[Plage d'épaves] On n'échappe pas aux sables mouvants de ses obsessions. [Audélia

On n'échappe pas aux sables mouvants de ses obsessions.
Audélia Métivier & Nothjaan
En Journée | Port-aux-Echoués – Plage d’Epaves | An 83, 1er mois du Printemps, Jour 27

[Plage d'épaves] On n'échappe pas aux sables mouvants de ses obsessions. [Audélia - Nothjaan] 23061311151910016918197514

Noth a passé les derniers jours à travailler avec acharnement sur son navire. Résultat, l’ensemble de la coque est réparé que ce soit au niveau de la salle d’hygiène ou de la cabine de poupe. Dans son élan, Noth a aussi eu le temps de refixer la cloison de la cabine de poupe rendant ainsi tout l’espace du pont inférieur vivable. Le jeune homme a sécurisé l’accès de cet étage par un renforcement de la porte menant au pont supérieur dans la même lignée que ce qu’il avait fait pour ses appartements : un système de poutres se mettant en travers qui rendait quasi impossible tout enfoncement.

Il restera l’ensemble des couchettes à reconstruire, car il n’y a clairement rien à récupérer de l’existant. Le bois étant trop détérioré pour vouloir y faire juste quelques retouches. Mais ce n’est pas la priorité. Ce que Noth veut dans les plus brefs délais, c’est de rendre le bateau viable à la navigation afin d’en faire son outil de travail.

Pour cela, la suite logique est de rafistoler le gaillard avant et la cambuse qui siège juste en dessous, de consolider certains bastingages un peu branlants, puis de changer les cordages et d’investir dans de nouvelles voiles. Restera aussi une dépense à laquelle il ne pourra pas échapper, l’achat d’un nouveau mat d’artimon, élément trop détérioré pour imaginer le réparer soi-même. Sujet qui faisait grimacer Noth à chaque fois qu’il y pensait car la dépense serait de taille…

Mais chaque chose en son temps. Dans ce qu’il pouvait rapidement faire, Noth avait ciblé le travail de menuiserie à réaliser sur la proue du pont supérieur pour la cambuse. Pour cela il allait lui falloir des planches supplémentaires. Ses réserves de matériaux avaient fondu comme neige au soleil ces derniers jours. Il n’allait donc pas pouvoir continuer à vivre isoler encore bien longtemps. Il lui fallait du bois pour poursuivre ses travaux, et de toute façon, il allait bien falloir aussi se réapprovisionner en victuailles.

Ce matin, il se décida donc à monter dans sa barque et se diriger vers les quais de Port-aux-Echoués. Après avoir fait ses emplettes alimentaires lui permettant de tenir les prochains jours, Noth avait renoncé à commander du bois aux négociants locaux. Toujours dans l’optique d’économiser le moindre sou pour les dépenses obligatoires, il avait toujours dans sa caboche cette idée qui avait germé il y a quelques temps… Un moyen de trouver gratuitement des planches prête à l’emploi en allant se servir sur les épaves de la plage. Il allait falloir faire du tri mais on devait encore pouvoir trouver de quoi remplis un chariot de bois viable.

Il allait avoir besoin d’un coup de main par contre et même s’il préférait être celui qui rend le service plutôt que de les demander, il n’allait pas avoir le choix. Il se mit donc en quête de ses deux meilleurs amis dans l’espoir qu’ils acceptent de lui faire quelques faveurs. Il leur en avait déjà parlé et ils n’avaient pas été très réceptifs à la demande mais peut être qu’en se montrant un peu insistant…

Il trouva Glenn près des entrepôts, où il avait dégoté un travail pour une dizaine de jours. Ne pouvant pas discuter pour le moment, Glenn proposa de se retrouver à la pause méridienne pour échanger de tout ça autour d’un repas et lui indiqua qu’il ne verrait pas Karl ses prochains jours car il était parti s’amuser à « sa manière » sur Claircombe.

Ils se donnèrent donc rendez-vous non loin du lieu choisi par son ami, un peu après la moitié de journée. Cela laissait le temps à Noth de retourner déposer ses achats au Phénix avant de revenir à terre. L’heure convenue arrivée, Noth rejoignit son ami qui le guida ensuite jusqu’à l’auberge qu’il avait choisi.

En voyant le bâtiment de destination, Noth fût étonné du lieu proposé par Glenn ; ce n’était pas l’endroit le plus proche du chantier sur lequel il travaillait et surtout c’était l’auberge que Noth avait tenté d’atteindre il y a quelques jours pour déposer Audélia en sécurité. Pour toute explication, son ami avait alors répondu :

- Je préfère m’éloigner un peu, ça permet de ne pas rester tout le temps avec les mêmes têtes.

Ils rentrèrent dans l’établissement et allèrent s’installer sur une table libre. En attendant qu’on vienne prendre leur commande Glenn entama la conversation.

- Alors, tu t’es enfin décidé à redescendre de ta vieille coque de noix ? Ca commençait à en devenir inquiétant. Tu n’as donné aucun signe de vie depuis que tu es parti raccompagner la nouvelle arrivante qu’on avait croisée en taverne il y a plusieurs jours. Heureusement que j’ai eu des compagnons qui m’ont dit t’avoir aperçu sur ton navire, sinon j’aurais pu croire qu’il t’était arrivé quelque chose. Ca s’est terminé comment d’ailleurs ?

Noth soupira et essaya de faire un résumé de l’enchainement de mésaventures qu’ils avaient subi ce soir-là. Glenn écarquilla les yeux au fur et à mesure du récit. Puis au moment de s’expliquer sur l’absence de nouvelle de sa part, Noth esquissa un sourire discret, se disant que ça allait être le moment d’aborder le sujet.

- Excuses-moi de ne pas avoir donné signe de vie mais j’avais de quoi faire sur le Phénix. Si j’ai mis pied à terre c’est parce qu’il me faut plus de matériaux. J’ai épuisé tout le bois que j’avais en réserve et qu’avec ce qu’il m’est arrivé la dernière fois, il a fallu que je fasse un choix entre réinvestir dans des clous supplémentaires ou acheter des planches. Je me suis dit qu’il serait plus simple de trouver du bois par ses propres moyens que de fabriquer du métal et de le forger. Puis… Je ne sais pas si tu te souviens mais j’avais une idée pour récupérer de quoi faire de la menuiserie ?

Avec un regard qui semblait transpercer Noth, Glenn se para d’un grand sourire.

- Oui c’est vrai je m’en rappelle, mais j’ai l’impression que tu ne te rappelles pas de ma réponse par contre ? Quoi qu’il en soit, on en reparlera plus tard. Quelqu’un attend juste derrière toi.

En effet pendant que Noth faisait le compte rendu de ses aventures, une silhouette s’était glissée derrière lui.

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Allongée sur la plage de sable fin, son regard tourné vers le ciel d’un bleu azur, le soleil lui chauffant tout son être, elle écoutait le bruit des vagues tout en repensant à ces derniers jours. Tout c’était passé si vite, qu’elle avait parfois l’impression de vivre un rêve. Cependant, en ce premier mois du printemps la réalité était bien là, comme si une bonne étoile veillait sur elle à chaque instant, depuis qu’elle avait quitté sa famille d’adoption.
Les péripéties de sa première nuit à Port aux Echoués étaient déjà bien loin dans son esprit. A quelques exceptions près, Audélia ne ressassait que rarement les mauvais souvenirs, elle préférait aller de l’avant, laissant ceux-ci dormir dans un coin de sa mémoire.

Depuis son retour sur la terre ferme, en quittant son compagnon de sauvetage elle avait suivi sans attendre la direction de la seconde auberge, avec cette fois l’espoir d’y être accueillie dans une ambiance autre, que la première dans laquelle elle s’était rendue le jour de son arrivée.
Ayant perdu assez de temps à cause d’un ours mal léché, Audélia avait pressé le pas, espérant arriver avant la mi-journée et ainsi pouvoir discuter tranquillement avec le maître des lieux. Quelques enjambées au pas de course plus tard, elle arriva enfin ; un coup d’œil par la fenêtre de l’auberge lui permit de se faire une idée du lieu.

Celui-ci lui semblait bien calme, ce qui ne la rassurait pas, mais ne la décourageait pas pour autant. Audélia y entra en entonnant un bonjour, referma la porte derrière elle, puis s’avança vers le comptoir où se trouvait une dame d’un certain âge, aux cheveux poivre et sel, coiffé d’un chignon qui, levant son regard accompagné d’un léger sourire envers Audélia, la salua à son tour.
De là, une discussion s’en suivi, découvrant par la même occasion qu’elle avait eu as faire à la patronne. Cette dernière n’ayant rien à voir avec le patron de l’auberge précédente, rassura Audélia qui après moult questionnement, et échange se retrouva embauché et à l’abri.

Depuis ce jour béni Audélia était sereine et ravie, son travail ne lui laissait pas beaucoup de temps pour souffler, mais cela lui importait peu, quelques temps de pause de temps en temps pour se détendre lui suffisait amplement. Après avoir connu le dur labeur de la ferme, pour elle, cela n’était que pain béni.

En cette matinée du 27ème jour, Audélia en était là de ses pensées, lorsqu’elle se leva doucement puis frappa dans ses mains, amusée elle regarde son chat s’avancer vers elle en sautillant dans le sable.
Elle qui pensait l’avoir perdu pour toujours, après leur périple et la folie de ce dernier à vouloir poursuivre les prédateurs.
Ce dernier, miaulant de faim, s’était réfugié près de l’auberge où Nothjaan l’avait conduite le soir de son arrivée. La patronne qui, les jours suivants, le voyant toujours dans les parages, prit la pauvre bête en pitié et l’avait donc recueilli. Audélia heureuse d’avoir ainsi retrouvé son compagnon sain et sauf n’avait eu de cesse de remercier la dame pour cette délicate attention.

Prenant la petite créature entre ses bras, elle partit en direction de la taverne, l’heure de se remettre au travail arrivait à grand pas.
Il n’y avait jamais grand monde en ces demi-journées. La plupart des travailleurs mangeaient rapidement sur leur lieux de travail, préférant ainsi une fois terminé leur labeur de la journée, venir profiter de se détendre autour d’un repas ou de quelques chopines dans une ambiance bon enfant avant la tombée de la nuit.

Arrivée à destination, Audélia entra dans la taverne, se dirigea derrière le comptoir, y déposa son jeune chat sur le sol, avant de lui donner une coupelle de lait et de le laisser ainsi vivre sa vie sous l’œil attentif de la Taulière pendant qu’Audélia s’affairait à ses occupations.
L’heure était venue de revêtir son tablier, comme toutes les mi-journées, elle se dirigea vers la cuisine où le repas mijotait doucement pendant son escapade. Quelques convives étaient attablés devant une choppe attendant le moment d’être servi.

Audélia pria gentiment le jeune commis, qui n’était autre que le petit fils de la patronne. Il donnait des coups de main de temps à autre, afin de se faire un peu d’argent de poche en allant déposer les plats uniques sur les tables où les clients patientaient. Pendant ce temps, elle s’affairait dans la cuisine aux tâches quotidiennes jusqu’à la fin du service, qui bizarrement ce jour tardait quelques peu, curieuse de savoir ce qui se passe, Audélia pointa son nez dans la salle pour y jeter un œil, son regard fut attiré par deux personnes en pleine discussion. Une, de par sa position, lui faisant face et qu’elle reconnue de suite ; tandis que la seconde lui tournant le dos, Audélia eu sa petite idée sur son identité. L’effet de surprise passé, elle s’avança vers leur table faisant face à Glenn à qui elle sourit, restant ainsi cachée à la vue de Nothjaan. Cela ne dura qu’un bref instant, Glenn ayant dévoilé sa présence à Nothjaan qui se retourna vers elle. Son air d’ours mal léché était toujours présent mais Audélia n’en prenait compte ; elle se dirigea vers le comptoir remplir trois choppes, puis revînt s’attabler à leur côté.

- Quelle surprise et heureux hasard de vous voir ici. Tenez !! Dit ‘elle en déposant devant chacun une choppe et de s’adresser à Glenn en souriant. Aujourd’hui c’est moi qui régale, mais en échange je veux tout savoir sur ce qui vous amène en cet endroit et quelle sont les nouvelles depuis notre dernière rencontre ?

Puis à l’intention de Nothjaan pour lequel son sourire s’effaça laissant place à un visage sérieux, exempt de toute émotion, comme elle savait si bien le faire lorsqu’elle ne désirait pas que l’on puisse dévoiler certaine de ses pensées.

- Et vous ! Toujours dans les réparations je suppose ? Vue le peu de nouvelles depuis ! Dans tous les cas, je souhaite pour vous que ça avance, car de ce que j’en ai vu y as de quoi faire encore pour pas mal de temps. Mais sans intrus qui vienne vous déranger, je suis sûre que le travail avance au mieux.

Audélia le regarda un instant, puis levant sa choppe.

-Allez trinquons, à vous qui m’avez sauvée de certains prédateurs et à ma nouvelle vie à Port-aux-Echoués, grâce à la patronne qui m’a accueillie en ce lieu... A l’avenir !! …

Audélia se tut, pensant à cet instant à ses parents perdus, dans l’espoir qu’un jour, elle les retrouvera.

C’est Glenn qui répondit le premier.

- Un grand merci mam’zelle. On venait manger un bout au calme ; le long des quais c’est trop agité, on ne s’entend pas. Sinon, rien de bien nouveau de mon côté ; la routine d’un ouvrier. Mais j’ai cru comprendre que ce n’était pas le cas de tout le monde ici. Certains se la jouent aventuriers ?

Et paf, un petit coup de coude à l’attention de Noth.

- D’ailleurs mon ami ici présent avait la ferme intention de m’engager dans une de ses nouvelles péripéties. Malheureusement, je suis trop vieux pour ses idées farfelues mais…, il se retourne vers Noth l’air pensif, …tu devrais demander à Audélia tient ! Elle serait peut-être partante.

Quant à Noth, il avait du mal à croire au fruit du hasard. En regardant un peu plus le sourire de son ami, il supputait que le bougre avait choisi cette auberge en toute connaissance de cause.

Quoiqu’il en soit, après avoir remercié Audélia pour la chope et avoir trinqué, il laissa Glenn s’exprimer avant, puis à son tour, apporta réponse concernant sa personne à ce qui s’apparentait beaucoup plus à des reproches qu’à de simples prises de nouvelles.
Il garda tout de même le sourire.

- Vous vous êtes donné le mot tous les deux pour me faire remarquer que je n’avais pas donné signe de vie ? Je venais justement de dire à Glenn que j’étais focalisé sur mes tâches à faire sur le navire depuis ces derniers jours.

Puis rajouta :

- Après, vous concernant, il ne me semblait pas que vous étiez réellement ouverte à la discussion lorsque nous nous sommes quittés. Mais j’imagine que vous ne vous attendiez pas à ce genre d’émotions dès votre premier jour ici.

On pouvait dire de lui qu’il avait un caractère de cochon ; la jeune fille n’avait pas l’air d’être en reste non plus. Et en plus de ça, le temps passant ne l’apaisait nullement.
Même s’il ne se sentait pas coupable de leur séparation sèche d’il y a quelques jours, il ressentait le besoin d’éclaircir les choses.

- En tout cas, je tiens à préciser que vous n’étiez aucunement une intruse. C’est de bon gré que je vous accueillais à bord. Maintenant, je peux comprendre que l’aspect vétuste et décrépit ne seyait guère à votre personne. Je ne peux et ne veux forcer personne à vivre comme moi. J’imagine parfaitement que le confort puisse être plus attrayant.

Lui renvoie son regard essayant de savoir s’il avait fait mouche ou pas...

- Bref, si votre nouvelle vie vous plait, j’en suis ravi pour vous. Et en jetant un coup d’œil à la bâtisse. Ce sera surement plus adapté… que mes péripéties, comme dit Glenn. Dans la Baie, tout peut devenir un danger, il faut tout le temps être vigilent. Ca demande un temps d’adaptation et pour avoir ce temps vaut mieux rester en sécurité quitte à ce que certaines envies ou quêtes personnelles soient mises de côté.

Il n’était clairement pas le mieux placé pour faire la leçon, mais contrairement à Audélia, il s’estimait suffisamment aguerri pour entreprendre ce qu’il avait décidé. Il ne connaissait pas beaucoup la jeune fille, mais de ce qu’il en avait appris, elle était partie pour mettre la main dans un engrenage dont il était impossible d’en voir l’intégralité.

Pour sa part, Noth avait bien compris que Glenn ne reviendrait pas sur sa position et il le comprenait très bien. Du coup, il allait devoir se préparer pour y aller en solitaire.

C’était faisable. Il n’y avait rien d’exceptionnel là-dedans, comme il venait de le dire, il devra juste redoubler de vigilance. Il était de nature prévoyante ; cela était un plus dans ce genre de cas.
De toute façon, il ne pouvait pas attendre le retour de Karl pour lui demander ; puis, à l’instar de Glenn, rien ne lui assurait qu’il accepterait de l’aider. De toute manière, il était trop impatient pour attendre. Il s’organiserait donc pour y aller dans les prochains jours.

- … HE OH !

- Quoi ?

Noth se rendit compte, qu’il était parti dans ses pensées.

- Je te disais, tu ne comptes pas y aller seul tout de même ?

Noth fit un petit sourire.

- On verra bien.

Glenn soupira. Il savait très bien ce que ça voulait dire et commençait à culpabiliser…

- Pfff ! Toi et ton bateau. Bon, et tu veux y aller quand exactement ? Faut que…

- NAN ! Je t’arrête tout de suite. Si je t’en ai reparlé, ce n’est pas pour que tu m’accompagnes. Mais si tu veux m’aider, j’aurai besoin d’un peu de matériel que je n’ai pas sur le Phénix.

Noth regarda fermement Glenn. Son intention première avait bien été de l’enrôler mais il était hors de question de lui forcer la main ; surtout dans une affaire qui pourrait devenir périlleuse. Afin de couper court à toute revendication, il rajouta :

- Si je te fais une liste, tu pourras me dire ce que tu es en mesure de me prêter ?

Le jeune homme attendit le hochement d’approbation de son ami avant de tenter d’aborder un autre sujet.

- Et vous Audélia, qu’avez-vous à nous raconter ?

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Comme chaque soir à la tombée du jour, Audélia se réfugiait dans sa chambrette.

Celle-ci n’avait rien de luxueux, mais la jeune fille s’adaptait à toute situation. Depuis son arrivée à l’auberge, elle avait trouvé un nouveau foyer auprès de la tenancière et de son petit-fils qui l’avaient accueillie chaleureusement, et dans lequel Audélia se sentait en sécurité.

Aux dernières lueurs du soleil, les clients ayant quitté les lieux, chacun se mettait à l’ouvrage afin de redonner un accueil descend aux convives du lendemain. Leurs tâches respectives terminées, ils se retrouvaient tout trois dans la cuisine, autour d'une table, éclairée à la lueur de bougies, afin de prendre leur repas ensemble et discuter, de la journée ou autre, avant de séparer pour la nuit.
Ce rituel mit en place depuis son arrivée à l'auberge, rappelait à Audélia les moments conviviaux qu’elle passait dans sa famille.
Chacun racontait des moments de leur vie, des anecdotes de la journée, mais à ce jour Audélia n'avait encore rien dévoilé à l'aubergiste sur sa réelle venue au port des échoués, restant vague à ce sujet.

Petit à petit, elle prenait conscience qu'une seule personne à ce jour l’avait écoutée, et éventuellement, pourrait l'aider dans ces démarches. Malgré son air d'ours mal léché, il ne l'avait pas abandonnée le soir de son arrivée et de sa venue à l'auberge.
La ruse de son ami Glenn pour lui faire mettre les pieds dans l’établissement où elle travaille ne l'ayant pas fait fuir, la jeune fille se mit à penser qu’elle pourrait bien lui accorder son entière confiance et devenir son amie … ?!

Seule dans sa chambre éclairée par les rayons de lune filtrant au travers de la fenêtre, Audélia revivait cette journée un léger sourire aux lèvres.

Elle avait pris plaisir de revoir les deux comparses.
Après des échanges banals donnant droit aux nouvelles depuis leur dernière rencontre, elle les avait ensuite écouté dans leur discutions sans oser les interrompre, s’occupant à caresser son chat venu se blottir sur ces genoux. Jusqu’au moment où son nom s’invita dans leur conversation. Audélia avait alors levé les yeux, les regardant tour à tour afin de bien comprendre ce qui se racontait …

Puis Nothjaan lui adressa la parole tout en faisant dévier le sujet de la conversation. La jeune fille, têtue, n’avait pas dit son dernier mot et comptait bien ne pas s’en arrêter là. Elle avait donc répondu de manière évasive.

- Hmm ? J’ai encore pas mal de chose à dire mais pas maintenant et pas ici, parait-il que les murs ont des oreilles ...

Avec un sourire et un regard malicieux, qui se voulait pour tromper les apparences, ne voulant pas dévoiler un visage anxieux à ses futures recherches. Puis elle avait repris frontalement la discussion précédente, si vite éludée par le jeune homme…

- En revanche Nothjaan, dites-moi, de quelle aide auriez-vous besoin exactement ? Sachez que je peux vous être utile. Je ne regarde pas au travail à accomplir et je vous dois bien cela en retour et aussi j’aurai encore besoin de vous de mon côté…

Elle n’avait pas voulu en dévoiler plus à ce moment. Désireuse d’en connaître davantage sur les besoins de l’homme en face d’elle avant qu’elle-même divulgue ses secrets.
En y repensant maintenant, à tête reposée et vu le caractère de Nothjaan, elle se rendit compte que cela aurait très bien pu clôturer net les échanges de ce midi.

Nothjaan se présenta de nouveau devant l’auberge, le lendemain matin. Il s’était fait convaincre d’être accompagné d’Audélia pendant son jour de repos pour réaliser son expédition sur la plage.
Pendant qu’il faisait le piquet, Il se relata la discussion d’hier soir.

Comme à son habitude, Audélia était restée très vague sur elle-même à chaque question posée la concernant, arborant un air souvent secrète. L’ambiance avait changée au moment où elle était revenue à la charge par rapport à la requête que Noth avait faite à son ami.

- En revanche Nothjaan, dites-moi, de quelle aide auriez-vous besoin exactement ? Sachez que je peux vous être utile. Je ne regarde pas au travail à accomplir et je vous dois bien cela en retour et aussi j’aurai encore besoin de vous de mon côté…

La ténacité dont faisait preuve le ton utilisé par la jeune fille était flagrant. Il avait bien compris qu’elle était curieuse et voulait à son tour pouvoir rendre service.
Après quelques tentatives qu’il savait pertinemment vaines, il accepta d’en dire un peu plus. Surtout qu’en soit, il se remémora un détail qui le conforta sur le fait que ce périple pourrait bien servir à Audélia.

Lors de leur soirée catastrophe, la jeune fille lui avait montré un petit bracelet avec des armoiries. Il avait pu en déduire qu’elle était, peu ou prou, d’un lignage nobiliaire. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, il semblait qu’Audélia n’ait guère de piste à suivre, toutefois elle avait tiqué, l’air intéressé, quand ils en étaient venus à parler bateaux.
Ce n’étaient probablement pas le lien qu’elle cherchait mais Noth avait fait un rapprochement qui pouvait, peut-être, présenter une piste. Sachant qu’elle voulait rester discrète sur ce point, il avait réfléchit à comment aborder le sujet sans forcément mettre la puce à l’oreille de Glenn sur les origines ni les motivations de la belle. Il avait donc expliqué son objectif à lui tout en n’omettant pas de faire un petit rappel historique bien détaillé…

- Comme vous l’avez compris mon objectif est de trouver suffisamment de bois pour continuer les réparations du Phénix. Ce bois, il existe déjà, tout travaillé, il suffit d’aller le chercher sur des anciens navires qui n’appartiennent plus à personne. Ceux de la grande Armada qui se sont échoués au fond de la plage. Alors certes, vu le nombre d’années qu’ils pourrissent sur place, il y a du tri à faire. Mais c’étaient des bateaux construits pour voguer sur les océans. Ils étaient prévus pour résister à des tempêtes. Les nobles de l’époque, y ont dépensé des fortunes pour cela. D’ailleurs, sur certains d’entre eux, on peut encore y voir les armoiries des grandes familles qui y ont participé. Principalement pour les grands clans Utgardiens et les hauts dignitaires Ascaniens, les Amaranthis ne semblaient pas avoir ce même désire d’exhibition, du moins sur les navires...
… Bien entendu, le gros des biens de valeurs ont été pillés au fur et à mesure des années. Mais qui sait, des rumeurs disent qu’il y reste un trésor caché. Je ne le crois pas franchement ; tout au plus une ou deux breloques des générations précédentes peut être ? Mais du bois en bon état, ça oui ! J’en suis persuadé.

Il avait continué à parler navigation de l’époque pendant un moment mais le message principal à l’attention d’Audélia avait été passé.
La discussion continua bon train. Glenn insistant que son ami était vraiment à moitié fou. Audélia souriant ne perdant pas une miette de ce qui pouvait être dit…
Puis quand arriva le moment où il fallait tous repartir à ses occupations, Audélia lui avait confirmé son aide s’il pouvait attendre demain matin car c’était son jour de repos. Noth avait alors acquiescé et avait proposé de se répartir les tâches de préparation. Il s’occupait du matériel et elle s’occupait de prévoir quelques vivres pour la journée.

Ce matin, dès le lever du jour, il était donc passé chez son ami avant l’heure du rendez-vous pour récupérer le matériel qu’il avait demandé à Glenn la veille. Il arriva devant l’auberge dans une carriole à moitié déglinguée tirée par un vieux bourricot. A l’arrière était visible un amas d’objet qui était principalement de l’outillage de base comme une pelle ou une scie, du cordage, des crochets… Bref, Noth estimait avoir prévu un grand nombre des possibilités d’aléas qu’ils pourraient rencontrer pour extirper ses précieuses planches.
Il avait vu avec Glenn pour qu’il lui fournisse des outils qui pourraient aussi servir à leur défense. On ne sait jamais, sur cette partie éloignée de la plage, il était courant d’y apercevoir du haut des falaises des anthropophages.
Fort de son expérience avec Audélia, Noth s’était rendu compte que de simples dagues ou couteaux étaient un bien maigre avantage. Il valait mieux avoir une allonge un peu plus grande dans ce genre de situation. Il avait donc emmené une gaffe qui était stockée sur le Phénix et avait demandé une fourche à Glenn. En l’absence de temps et de moyen pour s’armer plus efficacement, c’est les meilleures alternatives qu’il avait pu trouver. Glenn avait aussi eu l’idée de lui confier une hache, ajoutant ainsi un peu de puissance et de tranchant dans son inventaire d’expédition.

Noth n’avait pas attendu très longtemps devant le bâtiment pour voir Audélia arriver. La jeune semblait être matinale ; pas étonnant si elle avait vécue dans une ferme depuis plusieurs années. Cela lui allait bien, la journée promettait d’être longue et ils allaient pouvoir ainsi commencer tôt.
Il invita sa compagne d’aventure à s’installer dans la charrette et l’accueillit d’un sourire.

- Bien le bonjour. Vous êtes prêtes ? Vous avez laissé votre félin à l’auberge cette fois-ci ? Si je dois lancer quelque chose cette fois-ci, je préfèrerai qu’il ne se précipite pas pour aller le chercher.

Une fois contrôlé que rien ne semblait être oublié, ils prirent le chemin de la plage. Après être sorti de la bourgade, Noth présenta rapidement les alentours de Port-aux-Echoués en lui indiquant du doigt la direction des différents lieux. Le calme du trajet était favorable à la discussion. Audélia était plus encline à en dire plus sur elle-même.

A l’approche de la plage aux épaves, Noth eut un petit rictus. Une nappe brumeuse s’amoncelait au fond de l’étendue sablonneuse.

- La plage aux épaves est là-bas, tout au fond, toutes les grandes carcasses sont dans ce secteur. On ne va pas pouvoir couper au brouillard. C’est régulier tout au long de l’année. L’humidité et les nuages de basse altitude se retrouvent piégés entre les falaises. Il y a des chances que cela se dissipe au fur et à mesure de la journée mais la brume peut persister un bon moment quand même. On aura une visibilité réduite et il faudra d’autant plus être vigilent.

Noth rappela les consignes et les risques qu’ils pouvaient rencontrer.

- Nous allons bientôt devoir faire rouler la charrette dans le sable. Le sol est normalement assez tassé pour que nous n’ayons pas de soucis, toutefois allons y doucement et mettons pied à terre. La carriole n’est pas de toute première jeunesse en plus.
On reste bien groupé, il n’y en a pas beaucoup en journée mais on peut toujours tomber sur des abominations comme le dernier soir. On avance ensemble, de chaque côté de la mule pour la rassurée et la protéger au cas où. J’ai une fourche et une gaffe à l’arrière en plus de nos cure-dents. Cela devrait nous permettre de garder nos distances avec le danger.

Il ne restait plus qu’à s’enfoncer dans cette purée de pois… Noth scruta de gauche à droite.

- Bien ! Par où on commence ?

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Plage d'épaves:

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Aux premiers rayons du soleil pointant à l’horizon, la jeune fille était prête pour affronter cette journée spéciale.

Levée comme chaque jour à l’aube, la jeune fille s’active dans ses tâches quotidiennes à cuire les pains de la journée et à la préparation des petits déjeuner des futurs convives, afin de soulager la tenancière de son âge avancé...

Entre temps ! Audélia prenait également plaisir à sa nouvelle mission pour cette journée de repos qui s’annonçait longue, et pas forcément de tout repos en compagnie de Nothjaan, elle avait donc prévu de quoi se restaurer et se désaltéré pour les heures à venir ...

Panier de victuailles dans une main, besace en bandoulière, dans laquelle elle y avait déposé une tenue de rechange, en prévision des aléas de la journée, sans oublier d’y cacher le bracelet agrémenté du médaillon gravé d’épis de blé et d’une colombe, symbole de sa famille, qui lui fût offert par ses parents.

Ainsi prête à quitter l’auberge pour une journée d’escapade, elle caressa son chat qui resterai ce jour sous la surveillance de l’Aubergiste, un signe de la main envers cette dernière, Audélia quitta les lieux et attendit l’arrivée de Nothjaan ...
Ce qui fût rapide le jeune homme était déjà sur le pied de guerre à l'attendre.
Audélia le rejoint en souriant.

- Le bonjour Nothjaan, je vois que vous n'êtes pas venu seul

Jetant un œil vers l'âne qui l'accompagnait, elle lui prodigua quelques caresses en lui parlant doucement afin de ne pas l'effrayer. Puis tournant son regard vers la carriole ...

Petit sourire moqueur.

- Hum! Ca n'est pas de toute première jeunesse il me semble...

Reprenant son sérieux.

- Mais d'après ce que je remarque vous avez réussi à trouver le matériel dont nous aurons besoin? De mon côté, je nous ai concocté de quoi nous restaurer pour la journée. Et mon chat comme vous le constatez ne sera pas du voyage. Je préfère éviter les mauvaises surprises.

Sourit, tout en déposant son panier dans la carriole et sans discuter pour éviter les prises de tête matinal avec Nothjaan, elle s'y installa à sa demande, non sans appréhension au vue de sa vétusté.

- ALLEZ HOP COCHER !! Nous pouvons nous mettre en route pour cette nouvelle aventure ...

Audélia était de bonne humeur. Elle qui, à son habitude, se baladait en seule compagnie de son chat lors de ses journées de repos, elle était heureuse de passer du temps en bonne compagnie, et de pouvoir aider à son tour.
Cahin-caha la petite troupe se dirigeait en direction de la plage. Audélia écoutait les directives et recommandations de Nothjaan en silence, regard les alentours qui semblaient calmes.

A la demande du jeune homme, afin d'alléger les efforts de l'âne sur le sable, ils mirent pieds à terre. Entourant ainsi la bête pour la rassurer, ce qui n'était pas le cas d'Audélia qui voyait le mur de brume se profiler à l'horizon. Sans rien laisser paraître, la discussion sur les projets de la journée entre les jeunes gens continuait "bon an mal an".

Pendant ce temps, la plage aux épaves se profilait dans leur champs de vision, Audélia choisi ce moment précis pour se laisser aller aux confidences trop longtemps enfouie, il fallait qu'elle fasse enfin confiance au jeune homme, si elle voulait de l'aide à retrouver ses parents, elle se rendait compte qu'avec le temps elle ne pourrait y arriver seule.

Un regard envers Nothjaan, elle se lança dans son histoire, n’omettant rien de ce qu'elle avait découvert sur sa famille quelques temps plus tôt ...

Elle glissa sa main dans sa besace pour en prendre son bracelet, qu'elle tendit à Nothjaan, afin qu'il puisse cette fois, le regarder plus longuement.

- Ceci vous dit-il quelque chose ? Vous qui avez du bien des fois tourner autour des épaves, auriez-vous par hasard vu cet insigne sur l'une d'elle ? Ou entendu quoi que ce soit au sujet de ma famille dont j'ai hérité le nom de Métivier ??

Audélia regardait devant elle, le laissant à sa réflexion et dans l'attente de réponse. ils entraient dans le mur de brume quand à cet instant le jeune homme s'arrêta, regardant de tout coté pris la parole.

- Bien ! Par où on commence ?

Audélia surprise le regarda un instant, elle ne s'attendait pas à cette question mais à une réponse éventuelle à sa requête précédente. Au vu de la situation, les confidences auraient bien pu continuer dans ce brouillard ...

Sans se démonter, voulant garder sa bonne humeur en cette journée, la jeune fille souriait.

- Hum ?! je ne connais pas le coin autant que vous, mais puisque vous le demandez ... je dirai allons tout droit? nous verrons bien ou cela nous mènera ...

Par prudence Audélia se muni de sa dague, la tenant à pleine main, Elle suivait Nothjaan non sans appréhension.

- Tout ce que j'espère, c'est de ne pas faire de mauvaises rencontres. Nnous avons déjà donné je pense !! Je ne suis pas du genre trouillarde mais à choisir je préfère rester prudente et garder la vie. Dit-elle en lui montrant sa dague avec un léger sourire.