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[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho]
Jezabelle Linderoth
Jezabelle Linderoth
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Mer 24 Mar - 3:59
Deuxième mois de l'hiver, An 83
Port-aux-Echoués


Le village était enfin en vue. En traversant le pont, Jezabelle avait retrouvé le sourire malgré la fatigue qui tirait fatalement ses traits. Elle avait passé une très mauvaise nuit. Mais elle savait qu'à présent, un bon lit bien chaud l'attendait là-bas. Elle sentait bien qu'Eccho lui se raidissait à mesure qu'ils approchaient. Mais après tout, c'était lui qui avait voulu venir là, lui qui cherchait son père. Elle saluait volontiers les gens qu'ils croisaient, caressant une brebis ou deux au passage. Elle tentait par tous les moyens de mettre son compagnon de route à l'aise en partageant ses souvenirs et un sourire venait naturellement se poser sur son visage.

Après tout, ce n'était pas parce qu'il l'avait repoussé qu'elle devait se montrer désagréable. Il l'avait protégé en pleine nature, elle lui devait bien ça. Et puis, elle était plutôt contente de partager tout cela avec quelqu'un d'autre que son frère.

Ils finirent par arriver en vue du village et Jezabelle courut à la porte. Elle salua les gardes et invita Eccho à la suivre, lui jetant tout de même un regard pour qu'il ne fasse pas de vagues.

"Les gardes ne sont pas tous comme les abrutis qui t'ont berné" lui dit-elle à mi-voix lorsqu'ils eurent dépassé la porte. "Contente-toi de rester près de moi et tout ira bien."

Oui, elle lui faisait la leçon. Mais elle ne voulait pas que les choses dégénèrent. Ils avaient assez de problèmes comme ça. Elle reconnut quelques marchands qui étaient eux-même très étonnés de la voir là. Ils lui demandèrent des nouvelles, arguant qu'ils voyaient surtout son frère. Elle ferma un moment les yeux et respira l'air. Les odeurs de poisson et d’embruns emplissaient ses narines et le bruit de vagues au loin était un son doux à son oreille. Elle avait toujours aimé ce bruit, cela la berçait et la rassurait quelque part.

"Viens, on va passer à la taverne d'abord" fit-elle au nomade. "Comme ça, on pourra poser nos affaires et se reposer un peu. Et puis, manger à notre faim."

[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho] Mouett10Sur ces mots, elle initia le mouvement à travers les rues bondées. Les gens ne se rendaient pas compte à quel point ce village pouvait être vivant en journée. Mais la jeune femme connaissait visiblement très bien l'endroit, mieux encore que Claircombe. Ces ruelles, elle les avait arpenté de nombreuses fois. Jamais elle ne pourrait se perdre ici. Elle fini par stopper devant un bâtiment fait de pierres et de bois. La masure semblait sur pilotis et on accédait au premier directement via un escalier de bois. Le rez-de-chaussée était étrangement pourvu de petites fenêtres comportant des barreaux et la porte semblait lourde et surtout bien fermée. Le premier étage était essentiellement en bois avec de larges fenêtres elles aussi grillagées. Un second étage était visible sous les combles et le toit était surmonté d'une grosse cheminée. Une terrasse de bois venait faire le tour du bâtiment. Et au devant, une pancarte sur laquelle était un oiseau et un tonneau.

"Voilà c'est ici" dit Jezabelle avec un large sourire. "Ne t'en fais pas, on aura aucun problème ici."

Elle monta les marches et l'invita à faire de même. Elle poussa alors la porte et une cloche tinta. La pièce n'était pas bien grande mais assez pour faire tenir une quinzaine de personnes. Au fond, on pouvait voir un énorme foyer où dansaient de belles flammes. Une porte était flanquée sur le mur à droite, amenant visiblement à une autre partie de la bâtisse.

Quelques regards se tournèrent vers ce duo atypique, certains étonnés, d'autres méfiants. Un vieil homme finit par sortir de la cuisine et s'arrêta à quelques mètres d'eux avec des yeux ronds.

[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho] Lennar11"Jezabelle ?" fit-il surpris.
"Bonjour Lennart."

Elle avait toujours le sourire aux lèvres et il se mit alors à en faire pareil. Ouvrant ses bras, il l'accueilli alors qu'elle lui sautait au cou. Ils se mirent à rire alors que l'homme lui caressait doucement les cheveux. Après quelques minutes il la reposa au sol et l'examina avec un regard tendre.

"Alors, qu'est-ce que tu fais ici ? Qu'est-ce qui t'amène chez ton vieux père ?"

L'homme, visiblement l'aubergiste vu son accoutrement avait des traits burinés. On sentait le poids du labeur et du temps posé sur ses épaules. Il affichait tout de même une mine avenante. Sa fine barbe et sa moustache étaient brunes, comme ses cheveux. Mais on pouvait distinguer déjà les affres de l'âge avec quelques tons gris par ci par là. Il avait certainement la quarantaine, peut-être plus. Impossible à définir avec précision vu sa dégaine.

"Depuis quand Jezabelle est ta fille ?" fit un homme au regard suspicieux.
"La ferme Anton" répliqua Lennart sans même lui jeter un coup d'oeil. "Laisse-le dire, il est aviné comme d'habitude."
"Oui je sais comment il est."

La jeune femme soupira en levant les yeux au ciel. Le fameux Anton avait quelques "faits d'armes" -si on pouvait appeler cela comme ça- à son actif dans la taverne. Elle se demandait d'ailleurs si c'était toujours du sang qui coulait dans ses veines ou bien de l'alcool qui l'avait remplacé.

"Et donc, t'es juste venu me voir par politesse ?"
"En fait... non..." répondit-elle un peu gênée. "Je te présente Eccho. C'est mon..."

Comment devait-elle le définir au juste ? Ils avaient été amants. Mais visiblement le nomade n'avait plus envie de ce genre de relations entre eux... Sa mine se ferme un peu en y repensant puis elle reprit.

"C'est un ami" finit-elle par dire. "C'est un nomade" ajouta t-elle au cas où il n'aurait pas remarqué cela lui-même.
"Alors bienvenue à La Mouette Goulue jeune homme !"

L'homme n'en avait visiblement rien à faire de l'origine de celui qui lui faisait face. Lui, tant qu'il n'y avait pas de problèmes et que les gens payaient, le reste n'était pas son affaire. Et puis, un ami de sa fille, il lui faisait forcément confiance.

"On aurait besoin de se reposer si possible. Le voyage a été éprouvant."
"Vous n'avez pas voyagé avec la caravane ?"

La jeune femme parut tout de suite mal à l'aise.

"Pas vraiment... D'ailleurs, si tu pouvais éviter de leur dire qu'on est là..."
"Ok n'en dit pas plus."
"Il te reste des chambres de libre ? Une pour chacun je veux dire ! On ne dort pas... enfin... on est pas..."
"C'est à dire que tu me prends un peu au dépourvu..." fit l'homme en se passant une main sur la nuque, visiblement embêté. "Les chasseurs viennent de rentrer aujourd'hui de trois jours de chasse. Il ne me reste plus qu'un chambre de libre. Quand à ta chambre, je l'ai donné à Mathilde, je suis désolé."
"Mathilde ?"
"Oui c'est la jeune fille qui m'aide ici depuis que vous êtes partis."

Jezabelle soupira. Cela ne pouvait pas tomber plus mal... Certes elle avait dormi tout près d'Eccho durant les nuits de leur voyage. Mais c'était totalement différent. Ici, ils allaient dormir dans la même chambre... Comme chez elle... Et fatalement, elle aurait envie de... et ce qu'ils avaient partagés là-bas lui reviendrait en mémoire. D'ailleurs, ils revenaient déjà à elle...

"De toutes façons, on accepte pas les sauvages ici" fit le soulard d'un coup.

La brune sentit les muscles du nomade se tendre et elle attrapa son bras instantanément pour le retenir, lui lançant un regard qui voulait dire de ne rien faire.

"Je suis chez moi ici, j'accepte qui je veux !" répliqua Lennart. "Et si ça ne te va pas, c'est toi qui fous le camp !"

Sur ces mots, il prit le vieil ivrogne par le col et le traîna dehors. Puis il referma la porte et revint près du duo.

"Y'a quelqu'un d'autres que ça dérange ?... Bien !" clôtura t-il alors que personne n'osait ouvrir la bouche. "Bon écoute" reprit-il pour Jezabelle, "soit un de vous doit dormir dans le dortoir commun, soit vous allez devoir partager cette chambre. Je peux te donner de quoi faire un lit de fortune sur le sol si ça ne dérange pas ton ami, c'est le mieux que je puisse vous proposer."

Le tavernier paraissait vraiment ennuyé par la tournure des évènements. Mais il ne pouvait clairement pas faire autrement. Jezabelle savait pertinemment que laisser Eccho dormir dans le dortoir avec les autres n’était pas une bonne idée, mais alors pas du tout ! Elle voulait garder un oeil sur lui pour éviter qu'il ne fasse de faux pas ou que les autres le prennent en grippe. Et elle-même ne se voyait pas dormir au milieu de tous ces hommes bourrus et ivres. Car oui, ils seraient forcément saouls au moment de se coucher. Elle finit par capituler et accepta de partager la chambre. Elle n'osa même pas lancer un regard à Eccho, elle ne voulait pas qu'il voit là son malaise.

Lennart demanda donc à la fameuse Mathilde de préparer la chambre et servit un bon repas aux deux aventuriers. Jezabelle dévora son assiette avec appétit, elle n'avait pas pour habitude de se nourrir de façon si frugale. Elle expliqua par la même la raison de leur venue à Port-aux-Echoués, faisant entièrement confiance à l'aubergiste pour ne pas ébruiter la chose.

"Je vais ouvrir l'oeil pour voir si je ne trouve pas quelques informations, même si la piste est un peu mince pour le coup."

Après cela, elle monta dans la chambre suivie de près par le nomade. Elle avait cruellement besoin de s'allonger ne serait-ce que quelques minutes. La pièce n'était pas très grande mais elle offrait le confort sommaire dont elle avait besoin. Une bûche crépitait gaiement dans le foyer et instantanément elle se sentit bien. Elle s'assit sur le lit et fixa Eccho. Elle voyait bien sa mine déconfite et fronça les sourcils. Cela ne faisait pas longtemps qu'ils étaient en ville et déjà il faisait la tête.

"Écoute, tu l'as vu comme moi, on n'a pas vraiment le choix. On doit faire avec. Moi aussi j'aurais préféré qu'on ne dorme pas ensemble mais c'est comme ça."

Jezabelle détourna les yeux pour ne pas montrer à quel point cette phrase sonnait faux et que cela la peinait de la dire. Parce que oui, elle aimerait qu'ils dorment ensemble dans ce lit et qu'ils reprennent là où ils en étaient avant ce stupide voyage. Soudain, elle eut un déclic, le voyage, la caravane... Est-ce qu'il aurait...

"C'est parce que cet imbécile de Griffenoire m'a embrassé que tu ne veux plus me toucher ?..." fit-elle alors à mi mots en baissant la tête.
Maître du Jeu
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Mer 24 Mar - 17:26


Après-midi | Baide d'Ecueils | Port-aux-Echoués | An 83, 2ème mois d’Hiver, Jour 22


Dans la taverne, ils retrouvèrent le père de Jezabelle, ou du moins leur relation ressemblait à celle d’un vieil oncle pour sa nièce. Il accepta de les héberger dans sa grande bâtisse. La brune semblait très à l’aise dans l’établissement, elle emmena elle-même Eccho à l’étage où se trouvait la pièce qu’ils occuperaient. Toutes les chambres shogs se ressemblaient, complètement fermé de l’extérieur.  Après avoir vécus plusieurs jours dans le froid hivernal, la chaleur de l’auberge était étouffante. Rapidement, il se débarrassa de son manteau et de ses multiples couches de vêtements. Peut-être était-ce pour le mieux. Le nomade n’avait pas besoin d’avoir foulé ces terres pour le savoir : il était de notoriété publique que des créatures mangeuses d’homme rôdaient près des plages. Il se demandait bien de quoi elles pouvaient avoir l’air ; étaient-elle comme le disait la légende, les premiers échoués du naufrage ? Avaient-elles une silhouette humanoïde ou tout à fait monstrueuse ?

La tête qu’il faisait fit réagir Jezabelle, elle pensait qu’il était de mauvais poils parce qu’ils devaient partager la chambre. Il plissa les yeux pour essayer de comprendre comment elle avait pu en arriver à une telle conclusion. Elle prétendait qu’elle non plus n’était pas enchantée de devoir dormir avec lui. Pourtant, le malaise exprimé par son corps contredisait ses mots, l’aveu inconscient lui tira un sourire amusé. Il tenta de le dissimuler en regardant ses pieds, lèvres pincées, pour s’empêcher de lancer une moquerie à son endroit. Plus mystérieux encore fut le chemin de pensée qui poussa Jezabelle à relier deux choses qui n’avait rien à voir l’une avec l’autre. Toute fois, comme elle reparlait de la scène ; il la revit se dérouler devant ses yeux et son muscle masséter se crispa. Cette fois c’est lui qui se détourna. Pourquoi en venaient-ils à parler de ça tout à coup ? Il ne comprenait pas ce qu’elle lui reprochait cette fois : s’offusquait-elle qu’il ne réagisse pas à ce qu’il avait vu ? Ou au contraire, avait-il fait quelque chose qui laissait transparaître une jalousie ?

— Tu chevauches avec qui bon te semble, murmura-t-il d’un ton prudent, pris de cours par cette question.

On toqua à la porte, il ouvrit aussitôt. La jeune Mathilde fut surprise de tomber nez-à-nez avec le nomade torse-nu, mais se ressaisit rapidement. Depuis le temps qu’elle était là, elle avait vu toute sorte de bestiaux ivres, parfois bien moins vêtus que lui, lui ouvrir : elle lui tendit une énorme bassine en bois qui en métal.

— Monsieur Lennart vous a commandé un bain… annonça-t-elle poliment. Tenez, je vous ai monté l’eau vous pourrez la faire chauffer dans cette marmite. Et la paillasse...

Il avait dû lui falloir plusieurs aller-retour pour monter tout ce bazar. Le bain fut déposé au milieu de la pièce, et la paillasse posée contre le mur. Une fois que les seaux d’eaux furent versés dans la marmite et que cette dernière fut mise à chauffer, Jezabelle remercia Mathilde et referma la porte.
Jezabelle Linderoth
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Mer 24 Mar - 20:28
Elle avait demandé ça pour crever l'abcès, elle avait besoin de savoir pourquoi il était soudain si froid et si distant avec elle. Mais elle ne s'attendait clairement pas à la réponse qu'il lui donna... Son regard tourna vers lui alors qu'elle fulminait. Elle voulut répondre mais Mathilde toqua à la porte pour leur porter un bain. Cela calma un temps soit peu la brune, se décrasser serait effectivement quelque chose de bienvenu. Elle attendit que tout soit prêt et la gratifia d'un sourire.

Jezabelle rêvait de cette bassine et choisit donc de s'immerger la première. Alors qu'elle retirait sa robe, elle stoppa et porta ses yeux sur le nomade.

"Retourne-toi" lui fit-elle alors.
"Je t'ai déjà vue nue tu sais..." rappela-t-il d'un ton narquois.
"Je m'en fiche, retourne-toi !"

Voyant qu'elle était sérieuse, il finit par se retourner, nonchalamment. Elle poursuivit donc et une fois nue, elle entra doucement dans le baquet avec un soupir de bien-être. Elle était assez menue pour entrer en entier en se repliant un peu et cela faisait un bien fou. Tous ses muscles se délassaient et elle se laissa quelque peu aller. Le problème était que les petits rouages de son cerveau se remettaient assez vite en route. Et la discussion interrompue plus tôt lui revenait en mémoire. Plus elle y pensait, plus cela la crispait. Elle commençait même à occulter la présence d'Eccho derrière elle et réfléchissait à voix haute.

"Bon sang, de tous les hommes d'Avalone il a fallut que je m'entiche du plus idiot" maugréa t-elle à mi voix en passant un linge sur son corps.
"Si tu voulais rester avec Griffenoire, tu pouvais, je ne t'ai forcé à rien", fit-il d'un ton détaché.

Se rendant soudain compte de sa présence, elle ne put s'empêcher de répondre en lui criant dessus.

"Tu crois peut-être que j'étais consentante ?"
"Tu n'avais pas l'air de te débattre beaucoup quand il t'avait sur son cheval ! Ni d'ailleurs quand il a menacé de me battre à mort !"

Son ton n'arrangeait pas les choses. Il disait cela comme si son sort n'avait vraiment aucune importance. Alors pourquoi était-il venu la retrouver dans ce cas ? Pourquoi était-il revenu sur ses pas ? Pourquoi l'avait-il tiré de là ? Elle ne comprenait plus rien et sa rage l'aveuglait.

"Espèce d'imbécile ! T'as pas encore compris qu'il n'y a que toi que j'autorise à me toucher comme ça ?" répliqua t-elle furieuse avant de lui lancer un sceau d'eau.

Ruisselant, l'air mauvais, il la pointa d'un index dénonciateur.

"Les hommes ne font pas de faveurs sans rien attendre en retour, Jezabelle ! C'est toi l'imbécile, tu étais la seule à ne pas voir clair dans son jeu !" gronda-t-il les dents serrées.

Elle en avait plus qu'assez qu'il la prenne pour une gourdasse frivole. Elle avait bien vu le manège de l'ascanien, elle avait pensé faire le meilleur choix en restant avec la caravane après avoir dépensé tout cet argent. Elle avait bien vu que la situation lui avait échappé et au fond, peut-être... peut-être qu'elle avait eu envie qu'il vienne la sauver... La fureur lui embrouillait l'esprit alors qu'elle avait l'impression de parler à un mur. Et ses dernières paroles lui transpercèrent le coeur. Elle enjamba le bac et combla la distance entre eux. Sa main fusa et la gifle atteint sa cible en la joue du nomade. Elle ne pouvait stopper les larmes de couler, emplie de colère et de tristesse.

"Alors c'est pour ça que t'as couché avec moi ? Uniquement pour avoir quelque chose en retour c'est ça ? Ose le dire !"

Elle se fichait d'être nue, elle se fichait de hurler, elle voulait comprendre une bonne fois pour toutes ce qu'il avait en tête sans détours. Elle avait sans doute pensé à tort qu'ils pourraient surmonter les obstacles entre eux. Mais lui s'évertuait à ériger des barrières toujours plus hautes. Elle se sentait soudain parfaitement stupide...
Maître du Jeu
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Mer 24 Mar - 22:07
Ainsi, il était le véritable ennemi ici, il ne cessait jamais de l’être, il ne cesserait jamais de l’être. Ils étaient trop différents l’un de l’autre pour pouvoir se comprendre un jour. Plus elle le provoquait, moins il parvenait à contenir ses mots. Elle ne semblait pas se rendre compte de l’effort considérable qu’il faisait pour la préserver de ses remarques les plus incisives, mais aussi les plus vraies. Il pensait avoir clos la conversation et avoir enfin gagné le combats contre les arguments foireux. Il tournait le dos et n’eut que le temps d’entendre ses pas sur le plancher avant qu’elle ne lui décolle une gifle sans cesser de crier. A l’entendre, rien n’aurait laissé prévoir que cette histoire pouvait mal tourner, pire quand il pointait du doigt les choses qui auraient dû l’alerter, elle changeait complètement de sujet passant des mauvaises intentions de Griffenoire aux siennes !

— Mais qu’est-ce que tu crois ? Je suis un homme ! Ce qu’une femme me donne, je le prends ! Cracha-t-il finalement hors de lui.

Elle ne décolérait pas, il dût lui tenir les poignets. Comme un goût de déjà vu, elle leva le genou, cette fois, il opposa son tibia au sien car il savait apprendre de ses erreurs. Abruti. Quel abruti. Le cri de douleur qu’elle lâcha ne le fit pas lâcher prise. Lui faire mal était la dernière chose qu’il avait voulue, pourtant il l’avait fait. Ce fut la goutte de trop.

— Tu vois bien que tu ne peux pas lutter, alors arrête ! Arrête de vouloir te battre avec moi comme un homme ! Nous ne sommes pas faits pareils ! Fustigea-t-il en lui maintenant les mains. Tout ce temps à l’entendre se plaindre de lui, il allait bien le lui rendre.Puisqu’elle voulait absolument savoir le fond de sa pensée, il la lui donnerait, et ce n’était pas ses larmes qui l’attendrirait.

— Tu ne peux pas me supporter mais tu veux absolument m’accompagner. Tu m’accompagnes et à la première occasion tu acceptes les faveurs d’un autre ! Je viens te chercher avant qu’il te prenne, et tu arrives encore à me reprocher d’avoir pris ce que tu m’as donné ? Clairement oui, je suis le plus idiot d’Avalone, fit-il plein d’amertume la libérant enfin. Il n’arrivait pas à faire face à ce visage plein de larmes, il avait dû mal à accepter qu’en la repoussant il ait pu lui faire dû mal et pourtant il n’était pas prêt de s’excuser. Elle s’amusait de lui, elle jouait avec ses nerfs. L’homme tue et la femme rend fou, ils en étaient le parfait exemple. Mais cette fois, il ne la laisserait pas lui donner une autre occasion de se mettre en danger. Il attrapa sa chemise et prit la porte en ignorant les protestation de Jezabelle. C’était pour ça que les nomades ne s’enfermaient pas entre quatre murs avec des femelles : pour la survie de leur espèce. Dans les escaliers en remettant son haut, il tomba sur la jeune femme qui leur avait monté de l’eau, alertée par les cris. Ils se regardèrent une demi seconde, puis il abandonna l’idée de justifier tout ces hurlements. A dire vrai, les opinions des autres ne le touchaient pas plus que ça. Il se dirigea vers la porte d’un pas décidé mais fut arrêté par Lennart.

— Jeune homme si tu pars maintenant, j’ai bien peur que tu ne puisses pas. Nous fermons parfois la nuit, à cause des bêtes d’eau.

Main sur la porte et expira un grand coup.

— Très bien. Donnez-moi donc un de vos liquide-qui-assomme.

— Voyons, un grand, un gaillard comme toi je ne le tomberai pas si facilement. Commence par ça tu m’en diras des nouvelles ! s’exclama-t-il en servant un liquide sombre qui sentait fort. Il n’y avait vraiment rien de pire que les poisons shogs : ils sentaient mauvais, ils goûtaient mauvais. Et sa dernière expérience ne l’incitait pas à retenter. Mais puisqu’il était coincé ici avec cette femme qui s’échinait à lui faire perdre son calme, mieux valait se tenir occupé dans une autre pièce.
Jezabelle Linderoth
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Jeu 25 Mar - 21:41
La situation s'envenimait au fur et à mesure de leur scène. Les mots étaient blessants mais il fallait que ça sorte. Jezabelle enrageait, les poignets maintenus n'arrangeait pas la chose. Et lorsqu'il bloqua son coup, la surprise la gagna. Elle n'eut cependant pas raison de sa fureur et elle continuait de se débattre, comme un reflet de ce qu'ils avaient déjà vécu auparavant. A croire que les auberges ne leur réussissaient pas au fond.

Les mots venaient finalement de tomber, plus incisifs que des lames. La jeune femme resta immobile alors qu'il la lâchait, la mettant face à ses actions plus stupides les unes que les autres. Les sanglots continuaient mais au fond, elle ne savait plus pourquoi elle pleurait. Et lorsqu'il quitta la pièce en claquant la porte, elle se laissa tomber sur le lit, abattue. Comment est-ce qu'ils en étaient arrivés là au juste ? Pourquoi fallait-il toujours qu'ils s'accrochent ? Pourquoi fallait-il toujours qu'elle complique les choses ?...

Quelqu'un toqua faiblement à la porte, quelques coups timides à peine perceptibles.

"Quoi ?" fit Jezabelle un peu plus durement qu'elle ne l'aurait voulu.
"C'est... c'est moi..."

La petite voix de Mathilde résonna derrière le bois. La jeune femme venait sûrement voir si tout allait bien, visiblement alertée par les cris. La brune sécha sommairement ses larmes et s'enroula dans un drap avant de lui ouvrir la porte.

"Je... Est-ce que ça va ?" demanda t-elle un peu gênée.
"Désolé d'avoir crié..."
"Oh non non ne t'en fait pas ! Ça arrive plus souvent qu'on croit. C'est juste... Lennart se faisait du soucis alors..."
"Alors il t'a envoyé" répondit Jezabelle en roulant des yeux.

La fameuse Mathilde vit le peu de désordre dans la chambre et proposa de ranger. Devant le refus de la jeune femme face à elle, elle parut peinée. Jezabelle finit par soupirer et la laissa entrer. Elle n'avait pas franchement besoin qu'on la voit dans cet état mais elle savait que Lennart ne l'avait pas envoyé par hasard.

"J'ai vu ton compagnon descendre les escaliers..."
"C'est pas mon compagnon" répliqua Jezabelle d'un ton grognon.
"Ok..."
"C'est juste un abruti c'est tout."

En vrai, elle ne le pensait pas vraiment. Elle avait juste besoin de déverser son fiel. La jeune Mathilde vint s'asseoir à côté d'elle, sentant bien qu'elle désirait sûrement une oreille attentive.

"Tu veux en parler ?"
"Parler de quoi ?"
"J'en sais rien. Pourquoi vous vous disputiez peut-être."

La servante était plus âgée que Jezabelle. A bien y regarder, elle devait avoir à peu près le même âge que Théodore. Elle était plutôt jolie, les cheveux courts un peu ondulés, une taille fine même si on pouvait déceler quelques rondeurs ça et là.

"Je sais même pas pourquoi..." avoua la brune en baissant la tête.
"Tu sais, tous les couples se disputent, c'est normal."
"ON EST PAS UN COUPLE !" hurla t-elle.

Mathilde se mit légèrement à rire à la remarque. Des gens, elle en avait vu défiler à l'auberge. Elle arrivait à déceler leur personnalité à force.

"Il est juste... Il m'exaspère totalement ! Chaque fois qu'il ouvre la bouche c'est pour me contredire ou me faire une réflexion. Ou même me rabaisser. Il m'énerve !"

Elle attrapa un oreiller et le lança à travers la pièce. Manque de pot, celui-ci atterrit dans le baquet plein d'eau et elle soupira de sa bêtise.

"C'est rien, je t'en porterais un autre."
"Merci... Pourquoi est-ce qu'on arrête pas de s'accrocher comme ça ? J'y comprends rien. Un coup on rit ensemble et la minute d'après on se crie dessus comme des chats sauvages."
"Au moins, vous ne vous ignorez pas."
"On l'a déjà fait..."
"Ah..."

Jezabelle se mit à raconter son histoire avec Eccho et comment ils s'étaient rencontré. Mais aussi, comment le destin les avait remis sur le chemin de l'un et l'autre. Elle n'entrait pas forcément dans les détails les plus intimes, ne voulant partager ce moment avec personne. Quand elle eut fini, Mathilde soupira enfin.

"Ça a l'air compliqué votre histoire là" finit-elle par dire.
"J'essaie pourtant de me montrer arrangeante et il trouve toujours le moyen de me faire sortir de mes gonds !"
"Écoute le mieux c'est de laisser tout ça reposer. Je pense qu'il faut que tu arrêtes de te braquer chaque fois qu'il dit quelque chose qui te dérange."
"C'est moi qui me braque ?" répliqua t-elle en fronçant les sourcils.
"Tu vois ? Tu dois arrêter d'être sur la défensive. Essaie d'écouter calmement ce qu'il a à dire."

La jeune femme croisa les bras et détourna le regard, visiblement contrariée par la remarque.

"Qu'est-ce que ça coûte après tout ?" reprit Mathilde.
"De la patience."
"Tu l'aimes n'est-ce pas ?"

La question était inattendue et surpris la brune qui ouvrit des grands yeux. Son coeur pulsait dans sa poitrine et elle sentit le rouge monter aux joues. Au vu du sourire la serveuse face à elle, c'était visible aussi pour les autres.

"Alors prend sur toi. Faut dire que t'as pas choisi le plus facile."
"Comment ça ?"
"Ben les Nomades par définition ils sont sauvages. Celui-là, si tu le veux, va falloir l'apprivoiser un moment."

Jezabelle baissa la tête. Elle n'avait pas pensé au premier abord que cela serait si compliqué. Sans doute voulait-elle griller les étapes ? On entendit soudain Lennart appeler son employée d'en bas. Celle-ci se leva et gratifia la jeune fille d'un sourire avant de sortir et d'aller voir ce qu'il voulait. La brune se trouvait à présent seule dans la pièce. Elle se laissa tomber sur le lit sur le dos et fixa le plafond. Au fond, c'était bien elle le problème. Elle lui en demandait sûrement trop alors qu'il était perdu dans un environnement qui n'était pas le sien, confronté à des situations sur lesquelles il n'avait pas le contrôle. Elle resta un moment comme ça à réfléchir sur tout ça.

* * * * *

Plus tard dans la nuit, les portes étaient closes. Le baquet avait été retiré de la chambre et de nouveaux oreillers montés. Malgré la fatigue qui la tiraillait, Jezabelle n'arrivait pas à fermer l'oeil. Elle avait revêtue une vieille chemise de nuit bleu-gris de la défunte femme de Lennart et était accoudée à la fenêtre à regarder les ténèbres. La lune éclairait le ballet nocturne des créatures qui se mouvaient dans les ruelles. Si on tendait l'oreille on pouvait entendre leur râle alors qu'elles cherchaient désespérément de quoi se nourrir. La jeune femme était habituée, ce n'était clairement pas la première fois qu'elle voyait cela. Elle les avait même vu de trop près à son goût cette nuit-là... Elle ne savait dire si cela l'effrayait ou la fascinait. Peut-être bien un mélange des deux.
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Ven 26 Mar - 22:00


Un moment passa avant que les bavardages ne reprennent dans la taverne.

— Sacré caractère la petite, hein ? fit un type à sa droite, comme pour lancer la conversation.

— Tu l’as bien contrarié, faut dire… Rien de grave, j’espère, l’ami.

L’aubergiste allait à la pêche aux informations, son œil restait méfiant à l’égard de cet homme qui était parvenu à mettre sa petite Jezabelle hors d’elle. Elle l’avait présenté comme un ami, mais se prend-on le bec de cette manière là en amitié ? Pour toute réponse, ils n’eurent qu’un soupire exaspéré. Il émanait du verre une forte odeur avertissant de la toxicité du liquide. Tous les signaux d’alertes en lui indiquait qu’il ne valait mieux pas consommer le poison, Eccho les ignora tous, et leva le coude pour une bonne rasade. Tout comme ce qu’on lui avait fait boire à la cité maudite, il sentit une étrange chaleur brûler sa gorge et son estomac. Il ne put se retenir de tousser, les shogs accoudés au comptoir s’esclaffèrent tous de voir ce grand gaillard si peu habitué à la vraie boisson de Njörd.

— Comment un homme parvient à vivre avec une femme entre quatre murs sans qu’elle le rende fou ? Demanda-t-il sans vraiment attendre de réponse, il fixait sa timbale en jouant avec le liquide qu’elle contenait.

— Oh, elles nous rendent fous, expliqua son compagnon de beuverie. C’est pour ça qu’on rentre jamais chez nous. Regarde, on est tous là ! s’exclama-t-il en écartant les bras pour montrer les attablés de la taverne. Tous les hommes se mirent à rire. Si peu consolé, le nomade prit une nouvelle gorgée.

S’en suivit un longue conversation sur les similarités entre les femmes shogs et les nomades, pour au final conclure une chose : aucun homme ne comprenait totalement les femmes, mais ils ne pouvaient pas s’empêcher de les aimer. Beaucoup de clients avait succombé au sommeil quand Eccho refusa un dernier verre. Il s’éloigna la démarche quelque peu vacillante sous le regard plein de jugement de Mathilde.

— Apparemment, vous n’avez pas l’habitude de l’eau chaude, fit-elle sans cacher la mauvaise opinion qu’elle pouvait avoir de lui. Il y a des bacs d’eau dans la grange, si vous voulez. Mais ne vous déshabillez pas ici, par Njörd ! s’écria-t-elle.

Il n’y avait guère qu’elle qui fut choquée par le manque de pudeur d’un nomade, pas un homme ne moufta ; ils avaient vu bien pire que des types ivres à poils.

— Je n’ai plus besoin de toi pour ce soir, Mathilde, merci, fit Lennart pour épargner les yeux chastes de la demoiselle tandis qu’Eccho se dirigeait à pas irrégulier vers le lieu de sa toilette. Ca faisait un moment qu’on ne l’avait pas vu quand on le retrouva dans l’abreuvoir des chevaux, bras et jambes pendants inertes. Le bougre avait trouvé l’eau, mais pas celle de la toilettes. Les montures restaient perplexes face à cet animal qui flottait dans leur bassin.

— Ah, mon garçon. Une fillette tiendrait mieux l’alcool que toi. Allons bon, sort de là. Remets tes braies non, de non ! Nos clientes ne sont pas nombreuses, mais faudrait pas non plus que tu les effraies en leur mettant ton bazar sous le nez !

Remettre son pantalon fut une tâche des plus compliquées, et lorsqu’il y parvint, il dut faire face à une nouvelle épreuve : l’escalier. Il parvint à se hisser à l’étage, essaya d’ouvrir une porte. Fermée. Une autre. Fermée. La troisième s’ouvrit, puisqu’elle n’avait pas été verrouillée, alors qu’il appuyait dessus de tout son poids dessus. Elle rebondit sur ses bonds avec un fracas qui interrompit les ronflements des chambres voisines. Il referma la porte, et s’aperçut que Jezabelle ne dormait pas. On aurait même dit qu’elle l’attendait.

— Ca va ?

— Pourquoi t’en soucier maintenant, soupira-t-il, comme s’il ne voyait même pas l’intérêt de cette nouvelle querelle. L’alcool et la fatigue ne semblait pas avoir apaisé sa rancœur. Il avisa la paillasse et la tira près du feu avant de s’y laisser tomber mollement. Peut-être avait-elle espéré remettre les choses à plat, mais il ne semblait pas en éprouver le besoin ce soir. L’esprit déjà embué, il ne mit pas longtemps à succomber au sommeil.

[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho] W69b

Au matin, la migraine qui battait entre ses tempes était à la limite du supportable. Il se redressa sur sa couche, incertain d’où il se trouvait. Quand il comprit, il se leva pour rassembler ses affaires. Il était venu ici pour une seule raison, il comptait bien s’y atteler. La veille, il avait repéré beaucoup d’hommes qui arborait un tatouage similaire au sien, et certains avait été étonné de le voir arborer la marque des Echoués. Mais personne ne connaissait le dénommé « Kranbyr ». Se pouvait-il qu’il était venu jusqu’ici vainement ? Port-aux-Echoués était tout petit comparé à Claircombe, il était curieux que personne ne connaisse ce nom si curieux. Lorsque la brune se réveilla, il était déjà prêt à partir. Ses yeux verts la fixèrent quelques secondes sans trop savoir quoi lui dire. Il ne comprenait même pas pourquoi elle avait insisté pour voyager avec lui jusqu’ici.

— C’était une mauvaise idée, conclut-il pour lui même. Elle dégagea ses jambes des couvertures pour s’asseoir au bord du lit, dévoilant un long bleue sur la jambe. La vue lui fit serrer les dents. Visiblement contrarié, il reposa son sac et le fouilla à la recherche d’une petite boîte en bois. Il revint vers elle et s’assit à son tour sur le lit. Sans un mot, il prit sa jambes et badigeonna l’hématome du baume.

— Une succession de mauvais choix.
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Sam 27 Mar - 2:08
A demi assoupie contre la vitre, Jezabelle fut réveillée par un vacarme dans le couloir. Elle tourna la tête vers la porte et la vit s'ouvrir avec fracas, révélant ainsi Eccho. Il n'avait pas l'air stable sur ses jambes et lorsqu'elle tenta de s'enquérir de lui, il coupa court à toute discussion. Elle ne chercha donc pas plus loin et le laissa se coucher près du feu. Penchant la tête sur le côté, elle soupira en le fixant. Il ne mit pas longtemps à sombrer et la jeune femme roula des yeux en entendant ses ronflements dignes de la plus horrible des bêtes sauvages. Elle prit place elle-même dans le lit et rejoignit elle-même le pays des songes assez rapidement.

* * * * *

Jezabelle finit par se réveiller avec peine. La lueur du jour perçait déjà par la fenêtre, elle avait complètement oublié de rabattre le volet intérieur. Elle frotta ses yeux et mit quelques temps pour reconnaître les lieux. Lorsque son regard se posa sur Eccho, elle croisa ses yeux émeraudes qui la fixaient. Elle détourna assez vite la tête et s'assit finalement au bord du lit. Sa jambe lui fit un mal de chien et elle grimaça. Elle fut d'abord surprise de voir l'hématome qui la couvrait en partie puis se remémora malgré elle la scène de la veille.

Lorsqu'elle le sentit s'asseoir près d'elle et s'occuper de sa jambe, son coeur rata un battement. Elle gardait la tête basse sans oser lui parler. Il appuya finalement sur sa conclusion et elle soupira. Elle ne pouvait pas lui en vouloir après tout ce qui s'était passé jusque là. Elle ne trouva qu'une seule chose à dire à mi-voix.

"Je suis désolée..."

Elle se sentait stupide devant le manque de réaction et ne savait pas trop quoi ajouter, ni même s'il fallait ajouter quelque chose. Cependant, après quelques secondes, il finit par répondre, sans oser la regarder.

"Je n'ai pas voulu te faire mal"

Cela la rassura quelque part de voir que le dialogue n'était pas coupé entre eux. Elle mit un temps pour réfléchir et poser chacun de ses mots, sachant qu'elle avançait sur des charbons ardents à présent avec lui. Elle avait toujours les mots de Mathilde en tête. Si Jezabelle voulait qu'ils arrêtent de se disputer de la sorte, il fallait qu'elle ait plus de patience. Elle ne devait plus agir comme une adolescente sans cervelle, elle était loin d'être bête mais avec lui, elle perdait tous ses moyens...

"Non, tout est ma faute. Je voudrais juste... Je voudrais juste qu'on arrive à se comprendre."

Elle ne savait pas trop s'il avait toujours envie de rester près d'elle. Elle ne voulait pas le brusquer mais elle était sincère dans ses propos. Elle tourna la tête de son acolyte et le força à la regarder. C'était indéniable, leurs modes de vie étaient si différents que s'ils continuaient de la sorte ils n'arriveraient jamais à se rejoindre.

"Apprends-moi Eccho. Parle-moi des nomades, comment ils vivent, comment ils perçoivent le monde. Comment Toi tu perçois le monde... Je veux savoir ce que je suis incapable de voir."

Jezabelle faisait un pas en avant vers lui. Elle espérait qu'il réponde favorablement et qu'il prenne le temps de lui expliquer les choses. Et ainsi peut-être qu'elle verrait la vie comme lui la voyait et qu'ils arrêteraient donc de se chercher des poux pour tout et n'importe quoi. Sans même s'en apercevoir, sa main caressa sa joue. Mais elle reprit pied assez vite et la laissa tomber en détournant les yeux. Elle ne pouvait nier que le contact de sa peau lui manquait mais elle ne voulait rien forcer.

Un pas après l'autre. Ne pas griller les étapes.

La jeune femme se répétait ces mots comme un mantra. Et elle se rendait compte à quel point cela allait être difficile. Parce qu'à chaque fois qu'elle se trouvait près de lui, la saveur de son corps lui revenait en mémoire tout comme le goût de ses lèvres sur les siennes...
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Mar 6 Avr - 1:59


D’un geste doux et circulaire, Eccho étala le baume sur l’hématome, jusqu’à ce que la pâte chauffe pour pénétrer l’épiderme. Dans un premier temps, il avait rejeté toute culpabilité en bloc : après tout, elle avait créé cette situation et l’avait forcé à réagir à son agression. Pourtant, en y repensant à froid, il devait se l’avouer : il n’avait pas eu un rôle tout à fait passif dans cette dispute. Même excédé, il savait pertinemment qu’en cédant à la provocation, la cruauté transparaîtrait dans ses mots juste pour l’atteindre. Il avait espéré la pousser dans ses retranchements et mettre fin à la dispute. Une erreur de jugement, il n’avait fait qu’aggraver la situation. Acculée et furieuse, la jeune femme avait cédé à son instinct animal en attaquant. Etait-elle pour autant la seule fautive dans cette histoire ? Ses excuses vinrent titiller son sentiment de culpabilité alors qu’elle cherchait son regard. Comprendre. Y avait-il quoi que ce soit à comprendre ? Lui-même n’en était pas certain. Apprendre. Il y avait trop à apprendre, et si elle le voulait sincèrement, par où commencer ? L’évidence, celle invisible à ses yeux. Ils s’observèrent un temps avant qu’elle ne baisse les yeux, il fit de même en reportant son attention sur la tâche qui l’occupait.

— Je ne cherche pas à obtenir quelque chose de toi. Tu l’as dit toi-même : tu n’es pas libre comme moi. Les dieux me protègent quand je marche seul et sans tribu, mais toi ? Qui te protégera ?

Il passa une dernière fois sa main le long de la jambe pour vérifier que la peau avait bien absorbé le baume. Le contraste de couleurs entre la peau livide et le bleu qui s’irisait entre le marron et le jaune  lui tira un autre soupire dépité. Sa voix s’assombrit comme si parler de mauvais présage risquait de provoquer le pire.

— Je sens bien que ce que nos corps veulent. Si je ne te repousse pas encore, combien de temps crois-tu qu’il faudra avant que ton ventre ne s’arrondisse ? Il fit une pause, comme pour la préparer à la conclusion évidente. Son visage se referma alors qu’il reposait la jambe de Jezabelle sur le sol, puis il se leva.

— Il ne peut rien y avoir entre nous, c’est plus sage ainsi. La sincérité perçait dans le regard qu’il lui adressa. Je peux te parler nuit et jour de la vie de nomade, de nos coutumes, de nos lois, mais peut-être qu’on ne pourra jamais se comprendre.

Jezabelle Linderoth
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Mar 6 Avr - 5:38
Sans oser relever les yeux, la jeune fille l'écoutait parler. Ses mots étaient justes, c'était elle qui lui avait fait comprendre que sa place était auprès de ses proches. Après tout, c'était la logique même non ? Mais cette logique, était-elle réelle ? Ou bien le fait d'habitudes prises au fil des années, du confort qu'elle avait acquis et qu'elle avait sans doute peur de quitter... Qui la protègerait à elle au dehors des murs de la cité ? Un moment ses yeux se posèrent sur lui, comme une pensée qui traversait son esprit. Mais elle secoua la tête et détourna à nouveau le regard. La main de l'homme qui parcourait sa jambe était une si belle torture pour elle... Elle avait beau savoir qu'il se contentait de la soigner mais cela devenait difficile de ne pas céder...

Soudain, il toucha un sujet auquel elle ne s'attendait pas. Son ventre ? S'arrondir ? Jezabelle écarquilla les yeux en le fixant. Puis ses joues s'empourprèrent aussitôt. Elle y avait déjà songé, elle n'allait pas le cacher. Cependant... Avec ce qu'elle avait subit, elle n'était pas sûre de pouvoir... Enfin... C'était trop bête, elle aurait dû montrer sa cicatrice et sa souffrance à Adrian. Maintenant qu'elle était confronté au problème, elle commençait à se poser toutes sortes de questions sur le sujet.

Les paroles qu'Eccho prononça par la suite percèrent son coeur tel une lance. Ils étaient criant de vérité, c'était indéniable. Ils étaient sans doute trop différents pour se comprendre après tout... Ses doigts effleurèrent la griffe qu'elle ne quittait jamais, autour de son cou. Celle-là même qu'il lui avait confié lorsqu'ils s'étaient quitté. Ce simple geste suffisait à la rassurer en général. Et c'était aussi le cas à ce moment. La jeune femme tenta de poser la jambe par terre et de s'appuyer dessus, mais la douleur la paralysa et une grimace passa sur son visage. Hier l'adrénaline avait caché la souffrance, aujourd'hui cela la lançait terriblement. Soupirant, elle resta assise sur le lit alors qu'un léger silence s'était installé entre eux. Ce fut finalement elle qui le brisa.

"Si ça peut te rassurer, je ne suis même pas sûre de pouvoir... enfin... avec cette immonde marque sur mon ventre..."

Jezabelle sourit tristement en l'évoquant timidement à voix haute. Au final, avant de le rencontrer, elle n'avait jamais vraiment songé à porter la vie. Et c'était depuis qu'ils avaient partagé leur couche que l'éventualité avait doucement fait sa place dans son esprit. Non pas qu'elle en ait réellement envie, elle avait juste des interrogations sur son avenir à ce sujet.

Elle comprenait son point de vue, elle sentait bien qu'il était seul depuis bien longtemps maintenant. Le forcer à la côtoyer elle, une femme que finalement il connaissait assez peu, cela devait être difficile pour lui. La jeune femme n'avait jamais vraiment envisagé la chose sous cet angle. Mais aujourd'hui elle avait les idées plutôt claires sur beaucoup de choses. Et dans ses choses, elle savait à présent que sa place n'était ni à Claircombe, ni même ici. Elle ne savait pas où elle devait être cependant elle savait où elle ne devait pas être. Et c'était déjà un grand pas en avant pour elle.

"Tu dis que si tu me parles, on ne pourra sans doute jamais se comprendre. Et on sait toi comme moi que si on continue de rester enfermé ensemble, on va s'entre-tuer."

Son ton était très sérieux, chaque fois qu'ils se retrouvaient tous les deux trop longtemps dans la même pièce ils finissaient par se hurler dessus. Néanmoins, elle ne voulait pas abandonner et elle était prête à tout essayer pour le comprendre.

"Emmène-moi avec toi" fit-elle simplement en soutenant son regard. "Je sais que je ne suis clairement pas la plus qualifiée en matière de survie. Soyons honnêtes, je suis même un sérieux boulet pour toi. Mais je ne vois pas d'autres solutions. Et puis... je veux vraiment savoir d'où je viens et ce que je suis vraiment..."

Jeabelle ramena ses jambes contre elle et se drapa dans une couverture, sentant le froid la gagner. Elle fixa quelques secondes le feu dans la cheminée, confort qu'elle appréciait particulièrement. Les nuits dans la neige lui revenaient soudain en mémoire et elle frissona d'autant plus, rafermissant sa prise sur la couette. Cependant, elle n'abandonnerait pas.

"De toutes façons, je suis déjà partie. Et je ne compte pas y revenir de si tôt. Ma vie n'est pas là-bas... Non, je refuse de passer le reste de ma vie à essuyer des assiettes et servir des pintes à des hommes saouls au rire gras..."

Cette dernière phrase, elle l'avait surtout dit pour elle-même, elle ne s'adressait pas vraiment à Eccho. Elle ne voulait plus de cette vie de corvées, cette vie sans but et vide de sens. Elle voulait autre chose. Elle voulait se sentir vivante.
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Jeu 8 Avr - 15:44


Eccho referma le pot de baume soigneusement avant de le ranger à nouveau dans son sac de cuir. Du coin de l’oeil il la vit prendre appui sur sa jambe, puis renoncer à se mettre debout. Voilà qui simplifiait les choses : elle ne le suivrait pas aujourd’hui, songea-t-il pour lui-même. Il inspira profondément. Après tout, un peu de solitude ne leur ferait pas de mal. Jezabelle avait dû longuement faire le tour de ses paroles, car lorsqu’elle reprit la parole c’était pour poursuivre la conversation qu’il croyait avoir achevé plus tôt. Ce qui l’entendit le pétrifia, alors qu’il lui tournait le dos.

Le rassurer ? Pourquoi une telle chose l’aurait rassuré ? Aucun homme ne pouvait décemment souhaiter ça à une femme. Le pouvoir de créer et de porter la vie venait directement de Vaarkarsh. En être privé était un châtiment qui ne pouvait être prononcé et appliqué que par la Chamane et les Matriarches d’un accord commun. C’était amputer tout une branche de l’arbre que représentait la tribu. C’était grave. Face au mur, il ne vit pas le sourire de la femme, fort heureusement.

— N’es-tu pas allé voir ton chamane pour qu’il te dise ce qu’il en est ? Fit-il incrédule. Sa langue claqua contre son palet alors qu’il agitait la tête, agacé. Comment des choses aussi importantes et cruciales pouvaient passer au second plan ? Mais ce n’était qu’un détail de la contradiction qu’incarnait cette femme. Elle voulait qu’il l’emmène à présent : où d’ailleurs ? C’était donc pour ça qu’elle avait insisté pour partir. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle avait vécu depuis leur première rencontre, mais force était de constater que ce frère si important, et ces gens qui comptaient sur elles, tout ça avait disparu. L’instabilité de sa situation la poussait en avant, et elle s’y précipitait au risque de courir tout droit à sa part. Il resta perplexe à l’observer sans ciller. Qu’attendait-elle de lui ? Où croyait-elle qu’il allait ?

— Je vais chercher le Shog aujourd’hui. Après, on cherchera ta tribu. Tu peux venir si tu veux, fit-il en avisant la jambe de son interlocutrice. Elle n’était ni cassée, ni foulée, ce n’était qu’un hématome, mais si elle ne se sentait pas de marcher, il n’allait pas le lui imposer.
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Ven 9 Avr - 0:51
Pourquoi n'en avait-elle jamais parlé à Adrian ? Tout simplement parce qu'elle était bien bête. Elle n'aurait jamais pensé revoir Eccho à ce moment et elle n'était même pas sûre de vouloir partager son intimité avec un autre. Elle ne savait d'ailleurs toujours pas pourquoi lui et pas un autre. Tout était emmêlé dans son esprit sans qu'elle parvienne à faire vraiment le tri. Mais pour la première fois, elle sentait qu'elle prenait ses propres décisions. Et si cela devait la mener à la mort, alors elle aurait vécu ses derniers instants dans la certitude d'atteindre un but, ou du moins d'essayer et non pas d'attendre après la vie inutilement. Cela devait paraître étrange aux yeux du nomade, mais Jezabelle avait sa propre logique.

Lorsqu'il affirma partir en quête de son père puis de la tribu de la jeune femme, celle-ci leva la tête vers lui. Avait-il accepté si facilement ? D'habitude ils se criaient constamment dessus pour tout et là, il disait juste oui ? Elle n'en croyait pas ses oreilles, comme si elle s'était attendu à ce qu'il refuse une fois de plus. Voyant qu'il était encore plus surpris par son regard elle se pressa de répondre.

"Je... je viens ! Attends-moi je... Je dois me mettre quelque chose de plus chaud sur le dos" fit-elle en se levant d'un bond.

Elle manqua de tomber par terre en s'appuyant sur sa jambe et fit une autre grimace de douleur, se rattrapant au mur. Cela la lançait mais elle allait faire avec ! Sans plus de pudeur, elle retira sa robe de nuit et la jeta sur le lit. Puis elle passa celle que lui avait porté Mathilde la veille pour qu'elle puisse se changer. La jeune fille ajusta la tenue et se tortilla quelque peu dedans, mal à l'aise. Elle n'avait plus vraiment l'habitude de porter autre chose que du noir ou du bleu très foncé. Et ces vêtements eux étaient d'un vert un peu sombre agrémentés d'une ceinture de cuir marron et de lacets de même couleur sur les côtés. Elle fit une légère moue puis soupira enfin avant d'enfiler ses chaussures fourrées.

"Par contre je dois juste faire une course avant" dit-elle un peu embêtée. "Je dois voir la vieille guérisseuse du village pour qu'elle me donne de quoi calmer mes douleurs..."

* * * * *

Une fois restaurés et habillés, ils arpentèrent les rues de Port-aux-Échoués en quête de la maison de la rebouteuse du village. La vieille Noxia, Jezabelle la connaissait bien. Elle avait requis ses services bien des fois. La vieille femme faisait un peu peur aux habitants, mais tous savaient qu'elle était douée dans son domaine. En chemin les deux jeunes gens ne parlèrent pas beaucoup. La brune n'osait clairement plus aborder certains sujets de peur de remettre de l'huile sur le feu. Elle faillit tomber une ou deux fois en chemin, serrant les dents sous la souffrance de sa jambe. Fort heureusement, Eccho la rattrapa à chaque fois. Elle qui ne voulait pas passer pour un boulet, c'était raté pour le coup.

Une fois devant la maison, aucun panneau n'indiquait clairement qu'elle habitait là et ce qu'elle proposait comme services. La jeune fille frappa puis entra immédiatement, refermant derrière le nomade.

[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho] Noxia10"Noxia ? C'est moi, Jezabelle !"

La femme se montra à l'annonce, descendant de l'étage où elle devait être affairée. Elle boita jusqu'à Jezabelle en souriant et lui tapota les joues affectueusement. Elle était légèrement voutée et on pouvait à présent clairement voir son oeil gauche quasiment aveugle et blanc.

"Jezabelle, ma fille. Cela fait longtemps que je ne t'ai pas vu ici."
"Oui, je suis désolée, je devrais venir plus souvent" s'excusa t-elle.
"Bah, tu as des affaires plus importantes à la grande ville. Tu es allée voir Lennart j'espère ?"
"Oui ne t'en fais pas, il sait même que je suis là."

La vieille ricana tout à coup à la remarque. Elle savait à quel point Lennart avait une trouille bleue de franchir la porte de sa demeure et se doutait de la tête qu'il avait pu faire en sachant que Jezabelle venait la voir.

"Et qui est ton charmant compagnon ?" dit-elle en s'approchant et portant ses mains au visage de l'homme pour en tracer les contours.
"Son nom est Eccho."
"N'ai pas peur jeune homme, ma vue me fait défaut alors je me sers de mes mains pour définir ton apparence."

Une fois fini, Noxia s'éloigna en souriant et repartit toujours en boitillant vers un petit comptoir couverts d'ustensiles plus ou moins étranges.

"Qu'est-ce qui t'amène alors chez moi ?"

Jezabelle lui expliqua la démarche, lui parlant de ses douleurs toujours plus présentes, d'Adrian et du traitement qu'il lui avait proposé mais aussi du chaotique voyage où elle avait perdu ses maigres stocks. Elle n'avait jamais vraiment eu de secrets pour la vieille femme, la prenant un peu comme une grand-mère un peu spéciale.

"Je vois. Tu te doutes que je ne pourrais pas te donner la même chose que lui n'est-ce pas ? S'il est aussi doué que tu le dis alors je ne peux rivaliser avec ses compétences."
"Je sais. Mais j'ai besoin d'un palliatif en attendant de trouver une solution pour reprendre mon traitement."
"Bien. Je vais te fournir quelque chose qui pourra te soulager un temps. Mais tu vas finir par t'y habituer, comme à tous les autres avant ça."
"Je sais..." fit Jezabelle en baissant la tête, résignée.
"Montre moi d'abord cette vilaine marque pour voir comment cela a évolué."

La jeune fille s'exécuta alors, relevant sa robe avec peine. La guérisseuse approcha une lampe plus près et étudia de ses doigts les contours de la cicatrice. Puis elle appuya plus en profondeur à travers la chair, essayant de déterminer l'étendue des dégâts en dessous. Elle fit une légère moue en constatant que la peau ne s'était pas assouplie ou arrangée avec le temps.

"Ça n'a pas beaucoup changé..." affirma t-elle alors que sa patiente arborait une mine un peu triste. "Ton médecin t'a ausculté à la ville ?"
"...Non..."
"Il faudrait vraiment qu'il voit ça. Je ne peux pas faire grand chose pour toi de ce côté-là."

La vieille rebouteuse avait parlé un peu à contrecoeur. Elle aurait voulu en faire plus pour la brune mais c'était au dessus de ses capacités. Elle se mit finalement à l'ouvrage tandis qu'elle conversait avec Jezabelle. Elle mélangeait toutes sortes de plantes et elle souriait en voyant Eccho qui surveillait ses moindres faits et gestes. Elle connaissait bien les malheurs qui avaient frappé la jeune fille dans son adolescence et se doutait qu'elle avait dû en vivre d'autres dans son enfance malgré le mutisme dont ils avaient fait preuve elle et son frère sur cette partie de leur vie. Elle savait à quel point elle voulait sa vengeance. Et ce ne fut donc pas anodin qu'elle ajoute une information cruciale, continuant de s'affairer.

"Décidément, on dirait qu'en ce moment les morts reviennent hanter ces lieux."
"Comment ça ?"
"Tu n'es pas la seule à revenir par ici et à passer par chez moi. Il semblerait que ce village attire les âmes égarés."

La jeune fille fronçait les sourcils, elle ne comprenait pas où la vieille femme voulait en venir. Et soudain, Noxia cracha le morceau comme si de rien n'était.

"J'ai vu Bartholomé il y a à peine quelques jours déambulant dans le village."

Jezabelle releva aussitôt la tête vers elle, les yeux écarquillés. Cette information était à peine possible ! Elle n'en cru pas un mot au premier abord et finit par digérer la nouvelle avec amertume. Celui qu'elle cherchait depuis si longtemps, ici... Elle sentit toute la rage l'envahir et se leva d'un coup. Puis elle attrapa le poignet de la vieille femme et la força à lui faire face.

"D'où il venait ? Qu'es-ce qu'il faisait ? Parle !"
"Pourquoi ?" répondit Noxia très calme. "Pour que tu ailles te venger ?"
"Cela ne te regarde pas !"

Elles passèrent quelques secondes à soutenir le regard l'une de l'autre sans ciller. Celui de la rebouteuse était imperturbable tandis que celui de Jezabelle ne contenait que les flammes de la colère. Son corps tremblait et elle se contenait difficilement.

"Il est venu voir son père" dit finalement la vieille calmement. "Il est marchand à présent, tout comme lui. Mais Ingvar est très malade alors il a remontré sa tête par ici."
"Il est toujours ici ?"
"Je ne sais pas."
"Tu plaisantes j'espère ? Tu connais tout et tout le monde ici !"
"Jezabelle, je t'assure que je ne sais pas où il est. Tu sais comme moi qu'il n'a pas envie qu'on le trouve. Et on sait toi et moi pourquoi."

La jeune fille finit par lâcher la main de la femme sans une once de douceur. La fureur était toujours contenue en elle. Elle partit s'asseoir près du feu à même le sol, le regard planté dans les flammes qui dansaient là sans vraiment les voir. Elle réfléchissait à toutes sortes de choses, n'écoutant plus les bruits autour d'elle. Elle avait demandé à Eccho de l'emmener loin, elle avait insisté, elle ne pouvait décemment pas lui faire faux bond encore une fois... Et pourtant, savoir que Bartholomé était peut-être là à Port-aux-Échoués changeait quelque peu la donne... Jezabelle n'arrivait plus à savoir la priorité à suivre.

Pendant ce temps, la vieille Noxia repartit s'affairer sur son comptoir avec un léger sourire en coin. Loin de regretter ses paroles, elle avait choisi délibérément de ne pas garder cette information pour elle.

"Je n'ai rien dit à Lennart sur tout ça" se contenta t-elle d'ajouter.
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Mar 13 Avr - 23:52


Eccho se pencha pour laisser l’ancienne toucher son visage. Elle avait le savoir d’une vie, des connaissances mystiques et c’est sans doute pour cela que l’on venait la trouver pour obtenir des remèdes. Mais un don des dieux coûtait cher à son porteur, comme beaucoup d’Oracles, la chamane Noxia avait perdu la vue. Jezabelle sollicitait ses services, mais la vieille ne semblait pas très optimiste quant aux effets de ses remèdes.

Les deux femmes s’isolèrent derrière un paravent pour observer la cicatrice de la plus jeune. Pendant ce temps, Eccho observa la boutique. De nombreux bocaux renfermaient des herbes séchées ou des graines, parfois même des poudres ou des huiles. Lorsque l’oracle entreprit un mélange pour sa patiente, Eccho prit soin d’observer et de mémoriser les ingrédients qu’elle sélectionnait. Le nomade ne prêta pas attention aux bavardages des deux femmes, mais lorsque Jezabelle fronça les sourcils, il comprit que quelque chose d’important se passait. Qui était ce Bartholomé ? Et pourquoi la brune aurait-elle voulu se venger s’il ne s’agissait pas de l’homme qui l’avait laissé pour morte. A son tour, il prit une mine hostile. Si la vieille savait quelque chose et qu’elle refuserait de parler, il saurait mettre de côté son respect des anciens pour obtenir l’information dont Jezabelle aurait besoin. Il restait aux aguets cependant, observant le manège des deux femmes qui s’affrontaient du regard sans ciller. Mieux valait ne pas intervenir quand deux louves montraient les crocs, d’autant qu’il n’était pas encore sûr de l’enjeu réel de cette dispute. Finalement, Jezabelle battit en retrait pour s’asseoir près du feu. Eccho commençait à connaître un peu la jeune femme, le fait qu’elle préfère s’écarter lors d’une dispute indiquait clairement le niveau de colère qu’elle tentait de contenir. Doucement, oui, elle apprenait à ne pas aggraver les situations, et lui, à anticiper les situations qui pouvaient dégénérer. Le sourire qu’elle affichait déplaisait au nomade, mais il n’aurait pas su dire pourquoi. Se réjouissait-elle du malheur que ses nouvelles apportaient ? De la douleur qu’elles ravivaient ?

— Oracle Noxia…

L’ancienne leva le nez vers lui, à peine surprise par cette appellation. Elle avait suffisamment vécu sur cette terre pour savoir que les hommes étaient faits de cultures diverses et variées. Elle avait rencontré des Ascaniens, des Amaranthis, des Utgardiens  bien sûr – puisqu’ils constituaient la majorité de la population à Port-aux-Echoués – et parfois aussi, des Nomades. Leurs traditions s’approchaient plus de celles des Enfants de Njörd, et s’ils ne vénéraient pas le Maître Forgeron, ils vénéraient les Titans. Comme les Utgardiens, les indigènes avaient leurs prêtresses, comme eux, ils respectaient leur autorité supérieure et mystique. Noxia n’était pas oracle, non, mais elle comprenait parfaitement le respect dont Eccho faisait preuve en lui accordant ce titre. Mais, ce n’était pas à mémé qu’on apprenait à faire des singeries, elle plissa les yeux, méfiante à cette flatterie.

— Même toi, tu ne peux rien contre la volonté des Dieux. Tu ne sais pas où il est, mais tu vois où il pourrait être.

Voir ou deviner, qu’importe, l’instinct était ce qui permettait à tous les mortels de recevoir les messages divins. Le sourire de la guérisseuse s’élargit, comme si elle n’avait attendu qu’une occasion de partager ses suspicions.

— Si j’avais un père malade et que j’étais revenu pour me tenir à son chevet sans trop attirer l’attention, je ne logerai pas bien loin de son lit...
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Ven 16 Avr - 1:45
Jezabelle entendait les paroles d'Eccho et Noxia en fond comme un bruit sourd et diffus. Elle était perdue dans ses pensées et n'arrivait clairement pas à choisir sa destinée. La vengeance... Elle n'avait vécu jusqu'à aujourd'hui que pour ce seul moment. Sentir la lame s'enfoncer dans sa chair serait la satisfaction la plus grande qu'elle pourrait avoir en ce moment. Mais d'un autre côté... elle avait tellement insisté auprès du nomade, il avait promis de l'aider. Et au fond, lui n'était pas là pour ça, il était venu là pour retrouver son géniteur, pas pour s'occuper des problèmes de la brune.

Lorsque la vieille femme indiqua un potentiel emplacement cependant, Jezabelle tourna la tête. Noxia croisa son regard et s'en remit à sa préparation calmement, sans rien ajouter. Elle sentait la jeune fille bouillonner mais continua sans rien dire. Une fois fini, elle posa quelques fioles sur le comptoir et se retourna vers les deux jeunes gens.

"Voilà pour toi, ne les utilise qu'en cas de crise importante ou ton corps s'habituera vite."
"Merci..." répondit la brune toujours à cran, sans même la regarder.

Elle les rangea soigneusement dans sa besace silencieusement. Et alors qu'ils étaient sur le point de sortir de la cabane, la vieille ajouta comme si de rien n'était.

"Ingvar habite dans le sud du village, non loin de l'auberge du poisson d'or."

Puis elle remonta à l'étage, sûrement pour reprendre ses affaires qu'elle avait stoppé à l'arrivée du duo. Jezabelle resta un moment interdite sur le pas puis elle sortit sans rien dire, suivie de près par Eccho. Le nomade semblait savoir où aller et elle le suivit sans rien dire, tête basse, toujours en pleine réflexion. Le poisson d'or était la seconde auberge du village, beaucoup plus cotée que celle de Lennart, elle y accueillait les marchands les plus importants et la plupart des caravanes. Celle où la jeune fille avait passé son adolescence était surtout fréquentée par les pêcheurs et le tout venant.

Alors qu'ils marchaient plus ou moins côte à côte, Jezabelle murée dans son mutisme et semi-consciente de ce qui l'entourait, l'ambiance se faisait de plus en plus pesante. Plusieurs rues les séparaient désormais de la boutique de Noxia mais Eccho sentait bien que la colère de la jeune femme ne s'était pas dissipée. Une fois n'est pas coutume, il décida de briser l'étrange silence.

"Bartholomé, c'est lui que tu vas tuer."

Mais il n'eut aucune réponse. La brune n'écoutait pas vraiment les bruits autour d'elle. Elle gardait la main fermement ancrée sur sa dague jusqu'à se faire mal aux jointures. Reparler de Bartolomé avait ravivé en elle une rage qu'elle croyait quelque peu assagie. Elle constatait qu'elle avait eu tort de le croire. Elle n'eut cependant pas le choix lorsque le nomade stoppa net et la plaça face à lui, empoignant ses épaules. Il la força à soutenir son regard, sentant clairement que quelque chose clochait là.

"Quoi ?" fit-elle un peu sèchement, toujours extrêmement tendue.
"Bartholomé, c'est lui que tu vas tuer" répéta t-il alors en fixant ses yeux.
"Ce ne sont pas tes affaires. Après tout, tu n'es pas venu là pour ça non ? Alors, allons chercher ton géniteur. C'est ce qui était prévu."

Ses paroles étaient incisives, son corps tremblait sous la fureur qu'elle contenait tant bien que mal, sa main tenait fermement l'arme à sa ceinture. Tout trahissait son humeur du moment et elle ne pouvait que difficilement le cacher. Eccho choisit de ne pas envenimer la situation et la lâcha. Jezabelle reprit donc sa marche à se côtés vers leur destination. Tout en avançant, elle tentait d'échafauder le plus incroyable des plans et peut-être même, le plus stupide voir suicidaire...
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Sam 1 Mai - 17:00


A demi-mots, l’ancienne venait de donner une piste des plus intéressantes. Toutefois, Jezabelle ne s’était pas détendue pour autant, même ses remerciements étaient teinté par une sorte de froideur. Le brune avait pensé échapper à sa vie en suivant le nomade dans sa quête, elle ne s’était pas attendue à ce que le pire des démons de son passé ressurgisse au détour d’une conversation avec la vieille guérisseuse. En peu de temps, beaucoup de chose avait secoué le monde de l’aubergiste et tout cela commençait à faire beaucoup de choses à gérer. Avant qu’ils ne partent la vieille leur donna une dernière information quand à l’endroit où le fugitif pouvait se trouver. Sans au revoir, ni plus un mot, la soigneuse retourna à ses affaires, et ils sortirent de la boutique. Au bout de longues minutes de silence, il tenta d’interpréter ce que le mutisme de Jezabelle semblait crier. Elle pouvait l’ignorer mais elle ne pouvait pas mentir. Grand mal prendra à celui qui inviterait une femelle à déverser le flot de sa bile en paroles plutôt qu’en rancoeur ; il le paiera en devenait lui même l’objet de toute colère. Voilà qu’on ne lui redirait pas deux fois, il se détourna du combat duquel aucun vainqueur ne sortirait et reprit la route en silence. Ils croisèrent beaucoup de gens, beaucoup plus que le soir de leur arrivée. Manifestement, la population s’était habituée à profité du soleil autant que possible avant que la nuit et ses horreurs ne la pousse à se cloîtrer entre quatre murs.

Le nomade gardait un œil sur le soleil, même s’il savait qu’en longeant le bord de mer il n’y avait qu’une seule manière d’atteindre le sud du village. Comme ils progressaient, les alentours changeaient. Les cabanes de pêcheurs et les modestes maisonnées laissaient place à de solides bâtiments de pierres bien plus massifs. Beaucoup d’entre eux possédaient des devantures qui faisaient étalage de leur commerce. Des écriteaux avec des pictogrammes qui indiquait de quel genre d’établissement il s’agissait. Eccho sortit un bout de tissu. La veille, il avait glane quelques informations grâce au nom de son père. Selon leurs dires, Knut Kranbyr possédait une « forge », il fabriquait des objets en métal. Lennart avait alors tracé une enclume et un marteau sur un bout de vieux torchon et lui avait donné. Restait à trouver la forge maintenant. Le bruit du métal s’entrechoquant à coups réguliers finit par attirer son attention. Intriguée par le carré de tissu, Jezabelle se pencha pour y jeter un œil. Comprenant immédiatement de quoi il s’agissait elle les guida directement à la forge. Un jeune homme aux bras puissant battait le fer.

Ca ne peut pas être lui ton père… fit remarquer Jezabelle. En effet, le garçon était plus jeune qu’Eccho.

Anauroch me guide, salua-t-il l’oeil à l’affût d’une quelconque ressemblance. Confus le garçon cessa son labeur un instant pour relever la tête vers ses clients. Il avait une épaisse chevelure châtain clairs et des yeux verts. Son menton arborait quelques fiers poils éparses.
Heu… bonjour mademoiselle, monsieur... heu… Je peux vous aider ?
Je cherche Kranbyr. Knut.
Qu’est-ce qu’un nomade lui veut ? Fit-il sans le lâcher des yeux, troublé par l’air familier de cet inconnu. Ils s’affrontèrent du regard pendant de longues secondes, tandis qu’un pas lourd résonnait dans la bâtisse. Un homme dans la force de l’âge, barbe et crinière bien fournie, les traits durs et taillés au burin, les bras puissants d’un forgeron qui a passé sa vie à cogner sur du métal. A sa ceinture un énorme marteau.
Un nomade, hein ? Lâcha-t-il intrigué. A nouveaux, les deux hommes se dévisagèrent, leur ressemblance était frappante à ceci prêt que les pommettes d’Eccho étaient plus saillante et sa mâchoire moins prononcé. Du reste, il n’y avait pas beaucoup de doutes sur la paternité. Il avait donc bien un père sang-maudit. Voilà, c’était ce pourquoi il était venu, ce qu’il était venu trouvé. Et maintenant ? Il n’avait jamais vraiment réfléchit à ce qu’il ferait alors, ce qu’il lui demanderait. Maintenant qu’il le voyait devant lui, il restait sans voix.
Je suis le fils de Ana Griffe Thyana.
Mmh… Finalement, elle les a rejoint, ses montagnes alors, grommela-t-il amère. Qu’est-ce que tu regardes toi ? Ce fer ne va pas se battre tout seul ! Sermonna-t-il à l’attention de son jeune fils qui restait bras ballants. Entrez.

Comme ils y avaient étaient invités, ils franchirent le pas de la porte. Guidé par l’artisan, ils traversèrent le magasin pour arriver dans un salon derrière. Sa femme qui s’occupait à raccommoder un vêtement, leva le nez en voyant des invités. Elle posa son ouvrage pour les saluer. Elle fut troublée par le visage d’Eccho et fronça les sourcils à l’attention de son mari.

C’était il y a plus de deux décennies Hilda, par Njörd, je ne te connaissais même pas ! C’est le fils de Thyana, la nomade.
C’est aussi ton fils, idiot. Une femme ne fait pas un enfant seule. Laissez-moi vous apporter de quoi vous désaltérer.

Il roula des yeux, légèrement empourpré. Il n’y avait guère que sa femme qui pouvait se permettre de le traiter d’idiot sans craindre de représailles.

Alors, comment elle t’a appelé ?
Eccho.
Mmh. c’est court.
Plus long que Knut.
C’est vrai ! s’esclaffa-t-il. Mais on ne m’appelle plus Knut depuis longtemps, maintenant c’est « Le Vieux Kranbyr » … Regarde-toi, 26 ans, un homme fait, tu m’as l’air d’un solide gaillard ! Fit-il en claquant sa large main sur l’épaule d’Eccho, comme pour tester sa résistance. T’aurais pu faire un bon forgeron si t’étais pas aussi maigrichon !
Tu devais être un bon forgeron avant d'être aussi gras ! Renvoya-t-il contrarié. L’offense interrompit le rire du forgeron illico. Puis après un instant de flottement durant il semblant franchement hésiter à en venir aux mains, il repartit de plus belle.
Que veux-tu, le temps n’épargne personne !

Alors, l’épouse du forgeron revint avec des bières.

Comment va Thyana ? Demanda-t-elle.
Je ne l’ai pas vu depuis 6 ans.
Ah. Partie, encore ?
Oui. Peu après mon départ. Quand je suis retourné à la tribu, elle n’y était plus.
Peut-être est-elle partie à ta recherche ?
Elle m’aurait trouvé.
Ah. Et bien… Je ne sais pas ce que tu viens chercher ici petit, mais elle n’est jamais revenue ici.
Jamais ?
Jamais. Pourquoi reviendrait-elle ? Plus de deux décennies !

En effet, Eccho lui-même devait bien se l’avouer, il ne voyait aucune raison qui aurait poussé sa mère à revenir vers l’homme duquel elle avait tiré son Dû Maternel.

Elle finira bien par y retourner… Bon, tu ne m’as toujours pas présenté ta fiancée !
Jezabelle est une amie, elle connaît bien Port-aux-Echoués, elle m’a accompagné jusqu’ici.
Jezabelle, fit-il songeur. On aurait su dire s’il venait de le répéter pour mieux s’en rappeler ou si le nom lui disait quelque chose. On les invita à déjeuner avec la famille, ils échangèrent ainsi jusqu’en début d’après-midi, cherchant à apprendre de l’un et de l’autre. Jezabelle se mêla à la conversation, le forgeron se souvint l’avoir déjà vu lorsqu’elle enfant. Le jeune garçon qui les avait accueilli finit par se joindre à eux, les yeux rivés sur la brune, ne prenant pas vraiment part à la conversation. La conversation s’épuisa vite cependant, les deux hommes avaient beau avoir un lien de sang, ils n’en restaient pas moins des étrangers l’un pour l’autre. Sentant Jezabelle toujours tendue, Eccho décida de mettre fin à la rencontre.
Merci de m’avoir accordé ton temps.
Vous partez déjà ?
Nous avons une autre affaire à régler.
Je vois. C’était un plaisir, reviens nous rendre visite. Après tout, c’est la famille.

De la famille ? Rien n’était moins sûr. De ce qu’il avait vu, l’homme lui ressemblait beaucoup physiquement, mais ça s’arrêtait là. Il restait un sang-maudit, son âme était corrompu. Il jurait par un dieu dont Eccho n’avait jamais entendu parlé. Le nomade avait appris beaucoup de chose sur son géniteur et sa mère, mais il n’avait pas non plus tissé un lien avec l’homme. Etrangement détaché, il jeta un coup d’oeil dans le ciel. Ils avaient encore plusieurs heures devant eux avant que le soir ne tombe.

Cherchons le Poisson d’Or, fit-il simplement.
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Mar 11 Mai - 18:35
[Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho] Pegi1811

Jezabelle ne s'en voulait même pas d'avoir parlé de la sorte à son compagnon de voyage. Elle n'était pas en état de prendre des pincettes pour ne pas le froisser. Et puis, c'était la vérité après tout, ils étaient venus ici pour chercher le père d'Eccho, jamais elle n'aurait pensé faire d'une pierre deux coups en remettant les pieds dans le village où elle avait grandi. Et cela l'obsédait depuis si longtemps que maintenant, elle ne pensait plus qu'à ça. Elle suivait simplement le nomade mais n'était présente que physiquement. Les rouages tournaient dans son esprit essayant de trouver le moyen le plus habile et le moins remarquable pour se venger de ce boucher qui avait anéanti sa vie depuis.

Du coin de l'oeil cependant elle remarqua qu'Eccho avait sorti un tissu sur lequel semblait être imprimé un symbole. Curieuse, elle se pencha pour regarder et indiqua instantanément la direction de la forge.

Lorsqu'ils furent enfin à destination, voyant le jeune homme qui battait le fer, Jezabelle cru voir double tant la ressemblance était frappante. En particulier ces même yeux verts... Mais ceux d'Eccho avaient une lueur que n'avait pas ce garçon, il n'avait pas ce pouvoir envouteur que lui avait sur elle. Et lorsque le chef de famille se joignit à la fête, la jeune femme leva un sourcil. Ils devaient être sûrement au bon endroit, aucun doute possible à présent. Pour autant, elle n'ouvrit pas la bouche. Après tout, ce n'était pas son affaire et elle avait autre chose à penser.

Une fois dans le salon, elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire à la remarque de la femme du forgeron et de la réaction de celui-ci. Ils avaient l'air de faire un joli couple et cela la toucha. Elle prit finalement place et suivit sans grande attention le déroulé de l'échange. Elle écouta vaguement ce que son compagnon disait sur sa mère, glanant au passage quelques informations qu'il n'avait pas partagé avec elle. Néanmoins, lorsque Knut indiqua que Jezabelle était la fiancée du nomade, celle-ci s'étrangla légèrement avec son breuvage et se mit à tousser. Ses joues s’empourprèrent instantanément et elle détourna le regard pour cacher tout ça. Elle se contenta de hocher la tête à la mention de son prénom par le forgeron.

Alors qu'ils déjeunaient, elle devint un peu plus loquace et partagea des souvenirs de ses années à Port-aux-Echoués avec la famille. Elle sentit un moment le regard du jeune garçon sur elle et fut un brin troublée. Ils échangèrent un regard puis elle se détourna. Était-ce sa ressemblance frappante avec Eccho ? Ou tout simplement l'envie d'avoir quelque chose qu'elle ne pourrait sans doute jamais avoir en la personne du nomade ? Nul ne le savait, pas même elle.

Puis ils prirent congé. Jezabelle fit un sourire plus pas politesse qu'autre chose, son esprit était à nouveau parti en quête de vengeance. Et une fois hors des murs de la forge, son corps se tendit à nouveau. Elle leva un moment les yeux au ciel et regarda le soleil au-dessus d'eux.

"Le Poisson d'Or..." fit-elle à voix basse, comme pour essayer de se remémorer l'endroit.

Elle ne venait que rarement dans cette partie du village, même dans son adolescence. Port-aux-Echoués avait beau être petit, les gens des différents mondes ne se côtoyaient pas vraiment. Elle réfléchit quelques secondes et arriva néanmoins à replacer l'auberge. Puis elle se mit en route, marchant plus lentement que d'habitude. Une part d'elle-même voulait arriver vite et trancher dans le vif du sujet. Mais d'un autre côté, elle pensait à cette rencontre depuis si longtemps maintenant qu'elle appréhendait le moment... Elle leva les yeux un instant vers Eccho, visiblement il ne la lâcherait pas d'une semelle. Ce qui l'embêtait quelque part... Ce n'était pas ses affaires à lui, elle aurait préféré régler ça seule. Elle claqua la langue d'agacement, il faudrait bien faire avec.

Bientôt ils furent en vue de la fameuse taverne. Celle-ci semblait plus cossue que la modeste auberge de Lennart et on pouvait voir quelques personnes se masser devant. En s'approchant, on entendait la vie à l'intérieur. Jezabelle retint alors le nomade par le bras, l'empêchant de trop se rapprocher de l'endroit. Elle avait pensé à quelques détails depuis le matin.

"Si on entre, on sera immédiatement repéré. Le mieux est d'attendre qu'il sorte et je le suivrais. Puis j'attendrais le bon moment."

Voyant Eccho lever un sourcil, elle soupira. Elle était déterminée, il n'y aurait pas de deuxième chance, il fallait tout mettre en oeuvre pour que le plan réussisse.

"Je vais l'attirer au dehors, il sortira forcément. Et si tu ne veux pas attendre avec moi, tu n'as qu'à aller te promener."

Eccho se contenta de rouler des yeux et de soupirer. Il acceptait visiblement le plan fou de sa compagne d'infortune.

La jeune femme trouva donc un coin un peu en retrait duquel ils ne pourraient pas forcément être vu si quelqu'un venait à sortir de l'auberge. Ou tout du moins, on ne prêterait pas tellement attention à eux. Elle chercha du regard et trouva enfin ce qu'elle voulait. A quelques mètres à peine, un jeune garçon essayait de subtiliser une bourse de façon malhabile à une femme richement vêtue. Elle s'approcha de lui doucement et lui prit la main pour l'empêcher de commettre son larcin.

"Lâchez-moi !" hurla le jeune, il ne devait pas avoir plus d'une quinzaine d'années.
"Reste tranquille" répondit-elle en le fixant dans les yeux.

Elle l'emmena un peu à l'écart en souriant à la jeune femme qui s’était retournée, surprise par les cris.

"Écoute gamin, si tu fais ce que je te dis je te donnerais quelques pièces."

A ces mots, elle sortit quelques deniers qu'elle agita sous le nez du voleur. Celui-ci les fixa avec envie. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé à sa faim ? Il essaya de les attraper mais Jezabelle retira sa main aussitôt.

"Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?"
"Tu vas rentrer dans cette auberge et délivrer un message pour moi."
"C'est tout ?"
"C'est tout."

Le jeune garçon fronça les sourcils, il trouvait cela vraiment louche pour le coup, c'était trop beau. Voyant cela, la brune sortit deux autres pièces de sa bourse et les ajouta à la pile.

"Je rajoute ça si tu ne poses pas de questions et si tu tiens ta langue."
"D'accord, je vais le faire."
"Attention" fit-elle tout à coup sérieuse. "Si on te demande, tu ne m'as jamais vu c'est bien compris. Je sais qui tu es, je connais ce village, je peux témoigner de ce que je viens de voir. Est-ce que tu m'as bien comprise ?"

Le gamin blêmit légèrement et hocha la tête. Il ne pensait pas qu'une si jolie femme puisse être aussi effrayante. Jezabelle confia donc le message, quelque chose dont elle était sûre que cela appâterait assez cet idiot de Bartolomé. Elle voulait le mener dans la zone du village laissée légèrement à l'abandon, un peu à l'écart. Là, personne ne pourrait vraiment les déranger. Puis elle se délesta de ses piécettes et fit aussitôt le bonheur du jeune garçon. Il partit donc en direction de la taverne pour faire le travail qu'on lui avait demandé.

"Maintenant on a juste à attendre" dit Jezabelle à Eccho en revenant vers lui.

* * * * *

Il se passa bien une trentaine de minutes. La jeune femme avait pensé qu'il serait plus prompt à se montrer vu ce qu'elle avait raconté au messager. Elle commençait à désespérer et Eccho qui trépignait à côté n'aidait pas à rester calme. Un moment elle voulut abandonner, son plan n'était finalement pas aussi bien ficelé qu'elle le pensait. Le temps se voilait de plus en plus et le froid redoublait. Lorsque enfin, le fameux Bartolomé fit son apparition. Jezabelle cogna alors le bras du nomade près d'elle et le désigna du menton. Elle plaça son doigt sur sa bouche et rabattit sa capuche sur sa tête. La chasse commençait.

Dès qu'il passa près d'eux, elle attendit qu'il prenne de la distance et emboita le pas. Toujours à l'affût, elle resta sur le qui-vive au cas où il se doutait de quelque chose, s'arrêtant près d'une maison ou d'un étal, dos à lui lorsqu'elle pressentait le danger. Il ne fallait surtout pas être vu. Un moment, elle le vit se retourner et comme par réflexe, elle attrapa Eccho par le col par surprise et l'embrassa follement. Elle ne nia pas le fait qu'en plus d'une parfaite diversion, elle y prenait beaucoup de plaisir, faisant durer l’étreinte plus que nécessaire. Elle finit cependant par le lâcher et le repousser en se raclant la gorge.

"Désolé. Il allait nous voir."

Puis elle se retourna sans plus de cérémonie et reprit sa filature. Une fois dos au nomade, un sourire passa sur ses lèvres et elle passa sa langue dessus pour en apprécier encore un peu le goût.
Au bout d'un moment à serpenter entre les rues du village et de la vieille ville un peu à l'abandon, ils arrivèrent enfin à l'endroit prévu. Jezabelle stoppa un peu en amont et se retourna vers le nomade en le fixant dans les yeux.

"Quoi qu'il arrive, n'intervient pas. C'est mon histoire, c'est à moi de régler ça."

Elle était très sérieuse dans ses paroles. Elle n'attendait pas vraiment de réponses à tout cela et se mit donc en marche vers son destin. Elle marchait d'un pas sûr et déterminé vers lui. Une fois en vue, elle vit l'homme se figer et regarder tout autour de lui. Il sentait bien le traquenard. Mais ce n'est qu'une fois devant lui qu'elle vit son sale petit sourire plaqué sur son visage, ce qui l'agaça d'autant plus.

"Alors c'est toi mon rendez-vous" fit-il en la détaillant de haut en bas.

Jezabelle serra les poings en fronçant les sourcils, fixant son regard. Cependant, elle ne pouvait pas bouger, elle resta plantée là. Il avait changé depuis le temps et pas en mal, malheureusement pour la brune. Il était devenu bien plus séduisant qu'il ne l'était déjà à l'époque. Mais elle ne faiblirait pas. Il fallait qu'il meure.

"Je me doutais bien qu'on finirait par se revoir un jour" reprit-il.

Il s'approcha lentement d'elle, couvrant la distance qui les séparait tandis que la jeune femme, elle, reculait comme par automatisme. Le sourire de Bartolomé ne s'étirait que d'avantage en voyant ça.

"Arrête !" dit-elle d'une voix non assurée.
"Et tu vas faire quoi toute seule ?"
"Je suis là pour régler tout ça une bonne fois pour toutes !"
"Et comment tu comptes t'y prendre ?"

L'homme posa ses mains de part et d'autre de la tête de Jezabelle en levant un sourcil, un air amusé sur la face. En effet, à force de reculer, la brune se retrouvait à présent acculée contre le mur d'une vieille bâtisse, prise à son propre piège. Elle sentait son coeur battre et la salive se raréfier. Elle avait été totalement stupide ! Néanmoins, rien n'était perdue, elle devait rester confiante. Tant qu'il se pensait en position de force, il ne serait pas sur ses gardes. Ce qui n'empêchait pas les membres de la belle de trembler pour autant.

"J'aurais dû te prendre avant de te trancher en deux. Je pense qu'on va remédier à cela tout de suite."

A ces mots, il passa sa main sur son ventre puis caressa sa hanche délicatement, se régalant de voir le visage apeurée et horrifiée de sa victime.

"Tu avais ce même air cette nuit-là, je m'en souviens. Tu sais, lorsque tu as refusé mes avances."

Jezabelle glissa lentement sa main vers sa dague, sentant qu'elle avait là une opportunité. C'était sans compter sur l'expérience de l'homme face à elle. Il agrippa sa main et la plaqua contre le mur au-dessus de sa tête, maintenant fermement son poignet.

"Non, pas de ça, laisse ça où c'est. On va s'amuser toi et moi. Je vais enfin avoir ce que tu ne m'as pas donné ce soir-là."

De l'autre main, Bartolomé remonta petit à petit la jupe de la jeune femme jusqu'à atteindre sa peau laiteuse, cette dernière ne pouvant rien faire à part se tortiller pour essayer de se sortir de ce guêpier dans lequel elle s'était mise toute seule. Là, il caressa le galbe de sa cuisse, remontant sur sa hanche, puis descendant sur sa croupe et passant sous le tissu de sa petite culotte, arrachant un cri à Jezabelle.

"Laisse-toi faire, ça sera plus agréable..." fit-il en se penchant pour goûter son cou.

La jeune femme vit là, dans cette fraction de seconde, une chance qu'elle devait absolument saisir. Son épaule vint buter le nez de l'assaillant d'un coup et il se mit alors à pisser le sang.

"Sale petite..." dit-il en se reculant, desserrant assez sa prise pour permettre à Jezabelle de se dégager.

Dans le même mouvement, sa main attrapa sa dague et elle frappa dans le torse de l'homme avec le plus de force qu'elle put, enfonçant la lame jusqu'à la garde avec rage. Bartolomé était loin de tomber, il attrapa sa gorge et la plaqua une fois de plus contre le mur, la maintenant avec force tandis que la brune se cramponnait à son arme.

"J'aurais dû t'achever ce soir-là, je vais réparer mon erreur."
"Lâche... moi..."

La belle manquait d'air, les mots étaient difficiles à sortir mais ses mains tenaient bon, elle ne lâcherait pas, il fallait achever ce type ici et maintenant. Elle tourna alors lentement la lame dans la plaie, la bougeant encore et encore, arrachant des cris étranglés à l'homme face à elle. Elle sentait la tête lui tourner mais elle continuait sans relâche alors que du sang coulait de plus en plus sur son torse. Il lui sembla que cela avait duré des heures, elle ne saurait dire combien de temps exactement s'écoula avant qu'il ne la lâche. La jeune femme sortit alors sa dague d'un mouvement vif et du sang vint couler de la bouche de Bartolomé. Il se vidait littéralement sur le sol mais n'était pas encore vaincu. Mue par une rage indicible, elle le larda alors de coups, encore et encore. Le bougre se défendait et ils finirent par rouler sur le sol. Il prit un moment l'ascendant au-dessus d'elle, essayant une énième fois de l'étrangler en posant ses mains sur sa gorge, mais force était de constater que le sang qu'il perdait le rendait trop faible pour serrer de façon à la tuer. Cela dura à peine quelques minutes avant que les positions s'inversent. Et Jezabelle planta encore sa dague dans l'être qui avait fait de sa vie un enfer depuis tout ce temps, n'arrivant pas à s'arrêter alors que l'homme ne bougeait plus. Elle hurlait à plein poumons en déversant sa rage sur lui. Et dans un énième coup, elle tenta de transpercer le crâne du malheureux mais envahie par la colère, la dague ripa et se planta dans l'oeil.

C'était fini, elle l'avait enfin fait. Haletante, Jezabelle tenta finalement de se calmer. Elle était à califourchon sur Bartolomé, ou plutôt ce qu'il en restait. Le sang recouvrait tout autour d'elle, la neige était couverte d'une épaisse couche de liquide carmin, tout comme ses vêtements. Sa robe était à présent lourde et poisseuse. Même son visage en étant presque recouvert sans parler de ses mains. Elle prit un moment pour reprendre son souffle, son cerveau était vide et un étrange calme se faisait à présent. Mais très vite, son corps se mit à trembler et une nausée la submergea. Elle eut le temps de se détacher du cadavre non sans difficultés et rendit tripes et boyaux sur le sol. Une fois fait, elle se tourna vers le corps qui ne s'était toujours pas relevé et entreprit de reprendre son arme. Elle sentit la lame butter et rester un brin enfoncée, tirant sur l'oeil qui se déchirait de l'orbite. Et là, elle finit par casser, ne laissant que le pommeau englué dans la main de la jeune femme. Elle le regarda comme si elle le voyait pour la première fois puis vomit à nouveau. Mais cette fois, il n'y avait plus rien dans son estomac. Ce fut de la bile qui sortit, amère, acide, brûlant tout son œsophage. Elle rampa tant bien que mal près d'un mur et s'y adossa. Et elle finit par fondre en larmes, submergée par trop d'émotions.
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