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Corps & Coeur Ecorchés
Adrian Mayr
Adrian Mayr
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Date d'inscription : 22/10/2020
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Âge du personnage : 31 Ans
Métier : Apothicaire
Jeu 8 Avr - 20:42
Adrian n'aurai jamais pu soupçonner qu'un tel poids se libèrerai de sa poitrine à la simple mention de toute ces émotions refoulées. Pendant un temps au moins, l'apothicaire oublia sa fatigue nerveuse, calmant ainsi les tremblements de son corps. Une certaine reconnaissance naissait en lui vis à vis de Liv, à la fois parce qu'elle l'avait miraculeusement poussé à s'exprimer sur son mal être mais aussi du fait qu'elle avait fini par lui accorder sa confiance, chose qui comptait beaucoup pour l'Amaranthis, bien qu'il n'en montrait rien. Conscient qu'il prenait un risque en énonçant ce nom qu'elle avait tant prononcé dans ses voyages entre la l'éveil et le sommeil, Adrian eut malgré tout le sentiment qu'il devait lui aussi offrir à sa patiente la chance de parler, de s'exprimer sur ces choses qui l'ont rendu heureuse, comme elle l'avait si bien dit auparavant. Il capta la légère crispation sur son bras et n'esquissa pas un mouvement pour ne rien brusquer.

Alors qu'elle commençait son récit, Adrian tourna très légèrement la tête vers la jeune femme, comme si entendre l'histoire se raconter ne suffisait pas à réellement l'intégrer. Toute son attention était focalisée sur ce qu'elle disait, si bien que lorsqu'elle tourna la tête vers lui, croisant son regard, il lui adressa une expression que peu de gens lui connaissait, empli d'une empathie sincère. Visiblement peu à l'aise avec son passé et ce fameux mutisme donc elle parlait, il la vit se recroqueviller sur elle même, lui provoquant une certaine tristesse et...une impression de déjà vu. L'espace d'un instant, il se demanda même si cela avait été une bonne idée de l'inciter à parler.

A son tour, elle dessina au travers de son histoire le récit d'une personne qui avait fait front face aux apparences, cherchant délibérément à offrir a la pauvre silencieuse ne serait-ce que l'ombre d'un sourire. A grand ressort de persévérance, cet homme -qui lui aussi prenait forme dans l'esprit de l'apothicaire- avait réussi à la tirer de son mutisme et à l'extraire de l'ombre de ses propres peurs. L'apothicaire frissonna et ne put réprimer un petit sourire à l'évocation d'une telle preuve d'affection. Plus le discours de Liv avançait, et plus Adrian ressentait comme une similitude que jamais il n'aurai soupçonné il y a encore quelques jours, lorsque la farouche Utgardienne avait involontairement passé le pas de sa porte.

Il comprit alors quelque chose...

Il avait d'abord cru que la ressemblance avec sa défunte épouse était ce qui l'avait poussé à donner autant de sa personne pour que Liv ne parte pas sans être rétablie. Cela avait peut-être été le cas pendant les premières minutes de leur rencontre, minutes durant lesquelles l'esprit embrumé de fatigue de l'Amaranthis avait eu beaucoup de mal à délier la réalité et le rêve. Il n'en fut plus rien ensuite, la réalité de ces efforts déployés était tout autre. Aussi différente qu'elle ne puisse l'être de lui tant par l'éducation que par les origines, Adrian réalisait que l'Utgardienne lui ressemblait sur beaucoup de points. Que ça soit inné ou par une éducation trop stricte, les deux protagonistes faisaient montre d'une timidité les empêchant de s'exprimer correctement, faisant face à la dure réalité par le mutisme ou l'inexpressivité. Et surtout, tout deux avaient été amené à sortir de leur bulle par une personne capable de voir en eux quelque chose en plus, une étincelle bien enfouie derrière des barrières que personne ne se risquait à approcher. Oui, c'était pour cette raison qu'Adrian s'était senti si proche de Liv.

Lorsque le récit se stoppa net avant la mention des détails à propos du mariage, Adrian comprit sans peine que le coeur du drame s'étant profilé au sein du peuple Utgardien tirait sa source de cette union. Il en eut la confirmation lorsqu'elle mentionna son père. L'envie de faire une remarque concernant le coté intolérant des traditions Utgardienne traversa l'esprit d'Adrian alors qu'il comprenait que la cicatrice de Liv la condamnait à vivre dans une position délicate si elle faisait le choix de rester au coté de celui qu'elle aimait. Il se retint de manifester quelconque commentaire. Après tout, le peuple Amaranthis n'était pas mieux placé pour parler de tolérance, eux qui s'attachaient tant au paraitre, à la valorisation de soi et à la renommée. Bien sur, il aurai été facile de dire quelque chose à ce sujet, de tenter de rassurer la jeune femme en lui faisant miroiter d'obscurs espoirs, mais tout cela n'était pas dans le caractère d'Adrian, qui comprenait bien la situation et dont l'opinion serai de toute manière biaisé par une trop nette différence d'éducations et de principes.


- Il faut que je parte pour Port-aux-Echoués.

Adrian écarquilla les yeux de surprise.

- Port-aux-Echoués ? Liv tu n'y pens...

Il s'arrêta net alors que son regard se posa sur le visage qu'on supposerait sans défaut de Liv. La voyant les yeux fermés, repliée sur elle-même, il n'eut pas le coeur à continuer sa phrase ni à confronter son opinion à celui de l'Utgardienne. Il releva la tête, contemplant pensivement le plafond un instant. Il poussa un soupire, comme pour s'assurer de rester parfaitement calme. Avec une grande douceur, il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, serrant très légèrement pour lui apporter une forme de soutient, comme elle avait put le faire précédemment. Puis, sans se rendre compte réellement de ce qu'il faisait, animé seulement par une forte empathie envers elle, il tendit le bras derrière la jeune femme pour poser sa main sur son épaule gauche, la ramenant très doucement et légèrement contre lui, veillant à ne pas la brusquer un seul instant

- Si telle est ta route, Liv, alors qu'il en soit ainsi. Si tu dois te rendre là-bas cependant, ne fais pas route seule, laisse moi t'aider à t'y rendre en sécurité.
Liveig Fjorleif
Liveig Fjorleif
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Métier : Orfèvre
Mar 13 Avr - 0:04
Il y avait une chose qui les opposait indubitablement, il s’agissait de leur manière de fuir le réel. Alors qu’Adrian restait bloqué dans le passé, comme s’il espérait pouvoir revivre ces moments heureux en compagnie de son épouse, Liv’, quant à elle, n’aspirait qu’à se jeter tête en avant dans le futur, n’importe lequel, tant qu’elle ne serait pas confrontée à sa vie passée.  A l’expression de surprise d’Adrian, l’Utgardienne comprit qu’autre chose les séparait également désormais : la peur de l’inconnu. Ces dernières semaines, la peur était ancrée en elle, modelait toutes ses réactions et altérait sa réalité. Elle qui avait était si docile, qui s’était dédouané de toute responsabilité en adoptant une attitude spectatrice de sa propre vie, s’était soudainement sentie dévorée par cette impuissance. Elle était responsable de ce que les autres avaient fait d’elle.

Si semblables, quoique différents. Pouvait-il la laisser fuir seule, juste pour rester dans ce lieu où le temps n’avait plus cours ?  Le médecin le savait : fuir le réel était une question de survie pour les gens comme eux, comment pouvait-il le lui refuser ? Comme il avait pu y songer un instant, il balaya cette possibilité d’un soupir. Ils étaient coincés dans le temps, seuls, mais ils n’étaient pas obligés de le rester. Le bras d’Adrian s’écarta pour lui apporter une épaule réconfortante contre laquelle elle se blottit avec la sensation d’être enfin en sécurité.  

Enfin.

L’aube est particulièrement cruelle. Elle nous arrache à nos rêves, se joue de nos souvenirs et de nos espoirs. Mais l’aube était passée depuis longtemps, la luminosité de la pièce indiquait une journée déjà bien entamée. La silhouette de Ludmilla était encore assise près de la coiffeuse, comme un fantôme errant entre deux mondes, occupée à démêler sa longue chevelure blonde. Encore cette robe bordeaux, pourquoi toujours celle-là ? Avait-il bu la veille ? A quel point avait-il bu pour s’être endormi à même le sol ? Il ne se souvenait pas avoir bu, il ne se souvenait pas non plus avoir tiré le couvre-lit jusqu’à lui. Dans quelques secondes, elle disparaîtrait, il le savait. Lorsque la cascade dorée était parfaitement lissée, ses doigts fins firent une petite boule avec les cheveux récupérés pour les jeter. Ludmilla démêlait toujours ses cheveux avec sa brosse, avec une attention toute particulière. Pourquoi utilisait-elle ses doigts, tout à coup ? C’est peut-être ce détail, si insignifiant mais si incongru, qui le sortit complètement de son sommeil. Ses yeux se tournèrent vers lui. Elle ne disparaissait pas, car ce n’était pas elle.

Liveig suivit le regard d’émeraude posé sur sa robe.

— C’est une très belle robe, dit-elle d’une voix douce en guise de bonjour. La chemise de nuit qu’elle avait porté pendait sur le dossier d’une chaise. Après avoir exploré les lieux et trouvé la salle d’eau, Liveig avait pris la liberté de faire sa toilette avant de se revêtir.

— Tu étais si fatigué, j’ai préféré te laisser dormir.

Elle fit une pause en jouant avec la boule de cheveux qu’elle tenait entre ses doigts. La nuit et la fatigue étaient comme le bonheur ou la colère, ils font parfois dire des choses qu’on ne pense pas vraiment. Revenir sur ce genre de propos pouvait être décevant.

— Tu veux vraiment m’accompagner ? Tu n’es pas obligé, tu sais. Les gens ont besoin de toi, je peux comprendre.

— J’ai dit que je t’aiderais, et c’est ce que je ferai.

Elle acquiesça, soulagée quelque part, et referma sa main sur la poignée de cheveux avant de se relever.

— Je vais t’aider pour les préparatifs, tu dois avoir des affaires à régler avant de pouvoir t’absenter...
Adrian Mayr
Adrian Mayr
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Métier : Apothicaire
Jeu 15 Avr - 11:21
Aussi mal installé qu'il avait pu l'être, Adrian avait passé une nuit étonnement réparatrice, s'étant laissé emporter par l'épuisement et l'instant de paix qui lui avait été offert cette nuit. Nullement torturé d'insomnie ou autres cauchemars, son réveil avait été d'autant plus perturbant qu'il se retrouvait recouvert du couvre lit. Même l'apparition de son épouse dans la pièce ne dérangea pas son esprit à demi éveillé. Son retour à la réalité ne fit pas plus difficile, car la voix de Liveig avait désormais pour lui beaucoup plus de douceur et de bienveillance. Après lui avoir confirmé qu'il l'accompagnerai dans son périple, l'apothicaire se leva enfin du sol et chassa rapidement l'engourdissement de sa position précaire avec quelques petit étirements. Il adressa un regard bienveillant à Liveig, constatant qu'elle s'était enfin extraite de sa condition de fébrilité et qu'un peu plus d'assurance se dessinait sur son visage. Appréciant le fait de ne pas se sentir angoissé au réveil, Adrian prit son temps pour détailler l'espace de sa chambre, comme s'il le découvrait d'un autre œil désormais.

- En effet, je vais devoir organiser quelques remplacements et contacter quelques confrères. De plus, je vais me rendre chez une connaissance qui pourra surement nous aider sans poser de question.

La voix de l'apothicaire était calme et ne trahissait pas l'épuisement de la veille. Il n'était pas totalement remis de toute ses longues insomnies, mais au moins un répit lui était accordé. Sans perdre plus de temps, Adrian se dirigea vers la salle d'eau après s'être saisi de vêtements soigneusement pliés dans une armoire. Il ferma la porte derrière lui pour procéder à ses ablutions matinales. Il accorda une attention toute particulière au fait d'apparaître aussi soigné qu'à l'accoutumé. Il s'hydrata abondamment le visage pour chasser les tiraillement de sa peau et parachever son réveil. Il se regarda dans le miroir, satisfait de voir ses cernes très légèrement atténuées. Sa barbe était déjà impeccable, pourtant il s'affaira à ajuster quelques détails au rasoir, des détails qu'il était probablement le seul à remarquer. Enfin satisfait de lui-même, il sortit à nouveau de la salle d'eau pour rejoindre Liv.

- Je pense que nous n'aurons pas beaucoup de temps pour tout préparer. Si mon contact accepte, il y a fort à parier que nous partirons très bientôt. Je te laisse préparer ce qui peut être nécessaire pour le voyage, il y a des affaires et des réserve de nourriture surement suffisante ici, le cas échéant, j'irai m'enquérir de ce qu'il manque en revenant, je fais au plus vite.

La tête inclinée vers le bas, Adrian jouait pensivement avec sa barbe alors qu'il réfléchissait à cette journée qui promettait d'être longue. Sans perdre plus de temps, L'apothicaire se dirigea vers la sortie, laissant à Liv le soin de veiller sur sa demeure, désormais assez confiant sur le fait qu'elle ne se jouera pas de lui.

Corps & Coeur Ecorchés  - Page 2 W69b16

Adrian eut la désagréable impression de devoir être cordial avec beaucoup trop de ses confrères en une seule journée en faisant son porte à porte. Il dut passer par plusieurs bâtiments pour mettre en place un remplacement efficace. Le quartier Amaranthis avait le mérite d'être relativement bien organisé pour ce qui était commerce et profession d'expertise, ainsi, il n'était pas rare de se suppléer de confrères professionnels, que l'on apprécie ou non ces personnes. C'était un peu leur façon à eux de faire preuve d'esprit d'équipe, si individualiste soient-ils.

Adrian ne s'accorda nulle pause pour tout organiser, terminant ses tribulations par se rendre le plus au sud du quartier, sur une place ou s'étaient installé plusieurs commerçants de renom dans des bâtisses ressemblant à des centre de contrôle, tous liés entre eux. Tout était pensé pour recevoir du public et pour commercer, que ça soit dehors comme dedans. Comme au Lys d'Argent, la partie habitation se trouvait à l'étage des bâtisses et la circulation pour y accéder se faisait sur un balcon muni de plusieurs escaliers extérieurs. La partie basse recouvrait quant à elle un petit ensemble de pièces équipées de comptoirs, tables et autres installations commerciales, alternées par des alcôves dans lesquelles s'entassaient soigneusement caisses et cargaisons. Il n'était pas question de boutique ici, plutôt de négociations et de présentation d'échantillons. D'une taille raisonnable, le complexe était dirigé d'une main de maître et cela se voyait au premier regard. En parlant de maitre, le dirigeant de cet endroit était précisemment la personne qu'Adrian venait voir. Il s'avança vers le complexe, accueillit par une femme vêtue d'une tenue sobre normalisée avec celle d'autres employés.


- Monsieur, que puis-je pour vous?
- Je viens voir Rowan Al'thor, c'est assez important.
- Vous avez rendez-vous ?
- Non, mais je souhaiterai que vous m'annonciez malgré tout, Adrian Mayr
- Très bien, mais je en suis pas sur que monsieur Al'thor ne puisse vous recevoir.

Adrian ne répondit pas si ce n'est par un hochement de tête quelque peu impatient, la journée avançait vite, un peu trop à son gout. Il n'avait aucun doute d'obtenir audience auprès de Rowan, bien que celui-ci soit quelqu'un de très occupé. En tant qu'apothicaire, il lui arrivait souvent de s'intéresser aux facultés qu'avait le maitre des lieux à se procurer des choses rares. Ayant un réseau étendu, il était aussi une très bonne source d'informations sur qui détenait quoi dans cette ville. En plus de voir Adrian comme un bon client, Rowan était un grand amateur de médication à base de plante, n'hésitant pas à passer des commandes relativement couteuses chez l'apothicaire.

L'apothicaire n'eut pas à patienter si longtemps que ça pour enfin voir apparaitre l'intéressé. Grand, la peau sombre et habillé avec de couleurs dorées et rouge par dessus un ensemble marron, le marchand avait l'allure de quelqu'un d'extrêmement soigné. Les cheveux tressés régulièrement et une barbe au moins aussi bien taillé que celle d'Adrian, l'homme faisait montre d'une certaine élégance sans être trop tape à l'œil. Il restait malgré tout bien remarquable au milieu de tout les officiants du lieu. Arrivant à hauteur de l'apothicaire, il lui adressa un sourire cordial et parla d'une voix distincte.


- Adrian, lorsque vous êtes dans les parages, je sais que ce n'est pas que pour boire le thé, aussi bien c'est toujours un plaisir de vous voir.
- En effet Rowan, je suis à nouveau la pour affaire, mais cette fois, j'aurai besoin d'un tout autre service de votre part. Répondit-il en lui rendant son sourire cordial.
Le marchand fronça les sourcils très légèrement, interloqué par les propos de l'apothicaire.
- Allons discuter à l'intérieur en privé dans ce cas.

Nulle tergiversations supplémentaires ne furent nécessaire, au grand réconfort d'Adrian qui aimait aller à l'essentiel. L'entretien ne dura pas bien longtemps non plus et l'apothicaire ressortit avec une missive soigneusement cachetée qu'il rangea dans son manteau avec soin.

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Adrian arriva -enfin- à la porte du Lys d'Argent en fin de journée, les jambes douloureuse à force d'avoir déambulé dans tout le quartier Amaranthis. Il poussa un soupire en fermant la porte derrière lui, s'appuyant un instant contre le battant en bois, avant de s'avancer vers l'escalier pour y gravir les marches, non sans avoir réajusté le placement d'une fiole ou deux sur l'étagère la plus proche. Arrivé en haut, il vit Liv semblant prendre un peu de repos sur un des fauteuil du salon. Il lui adressa un sourire alors qu'elle relevait la tête vers lui.

- Nous partons demain à l'aube. Mon contact nous retrouvera aux porte de jadis, à l'ouverture. Nous voyagerons sous bonne escorte.
Liveig Fjorleif
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Sam 5 Juin - 13:20
Liveig avait pris Adrian au mot. S’il la chargeait de faire leur paquetage, c’était qu’il l’autorisait à ouvrir des tiroirs sans s’incommoder d’une quelconque politesse. Après tout, ne portait-elle pas déjà la robe de feu son épouse ? Risquait-elle de découvrir un secret plus intime encore que celui de la cohabitation du médecin avec le souvenir nostalgique de son amour perdu ?Probablement pas. La jeune femme fit le tour du logement à nouveau pour dénicher tout ce qui pouvait être essentiel à leur voyage. Rapidement, la présence d’un certain nombre d’objets lui parut incongrue maintenant qu’elle savait qu’un homme seul vivait ici. C’était un manteau de femme pendu à l’entrée, des petites chaussures élégantes qui avaient pris la poussière ou encore un accessoire discret. Puis, dans la petite remise, il y avait cette malle en bois rouge au couvercle bloqué par des piles de livres.

Un spasme incontrôlé fit frémir sa joue, comme elle essayait de réprimer une expression. Eredin lui avait souvent parlé de l’importance de la lecture, lui qui était destiné à s’impliquer dans la politique en tant que frère de sang de l’Hurlskson. La lecture pour la diplomatie certes, mais aussi pour la connaissance, les histoires. Plus d’une fois, il lui avait proposé de lui apprendre, mais pour Liveig, décrypter les écritures était un savoir réservé à une élite à laquelle elle, fille d’artisan, elle n’appartiendrait jamais. Il était déjà difficile de se faire accepter par ceux de sa propre communauté, elle ne comptait pas s’ostraciser davantage en prenant des lubies de bourgeoise ascanienne. De plus, personne ne s’était jamais privé pour commenter à quel point elle était stupide ou mentalement retardée, alors elle n’avait jamais tenu à ce qu’Eredin le constate par lui-même en ne parvenant rien à lui apprendre. En outre, l’apprentissage de la lecture n’avait jamais été dans ses priorités. A l’époque, il lui était déjà difficile d’échapper à la surveillance de ses parents pour voir son aimé, alors les rares fois où elle parvenait à le voir, ce n’était pas pour scruter des pages mouchetées d’encre.

Ces secondes durant lesquelles son esprit s’égarait dans ce qu’elle s’apprêtait à quitter définitivement, une immense vague s’élevait au dessus d’elle se nourrissant de sa nostalgie, de ses peurs et de ses regrets pour s’élever plus haut encore. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’équilibre se brise. Alors la gravité relâcherait le poids de toutes ses appréhensions sur elle, l’écrasant sous le flot des responsabilités dont elle se croyait libérée. Elle ferma les yeux, en apnée depuis déjà plusieurs secondes, sous la vague, noyée. Avant que le mur d’eau ne s’écrase sur elle, elle tourna le dos et ferma la porte. Ce qui est mort, est mort, et ne peut plus mourir. Elle prit une grande inspiration et souffla lentement. Elle n’était plus une enfant, ce qui n’existait pas ne lui faisait plus peur, ce qui existait de pire, il lui semblait l’avoir déjà vécu. Alors pourquoi se mettait-elle dans cet état pour un tas de feuilles sans importance ? Si elle avait appris à lire, si elle s’était devenue sœur de sang, si elle était allée à l’encontre de ses appréhensions et avait appris à se battre jamais rien de tout ça ne serait arrivée. Elle n’avait rien fait de tout ça, elle s’était égarée de la promesse chantée par Njörd, alors le forgeron n’avait pas eu d’autres choix que de la forcer d’une manière ou d’une autre à trouver sa voie. Ce n’est pas Niörd qui est cruel, ce sont les mortels qui s’entêtent à croire qu’ils savent ce qui est bon pour eux-mêmes. Maintenant, elle savait : elle ne pourrait jamais se protéger du destin qui l’attend, mais elle devait apprendre à se protéger de ceux de son espèce.

Sa main rouvrit la porte de la remise sans tremblés, ses pas déterminés l’amenèrent vers la malle. Elle débarrassa le couvercle pour l’ouvrir et découvrit une multitude d’objets qui appartenait à Ludmilla : des broches, des chapeaux, des écharpes, deux tuniques grises et usées, une cape de voyage, des bottes hautes, des pantalons en cuir souple, un sac déchiré et une ceinture abîmée où on avait dû attacher plusieurs petites sacoches, mais toutes sauf une avaient été détachées. Liveig empila les étranges parchemins et des manuscrits soigneusement près de la pile de livres, lorsqu’elle se redressa, elle tomba nez-à-nez avec un miroir et s’en détourna instantanément. Voir son reflet lui était insupportable, mais elle n’avait pu s’empêcher de remarquer la drôle d’allure de femme qu’elle avait dans la robe pourpre. Elle agrippa le tissu de la jupe, comme pour le soupeser, puis elle le ramena vers sa taille pour mieux examiner sa qualité. Il aurait été vraiment dommage de voyager avec une robe de si bonne facture. Ses yeux se posèrent à nouveau sur les vieux vêtements qui semblaient à sa taille. Quelques secondes passèrent avant qu’elle ne se décide à les essayer. En terme de taille, Ludmilla devait être plus grande que Liveig de quelques centimètres : les manches et les jambes étaient un peu longues, les chaussures légèrement plus grandes. Mais du reste, la femme d’Adrian devait être au moins aussi. Voilà qui lui épargnerait l’achat d’une nouvelle garde-robe. Porter des pantalons était une chose tout à fait nouvelle pour la jeune femme et très inconfortable. Ses jambes étaient enserrées séparément, néanmoins, cette tenue lui permettrait de marcher et courir sans avoir d’énormes pans de tissus devant elle. C’était certainement une question d’habitude. Tuniques, sac, pantalons, cape, bottes et ceinture furent mis de côté pour faire parti de son paquetage. Ces vieilleries n’avaient probablement que peu d’importance aux yeux d’Adrian, elle ne ferait que lui rendre service en lui en débarrassant. Elle replaça la pile de livres et de parchemin dans le coffre.

Le sac déchiré en main, elle sut exactement où se diriger pour trouver du fil et une aiguille. Le cuir troué avait déjà été raccommodé plusieurs fois à différents endroits, on devinait qu’à un moment l’objet avait dû être remplacé par manque d’imperméabilité, mais pour une raison inconnu, avait été conservé. Tant mieux pour Liveig, car elle avait bien moins de regret à s’emparer d’un objet trop usé pour manquer à quiconque. Ses coutures étaient serrées pour éviter qu’elles ne craquent à nouveau lors de leur voyage. Puis, elle retourna l’intérieur du sac pour le renforcer avec le tissu d’un châle. Satisfaite de son raccommodage, elle poursuivit ses recherches en quête cette fois de nourriture. Elle prit tout ce qui était facilement transportable et ce qui pouvait se conserver sur plusieurs jours, y rassembla sur un linge sur la table. Jamais tout cela ne rentrerait dans un sac, d’autant qu’elle n’avait même pas encore préparé les affaires d’Adrian. Il leur faudrait un autre sac, mais le médecin en possédait certainement un dans ses affaires personnelles. Dans une armoire, elle dégota ce qu’elle cherchait. Le plus gros était fait. Elle se laissa tomber dans un fauteuil une minute lorsque la porte s’ouvrit. Déjà ? Un coup d’oeil par la fenêtre révéla que la journée touchait à sa fin, elle n’avait pas vu le temps passer. Elle acquiesça à l’annonce de la date de départ. D’un signe de la tête, elle désigna la pile d’effets pour le voyage et le vieux sac.

— Je me suis dit que tu voudrais peut-être faire toi-même ton propre paquetage… Mais j’ai déniché ce dont nos estomacs auront besoin. Pour le reste… La robe ne sera pas très pratique alors je me suis permis de prendre des vieux vêtements qui conviendront mieux pour le voyage. J’espère que ça ne te dérange pas si je t’en débarrasse…

— Ces affaires te seront plus utiles qu'à moi après tout. Quant à mes affaires, je m'en occupe tout de suite.

Le medecin-herboriste ne prit pas la peine de souffler, déterminé à finir tout ce qu’il avait à faire d’une traite avant de s’accorder un peu de repos. Liveig l’observa s’affairer. Il sélectionna ce dont il avait besoin, il ajouta à son paquetage un certain nombre de choses, y compris une trousse de premiers soins à laquelle la jeune femme n’avait pas pensé une seconde. Ils partagèrent leur dernier repas chaud avant plusieurs jours.

Dans la nuit, elle, qui pensait trouver facilement le repos, se retrouva face à une étrange appréhension. Pour la première fois de sa vie, elle sortait de Claircombe. C’était peut-être aussi la dernière soirée qu’elle passée dans la ville fortifiée. Qu’est-ce qu’elle allait devenir ? Et si elle était en train de commettre une autre erreur qui l’éloignait de son destin ? Qu’est-ce que cette nouvelle provocation à Njörd allait engendrer ? Mais cette fois, Adrian l’avait assuré : ils voyageraient sous bonne escorte. C’est peut-être cette pensée qui lui permit finalement de trouver le sommeil.

L’aube n’était pas encore levée quand une petite pression sur l’épaule la réveilla. L’Amaranthis avait l’habitude de se lever aux aurores – ou peut-être était-ce là une autre de ses insomnies. Liveig revêtit la tenue de voyage qu’elle avait déniché la veille et plia soigneusement la longue robe pourpre avant de la glisser dans son sac. Après un petit-déjeuner consistant, ils traversèrent la ville endormie en se dirigeant vers les Portes de Jadis. A l’aube, les grandes portes s’ouvrirent pour permettre aux paysans et aux commerçants de circuler entre les faubourgs et la ville. Ils se mêlèrent à la foule pour rejoindre le point de rendez-vous et y retrouver le fameux contact d’Adrian.
Adrian Mayr
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Lun 5 Juil - 21:03
Force était de constater qu'Adrian ressentait un certain soulagement à se voir délesté d'une partie des vestiges de feu son épouse. Il eut la surprise de se retrouver intérieurement troublé par la tenue de voyage de Liv, lui faisant apparaitre une autre réminiscence de Ludmilla, un autre aspect de sa personnalité, celui de la femme médecin, et non la femme de bonne famille Amaranthis. Ayant connu presque tout sa vie sa défunte épouse, l'apothicaire avait toujours apprécié ce coté plus simple et naturel qu'elle semblait adopter dans l'exercice de ses fonctions, mais aussi souvent dans l'intimité des murs de leur demeure. Malgré tout ça, Adrian ne trahit aucune expression de tristesse face à cette découverte, après tout, il était peut-être temps que certaines affaires telle que cette tenue de voyage quitte le Lys d'Argent une bonne fois pour toute.

Levé aux aurores comme souvent, l'apothicaire n'avait pas perdu de temps pour sortir Liv de sa torpeur, presque à contre coeur. La voir dormir un tant soit peu plus paisiblement que ces nuits passées entre la vie et la mort réconfortait quelque peu Adrian dont la santé de la jeune femme semblait avoir prit une place importante dans ses pensées.

Paquetage sur le dos et habillés de vêtements de voyage, les protagonistes avaient arpenté sans trainer les rues presque désertes de Claircombe avec un seul et unique objectif, la porte de Jadis, où les attendait leur caravane. A mesure qu'ils avançaient, l'appréhension d'Adrian commençait à croitre sans vraiment qu'il n'y ait de raison évidente. Était-ce simplement l'idée de se rendre à Port-Aux-Échoués? Ou bien ces inquiétudes trouvaient leur source vers la tête blonde en grande partie encapuchonnée qui l'accompagnait? Difficile à dire, même pour lui.

Le brouillard d'une nuit étonnement fraiche recouvrait encore les pavés des rues de la ville lorsqu'ils arrivèrent à la porte de Jadis et c'est à l'aube qu'ils arrivèrent devant les portes à tout juste ouverte. Scrutant le lieux du regard, Adrian repéra assez facilement le lieu de rendez-vous et deux caravanes l'une derrière l'autre ressemblant assez bien à ce que l'apothicaire recherchait. Contrairement au reste de la ville, bon nombre de gens s'affairaient déjà à la tâche devant les grandes portes. Caravaniers, marchand, négociant et autres voyageurs s'activaient pour prendre la route le plus rapidement possible afin de gagner port aux échoués. Cette situation jouait à l'avantage de l'Amaranthis et de l'Utgardienne dont la discrétion leur semblait profitable. Adrian mena son amie vers le lieu de rendez-vous et approcha du cocher qui semblait affairé à attacher les chevaux au premier attelage. En jetant un rapide coup d'œil sur la bordure de la première charrette, l'apothicaire reconnut un blason qui ne trompait pas, celui de son contact.


- Pardonnez-moi monsieur, nous avons rendez-vous avec Rowan Al'Thor pour prendre part au voyage.
- Votre nom? Répondit simplement le cocher sans se retourner.
- Adrian Mayr.
- Installez-vous donc ! lança-t-il presque gaiment, Monsieur Al'thor m'a averti de votre venue. Il ne devrait pas tarder.

D'un bref hochement de tête machinal que le cocher ne remarqua pas, Adrian termina la conversation pour adresser un regard à Liveig et lui intimer de monter dans la première charrette. Couverte sur le dessus, l'intérieur du véhicule était relativement spacieux et équipé de deux grande banquettes se faisant face, de quoi avoir largement de la place pour trois personnes de plus s'il le fallait. Juste après avoir laissé monter Liv, Adrian scruta une dernière fois les environs et monta à son tour. Il prit place en face de la jeune femme, au moins le temps qu'il n'était que tout les deux dans cette cet espace mi clos,

- Rowan, mon contact, sera du voyage. Il avait pour plan de se rendre à Port-Aux-Échoués cette semaine et à avancé l'échéance. C'est une bonne chose, car cela garanti entre autre que nous serons bel et bien entouré d'une escorte, cet homme est tout sauf une tête brulée. Par simple précaution, je n'ai donné aucun détail sur toi, j'ai simplement dit que je serai accompagné. C'est un homme curieux, il te posera des questions, libre à toi d'y répondre ou non.

Il ne fallut pas longtemps après qu'ils se soient hissés à l'intérieur de la caravane pour entendre des discussions non loin de leur position. Le cocher et sa voix portant assez lui se fit entendre également à grand détour de salutations et courbettes abusives qui soulignèrent l'arrivée du maitre de convoi. Adrian eut tout juste le temps de se placer aux cotés de Liveig avant que Rowan ne fasse son apparition dans l'encadrement de la porte. Toujours soigné et habillé de vêtements sobres mais d'une évidente qualité, Rowan se hissa à son tour à l'intérieur de la caravane tout en adressant un sourire cordial à Adrian et à la jeune femme, bien qu'il reporta d'abord son attention sur l'apothicaire.

- J'aurai presque espéré pouvoir vous reprocher d'être en retard pour une fois Adrian, mais il semblerai que je vous sous estime. Dit-il avec un ton si calme qu'il fallait connaitre un peu le personnage pour y saisir l'ironie amicale.
- Vous devriez savoir, à force, que je n'aime guère les imprévus. Répondit l'apothicaire en jouant distraitement avec sa barbe.
- Je le constate de jour en jour en effet. Mon assistant se joindra à nous dans quelques minutes et nous pourrons partir, le temps de régler deux trois dernier détails...

L'Amaranthis aux long cheveux et à la peau sombre s'installa finalement en face du duo et laissa planer un petit silence. Son regard se posa sur le visage toujours à demi dissimulé de Liv et il renouvela son sourire.

- Pardonnez mon impolitesse, ma dame, je m'appelle Rowan. Rowan Al'Thor, et comme vous avez pu le deviner, ce convoi m'appartient. Adrian ne s'est guère étendu de détails à votre sujet, pourriez-vous m'éclairer?

Adrian leva brièvement les yeux au ciel, pas vraiment surpris que son avertissement quant à la curiosité de Rowan soit avéré. Malgré cela, il avait préféré ne pas s'avancer à inventer une histoire au sujet de Liv visant à dissimuler son identité, notamment pour éviter des incohérence de propos entre deux versions d'un même récit, mais aussi parce qu'il n'était pas réellement sur que l'Utgardienne ne souhaite se cacher sous une fausse identité. Malgré cela, l'apothicaire resta attentif au dialogue afin de s'assurer qu'il n'y ait pas besoin de couper court à cette conversation avant que quelque chose ne tourne mal.
Liveig Fjorleif
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Mar 6 Juil - 2:09
Et que répondre à cela ? Elle était Liveig Fjorleif, une victime défigurée et bafouée, reniée par ses propres parents, qui fuyait désormais une des deux seules personnes qui se souciait encore d’elle, l’autre étant déjà en sa compagnie.

Non, la vérité ne lui plaisait pas. C’était le moment de s’inventer une identité, n’importe laquelle, celle qu’elle voulait. Qui voulait-elle être ? Elle ne voulait plus être une femme peureuse, effrayée, elle n’était pas la fille de, la femme de, elle n’était plus rien.

— Leif. Enchantée Rowan Al’Thor. Je dois rendre visite à un vieil oncle depuis longtemps, mais voyager seule m’a toujours rebutée. Monsieur Mayr m’a fait part de ses projets de voyage sous bonne escorte, j’ai donc décidé de l’accompagner. Et vous, monsieur Al’Thor, je présume que vous avez l’habitude de ce genre de voyage ?

C’était en somme tout ce qu’un personnage comme Rowan Al’Thor attendait : l’occasion de démontrer l’étendue de son influence. C’est avec joie qu’il s’affaira à expliquer qu’il avait de nombreuses occasions d’organiser ce genre de convoi et il se vantait même de leur sûreté toute particulière. Si son but était de rassurer ses passagers en s’épanchant sur les rares fois où ses gardes avaient su maîtriser les quelques situations délicates, ça ne marchait qu’à moitié. Statistiquement, les failles existaient toujours, la vraie question était la probabilité pour que la faille tombe sur ce convoi. Et aux dire du monsieur, voilà bien longtemps qu’un problème n’était pas survenu au cours de ses voyages. La faille ne pouvait qu’en être plus proche.

De fil en aiguille, la conversation divergea, et subtilement, Liv’ laissa Adrian se charger de distraire le maître de caravane. Plus ils s’éloignaient de la ville, mieux elle se sentait. Pendant un temps elle s’émerveilla du paysage verdoyant, des oiseaux et leurs chants. Puis doucement, elle se laissa aisément glisser dans un sommeil qui ne s’interrompit que lorsque le doux balancier de la charrette s’interrompit. Ils allaient installer un campement pour la nuit. Les tentes furent montées, des feux furent allumés et dans de grandes marmites, des ragoûts fumants allaient être versés dans des tranchoirs. Les seuls repas chauds qu’ils pouvaient espérer étaient ceux du soir, en journée, chaque voyageur devait se contenter de ses provisions personnelles.

Pour la première fois depuis leur départ, Rowan laissa les deux voyageurs pour s’assurer que ses ordres étaient suivis à la lettre.

— C’est la première fois que je sors  vraiment de la ville, tu sais, fit-elle. Une pointe d’excitation perçait dans sa voix, et un sourire émancipé illuminait son visage.

— C’est nouveau pour moi, c’est peut-être qu’une illusion de la liberté. Mais pour l’instant, ça me plaît. Je ne sais pas si j’aurais pu le faire sans toi. Je me serai sans doute défilée à la dernière minute… Merci de m’avoir accompagnée.

On recommanda à tous de dormir vêtu et de se doter d’une arme pour leur propre sécurité. Plus tard dans la nuit, Adrian rêva qu’il mangeait une chaussure, aussi dure que de la semelle. Il s’empressa de réveiller Liveig pour lui faire part de cet étrange présage. A peine étonnée, Liv lui fit remarquer qu’il avait encore un lacet entre les dents. Après quoi, tous deux se rendormirent. Mais quelques heures plus tard, une cloche les arracha brutalement à leur sommeil empli de cordonniers.

— MAUDITS ! MAUDITS !

Des hommes passaient de tente en tente pour s’assurer que tout le monde était prêt car un groupe de morts repéré par les veilleurs marchait vers eux.
Adrian Mayr
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Lun 19 Juil - 14:22
Avant que cette maudite cloche ne retentisse, Adrian s'était presque réjoui de voir que tout se déroulait sans encombre. Rowan n'avait pas insisté plus encore sur son enquête vis à vis de Liv, savamment redirigé vers sa propre personne dans le cadre de la conversation par la concernée, qui en avait profité pour s'effacer et se reposer. Une fois installé en campement, la quiétude de la nature avait eu également de quoi ravir les nerfs encore agités de l'apothicaire qui s'était endormi étonnement vite, surtout après avoir pu constater une certaine forme d'apaisement sur le visage de Liveig, qui s'était même autorisé quelques sourire, en plus d'un témoignage de reconnaissance. Difficile de croire qu'elle avait envisagé de l'égorger avec un morceau de miroir, il y a de cela quelques jours. Bien qu'il s'était contenté d'un simple hochement de tête et d'un timide sourire, Adrian ne pouvait entièrement dissimuler sa satisfaction de voir que l'entente entre eux n'avait pas vocation à être trop éphémère.

Mais toute ces considérations devaient attendre, car dès lors Adrian et Liveig étaient de nouveau sur leur deux jambes, chacun une arme à la main. Organisé à souhait, les mercenaires escortant la caravane firent éteindre presque toute les sources de lumière pour orienter instinctivement les nuisibles vers un seul et même endroit, à l'écart de Rowan, entre autre. La simple diversion par la lumière ne suffisait pas à guider les relevés, si bien que les mercenaires n'avaient pas hésité à se diriger eux aussi vers la source encore intacte de lumière. Lourdement équipés et armés, ils entamèrent l'entreprise d'un boucan du tonnerre pour renforcer l'attirance vers leur position.

Liveig et Adrian quant à eux avaient été exhorté à rejoindre Rowan au niveau de la caravane. Les consignes étaient relativement simples et claires, rester caché derrière le charriot, arme à la main au cas ou. Dans l'agitation du moment, aucun mercenaire n'était resté près du groupe. Alors certes, tous étaient armés, pour autant, aucun d'entre eux ne semblait aguerri au combat. Le cocher les avait rejoint en courant après avoir regroupé les chevaux. Le plus discrètement possible, l'homme s'était afféré à attacher les deux chevaux au chariot principal. Prévention oblige, les autres montures n'avaient pas été dessellée pour la nuit. Ainsi tout les chevaux se retrouvaient autour de la caravane.

Le bruit de combat se mit à retentir non loin, au niveau de la source de lumière. Depuis leur position, il était difficile de distinguer plus qu'un vaste ballet d'ombres en pleine joute. Les ordres hurlé par l'un des mercenaire probablement désigné comme le chef perçait le silence de la nuit, révélant un combat plus acharné que l'aurai imaginé l'apothicaire. Alors que le petit groupe caché s'efforçait de rester silencieux, Adrian se redressa après avoir été persuadé d'entendre un bruit. L'apothicaire se baissa alors discrètement pour tenter de percer l'obscurité. Seul le mouvement d'une ombre de l'autre coté du charriot lui parvint, suivit de ce qu'il put identifier comme un grognement.

Le doigt devant la bouche pour intimer le silence à ses compagnons, Adrian se décala légèrement pour observer d'un peu plus près le nouveau venu. Ce qu'il découvrit ne l'enchanta guère, car il put dès lors distinguer avec plus de précision qu'un maudit s'était approché sans un bruit de la caravane. Éloigné de son groupe, la créature uniquement animé de pulsions meurtrières semblait tiraillée entre la source du bruit et cet endroit ou son instinct l'avait mené, à savoir près de la caravane lui occultant encore la vue sur les civils cachés derrière. Sans réellement réfléchir, Adrian contourna en silence la créature qui semblait jeter des regards vers la lumière, puis vers le chariot. Arrivé derrière lui avec une habileté qu'il n'aurai pas soupçonné, l'apothicaire resserra sa prise sur la lame qu'il tenait. Il lui était déjà arrivé de se retrouver confronté à un maudit, ou plutôt à une personne fraichement décédée qui s'était relevé trop vite. Seule différence était qu'ils étaient habituellement attachés à leur lit...et non en liberté, prêt à tuer...L'idée que la créature puisse s'approcher de près ou de loin de Liveig le tira de ses réflexions et sa lame s'abattit sèchement sur le cou de la créature, séparant la tête du buste dans une coupe nette.

Satisfait de lui, Adrian n'eut pas le temps de souffler ni de reprendre ses esprit qu'il sentit un poids s'abattre sur lui. Un deuxième maudit venait de surgir et de s'accrocher à lui. L'espace d'un instant, Adrian sentit même le souffle chaud de la créature tenter d'atteindre directement sa jugulaire. D'un geste imprécis mais rapide, Adrian se renversa pour éviter la sentence et tomba dans un roulé boulé avec son adversaire corne la large roue en bois du charriot. Le maudit ne lui laissa pas le temps de souffler et reprit son assaut, désormais à moitié avachis sur l'apothicaire, la lame au milieu du ventre. Avec l'Energie d'un désespoir certain, Adrian maintenait une distance de survie entre lui et le non mort par la garde de sa lame, chassant au mieux les mouvements frénétique des bras de son assaillant, ne pouvant cependant empêcher le maudit de le griffer au niveau du cou. Lorsqu'il commença à sentir ses forces vaciller sous les assaut répétés, l'apothicaire commença à ne plus entrevoir d'issue positive à sa situation plus que précaire.

C'est à cet instant que la lame du cocher traversa le crane du maudit, répandant une gerbe de sang sur le visage de l'apothicaire qui s'en dégagea le plus rapidement possible en s'extirpant de la masse morte qu'était devenu son agresseur. D'une main, il essuya le sang sur son visage et réalisa que tout le groupe s'était déplacé pour s'enquérir de l'urgente situation. Dans un mouvement trop brusque, il réalisa enfin que cette griffure dans son cou était bien plus douloureuse qu'il ne l'aurait imaginé.

Un mercenaire revint en trombe à leurs cotés et prit la parole après avoir brièvement vérifié que tout le monde allait bien.


- Il faut que nous commencions à partir, nous allons les combattre à cheval pendant que le charriot avancera, ils sont trop avantagés si nous restons sur un point fixe!
- Cocher, mettez vous en selle et écoutez les consignes, quant à nous, Son regard se posa sur Liv et Adrian, montons à l'intérieur, gardez vos armes près de vous!

D'un simplement hochement de tête en palpant avec soin son cou, Adrian acquiesça, puis son regard se tourna vers Liv avec une inquiétude non dissimulée.

- Ne perdons pas de temps, allons-y.
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Ven 23 Juil - 14:22
Les morts erraient au pas, mais dans leur errance, le hasard le hasard leur fit croiser la route de la caravane. Visibles à l’horizon, mais trop loin encore pour sentir les âmes à portée, le jeu de lumière couplé aux tambourinement des armes les unes contre les autres excitèrent les sens des maudits. Maintenant que les hommes avaient révélé leur présence, plus aucun stratagème ne pourrait duper les créatures qui se mirent à sprinter vers eux comme une horde de loups qui ne sentaient ni la fatigue, ni la douleur, ni la peur. La charge allait être puissante, les mercenaires le savaient. Ils étaient habitués à ça, préparés à ça, payés pour ça. On déchargea des boucliers pour les planter dans le sol et les hérisser de lances. En terme de rapidité, d’endurance et de force, les maudits étaient supérieur. Toutefois, les hommes avaient l’avantage des armes et de l’organisation. Leurs armures les protégeaient des griffures ou des morsures les plus dangereuses.

Pendant que la défense s’organisait, Liveig et Adrian rejoignirent le maître du convoi derrière la charrette, sans doute l’endroit le plus sûr. Les chevaux s’agitaient, c’était des bêtes sensibles, la tension palpable et ils pouvaient sentir la charge des morts vibrer jusque dans leurs sabots. Ils hennissaient, grattaient la terre, tiraient sur leurs attaches et le cocher avait toute la peine du monde à les calmer.

D’abord ils avaient cru que l’énervement des équidés étaient dû aux combats non-loin, mais en voyant Adrian observer une ombre, Liveig se figea. Ils étaient ici, les monstres dont on parlait toujours depuis son enfance, la raison pour laquelle ses grands parents avaient pris l’habitude de s’attacher au lit le soir avant la tombée de la nuit comme leurs parents avant eux. La raison pour laquelle Claircombe fermait ses portes avant le crépuscule, la même qui interdisait à la plus part des hommes de porter un casque. La non-mort. De par son métier, le médecin avait dû être souvent confronté à la mort, il élimina rapidement l’assaillant mais fut surpris par une deuxième créature qui prit l’avantage. Lame à la main, la blonde était totalement pétrifiée, il lui sembla même qu’elle avait cessé de respiré, les doigts douloureusement crispés sur le pommeau de son arme. Heureusement pour l’herboriste, le cocher fut plus réactif. Une main amicale se posa sur l’épaule de la blonde qui bondit de côté, lame relevée cette fois.

— Me touchez pas. C’était un avertissement, presque une menace, sa voix n’avait plus une once d’amabilité ou de timidité.

— Pardonnez-moi, je ne…

Un mercenaire leur suggéra de se mettre en route, Rowan se reprit immédiatement et donna ses consignes. Dans le noir, lames tirées, les Amaranthis portaient tous les visages de ses agresseurs. Non, pas tous… La voix d’Adrian brisa l’antagonisme qui animait la jeune femme. Elle se rapprocha pour lui prendre le bras, alourdissant leur marche volontairement pour laisser Al’Thor monter avant eux

— Je suis désolée, murmura-t-elle, en observant les moindres mouvements suspects autour d’eux.

Adrian ne semblait pas accorder d’importance à ses excuses, il l’entraîna dans la charrette, plus soucieux de les mettre en sécurité. La voiture repartit. Assis côte à côte dans la pénombre, elle vit alors des entailles au niveau de son cou. Du bout des doigts, elle poussa la mâchoire de l’herboriste pour mieux voir.

— Tu es blessé ! lâcha-t-elle horrifiée. Le sang perlait à la surface de la peau.

— Ce n’est rien… ce n’est qu’une griffure, fit-il en repoussant doucement la main de Liveig. Il tâtonna autour de la plaie pour se rendre compte de la gravité de la blessure et sentit un petit filet de sang. Même superficielles, les coupures au cou saignaient très facilement.

— Ca a l’air plus profond que vous ne le croyez, Adrian, remarqua Rowan qui sans être un docteur, s’inquiétait du bien être de ses voyageurs

— Mieux vaut désinfecter… conclut Adrian. Leurs yeux s’étaient habitués à l’obscurité, mais le médecin peina à trouver de quoi désinfecter et protéger la plaie. La main gauche toujours serrée sur sa dague, le regard de Liveig restait à l’affût sautant tantôt sur l’homme qui lui faisait face, tantôt sur Adrian, sans jamais manquer de jeter un œil par la fenêtre.

— Détendez-vous, ma dame. Nous avons la situation bien en main. Son ton se voulait rassurant et calme.
— Oui, j’ai vu ça, répondit-elle froidement. Aucune remarque n’était nécessaire pour préciser le fond de sa pensée, Adrian avait fait les frais de cette situation parfaitement bien gérée. A présent mal à l’aise, Al’Thor rajusta son assise en se raclant la gorge. Manifestement, il avait fait quelque chose qui avait contrarié la jeune femme et il en était sincèrement désolé même s’il n’avait pas compris ce qui avait suscité une telle réaction. Il était un homme maître de lui, ce n’était pas le comportement grossier d’une cliente apeurée qui allait impacter sa courtoisie et son professionnalisme.

Le brouhaha des combats ne devint plus qu’un son sourd, un mercenaire revint à la hauteur de la caravane pour annoncer la fin de l’attaquer, énumérer les pertes du côté des soldats, des marchands et des bêtes. Quatre chevaux avaient fui vers Port-aux-Echoués, mais leur absence, quoique regrettable n’impactaient pas l’organisation générale du convoi. Toutefois, ils ne pouvaient pas rester sur les lieux de l’attaque, l’odeur du sang allait attirer les prédateurs et les charognards. Ils devaient s’éloigner d’au moins deux lieues pour être tranquille cette nuit, ce qui leur ajoutait environ deux heures de route avant de pouvoir espérer dormir un peu. Al’Thor ne semblait pas enchanté par la nouvelle. Leur discussion n’intéressait pas l’Utgardienne, qui se tourna vers son ami.

— Je suis désolée… Je n’ai fait que regarder… Je ne pouvais pas bouger...

Adrian avait imbibé une compresse d’un liquide qui sentait fort, probablement de l’alcool. Même sans regardé, il aurait pu nettoyer la plaie seul, mais Liveig la lui prit des mains.

— Laisse-moi t’aider.
Adrian Mayr
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Sam 24 Juil - 17:37
Loin devant sa propre survie ou celle de Rowan et ses hommes, Adrian avait placé inconsciemment celle de l'Utgardienne au devant de ses priorités. Animé par cette motivation, il s'était forcé à agir. Ce n'est que maintenant qu'il réalisa que sa chance l'avait maintenu en vie, car quelques secondes de plus auraient pu suffire pour que la blessure dans son cou ne prenne des dimensions bien plus dramatiques. Bien que Rowan semblait s'inquiéter de l'état des marques presque autant que Liv dont le regard était préoccupant, Adrian ne s'autorisa pas immédiatement le répit de réellement se concentrer sur sa tâche, résultant à ce qu'il ne trouve pas tout de suite l'une des fioles qu'il avait préparé en cas de blessure.

A mesure que le calme revint, l'Amaranthis parvint à se détendre quelque peu tout en palpant avec lenteur et précision la blessure. Rowan n'avait pas totalement tort, l'entaille était profonde et le sang continuait de perler le long de son cou. Désormais un peu plus conscient de ses faits et geste et rassuré de voir la sécurité gagner à nouveau le convoi, l'Amaranthis s'était affairé à appliquer le plus rustique des désinfectant, à savoir l'alcool, en s'efforçant de ne pas siller sous la brulure que provoquait ce contact. Tout comme son amie, il se désintéressa de la conversation entre Rowan et le mercenaire. La voix de Liv en revanche lui fit poser les yeux sur elle.


- Je suis désolée… Je n’ai fait que regarder… Je ne pouvais pas bouger...

Avant qu'il n'ai put répondre, il la laissa lui subtiliser la compresse sans rechigner.

- Laisse-moi t’aider.

Nulle protestation ne vint de la part d'Adrian, fait assez étonnant pour quelqu'un qui n'était pas habitué à ce que l'on s'occupe de le soigner. Il y avait fort à parier que la confiance mutuelle qu'ils étaient venus à exprimer l'un pour l'autre avait finit par mettre l'apothicaire dans de bien meilleures dispositions sociales et morales. Son regard se détacha de l'Utgardienne alors qu'il la laissa nettoyer la plaie avec une douceur pour le moins agréable comparé à la façon qu'il avait eu d'entreprendre le même geste. Il prit alors la parole à voix basse afin de ne pas attirer plus que cela l'attention sur eux.

- J'ai agis inconsciemment, tu n'as pas à t'en vouloir d'être restée en retrait. Dit-il d'un ton qui se voulait rassurant et dénué d'animosité.

Il marqua une courte pause, forcée par le passage de la compresse alcoolisée sur la partie la plus profonde de la plaie. Dents serrées, ce contact lui arracha une vive inspiration et un léger sursaut. Alors qu'elle s'affairait à nettoyer le sang coulé dans son cou, Adrian ramena son sac sur ses cuisses pour y extraire une petite fiole qu'il tendit à Liv.

- Peux-tu appliquer ceci sur les plaies nettoyées? C'est un cicatrisant efficace pour empêcher les saignements.

Coopérante et visiblement désireuse de bien faire, Liv s'appliqua à enduire la compresse de cette huile aux fortes odeurs de plantes qui embaumaient quelque peu leur coin de la charrette. C'est alors qu'elle finissait d'appliquer le fameux baume qu'Adrian remarqua l'air contrarié de Rowan qui attendait son attention pour prendre la parole.

- Adrian, vous me voyez désolé de ce qui vous est arrivé. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous dédommager de ce regrettable incident, soyez sur que je le ferai.
- Cela ne sera pas nécessaire. Trancha l'apothicaire dans un ton neutre qui le caractérisait. Visiblement, vos hommes nous ont mené en sécurité et ma blessure est superficielle, ne nous ajoutons pas de tergiversations pour une simple entaille.
- Votre décision vous honore, mais gardez en tête que ma proposition tient toujours, au cas ou vous changeriez d'avis.
- La nuit va être courte, économisons nous de préoccupations de ce genre pour le moment.

Si l'on ne connaissait pas les us et coutumes des hautes sphères Amaranthis, on aurait put avoir tendance à croire que Rowan et Adrian s'était adonné à un échange purement passif agressif. Il n'en était rien, chacun faisait preuve de pragmatisme et tout deux aboutirent à une conclusion commune, celle de se concentrer sur le bon déroulé du voyage, et non sur les regrettables incidents. Les deux heures qui suivirent furent longues et fastidieuse pour certains dont la fatigue se faisait sentir. Adrian, habitué aux insomnies, accueillait ce retard de sommeil comme quelque chose d'assez banal, si bien qu'il resta attentif aux moindres signaux d'alarme malgré le fait que le capitaine des mercenaires avait explicitement indiqué qu'ils étaient hors de danger. Comme tout les passager en revanche, il s'était débarrassé de son arme. Rowan lui s'était efforcé de fermer les yeux afin de se laisser bercer par la charrette, une entreprise peu fructueuse qui lui firent exprimer quelques complaintes non verbales.

Arrivés en lieu sur, le camp fut dressé bien plus vite que la première fois, malgré l'effectif réduit. Les mercenaires, désireux de prouver qu'ils méritaient leur salaire, s'étaient affairé à offrir un maximum de confort aux voyageurs, autant que pouvait le permettre un campement tout du moins. Toujours loin de se sentir l'envie de dormir, Adrian exhorta tout les combattants à se présenter à lui en cas de blessures éventuelles, dans le but de limiter les rapides infections que pouvaient provoquer des blessures de maudit. Son cou le rappelait à l'ordre chaque fois qu'il esquissait un mouvement trop brusque. Les plaies étaient à demi fermées, mais le risque que tout se réouvre sur un mauvais geste inquiétait Adrian. Il termina à la hâte les quelques soins demandé et revint au côté de Liv qui ne semblait pas encore prompt à aller se coucher.

Ses yeux émeraudes se posèrent sur l'Utgardienne, apaisant instantanément les traits de son visage. Quelque peu hésitant, Adrian prit place à ses cotés avant de prendre la parole.


- S'il te plait, avant de dormir pourrais-tu...M'aider à faire un bandage, je crains que le baume ne suffise pas pour la nuit...

Pas vraiment habitué à demander cela, Adrian semblait gêné par une évidente timidité. Tenant le bandage dans sa main, il tendit le bras en direction de l'Utgardienne dont il ne doutait pas qu'elle l'aiderai. Alors qu'elle s'affairait déjà à accéder à sa requête, Adrian reprit la conversation.

- Avec un peu de chance, nous allons pouvoir finir le voyage sans encombres...Du moins je l'espère.
Liveig Fjorleif
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Sam 31 Juil - 1:04
Peut-être qu’elle ne devait pas, mais elle s’en voulait malgré tout. A nouveau, Liveig avait été réduite à une spectatrice impuissante. Ce sentiment, elle en venait à le haïr presque autant qu’elle abhorrait ses agresseurs, comme si sa passivité était la cause directe de ce qui lui était arrivé, comme si son inaction était tout aussi coupable que les criminels qui s’en étaient pris à elle. Etait-il possible qu’en adoptant un comportement de proie, elle ait généré un prédateur qui y répondrait ? Etait-ce parce qu’Adrian avait su agir qu’il avait su anéantir la menace qui avait pesé sur lui ? Ou avait-il était blessé parce qu’une fois de plus la faiblesse de la jeune femme avait attisé l’intérêt des maudits ? Ces questions qui naissaient les unes après les autres dans son esprit n’étaient pas toutes le fruit de la raison, mais elles la turlupinaient de la même manière. Il était impensable que ce qui avait pu lui arriver de mal était le fruit du hasard, elle avait dû forcément mal agir, sinon pourquoi Njörd la punirait-il si injustement ?

Les instructions d’Adrian l’arrachèrent à ses tourments, et comme il le lui indiquait, elle appliqua le baume après avoir nettoyé les plaies. Les échanges entre Al’Thor et Adrian restaient très courtois, ce qui n’atténua pas les sentiments de Liveig à l’égard du maître de la caravane. Enfin au bout de quelques heurs, le convoi s’arrêta une nouvelle fois pour dresser le camp. Tout le monde était bien plus silencieux qu’au premier arrêt, soit parce qu’on était éreinté, soit parce qu’on préférait ne pas se réjouir trop vite au risque de ne pas voir venir une seconde attaque. Même les traits d’Adrian, toujours si sereins et neutres semblaient tendus ce qui ne l’empêcha pas de proposer ses services aux blessés. Inutile, une fois de plus, Liveig se tint en retrait dans un coin du camp plutôt isolé.Cela lui permettait de mieux se morfondre dans ses questionnements sur le destin et le libre-arbitre des mortels.  Tout son environnement, son mode de vie allait changer : plus de remparts pour la protéger, plus de murs derrière lesquels se cacher. Elle avait réussi à trouver ses marques dans les appartements de l’apothicaire et maintenant, elle devrait tout recommencer. L’endroit où elle se tenait avait quelque chose de stratégique à bien y regarder : elle avait une vue d’ensemble sur le camp tandis qu’on pouvait facilement l’oublier.

Ce n’était pas le cas d’Adrian. Il n’avait eu qu’à lever les yeux pour la repérer, son devoir accompli, il la rejoint. Sa blessure nécessitait un bandage, elle acquiesça en s’emparant aussitôt des bandes de tissus. Ses gestes étaient mesurés et doux, elle veilla à ne pas trop serrer le pansement. Ses prunelles clairs examinèrent le travail en prenant un peu de recul : elle n’était pas infirmière, mais ça ferait l’affaire. Finalement, le bon de cette soirée était qu’ils pouvaient enfin discuter sans que personne ne les écoute. Assis l’un à côté de l’autre à même le sol, la fin de cette journée s’était fait languir. Les flammes et la chaleur du feu étaient bien loin d’eux, mais au moins la pénombre les enveloppait à l’écart des gens, un endroit où ils étaient tous deux plus à l’aise. Comme l’herboriste évoquait son espoir d’une fin de voyage plus calme, les angoisses de Liveig se révélèrent à voix haute.

— Est-ce que tu crois en le Destin, Adrian ?

Bien sûr, Liveig n’était pas sans savoir que les convictions des Amaranthis penchaient vers tout ce qui pouvait leur apporter des réponses arrêtées et rationnelles. La foi et les croyances n’étaient à leurs yeux que des hypothèses personnelles que l’on pouvait certainement avoir mais qui ne devaient pas être la base d’une réflexion sensée. C’est pour cela qu’elle avait formulé sa question autour du « Destin » plutôt qu’une entité divine. L’érudit qu’il était ne sembla pas hésiter quant à sa réponse, ce n’était pas la première fois qu’il y réfléchissait :

— Je ne crois pas que tout soit écrit à l'avance, aussi impromptue, cruelle ou joyeuse que puisse être chaque situation.

Sa gestuelle même l’indiquait, ses doigts ouverts, paumes vers le haut, donnaient l’impression que la réponse était à portée de main. C’était le genre de conversation que Liveig, elle, n’avait jamais eu. Utgardienne entourée d’Utgardiens, le peu de conversations qu’elle avait pu avoir dans sa vie n’avait jamais remis en cause  la doxa de sa communauté. Puisque Adrian n’en faisait pas partie, il était beaucoup plus facile de s’aventurer sur ce terrain sans avoir la crainte de se faire juger. Après quelques secondes, elle fut forcée à pousser sa réflexion.

— Si rien n'est écrit à l'avance, supposa-t-elle lentement, alors qui décide de ce qui nous arrive ?

Là aussi, la réponse de l’Amaranthis ne se fit pas attendre, car de fait, il l’avait apprise alors qu’il était enfant.

— Personne, nous sommes maîtres de notre vie. Et même si l'on a pas toujours le choix dans ce qui s'impose à nous, j'aime à penser qu'il est possible de finalement retrouver le contrôle de son existence à un moment ou un autre. Il esquissa un petit sourire en soupirant brièvement. J'ai été éduqué à faire des choix sans m'imposer la présence d'une entité spirituelle supérieure, j'imagine que cela oriente ma vision des choses.

D'un petit hochement de tête, elle indiqua qu'elle acceptait l'expression de son opinion sans pourtant la comprendre. Mal à l’aise, elle décida de changer de position et s’assit en tailleur. Mains jointes, ses coudes s’appuyèrent sur ses genoux, et son menton vint se poser sur ses phalanges entrelacées. Il lui était extrêmement difficile d’admettre qu’elle avait été maître de sa vie jusqu’ici. Son ton ne cachait pas le mal qu’elle avait à envisager autre chose que ce qu’on lui avait inculqué.

— Je me suis toujours consolée de ce qui pouvait m’arriver en me disant que ça devait avoir un sens.

En le disant à voix haute, cette phrase lui paraissait si naïve et stupide. Et si Njörd avait des choses plus importantes à faire que de s’occuper d’une mortelle indécise ? Elle était bien prétentieuse de se croire assez spéciale pour mériter une attention divine à elle seule. Contrariée, ses mains se séparèrent pour enserrer ses chevilles.

— Si Njörd ne choisit pas pour moi, et si je décide de ne pas choisir… Ce qui s’impose à moi est donc de mon fait, conclut-elle avec un calme froid qui résonnait comme du fatalisme. Le fond de culpabilité poussa son interlocuteur à reprendre, comme pour la dédouaner d’un fardeau qu’elle s’imposait à tort.

— Ce qui nous arrive dépend aussi parfois des autres et de leurs motivations. Le regard émeraude de l’Amaranthis s’assombrit. On ne peut pas toujours tout contrôler, sinon il y a fort à parier que tu ne serais jamais venue me trouver et quand bien même, rien ne promettait que notre rencontre aboutisse à un tel voyage…

Un autre silence retomba tandis qu’elle déroulait le fil de sa vie. Se pouvait-il qu’en faisant un seul des nombreux choix qui s’étaient offert à elle, elle ait pu éviter cette agression ? Elle aurait pu refuser de sortir avec Eredin, elle aurait pu accepter d’accompagner Barldwin, dans les deux cas, elle n’aurait jamais eu à se retrouver dans cette hutte puisqu’elle n’aurait jamais eu à se marier ce jour-là. Et quand bien même, elle aurait pu verrouiller la porte à la suite d’Aslaug, ou elle aurait pu l’accompagner. Au lieu de traîner et de tarder à se préparer, elle aurait pu s’apprêter plus rapidement et sortir avant leur arrivée. Mais elle n’avait rien fait.

— Tu as tort.  Si on fait le choix de ne pas choisir, on est responsable de ce que les autres font de nous.

Elle n’avait rien fait, elle les avait tous laissé faire, et même s’il était lourd, ce fardeau était finalement le sien. Longtemps, elle avait voulu se décharger de toute responsabilité en laissant les autres décider pour elle, et voilà où ça l’avait menée : au point où elle ne pouvait plus les laisser faire, où elle était obligé de faire ses propres choix. Est-ce que c’était ça, le prix à payer pour s’être laissée aller à la dérive ? Un naufrage violent contre un écueil, un éclair foudroyant de lucidité ? Cette fois, sa réflexion avait laissé le médecin pensif, et après un silence durant lequel lui aussi avait dû faire le compte du prix de son refus de choisir, il admit d’un air pensif, presque mélancolique :

— Oui...Tu as peut-être raison.

Mais quels pouvaient bien être ses choix à lui, ceux qui le plongeaient parfois dans cet état de mal-être et l’enfermaient souvent dans un mutisme ? Elle s’entendit lui demander de quoi il était responsable. C’était une question qui lui brûlait les lèvres. Pourquoi ce médecin bien rangé se retrouvait bloqué, comme elle, entre des murs qu’il avait bâti de ses propres mains tout autour de lui ?

— Peut-être suis-je responsable de cette enfance qui m'a été privée par mon père. Ses poings se serrèrent de frustration, il n'aurait pas imaginé parler de ça d'un coup d'un seul. Après tout, j'ai fait le choix de ne pas me rebeller, laissant à ma mère la responsabilité de me libérer de lui.

A la crispation de son corps, cette vieille blessure était toujours douloureuse, pire, elle était même purulente. La blonde baissa les yeux sur ses chevilles, toujours tenues par ses mains, un peu honteuse de l’avoir poussé à se livrer ainsi. D’une voix douce, elle l’invita à plus de clémence à l’égard d’un enfant victime du comportement d’adultes qui aurait dû lui apporter autre chose qu’une autorité restrictive.

— Les enfants font-ils vraiment un choix quand ils acceptent les décisions de ceux qui sont censés les protéger…

Adrian savait beaucoup de choses, mais il ne savait certainement pas être indulgent avec l’enfant qu’il avait été. Il reprit aussitôt, comme pour empêcher Liveig de trouver d’autres bonnes excuses à ce gamin trop docile qui avait été pris dans des histoires qui le dépassaient.

— J'ai volontairement verrouillé mon esprit dans l'acceptation. Avec du recul, il aurait été possible de faire autrement, malgré l'autorité et l'emprise qu'il avait sur notre famille, car j'ai partiellement poussé ma mère à l'abandon, au lieu de lui exprimer ce besoin qui me torturait l'esprit. Ainsi, j'estime être au moins en partie responsable. Il marqua une pause durant laquelle un timide sourire finit par s’esquisser. Malgré tout cela peut avoir du bon, car aujourd'hui, j'ai au moins la vocation de faire mieux que lui.

Voilà ce qui le faisait tenir : une certitude. L’homme en face d’elle avait la certitude que peu importe les choix qu’il ferait, il ne pourrait jamais atteindre la médiocrité de son père. Liveig en vint à se demander quel genre d’affreux personnage ce devait être. Néanmoins, elle s’abstint de poser davantage de questions à son sujet étant donné la peine que son souvenir semblait causer à son ami.

— Je ne sais pas qui tu aurais été si tu avais fait d'autres choix, mais... c'est idiot, hein... Je suis contente que tu ne les aies pas faits, fit-elle en passant sa droite main autour de son bras. Ils s’échangèrent un regard et le sourire d’Adrian devient un peu plus net et affectueux. Contagieux même.

— Je pourrai dire la même chose si tes maux n'étaient pas aussi récents et cruels...Je suis malgré tout rassuré que tu aies accepté de me faire confiance lorsque je t'ai proposé mon aide parce que...J'ai beaucoup appris à ton contact également et aujourd'hui tu m'es importante.

Cet aveu élargit le sourire de Liveig autant que sa cicatrice le lui permit. Venant d’une autre personne, même Eredin, elle aurait assurément rougi, incertaine de savoir comment le prendre, comment l’interprêter ou qu’en penser. Toutefois avec Adrian, c’était différent. Il n’y avait rien en jeu ici, il s’agissait tout simplement d’une conversation honnête entre deux personnes qui se faisaient confiance, et ce qui aurait pu paraître comme une flatterie ou un compliment n’était en réalité que l’expression désintéressé de ce qu’il ressentait. La réciprocité n’avait même pas lieu d’être évoquée ici, au vu de tout ce qu’ils avaient partagé, elle était évidente.

— J'aurais pu atterrir chez n'importe qui d'autre...  mais je suis tombée chez la seule personne qui m'aura poussée à faire mes propres choix. Elle marqua un temps d'arrêt, car c’était quand même une chose tout bonnement incroyable à ses yeux : tout le monde s’était toujours empressé de décider pour elle, sauf un étranger dérangé en pleine nuit. Même si tu as du mal à y croire, je ne pense pas que notre rencontre soit le fruit d'un hasard. Peut-être que tout n'est pas écrit, mais je suis sûre qu'il y a des choses qu'on ne peut pas éviter parce qu'elles doivent nous changer…

Elle n’en démordait pas, l’idée d’être livrée à elle-même sans guide ni repère lui paraissait beaucoup trop dangereux.

— J'aurais aimé te connaître avant de devoir partir, je crois qu'on aurait été ami plus tôt, fit-elle avec une pointe de regret. C’était peut-être ce dont elle avait toujours eu besoin, un ami, et c’était maintenant qu’elle partait.

— Si le destin est capable de provoquer ce genre de rencontre, alors oui, je veux bien y croire pour cette fois. Nous serons sûrement séparés dans peu de temps, mais j'espère que ce jour là, ce ne sera pas un adieu.

— Si on survit jusqu'à Port-aux-Echoués, je vais avoir besoin de quelques unes de tes recettes… de décoctions magiques… Et un jour, je reviendrai te voir, vivante, et avant que tu meurs d'ennuis, étouffé par la poussière de tes bouquins. Et je te raconterai tous les mauvais choix que j'ai faits, mais je m'en vanterai parce que ça sera mes choix, prévint-elle triomphante et il acquiesça avec un sourire. La fatigue faisant son œuvre, elle ne put retenir plus longtemps un bâillement.
Adrian Mayr
Adrian Mayr
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Mer 4 Aoû - 18:03
Aussi courte et fastidieuse qu'eût été la nuit, en grande partie à cause de l'attaque, Adrian se sentit étrangement reposé à la venue du matin qui sonna le départ vers Port-Aux-Échoués Cette sérénité s'expliquait assez facilement par la conversation qu'il avait eu avec Liveig la veille au soir durant laquelle il avait put constater non sans un certain réconfort que l'aversion s'était mué en affection et que l'Utgardienne semblait de plus en plus prête à emprunter le chemin vers sa nouvelle vie. Un petit pincement au coeur à l'idée qu'ils ne se reverraient peut-être pas avant un long moment avait même accompagné son endormissement, fait assez rare chez l'Amaranthis pour être noté.

Nulle autre interaction fâcheuse ne vint perturber la fin du voyage, permettant une arrivée plus sereine au cortège, au grand soulagement de l'organisateur du convoi. Il y avait foule en cette chaude après-midi, la baie était emplie d'un grand nombre de travailleurs et commerçants allant et venant au gré des braillement de leurs supérieurs. Dans ce vaste bazar, il semblait y avoir une logique que seul les résidents étaient capable de comprendre, si bien qu'Adrian ne s'attarda pas à analyser tout cela plus en détail. En revanche, il se sentit d'avantage concerné par ce qui allait suivre, à savoir organiser a minima l'arrivée de Liveig pour limiter les ennuis. Se tournant vers la jeune femme, il lui posa une main sur l'épaule.

- Attend moi une minute, je vais parler à Rowan avant qu'il ne nous quitte pour vaquer à ses occupations.

Une décision plutôt éclairée car en effet Rowan était déjà en train d'organiser ses rencontres commerciales à réaliser avant l'arrivée de la nuit. Bien entendu, il n'aurai pas eu l'impolitesse de partir sans s'assurer que ses voyageurs n'ait bel et bien tout ce qu'il leur fallait, mais l'attente n'était pas non plus son point fort malgré tout. Adrian arriva à sa hauteur et ainsi s'entama une discussion de plusieurs longue minute pendant lesquelles les deux Amaranthis faisaient valoir leur principale qualité commune, la rigueur. Désormais bien sur que tout était en ordre, l'apothicaire revint aux cotés de Liveig.

- Une chambre nous attend dans une auberge, je te propose que nous y allions tout de suite pour déposer nos affaires.

Sans se faire prier, Liveig emboîta le pas à Adrian qui suivit attentivement les indications de son confrère Amaranthis vers une auberge à la devanture bien plus soignée que les deux habitations mitoyennes à celle-ci. Aux vues des alentours, il y avait fort à parier que cette échoppe était l'une des moins miteuse parmi celles ouvertes à tout type de personne. Sans être le grand luxe, il était évident qu'un effort avait été fait sur l'accueil intérieur, tant dans l'aménagement des tables que par le semblant de décoration essentiellement composé d'équipements de marins et bateliers.

Après s'être entretenu avec le tenancier de l'auberge, Adrian revint avec une clé de chambre et indiqua la direction de l'étage à la jeune femme. Rustique mais confortable, deux lits simples occupaient le centre de la chambrée, en plus d'un espace délimité par un paravent équipé d'un nécessaire aux ablutions. Egalement, un petit bureau occupait le mur du fond juste sous une fenêtre donnant la vue directement sur la baie. Installé pour quelques jours avant que ne se fasse le chemin de retour, Adrian avait entreposé l'ensemble de ses affaires dans un coin de la chambre, minimisant son occupation de l'espace pour laisser à l'Utgardienne le soin de prendre ses marques.

Pendant ce temps où personne ne leur demanda rien, Adrian s'affaira à apprendre à Liveig quelques recettes utiles de décoctions dont il avait le secret. Assidue à son apprentissage, l'Utgardienne faisait suffisamment montre d'envie d'apprendre pour que l'apothicaire éprouve une certaine satisfaction à lui enseigner les rudiments de ses préparations. Alors qu'il ne l'avait pas prévu, il lui apprit même à préparer ce mélange qu'il n'employait presque que pour lui même. Tenant du bout de ses doigt une fiole contenant le dit liquide sirupeux et sombre aux puissants effet relaxant, Adrian l'examina avec soin en l'agitant devant ses yeux.

- Impressionnant, je serai bien incapable de retenir autant d'informations simplement de tête. Dit-il avec une réelle stupeur.
- Si je savais écrire ou lire, je n'aurai pas besoin de tout mémoriser...

Il est vrai qu'Adrian avait appréhendé cette lacune pour l'apprentissage des quelques décoctions qu'il lui avait présenté, mais visiblement la compensation mémorielle de l'Utgardienne était suffisamment efficace pour lui permettre de reproduire presque à la perfection la préparation herbacée de l'Amaranthis. Lorsqu'il lui rendit le flacon, il lui tendit également quelques morceaux de parchemins griffonnés de notes.

- Si le temps ne nous manquait pas je t'aurai appris, par précaution et si l'envie d'apprendre te prend un jour, je t'ai rédigé les compositions quand même.
- Merci...Répondit-elle presque timidement en récupérant les feuillets.

Réalisant qu'ils étaient assis depuis trop longtemps, Adrian se leva pour faire un bref tour de la chambrée qu'ils occupaient depuis un peu moins d'une journée. En s'égarant vers la fenêtre, l'Amaranthis put constater que les rues se désertaient à la venue du soir, une vision qui lui fit froid dans le dos. Il n'avait entendu qu'en rumeur l'histoire des anthropophages de Port-Aux-Échoués, mais même sa curiosité exacerbée ne le poussait pas à chercher à les observer de plus près...Sans se détourner de la fenêtre pour autant, Adrian prit la parole.

- Pour se faire pardonner des désagrément du trajet, Rowan s'est permis de rajouter une belle somme à ce que nous avons déjà réglé pour l'auberge. Ainsi, tu auras deux mois pendant lesquelles cette chambre t'appartiens, libre à toi d'en faire ce que tu veux, tu ne seras pas non plus obligé d'y rester.

Il marqua une petite pause tout en tournant vers la jeune femme, avant de reprendre son élocution en jouant distraitement avec sa barbe.

- Je vais rester ici quelques jours si tu as besoin d'un peu d'aide ou d'apprendre d'avantages de préparations, à moins que tu souhaites que je partes évidemment.

Aussi sérieux qu'étaient les propos de l'Amaranthis, il doutait fortement que Liv refuse sa compagnie. Au fond, il espérait aussi pouvoir passer un peu plus de temps avec elle avant de partir, envie que trahissait très légèrement ses yeux émeraude désormais posé sur l'Utgardienne.
Liveig Fjorleif
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Mer 8 Sep - 23:16
Port-aux-Echoués. Elle s’était imaginé une Claircombe en un peu plus petit, peut-être seulement le quartier Utgardien, avec des huttes en bois pourri à cause des embruns apportés par la mer. Une lourde brume flotterait peu importe le temps ou la saison, privant les habitants des couleurs du jour pour les plonger dans un monde gris où seules quelques silhouettes décharnées s’aventurerait dans les rues.

Au lieu de ça, un soleil radieux brillait au-dessus d’eux, l’herbe était bien plus verte de ce côté, près du littoral, et exhibait même un arc-en-ciel de fleurs estivales. Les rues grouillaient de passants, de travailleurs, de femmes et d’enfants. Presque tous semblait avoir une vie occupée, ils n’étaient pas aussi grands que les Claircombois, mais le travail manuel leur donnait un aspect très robuste. On disait qu’ici, chaque famille avait un soldat ou un maçon pour tenir les remparts, un pécheur ou une bergère pour assurer la pitance de la famille, et une tisserande ou un voyou pour filer le mauvais coton. Elle n’avait jamais vraiment compris pourquoi on disait ça, mais maintenant, c’était évident : il y avait toutes sortes de gens qui vivaient ici, les familles étaient nombreuses, car la survie était difficile. Tout le monde semblait se connaître, se saluer, partager les dernières nouvelles. Il n’y avait pas de mendiants comme dans les quartiers Amaranthis, car tout le monde savait qu’ici, personne ne survivait seul dehors. Alors les plus pauvres avaient trouvé leur bonne fortune en rendant service aux auberges en tant que palefrenier à l’occasion d’arrivée de quelque voyageur, ou pour aider à l’entretien des chambres, au rembourrage des paillasses. On cherchait toujours des bonnes âmes pour vider et écailler le poisson au marché.

Liveig resta béate devant cette vie en ébullition, comme si elle n’avait elle-même jamais assisté au marché dans le quartier Utgardien ou erré dans le bazar Amaranthis. Ce n’était pas tant cette animation qui l’impressionnait, c’était le fait que les gens vivaient comme si de rien n’était derrière de maigres fortifications, inconscient d’être à la merci de… De quoi exactement ? Elle n’aurait su le dire. Une angoisse ancestrale guettait la plupart des colons, même ceux qui n’avait pas vécu au temps du dragon Vaarkarsh, nombre d’entre eux se sentait oppressés à l’extérieur des épaisses murailles de Claircombe. Voir autant d’exceptions rassemblés en ce lieu laissait à imaginer qu’ici, on vivait tranquille. C’était bien sûr faux. Ici, on s’était juste habitué à la vie hostile. Chose que Liveig n’apprendrait ni aujourd’hui, ni les jours prochains, puisque plus tard, Adrian l’informerait qu’elle pourrait loger à l’auberge encore quelques semaines. Pour l’heure, elle suivit son ami amaranthis jusqu’à l’établissement en question. Leur installation marqua le début de jours bien plus tranquilles que le voyage durant lesquels l’apothicaire eut l’extrême gentillesse de lui enseigner des préparations telles que le baume cicatrisant, un élixir destiné à calmer les angoisses, un désinfectant… Liveig buvait les précieuses paroles et se les répétait plusieurs fois et régulièrement. Il arrivait parfois qu’elle les répète à Adrian de manière aléatoire au détour de la journée pour s’assurer qu’elle les avait bien mémorisé. C’était une manière d’apprendre que son père lui avait imposé depuis toute jeune : parler en faisant ou répéter quelque chose de nouveau tout le temps. Et de fait, c’était quelque chose qui avait toujours bien fonctionné avec elle. S’il y avait une chose qu’il avait fait correctement, c’était au moins cela. Son mentor semblait impressionné par sa mémoire, toutefois, plus elle était confrontée à son illettrisme, plus elle se rendait compte des efforts qu’elle devait décupler pour pallier cette incroyable faiblesse. Maintenant qu’elle connaissait un scientifique, elle se rendait compte que la lecture était la porte vers le savoir de milliers de centaines expertes en leur domaine, qu’elles soient vivantes ou décédées depuis des décennies. Alors, quand il lui tendit ses recettes, elle les prit doucement.

Les petits caractères réguliers avaient quelque chose de mystérieux et d’intimidant. Elle les observa quelques secondes puis acquiesça bien qu’elle n’avait aucune idée de s’il était possible d’apprendre à lire alors qu’on était déjà adulte. Et quand bien même, qui perdrait son temps à le faire ? Eredin l’aurait fait pour elle, il lui avait souvent proposé, et comme une idiote, elle lui avait ri au nez, de peur d’en être incapable. Quelle stupidité ! Et voilà qu’à peine avait-elle échappée à Claircombe, qu’elle se mettait à repenser à la seule chose qui la liait encore à cette ville maudite. Elle secoua sa tête pour chasser ces idioties. Toutes, ces idioties.

Quelque part, Liveig fut soulagée d’apprendre qu’elle avait deux mois pour trouver ses marques et trouver comment faire sa vie ici. Un petit sourire s’esquissa sur son visage, et il s’élargit lorsqu’il annonça qu’il ne repartait pas tout de suite. Elle le prit dans ses bras...

— Merci…

Car l’idée de se retrouver seule à nouveau confronté à un monde encore inconnu, car de toutes façons, la vie elle-même était une inconnue pour elle. Elle avait tout à apprendre. Par-dessus l’épaule de l’herboriste, elle vit, à son tour, la rue complètement vide.

— Tu as vu ? s’alarma-t-elle. Tous les gens qui était là cet après-midi… Où sont-ils passés ? Elle restait bouche-bée devant le spectacle de cette évaporation massive de la population. Eredin lui avait raconté comment d’horribles erraient le soir dans les rues du village où il était né.

— On dit que des mangeurs d’hommes se baladent le soir… Tu y crois toi ? Demander ça à un homme de science, c’était un peu comme prendre ses préoccupations avant de croire les fables des ignorants. Quelque part, dans son esprit, elle s’accorda sur le fait qu’Eredin ait pu lui raconter ça pour s’amuser de sa réaction. Mais c’était Avalone, les morts s’y relevaient à cause de la malédiction qu’un dragon avait jeté sur un gouverneur qui devait avoir maintenant plus de 110 ans.
Adrian Mayr
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Lun 20 Sep - 1:04
Adrian resta un moment silencieux face aux dires de la jeune femme qui venait de l'enlacer, un geste qu'il avait d'ailleurs été en mesure d'accepter sans gêne uniquement parce qu'il accordait de l'importance à son amie et qu'il était déjà parvenu à se confier à elle en faisant fi de ses réserves, qui habituellement l'intimaient à garder tout pour lui. D'ailleurs, il ne se contenta pas de se tenir droit comme un I mais lui rendit plutôt son étreinte avec affection, rassuré de voir que la jeune femme ne se retrouvait pas à paniquer à l'avènement de sa nouvelle vie.

Outre cette envie de ne pas laisser Liveig seule face à la civilisation possiblement hostile de la baie de Port-Aux-Échoués, Adrian restait aussi pour une raison simple, il ne souhaitait pas laisser la jeune femme évoluer ici sans lui avoir laissé une chance de changer d'avis. Après tout, qu'en serait-il si elle se décidait finalement à faire machine arrière, et qu'il n'était pas là pour l'aider dans cette entreprise? Probablement rien de bon, ce qui rendait cette question inconcevable dans la tête de l'Apothicaire. Dans tout les cas, il ne jugerait nullement son choix, car il n'avait nul droit de décider sur la vie qu'elle choisissait, un schéma de pensée qui était déjà existent à la naissance de leur amitié.

Tu as vu ? Tous les gens qui était là cet après-midi… Où sont-ils passés ?

Adrian se retourna à son tour pour contempler la fenêtre derrière laquelle l'obscurité prenait bien vite place, absorbant peut à peu les rayons du soleil derrière l'horizon. Assez renseigné sur le lieu, il n'avait jamais eu l'occasion d'être témoin lui-même de l'avènement le plus terrifiant de la baie de Port-Aux-Échoués, à savoir l'arrivée des créatures anthropophages sortant à la nuit tombée pour s'enquérir des éventuels résidents imprudents ou prit de court par le temps. La première fois qu'on lui en avait parlé, il ne l'avait pas cru, mais les témoignages recoupés étaient formels, ces créatures étaient réelles.

On dit que des mangeurs d’hommes se baladent le soir… Tu y crois toi ?

Adrian resta silencieux un instant de plus en s'approchant de la fenêtre avec lenteur, rendant le craquement du parquet sous ses pas presque sinistre. Pour l'instant, il ne distinguait rien d'autre que la brume naissante annonçant la fraîcheur de la nuit à venir. Il ne sut dire si ces yeux lui jouaient des tours lorsqu'il perçut aux abord de l'eau des mouvements et remous. Assez calme et confiant quant à la sécurité du lieu, Adrian garda une voix sereine et sans excès de volume.

On pourrait dire que j'y crois, Dit-il en accentuant ce dernier mot pour souligner qu'il n'était pas forcement approprié, de nombreux témoignages de confrères scientifiques se recoupent sur la réalité de ces monstruosités. Port-Aux-Échoués devient une ville totalement confinée la nuit, impossible de sortir après avoir barricadé les portes des habitations. Ces créatures sont anthropophages et s'aventurer dans la nuit relève de pulsions purement suicidaires, d'après ce que l'on m'a dit.

Il marqua une petite pause avant de reprendre en posant sa main sur la poignée de la fenêtre.

Peut-être devrions-nous fermer les volets, aucune indication n'a été donné dans ce sens, j'imagine donc que ces bêtes sont incapables d'escalader, mais ne prenons pas de risques inutiles avant de savoir exactement de quoi il en retourne.

Sans se faire prier, l'apothicaire mit à exécution sa suggestion, peut-être par excès de prudence, mais sait-on jamais, et il n'avait aucune envie d'être réveillé par une bête assoiffé de chaire et de sang à son chevet.

Rowan ne s'était pas moqué d'Adrian lors de leur échange à Claircombe. En effet, l'apothicaire lui avait expressément formulé un besoin d'obtenir une certaine sécurité et un minimum de confort dès leur arrivée, moyennant évidemment finances. Il n'y avait qu'à voir la qualité de l'établissement et certains détails concernant cette chambre pour se douter qu'ils n'étaient pas là dans ce qui se fait de pire. Aussi rustique que soit la chambrée, les aménagements ne trompaient pas. Le point qui marqua d'avantage Adrian fut cette cheminée privée qui trônait contre un mur de la pièce, reliée probablement à celle du rez-de-chaussée. Voyant la fraicheur prendre le pas dans la pièce malgré l'été et le soleil de la journée, Adrian s'était affairé à allumer un feu qui renforça l'impression sécuritaire de leur refuge temporaire.

Les deux amis dinèrent tardivement et tranquillement dans leur coin au rez-de-chaussée, puis ils regagnèrent la chambre pour s'affairer de nouveau au perfectionnement de l'apprentissage de Liveig une petite heure avant le coucher. Bonne élève, elle restitua rapidement cette recette retenue de tête pour réaliser une décoction qui frôlait la perfection, à quelques détails d'adresse prêt qui -Adrian le savait- finiraient pas ne plus échapper à l'Utgardienne. La voir s'intéresser à ce qu'il lui apprenait et penser à autre chose qu'aux fond dramatique qu'avait cette histoire réchauffa le coeur d'Adrian qui étaient également ravi de pouvoir lui apporter un peu plus.

Les jours filèrent à bon train, Liveig prenait ses marques et apprenait à apprivoiser les extérieurs de la baie en analysant le fonctionnement des quais et établissements qui jalonnaient ceux-ci dans une large couronne d'activité maritime. Adrian l'accompagnait presque tout le temps afin de l'assister si jamais le besoin s'en faisait sentir, en profitant lui aussi pour en savoir un peu plus sur ce monde qui lui était presque inconnu. Lorsqu'ils revenaient à l'auberge, l'Amaranthis s'affairait à enseigner quelques rudiments de plus à la jeune femme pour qu'elle soit capable de maitriser l'essentiel de décoctions toutes plus utiles les unes que les autres, une connaissance non négligeable, selon lui.

Un soir, les deux amis s'autorisèrent à laisser le volet ouvert, après s'être enquit de l'avis du tenancier sur cette décision et avoir eu son aval. Tentant de percer l'obscurité, ils étaient restés de longues minutes à discuter à voix basse tout en observant ces ombres qu'ils distinguaient à peine dans le manteau noir et terrifiant qu'était le crépuscule de Port-Aux-Échoués. Bien entendu, ils ne se risquèrent pas non plus à ouvrir la fenêtre pour guetter les bruissements d'éventuelles créatures aux allures mystiques. Courageux, mais pas téméraire...

Au gré de ces jours parsemés de moment de partage de connaissances, de confidence et même de rires, les deux amis ne virent pas vraiment le temps passer...Mais le jour qu'Adrian s'était fixé pour partir arrivait dès lors à grand pas, et bientôt viendrait l'heure où l'apothicaire quitterait l'auberge pour s'en retourner à Claircombe et ainsi laisser Liveig livrée à elle-même face à sa nouvelle vie.



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