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Claircombe  :: Titre :: Les alentours de Claircombe :: [Bois de l'Orée] Chasse à l'homme ::
[Bois de l'Orée] Chasse à l'homme
Nyxie
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Dim 15 Nov - 18:01
Chasse à l’homme

Vaar Orée Phoenyx
Très tôt avant l’aube | Alentours de Claircombe | Bois de l’Orée | An 81, 1er mois de Printemps, Jour 8


AVERTISSEMENT : Certains passages de ce sujet contiennent des détails crus et violents.

Le crissement de minuscules griffes sur une surface minérale, sans doute un rocher. Il y en avait beaucoup sur la falaise à flanc de montagne où la tribu Vaar Orée avait décidé de monter le camp pour quelques nuits. Beaucoup plus que dans la plaine, où ils préféraient s’installer d’habitude, pour éviter d’empiéter sur le territoire des Ana Orée, une autre tribu de la vallée. Mais il n’avait plus le choix, les Sang-Maudits étaient partout. Petit à petit, ils grignotaient la forêt avec leurs haches, et abattaient les animaux en nombre indécent avec leurs flèches. Parfois même, on retrouvait des cadavres pleins de chaire encore, écorchés seulement pour leur cuir, leur viande n’était pas assez intéressante au goût des Shogs.

Ecœurant. Nyxie se redressa sur sa couche, un soupir lui échappa. Ne pouvait-elle pas avoir des nuits paisibles, sans jamais faire de rêves-qui-voient, sans jamais se réveiller debout, quelque part ? Non, bien sûr que non. Et cette fatigue qu’elle traînait avec elle chaque jour affectait son comportement, la rendait plus méfiante et plus agressive qu’elle ne l’était par nature. Mais cette fatigue qu’elle haïssait à chaque réveil la rendait sensible aux choses qui ne peuvent être vues par l’oeil reposé. Dans le silence de la nuit, elle percevait cette petite présence rôder dans leur campement, et il lui sembla, que quelque chose l’appelait. Sans bruit, elle quitta la tente des guérisseurs, armée de sa lance, une ceinture où pendait des petites poches cuir aux hanches. Elle était là, devant elle, la lueur du Souffle-de-Vie, l’envoyé du Guide des Âme, apporté par le Bras-du-Destin.

Les dieux me guident et je sers leurs desseins, récita-t-elle dans un murmure.

Le point brillant dans la nuit avait quelque chose de sacré, d’hypnotique. Il était rare d’apercevoir un mustel rouge, la plupart du temps, on voyait sa lueur au loin de nuit, car le petit être était craintif. C’est sans doute cette rareté qui en faisait un animal sacré et porte-bonheur aux yeux des nomades. De toute sa vie, jamais Phoenyx n’en avait vu un de si près. Elle n’osait plus bouger. Elle aurait voulu réveiller quelques initiés pour leur montrer cette apparition exceptionnelle, mais quelque chose la clouait au sol, tandis que le mustel l’observait, lui aussi immobile. Quelques secondes passèrent, puis la petite créature partit à toute allure et disparut en contrebas.

Appel mystique, ou instinct primaire de prédateur, Nyxie se lança à sa poursuite. Elle se laissa glisser dans la pente de terre, se servant du bout en bois de sa lance pour garder l’équilibre. Le mustel était bien plus rapide, sa petite taille et son agilité lui faisait prendre une avance considérable sur la nomade, mais sa lueur brillante entre les arbres la guidait toujours. Les yeux de la jeune femme analysaient l’environnement pour ses jambes, sa course effrénée ne se laissa pas ralentir par les souches et les troncs qui lui faisaient obstacle. Pointe de la lance en avant, elle n’hésitait pas à se servir de l’arme tantôt pour écarter des branches, tantôt comme une perche qui allongeait ses sauts. Il lui sembla que le mustel avait ralenti, une flèche siffla près de lui et se ficha dans le tronc, juste derrière lui. Phoenyx s’arrêta net. Les flèches en disait long sur ceux qui l’avait taillée.

Sang-maudit, gronda-t-elle en plantant sa lance dans le sol. Elle sauta pour attraper une branche et se hisser en hauteur tandis que le mustel rouge détala dans l’autre sens. Les chasseurs se mirent à ses trousses. A travers bois, ils se dispersèrent gardant en vue la curieuse lueur de leur proie. Celui qui avait raté sa cible vint récupérer sa flèche, il fût surpris de voir le curieux bâton orné de plume avec une prise en peau de lapin. Sa curiosité fut son erreur et son désir de chasser un animal divin scella son sort. Pas de pitié pour les hérétiques. La lame ripa entre deux vertèbres cervicales avant de s’enfoncer dans la jointure, sectionnant la jugulaire interne, perforant jusqu’à la trachée. Il eut un hoquet de douleur et d’effarement, un râle guttural lui fit recracher un flot vermillon par sa bouche, mais aussi par la blessure. Il s’effondra à terre, s’étouffant dans son propre sang.

Varkaarsh te maudit, Anauroch ne te guidera jamais, car les Sang-Maudits n’ont pas d’âme. Relève-toi et châtie tes paires. Car tu es l’engeance de Shoggoth, le Maître du Châtiment, prophétisa-t-elle en retirant son couteau du corps. Elle essuya la lame ensanglantée dans sa main gauche. Ses doigts couverts sang dessinèrent trois traits de sa lèvre inférieure jusqu’à son menton et le long de son cou. Un trait pour chaque dieu. Phoenyx rangea son couteau et s’empara se sa lance. Le maudit ne tarderait pas à se relever, ça pouvait prendre quelques secondes, quelques minutes voire des heures. Elle ne tenait pas à l’achever avant qu’il n’ait pu rattraper ses camarades. Elle s’avança dans la clairière où se trouvait une mule à laquelle on avait pendu par les pattes plusieurs rongeurs, et un mustel rouge. La nomade ne put retenir une nouvelle insulte, et renouvela sa malédiction sur les descendants des êtres sadiques qui avaient tué un tel animal. Elle jeta les cadavres au sol, trancha le lien qui retenait la mule et lui battit la croupe de sa lance pour l’effrayer et la forcer à fuir. Elle regretta de ne pas avoir amené son arc. Sa chasse à l’homme se ferait donc à la lance et au couteau. Un nouveau râle annonça le réveil du maudit. L’appel d’un chasseur ne lui échappa pas, il se redressa brusquement et se précipita dans la forêt vers le bruit qu’il avait entendu. Un sourire sadique s’étira sur les lèvres ensanglantées de la nomade. Quel plaisir d’avoir un chien pour la chasse.
Markus Falsom
Markus Falsom
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Ven 19 Fév - 22:47
La journée avait pourtant bien commencé pour Markus, il avait trouvé un groupe de chasseurs avec qui faire son bout de chemin pour s’éviter la dangerosité du voyage en solitaire. Trois braves types qui allaient remplacer ses compagnons de chasse habituels, ces derniers étant occupés à autre chose. Uraïa et son frère devait régler un différend familiale, Raquel n’avait pas envie et Xan’ti avait tout simplement disparu, une fois de plus. Lui, n’avait pas envie d’attendre pour essayer sa dernière création, issus d’une discussion avec un vieux chasseur dans l’auberge de son enfance. Markus avait fait l’acquisition d’un tas de cordes qu’il avait échangé contre quelques carcasses de leur dernière chasse à un Utgardien avant de passer plusieurs jours dans son atelier à bricoler.

Pour finaliser son projet, le chasseur avait besoin de l’essayer dans des conditions réelles, quitte à devoir le faire seul. De toute façon, les autres ne comprenaient rien à l’art d’un piège complexe, c’est à peine s’ils savaient poser un collet. Tous ne juraient que par l’arc. Aucun panache.
Il avait rassemblé de quoi survivre pendant quelques jours dans son grand sac de cuir tanné, comblant l’espace avec son nouveau prototype. Il passa ensuite une corde tressé en bandoulière et quelques collets a sa ceinture, histoire d’assurer quelques prises.  Son armure de cuirs et de fourrures enfilé, sa lance de chasse sur l’épaule, il avait rejoint à l’aube les trois chasseurs à la Porte de Jadis pour se mettre en route.

Le groupe avait atteint le Bois de l’Orée en début d’après-midi sans rencontrer d’hostilités, le trio n’avait rien d’original, des trappeurs qui avaient eu vent d’un coin à mustel rouge. Une information qu’il refusait de partager avec Markus tant sa fourrure valait une petite fortune auprès des marchands Amaranthis.Il n’avait pas insisté, lui non plus n’aurait pas donné gratuitement un coin de chasse et de toute façon, il n’était pas là pour ça. Le trappeur avait fabriqué son piège pour des proies plus grosse qu’un mustel mais avec de la chance, il aurait une bonne surprise dans ses collets.Le groupe avait convenu de se séparer une fois à l’orée du bois néanmoins ils partagèrent tout de même un repas frugal à base de pain et de fromage ainsi que d’une mauvaise bière. Les chasseurs de Claircombe avaient l’habitude de se serrer les coudes dans cette nature hostile bien que la survie prenait rapidement le pas au premier signe d’emmerdes.

Après quelques mots d’adieu et de chance, Markus se retrouva seul dans le Bois de l’Orée et se mit en quête d’un endroit où dormir avant toute chose. S’il perdait son temps à poser ses pièges sans avoir un endroit pour se replier, il allait juste se faire tuer. 
Le chasseur arpenta les bois pour finalement trouver ce qu’il cherchait : Un chêne assez vieux et assez éloigné des autres arbres. Markus déposa son sac et sa lance contre le tronc et entreprît de grimper en s’aidant des branches. La hauteur était une défense efficace contre les prédateurs, il se trouva une branche assez solide pour soutenir son poids qui lui servirait de chambre à ciel ouvert. Satisfait, il récupéra sa corde en bandoulière pour l’enrouler autour de la branche, une sécurité en cas de sommeil agité ou pire. Il ne préférait pas penser au pire, superstitieux dans l’âme, Markus était certain que cela l’attirerait.

Le reste de la journée, le trappeur posa ses collets aux alentours de son point de chute puis , s’attaqua à monter son nouveau piège. Cela lui prit beaucoup de temps, un peu trop à son goût car quand il eut terminé, la nuit avait déjà pris ses quartiers.
Markus se dépêcha de rentrer à son abri éphémère, s’arrêtant plus d’une fois pour écouter la forêt et ses avertissements, sa lourde lance entre ses mains, prêt à se défendre. Néanmoins, le bois fut clémente et le laissa rejoindre son chêne sans encombres qu’il s’empressa de grimper avec ce qui lui restait d’endurance. Fourbu par cette journée, le chasseur s’installa sur la branche dans un long soupir après avoir passé la corde autour de sa taille et place son sac comme oreiller. La lance posée sur son torse, il profita du ciel étoilé et de quelques morceaux de viande séchée avant d’être rapidement happé par la fatigue d’une journée bien remplie.

C’est sans compter sur le cri lugubre qui le réveilla facilement plusieurs heures plus tard, aucun chasseur digne de ce nom ne dormait profondément dans une forêt. Il n’avait pas reconnu le cri et cela l’inquiétait alors il tendit l’oreille et écouta à nouveau, l’oreille attentive en quête d’une réponse. Il fût récompensé en apercevant du mouvement. Une silhouette humaine qui courrait au loin. Markus profita de sa position en hauteur pour l’observer malgré la pénombre, l’aube n’était pas loin mais ses yeux n’étaient pas encore habitués à l’obscurité.
Finalement, la silhouette s’approcha assez pour qu’il puisse distinguer et reconnaître l’homme, un des chasseurs qui l’avait accompagné ce matin. Samuel, s’il se souvenait bien. Il n’était plus qu’à quelques arbres de sa position. Markus se murmura à lui-même.

— Qu’est ce qu’il fout là, ce con ?

L’homme semblait complètement affolé, il regardait autour de lui comme un dément avec son arc en mains mais il tremblait bien trop pour espérer réussi un tir. Markus allait se décider à lui faire un signe quand il entendit le bruit d’une course. Une course bien trop bruyante pour être celle d’un prédateur. Du moins un prédateur de la forêt. Samuel l’avait entendu lui aussi et tenta de tirer une flèche dans la direction de la charge, ce qui n’en arrêta pas l’origine. Un autre humanoïde émergea finalement entre les arbres, dément et enragé, il se jeta sur le pauvre bougre avec le même hurlement qui avait réveillé Markus. L’affrontement qui s’en suivit fût bref, se ponctuant d’un cri d’agonie suivie d’un craquement écœurant.

— D’accord. Mauvaise ambiance.

Ces abrutis avaient merdé. Totalement merdé. L’un d’eux était devenu un maudit et tout avait dû dégénérer, une histoire comme tant d’autres à l’extérieur des murs de Claircombe. Sauf que maintenant, lui aussi était dans une merde noire, les maudits allaient commencer à errer pour se ruer sur d’autres pauvres gars. Or il était un de ces pauvres gars. Comme pour confirmer sa chance, ce n’est pas un mais bien deux morts vivants qui se mirent à arpenter la forêt, Samuel s’était relevé rapidement en maudit. Markus avait le choix : Attendre ou agir. 
Même si son cœur penchait pour la deuxième option, il savait que cela pouvait prendre des jours avant que quelqu’un s’occupe des maudits or le chasseur n’avait pas de quoi tenir, perché dans son arbre.

Il avait encore un avantage, celui de la hauteur ainsi que l’effet de surprise, il pouvait se débarrasser de l’un des deux avant de devoir se battre. Soudain, il eut une idée qui pourrait lui éviter d’affronter un mort au corps à corps mais avant toute chose il devait en tuer un. Pour de bon.
Les deux maudits s’étaient séparés, l’un s’éloignait maintenant en traînant la patte tandis que l’autre semblait hagard, se déplaçant en arc de cercle non loin du lieu de l’attaque. Markus inspira et laissa tomber son sac au pied du chêne, le bruit réveilla celui en train de tourner en rond qui se rapprocha dangereusement, comme prévu. Il attendit le dernier moment, descendant une branche puis deux alors que le mort continuait de s’approcher de l’origine du bruit. Quand il fut juste en-dessous, Markus se jeta sur lui, lance en avant, toujours accroché à sa corde.

Le choc lui coupa le souffle, la corde qu’il avait enroulée autour de sa taille manqua de lui briser une côte en le retenant. Néanmoins sa lance, elle, avait traversé la tête du pauvre Samuel comme un fruit trop mûr, il s’effondra sur le sol, le corps secoué de soubresauts.
Le chasseur n’avait pas le temps de se féliciter, l’autre maudit devait déjà être sur lui alors qu’il était encore retenu par sa corde à un bon mètre du sol.  Dommage pour le matériel, il coupa son filet de sécurité avec son couteau de chasse et se réceptionna sur le sol, récupérant sa lance avant de détaler. Des branches lui fouettaient le visage, laissant de fin sillons sanglants sur ses joues mais Markus ne réfléchissait pas, la peur lui donnait des ailes car le maudit derrière lui n’avait que faire de la fatigue, gagnant du terrain lentement mais sûrement. Il percuta un tronc avec son épaule pour changer de direction non sans un grognement de douleur, la pénombre ne l’aidait pas, heureusement le trappeur avait assez d’expérience en forêt pour réussir à amener le maudit où il le voulait.

Là. C’était là. Le mort n’était plus qu’à quelques pas derrière alors que lui commençait à fatiguer, ses jambes en feu menaçaient de céder sous l’effort. Pourtant, il leur en demanda un dernier en se jetant en avant pour couvrir ce qui restait de distance. Markus se réceptionna tête première dans la terre tandis que le mort se ruait sur lui, du moins avant qu’il ne marche dans le piège du chasseur. Le pied du maudit déclencha le mécanisme, libérant un lourd rocher en équilibre relié à une corde, cette même corde qui s’enroula autour de sa jambe grâce au nœud coulant qu’il avait. La cheville du mort céda sous la pression et la puissance du contre-poids envoya valdinguer le corps contre le tronc dans un bruit sourd. Bien sûr, le maudit n’en avait que faire de la douleur et de ses os brisés, tendant ses bras vainement vers Markus en se balançant lamentablement avec son bassin écrasé. Le chasseur ne lui laissa pas le temps de réussir, armé de sa lourde lance, il le transperça de plusieurs coups rageurs jusqu’à que la tête du mort vivant ne soit plus qu’une masse informe et sanguinolente.

Markus se laissa tomber sur le cul en tâchant de se calmer et de reprendre son souffle, ses poumons le brûlaient tout comme chacun de ses muscles, il secoua la tête alors qu’il commençait à voir des chandelles danser devant ses yeux. Markus avait tout donné et en plus d’avoir tué deux maudits, il avait testé son piège ce qui lui arracha un rire nerveux tandis qu’il essuyait son visage terreux. Il resta un moment assis à se calmer, oubliant complètement qu’il était au milieu d’une forêt plongée dans la pénombre et qu’il n’avait croisé que deux chasseurs sur trois.
Il ne se douta même pas qu’on puisse l’observer.
Nyxie
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Mar 23 Fév - 22:06


Il fallait bien l’avouer, perchée en hauteur, Phoenyx avait été déçue par la tournure des événements. Peut-être que les chasseurs shogs étaient trop bien nourris de nos jours, ou peut-être qu’ils ne courraient pas assez après leurs proies. Quoiqu’il en fut, le chien qu’elle avait lâché n’avait pas été aussi violent qu’elle l’avait espéré, et sa victime, pas assez réactive, ni combative pour que le spectacle soit divertissant. Cette exécution minable lui avait laissé un goût de déception. Pire, le gros lard, non-content d’avoir présenté une piètre performance quant à sa capacité à survivre, ne semblait pas décidé à se relever.

— Allez, saleté, relève-toi ! râla-t-elle en jetant une pomme de pin sur la tronche du macchabée, mais rien, aucune réaction. Il n’y avait rien à tirer de cet incapable au final, même mort, il aura été futile jusqu’au bout. Le premier maudit restait le plus prometteur. Il avait failli se jeter sur le projectile quand il l’avait vu rebondir, s’était agité sur lui-même cherchant une âme humaine puis se mit à errer toujours aux aguets. Soudain, il perçut un déplacement suspect et se mit à courir après sa nouvelle proie pour lui arracher son dernier souffle. Nyxie allait tout louper, à attendre que l’autre s’active la couenne. Debout en équilibre, elle longea la branche jusqu’à ce qu’elle puisse atteindre un autre arbre, puis un autre, toujours guidée par les bruits de la traque mortelle. Enfin, elle arriva juste à temps pour voir l’archer se faire mettre en pièces. Cette chasse perdait vraiment tout son intérêt.  Au moins, elle avait puni les braconniers, maigre pitance pour ses envies vengeresses. Dans son expiration, les râles d’agonies du profane étaient une mélodie qui louaient la Tridéité.

C’était terminé. Ma foi, s’il n’y avait plus moyen de s’amuser en plaisant aux dieux, tant pis pour elle. Elle allait descendre pour les achever quand elle entendit quelques mots non loin d’elle. Elle s’immobilisa, scrutant à travers les branchages pour repérer l’homme encore en vie. Le pleutre n’avait même pas cherché à aider son semblable, il n’avait songé qu’à sauver sa peau. L’envie de rejoindre son arbre pour le pousser à son funeste destin la prit. Pourtant, elle ne bougea pas, curieuse de voir comment il se sortirait lui-même de ce pétrin. Déjà, elle l’imaginait persuadé d’être sain et sauf, après avoir éliminé les deux chiens. Alors, et seulement alors, elle descendrait pour rendre son âme corrompue au Grand Vide. Un sourire émerveillé s’étira sur les lèvres de la nomade. Il fallait le dire, elle fut agréablement surprise des efforts du dernier Shog dans sa tentative d’éliminer les maudits qui menaçaient sa vie. Il attira l’attention de l’un en laissant choir son sac, et lorsque sa cible fut juste en dessous de sa position, à son tour, il se laissa tomber pour l’éliminer de sa lance. Propre. Mais désormais, il était à la merci de l’autre mort-debout comme un verre au bout d’une canne à pêche. Il se tortilla un instant avant de couper le lien qui le retenait et entama sa course effrénée pour sa vie, le dernier enragé sur ses talons. Pour le garder dans son champ de vision, Nyxie dut changer d’arbre plusieurs fois, en équilibre, elle peinait à suivre le rythme en hauteur. L’homme ne courrait pas à l’aveuglette, il semblait se diriger vers un endroit en particulier. Voilà qui devenait intéressant, de quoi piquer l’intérêt de la nomade.

Dans un geste désespéré, il se jeta à terre et voilà, c’était tout. Il avait bien couru mais il allait mourir quand même. Au dernier moment, le maudit se prit les pieds dans quelque chose qui déclencha une série d’actions qu’elle ne comprit pas tout à fait. La finalité par contre, elle la vit : le mort-debout s’éleva dans les airs, retenu à la cheville par une corde, devenu absolument inoffensif, tendant les bras comme un bambin pour attraper une sucrerie. Tout ce qu’il récolta, ce fut des coups de lance rageurs qui tombèrent encore après que la cervelle fut dispersée un peu de partout. L’homme tomba assis pour reprendre se remettre de sa frénésie et reprendre son souffle. Il éclata d’un rire hystérique, vainqueur contre toute attente. Enfin, c’est ce qu’il pensait.

Sur sa branche, Phoenyx resta interdite, incapable d’analyser le mécanisme qui avait provoqué cette issue inattendue. Rapidement, elle se ressaisit : ce Shog ne devait pas lui échapper. Lance toujours en main, elle se déplaça habilement afin de tomber juste derrière lui. Ironique de penser que la technique de surprise qu’il avait utilisée plus tôt était empruntée par un ennemi contre-lui. Pressentiment ou réflexe exagéré, il fit un mouvement avec le bras qui tenait sa lance, et aussitôt, la furie planta le bout de sa lance dans son bras directeur, et le retira aussi sec en écartant l’autre arme. La stupeur couplée à la douleur, le Shog ne put retenir un cri qui donna leur exacte position à Bout-de-Couenne. Le maudit, enfin réveiller se mit à trottiner dans leur direction. Elle aurait voulu interroger l’échoué tranquillement avant de laisser le mort-debout le bouffer. Mais voilà qu’il faisait tout foirer. De toute façon, tout foirait tout le temps à cause des autres. Du bout du pied, elle fit sauter la lance de l’étranger en l’air pour la rattraper. Doucement, elle laissa le blessé sur place, et sans tourner le dos, s’écarta de côté comme pour le laisser en pâture. Ils virent enfin émerger le dernier maudit et lorsqu’il aperçut l’homme au sol, son pas s’accéléra.  D’un jet puissant, elle lança son javelot, le mort-debout trébucha juste avant que le projectile ne l’atteigne. Voilà ce qui arrive quand on joue trop avec le Bras-du-Destin. Heureusement, il lui restait encore l’arme du chasseur. La distance qui les séparait du maudit se réduisait rapidement. Devait-elle prendre le risque de rater un autre lancer ou se mettre à portée de la créature ? Impossible de laisser le maudit détruire sa chance de comprendre l’étrange mécanisme, de plus, cette arme-ci était plus lourde que la sienne. Lorsqu’il arriva à deux mètres d’eux, elle bondit en avant et transperça le crâne de Bout-de-Couenne d’une tempe à l’autre.

— Shoggoth me met à l’épreuve, siffla-t-elle entre ses dents en retirant l’arme. Mais Anauroch me guide.

Lorsqu’elle se retourna vers le shog, il tentait de prendre la poudre d’escampette.

— Reviens ! Ordonna-t-elle.

Elle lâcha la lance et sortit son couteau avant de se jeter sur le blessé pour l’empêcher de fuir. D’un croche-patte bien placé, il la fit s’étaler sur le flan et rouler sur le dos. Aussitôt, la pointe d’une lame piqua le cou de la nomade alors qu’elle-même maintenait appuyait la sienne sur la jugulaire du Sang-Maudit.

— Si tu me tues, mes sentinelles t’achèveront, avertit-elle avec un sourire narquois. La mort ne fait peur qu’aux âmes maudites !

Elle n'avait aucun doute sur le fait que l'homme allait mourir, et ce même si elle ne parvenait pas à lui infliger une coupure mortelle. Il était dans la forêt, seul et blessé, non loin d'un camp nomade. L'aube pointait et rougissait les éclats de ciels visible entre les arbres. Tic-tac.

Markus Falsom
Markus Falsom
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Dim 7 Mar - 23:10
C’était vraiment une journée de merde. Comme si la Providence elle même avait décidé que ce jour là serait une journée remplie d’obstacles. Son vieux père avait l’habitude de dire que sans épreuves, on ne pouvait rien apprendre de la vie. Néanmoins, entre les maudits et une furie dans la même soirée, la Providence pouvait aller se faire foutre avec ses tests de foi à la con. Ils avaient pourtant réussi son pari en manquant de se faire boulotter par deux camarades de chasse revenu d’entre les morts. Tout ça pour mieux tomber sur une femme qui n’avait rien trouvé de mieux que de lui planter une lance dans le bras. Rien que ça.

Un autre maudit s’était pourtant ramené après que sa chair transpercée lui ait arraché un cri, l’attitude de la femme, une nomade au vu de son accoutrement était clairement ambiguë vis à vis des morts vivants. Comme un sport de compétition ou même pire, elle semblait s’amuser avec eux tout comme avec sa propre vie. Lui qui pensait qu’ils allaient trouver un terrain d’entente pour s’occuper du maudit son espoir fut bien vite déçu quand elle s’empara de sa précieuse lance en s’éloignant de lui. Connasse. 

Déjà, le gros chasseur fonçait sur lui mais refusant l’inéluctable Markus trouva la force de se relever en tenant son bras blessé contre lui pour courir. Il avait réfléchi à toute vitesse et sa seule chance était de courir pour se donner le temps d’attraper son couteau ou avec de la chance que le maudit change de cible. Il se retourna un bref instant pour voir la nomade lancer son javelot sur le mort vivant et rater, le trappeur sentit l’espoir renaître tout en continuant de gagner de la distance. La voix ferme de la furie raisonna à nouveau, comme un fouet qui claque pour lui ordonner de s’arrêter.

— C’est ça ! Cours toujours ma grande !

Les nomades étaient vraiment une belle bande de cinglés, il en toucherait deux mots à Xan’ti s’il s’en sortait, une chose qui était loin d’être sûr car il entendit un pas de course se rapprocher rapidement. Trop rapidement pour le distancer, Markus lui avait dit de courir et elle avait suivi son conseil. Il regrettait vraiment de ne pas pouvoir simplement la fermer. Le chasseur sentît qu’elle l’avait rattrapé quand ses pieds se dérobèrent du sol et qu’il s’étala pour la seconde fois sauf que cette fois il sentit le corps de la nomade s’enrouler autour de lui. Ils se retrouvèrent face à face avec la lame de l’autre sur la gorge dans un duel de regard assassins. Elle le provoqua sans vergogne, l’incitant à lui trancher la gorge car elle n’avait pas peur de la mort. Il lui retourna un regard plein d’incompréhension : C’était toujours la même chose avec les nomades, toujours la mort ici ou là pour tout et n’importe quoi. Des tarés.

— Qu’est ce que j’en ai à foutre de tes sentinelles ?! C’est quoi ton problème à essayer de me tuer alors que je débarrasse l’endroit des maudits !

Markus lui aurait bien craché à la figure mais il se serait sans doute reçu une partie de son propre glaviot sur le coin de bouche. Il était dans une merde noire, même s’il arrivait à se débarrasser de la nomade par un miracle de la Providence, sa perte de sang allait sans doute lui coûter la vie. Son bras lui faisait atrocement mal, bloqué contre son corps sous le poids de cette furie, la douleur lui arrachait des grognements sourds qu’il soufflait au visage de la nomade.

— Je ne veux rien de toi ! Laisse moi partir ! Je ne sais même pas ce que t’on fait ces chasseurs mais je n’étais pas avec eux ! J’étais là par has...

Le chasseur ne termina pas sa phrase car visiblement la patience de son adversaire était arrivée à son terme. Profitant de sa position à califourchon sur lui, elle lui envoya son coude libre dans sa blessure ce qui arracha un hurlement de douleur au chasseur. Il en avait fermé les yeux mais surtout il avait relâché sa pression sur la gorge de cette furie qui se débarrassa rapidement du long couteau de chasse. Il était complètement à la merci de son agresseur, Markus Falsom allait crever à cause de son impatience et de son égo, il regretta d’avoir choisi de tuer les maudits plutôt que d’attendre une ouverture pour fuir. Markus avait envie de supplier la femme, de lui offrir tout ce qu’elle voulait pour qu’elle lui laisse la vie sauve...Il trouva juste assez de courage pour serrer les dents et retenir des larmes.

Coup du destin ou étrange coïncidence, elle semblait ne pas en avoir terminé avec lui pour le moment car elle se redressa lentement tout en récupérant son couteau, le désarmant pour de bon.

— Si tu bouges sans mon autorisation, Sang-Maudit, je t’éviscère comme une petite biche.

Elle le regarda avec cet air mauvais et narquois à la fois mais Markus, bien que réellement apeuré ne put retenir un sourire en hochant la tête. La joie nerveuse d’avoir échappé à la mort ou le fait que dans leur échauffourée, la nomade avait finit complètement débraillée laissant visible une partie de sa poitrine. Évidemment, elle remarqua son sourire ou son regard peut-être les deux, elle ne chercha pas à se couvrir de suite préférant lui envoyer un son pied dans la figure. Le chasseur ne l’avait pas vu venir, se retrouvant à nouveau étalé sur le sol avec un goût métallique dans la bouche. La Providence ne mettait que des femmes de caractère sur son chemin comme pour le faire payer de quelque chose...Peut être cette fois où il avait tiré les nattes de Sophie dans sa jeunesse...La nomade ne le laissa pas divaguer longtemps, l’attrapant par le col pour rapprocher son visage du sien avec un sourire carnassier.

— Tu as une chance. Une unique chance de t’en sortir, Shog pleurnicheur. Je veux savoir. Je veux comprendre ce que tu as fait au deuxième maudit. Parle et peut-être que je te laisserai rentrer chez toi...

Markus soutint son regard faisant de son mieux pour garder son calme alors que son bras malmené continuait de le faire souffrir, il essayait de garder les idées claires pour éviter de froisser sa nouvelle amie implacable.

— Le deuxième mo...Oh. C’est...C’est un piège de ma confection ! Un truc que j’ai bricolé dans mon atelier...Ce n’était pas pour l’homme à la base. Plutôt des animaux moyens...Comme... Comme une biche. Aide moi à me relever et je te montrerais...

Un coup de main Providence...Même un coup de pouce je prend. La furie le regarda longuement puis s’écarta sans rien dire tout en le fixant, d’un mouvement de tête, elle lui indiqua le piège. Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres de Markus, il se remit sur ses deux jambes avec difficulté, tenant toujours son bras contre lui. Elle marchait derrière lui sans jamais le quitter du regard, ne prenant qu’une fois de l’avance pour ramasser sa lance de chasse qu’elle avait abandonné pour le rattraper.

Le maudit était toujours suspendu par sa cheville comme la carcasse d’un animal qui attendait d’être débité, Markus eu un haut le cœur en apercevant son œuvre : Le visage troué du chasseur qui n’avait plus rien d’humain si ce n’est un œil qui pendant d’une orbite défoncée. L’adrénaline disparue, le chasseur n’avait pas l’habitude de tuer d’autres humains contrairement à la nomade qui regardait le corps avec indifférence, plutôt intéressé par la corde tendue qui retenait le cadavre.

— Sinon, je m’appelle Markus.

— Je m’en fiche.

Il souffla longuement, décidément l’ambiance ce soir. Puis sous le regard curieux de la nomade, il commença à lui expliquer les nœuds, les contrepoids, le déclencheur...S’il ne s’évanouissait pas avant, une fois que son bras ait fini de le vider de son sang complètement.
Nyxie
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Dim 14 Mar - 20:31

Sang-Maudits. Vivants ou morts, ils étaient aveugles au sens de la vie. C’était compréhensible : leur essence-même sentait qu’elle n’avait plus lieu d’être, ni nulle part où aller pour s’éveiller. La confusion marquait les traits de celui qui avait eu le malheur de croiser le chemin de la nomade, il émanait de lui une détresse qui faisait briller ses prunelles de biche. Si la miséricorde n’était pas le pire opprobre à ses yeux, Phoenyx aurait pu avoir de la pitié pour cet être dont l’âme serait condamnée à rester enfermée dans cette cage qu’était son corps scellée par la malédiction. Epargner par pitié, c’était prolonger le tourment d’un faible avec la simple excuse que l’on était trop lâche pour lui administrer une mort propre et honorable de la main d’un serviteur de la Tridéité.

Ainsi, comme elle s’y attendait, il s’avoua à sa merci, se dissocia des braconniers pour sauver sa peau. En ce sens, il répondait à une interrogation qui l'avait effleurée bien plus tôt, lorsqu’il n’était pas intervenu pour aider son semblable. Cela ne changeait pas grand-chose à la situation : elle pouvait toujours le tuer pour braconnage de Mustel Rouge, personne n’y trouverait rien à redire. Il n’était pas en position de discuter ses options, et elle le lui fit comprendre en se servant de sa blessure pour prendre le dessus. Après l’avoir averti de ce qui l’attendait la prochaine fois qu’il essayait quelque chose de stupide, et après lui avoir remis ses yeux lubriques d’aplomb dans leurs orbites, elle exigea des explications détaillées sur le piège. Lance à la main, elle le fit marcher devant, l’histoire de le garder dans son champ de vision. Le malaise qu’il éprouva à la vue du crâne, ou plutôt la bouillie qui en restait, intrigua la jeune femme, sans la rendre plus aimable.

L’empressement qu’elle manifestait à comprendre le fonctionnement du piège avait quelque chose d’urgent, comme si le temps jouait contre elle. Le système s’avérait plutôt ingénieux, mais plus surprenant était que son créateur soit cet homme devant elle. Au bout d’un moment, les explications s’entrecoupèrent d’hésitations, comme s’il avait du mal à trouver ses mots. La blessure était-elle plus grave qu’elle ne le pensait ? La brune fronça les sourcils à l’idée que son jugement pouvait la trahir, puis elle leva ses yeux noisette au ciel, agacée. Un peu moins violemment que jusqu’ici, elle empoigna le bras sain de son prisonnier pour l’aider.

— Assieds-toi, petite nature.

Le prénommé Markus n’était de toute façon pas en état pour protester. Il se contenta d’obtempérer sans cacher sa réticence à un nouveau contact avec la sauvage. Accroupie à côté de lui, cette dernière tira un peu sur le cuir tranché net pour essayer de voir la blessure. Les épaisseurs collées par le sang l’empêchaient de constater la gravité de la plaie, et ce qu’elle vit ne la satisfit pas. Des blessures, elle en avait vu, et des bien pires. Guérir les blessés, c’était son rôle au sein de la tribu. Le Shog était un peu pâle, mais il n’avait pas perdu une si grande quantité de sang que ça, quelque chose clochait. Déposant la lance au sol, elle soupira.

— Tu fais toute une comédie alors que je n’ai même pas tranché l’artère… fit-elle avec une pointe de regret en constatant que son coup n’avait pas touché le point espéré.

— Pourquoi j’ai l’impression que c’est une mauvaise nouvelle…

C’est qu’elle n’était pas aussi bonne en anatomie qu’elle le pensait. Mais voilà une opportunité d’y remédier. Le chasseur portait une veste en cuir ouverte sur une chemise passablement sale après leurs roulés-boulés dans la terre humide. Aussi affaibli qu’il pouvait le paraître, il eut un mouvement de recul encore vif lorsqu’elle voulut déboutonner son col.

— Je peux attendre que tu t’évanouisses, si tu préfères, je peux même t’y aider. , proposa-t-elle avec toute la jovialité dont elle était capable. Qui l’eût cru, la plaisanterie n’était pas au goût de la victime, pas vraiment rassurée sur de cette nouvelle attention qu’elle recevait. La nomade retira les vêtements jusqu’à laisser l’homme torse-nu. Les sédentaires avaient parfois de mauvaises habitudes de vie, mais celui-là ne s’était pas laissé engraisser comme le bétail avant l’abattage. Ce n’était pas si étonnant, au vu des acrobaties dont il était capable. A sa taille, la peau rougie témoignait encore de l’exploit à l’endroit où la corde avait retenu son corps tout entier, laissant ses muscles abdominaux encaisser le choc avant que les os ne le fassent. Mais tout ça aurait été bien trop risqué s’il n’avait pas pris la peine d’attendre le bon moment pour séparer ses cibles en se délestant de son bien. Du menton, elle indiqua à brûlure causée par la chute de l’arbre.

— Ton arme à toi, c’est ta tête. J’ai vu, accusa-t-elle en se rapprochant dangereusement du visage de son interlocuteur, le menton et le cou encore grimé du sang de sa première victime. Son regard impitoyable se planta dans celui de son interlocuteur.

— C’est pour ça que j’hésiterai pas à te tuer : tu es dangereux, murmura-t-elle, satisfaite. A croire que la capacité d’un homme à la prédation pouvait le rendre digne d’intérêt. C’est pour ça aussi, que je te laisserai peut-être vivre. Ca, et parce que tu ne chasses pas le Mustel Rouge.

Reportant son attention sur la blessure qu’elle lui avait asséné au bras, elle vit qu’elle avait loupé le point vital d’un ou deux centimètres et la lame avait tranché dans le muscle. Douloureux, mais loin d’être mortel.

— Tu ne perds pas tant de sang que ça, pourquoi t’es si pâle ? Vous les Shogs, vous… elle s’interrompit en remarquant avec quelle application il s’empêchait de regarder le corps étêté qui oscillait toujours au bout de sa corde derrière elle. Attends, c'est ça ? Vraiment ? Un chasseur qui a peur de la viande froide ? s’exclama-t-elle d’un air incrédule. C’en était trop pour le chasseur qui ne prit pas de gants pour dire tout ce qu’il pensait des indigènes et de leur insensibilité :

— Vous êtes vraiment barges, vous les nomades ! Je suis chasseur pas soldat, c'est pas mon délire de buter mes semblables pour le plaisir ! Bientôt tu vas me dire que tu dévores le cœur de tes victimes !

D’abord étonnée de la vive réaction, elle l’observa avec des grands yeux avant d’éclater d’un rire amusé. Etait-ce cet élan réprobateur, ou cette sensibilité particulière qui provoqua cette réaction. Dans tous les cas, elle se contenta de lécher sa lèvre inférieure pour humecter le dépôt carmin qui les rougissait avec un délice malsain. Elle se garda bien d’infirmer les suspicions de cannibalisme qu’elle lui inspirait.

— Pas mon coeur hein…

— Tâche de fermer la bouche, car à l’avoir au bord des lèvres c’est quémander à ce qu’on te le prenne, susurra-t-elle lui prenant sa main gauche pour qu’il maintienne la pression sur son bras.

— Bon, il va falloir bander, Markus. Non, garde ton pantalon pour l’instant, même si tu t'y sens à l'étroit... fit-elle satisfaite  de ce qu'elle voyait, car s'il est bien une chose sur laquelle aucun homme ne peut mentir, c'est sur ses réactions physiologiques. Et garde la main là-dessus. Je vais chercher ton sac. Un homme intelligent comme toi doit sûrement avoir ce qu'il faut dedans, pas vrai ?

— Heu… O-oui.. ?

— Bien ! conclut-elle en s’armant de la lance avant de se redresser. Au bout de quelques pas en direction de l’arbre où il avait abandonné son sac, elle se retourna pour le prévenir. Ah, si tu entends siffler, surtout ne fais pas de bruit. Sinon, il n’y aura plus rien à bander...  Tu sais... mes sentinelles… dont tu n’as rien à foutre... rappela-t-elle avec un sourire en coin en s’éloignant. Oh, bien sûr, il y avait toujours cette possibilité que le Shog tente de prendre la fuite, mais elle était assez confiante quant à ce qui en résulterait aussi.

Markus Falsom
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Sam 24 Juil - 3:29
Il avait l’air fin le grand chasseur de Claircombe, assis par terre en se tenant un bras qui pissait le sang tandis que son seul compagnon était un cadavre au crâne défoncé et suspendu par les pieds. Pourtant, quand il y réfléchissait ce n’était pas plus mal car il n’était pas avec l’autre cinglée assoiffée de sang avide de manger son cœur. Markus ne réprima pas un grognement en imaginant la scène avant de chasser ces sales idées de sa tête, ce n’était pas le moment de tourner de l’œil. Il se viderait de son sang si personne ne compressait sa plaie et finirait comme son compagnon d’infortune : Un mort qui chasse les vivants. La pensée de traquer la nomade sanguinaire le réconforta un bref instant mais vu ses talents, vivant, mort ou même mort vivant, Markus n’arrivait pas à la cheville de la chamane.

Les combats, cela n’avait jamais été le truc de Markus, laissant cet aspect aux Utgardiens de son groupe même s’il ne tournait jamais le dos à une rixe de taverne. Mettre un pain à quelqu’un, cela restait une sorte de conversation sociale un peu mouvementée mais essayer de le tuer, tout de suite on annonçait la couleur sans marge d’erreur sur la finalité. En bon prêtre Ascanien, son père d’adoption lui avait enseigné à respecter la vie humaine et Markus avait n’y avait toujours pas dérogé. Cervelle Dégoulinante pourrait penser le contraire mais il était déjà mort avant que Markus ne lui règle son compte définitivement. Néanmoins, si la nomade changeait d’avis, le chasseur devrait sans doute enfreindre cette règle pour avoir une chance de s’en sortir vivant. Elle n’avait pas l’air du genre à laisser les choses au hasard, faut dire que quand on se peinture la gueule avec du sang on donne le ton sur ses intentions. Et son hygiène aussi. Non mais vraiment, c’est bien un truc que les Utgardiens feraient ça aussi, des marques ou des dessins sur la peau avec le sang d’un autre. D’accord ça donne un air féroce mais on oublie bien vite que le sang ça sèche, ça colle et surtout ça pue, Markus en savait quelque chose à dépiauter des carcasses d’animaux à longueur de journée.

L’Ascanien imaginait sans mal Uraïa avec un tatouage de sang sur le visage hurlant à la lune à moitié nue en brandissant une hache de guerre. Sans doute pour se jeter sur cette nomade qui avait touché à son ami, la guerrière ne laissait pas passer ce genre de chose même si elle trouverait une rivale tout à fait potable. Les deux avaient l’air de Félons quand elles se battaient et une part de lui avait honteusement envie de savoir qui sortirait vainqueur de cette joute là. Markus se frotta les yeux avec un air fatigué, son esprit lui jouait des tours et la perte de sang n’arrangeait rien. Il réprima la scène qui se passait dans sa tête pour en revenir à un duel entre les deux au sens littéral. La nomade, si on oubliait son air de folle et ses plumes dans les cheveux, avait son charme et il avait eu une belle vision de son charme après leur échauffourée. Il avait ensuite bien eu en vision son pied, Markus en avait toujours mal à la mâchoire d’ailleurs. Il passa sa langue sur ses dents, vérifiant que sa dentition n’en avait pas souffert. Il se mit à plaindre les nomades qui tenteraient leur chance pour apprivoiser la bête.

C’est dans un état d’esprit un peu vaseux qu’il se mit à réfléchir à un plan de secours si la nomade trouvait à redire sur le fait de le laisser en vie. Elle l’avait dépouillée de toutes ses lames mais pas de ses sacoches remplis de bric à brac pour construire, tendre et amorcer ses pièges. Markus n’avait pas de quoi refaire son dernier artifice mais il pouvait lui réserver une surprise ou deux. Le reste de chemise renforça son bandage de fortune pour qu’il puisse utiliser son bras intact mais cela ne l’empêcha pas de pester sur la difficulté de faire du bricolage avec une seule main. Après plusieurs essais infructueux, Markus réussi à se faire un semblant d’arme en réutilisant un peu de corde son piège et quelques pierres plates ramassées ici et là, l’homme s’était fabriqué un drôle de fléau archaïque. L’arme se briserait sans doute au premier coup mais cela restait mieux que rien et après avoir assuré ses noeuds, il s’empressa de la dissimuler dans le décor.

La douleur de son bras devenait de plus en plus piquante, il en venait même à vouloir desserrer son bandages de fortune mais Markus ne voulait prendre aucun risque avec la perte de sang. La nomade ne devrait plus tarder de toute façon, son point de chute n’était pas bien loin et elle se déplaçait dans la forêt comme une biche. Le chasseur se résigna à serrer les dents et fut finalement récompensé quand il vit la silhouette de la nomade se dessiner entre deux feuillages.

— Tout de même !

Il en avait presque oublié que sa vie était entre les mains d’une cinglée mais le stress de la situation avait quelque peu pris le dessus.

— Tu l’as trouvé ?
Nyxie
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Lun 20 Sep - 23:47
Revenant sur ses pas, la nomade n’eut aucun mal à retrouver le sac du Shog au pied de l’arbre qui lui avait servi de perchoir. En passant, elle se saisit également du javelot du chasseur. Avec indifférence, elle nota que le cadavre du relevé était toujours là. Ce sang-maudit de Markus n’était pas un idiot, alors comment s’était-il si mal entouré ? Quel potentiel gaspillé que de le retrouver dans les descendants les plus primitifs d’Avalone, ces hommes sans foi, sans passé et sans avenir. D’aucun penserait que les exterminer aurait été un geste de miséricorde, pour leur éviter une vie de souffrance dans l’ignorance de la vanité de leur espèce. Ils avaient beau se multiplier, eux, et leurs descendants n’échapperaient jamais à la malédiction de Vaarkarsh. Jamais leurs âmes ne se réincarneraient, jamais elles ne s’éveilleraient.

Un rai de lumière perça à travers les branchages. Le matin était là, la tribu devait s’être réveillée. Elle n’aurait pas été surprise de voir des sentinelles l’observer dans les hauteurs à son insu. Ses sourcils se froncèrent. Il aurait été fort dommage qu’après tout ça, le Shog soit achevé par une autre lame que la sienne. Mais non, le bon Markus n’avait pas bougé d’un pouce, il s’impatientait même.

— Evidemment, fit-elle avec dédain. Comment aurait-elle pu ne pas le retrouver ? D’un mouvement sec, elle enfonça les deux lances dans la terre, et fouilla dans les affaires du Shog. Elle renversa l’intégralité du contenu du sac en cuir sur la couverture qu’elle venait d’étaler au sol. La sacoche vomit à l’air libre un tas de bric-à-brac. Parmi tous ces objets, Phoenix isola ceux qui lui seraient utiles pour refermer la plaie et la panser. Elle versa un peu d’eau de sa gourde sur ses mains. Ses yeux verts se relevèrent vers le Sang-maudit qui avait l’air de perdre pied.

— Tourne pas de l’oeil, hein. Elle détacha une des bourses qui tenait à sa ceinture pour en sortir une espèce de résine noire et sèche qu’elle lui tendit. Hé... Tu mâches ça, compris ?
— Qu’est-ce que c’est ?
— C’est pas bon, mais ça va te requinquer, répondit-elle simplement. Il pouvait être aussi suspicieux qu’il le voulait, la méfiance était un luxe qu’il ne pourrait pas se permettre longtemps, vu la teinte de son visage. Ou peut-être que cette pâleur était naturelle ? Ses yeux se plissèrent alors qu’elle n’avait toujours pas tranché la question. Toutefois, elle ne fit pas de commentaire : de toute façon, si les Vaar Orée le trouvaient ici, il allait crever. On lui avait toujours appris à ne pas s’attacher aux lapereaux parce qu’ils termineraient en terrine. Et s’il y a bien une chose que Nyxie appréciait, c’était le bon goût de la terrine. Elle imaginait deux longues oreilles à l’affût du moindre de ses gestes en passant le fil dans le chas de l’aiguille. Des oreilles de lapin, des prunelles de biche, elle eut un petit rire.

— C’est drôle quand même… De devenir chasseur avec des yeux de proie comme les tiens. Dans une tribu, on t’aurait jamais forcé à devenir chasseur. Ils ont mal choisi ton rôle.

La résine, c'était dégueulasse mais il ne fallait pas contrarier la nomade, c'est donc avec un demi sourire qu'il écouta la sauvage en hochant la tête avant de s'offusquer.

— J'ai choisi moi même et je suis un bon chasseur. Pas besoin d'être une sanguinaire pour être doué dans la traque. Par contre, je fais les meilleurs terrine de sanglier de Claircombe...Doucement avec l'aiguille.

Il était étrange qu'il mentionne ses talents pour la mise en pâté, comme s'il avait entendu ses pensées et décidé d'y faire échos. Curieux, mais pas étonnant pour qui entendait régulièrement des voix, mais elle ne s’en inquiéta pas outre mesure. N’était-elle pas l’une de ceux qui entendait constamment des voix qui ne lui appartenaient pas ?

— On a pas idée de choisir si mal... Et de s'entourer si mal, commenta-t-elle l’aiguille toujours à la main, mais pas encore en action. Recoudre sans avoir préalablement désinfecté était la pire des méthodes. Avec un feu ou un extrait de plantes, elle aurait pu nettoyer la plaie, mais elle n'avait pas le temps pour l'un et pas les plantes pour l'autre. L’homme secoua la tête, comme pour la rectifier : il ne tenait vraiment pas à être associé aux individus qui avait suscité la colère de la nomade.

— Ce n'était pas mes camarades de chasses. Je suis parti chasser seul pour tester mon pièges. répéta Markus en donnant un coup de menton vers son entrelacs de cordes, piège qu'il venait de lui expliquer avant qu'elle ne daigne s'occuper de son bras.

— Et toi ? Tu faisais quoi dans le coin...J'imagine que tu as d'autres activités que de chasser les chasseurs...Non ?

Au final, il en était même pas sûr, il ne connaissait pas assez les nomades. Il se jura de demander un cours à Xan'ti s'il sortait vivant.

— Je suis guérisseuse. Un jour, je serai chamane, déclara-t-elle en avisant les fioles qui était tombées du sac.

— C'est quoi ces flacons.

Suivant du regard ce qu’elle désignait, il jugea bon de ne pas mentir sur la question.

— Ce sont mes flacons d'urines des grosses bêtes du coin, pour effrayer les petits prédateurs quand je campe au sol…  

Une méthode rustique mais qui avait fait ses preuves. La nomade partit d’un grand rire. Voilà quelque chose auquel elle ne s’attendait pas. En voyant la trogne du sang-maudit, pas sûr de si elle faisait une crise d’hystérie ou s’il était finalement tombé sur une vrai psychopathe instable, elle finit par se reprendre et expliquer en versant de l’eau sur la plaie pour la rincer au mieux avant de planter l’aiguille. Sa main gauche maintint fermement le bras pour forcer le muscle à se rassembler.

— Et dire que j’ai failli ne pas demander, et me servir directement pour renifler leur potentiel désinfectant.

Le chasseur se mit finalement à rire a son tour en s’imaginant la scène.

— Tu m’aurais sans doute maud…Enfin déjà un peu plus que je ne le suis déjà à tes yeux.

— La malédiction n'est pas un point de vue,fit-elle avec un air grave. Vous autres, Shogs, vous avez profané les terres de Vaarkarsh, vous l'avez chassé de ce monde. Vous vénérez de faux-dieux mais quand Vaarkarsh renaîtra de son Nid, alors vous subirez son jugement impitoyable, et vos faux-dieux ne sauveront aucune de vos âmes.

Markus écouta la tirade de son infirmière improvisée avant de répondre après avoir fait la grimace suite à un coup d’aiguille douloureux.

— Alors quand Varke… « Varkash » ? Bref. Votre dieu nous a déjà maudit, n’est ce pas une punition suffisante ? Nos morts ne trouvent plus la paix. Même le repos éternel nous est interdit pourquoi s’acharner pour les griefs de nos ancêtres ?

La main de la nomade se serra sur le bras du chasseur.

— De vos ancêtres ? Vous ne respectez pas le Trois-Nul-Car, vous ne croyez en rien !

Elle acheva ses points sans aucune délicatesse et s'écarta.

— Aïe aïe ! Doucement !

Le chasseur grommela en observant la couture avant d’entourer ce dernier d’un bandage rudimentaire en fouillant dans son sac. Il n’osa pas ajouter que le Trois-Nul-Car, ça ne voulait pas dire grand chose, cela aurait signé son arrêt de mort.

La question se posa alors : pourquoi avait-elle pensé qu'il était différent des chasseurs qu'elle avait délivré. Pourquoi même lui apportait-elle de l'aide, il était déjà mort, tout ceci n'avait pas de sens. Elle se releva.

— Tant que vous continuerez l'oeuvre de vos anciens, vous subirez le même sort funeste.

Elle attrapa son arme et la pointa en direction de la ville maudite. Puis, après un bref coup d'oeil dans les alentours, elle scruta les feuillages en hauteur, comme si elle cherchait quelque chose.

— Avance. Voyons si ton destin arrive plus tôt que prévu.
Markus Falsom
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Lun 25 Oct - 0:46
Le chasseur avait beau retourner la situation dans tous les sens, rien ne semblait lui offrir une issue favorable. Si ce n’est l’attaque d’une bête sauvage assez coriace pour occupé cette nomade amatrice de sang. Tenant son bras blessé contre lui, Markus continuait d’avancer non sans remarquer les regards de sa ravisseuse et il finit par lui demander.

—Tes sentinelles ?

Le regard de la sauvage répondit à cette question.
— Les miennes ou d'autres. Tiens. fit-elle à contrecœur.

Elle n'était pas très enthousiaste à l'idée de rendre son javelot au chasseur. Mais il était blessé, plutôt coopératif, et de toute façon, deux lances ne lui était d'aucune utilité. Au lieu de se diriger en ligne droite vers la ville fortifiée, Nyxie les forçaient à zigzaguer entre les arbres comme si elle contournait un territoire avant de reprendre sa route.

Markus n’était pas très rassuré par cette réponse encore moins quand elle lui rendit sa lance, signe qu’elle craignait plus ce qui les entourait que lui. Son égo attendrait, il se saisit du manche avec sa main valide et fit de son mieux pour suivre le rythme imposé par la nomade. Ce n’était pas chose aisée, elle semblait ne faire aucun mauvais pas ni de mauvais appuis, comme si elle faisait partie intégrante de cette forêt. Dans un sens, il l’admirait et jalousait même cette faculté qui ferait de lui un chasseur hors pair mais il n’avait pas le temps de rêvasser. Une flèche se planta entre les deux jambes de Markus, frôlant son entrejambe et il freina sous le coup de la surprise, se rétamant sur son postérieur. Il repéra des mouvements dans les bois et lança un regard alarmé à la nomade.

— C’est quoi encore ça ?!

— Ne bouge plus, avertit-elle les jambes fléchies, sur ses gardes.

Elle porta ses doigts à ses lèvres pour siffler. Aussitôt, un sentinelle perché en hauteur sauta en contre-bas pour les rejoindre. Après quelques instants, des bruissements l'accompagnèrent et six autres nomades sortirent de leur cachette. Pas une once de sympathie n'apparaissait sur ces visages, tous aussi graves que celui de la guérisseuse.

— Anauroch nous guide, salua le chef de chasse.
— Shoggoth mêle nos destins.
— Vaarkarsh reconnaît ses fidèles.

A ces derniers mots, les yeux de tous les nomades se posèrent sur Markus. L'hostilité qu'il leur inspiraient à tous était palpable.

— Que fais ce Sang-maudit en vie sur nos terres, Femme.
— Il est à moi.

Une moue méprisante tordit le visage de la sentinelle alors qu'il observait le Shog de haut en bas.

— C'est un avorton. Tu trouveras un meilleur Dû Matern...
— Il est à moi ! rugit-elle. Et par les Trois je vous préviens, je vous tue tous, si vous l'approchez. Son avertissement fut immédiatement suivit d'un mouvement de sa lance, redressée vers le chef de chasse. Loin de prendre la menace au sérieux, ce dernier sourit et s'adressa à elle comme à une enfant :

— Phoenyx le petit oiseau montre les dents, mais il n'en a pas. Tu attaquerais ton propre clan ?

Son ton doucereux, son manque de respect était une insulte non seulement à son genre, à sa personne mais surtout au rôle auquel aspirait. Jamais un homme n'aurait osé s'adresser ainsi à une Aînée, comme sa sœur Taelle, ou à une Chamane. Et elle serait Chamane. D'une manière ou d'une autre.

— Tu n'es qu'un mâle, tes opinions n'ont aucune valeur, et ton avis n'est pas sollicité , fit-elle avec mépris. Si tu ne sais pas rester à ta place, ça ne sera pas une grosse perte pour le clan.

— Tu n'es pas Aînée Nyxie. Tu ne seras jamais Chamane.  rappela-t-il en crachant au sol.

La rage la submergea telle une vague incontrôlable, Nyxie chargea l'homme.

Markus regarda, ahuri puis horrifié la scène qui se joua devant lui, qui pourtant n’aurait pas dû le surprendre vu le ton de la conversation. Il se sentait vraiment comme un lapin coincé par une bande de loup qui se grogne dessus pour avoir la meilleure part. Ses doigts blanchissent autour de la hampe en bois tant il serre son arme alors qu’il voit peu à peu ses chances diminuer. Il en aurait presque lâché un cri de désespoir quand sa seule alliée, enfin la moins menaçante à son égard, venait de subir un échec cuisant.

Elle avait foncé vers le chef de la bande qui l’avait attendu sur ses appuis, esquivant le coup de lance avec une agilité surprenante avant d’être saisir la hampe de ses deux mains pour tirer dessus. Évidemment, l’apprentie chamane n’avait pas laissé son arme, du moins elle n’avait pas vu la manœuvre derrière ce mouvement. Il avait réduit l’écart entre les deux pour mieux se porter au combat rapproché avec elle, rendant l’utilisation d’une lance impossible. Tandis que le nomade essayait de la maîtriser, il aboya sur les autres sentinelles qui se tournèrent vers Markus, dégainant leurs armes avec des sourires qui n’avaient rien de chaleureux.

L’Ascanien recula de quelques pas mais déjà les nomades l’encerclaient, il se retrouva bien vite dos à un arbre. Il pointait sa lance vers l’un puis le suivant, stoppant leur avancée mais pas celle des autres. Le pire c’est qu’ils s’amusaient avec lui,  avançant rapidement vers lui pour provoquer une réaction avant de reculer pour éviter un coup de lance.

La mort n’était plus très loin, Markus se surpris à lever les yeux au ciel dans l’espoir d’une intervention divine, implorant la Providence de lui venir en aide. Il ne voulait pas mourir, le chasseur n’avait même pas dit au revoir à Uraïa ni à aucun des siens, un instant il espéra que la rousse débarque entre deux buissons pour lui sauver une nouvelle fois la mise. C’est quand le trappeur redescendit les yeux sur ses agresseurs qu’il se rendit compte que la situation s’était figée et que tout le monde le regardait, le chasseur était tellement désespéré qu’il n’avait pas senti un mustel rouge prendre place sur crâne.

— Par les Trois, je jure que je vais te sacrifier ! s'écria Phoenyx alors qu'elle tirait vainement sur la lance enserrée par l'antagoniste.

Puis, soudainement, tout le monde s'était immobilisé et le silence qui planait était de ceux qui annonçait la présence d'un terrible prédateur qu'on ne peut ni affronter ni fuir. Très lentement, la guérisseuse se tourna vers Markus, encerclé par les sentinelles : au sommet de son crâne trônait un mustel rouge, celui-là même qui l'avait entraîné hors du campement.

Profitant de la diversion ainsi offerte, elle lâcha la lance et s'empara de son couteau qu'elle appuya sur la jugulaire de l'homme tout près d'elle et tira d'un coup sec.
— Vaarkarsh reconnaît ses fidèles ! rugit-elle en le jetant en avant alors qu'il portait les mains sa gorge pour tenter de retenir le sang. Tu couvres de hontes toutes les femmes de ton ascendance.
Elle se tourna vers un autre guerrier et pointa la lame de son couteau ensanglanté dans sa direction.
— Toi. Aide-le. Si la Tridéité est miséricordieuse, il vivra peut-être plus longtemps. Puis elle se tourna vers ceux qui encerclaient le Sang-Maudit. Ce Shog est à moi. Ecartez-vous.

Les nomades semblaient partagé entre l'incompréhension avec la sanguinaire qui venait tout simplement d'égorger leur chef, ce dernier poussait des gargouillement immondes alors que le sang maculait son torse. La peur pouvait aussi se lire dans leurs yeux, alternant entre le petit mammifère perché sur le crâne de Markus et la prophétesse de malheur qui venait de les apostropher. L'une des sentinelles se décida finalement à agir et se précipita vers son le nomade agonisant, tirant de ses sacs des bandages pour venir compresser la terrible blessure. Les autres n'avaient pas encore lâcher leurs armes, deux s'étaient tourner vers Nyxie mais cela ne les empêchait pas de jeter des coups d'œil au Mustel rouge tandis que Markus n'osait pas bouger, il avait bien compris que sa survie dépendait de son nouvel ami au poil brillant.

— Écoutez les gars...Je suis avec elle. Il désigna la sauvage du doigt, en hochant la tête d'un sérieux malgré lui. Comme un signal pour le Mustel celui bondit vers le premier nomade, griffes en avant sous le regard horrifié de Markus, voyant son sauf conduit s'envoler.
Héraut de Vaarkarsh, le Mustel se mit à bondir de tête en tête, les valeureux guerriers nomades, ne pouvant faire la peau à cet être sacré, ne purent que se protéger le visage comme de jeunes pucelles effrayées par une chauve-souris.
Saisissant l'opportunité qui s'offrait à elle, Nyxie abandonna définitivement sa lance pour se mettre à courir vers Markus. Elle attrapa le bras du Shog, et l'entraîna avec elle dans sa course effrénée entre les arbres. Un coup d’œil en arrière, l'inattention d'un instant, le pied de la jeune femme se pris dans une racine et l'envoya en vol plané alors qu'elle tenait fermement le pauvre Markus.

Le chasseur avait faillit frapper la nomade tant il était sur le qui vive avant de se laisser guider par cette main ferme. Tellement ferme que quand sa terrible compagne décide de s’envoler, il fait office d’ancre terrestre et les deux s’étalent lourdement sur le sol. Markus se retrouve à moitié avachi sur la nomade après s’être pris son coude dans le menton, lui donnant un sale goût métallique dans la bouche.

— Putain…Je croyais que les nomades étaient en harmonie avec la nature. Elle t’a fait un beau doigt la nature !

Heureusement pour lui, la chute n’avait pas réouvert ses points, évitant de finir vidé de son sang comme un goret a l’abattoir. Il prend appui sur le postérieur de la brune avec son bras valide pour se redresser et tendre ensuite la main à cette dernière.
Encore sonnée de sa chute, Nyxie se massa l'avant-bras gauche sur laquelle elle avait atterri. Ce n'était qu'une éraflure, mais cette matinée commençait à être beaucoup trop longue à son goût. Son irritabilité augmentait à mesure que la faim serrait son estomac. Elle n'avait rien avalé depuis la veille, et cette bouffée d'adrénaline aurait tôt fait de monter sa contrariété en irritabilité.

— J'aurais pas dû attaquer Ilias. songea-t-elle à voix haute en observant la main tendue du chasseur.

L'espace de quelques instant on aurait pu lire le remord sur son visage. Sur le moment pourtant, elle n'avait pas hésité une seconde à trancher la gorge d'un protecteur avec qui elle avait grandi, juste parce qu'il se mettait en travers de sa volonté.

— Il m'a manqué de respect. déclara-t-elle avec un ton définitif alors que son visage reprenait une composition autoritaire, plantant ses yeux verts dans ceux de celui qui lui offrait encore son aide.

Elle attrapa fermement son avant-bras pour mieux assurer sa prise et se remit sur pieds. L'homme avait, dans son malheur eut beaucoup trop de chance pour qu'il ne s'agisse là que d'une série de hasard. Les Dieux lui envoyait un signe qu'elle ne parvenait pas à interpréter. Si elle était sur sa route pour le ramener à la ville fortifiée, quel sens est-ce que ça avait ? Si il était là pour autre chose et qu'elle se contentait de le renvoyer, passerait-elle à côté de ce que la Trinité s'est donné bien du mal à lui montrer ? Voilà plusieurs seconde qu'elle le scrutait comme elle aurait pu observer une plante très exotique, incertaine de si elle était comestible ou toxique.

— Markus. acquiesça-t-elle finalement, comme si elle acceptait de coexister avec lui dans le même monde. Mes dieux te protègent, je ne comprends pas ce qu'ils veulent me dire.

Le chasseur avait eu une légère grimace en relevant la nomade à cause de sa blessure qui continuait de la lancer à la moindre contraction d’un muscle. Les nomades n’avaient pas l’air de les poursuivre, pour le moment du moins et maintenant il savait que leur chef s’appelait Ilias. Enfin, ça ne lui serait pas vraiment utile vu que le pauvre gars allait sans doute crever…Il avait voulu le tuer, donc c’était un juste retour de chose. Finalement, il croisa le regard de la brune et se surprit à la fixer lui aussi malgré le lieu passablement dangereux. La nomade avait quelque chose de mystique, c’était indéniable et même si elle y voyait un message de ses dieux, lui voyait un drôle messager de la Providence. Au moins, elle faisait des progrès sur son prénom.

— Sans vouloir jouer les prophètes mal placés, c’est sans doute pour te prévenir que j’ai encore le droit de vivre un peu.
Il ajouta avec un léger sourire narquois, signe que le chasseur relâchait un peu la pression après avoir failli se faire égorger comme un porc.
— Nomade dont je ne connais pas le nom.

la nomade acquiesça gravement lorsqu'il évoquait le répit dont il bénéficiait. S'il avait un rôle à jouer rester à savoir lequel… A sa dernière remarque, elle consentit à achever les présentations.
— Phoenyx.
Était-il utile de préciser de quelle tribu elle venait alors qu'elle-même ne s'y retrouvait plus, que chaque jour semblait l'éloigner un peu plus et que chaque soir elle redoutait de se réveiller la dague planté dans le cœur de sa mère chamane ou de sa sœur Aînée ? Parfois elle songeait à fuir, comme Baldhramn, non pour échapper à ses rêves mais pour échapper à ces réveils où elle se trouvait enchevêtrée dans une réalité où elle n'était pas celle qu'elle aurait dû être.

Toutefois, l'idée de vivre sans sa tribu, sans protection, seule dans le monde hostile l'effrayait. Plus terrifiant encore : l'idée de vivre enterrée sous la roche, repliée entre des murs, dans un tombeau, sans arbres sans animaux en compagnie de Sang-Maudits tels que celui qui lui faisait face. Comment des êtres humains en étaient-ils venu à choisir cette option alors que de plus simples s'offraient à eux ?
— Je n'arrive pas à comprendre. poursuivit-elle, laissant ses pensées s'exprimer à voix-haute. Pourquoi s'emmurer vivant ? Alors que vos morts se relèvent ?

le chasseur l’invita tout de même à continuer de marcher d’un geste de son bras valide pour continuer à mettre de la distance avec les autres nomades. Ils n’étaient pas connu pour abandonner facilement même si l’intervention de ce petit animal l’avait sauvé. D’une pensée particulièrement hypocrite, il eu du remords pour les autres mustels qui avaient fini dans ses pièges et préféra ne pas y penser pour le moment, préférant répondre à la nomade.
— On ne construit pas des murs pour un tombeau, les remparts sont là pour protéger, pour nous rendre la vie plus simple. Une bonne nuit de sommeil sans avoir peur d’être attaqué ou de finir sous un déluge, la sécurité pour les plus faibles, les jeunes et les anciens.
Il se garda bien de lui parler de la Providence et de l’importance des lieux de cultes pour la plupart des Claircombois même si les nomades devaient avoir les leurs.
— Notre malédiction, que nos morts ne trouvent pas le repos, serait dû à notre mode de vie sédentaire…Qu’on construise des maisons de bois et de pierres sur le même territoire ? Pourquoi ?
Nyxie
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Dim 9 Jan - 15:57
Les mots de Markus interpelèrent la nomade. Les colons n’avaient donc pas de protecteurs pour assurer leur survie. Les murs protègent moins qu’ils ne piègent. Un mur ça se détruit, ça se franchit, ça se contourne. C’était aux sentinelles, aux hommes, de protéger les plus faibles, les jeunes et les anciens. Leurs hommes étaient-ils donc si faibles, ou si lâches, qu’ils ne parvenaient plus à le faire sans mettre en danger toute leur communauté ? Elle cherchait à comprendre, mais n’y parvenait pas. Puis, la question qui suivit frappa son visage d’une gravité sans précédent, elle s’immobilisa une nouvelle fois en retenant le bras de son interlocuteur.

— Vous savez pourquoi. Vous ne pouvez pas avoir oublié.

Les traits de son visage étaient rigides comme taillés dans le marbre, elle attendait une réaction, comme si cette question avait été un piège.

— Ces Terres sont à Vaarkarsh ce que le désert est à Anauroch et ce que l’océan est à Shoggoth. Ces terres ne sont pas les vôtres. C’est le Trois-Nul-Car.

Cette fois à l’évocation du précepte, elle compris qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait. Elle récita alors :

« Nul imprudent ne s’aventurera au-delà des écueils de Shoggoth.
Nul impudent ne gravira les dunes d’Anauroch.
Nul ne s’installera sur les terres de Vaarkarsh.
Car ceux qui l’ont oublié sont morts, et leurs âmes, maudites.
»

— Vous avez tué Vaarkarsh, et dans son agonie, il vous a tous maudits. Ces terres ne seront jamais vôtres, même s’Il n’est plus là pour vous chasser. Vous vous entre-tuerez entre vos murs de pierres.

Le silence retomba lourdement comme l’un et l’autre devaient digérer ces nouveaux éléments, leur marche reprit. Phoenyx venait de réaliser que le Trois-Nul-Car avait peut-être un autre sens. Manifestement, cette partie de l’histoire des Shogs, leur arrivée et leur malédiction, n’avait pas été enseignée à leurs descendants. Se pouvaient-ils qu’ils soient condamnés à oublier ce savoir au fil des générations ? Qu’en ignorant l’importance de ce précepte, ils ne parviennent jamais à se défaire de leur funeste destin ? Ou était-ce juste inévitable ? Après tout, l’orgueil de Vaarkarsh avait été piétiné, les Shogs eussent-ils à subir une repentance éternelle, il était probable que leur souffrance ne lui suffise toujours pas.

— Je ne sais pas si la vie nomade sauverait vos âmes. Les malédiction divines sont très puissantes et ne peuvent être levées que par celui qui les lance. Et vous L’avez tué. Seule la Tridéité peut vous sauver désormais.

Le bruissement d’un rongeur se faufilant à travers les feuilles mortes et les plantes se fit entendre. Le Mustel Rouge frôla le mollet de Markus, les devança et se planta sur la souche d’un arbre mort dont le tronc pourri était resté coincé entre d’autres arbres. Le Mustel regardait fixement le chasseur en poussant des petits couinements rond, comme s’il adorait le chiffre huit mais sans sa consonne finale.

— Le Mustel Rouge est le messager de Vaarkarsh. Il te défie.

Elle poussa doucement le chasseur en direction du petit carnivore et mit un genou à terre. Mais de quel défi s’agissait-il là ? La créature le cherchait des yeux, et l’idée farfelue effleura Markus qu’il devait faire un combat de regard où le clignement était éliminatoire...
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