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[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho]
Maître du Jeu
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Ven 14 Mai - 22:53


Que croyait-elle donc qu’il allait se passer en ordonnant au nomade de ne pas intervenir ? Pourquoi avait-elle toujours insisté pour l’accompagner dans ses desseins si c’était pour le tenir à l’écart des siens ? Et pourquoi Malédiction acceptait-il tout cela ? Point besoin d’être oracle pour voir qu’elle se jetait dans le gouffre à la moindre occasion, comme si c’était sa manière à elle de contrôler tout ce qui pouvait lui arriver de pire. C’était ça : elle provoquait le pire comme si elle s’y attendait, et en s’y étant attendu, elle pensait mieux le contrôler. En réalité Jezabelle Linderoth ne contrôlait rien du tout, et aujourd’hui sa propension à jouer avec son sort était allée au-delà de tout entendement. Elle venait de tuer un homme, un citoyen, un marchand, un enfant de Port-aux-Echoués.

Mais devant les Dieux, ce sang-maudit était mort depuis sa naissance, et aux yeux d’Eccho, ce bâtard avait eu ce qu’il méritait, il regrettait seulement la brièveté de son agonie. Plusieurs fois, Eccho s’était retenu d’intervenir, observant la scène de loin. Plusieurs fois, il lui avait semblé qu’à tout moment la situation pouvait mal tourner pour la brune. En réalité, la seule raison pour laquelle elle avait survécu, c’était parce que Bartholomé l’avait sous-estimée et n’avait même pas daigné sortir son arme, trop orgueilleux. Finalement, la petite furie avait pris le dessus et l’avait lardé de coups. Tant mieux, au moins Eccho ne se ferait pas sermonner pour lui avoir porté secours. Cette fois, elle s’était sortie de là seule, et en cela elle avait gagné le respect du guerrier. Lui aussi l’avait sous-estimée.

Lorsqu’elle fondit en larme près du mur, il s’approcha enfin et la prit dans ses bras. Ses doigts se glissèrent dans sa main pour la forcer à lâcher le manche qu’elle serrait encore à en faire blanchir ses articulations. Elle se débattit, elle ne voulait pas qu’on l’approche, elle ne voulait pas qu’on la touche. Il resserra son étreinte jusqu’à la bloquer dans ses mouvements. Il glissa trois Asomnes dans sa bouche, ça allait lui faire du bien. Elle finit par abandonner et se laissa bercer. Les murmures du nomade vibraient dans toute sa large cage thoracique comme un ronronnement rassurant qui lui assurait que c’était fini. Cependant, il avait tort : le cauchemar, loin d’être terminé, venait de prendre une tout autre dimension. Sa main ramassa un peu de neige qu’il utilisa pour débarbouiller le visage de la jeune femme somnolente. Lui-même se trouvait à présent couvert de sang, ses mains, ses vêtements. Personne ne devait les trouver ici, il passa un bras sous ses genoux et l’autre dans son dos. Comment allaient-ils rejoindre l’auberge et traverser tout Port-aux-Echoués sans être arrêtés par les gardes ? Son esprit fonctionnait à toute vitesse, et la solution restait encore de sortir du village maudit avant d’être repérés.  Soudain, quelque chose attira l’oeil aguerri du chasseur : ses yeux croisèrent ceux du petit voleur, son visage avait drôlement blêmit. Depuis combien de temps l’observait-il ? Immédiatement il détala en criant.

— AU MEURTRE ! AU MEURTRE ! UN SAUVAGE A ASSASSINE LE MARCHAND MERCEREUIL ! AU MEURTRE ! IL S’ENFUIT PAR LES BERGERIES !

Interpellés par les cris, un groupe de garde arrêté à une taverne sortit sur le champ. Dans la ruelle, on constata la mort d’un marchand, sans pouvoir toutefois identifier le cadavre tellement il était méconnaissable. Le petit raconta tout : on lui avait donné de l’argent pour attirer le marchand dans la ruelle, on l’avait sommé de ne rien dire en le menaçant de mort. Il n’avait aucune idée de ce qui attendait le pauvre Bartholommé ! Il a tout vu, tou ! Le sauvage avait tué le marchand et drogué la fille ! Elle était si joli, elle aussi avait dû être menacée de mort pour être si méchante envers l’adolescent. Tandis que qu’un soldat entendait le gamin, les autres gardent traquaient déjà le meurtrier. Les gardent n’eurent qu’à suivre les traces de sang et les empruntes de pas laissées par le fugitif. Eccho avait beau être en bonne forme physique, il ne connaissait pas les méandres du village, aussi, quand il arriva à un cul-de-sac, il fit demi-tour et tomba nez-à-nez avec les gardes.

— C’EST LUI ! IL A TUE LA FEMME !

— HALTE-LA ! OU TOUTE TA TRIBU LE PAIERA !

Aucune issue n’était possible. Déjà les gardes s’avançaient vers lui et le menaçaient de leurs armes. Avec Jezabelle dans ses bras, la fuite n’était pas envisageable. Mort ou vif, ils l’auraient. Ce qui importait maintenant, c’était que Jezabelle soit mise hors de cause. Aussi quand on s’approcha pour la lui enlever des bras, il ne put que coopérer.

— Remets-nous la femme sans histoire !

On lui arracha Jezabelle des bras, il regarda son corps inconscient être emporté par un homme, sans doute vers le cabinet d’un médecin. On en profita pour le saisir par chaque bras en les bloquant dans son dos.

— Au nom de la Garde de Port-aux-Echoués, je vous arrête pour le meurtre du marchand Mercereuil  Bartolomé et le kidnapping d’une citoyenne ! N’aggravez pas votre cas en résistant !

Qu’importe les avertissements, Eccho n’allait pas se rendre aussi facilement. Assuré que Jezabelle ne risquait rien, plus rien ne pourrait se mettre en travers de son destin. Si la mort l’attendait maintenant, alors il partait en paix, car Anauroch le guiderait, il voulait le croire. Il devait le croire. Le nomade se pencha en avant forçant les gardes à se pencher en avant à leur tour pour maintenir la pression sur ses bras. Maintenant que leur point d’équilibre était vers l’avant, il balaya la jambe de l’un. Déséquilibré, le garde desserra sa prise, permettant au bras droit d’Eccho de se dégager rapidement. Le coude libéré fit un arc de cercle vers  l’arrière pour s’abattre à l’arrière de la nuque du second. Immédiatement, il décrocha la hache qui pendait à sa ceinture et du plat de la lame, assomma le premier alors qu’il se remettait sur pied. Belliqueux mais pas fou, au vu de leur nombre, il préféra tenter sa chance en grimpant. Habitué à grimper, il s’agrippa sans difficulté aux diverses poutres et aspérités de la façade, utilisant les rebords de fenêtre et les volets pour se propulser. Des carreaux d’arbalète lui effleurèrent les flancs, mais le temps que mettaient les gardes à recharger, Eccho était déjà derrière les toits. Il allait être difficile de le rattraper maintenant.

[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho] - Page 2 W69b

Après l'avoir lavée, on avait allongé la victime sur une des paillasses dures réservés aux patients, dans des draps rêches mais propres. Le dispensaire avait une lumière tamisée et douce, de l’encens de sauge s’échappait d’un fumoir. L’endroit était sobre et récuré. Des guérisseurs circulaient et prenaient soin des malades. Le médecin présent semblait avoir des origines amaranthis. Dans les yeux de Jezabelle une étrange conversation flottante se déroulait et si certains mots lui étaient inaudibles, elle percevait déjà les prémices de ce qui se tramaient.

— ... a manifestement ingéré un puissant analgésique, je ne saurais dire …. rend son discours incohérent. …. on identité ?

… Jezabelle Linderoth, la pupille de Lennart...

— … la mettre sous la surveillance des gardes, est-elle en danger ?

— ...Le nomade l’a kidnappée alors qu’elle voyageait en caravane depuis Claircombe... aurait traqué la caravane en solitaire malgré la tempête … a profité d’une attaque … pour l’enlever... aurait aussi tué plusieurs hommes du Sire Griffenoire et volé un de ses chevaux. ... ont dormi à l’auberge …., ... dangereux et violent. La serveuse et les clients ont pu témoigner de son comportement agressif sur la petite, … l’aurait battue … hurelements dans toute la taverne…  blessée à la jambe.

— J’ai vu l’hématome...

— ... a traqué une caravane seul dans la neige ... affronté un groupe de mercenaires pour l’enlever...   craignons qu’il récidive...  Besoin d’obtenir des réponses  …  pour savoir ce que ce ... sanguinaire lui veut et où il peut se cacher...

— Je vous l’ai dit, elle a ingéré ... brouille sa lucidité… Ne prenez pas ce qu’elle vous dit pour argent comptant, ... en plein délire.

— … de votre aide docteur, mais c’est à moi de faire la lumière ... la vérité. ... vos précieuses recommandations, mais je dois lui parler... maintenant. Mademoiselle Linderoth ? Vous m’entendez ? … quelques questions à propos du meurtrier de monsieur Mercereuil, votre kidnappeur… Très important… ai besoin du nom de sa tribu.

Le chef du groupe de garde était à son chevet, et répétait ses questions lentement en espérant qu'elle puisse lui apporter des réponses. Dans tous les cas, il restait confiant. Il pouvait toujours repasser dans quelques jours, une fois qu'elle aurait repris ses esprits et qui sait, d'ici là, peut-être aurait-on retrouvé l'assassin.
Jezabelle Linderoth
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Jeu 20 Mai - 4:08
Le froid, le vide, le noir, le blanc... Le rouge... Jezabelle n'était plus vraiment là, ses pleurs se faisaient entendre mais elle ne contrôlait plus rien. Et quand Eccho chercha à s'occuper d'elle, elle se débattit par pur instinct de survie. Tout son être était à vif, il était seulement mis en alerte maximum. Et puis, quelque chose dans sa bouche... On y poussait quelque chose... Et ce fut le trou noir...

* * * * *

Du sang... beaucoup de sang... Des coups... Des poings... Le sol de la taverne... Des pleurs... Tout se mélangeait... Des cris... La nuit... La lune... Le froid...

* * * * *

Le froid... Le brouillard... Tout était embrumé autour d'elle... Elle percevait des sons, des bouts de conversation, plusieurs voix mais aucune vraiment reconnaissable. Et sa tête... Elle bourdonnait et tout tournait quand elle essayait d'ouvrir les yeux... Sa bouche était sèche et elle mit quelques secondes à retrouver un peu de salive. Elle voulut bouger ses membres mais rien. Elle se sentait si faible...

La jeune femme tourna la tête lentement vers celui qui lui demandait visiblement des informations. Sur quoi au juste ? Que s'était-il passé ?... Où diable était-elle ?...

"E...ccho..." murmura t-elle difficilement.

Et sans qu'elle puisse se contrôler des larmes perlèrent sur ses joues et elle éclata en sanglots. Elle attrapa la main du garde comme par automatisme, persuadée qu'il était le nomade, là, près d'elle, à la veiller. Elle ne voyait même pas qu'il n'en était rien.

"Ne me laisse pas..." arriva t-elle à dire entre deux pleurs.

Le garde soupira voyant là qu'elle ne serait visiblement d'aucune utilité dans son état présent.

* * * * *

Quelques jours plus tard, Jezabelle avait plus ou moins recouvré ses esprits. Néanmoins, elle refusait de s'alimenter, son regard était perdu dans le vague et ne parlait pas vraiment. Le fameux garde revenait chaque jour depuis, essayant d'obtenir les informations nécessaires à la capture du coupable mais se butait malheureusement toujours au mutisme de la brune.

La jeune femme avait assimilé le fait qu'on ai pris son compagnon pour le véritable meurtrier. Et elle pensait bien qu'il ne voudrait pas qu'elle avoue ce qu'elle avait fait elle-même. S'il l'avait laissé ici, c'était parce qu'il était persuadé qu'elle y serait en sécurité, elle le sentait au fond d'elle. Il avait ses défauts mais il était indéniable qu'il avait toujours veillé de près ou de loin sur elle. Et tant qu'elle ne serait pas rassuré sur son sort, elle ne dirait rien.

Ce jour-là, comme tous les jours, Lennart vint la voir. Il demanda alors à ce qu'on lui laisse un peu d'intimité avec sa pupille afin de discuter de façon plus sereine. Une fois fait, il se permit de la prendre dans ses bras. La jeune fille murmura tout contre son oreille afin que seule lui l'entende.

"Ce n'est pas Eccho qui a tué Bartolomé..."
"Taie-toi" lui souffla t-il aussitôt lui aussi tout près d'elle. "Je le sais bien, je l'avais déjà compris."
"Promets-moi qu'il ne lui arrivera rien..."
"Je ne peux rien promettre ma fille, je peux juste essayer."

Jezabelle le serra fort contre elle et se mit une nouvelle fois à pleurer. Elle avait peur. Peur pour elle, peur pour Eccho, qu'est-ce que la garde allait bien faire d'eux ? Jamais ils ne devaient trouver le nomade. Elle ne le permettrait pas. Et déjà elle pensait au plan pour qu'elle puisse quitter Port-aux-Echoués dès qu'elle irait mieux, espérant échapper à ce maudit garde qui ne la quittait pas d'une semelle.
Maître du Jeu
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Mer 9 Juin - 19:54


Le Sergent Brekke avait eu de quoi faire ces derniers jours. Il avait interrogé près de la moitié des habitants de Port-aux-Echoués mais ne parvenait toujours pas à comprendre la situation. Certains témoignages ne coïncidaient pas avec d’autres, tout laissait à penser qu’on ne lui disait pas tout. Le gamin avait vu le nomade couvert de sang, transportant la fille de Lennart à demi-consciente, sa culpabilité ne faisait donc aucun doute. La raison de ce meurtre était inconnue . Le marchand Bartolomé Mercereuil s’était-il trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment ? Le jeune marchand s’était-il interposé pour venir en aide à Jezabelle, ce qui lui aurait coûté la vie ? Après tout, la jeune Mathilde, très mal à l’aise lors de l’interrogatoire, avait maladroitement laissé glissé qu’une violente dispute avait éclaté dans la chambre et que Jezabelle boitait depuis. Et ce n’était pas la première fois qu’on évoquait la violence dont pouvait faire preuve le suspect.

Le Sire Angus Griffenoire lui avait été d’une grande aide en la matière, lui et ses hommes ont été témoin de la brutalité de l’assassin qui avait kidnappé la jeune Jezabelle Linderoth. Cependant, les marchands qui avaient constitué la caravane sous escorte ne s’étaient pas trop étendu sur la question. Quant au supposé kidnapping, la vieille marchande Ygritt et sa fille avaient révélé que l’attitude du seigneur Griffenoire avait été assez insistante et inappropriée envers la demoiselle Linderoth, qu’elles l’avaient vu la tirer par le bras alors que la jeune femme résistait et même qu’au contraire, le sauvage était venu lui porter secours/

Les mercenaires de Griffenoire, en revanche, ne manquèrent pas de souligner à quel point la fille d’Ygritt avait joué de ses charmes autant que faire se peut pour gagner les faveurs de leur maître, et qu’à défaut d’y parvenir, elle avait tenté sa chance avec certains de ses hommes… Une accusation qui, si elle s’ébruitait, allait très vite nuire à la jeune demoiselle. A parole contre parole, la fille de la marchande n’insista pas de peur d’être un peu plus traînée dans la boue. La mère, furieuse, n’en démordit pas : jamais de la vie on verrait sa fille s’essayer à impression un empaffé d’Ascanien, qu’on se le tienne pour dit. Là-dessus, le Sergent Brekke soupira. Ses origines Utgardiennes penchaient pour la version de ces femmes, mais il était du côté de la loi, et la loi ne devait pas privilégier ceux qui partagent ses croyances et ses valeurs.

En toute impartialité et au vu des nombreux témoignages qui allait dans le sens de Griffenoire, beaucoup de gardes se seraient contentés d’en rester là. Mais les deux femmes n’étaient pas la seule ombre au tableau. Voilà qu’il se retrouvait à entendre la guérisseuse, et ce n’était pas une partie de plaisir pour ses méninges.

— Vous reprendrez bien un peu de thé, Brekke ?
— Noxia, c’est important. J’ai besoin de savoir si la fille de Lennart est passée avec un nomade.
— La fille de Lennart est bien passée, est-ce donc un crime maintenant de venir se soigner chez moi ?
— Et le nomade à barbe, tu es sûre que tu ne l’as pas vu ?
— Mon petit, tu demandes à une borgne dont l’oeil restant voit à peine si elle a vu un homme à barbe ?! C’est Port-aux-Echoués ici, pas l’orphelinat des Ascaniens ou que sais-je. Les hommes barbus sont partout.

Brekke soupira, désemparé : il ne tirerait rien de la vieille Noxia, pas plus qu’il ne tirerait quoi que ce soit de l’aubergiste.

— Te voilà aveugle, Lennart sourd, et la petite Mathilde bègue, et c’est moi qui vais devenir fou.
— Ne le sommes nous pas tous, quelque part, mon cher Brekke.
— Et pendant ce temps, un père mourant doit enterrer son fils.

Ils n’avaient manifestement plus rien à se dire, le garde semblait avoir compris qu’il ne tirerait plus rien d’elle, et voilà que la conversation virait sur un terrain glissant : elle n’avait pas besoin d’yeux pour le voir.

— Sergent, vous excuserez une vieille dame affaiblie par le poids des ans. Votre visite me fatigue, je vais me reposer, fit-elle d’un ton impérieux. A l’usage soudain du vouvoiement, elle mettait à distance un homme qu’elle avait vu grandir depuis toujours dans ce village, et le congédier comme on envoie un enfant jouer ailleurs.
— Comme il vous siéra, madame. Mais sachez que pendant que cette demi-vérité que vous me servez tous ne vous mènera nulle part. Bientôt, Lennart aussi devra enterra sa pupille, puisqu’elle se laisse mourir de faim.

C’était un coup-bas, il le savait. Pire, Noxia le savait aussi. Le visage paisible et serein de la vieille se métamorphosa en celle d’une démone furibonde. Elle pointa un doigt sévère sur le garde, en lui enfonçant dans la poitrine pour le pousser vers la sortie.

— Ce n’est pas la vieille Noxia que l’on va cuisiner aux petits oignons, garnement ! C’est aux gardes de veiller aux bien-être des citoyens ! Tu ne m’apitoieras pas sur le sort que tu imposes à cette petite ! Elle est traitée comme une criminelle, mais de ce que j’entends, c’est un homme barbu que vous cherchez ! Comment oses-tu traiter une victime comme la dernière des voyous ? Si elle meurt, Njörd m’en soit témoin, ça sera de ta faute, bougre d’imbécile !

Le porte claqua, et le sergent n’avait plus qu’une certitude : la vieille avait raison. Rien n’y ferait, si il persistait à détenir Jezabelle sans preuve, non seulement, il n’apprendrait rien, mais c’est lui qui serait responsable de sa mort par inanition. Le portrait et le signalement du nomade ont été placardés dans toutes tavernes et distribués à tous les gardes avec récompense à la clef. Enfin, le Sergent revint chez le médecin accompagné d'un groupe d'hommes.

... Elle se laisse mourir, Sergent.
— Je n’ai pas besoin d’un médecin pour voir ça. Elle semble être hors de danger, de toute évidence, l’individu a quitté le village, mais il reste activement recherché.

Il se tourna alors vers Jezabelle en invitant un de ses accompagnant à s'avancer.

— J’estime que vous êtes désormais hors de danger. N’hésitez pas à vous présenter à la garde si quelque chose vous revient au sujet de l’assassin. Ce n’est pas bon qu’un meurtrier se balade impunément dans la nature : ni pour la ville, ni pour la garde et encore moins pour les citoyens. Sire Griffenoire s’est proposé pour vous raccompagner à Clairecombe sous bonne escorte.

— Naturellement, votre place dans la caravane vous est offerte de bon coeur. Un gentilhomme se doit de porter assistance à une femme dans le besoin. Je m’occuperai personnellement de la sécurité de Mademoiselle Linderoth. Cette fois-ci aucun sauvage ne saurait l'approcher, soyez-en sûr.

Attentif à la réaction de la jeune femme, Brekke venait d'abaisser sa dernière carte pour tenter de découvrir la vérité. Il était temps de voir si Jezabelle avait effectivement été kidnappée par un fou dangereux, ou si, comme l'avait dit Ygritt et sa fille, elle connaissait bien le meurtrier et s'était enfuie avec.
Jezabelle Linderoth
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Jeu 10 Juin - 22:25
Le sergent avait beau revenir jour après jour, Jezabelle ne pipait mot. Elle ne vendrait pas Eccho, elle ne trahirait ni lui ni sa vie qu'il avait mis en danger pour elle. Il ne l'aimait sûrement pas mais elle, elle l'aimait bel et bien. Il ne devait rien lui arriver, il avait tant pris soin d'elle, elle lui devait bien ça. Et puis, leur voyage n'était clairement pas fini. Il avait promis de l'amener chercher la tribu de sa mère et elle y croyait, ils allaient faire ce voyage et la trouver. La jeune femme refusait même de s'alimenter en signe de protestation. Elle devenait de plus en plus faible mais elle s'en fichait. Cet abruti de sergent allait bien finir par la laisser partir un jour ou l'autre.

Elle le voyait se démener pour trouver le vrai du faux. Alors même que lors de sa propre agression, rien n'avait été fait. Certes, elle n'avait voulu en parler à personne autres que les personnes de confiance... Elle soupira enfin, elle aurait peut-être dû en parler après tout. Mais l'aurait-on cru ? Elle n'était rien comparé à ce crétin de Bartolomé. Et à voir comment l'enquête se déroulait ces jours-ci, rien n'avait vraiment changé sur les à priori des gens. Elle était cependant ravie que Lennart ne la trahisse pas, ni même Eccho. Et elle savait bien que Noxia ferait tourner en bourrique le sergent. Elle n'avait même pas une once d'empathie pour lui. Ils avaient tous leur propre avis sur Eccho et les nomades en général. Elle, elle savait qu'il n'en était rien, au moins pour celui-ci.

En voyant le sergent Brekke revenir vers elle, la jeune fille soupira une nouvelle fois. Il allait encore lui poser des questions, toujours les même, inlassablement. Elle se retourna alors dos à lui dans son lit, signifiant là son mécontentement.

Lorsqu'elle entendit le nom de Griffenoire cependant, elle fit un bond dans son lit et se retourna vivement. Et là, elle le vit. Lui. Cet homme qui avait tenté d'abuser d'elle. Ses yeux s'arrondirent et ses membres se mirent à trembler en entendant sa voix. Quand il indiqua qu'il allait prendre soin d'elle, elle recula instantanément le plus loin possible de lui, entourant ses genoux de ses bras. Son regard ne le perdait pas de vue, elle ne voulait pas qu'il fasse ne serait-ce qu'un mouvement vers elle.

- Ne le laissez pas m'approcher ! cria t-elle alors.

Le sergent parut un peu étonné de la scène qu'il voyait là. Griffenoire lui avança sa main prudemment avec un petit sourire envers la jeune femme.

- Non !

Dans le dispensaire, on commença à s'agiter, les soignants s'approchant pour voir ce qui affolait autant la patiente.

- Ne vous en faîtes pas dame Jezabelle, tout va bien maintenant. Vous n'avez rien à craindre avec moi, je vais vous ramener chez vous, à Claircombe.
- Ne me touchez pas ! Je ne veux pas qu'il me touche !

Un des soigneurs fit alors reculer l'Ascanien pour essayer de calmer les choses. Et une femme essaya de rassurer la malheureuse comme elle pouvait.

- Mais qu'est-ce qui lui prend ? fit un des médecins.
- Elle délire sûrement, répondit Griffenoire d'un ton assuré. Elle est faible et n'a pas mangé depuis des jours, elle doit avoir une hallucination.
- Je n'affabule pas ! Cet homme a essayé d'abuser de moi dans cette caravane ! Et Eccho m'a sauvé de ce fou !

Jezabelle ne se calmait absolument pas. Mais l'Ascanien lui gardait totalement consistance. Il savait parfaitement donner le change et il ne doutait pas que sa parole était plus importante que celle de la simple aubergiste délirante.

- Vous voyez ? Qu'est-ce que je disais. Elle s'est entichée de ce nomade qui l'a enlevé. Elle croit sûrement qu'il ne lui fera aucun mal.
- Où est Lennart ? Je veux voir Lennart !


Dernière édition par Jezabelle Linderoth le Dim 18 Juil - 16:49, édité 1 fois
Maître du Jeu
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Mar 6 Juil - 0:27


Ce soir-là, les piliers de bar avaient fini par partir vers deux heures du matin, voyant qu’aucun cor annonçant la présence d’anthropophages ne sonnait. Lennart ferma la taverne avant de se servir son tord-boyaux. Depuis l’assassinat de Mercereuil, le vieil aubergiste avait bien du mal à fermer l’oeil. Aussitôt allongé, il s’enfonçait dans une spirale éternelle où l’angoisse l’étouffait et où l’anxiété lui clouait les paupières grandes ouvertes sur le plafond. Il avait eu beau se retourner le cerveau dans tous les sens, il ne parvenait pas à trouver un moyen de blanchir Jeza, et pour cause, elle était belle et bien coupable. Elle, sa petite. Aurait-il pu faire quelque chose, pour empêcher un tel geste ? Qu’avait-il raté ? Toutes ces années, il avait cru qu’elle avait fini par tirer un trait sur cette agression au coupable inconnu. Mais maintenant tout semblait prendre du sens. Le coupable n’était pas inconnu, peut-être même que c’était pour ça que Jezabelle était restée à Claircombe toutes ces années, pour ne pas être confrontée de nouveau à son agresseur. Mais voilà, en le revoyant, tout avait ressurgi. Pouvait-on l’en blâmer ? Etait-elle une meurtrière pour autant ? La loi dirait certainement que oui, mais pour Lennart tout ça était arrivé parce que la loi n’avait pas fait son travail. Mais comment aurait-elle pu obtenir justice puisqu’elle s’était tu sur l’identité de son agresseur ? Aurait-il pu dire quelque chose à sa fille pour l’inciter à parler, et éviter toutes ces conséquences malheureuses. Il s’était retrouvé en pleurs dans les bras de la petite Mathilde, car il avait été un mauvais père, il avait tout raté, il n’avait pas su écouter, il n’avait pas su comprendre, il n’avait rien vu. Mathilde devait lui dire si un jour quelque chose de terrible se passait, elle ne devait pas se taire, surtout pas ! Se taire c’était pire, bien pire.

La serveuse l’accompagna en haut des marches sans trop comprendre ce qui Jezabelle aurait dû dire à Lennart. Mais y avait-il vraiment quelque chose à comprendre quand un homme saoul noyait ses malheurs dans le fond d’une bouteille pour refaire le monde. Devant la porte de sa chambre, Lennart remercia Mathilde encore une fois, il était bien content qu’elle soit là en ce moment pour lui donner un coup de main. La jeune fille le laissa. Lorsqu’il ouvrit la porte de sa chambre, un frisson parcourut l’aubergiste. Njörd qu’il faisait froid ici ! Il alla fermer la fenêtre et la porte se ferma derrière lui. Une haute silhouette se tenait dans sa propre chambre.

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Plus que jamais, Jezabelle Linderoth ressemblait à un petit animal acculé au corps tremblant et au regard fuyant. Elle cherchait à se tenir le plus loin possible de l’Ascanien et finit par se recroqueviller dans un coin.

En retrait, le sergent Brekke observait la scène. La violence de cette réaction révéla deux choses. La première était qu’Angus Griffenoire n’était peut-être pas un témoin aussi fiable qu’il avait voulu paraître. La deuxième était que Jezabelle et Griffenoire avait un passif, peut-être même que cette histoire était en lien avec le meurtre du marchand Mercereuil .

La tension qui régnait se mut en une agitation qui secoua tout le dispensaire. Le médecin comprit que la présence de Griffenoire était à l’origine du problème.

— Sire Griffenoire, Sergent Brekke avec tout le respect que je vous doit, votre présence agite mes patients…

Des malades s’alarmèrent de voir autant de gardes et de mercenaires autour d’eux. Cependant les protestations de Linderoth dévoilèrent un élément nouveau. De son bras, le sergent écarta Griffenoire et le soigneur. Cette information était plus que capitale et au diable les petites histoires et le bien être de cette femme : il tenait quelque chose.

— Eccho, Eccho c’est donc son nom ? Vous connaissez donc l’assassin ?

La brune se recroquevilla plus encore, se maudissant d’avoir été assez idiote pour laisser échapper ça. Dans son sommeil, oui, elle avait prononcé son nom. Mais ça aurait pu être le nom de n’importe quel homme : un amant, un ami, un guérisseur… Mais elle venait de donner du contexte autour de ce nom et le doute n’était plus permis. La culpabilité se lisait en elle, il n’en fallut pas plus à Brekke pour donner ses ordres.

— Sire Griffenoire, j’ai quelques questions à vous poser je prie.

— Messieurs, je vous le demande une nouvelle foi, pourriez-vous vous entretenir à l’écart de mes patients ? Votre présence ne nous facilite pas la tâche !

Les hommes furent tous invités à sortir sauf un garde qui fut posté devant le lit de Jezabelle. Une fois dehors, l’Ascanien intima à ses hommes de s’éloigner pendant qu’il s’entretenait avec le chef de la garde. Tout ceci était une perte de temps, c’était ridicule.

Profitant de l’agitation, un patient se releva de sa couche et se glissa derrière le paravent qui le séparait de celle de Jezabelle. L’homme était grand, son crâne était rasé de près, sa longue barbe tressée à l’Utgardienne lui mangeait les joues jusqu’au pommettes, cachant aisément une cicatrice. Mais qu’importe sa nouvelle apparence, il gardait des yeux verts clairs enfoncés derrières d’épaisses arcades. Il croisa le regard éreinté de Jezabelle et lui fit signe de rester silencieuse en mettant son index sur ses lèvres. Puis, d’un pas souple, il se plaça derrière le garde et le neutralisa aisément à l’abri des regards, la surprise et l’agitation jouaient à son avantage. Rapidement, il le déshabilla pour se parer des couleurs des gardes du village et l’allongea sur le lit.

— Dépêchons, ils vont revenir. Tu peux marcher ?

Comme elle fit « oui » de la tête, il n’attendit plus. L’étrange garde la fit sortir par la porte de service car « le moustachu lui faisait peur » et « c’était les ordres du sergent ». On ne lui demanda pas son reste, plus vite ces troubles-fêtes étaient parti, mieux le dispensaire se porterait !

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— Sire Girffenoire, il apparaît que vous n’avez pas été tout à fait honnête envers moi.

— Qu’est-ce que tout ceci signifie, Sergent Brekke ?

— Comme moi, vous avez vu la réaction de Linderoth. Il est claire que votre présence l’a plus que perturbée.

— Je vous assure que cette femme n’a besoin de personne pour être dérangée.

— Il est ressorti de nombreux témoignages qu’elle vous a éconduit, le contestez-vous.

— J’avoue m’être laissé apitoyée par sa condition roturière. Elle n’était clairement pas équipée pour une traversée de la plaine en plein hiver. Je lui ai donc suggérée de monter à cheval à mes côtés, ce qu’elle a accepté.

— Donc, à priori, votre compagnie ne la dérangeait pas.

— C’est ce que j’ai eu l’audace de croire. Elle m’a laissé languir et m’a comblé de sous-entendus plus qu’évidents. Aussi quand nous nous sommes installés pour le camp, je lui ai offert de partager ma tente plutôt que celle de mes hommes.

— A-t-elle accepté ?

— Elle s’est parée de mille vertus et a rejeté mon offre d’une façon assez humiliante, je l’avoue. Je pensais pouvoir la convaincre mais c’est là que notre camp a été la cible d’une meute de loups.

— C’est là que l’assassin est revenu?

— C’est là qu’il l’a enlevé ! Sur un de nos chevaux qui plus est. Cette bonne-femme me doit un cheval ! J’exige une compensation !

— Ce n’est pas à moi de statuer sur sa condamnation.

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Lorsqu’il revint, Brekke était déterminé.

— Emmenez-la.

Les soignants s’observèrent troublés :

— Un de vos hommes vient de l’emmener.

— QUE DITES-VOUS ? s’écria-t-il en se jetant à l’intérieur. Sur le lit de Jezabelle, un homme gisait à moitié débraillé, son uniforme manquait.

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Dehors, la neige s’était remise à tomber. Voilà qui les aiderait peut-être à couvrir leur traces. A deux rues, un cheval scellé attendait, des sacoches de voyages pendait de chaque côté. Eccho grimpa avant d’aider Jezabelle à se hisser près de lui. Amaigrie et fatiguée, elle se laissa envelopper dans une cape tandis que le cheval s’éloignait de ce maudit village en trottant.
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Dim 18 Juil - 21:29
Jezabelle était complètement paniquée par tout ça. Le fait qu'elle ne mange rien n'aidait pas beaucoup à garder le contrôle sur elle-même. De même que la pression qu'elle ne cessait de subir par la garde. Et voir cet empaffé d'Ascanien là, essayant de la reprendre dans ses griffes l'avait fait sortir de ses gonds. A tel point qu'elle avait lâché le nom d'Eccho de façon stupide. Oui c'était bien cela, elle était stupide ! Elle aurait tout donné pour être avec lui à ce moment, loin de tout ce tumulte.

Ces gens étaient des crétins finis ! Ils n'avaient aucune conscience de tout ce qu'elle avait enduré et pourquoi elle en était venu là. Elle se demandait si Noxia avait lâché quelque chose, ou Lennart, ou bien même Mathilde qui ne savait rien de l'affaire mais avait visiblement son propre avis sur le nomade. La brune commençait à avoir des crises paranoïaque et se mettait à soupçonner tout le monde... Combien de temps encore avant que la garde ne la traîne dans un cachot sordide rempli de rats et de vermines grouillantes ? Combien de temps avant qu'on ne mette sa tête sur un billot ? Peste soit des Mercereuil ! Bartolomé, son père et toute sa famille ! Si elle avait pu, elle aurait égorgé son père par la même occasion, lui qui laissait son fils faire toutes les frasques qu'il voulait !

Et maintenant, elle en était là... Elle n'était pas prisonnière d'une geôle, mais elle l'était tout de même ici dans ce dispensaire. Au fond, plus rien n'avait vraiment d'importance à ses yeux. Elle avait tué un homme. Eccho n'était plus là. Même Lennart ne la soutenait pas vraiment, la tannant de tout révéler en accusant le nomade afin de sauver sa tête.

Les gardes étaient sortis à présent et le calme revenait peu à peu dans la pièce. Jezabelle se recoucha sur son lit, se recroquevillant sous sa couverture. Elle n'attendait plus que la mort quelque part, elle n'avait plus envie de lutter. Si elle disparaissait au fond, les problèmes disparaitraient aussi et ce serait sans doute mieux pour ses proches. Une pensée pour son frère la traversa. Elle le voyait derrière son comptoir, s'occupant des clients. Elle avait tellement envie qu'il se trouve une femme et fonde un foyer. Si elle n'était plus là alors il arrêterait de s'en faire pour elle et se sentirait enfin libre de vivre. Elle sourit finalement à ça, comme si l'idée de partir pour de bon l’apaisait.

Mais sa quiétude se mua en méfiance lorsqu'elle vit le paravent remuer près d'elle. Ses sourcils se froncèrent et elle serra alors la couette contre elle, prête à hurler à la garde.

Cependant, elle croisa ses yeux... Ce regard vert hypnotique ne pouvait pas la tromper. C'était lui, indéniablement. Enfin... Était-ce bien lui ?... N'était-ce pas une autre hallucination issu de son esprit torturé ?... Elle avait déjà cru le voir auparavant mais il n'était finalement pas là. Néanmoins lorsqu'il lui intima de sa taire, elle obtempéra. Quelque chose en elle savait que c'était bien lui tout près d'elle même si son cerveau doutait lui.

En peu de temps, il avait mis au sol le garde et avait pris sa place. Et alors qu'elle hochait simplement la tête à sa question, ils sortirent tout simplement par la porte arrière. Elle restait un peu bouche bée à voir que c'était aussi simple que ça. Elle ne croyait nullement qu'ils se tireraient de la sorte. Mais le fait était que si.

Le froid mordait sa peau au dehors alors qu'elle n'était pas chaudement vêtue. Elle grimpa difficilement sur la bête qui les attendait là, s'étonnant de voir qu'il avait visiblement tout préparé. Elle se laissa envelopper dans la cape avec plaisir alors qu'elle frissonnait de tous ses membres. Elle aimait retrouver la chaleur d'Eccho contre elle et se surprit à sourire alors qu'il la maintenait fermement en faisant trotter le cheval sous la neige.

Plusieurs heures passèrent.

Au loin, ils avaient entendu la garde s'affoler, crier. Ils avaient entendu la poursuite qui s'était engagé. Mais Eccho avait l'habitude de voyager par tous temps, c'était un nomade, un pisteur. Il usa de différentes stratégies pour semer facilement les poursuivants qui, de toutes façons, ne savaient pas vraiment où chercher vu la déferlante de poudreuse qui s'abattait sur eux et couvraient les traces.

Jezabelle tremblait de plus en plus malgré la chaleur de l'homme et la cape. Elle était transie de froid, ne portant sur elle qu'une légère robe de coton et des chaussures non adaptées à la situation. Plusieurs fois elle avait sombré dans le sommeil pendant le trajet. Elle ne savait même pas où ils étaient vu les détours qu'ils avaient fait pour semer le doute dans leurs éventuels poursuivants. Mais au vu de ce qui l'entourait, il était clair qu'ils n'étaient pas sur un sentier mais bien en pleine forêt. Enfin, cela devait ressembler à une forêt sous le manteau blanc qui recouvrait la lande. Une fois de plus, elle ferma les yeux et se blottit plus encore contre Eccho. Elle ne pouvait nier que sa présence l'avait manqué, elle sentait toujours cet apaisement lorsqu'elle était contre lui et ce malgré leurs disputes. Au fond, c'était peut-être aussi ça qui l'agaçait, de se sentir si faible face à lui qu'elle connaissait à peine en fait si on y réfléchissait.

La brune sentit un ralentissement dans l'allure et cela lui fit ouvrir les paupières un instant. Le soleil était déjà bas dans le ciel et on n'y voyait plus vraiment entre ça et la neige qui tombait toujours à gros flocons.

- Pourquoi on ralentit ? fit-elle alors d'une petite voix.
- La nuit ne va pas tarder à tomber. Le cheval a besoin de repos. On va s'abriter quelque part.

Pour le coup, cela n'avait pas changé. Il était toujours aussi factuel dans ses réponses. Elle espérait cela dit qu'ils feraient un bon feu car le froid la mordait de toutes parts. Elle ne tiendrait pas longtemps comme ça si elle ne se couvrait pas un peu plus...

Eccho semblait scruter l’environnement à travers le voile blanc, cherchant quelque chose qui puisse les préserver du temps, au moins pour la nuit. Ils finirent par pose bagages dans une cavité à même la roche. La nomade aida la jeune femme à descendre et la porta à l'intérieur, s'enfonçant le plus possible pour éviter la morsure du froid au dehors. Puis il rapatria l'animal près d'eux. Il faisait si sombre qu'on y voyait pas devant ses pieds. Jezabelle se recroquevilla alors sur elle-même, s'enroulant plus encore dans la cape, seule barrière face à la fraîcheur ambiante.

- Est-ce qu'on va faire un feu ? demanda t-elle à l'homme, un brin suppliante.

* * * * *

Lennart était morose aujourd'hui, comme les autres jours depuis cette sombre affaire. La venue de Jezabelle l'avait transporté de joie, ce qui s'en était suivi beaucoup moins. Il essuyait un verre distraitement, sans vraiment faire attention aux clients de la taverne. Il savait bien de toutes façons les ragots qui y prenaient place. Tout le monde avait son petit avis sur la question. Et lui connaissait la vérité.

Il se demandait s'il avait bien fait d'aider cet homme. Il avait confiance en Jezabelle, elle lui avait assuré que le nomade était quelqu'un de bien. D'un autre côté, Mathilde avait sa propre idée sur lui. Et pour elle, c'était un homme rustre et loin d'être digne de confiance. Malgré cela, le vieil homme avait fait son choix. Et pour aider sa fille, il était prêt à tout. Il n'avait été nullement impressionné par la stature d'Eccho et lui avait indiqué l'endroit où la jeune femme était, prisonnière malgré elle. Il l'avait même aidé à travestir son apparence. Et surtout, il avait espéré que ça la sauverait enfin de ce cauchemar.

A présent, advienne que pourra. Et justement, un brouhaha se fit entendre à l'extérieur. Tous sortirent pour voir ce qui se tramait et purent assister au branle bas de combat de la garde. Le sergent Brekke hurlait des ordres à plein poumons. En fait, il hurlait tout court sur tout le monde.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda alors Lennart à un garde qui passait là.
- Ce qui se passe ? Votre fille s'est fait la malle voilà ce qui se passe !

Puis il partit faire ce pour quoi on l'avait envoyé. Le vieux tavernier eut un petit rictus en se disant que le plan avait finalement réussi. Il ne la reverrait sans doute jamais mais au moins, elle n'était plus ici. Il espérait fortement ne pas avoir fait le mauvais choix. Ce nomade avait l'air des plus mystérieux. Lorsqu'il tourna la tête, Noxia était là près de lui. Il sursauta quelque peu la voyant, se demandant comment elle était arrivée là et depuis combien de temps. La vieille se contenta de sourire sans vraiment le regarder.

- Alors ils sont vraiment partis ? dit-elle en voyant les gardes s'affoler.
- Il faut croire, se contenta t-il de répondre.
- Tu sais qu'elle ne reviendra jamais n'est-ce pas ?

Lennart soupira à cette question. Il espérait au fond de lui la revoir. Mais sa raison le poussait effectivement à penser que cela ne serait pas le cas. Il sentit la main de la vieille femme se poser sur lui d'un geste maternel puis elle repartit. Le tavernier sourit et se tourna. Cependant, alors qu'il allait rentrer dans son établissement, il entendit la voix du sergent derrière lui.

- Halte. J'aurai quelques questions à vous poser.

Lennart soupira une nouvelle fois. Il savait bien que cela finirait de cette façon. Il en avait pris la pleine mesure dès le moment où il avait accordé sa confiance à Eccho. Il se contenta de se retourner et de suivre alors Brekke sans discuter, indiquant juste à Mathilde de s'occuper de l'auberge en son absence.
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Lun 19 Juil - 0:21


Leur fuite les poussa à longer la forêt juste au nord de Port-aux-Echoués, en direction de Bois d’Orée. Les prédateurs y étaient bien moins rares qu’aux abords de la Forêt des Egarés, ce qui ne signifiait pas qu’ils étaient en sécurité pour autant, loin de là. Si ça n’avait tenu qu’à lui, Eccho se serait bien passé de faire un feu par ce temps. Il faisait humide, trouver du bois sec n’allait pas être une mince affaire tout comme maintenir les braises à l’abri du vent et des flocons. Cependant, la petite voix de Jezabelle, ses grands yeux implorants et son petit corps tout tremblant eurent raison de lui. Il soupira un demi sourire en coin. Il laissa le cheval devant Jezabelle, l’animal lui servirait de brise vent contre l’air glacial qui s’engouffrait sans cesse dans la cavité rocheuse. Le guerrier passa sa main sur son crâne désormais lisse. Il regrettait l’absence de sa crinière épaisse qui l’aurait préservé de ces températures hivernales. Il se contenta de resserrer sa capuche autour de son visage. Heureusement, il lui restait cette odieuse barbe épaisse qui lui servait de cache-nez.

Le nomade prit soin de détacher les sacoches qui pendaient aux flancs de leur monture avant de les laisser près de Jezabelle. De l’une d’elle, il sortit une étoffe enroulée autour d’un objet. Lorsqu’il le déposa sur une pierre plate à côté de la brune, un bruit métallique retentit.

— De Lennart, fit-il simplement sans même attendre qu’elle dénoue le tissu pour découvrir la lame que le vieux tavernier lui avait confié. Il attrapa le petit visage fatigué et perdu entre ses deux grandes mains rugueuses en plongeant son regard dans le sien.

— Mange. Un peu. S’il te plaît.

Leurs deux visages étaient si proches, il allait déposer un baiser sur son front pourtant quelque chose le retenait. Ce comportement avait quelque chose de ridicule, elle n’était pas une petite chose qu’il devait protéger, elle n’était pas un enfant qui avait besoin de réconfort. Elle était une femme qui venait de vivre des journées éprouvantes avant de se retrouver à fuir le village de son enfance pour avoir fait ce que justice aurait dû faire depuis longtemps, pour avoir regagné son honneur et sa dignité. Elle n’avait pas besoin d’être cajolée, bercée, consolée. Elle avait besoin de se reconstruire, et de trouver une place dans ce monde pour la personne entière qu’elle était désormais. Alors il déposa un baiser sur ses lèvres. Ses mains libérèrent le visage de Jezabelle tandis qu’il se redressait de toute sa hauteur.

— Après nous parlerons de où nous irons ensuite. Sans tribu, nous ne survivrons pas à l’hiver.

C’était une évidence. Lui-même avait toujours évité de se retrouver sans tribu les mois d’hiver, et lorsque ça avait été le cas, il s’était arrangé pour que ça ne dure que quelques jours ou alors il était resté dans le sillage des campements comme un charognard à l’affût des restes d’abris, des cendres encore chaudes. Mais le fait était qu’il était nomade et que Jezabelle ne l’était pas. Ses lèvres se pincèrent, contrariées par cette pensée.

— Mange un peu, répéta-t-il avant de s’écarter. Je reviens vite.

« Vite ». Enfin, aussi vite que la chance le lui permettrait. Rapidement, Eccho se rendit compte qu’il devrait se rabattre sur l’écorce qu’il avait retiré à de vieux arbres, des pommes de pin molles, et quelques vieilles brindilles enfouies sous les aiguilles de pins aux pieds des arbres. Lorsqu’il revint, il songea que sans l’aubergiste, ils n’auraient pas pu avoir ce fameux feu. Tout ce qu’il avait ramassé était trop humide, et il n’aurai jamais pu faire partir une étincelle à partir de ça, peu importe ses compétences de survie. Encore que certains bouts d’écorces auraient pu prendre plus facilement que d’autres, mais il fallait déjà une bonne flamme. Comme celle qui pourrait être conservée par la torche fournie par Lennart. Une fois allumée, le nomade plaça la torche en terre, près des copeaux d’écorce et de brindilles. Pendant que Jezabelle se réchauffait près de la petite flamme, il s’affaira à amasser des pierres pour tenter de faire barrage au froid qui s’engouffrait sans cesse dans leur semblant de grotte, mais en vain. Constatant sa défaite, il lâcha un soupire.

— Je peux te ramener à Claircombe, si c’est ce que tu veux.

Apparemment, ayant fait le tour des possibilités seuls, ce n’était pas le muret inutile qui le préoccupait mais plutôt leurs projets.

— Qu’est-ce que tu veux, Jezabelle ? Fit-il enfin en relevant les yeux vers elle. Maintenant, elle était libre de vivre comme elle l'entendait, sans aucune peur, ni aucun regret. Alors que voulait-elle ?
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Lun 19 Juil - 4:38
La jeune femme n'eut qu'un soupir en guise de réponse. Mais il n'avait pas l'air de vraiment refuser d'après son air. Elle le regarda faire, elle ne pouvait faire autre chose de toutes façons vu son état. Elle fut légèrement surprise de le voir poser les sacoches près d'elle, une étoffe en particulier. Ses yeux passèrent de l'objet à Eccho puis revinrent sur la lame. Elle l'étudia un moment et sourit en la voyant. Certes, elle n'était pas aussi belle que celle qu'elle avait avant. Cependant, elle était ravie de se sentir à nouveau armée et quelque part, cela la ragaillardissait.

L'étonnement dut à nouveau se lire dans son regard lorsqu'elle sentit les mains du nomade se poser sur son visage et ses yeux plonger dans les siens. Le coeur de Jezabelle se mit à battre plus qu'il ne l'aurait dû. Ses yeux... Elle les avait toujours aimé. Ils l'avait toujours hypnotisé. Et cela n'avait visiblement pas changé... Les mots qu'il prononça, elle les avait senti jusque dans son âme. Elle pouvait presque sentir son souffle sur elle et cela la perturbait. Un moment, le temps resta suspendu entre eux alors que leurs yeux ne se quittaient pas. Puis leurs lèvres se touchèrent.

La jeune femme le regarda finalement se redresser après ce geste, les yeux perdus. Elle se contenta de hocher la tête lentement à ses mots et le vit disparaitre au dehors. Elle resta un moment interdite, ne sachant pas trop quoi faire. Ses doigts passèrent sur ses lèvres et les caressèrent, sans vraiment comprendre pourquoi il avait fait ça. Le hennissement du cheval, la fit revenir au temps présent et elle sortit de sa torpeur. Elle étudia à nouveau à tâtons la lame devant elle, ne pouvant la voir que faiblement. Ses pensées se perdirent à nouveau dans le passé, un souvenir où ils vivaient heureux à Port-aux-Echoués, le vieux Lennart, Stella, Théodore et elle. Elle se souvenait des soirées qu'ils passaient ensemble au coin du feu, de leurs rires, de leurs larmes, de leur dague personnelle forgée pour eux. Stella était morte avec la sienne, celle de Jezabelle était plantée dans le crâne de l'abruti de marchand qu'elle venait d'assassiner, seul Théodore avait la sienne à présent. Jezabelle ne croyait pas vraiment aux coïncidences. Sa lame s'était cassée pour une bonne raison, elle en était certaine. Comme pour lui dire que cette vie là était morte.

Eccho finit par revenir et elle fut ravie de le voir allumer un feu. Instantanément elle se rapprocha et frictionna ses mains au-dessus, bien contente de trouver un peu de chaleur. Elle allait mettre un peu de temps pour réchauffer toute sa carcasse mais elle ne pouvait nier à quel point c'était agréable. La brune voyait combien il tentait de prendre soin d'elle. Quelque part cela lui réchauffait le coeur. Mais d'un autre côté, elle se sentait quelque peu inutile... Son regard se reporta sur les flammes et tout son être se figea soudain lorsqu'il intima le fait de la ramener à Claircombe. Repartir pour la ville... Elle avait tout quitté pour un seul but, ce n'était pas pour y revenir. Après tout ce qu'elle avait vécu, tout ce qu'elle avait fait n'aurait servi à rien. Non, c'était impensable. Et puis, pour trouver quoi là-bas ? Sa vie de tavernière aux côtés de son frère ? Et qu'on la considère comme la tueuse de marchand ? Voire, qu'on la traîne à la garde de Port-aux-Echoués pour qu'elle y soit jugée...

A la nouvelle question, elle ne répondit rien. Elle ne leva même pas les yeux vers lui, se contenta de continuer à se réchauffer. Que voulait-elle au juste ? Elle soupira, sa tête commençait à tambouriner et à tourner. Elle n'avait toujours pas mangé, c'était bien cela... Elle se contenta alors de fouiller les sacoches, trouvant là quelques fioles confectionnées par Noxia. Elle les laissa là, elle n'en avait pas l'utilité pour le moment. Puis elle trouva un morceau de viande séchée et mordit dedans, mâchant difficilement après les jours qu'elle avait passé sans rien avaler. Elle avala tout aussi péniblement mais au moins, elle arrivait à manger. Après quelques bouchées, elle releva les yeux vers Eccho et planta son regard dans le sien d'un air résigné.

- Le plan n'a pas changé. Rien ne m'attend plus là-bas. Nous partons à la recherche de la tribu de ma mère si tu es toujours d'accord.

Sans même attendre sa réponse, Jezabelle avança non sans mal à quatre pattes vers lui. Puis elle vint se blottir tout contre son corps, plus pour chercher de la chaleur que vraiment de la tendresse. Elle resta là à regarder les flammes crépiter et danser près d'eux, sans trop rien dire. Elle espérait qu'il voudrait bien continuer son périple avec elle malgré les embûches qu'ils avaient déjà rencontré et la situation dans laquelle ils étaient à présent. Elle n'avait pas énormément mangé mais elle sentait une nouvelle fois la fatigue la tirailler et ses paupières étaient de plus en plus lourdes. Cependant, elle se forçait à garder les yeux ouverts, elle voulait avoir la confirmation que l'aventure ne s'arrêterait pas là avant de sombrer.
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Mer 21 Juil - 15:17



Ainsi donc elle ne renonçait pas. C’était un soulagement, c’était aussi le début de bon nombres de problèmes qu’ils devraient résoudre un à un. Jezabelle semblait à bout de force, mais cette conversation devait avoir lieu ce soir et ne pouvait pas attendre. S’ils allaient sur les traces de sa mère, Eccho devait apprendre un maximum de détails sur cette dernière afin de remonter ses traces. Ce pouvait être tout et n’importe quoi, des noms, l’évocation d’un lieu, une prière nomade, un souvenir, un objet. La jeune femme fouillait sa mémoire, mais rien ne lui revenait, à part cet arc qu’elle avait retrouvé en fouillant le grenier de l’auberge. Comme elle évoquait l’objet, il le sortit du sac. Il en profita pour retirer sortit une gamelle en métal et la remplit de neige avant de la placer près du feu. Il devait prendre soin de ce cheval car leur périple allait être long, il n’avait pas de foin, mais la bête avait sûrement besoin d’eau. Dès que la neige fondait, il en rajoutait dans le récipient. L’équidé, lui, n’avait pas attendu qu’on s’occupe de lui. Le feu réchauffait le plafond de la grotte et les stalactites de glace fondaient contre la paroi. Le cheval était donc affairé à lécher la pierre et à la débarrasser de sa mousse.

Silencieux, Eccho se mit à examiner l’arc de plus près, écartant les bras pour laisser la brune se faufiler près de lui. Le bois dont il était fait lui évoquait certains arbres qui poussaient dans la baie. Il était donc curieux qu’une personne vivant à Claircombe se retrouve avec un tel objet dans les mains. Ca l’était moins, maintenant qu’il savait que Jezabelle avait vécu une partie de son enfance à Port-aux-Echoués. Cette arme ne leur apprendrait rien si sa propriétaire l’avait conçu alors qu’elle se trouvait dans le village maudit. Cependant, il se pouvait que la mère de Jezabelle ait appartenu à une tribu locale les Ana Baie. Eccho frotta son crâne lisse, désespérément lisse. Il ne connaissait rien des Ana Baie, outre leur territoire supposé. Une partie de leur tribu originelle avait disparu à l’arrivée des colons, le reste s’était retiré dans les montagnes pour mieux guetter les Echoués. La cohabitation entre les natifs et les Echoués était toujours difficile malgré les décennies passées à vivre côte à côte. Il n’avait aucune idée de leur alliances avec les autres tribus, ni même si la présence d’étrangers sur leurs terre était tolérée. Il espérait ne pas tomber sur un groupe comme les Vaar Lac, hostiles envers tous les étrangers, même si au fond de lui il ne faisait pas d’illusion. Si même parmi les nomades, on n’évoquait pas l’existence d’une tribu c’était que soit elle avait disparu, soit elle était hostile et donc sans contact avec l’extérieur. Une dernière possibilité, ce pouvait être une tribu particulièrement petite. Il retourna l’objet entre ses doigts songeur.

Ana Baie, dans ces montagnes plus au nord. C’est là que nous commençons à chercher. Mais avant..., annonça-t-il en baissant les yeux sur l’épaisse chevelure noire qui servait de cape à Jezabelle. Il laissa l’arc près d’eux, et posa la paume de ses mains sur ses genoux.

Jezabelle. Il fit une pause, alors qu’elle relevait la tête vers lui. Tu ne peux plus retourner au Village Maudit. Tu ne veux plus vivre dans la Cité Maudite. Mais tu es toujours maudite de sang. Même si on retrouve la tribu de ta mère, tu ne pourras pas leur parler, encore moins en faire partie. Ils vont vouloir te tuer. Leur territoire, leurs lois. Trouver la tribu de ta mère ne nous servira à rien si tu n’es qu’une… il écarta les mains comme s’il cherchait un meilleur moyen de décrire une personne qui à sa mort perdrait son âme sans que ça sonnât comme une insulte. Il n’en trouva pas, et se résigna à dire le mot : Une Shog.

Un lourd silence tomba. Il n’était franchement pas doué pour prendre des pincettes et tourner autour du pot n’était, à son avis qu’une perte de temps. Elle n’était pas nomade, elle n’avait rien à faire en territoire nomade. Oui, il avait été soulagé qu’elle ne baisse pas les bras, mais oui aussi, quelque part, il avait espéré qu’elle se contente de vouloir rejoindre son petit confort citadin. Renoncer devant la difficulté pouvait parfois être si facile face aux obstacles qui menaient vers le salut.

Jezabelle Linderoth
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Lun 17 Jan - 17:16
Le froid de l'hiver était bien présent, intrusif, comme rentrant dans les os pour les briser. Il attirait la belle dans les songes de façon plus en plus prenante. Cependant, elle résistait du peu de ses forces encore présentes. Ses paupières étaient closes mais son esprit était toujours là. Le feu crépitant aidait à ne pas céder à la morsure du gel et les bras d'Eccho étaient le réconfort du corps et du coeur dont elle avait besoin. Elle sentait l'homme tourner et retourner l'arc dans ses mains, il voulait sûrement mieux l'étudier. Après tout, elle n'avait pas été à même de lui fournir quelques infos que ce soit sur la tribu potentielle de sa mère ou autre. Au fond, elle se rendait compte qu'elle ne la connaissait pas et cela tiraillait son coeur plus qu'elle ne l'aurait pensé. Était-ce à cause de sa faiblesse actuelle ou une vieille blessure qui ressurgissait ? Elle n'était pas en mesure de vraiment répondre à cette question. Ses pensées divaguèrent finalement vers ce que son frère lui avait dit il y a quelques temps, cette sortie dans les champs, cette couronne de fleurs trouvée dans une vieille malle et ce chant qui lui revenait sans cesse en tête... Le sommeil la tirait de plus en plus vers lui, elle n'arrivait que peu à lutter...

Cependant, les paroles du nomade la ramenèrent vers le moment présent. Jezabelle fit appel à tout son courage pour se redresser et frotta ses yeux. Apparemment, Eccho avait une piste. Une tribu, les Ana Baie. Il était à présent son seul repère et elle n'était clairement pas en état pour refuser. Elle le suivrait là où il voudrait bien la mener.

Entendre son prénom lui fit lever la tête, surprise. De même que la main sur ses genoux. Il voulait visiblement discuter de quelque chose alors qu'elle, elle n'avait qu'une envie, c'était de s'abandonner au repos. Néanmoins, ce qu'il dit la frappa en plein coeur et la réveilla plus encore que si elle avait couru pieds nus dans la neige.

Une Shog... Un être maudit... Le silence était lourd et la brune baissa les yeux. Elle fixait le feu sans vraiment le voir. C'était sûrement vrai, son existence n'était qu'une succession de malheurs alors peut-être était-elle véritablement maudite comme semblaient le croire les nomades... Elle releva finalement la tête et chercha les yeux d'Eccho.

- Et qu'est-ce que je suis censée faire d'après toi ? Je n'ai plus ni maison, ni foyer, ni famille. Je n'ai plus rien... La seule chose que je puisse faire c'est avancer avec toi.

Jezabelle prit la main de l'homme face à elle et la serra dans les siennes.

- Si je pouvais changer, je le ferais. Après tout, je ne me suis jamais sentie à ma place dans ce monde. Peut-être bien que je suis ma véritable destinée pour la première fois de ma vie.

On pouvait aisément lire la fatigue intense dans son regard et ses traits. Son corps tremblait légèrement sous le froid mordant au dehors. Mais sa détermination était sans failles. Elle avait choisi ce chemin et malgré le fait qu'elle soit maudite, elle irait jusqu'au bout et ce, même s'il fallait que sa vie s'arrête pour découvrir enfin la vérité sur son passé.


Dernière édition par Jezabelle Linderoth le Lun 17 Jan - 22:32, édité 1 fois
Eccho
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Lun 17 Jan - 19:30
Ses petits doigts froids l’enserrèrent. Il mit son au autre main par dessus pour que sa paume les réchauffe. Pour la première fois depuis qu’ils étaient partis, elle semblait prendre conscience de la gravité de la situation. Elle venait de verbaliser ce qu’il attendait précisément d’elle : son autorisation pour la purifier. Il soupira et sembla se détendre. Jezabelle aurait très bien pu changer d’avis et retourner vivre avec son frère. Au moins, elle avait fait son choix. Mais rien n’était gagné, rien ne pourrait se faire sans une chamane. Seules les chamanes, représentantes de la voix de la Tridéité sur terre, pouvait organiser une cérémonie de purification. A ce jour, il n’y avait qu’une seule tribu qui pourrait les aider, et il n’était pas franchement heureux d’y retourner. Qui sait ce qui aurait été rapporté à la tribu depuis la dernière altercation à laquelle il avait été mêlé. Une ombre de fatigue passa sur son visage.

— Je connais des chamane qui peuvent te purifier… commença-t-il. Mais je ne sais pas si elles le voudront, garda-t-il pour lui-même. La brune n’était pas en état d’encaisser toutes les incertitudes qui les entouraient, entre sa réputation de paria, et la malédiction qu’elle portait, il allait être difficile de trouver une tribu assez généreuse pour les accepter ne serait-ce que dans leur sillage, encore moins dans leurs rangs. Partager toutes ses appréhension maintenant n’avait aucun intérêt. Cela ne ferait que l’inquiéter alors qu’elle avait besoin de repos. Son regard préoccupé se perdit dans les yeux de Jezabelle, qui luttait littéralement contre le froid et la fatigue. Du bout des doigts, il rangea une mèche qui tombait devant son visage derrière son oreille.

— On va rester ici quelques jours pour reprendre des forces. Je…

Un hennissement l’interrompit, suivit du claquement des sabots contre le sol. Le cheval se rapprocha d’eux pour profiter de la source de chaleur, observant les flammes d’un œil méfiant. Le museau du cheval s’intéressait grandement aux brindilles et aux écorces ramassées pour le feu. Il renâcla en reniflant la terre et s’allongea lourdement près du petit tas.

— Tu devrais profiter de sa chaleur, dit-il en avisant l’équidé du menton. Il se leva, apparemment pas prêt à en faire autant avant quelques heures. Il devait faire sécher davantage bois, quelque chose qui leur tiendra la nuit sans se faire avaler par leur destrier. Ce n’est qu’en se redressant que les couleurs qu’il arboraient lui rappelèrent l’accoutrement qu’il avait endossé. Il ouvrit un paquetage bourré au dessus d’une sacoche mal fermée et s’empara de ses habits. La neige accumulée au dessus avait fondu, les vêtements étaient trempés. Il les étala près du feu, tant pis, il garderait cette tenue ridicule pour l’instant. Il prit sa hache puis, croisant le regard interrogateur de sa compagne, se contenta d’annoncer qu’il allait chercher du bois et s’exécuta.

Au matin effectivement, l’appentis avait été renforcé par un petit tas de bois humide, et le feu brûlait sans plus avoir besoin de la torche. Et le cheval avait bouffé toutes les écorces, il finit d’ailleurs par se lever pour s’ébrouer en renâclant. Pas un seul flocon ne tombait aujourd’hui et la couche supérieure de la neige avait gelé à cause des températures glaciales. On pouvait presque marcher dessus sans casser l’épaisseur de givre. La marmite d’eau sur le feu exhalait des odeurs de pins et d’épices. Eccho était déjà réveillé et apparemment décidé à se débarrasser de sa tenue de garde. Il ôta son gambison et le lança sur Jezabelle qui avait à peine ouvert un œil.

— Arrête de faire semblant de dormir, chafouine ! Y a du boulot.



Jezabelle Linderoth
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Mar 18 Jan - 3:12
Un soupir pour toute réponse, Jezabelle ne savait pas trop quoi en penser. De toutes façons, elle n'était plus en état de penser à quoi que ce soit. Elle entendit les paroles du nomade sans vraiment en saisir le sens. Et lorsqu'il remit une mèche derrière son oreille, elle sourit faiblement. Elle ne fit pas la difficile pour aller se lover tout contre l'équidé à même le sol. Même si elle eut peur un instant alors qu'Eccho partait simplement chercher un peu plus de bois. La terreur de l’abandon qu'elle avait connu plus jeune revenait la hanter à présent qu'elle n'avait plus rien. Le seul à qui elle pouvait se rattacher était Lui.

* * *

La nuit s'épaississait. La belle brune avait sombré dans un profond sommeil. Elle se sentait légère, le poids qu'elle avait depuis toutes ces années s'était comme envolé. Elle resserrait la cape sur elle, recroquevillée contre le cheval et profitant de sa chaleur.

Un rêve... Elle voyait son père la frapper et la jeter au sol. Puis son frère venir l'aider. Était-ce un rêve ou une souvenir ? Quelque chose semblait différent... Puis elle vit sa mère lui tendre les bras. Mais alors qu'elle s'approchait d'elle, celle-ci s'éloignait de plus en plus. Elle avait beau courir elle n'arrivait pas à la rattraper. Et elle se retrouva simplement avec une plume dans la main, seule au milieu du vide et des ténèbres...

* * *

Jezabelle ouvrit les yeux péniblement. Aucun cri n'était sorti de sa bouche malgré ce rêve. Ou bien était-ce un cauchemar ? Elle n'en était pas très sûre au final. Cependant, elle n'eut pas le temps de vraiment y réfléchir qu'elle reçut un gambison sur le visage. Et un grognement de mécontentement raisonna en guise de réponse à Eccho. La brune entreprit malgré tout de se relever mais ce fut alors des braies qui atterrirent sur elle.

- Hey ! cria t-elle, bien disposée à ne pas se laisser faire.

Néanmoins, son visage s'empourpra lorsque sa vue se posa sur le corps à demi nu de son compagnon de voyage. Elle détourna immédiatement les yeux, trouvant tout à coup la marmite très intéressante. Au bout de quelques minutes, elle ouvrit finalement la bouche sans pour autant le regarder.

- Je ne faisais pas semblant de dormir, je dormais vraiment. Et puis c'est toi qui m'as dit qu'on allait se reposer quelques jours.

Se penchant à quatre pattes vers les sacoches, Jezabelle en sortit quelques morceaux de viande séchée et des fruits secs. Puis elle se mit à manger doucement, bien décidée à ne pas se presser vue la diète qu'elle s'était infligée. Elle se sentait encore faible, elle n'était pas sûre de bien tenir sur ses jambes, tout du moins sans aide. Et puis elle devait bien avouer que maintenant qu'elle était libre, elle avait envie d'en profiter un peu. Entre deux bouchées, elle prit sa propre gamelle pour la remplir de neige et une fois celle-ci fondue, elle la porta à son visage pour se débarbouiller un peu et l'aider à se réveiller.

Par la suite, elle fouilla dans les sacs histoire de faire l'inventaire de ce que Lennart avait pu y glisser. La brune fut bien contente de trouver quelques vêtements chauds tout au fond et qu'ils n'avaient pas été trop touché par l'humidité et la neige. Elle se leva alors, prête à enfiler le pantalon et la tunique mis là à son attention. Au moment de retirer sa robe, elle fixa Eccho et s'arrêta net.

- Retourne-toi.

Le nomade leva un sourcil, il ne comprenait visiblement pas pourquoi elle lui demandait ça.

- Allez ne discute pas et retourne-toi !

L'homme finit par obtempérer en soupirant et la belle brune changea finalement de tenue pour quelque chose de plus couvrant. Certes, les deux compagnons avaient partagé déjà leur corps auparavant. Et elle savait que les nomades n'étaient pas forcément prudes sur le sujet de la nudité. Mais elle se sentait mal à l'aise de se changer devant lui sans pour autant définir le pourquoi. Ou peut-être ne voulait-elle pas admettre son réel penchant pour lui...
Tout le temps où elle s'habillait, elle chantonnait comme perdue dans ses pensées, toujours la même chanson, toujours ce même souvenir qui revenait comme par automatisme. Une fois parée, elle fourra quelques fruits secs dans la bouche et se tourna vers lui.

- Ché quoi que tu ché cuire ? demanda t-elle la bouche pleine avant de se rassoir près du feu en laçant ses chaussures.
Eccho
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Dim 23 Jan - 14:11
— Pas pour se reposer, pour reprendre des forces ! Corrigea-t-il. Mais on ne l’écoutait plus. Jezabelle avait apparemment trouvé son bonheur, elle entonnait une petite mélodie sans parole. Du coin de l’oeil, il l’observait se préparer avec un petit sourire en coin sans cesser de touiller la petite marmite avec une branche. La présence du cheval allait leur être salutaire pour transporter toutes ces choses inutiles que Lennart avait jugé bon de leur laisser. Ces futilités étaient pour ravir la brune, qui semblait avoir abandonné à la nuit toutes ses angoisses, ses terreurs et ses méfaits. Tant mieux. Eccho appréhendait le moment où elle devrait digérer tout ça, car c’était certainement lui qui en ferait les frais. Il songea pour lui-même que les femmes sont semblable aux félonceaux : si on leur tirait la queue elles reportaient leur frustration sur la première chose ou personne qui se trouvait entre leurs griffes. Et les hommes ? Des banthas. Ils portaient tout ce qu’on leur donnait, allait où on avait besoin d’eux . Enormes herbivores à la peau dure.

Une bouille aux cheveux emmélés apparut devant lui, les joues gonflées par des victuailles. On aurait dit un petit rongeur. Tu parles d’un prédateur assoiffé de sang. Il éclata de rire, passa difficilement ses doigts dans les nœuds que formaient la crinière de Jezabelle pour les coiffer.

— Je sais pas si c’est bon pour les écureuils ébouriffés comme toi. C’est une infusion pour réchauffer.

Il prit la timbale posée à côté de lui, la plongea dans le récipient fumant et la tendit à sa compagne.

— Même si on reste ici, il faut qu’on fasse une réserve de bois et de nourriture. Pour nous et pour ce mange-tout, fit-il amèrement en désignant le cheval en train de lécher murs. Cette tâche restait encore une des plus faciles. Le vrai problème était ailleurs. Le visage du nomade se durcit.

— Mais ce n’est pas tout. Tu vas devoirs apprendre les préceptes nomades. Sinon, aucune chamane ne te purifiera et aucune tribu ne t’acceptera.

Il ne la regardait pas, il préférait ne pas anticiper ses réactions, et aller jusqu’au bout de son idée maintenant. Il s’adossa à l'appentis.

— Il y a trois Dieux. Vaarkarsh est le maître des terres. C’est lui que l’on remercie pour la nourriture, pour la chasse et pour notre survie.

Il enchaîna directement sur une prière pour remercier Vaarkarsh, à voix-haute. Il demanda au dieu de leur accorder une bonne chasse. C’est seulement après qu’il commença à manger, adossé à l’appentis.

— Toi aussi tu devrais prier, tu vas en avoir besoin. J’ai déjà fait ma part, regarde comme on est bien ! Aujourd’hui c’est toi qui chasse. Et sache que je mange beaucoup, dit-il en allongeant ses jambes croisées près du feu, les yeux à demi-clos, apparemment décidé à lambiner.
Jezabelle Linderoth
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Dim 23 Jan - 22:54
Le jeune femme ne broncha pas quand il la compara à un écureuil. Elle apprécia même ses doigts dans ses cheveux, cachant un petit sourire mais rêvant secrètement qu'il réitère son geste dans le futur. Elle avait décidé de se concentrer sur son avenir et de ne plus trop regarder en arrière. Essayer de laisser ses souffrances derrière elle pour espérer se reconstruire une nouvelle vie. Elle prit la timbale et huma le parfum de la fameuse tisane. La brune avouait avoir déjà bu choses moins engageantes -comme les remèdes donnés par Adrian, ce médecin de Claircombe- et se laissa donc tenter. Après tout, cela allait la réchauffer de l'intérieur, c'était pour le moment le principal.

Savourant son breuvage, Jezabelle écoutait Eccho d'une oreille un brin distraite. Enfin, jusqu'à ce qu'il arrive au coeur du sujet. Au fond, c'était elle qui avait dit qu'elle changerait si elle le pouvait, elle qui avait émis le souhait de poursuivre cette quête. Son compagnon lui avait bien fait comprendre qu'elle était maudite, elle comprenait parfaitement que ce peuple qu'elle ne connaissait pas ne l'accepte pas dans son état.

Finalement, Eccho commença la première des leçons. Et la jeune fille écouta avec attention ce qui allait être sa vie dorénavant. Elle l'avait déjà entendu prier de la sorte et se sentait un peu coupable d'un coup d'avoir englouti sa nourriture sans l'avoir fait. Elle restait la tête un peu basse, regardant les flammes, un moment perdue dans ses pensées.

Cependant, elle leva subitement les yeux vers Eccho lorsqu'il lui apprit le programme de la journée. C'était visiblement à elle de s'occuper de la pitance du jour. Elle chercha son regard mais il semblait se détendre en se chauffant les arpions, avec un petit sourire en coin. Jezabelle ouvrit la bouche pour objecter ou autre mais il lui fit signe de se secouer, n'acceptant visiblement aucun refus.

C'était un comble ! Il savait bien qu'elle était absolument nulle dans cet exercice. De même, elle était encore affaiblie par sa longue diète et par ce qu'elle avait vécu. Elle bouda un petit moment puis se leva et prépara ses affaires en soufflant. Un oeil au dehors de leur petit abri la fit grimacer, il faisait si froid... Une fois de plus, elle reporta son regard sur le nomade mais il avait décidé de piquer un petit roupillon. La jeune femme se retourna donc vivement en émettant un léger bruit de mécontentement et sortit dans la neige.

Instantanément, elle sentit ses os se glacer malgré l'épaisse cape et la fourrure qu'elle portait. Le déplacement dans la neige se faisait difficilement. Et puis, il était clair qu'elle n'était pas une chasseresse. Donc, elle faisait un bruit pas possible et maugréait dans sa barbe contre tout. Quelques fois, le vent la cinglait et elle frissonnait, la clouant sur place. Un moment, Jezabelle s'adossa à un arbre, essayant de se souvenir de ce que Eccho lui avait appris quelques jours plus tôt. Néanmoins, en regardant autour d'elle et la lande couverte de son manteau blanc, elle se demandait vraiment ce qu'elle allait bien trouver comme viande à chasser. Un soupir passa entre ses lèvres tandis qu'elle pensait qu'elle serait toujours un poids pour lui. Est-ce que les femmes nomades partaient vraiment chasser seules ? Elle se rendait compte qu'elle ne connaissait absolument rien à ces coutumes et qu'au final, elle avait surtout les préjugés inculqués par les habitants de la ville.

Alors qu'elle pensait rentrer bredouille, trempée jusqu'aux os, elle entendit un bruit un peu plus loin. D'instinct, elle serra sa dague dans sa main et s'accroupit pour couvrir sa présence un maximum. Le soleil se reflétait sur la neige et rendait la vision quelque peu difficile. Cependant, en concentrant son regard, la jeune fille vit une petite tête dépasser et chercher visiblement quelque chose. Observant le petit animal, elle remarqua alors que c'était une belette. Visiblement, c'était son jour de chance, elle ne pouvait pas laisser passer cette aubaine ! Elle avisa la situation et se dit que si elle bougeait, la petite bête s'enfuirait. Tant pis, il allait falloir essayer de l'avoir de là où elle était. Jezabelle tira son arc et encocha une flèche. Elle prit une grande respiration et banda l'arme, essayant de viser la belette. La tension était un peu douloureuse dans son bras mais elle voulait attendre le bon moment pour tirer, attendre que la belette bouge un peu moins voire se fige. Quelques secondes passèrent et finalement, une ouverture ! La flèche fendit l'air et vint se ficher près de la bête qui partit en trottinant dans la neige.

La jeune femme soupira au vu de son échec. Il n'y aurait peut-être pas de seconde chance. Cependant, elle décida d'aller suivre un peu l'animal histoire d'en être vraiment certaine. Elle essayait de faire le moins de bruit possible, même si ce n'était pas gagné. Et arrivant près de l'endroit où devait se trouver sa flèche, elle vit une petit tâche de sang à la place. Fronçant les sourcils, Jezabelle se mit à suivre ces minuscules tâches carmin, ce qui n'était pas trop difficile sur ce sol blanc. Au bout de plusieurs minutes, elle arriva enfin à retrouver son gibier. La belette était allongée sur le flanc, haletant avec peine alors que la blessure saignait abondamment. La brune resta un moment devant ce spectacle, na sachant pas trop quoi faire. Elle voyait la bête souffrir le martyre et pousser de petits bruits de détresse. Elle sentait son coeur battre rapidement et une nausée poindre. Sans vraiment de conviction, elle s'agenouilla près d'elle et sortit sa dague. Sa main était tremblante lorsqu'elle le leva au-dessus de l'animal et finalement, elle acheva sa proie.

Jezabelle n'avait pas prévu que ce simple geste la secourait aussi violemment. Un voile passa devant ses yeux alors qu'elle voyait ce petit corps sans vie et couvert de sang. Elle lâcha la dague qui tomba dans la neige et regarda ses mains comme si elle ne les reconnaissait pas. Des larmes se mirent à perler sur ses joues et elle se mit à hurler. Instantanément, elle frotta ses mains dans la neige pour essayer de faire partie cette couleur rouge, sans grand succès cela dit. Il semblait que le liquide colle sur elle, comme une marque indélébile. Elle rampa finalement aussi loin qu'elle put et s'adossa à un arbre, se recroquevillant sur elle-même en tremblant. Elle était totalement en état de choc, ce geste qu'elle venait de faire lui avait rappelé ce qu'elle avait fait au marchand à Port-Aux-Echoués. Elle qui s'évertuait chaque jour à oublier s'apercevait alors qu'elle n'oublierait jamais son crime et que cela la hanterait sûrement toute sa vie.
Eccho
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Dim 13 Fév - 17:43
Même quand il la chassa de la main pour l’envoyer à sa tâche, il s’était attendu à ce qu’elle objecte et l’envoie paître. N’était-ce pas lui le chasseur, le protecteur ? N’était-ce pas donc à lui de pourvoir à leur besoins, comme un homme ? Quelque part, son rôle de sentinelle l’avait soulager en ce sens, c’était la meilleur façon de vivre avec une tribu sans avoir à s’infliger la présence des sorcières qui la dirigeaient. On pouvait s’habituer aux sautes d’humeur, aux reproches infondés et aux propos insaisissables, mais le mépris et l’irrespect, il ne s’y ferait jamais.

Mais Jezabelle n’était pas une femme nomade. Elle n’avait ni leur insolence, ni leur infatuation. Oh, elle n’était clairement pas enchantée d’être congédiée ainsi, en témoignait ses nombreux soupires agacés alors qu’elle se préparait bon gré mal gré. Eccho poursuivit sa comédie désintéressée en fermant les yeux, mais ne manquait pas de l’épier du coin de l’oeil alors qu’elle s’affairait. Mieux valait ne pas se manifester, elle risquer de profiter de la provocation pour faire marche arrière. Finalement d’un pas contrarié, elle partit sans un mot. Quand le bruit de ses pas brisant l’épais manteau de la neige disparut totalement, il se redressa pour charger le foyer d’une nouvelle bûche et s’habilla à son tour. Il l’avait provoqué en lui lançant ce défi ambitieux, tous deux savaient que c’était peine perdu et malgré tout, elle ne s’était pas laissé démonter. Toutefois, il l’avait envoyé seule au-dehors bien conscient du peu de compétences en survie qu’elle avait, et s’il lui arrivait quelque chose, c’était sa responsabilité. Eccho avait beau être un con, il n’était pas un inconscient.

Leur monture avait encore de quoi s’occuper, la longe qui la tenait lui permettait de sortir de la grotte mais l’équidé préférait la chaleur de l’abri. Le nomade s’habilla et se mit à marcher dans les traces de pas de Jezabelle, les élargissant au passage. C’était un de ces jours d’hiver qui sont si froids qu’aucun bruit ne peut traverser l’air gelé à part le hurlement du vent. Un de ces moments où le silence est si présent qu’il est visible :à part les rameaux des arbres se balançant sous les complaintes des bourrasques, rien ne bougeait. Les yeux verts du chasseur scrutait le paysage en quête du moindre mouvement. La grotte où ils avaient monté leur camp était plantée en hauteur dans la vallée. En contrebas, le relief formait plusieurs collines blanches avant de rencontrer un petit bois qui bordait un maigre ru. Les empreintes de Jezabelle se dirigeaient dans cette direction, Eccho ne put qu’approuvé ce choix : un point d’eau était un lieu de passage fréquenté par presque tous les animaux à un moment ou à un autre. Quand il arriva près des arbres, comme à son habitude, il décida de se percher pour observer sans être vu. Les branches enneigées avaient gelée par endroit, et l’entreprise s’averra moins aisé qu’habituellement. Il se hissa à plusieurs mètres, se coinça entre trois branches et mis ses mains sous ses aisselles pour les tenir au chaud. De là où il était, il finit par repérer la petite brune qui s’éloignait, l’arc à la main. Un sourire s’esquissa sur ses lèvres malmenées par la brise glaciale. Allait-elle seulement toucher sa proie ? Il se laissa glisser sur l’arbre voisin pour ne pas la perdre de vue, fit tomber un tas de neige en contre-bas mais Jezabelle ne remarqua rien, son attention toute tournée vers sa traque. Elle lâcha la corde, sa flèche vola et disparut derrière les sapins. Il crut qu’elle ressurgirait d’un côté ou d’un autre et resta immobile, l’oeil aux aguets. Plusieurs minutes passèrent avant qu’un cri ne déchire le silence. Aussitôt il glissa d’une branche à l’autre, et à environ deux mètres du sol, se laissa tomber en roulant dans la neige pour amortir sa chute. A pas de félon, il suivit les traces de pas. Ses enjambées étaient amples et vives mais son trot léger et agile. Son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il aperçut des tâches de sang dans la neige. Sa mâchoire se serra comme pour réprimer une envie soudaine : appeler Jezabelle ne ferait que trahir sa position. Pour l’heure il avait encore l’avantage de l’effet de surprise sur son attaquant.

Son œil se posa sur la dague ensanglantée, abandonnée à même le blanc froid et immaculé de l’hiver. Et juste à côté, des traces de débâcle étrange où quelqu’un de blessé semblait être tombé genoux en avant, les mains profondément enfoncé dans me sol. Des traces de doigts était visibles, dans l’agitation, la personne tentant de se relever avait retourné la neige avant de se mettre à ramper jusqu’à…

— JEZABELLE !

Elle était là recroquevillée près de l’arbre, toute tremblante. Il n’y avait personne d’autre dans les alentours. Le nomade attrapa la dague et la coinça dans sa ceinture. En quelques foulées, Eccho avait parcouru la distance qui les séparait. Il s’agenouilla près d’elle et d’un rapide coup d’oeil constata qu’elle n’était pas blessée, seulement choquée. Son regard se porta alors sur le point où la neige avait été souillée par le sang et retournée : il vit le corps inerte d’un petit animal. La surprise lui fit hausser un sourcil. Elle avait accepté et relevé son défi, et il devait bien l’avouer, il ne s’y était pas attendu. Il tendit une main vers elle dans l’espoir de la sortir de sa torpeur, mais son mouvement eut l’effet contraire de celui escompté : elle rejeta sa main vivement en hurlant, tenta de s’écarter de lui en reculant davantage mais fut stopper par l’écorce rappeuse du tronc. La contrariété d’être repoussé lui fit froncer les sourcils, il attrapa son poignet dans un geste qu’il n’aurait pas voulu si violent, mais trop tard. Elle redoubla de fureur et chercha à le pousser en arrière.

— Arrête…

Trop bien campé sur ses appuis, il ne bougea pas d’un pouce et tira sur sa prise pour la forcer à venir contre lui.

— Je ne veux pas te faire mal.

Il l’enferma dans ses bras pour l’empêcher de se débattre. La résistance qu’elle opposait finit par s’évanouir laissant place à des sanglots. Il desserra son étreinte pou caresser la longue cascade de cheveux noirs.

— Tu n’as plus à avoir peur des autres maintenant. C’est toi, le chasseur, fit-il en lui tendant la dague qu’il avait récupéré.
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