni sur Vaangard, car maintenant tu sais que la rage qui m’habite ne mérite aucune promesse, et qu’elle brûlera encore sur Uvn où mon esprit nourrira les titans. Je te regarde t’éloigner dans la nuit, je n’ai peur ni pour toi, ni pour ta vie puisque si tu meurs dévoré par les premiers échoués, alors au moins je serais sûre que plus jamais on ne se fera du mal. Quelque part, je me dis que peut-être qu’on ne s’est jamais aimé : sinon on aurait survécu à tout. On ne s’est jamais vraiment aimés, sinon tu ne serais pas parti, sinon je t’aurais rattrapé. On ne s’est jamais aimé sinon j’aurais encore des larmes pour pleurer, un coeur pour t’aimer, et pas des cendres plein la bouche. J’ai tant appréhendé ce moment où je te reverrai, je l’ai peut-être attendu finalement. Comme si tout allait être différent. Comme si ma vie allait changer.

Rien n’a changé.

C’est toujours toi que je vois. Dans mes rêves, dans mes cauchemars, dans le coin d’un regard, dans le fond d’un verre, apparaître près du bar, sur mes talons dans la rue. Pourquoi tu me suis encore. Pourquoi t’es toujours là. Ton souvenir est un vampire qui chaque nuit plante ses crocs dans mon coeur pourri et parvient à simuler son battement. Laisse-moi partir. Laisse-moi partir…


— Réveille-la.

Aussitôt, un seau d’eau glacée l’arracha à sa demi-conscience en un hurlement d’effroi. Ses yeux affolés roulèrent dans leurs orbites à la recherche du danger, mais tout autour d’elle basculait sans relâche faisant remonter le cocktail répugnant qu’elle avait ingéré ces deux derniers jours. Un spasme violent la libéra instantanément de ce qui lui pesait sur l’estomac. Marshall s’écarta envoyant une flopée de jurons avant de se saisir du sceau pour rincer l’épave qui avait du mal à tenir sur la chaise.

— Ca veut boire comme un homme, ça tient l'alcool comme un gamin de 10 ans.
— Tagueule…
— Ah ! Puisque t’es enfin capable de parler, tu vas pouvoir répondre à quelques petites questions. Pourquoi les chiens de l’Hurlsk te cherchaient ?

Lentement, très lentement, son centre de gravité se mit à glisser sur la gauche, comme si la gravité avait choisi certaines parties de son corps plutôt que d’autres. Elle ricana d’un air stupide.

— Va t’faire fou..

Un revers sec l’empêcha de finir sa phrase, et ça y est le sol s’était subitement rapproché : elle tomba sans même esquisser un geste pour amortir sa chute. Marshall avait beaucoup de choses : des hommes, de l’argent, de la contre-bande de toute sorte, des amis un peu partout. En revanche ce qu’il n’avait pas, c’était de la patience. Surtout pas avec les loques humaines telles que celle qu’il avait en face de lui. Enfin allongée, elle se sentait déjà repartir, mais on la souleva pour la recoller sur cette chaise mouvante où elle peinait à rester assise.

— Allez, on réessaye. Qu’est-ce que l’Hurlsk te veut ?
— Rien, gémit-elle, sans trop comprendre d’où sortaient ces questions. C’tait Lautrec.

Ses deux mains tenaient l’assise sous elle, comme pour essayer de lutter contre la force invisible. Marshall ne parvenait pas à trouver un sens à cette réponse.

— Quoi, c’était Lautrec ? Insista-t-il agacé.
— ...mon promis… ?

Le fameux Utgardien qu’elle avait laissé en plan, c’était donc lui, le fils de Marcus, offert comme une bête de somme à l’Hurlsk.

— Tiens donc ! Pauvre homme. Heureusement que tu t’es barrée, hein ? Le pauvre a toujours pas compris ce a quoi il a échappé.

Liveig devait faire un effort colossal pour comprendre tous les mots qui emplissaient l’espace, elle ne releva même pas l’attaque, emportée dans une vague mélancolique où l’évocation d’Eredin suffit à faire ressurgir ce visage détruit par sa propre œuvre.

— ...j’crois qu’il a compris…
— Il va m’attirer des emmerdes ?

La réalité déjà floue s’embua.

— ...non.
— Et toi ? Tu vas m’en attirer d’autres ?

Sa voix s’étranglait noyée dans des larmes qui n’étaient pas sorties jusqu’ici.
— ...non…
— Va falloir te ressaisir ma grande. Parce qu’avec l’ardoise que tu as, tu as du pain sur la planche. S’rait dommage que j’en vienne à faire affaire avec Varthellis pour y trouver mon compte.

Rien de tout ça n’avait plus d’importance de toute façon. Sa bouche était sèche. Sa pensée alla vers l’objet de son addiction : elle songea qu’elle devait trouver quelque chose de bien plus fort. Elle glissait à nouveau quand on la rattrapa par le col pour interrompre sa course entamée par son corps, mais son esprit lui replongea dans les limbes.

Défaite du présent et résurgence du passé W69b

Soirée | Le Lys d'Argent | An 83, Troisième mois d'été, Jour 5

La porte du Lys d’Argent s’ouvrit, une énorme caisse portée à bout de bras par une silhouette frêle s’avança. Du talon, on referma la porte. Ne voyant pas vraiment où elle mettait les pieds, Liveig avait la démarche incertaine de quelqu’un qui cherchait où elle pouvait poser ce qui l’encombrait. Elle opta pour l’espace à ses pieds, le temps de reprendre son souffle. Puis, voyant que le propriétaire n’était pas dans la boutique, elle décida de monter son fardeau jusqu’à l’étage. Sans s’en rendre compte, un grand sourire était apparu sur son visage, comme si revenir en ces lieux lui apportait du réconfort. Fidèle à lui-même, Adrian était au milieu de ses papiers. Pendant un instant, il sembla se demander s’il voyait encore des choses, ou si la réalité venait effectivement d’inviter Liv chez lui. S’il fallait être exact dans les termes : Liveig venait de s’inviter elle-même, le plus naturellement du monde.

— Tu devineras jamais ce que je t’ai dégoté ! Déclara-t-elle joyeusement, comme si elle s’était absentée une heure tout au plus depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vu. Une énorme boule de poils jappa et se mit à grogner, mécontent d’avoir été surpris par un intrus, mais bien décider à défendre le territoire qui n’avait pas été foulé. L’espace d’un instant, Liveig fronça les sourcils. L’idée lui traversa de jeter la caisse sur l’animal avant de l’embrocher, mais apparemment, c’était devenu le compagnon de son ami. Il y avait fort à parier que ce geste n’aurait pas été bien interprété. Voyant que le chien n’approchait pas, elle le contourna. Elle posa un bout de la caisse dans le seul coin libre du bureau avant de subitement bourrer toutes les affaires qui l’encombraient vers son centre.

— Où t’as trouvé ce chien ? Fit-elle d’un air au moins aussi suspicieux que celui que lui adressait l’animal. Lorsqu’elle sortit une lame, les grognements enflèrent de plus belle.

— Ca va, j’ai encore tué personne ! Répliqua-t-elle sans lâcher le chien des yeux alors qu’elle se servait de la lame pour faire levier et ouvrir le couvercle. Elle se mit à sortir tout un tas d’objets : de curieuses bouteilles au verre fumé et toutes aux formes uniques, des boîtes en bois, un sac dont l’odeur attira instantanément l’intérêt du truc poilu, et plus curieusement elle sortit une vieille branche morte desquelles pendaient des racines encore pleines de terre.

— Crois-moi, dans deux ans, tu me remercieras ! Décréta-t-elle avec assurance en fourrant l’arbuste dans les bras d’Adrian.
Adrian Mayr
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Lun 11 Oct - 11:14
Il arrivait assez fréquemment que la réalité se brouille pour jouer de quelques facéties hallucinées aux yeux d'Adrian. Au détour d'une rue, à la table d'une taverne ou même lorsque la porte du Lys d'Argent s'ouvrait, la silhouette qu'il croyait apercevoir était presque toujours la même, surmontée d'une tête blonde dont il attendait le sourire et la salutation enjouée. Il ne suffisait que de quelques secondes pour que ces apparitions ne se dissipent et laissent place à la réalité, faisant peser lourdement le poids du manque sur son estomac.

Aujourd'hui, c'était une toute autre apparition qui venait de faire irruption dans son salon. Obsédé par ses ruminations, il n'avait pas entendu la porte de la boutique s'ouvrir, celle qu'il croyait d'ailleurs avoir verrouillée. Il n'avait pas remarqué non plus le museau relevé de son chien sourd, à l'affût d'une irruption olfactive dans la boutique. Ses yeux s'étaient portés sur l'escalier lorsqu'un premier grognement de son compagnon l'avait tiré une bonne fois pour toute de ses rêveries. Devant lui apparut une personne qu'il n'était même pas sûr de revoir un jour. Reconnaissable entre mille notamment par cette cicatrice lézardant sur sa joue, l'apothicaire fit les yeux ronds et resta interdit face à cette apparition. Le fait que Whisper soit déjà en train de grogner, dressé entre elle et lui sembla confirmer qu'il ne rêvait pas cette fois.

Lorsque sa voix se fit entendre, Adrian sentit comme un pincement au cœur, car c'était bel et bien Liveig qui venait d'arriver comme si de rien était en cette soirée d'été, les bras chargés d'une caisse un peu trop massive pour son gabarit. Aussi incongrue et amusante que fut cette entrée, l’Amaranthis resta immobile à observer l'une des seules personnes qu'il lui ait été donné de considérer comme une amie. Lorsqu'elle lui posa la question à propos de Whisper, son esprit l'occulta complètement, presque en urgence, à la fois parce qu'il était trop choqué de constater la présence de l'Utgardienne, mais aussi parce que cela le ramenait à des souvenirs encore trop douloureux pour son moral amoindri.

D'un geste de main relativement discret, Adrian intima à son compagnon canin que tout allait bien. Sans que le chien n'ait tourné la tête vers lui, il eut semblé que son regard avait capté l'ordre de son maître, ainsi le chien tempéra ses ardeurs et se concentra tout à coup sur la stimulation olfactive de cet étalage de curiosité que faisait actuellement Liveig. Entre temps, Adrian s'était levé en silence pour s'approcher de Liv, comme s'il ne croyait pas encore à sa présence, c'est à ce moment qu'elle lui fourra cette branche défraîchie dans les bras, répandant au sol une bonne quantité de terre.

Crois-moi, dans deux ans, tu me remercieras !

Mais de quoi parlait-elle? Adrian jaugea un instant la plante mourante dans ses bras, analysant les vestiges de feuilles. Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître le branchage noueux d'un pied de vigne...A cet instant des dizaines de questions lui vinrent en tête, dans le désordre. Impossible pour lui d'en choisir une, par où commencer ? Surtout face à cette arrivée en grande pompe de Liveig? Pourquoi était-elle de retour à Claircombe? Était-ce pour une bonne raison, était-elle en danger ? A voir l'air souriant et pimpant de son attitude, Adrian douta de cette dernière interrogation.

Pendant quelques secondes de plus, il observa son amie. Elle était si différente de celle qu'il avait rencontré. La peur semblait avoir déserté son caractère et l'assurance qu'elle dégageait une lame à la main témoignait d'une évolution drastique de son comportement. En soit, c'était assez logique quand on savait qu'elle venait de passer presque deux ans à Port-aux-Échoués. Un léger sourire se dessina involontairement sur le visage d'Adrian. Aussi sombre qu'étaient ces moments qu'il vivait, une part de soulagement et de joie s'était emparé de lui maintenant qu'il savait que Liveig était toujours en vie et de retour à Claircombe.

Soigneusement, il posa le pied de vigne sur une chaise et épousseta ses mains pour en dégager les résidus terreux, frottant méticuleusement avec son pouce pour se soustraire entièrement de la saleté. Après avoir balayé l'étalage de curiosités qui trônaient désormais sur la table, ses yeux se posèrent sur la jeune femme.

Liveig je...

Il s'arrêta une seconde, la gorge plus serré par l'émotion qu'il ne l'imaginait. Il fit alors une autre approche, similaire à celle que l'Utgardienne avait eu en venant ici, à savoir faire comme si de rien était.

Je dois te remercier pour la terre que je vais devoir nettoyer? Ou pour toutes ces choses que tu étales sur mon bureau? Je dois admettre que tu piques ma curiosité...

L'ironie de sa phrase était bien évidemment perceptible et dénuée d'agressivité. Difficile malgré tout de faire fi des questions essentielles, si bien qu'Adrian toussota un instant de gêne, visiblement, faire mine de rien n'était pas un exercice auquel l'apothicaire était familier. Lorsqu'il vit Whisper s'approcher prudemment de Liveig, mais avec moins de méfiance maintenant qu'Adrian s'était lui aussi détendu, l'apothicaire esquissa un nouveau sourire.

Il n'est pas méchant, il est juste sourd et un peu protecteur, laisse-le s'approcher par lui-même et il deviendra certainement amical. Dit-il avant de prendre une grande inspiration.

Après une nouvelle pause, plus courte cette fois, Adrian reprit encore une fois.

Liveig...Je suis content de te voir. La sincérité était parfaitement audible dans sa voix chargée d'une certaine émotion, je ne m'y attendais pas, mais je m'interroge également, comment se fait-il que tu sois de retour à Claircombe ?

Étrangement, une certaine forme de culpabilité noua l'estomac d'Adrian, car il s'était déjà passé deux ans depuis leur dernière rencontre, sans qu'il n'ait réellement pris le temps de s'enquérir de la nouvelle vie de son amie. Il lui était arrivé plusieurs fois d'y penser, et même de demander à tout hasard si Rowan avait eu vent de la présence de Liveig lors de ses excursions à Port-Aux-Échoués, mais le commerçant ne se mêlait que très peu à la populace, rendant sa demande infructueuse. Il avait même songé à se rendre lui-même sur place, mais la charge de travail qu'il s'imposait, puis les récents événements avaient pris le dessus sur tout le reste.

Finalement c'est elle qui se présentait à nouveau devant lui, dans cette demeure qui lui avait servi de refuge de fortune lorsqu'elle jouait les funambules entre la vie et la mort, et dans laquelle Adrian avait - pour la première fois depuis longtemps - trouvé le réconfort d'une oreille attentive.
Liveig Fjorleif
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Mar 19 Oct - 23:12
— Tu me remercieras plus tard pour toute la merde que j’ai pas encore fini de ramener chez toi, mon cher, lança-t-elle d’un air faussement outré. Le bazar qu’elle ramenait n’était que la partie émergée de l’iceberg, elle le savait bien. La dernière fois qu’elle avait franchi cette porte, elle avait apporté beaucoup de travail et de soucis au médecin, quelque chose lui disait que cette fois-ci ne serait pas si différente. Son air enjoué sembla s’effacer doucement, alors qu’il se demandait ce qui l’avait poussée à revenir. Elle aurait aimé se présenter conquérante, comme une femme forte et indépendante qui a surmonté ses problèmes, ses peurs, son passé, qui a pardonné.
Mais il n’en était rien.

Au contraire.

Ses remords, ses regrets, ses angoisses, ses peurs s’étaient fondues à sa personnalité, avaient pourri jusqu’à nécroser son coeur et altérer son esprit. Elle n’avait pas réussi à se détacher de ce qui l’enchaînait à ce lieu maudit. Il n’y avait que deux parts d’elle qui avaient su réchapper à cette corruption : son amour et son ami. Son amour, lui aussi avait fini par se briser sous les assauts de sa cruauté. Son ami… Elle venait lui faire ses adieux. Il n’avait pas fallu grand-chose pour qu’elle se lie à Adrian Mayr, c’était peut-être parce que leurs vies semblaient construites en miroir : axées différemment mais identiques en perspectives. Alors, comme pour vérifier son reflet, une part d’elle venait chercher les réponses qu’elle n’avait pas dans cet autre qui avait survécu à ce qui la tuait lentement mais sûrement. Il ne restait sur son visage qu’un demi sourire tourmenté. Qu’était-elle censé répondre à ça ? Qu’elle avait encore fait de la merde et qu’elle allait crever bientôt, mais contrairement à la dernière fois, elle n’avait plus le courage d’affronter la mort seule.L’ambiance avait changé du tout au tout en l’espace d’une pauvre question. La créature faite de poils et d’amour – non pas Adrian, mais bien son chien – s’approcha prudemment pour renifler le malheur autour d’elle.

— J’avais envie de te voir…

« J’ai besoin de ton aide, je vais pas y arriver, j’ai fait des conneries, comment je vais m’en sortir, peut-être qu’au final je vais enfin ne pas m’en sortir, à force de l’avoir souhaité ça y est, je vais crever ».

Non.

Tout le resta resta bloqué en travers de sa gorge. Comme elle étouffait, elle eut le besoin de partager ce sentiment d’une manière ou d’une autre en serrant son ami dans ses bras. Un instant, se cacher de son regard direct pour recomposer son masque. Ses joues semblèrent reprendre de leur fermeté, et son sourire se releva comme on hisse une voile, pire idée en pleine tempête.

— J’ai plein de choses à te raconter ! Mais les notes ne suivaient plus la portée joyeuse indiquée par le chef d’orchestre. Elle le tenait toujours par les épaules, et l’écarta un peu d’elle comme pour lui annoncer quelque chose de bien plus important.

— Est-ce que tu connais l’élixir de patate ? Demanda-t-elle, les yeux plein d’étoiles.
Adrian Mayr
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Ven 29 Oct - 2:29
Adrian n'était pas tactile avec les gens, c'était un fait que tout le monde connaissait dans son entourage. Pour en venir à atteindre une certaine intimité - à savoir un simple contact autre qu'une poignée de main -, il fallait déjà avoir franchi quelques barricades mentales que l'apothicaire s'imposait au quotidien. A ce jour, seules quelques personnes, comptabilisables sur les doigts d'une seule main, avaient eu la possibilité d'agir dans ce sens. Récemment, cette sensation de repli sur lui-même avait pris des dimensions plus grandes encore, le rendant imperméable aux jérémiades de ses clients en quête de décoctions médicinales. On pourrait même aller plus loin et dire que les très récents évènements l'avaient détachés de son corps et de toutes considérations quant à ce que son instinct lui dictait de faire tout au long d'une journée.

Ici et maintenant, une vague de sentiments frappa Adrian de plein fouet, ouvrant une brèche de force dans ces solides frontières, le ramenant tout à coup à sa simple condition, celle qui impliquait de vivre ses émotions de manière plus personnelle. Lorsqu'elle l'enlaça, l'Amaranthis ne protesta pas, bien au contraire. Mué par un instinct primaire, il enserra la jeune femme pour lui rendre son étreinte. Cette démonstration d'affection lui arracha un frisson lorsqu'il réalisa à quel point il avait été idiot de ne pas croire en elle lorsqu'il avait annulé son voyage à port-aux-Échoués, il y a plusieurs mois de cela, simplement parce qu'il s'imaginait qu'elle l'avait oublié depuis tout ce temps.

L'espace d'un instant, Adrian sentit ses jambes s'affaiblir, comme si tout son corps lui réclamait de lâcher prise une nouvelle fois. Mais il ne se passa rien de tel, car lorsque leurs regard s'étaient croisés suite à sa question, Adrian avait aperçu la détresse de son amie, celle-là même qui avait suffit à faire vaciller cette apparente assurance qu'elle avait gagné au fil du temps et qui ne pouvait pas totalement se dissimuler derrière des airs guilleret.

J’avais envie de te voir…

Au lieu de répondre par des mots, Adrian se contenta de resserrer son étreinte sans ciller, une démonstration non verbale évidente. Ils se séparèrent ensuite tandis que chacun avait semblé reprendre contenance face au débordement d'émotions respectives, comme s'ils s'étaient accordé à dire qu'il fallait aborder chaque chose en son temps, sans même en parler.

Est-ce que tu connais l’élixir de patate ?

Adrian haussa un sourcil et ses yeux se dirigèrent vers l'ensemble de bric à brac qu'elle avait déposé à côté de la caisse, et que Whisper s'affairait encore à décortiquer à coups de museau. L'apothicaire se déplaça alors lentement vers le vaste étal et observa sans y toucher toutes les préparations, les examinant du regard avec attention, jouant machinalement avec sa barbe.. Il croyait en reconnaître, mais difficile de simplement se fier à une couleur et un aspect. Il reporta finalement son attention sur Liv, et afficha un presque sourire, comme s'il était difficile pour lui de se montrer plus aimable que ça, alors qu'il le voulait sincèrement. A vrai dire, son sourire semblait bel et bien sincère vu de l'extérieur, mais il reflétait également une certaine amertume, teintée de tristesse.

Je ne connais que deux types d'élixirs, l'un est confectionné par des charlatans de la profession cherchant à persuader du miracle de leur préparation, l'autre est l'élixir d'Amaranthe, un très bon mélange que nous autres Amaranthis affectionnons tout particulièrement.

Adrian sonda le regard de Liv, essayant de trouver un semblant d'indice pour trouver la réponse, mais la jeune femme ne trahissait rien de spécial, alors il se risqua à quelques conjectures.

La pomme de terre à des propriétés, certes, mais je doute qu'elle soit si importante dans une préparation médicinale miraculeuse, et j'ai vaguement entendu parler d'une histoire de distillerie utilisant de la pomme de terre à Port-Aux-Échoués...Je n'y voyais là que fantaisie, mais j'avoue que je suis intrigué désormais.

Et il l'était vraiment, cette phrase n'était pas là uniquement pour mettre les formes, un procédé qu'Adrian abhorrait dans son quotidien. Piqué dans sa curiosité presque maladive, il eut subitement envie de poser des dizaines de questions sur tout ce qu'elle lui avait ramené, mais aussi sur les raisons de sa présence et sur tout ce qu'elle avait bien pu vivre loin de cette cité dans laquelle il se trouvait lui-même de plus en plus enfermé.

Avant que Liveig n'ait pu lui répondre ou lui montrer ce qu'elle appelait l'élixir de patate, Adrian s'empara du pied de vigne presque mort et le l'emmena un peu plus loin pour le déposer - non sans un soin presque exagéré - dans un tonneau fin sans couvercle qui servait surement habituellement à entreposer des miches de pain. Il ne put s'empêcher également d'enlever la terre qui jonchait son bureau. Contrairement à d'habitude, son impatience fit qu'il la laissa simplement tomber par terre, loin de sa vue et parée pour être réglée dans le futur, car il avait ce soir bien plus important à faire, à savoir profiter de la venue d'une amie qu'il avait presque cru perdue.

Lorsqu'il revint finalement auprès d'elle, Liveig fouillait dans sa caisse à la recherche de quelque chose qu'il imagina être le fameux élixir. Il croisa les bras et regarda la jeune femme s'affairer à son excavation, presque attendri par sa présence ici et maintenant. Pendant un instant, de nombreuses images qu'il aurait préféré ne pas voir refirent surface dans son esprit, le prix à payer lorsque l'on baissait sa garde face à ses tourments. Il lui fallut quelques secondes les yeux fermés pour que la tempête passe, non sans douleur. Il poussa un soupire discret, réalisant qu'il ressentait d'ores et déjà un besoin de parler des événements récents.

Il n'avait put s'exprimer avec personne sur ce sujet qui réduisait à néant la qualité de son sommeil et dont il ne parvenait pas à se détacher, ce sujet qui présentait des similarité avec ce qu'il avait déjà vécu, peu de temps avant qu'il ne rencontre l'Utgardienne. La différence cette fois-ci n'était pas négligeable, car Adrian sentait que le mal qui l'habitait était cette seconde fois bien plus sombre et violent qu'il ne l'avait été par le passé...Il parvint finalement à se flanquer de son masque de neutralité, une démarche qu'il ne contrôlait plus aussi bien qu'avant. Il essaya de se convaincre qu'il n'était pas approprié de parler de tout ça à une amie de retour pour lui rendre visite, mais il ne parvint pas totalement à y croire, contrecarré par cette partie de lui même qui frappait contre les barreaux de cette cage mentale qui enserrait son esprit.

La seule chose qui le maintint dans le calme fut cette expression observée sur le visage de Liveig, un peu plus tôt. Elle était ici pour le voir, mais il y avait autre chose, quelque chose de plus important qu'une visite de courtoisie. Intérieurement, son inquiétude pour elle prit des proportions importantes, occultant ses propres problèmes suffisamment pour qu'il ne se concentre pas dessus pour le moment. Il était fort probable que Liveig ait besoin de lui, et si c'était le cas, il ferait en sorte de l'aider, sans une once d'hésitation.
Liveig Fjorleif
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Dim 23 Jan - 20:09
C’était un peu comme une horloge détraquée. En apparence, tout le mécanisme semble fonctionner, mais de temps à autre et de manière aléatoire, l’aiguille se coinçait, un rouage ripait, et petit à petit l’heure affichée n’était plus tout à fait juste. Au début, personne n’y prête attention, une seconde ou deux d’écart ne changeaient pas grand-chose. Mais au fur et à mesure, ce retard s’accumulait aux minutes, puis aux heures.

Un sourire étrange quoique tout à fait habituel à ceux qu’il avait pu arborer dans ses souvenirs. Un brin de tristesse, qui faisait partie intégrante de la tragique histoire du veuf. Une logique imparable, celle des érudits, tout particulièrement celle des médecins. En apparence, rien n'avait changé. D’ailleurs Liveig aussi, s’appliquait à huiler son mécanisme autant que se pouvait pour que rien ne la trahisse. Ils finiraient tous deux par s’en rendre compte, d’une manière ou d’une autre. Adrian débarrassa la terre de son bureau, elle aurait pu l’imaginer la récolter soigneusement dans sa main pour la mettre dans le tonneau où il avait posé sa branche, mais non : il la jeta par terre. Elle-même, si soigneuse dans une autre vie, était devenue si négligente qu’elle ne vit rien d’anormal à une telle réaction. Peut-être aussi parce qu’elle n’avait pas eu à se soucier d’entretenir son propre logement depuis une éternité. De toute façon, toute son attention était à retrouver ce dont tout deux parlaient mais surtout ce dont ils avaient besoin.

— Et voilà ! s’exclama-t-elle en tendant une bouteille en verre orangé qu’elle lui tendit. L’Amaranthis allait s’en saisit pour l’examiner, mais elle la tira à elle avant. Par contre, il faut que tu fasses quelque chose pour moi. Ignore toute la partie sophistiquée de toi, celle qui aime les belles choses et tout, et fais-moi ressortir le type qui n’hésite pas à planter sa lame dans le cou d’un maudit.

Un étrange silence tomba alors qu’ils se regardaient. C’était une curieuse anecdote à énoncer lors de retrouvailles, en avait-elle seulement conscience ?

— C’est bon tu l’as ? Maintenant renifle-moi ça ! Fit-elle enfin, en le laissant prendre le précieux liquide.  J’espère que t’avais rien prévu pour ce soir, car c’est annulé. On dirait un médicament, tu trouves pas ? Ou une potion. Ca transforme le froid en chaud, et le moche en beau. Ca détruit le sens du goût, commenta-t-elle aussitôt.

L’élixir de patate en question n’avait absolument rien de fin à l’odeur, et on pouvait facilement se douter que ce n’était pas le genre de nectar qu’on sirotait en le gardant bien en bouche. Non, c’était de ces alcool forts faits par des paysans qui après une dure journée de labeur, cherchent à se détendre avant un bon ragoût. Liveig s’était remmise à farfouiller à nouveau dans son sac, et en tira plusieurs saucisses sèches destinées à accompagner leur grande tragédie hépatique. Elle écarta un pan de sa veste en cuir, révélant une ceinture en bandoulière où étaient fixée une panoplies de couteaux identiques. Elle en tira une, et le chien se mit à gronder. Ce n’était pas le genre de lame qu’on trimballait pour un pique-nique. Ce n’était pas qu’elle était particulièrement grosse, c’était plutôt son aspect qui semblait avoir été travaillé pour le lancer. Fait d’une seule pièce de métal, la lame se prolongeait pour être son propre manche.

Spoiler:

— Hého, tu vas pas me bouffer ,le touffu ! Fit-elle en agitant le saucisson de sa main droite. Le chien ne savait plus ce qu’il devait faire, et dans le doute, il jeta un bref coup d’oeil à Adrien. Liveig coupa un morceau de viande et le laissa tomber entre les pattes de l’animal. Les fois où elle avait été confrontée à ces bestioles, ils avaient été nettement moins mignons. Elle se coupa la même chose pour elle-même et répéta son geste en tendant une épaisse tranche à l’apothicaire.

— Ché marrant qu’t’ait un chien. Je connais que des malfrats et des vieux couples de fermiers qui en ont, haha ! s’esclaffa-t-elle la bouche pleine. Mais à la tête que fit son ami, elle sentit qu’elle avait quelques minutes, heures, mois de retard. Elle s’était invité chez lui sans prévenir et si elle ne se préoccupait plus de rien ni personne, il avait très bien pu passer à autre chose. Après tout, cela faisait plus d’un an, il avait pu rencontrer quelqu’un, et si ça se trouve, elle pouvait rentrer à tout instant et adieu leur soirée patatisée. Elle avala difficilement sa bouchée, l’air préoccupée.

— Je te dérange pas ? Tu attends quelqu’un ? J’arrive comme ça sans prévenir, je… je sais même pas… Je sais rien en fait, réalisa-t-elle, un peu désemparée.
Adrian Mayr
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Ven 18 Mar - 22:05
Personne n'est insensible au passage du temps. Spectateurs du dernier bain de lumière crépusculaire et témoins de l'avènement du matin, les hommes et les femmes d'Avalone deviennent alors acteurs d'une pièce pour qui le metteur en scène déciderait au cas par cas du jour de leur ultime baissé de rideau. Invariablement, le temps érode les fondations des croyances les plus solides et des acquis profonds de chacun. Par la force des choses, toutes et tous sont amenés à dévier sur la ligne de conduite qu'ils pensaient être la leur pour emprunter des chemins annexes, comme le lit d'une rivière depuis trop longtemps obstruée par le glissement de terrain d'une falaise rocheuse.

Adrian était aujourd'hui témoin de l'érosion des acquis au profit de la survie. Liveig en était la représentante, tant par la posture bien plus gainée qu'elle adoptait que dans son attitude et ses expressions. Face à lui, cette femme qu'il avait connu aux portes de l'abandon de son existence semblait bien vivante et en pleine possession de ses moyens. Un changement si drastique que l'on pourrait se demander s'il l'aurait vraiment reconnu, dans un autre contexte. La réponse à cette question n'avait pourtant aucun doute, car si le temps amène le changement, il ne peut rien contre certains ressenti profond, ancrés dans l'esprit.

Elle aurait put être devenue la cheffe d'un groupe nomade que l'Amaranthis n'aurait eu aucun doute sur la personne qui se tenait en face de lui. Liveig avait changé, mais une simple lueur dans son regard suffisait à offrir à Adrian cette reconnexion à ce qu'il ressentait pour elle, cette affection née au détour de confidences à même le sol de la pièce d'à coté, cette empathie partagée qu'il avait sentit transcender leurs cultures, lui prouvant qu'ils n'étaient pas si différent que leurs éducations respectives le laissaient penser. Soudés dans la douleur, leurs chemin s'étaient croisés de sorte d'y laisser une marque indélébile, probablement l'une des raisons de la présence de la blonde ici, aujourd'hui-même.

L'apothicaire n'eut pas le loisir de s'interroger sur les raisons de sa présence. Trop mentalement épuisé, il acceptait les événements tels qu'ils lui étaient présentés, ne lui laissant plus que le droit d'espérer qu'ils viennent à en parler pour satisfaire sa curiosité. La bouteille à la main, il resta un long moment à observer le liquide dont il ne décernait rien à cause de la couleur de la bouteille. Du coin de l'œil, il vit que Whisper avait tourné la tête vers lui, attendant son aval pour se saisir de ce morceau de viande qui faisait office de message de paix et qui reposait entre ses pattes. D'un bref signe de main, l’Amaranthis l'autorisa à se lancer, et la boule de poil ne se fit pas prier. Quelques secondes plus tard, Adrian avait un morceau de saucisson et la bouteille à la main. Toujours un brin décalé par rapport aux évènements, il demeura un instant silencieux, ce qui sembla prendre de court Liveig qui changea subitement de ton.

Je te dérange pas ? Tu attends quelqu’un ? J’arrive comme ça sans prévenir, je… je sais même pas… Je sais rien en fait

Pourquoi cette incertitude soudaine? elle qui semblait baigner dans une assurance qui n'était pas sienne à l'époque semblait tout à coup prompte à défaillir à la moindre contrariété. Adrian ne s'autorisa pas à poser la question. Sans parler, il posa la bouteille sur le coin de son bureau sans y avoir touché et fit volte face pour se diriger vers la partie cuisine. Le nez dans un placard, l'Amaranthis chercha dans une ligne de verres les plus appropriés pour la fameuse liqueur qui les attendait. Comme s'il venait de se retrouver seul à nouveau, les voix s'agitèrent dans son esprit, encombrant ses songes au point qu'il devint un instant sourd à ce qui l'entourait. Cela ne dura que quelques secondes, bien trop longues. Les images fusèrent dans sa tête et il ne put se retenir de porter sa main à son visage, sentant ses ongles se placer à l'exact endroit où les cicatrices de sa joue dessinaient encore les sillons de son automutilation. La douleur qu'il sentit n'était que factice, pourtant elle lui paraissait bien présente, atténuant les voix qui entonnaient de nouvelles jérémiades mentales.

" Tu dois rester loin de tout tes proches, ils n'ont rien à faire avec toi "

" Elle s'en ira au moment où elle comprendra que tu es instable "

" Pourquoi viendrait-elle te voir, si ce n'est pour que tu l'aides, les gens ne restent pas avec toi "

Adrian ferma les yeux, forçant sur ses paupières comme on le ferait pour atténuer la brulure d'une irritation. Quelques secondes de plus s'écoulèrent alors qu'il sentait tout ses muscles s'agiter imperceptiblement. Finalement, la présence de Liveig le rappela à la réalité, finissant d'atténuer ses tortionnaires. Il prit d'une main deux verres à fond plat, généralement utilisé pour les liqueurs, et revint auprès de l'Utgardienne. Après avoir déposé les deux verres soigneusement à coté de la bouteille, il la reprit en main et plongea son regard émeraude dans celui de son amie.

- Non, je n'attends personne.Étrangement, son regard semblait dire exactement l'inverse, A vrai dire, j'avais prévu de me servir un nouveau verre avant que tu n'arrives. Visiblement, tu avais les mêmes plans que moi.

Le visage de l'apothicaire s'était adouci dès lors qu'il était revenu aux cotés de la jeune femme et de son chien. Machinalement, il vint loger sa main libre le long de sa joue, parcourant à nouveau les sillons cicatriciels sans vraiment le vouloir, un geste qui avait remplacé en partie ce tic qu'il avait de jouer avec sa barbe quand il réfléchissait.. De son autre main, il servit un fond de liqueur dans chacun des verres avant de reposer la bouteille et d'en tendre un premier à Liveig. Timidement, il lui adressa un sourire.

- Ce chien m'apporte un peu de compagnie, peut-être suis-je devenu vieux avant l'heure.

Toujours très calme, une certaine amertume était venue teinter la voix de l'apothicaire malgré son expression relativement neutre. Lentement, il leva son propre verre devant lui pour observer le liquide translucide qui ne ressortait rien d'autre qu'une odeur d'alcool. Familier à boire des alcools ayant un certain prix, rapport à son éducation aisée, il ne s'encombra pas de ses aprioris, mais il ne se rua pas non plus sur la dégustation. Hypnotisé dans ses contemplations, il finit par reprendre la parole en observant la danse du liquide sous les mouvements de sa main.

- Je serai ravi d'oublier un peu du présent pour passer la soirée en ta compagnie. Nous avons visiblement beaucoup de choses à nous raconter, depuis ces adieux à Port-Aux-Échoués.

Sans plus de cérémonies, l'apothicaire leva son verre en direction de son amie et lui adressa un sourire qui vraisemblablement peina à se dessiner face à cette étrange détresse épisodiquement remarquable sur son visage. Si ce soir il se devait de plonger une nouvelle fois dans l'abîme de ses addiction, il le ferait volontiers, car depuis l'arrivée de la jeune femme, il entretenait l'espoir de pouvoir passer une soirée entière sans avoir à craindre de sombrer dans la marée noire qu'était devenu son esprit. Qui plus est, cette lueur de détresse et de confusion qu'il avait pu observer dans les yeux de l'Utgardienne n'avait de cesse de l'interroger, le laissant espérer depuis lors qu'elle finirait par se confier si elle en ressentait le besoin.

D'une traite, il ingurgita la liqueur, entamant un premier pas vers les sinueux chemins de l'ivresse. Ce soir, il ne cherchera nulle réponse dans le fond de son verre.
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