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Claircombe  :: Titre :: Les alentours de Claircombe :: [Terminé] Tel est pris qui croyait prendre - Markus & Uraïa ::
[Terminé] Tel est pris qui croyait prendre - Markus & Uraïa
Uraïa
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Dim 3 Oct - 23:54
 Tel est pris qui croyait prendre


Alentours de Claircombe | Delta Boisé | An 75, 2ème mois d'Eté, Jour 17



C’était un beau matin, Markus avait passé une bonne nuit après avoir passé la journée de la veille à préparer ses pièges pour la chasse. Il avait quitté le petit taudis dans le quartier de la Cathédrale, légué par son défunt père adoptif, pour se mettre en route vers la porte Sud. Comme d’habitude il ferait un détour par la guilde des aventuriers pour regarder les contrats, histoire de faire un Pierre deux coups si quelqu’un avait besoin d’une proie particulière.

Marchant dans les rues animées, Marcus vérifia sa lourde ceinture qui lui servait de porte bric à brac pour le commun des mortels mais pour un génie du piège comme lui, c’était un savant mélange de matériaux pour la chasse. Des collets de différentes tailles, des claquoirs à clous et différentes longueurs de cordes n’étaient que le plus facile à définir. Pourtant ce que préférait ce chasseur pas comme les autres, c’était d’utiliser son environnement contre sa proie, une biche se méfierait beaucoup moins d’un buisson que d’un piège en métal par exemple. Il lui arrivait d’utiliser des serpents pour faire sortir des lapins d’un terrier ou de placer des clous dans un arbre à baie dont raffolaient les cerfs. Il avait aussi une lance d’une qualité correcte, autre lègue de son père adoptif, ancien garde de la ville qui lui servait à se défendre et achever ses proies. Bien sûr que serait un chasseur sans son couteau, son premier achat après avoir attrapé toute une famille de lièvres, lui permettant de se nourrir et de vendre le surplus. Le prochain achat serait une armure de cuir ou alors une tente...Il n’arrivait pas à ce décider.
Ses pas l’amenèrent devant le grand bâtiment qui servait de repère à tous ceux qui avaient fait de l’extérieur leur métier, le chasseur n’avait toujours pas trouvé de contrat pour le moment depuis qu’il passait faire un tour de temps en temps.
Pourtant aujourd’hui, la guilde des aventuriers avait une mission pour lui, l’un des gérants lui parla de la demande d’un marchand pour la peau d’un cerf particulier. En effet, plusieurs chasseurs auraient juré avoir vu un cerf au pelage rouge orangé, comme celui des flammes à la tête d’une petite harde. Il voulait récupérer son cuir mais surtout, il voulait l’un des petits vivants, avec la même particularité.
Markus voyait sa chance, le marchand payait une petite fortune et avec ce pécule pas besoin de choisir entre l’armure et la tente, il pourrait se payer les deux. Sans l’ombre d’une réflexion supplémentaire, Markus accepta la mission et après avoir reçu les dernières indications sur l’emplacement du cerf, il se mit en route en sortant d’un pas rapide et enjoué de la guilde.

*****

C’était une sale journée. La nuit avait été épouvantable dans cette chambre d’auberge des Faubourgs infestée par les puces de lit et elle s’était levée du mauvais pied, la mine fatiguée et la peau rouge de l’avoir trop grattée. Soupirant, elle s’attela néanmoins à sa toilette quotidienne, sobre mais complète avant de se diriger vers son prochain contrat, un bol de gruau dans le ventre. Elle remâchait encore le goût farineux dans sa bouche quand elle rentra en collision avec un idiot qui affichait un sourire ahuri sans regarder devant lui. Grognant, elle le repoussa de côté sans même le regarder, poursuivant sa route vers le type de la guilde des aventuriers qui lui avait proposé un contrat la veille. Un cerf à la peau rouge... Ma foi, ça ferait bien l’affaire. Elle avait connu plus juteux et plus palpitant mais elle n’allait pas faire la fine bouche, voilà quelque temps qu’elle n’avait rien dégoté de correct et elle refusait de passer une nuit de plus dans cette taverne infâme qui lui servait de gîte.
Qui plus est, elle devait aussi s’occuper de l’entretien de ses deux faucons et même si les deux volatiles savaient bien dégoter quelques proies pour se nourrir, elle devait veiller à leur plumage et à compléter ce qu’ils ne trouvaient pas eux mêmes auquel cas ils pourraient bien lui tourner le dos et retourner à la vie sauvage. Presque aussi ingrats qu’un homme un lendemain de beuverie. Elle dédia un regard peu amène à ce Foldini donc, retournant à la source de ce nouveau pécule.
— J’ai pas toute la journée, Foldini. Ce contrat, ça vient ?
Le jeune homme à la peau trop douce pour être un homme d’extérieur ou un quelconque aventurier eut un rictus agacé.
— Il fallait venir plus tôt, Uraïa. Un type vient juste de passer... un chasseur avec une lance. Il l’a pris juste à l’instant.
L’archère roula des yeux en tournant la tête vers la sortie. Évidemment l’empaffé avait déjà filé. Il ne perdait rien pour attendre. Elle grogna son mécontentement sans pouvoir rien y faire. La guilde offrait au plus avenant et elle avait été doublée dans sa course. Si seulement elle n’avait pas passé une si mauvaise nuit...
— Rien d’autre ?
— J’ai un client qui cherche pour vingt livres de lapin. Il les paie à l’unité.
Elle arracha le parchemin des mains du pauvre Foldini avant de rebrousser chemin sans même un geste d’adieu. Quel contrat de merde. Elle se planta un instant sur le perron de la bâtisse en soufflant du nez. Nulle trace du type qui lui avait volé son contrat. Mais l’archère avait déjà pisté plus difficile et surtout elle avait bien plus d’un tour dans son sac.

*****

Markus aimait sortir dans cette forêt qui n’était pas trop loin de la ville, juste assez pour rebuter les chasseurs les plus feignants. Il pouvait dresser ses pièges sans avoir peur de se faire piquer son butin, bien souvent c’était un loup ou un renard qui lui volait une proie.
Non il s’était entendu avec les autres chasseurs que Markus avait l’habitude de croiser, il dressait ses pièges dans un coin de forêt trop escarpée pour des chasseurs à l’arc.

Tout l’après-midi, il dressa des petits collets pour des petites proies, à côté des plantes dont les petits mammifères raffolaient puis des plus sophistiqués pour des plus grosses proies. Avec ses cordes fines, il dressa plusieurs pièges à base de nœud coulant et de contrepoids, si une bête marchait dans le déclencheur, la corde était libérée pour s’enrouler autour de la patte. Puis la corde, en se tendant ferait tomber une lourde roche en équilibre, reliée à la cordée principale par une autre, ajoutant un poids pour empêcher la bête de s’enfuir. Après plusieurs pièges posés, il s'installa entre deux grands cailloux dans un amas rocheux pour préparer sa nuit.

*****

Elle avait dû faire un crochet par les Faubourgs pour récupérer Vali et Vidhar, ses deux acolytes. Ils piaillèrent de concert en la voyant arriver, puis elle reprit la route, leur laissant la liberté d'aller chasser à leur guise dans les environs. Les rapaces étaient habitués à tourner en cercle autour d'elle, à plusieurs mètres d'altitude. La journée était bien entamée lorsqu'elle retrouva la trace du chasseur voleur qui semblait s'être engagé dans la forêt. Elle aurait peut être une chance d'avoir un mot d'explication ou deux, voire de lui piquer son gibier sous le nez. La moindre des choses après ce qu'il avait fait. Grognon mais déridée peu à peu par la marche en pleine nature, elle finit par découvrir des escarpements, ainsi que des traces de pas et de mains dans la terre. Visiblement, le chasseur en était à poser des collets. Ca ne serait pas avec ça qu'il piégerait le cerf qu'ils convoitaient tous les deux... Elle ricana avant de s'engager plus avant dans une trouée... Et d'avoir tout juste le temps d'avancer qu'elle sentit quelque chose s'enrouler autour de sa cheville. Le temps qu'elle s'immobilise, il était trop tard, et elle se retrouva le cul dans la terre, un noeud rudement serré au niveau de la botte. La pression était forte, probablement une large pierre au bout maintenait l'étau sur sa prise. Pestant à qui mieux mieux sans discrétion aucune, elle se redressa, empêtrée dans son manteau, à la recherche de son couteau de chasse à sa ceinture.

Alors qu'elle s'emparait enfin de sa lame pour scier la corde, elle entendit un grognement dans son dos, qui n'avait rien à voir avec celui d'un spécimen qu'elle avait l'habitude de croiser. A peine eut-elle le temps de sectionner le lien autour de sa cheville qu'une masse putride s'abattit sur elle avec une vélocité peu commune. Lui opposant la lame de son couteau, elle échappa à une mâchoire en décomposition alors que deux bras décharnés encore vêtus de haillons tentaient de l'agripper avec une force décuplée par la mort.
Il devait s'agir d'un ancien chasseur et en roulant dans la terre avec lui, elle put distinguer une déchirure au niveau de sa jambière, ainsi que des traces de sang noircies. Le tibia dépassait largement par l'ouverture, sans nul doute un imprudent qui avait chuté de la falaise en contrebas et n'avait pas survécu à sa fracture ouverte. Et comme pour confirmer qu'elle était maudite, elle partagerait peut-être bientôt le même sort. C'était vraiment, vraiment une sale journée.


Dernière édition par Uraïa le Lun 25 Oct - 0:17, édité 1 fois
Uraïa
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Sam 16 Oct - 12:05

Markus installait une toile de jute entre deux rochers quand il entendit des bruits peu communs dans la forêt, venant approximativement de l’endroit où le chasseur tendait ses pièges. Il resta un instant immobile, enserrant le manche de sa lance dans un réflexe nerveux, aucun cri de cerf ou d’un autre animal ni même humain, juste des bruits. Markus hésita puis la curiosité prit le dessus, il avait peut-être attrapé autre chose qui valait le coup, empoignant le manche de sa lance avec son autre main, le chasseur retourna sur ses pas.

Il s’attendait à beaucoup de choses mais sûrement pas à ça, deux chasseurs qui semblaient en être venu aux mains à première vue. Puis en s’approchant pour essayer de les séparer, il remarqua l’état de ce qui était autrefois un chasseur et il resta un bref instant interdit. C’est un claquement de mâchoire qui le ramena à la réalité, il parcourut le peu de distance qui le séparait du roulé boulé pour aider l’autre chasseur. Profitant de sa position en hauteur par rapport aux deux au sol, d’un coup net et précis, Markus planta la pointe de son arme dans le crâne du mort, transperçant ce dernier de part en part.

La bête eu plusieurs soubresauts en essayant encore de mordre l’autre chasseur, une femme de se qu’il pouvait distinguer maintenant qu’il était proche. Utilisant sa nouvelle accroche, il tira le cadavre en arrière pour la libérer.
— Ça va aller ?!
La voix un peu crispée en réalisant peu à peu ce qu’il s’était passé, Markus termina de réduire la tête du mort vivant en bouillie ignoble. Pauvre vieux.


Il s'en était vraiment fallu de peu pour qu'elle y passe. Le mort était bien déterminé à lui arracher la jugulaire quand il s'immobilisa finalement au bout d'une lance qui manqua de lui couper une mèche de sa tignasse au passage. Elle n'eut pas le temps de se plaindre de ses cheveux qu'un horrible jus de cadavre lui coula sur la poitrine, accompagné de l'odeur caractéristique de la décomposition avancée. Elle en eut un haut le cœur et se couvrit la bouche et le nez de son avant bras alors que le cadavre était repoussé par son bienfaiteur du moment. Elle entendit au-dessus d'eux le cri des faucons qui se rapprochaient, un peu tardivement à son goût. Elle se remit sur ses pieds, endolorie par la lutte mais elle s'en remettrait. Le cadavre ne l'avait pas mordue ni griffée. Au moins ça de gagné. En se retournant pour serrer la main de son sauveur qui finissait le travail à coup de bottes bien placés, elle se figea et son sang ne fit qu'un tour. C'était le voleur de prime. Incroyable. Sauvée par celui-là même qui l'avait foutue dans ce pétrin. Le sourire qui avait émergé sur ses lèvres s'éteignit aussitôt.
— Toi ! C'est ton putain de piège qui a failli me faire clamser !
Elle saisit hargneusement le bout de corde à ses pieds qu'elle avait dû trancher à la hâte pour lui jeter à la figure, furibonde.


Markus avait d’abord accepté ce sourire comme une juste récompense avant de se prendre une colère explosive qui le laissa con un bref instant, fixant cette princesse en détresse devenue agressive. Puis les rouages de son cerveau se mirent en route, il baissa le regard par terre pour voir un des pièges qu’il avait tendu complètement détruit. Elle ne manquait pas de toupet.
— Mon putain de piège ?! Tu t’es perdue ou quoi ?! C’est un coin pour chasseur ici ! N’importe quel pisteur digne de ce nom pourrait repérer un piège au sol. C’est un truc pour attraper des bêtes, pas une personne intelligente !
Il avait appuyé le dernier mot en la pointant du doigt.
— C’est un peu fort alors que je viens de te sauver la vie !


Uraïa était vraiment furieuse et sa colère ne réfléchissait pas. Sifflant entre ses doigts, elle en appela à ses faucons qui piquèrent en direction de l’insolent qui lui avait volé sa journée en plus de l’insulter. Les volatiles n’avaient pas besoin d’autre chose pour harceler leur proie de leurs griffes acérées et de coups de bec bien sentis.
— Tu m’as volé mon contrat... je me prends les pieds dans ta ficelle... je manque de me faire dévorer par une saleté de non mort... c’est pas ce que j’appelle sauver la vie de quelqu’un !
Elle l’invectivait de plus belle sans que sa colère soit calmée pour autant.


Markus reconnaissait que le coup des faucons, il ne l’avait pas vu venir et il manqua de tomber à la renverse quand un oiseau lancé à pleine vitesse lui percuta le visage alors qu’un autre s’en prenait à son armure de cuir.
— B-Bordel ! Dégage tes oiseaux !
Il recula d’un pas pour chercher un abri alors que les deux terreurs reprenaient de la hauteur pour préparer une nouvelle descente agressive.
— Rappelle les ou je me défends ! J’hésiterais pas !
Il dégaina son couteau de chasse, empoignant son manche d’une main assurée alors qu’il tentait de bluffer la sauvageonne dresseuse de faucons.
— Et puis de quel contrat tu parles, espèce de marteau !


Un grand rire mauvais lui répondit alors que les rapaces fondaient chacun leur tour sur le chasseur à une vitesse difficile à contrer, l’un et l’autre occupant chacun un flanc, parfaitement coordonnés dans leur attaque. L’Utgardienne émit un sifflement mélodique entre ses lèvres quand elle estima que c’était assez pour la démonstration. L’un des volatiles sembla plus difficile à convaincre cependant, donnant encore quelques coups de becs hargneux en emportant une partie du paletot du chasseur avec lui avant de retrouver l’épaule de sa maîtresse.
— Je parle du contrat pour le cerf rouge. Il était à moi. Foldini me l’a promis il y a deux jours !


Le chasseur gronda en jetant un regard mauvais à cette femme qui se croyait tout permis, serrant le manche de son arme. Son père avait beau lui avoir enseigné la retenue, griffes et becs avaient entamé son envie de diplomatie.
— Foldini promettrait la ville pour une chance de finir dans la couche d’une femme, tout le monde sait ça. Tout le monde sait aussi que premier arrivé, premier servi !
Le poseur de piège fit ensuite un geste vers la rousse, une insulte connue des Ascaniens dans un sourire moqueur.
— Alors ? Tu t’es fait avoir par ce filou de la guilde des aventuriers ?


Elle gronda furieusement. Insinuait-il qu’elle valait moins que les autres parce qu’elle avait une paire de seins ? Décidément, celui-là n'avait pas froid aux yeux.
— Répète ça que je te colle une raclée...
Elle semblait toute prête à repartir à l’assaut et sans l’aide de ses faucons cette fois.


Il relevait déjà les poings dans une moue mutine, elle voulait se battre ? Elle allait être servie, la pimbêche aveugle.
— Je dis que tu t’es fait soulever les jupons par Fo...
Markus ne termina pas sa phrase car le bruit caractéristique d’une bête en pleine course se fit entendre, et cela se rapprochait. Une harde menée par un imposant cerf au pelage rouge venait de sortir d’un gros fourré, cinq individus tout au plus. Les bêtes croisèrent le regard des deux chasseurs avant de filer sans demander leur reste.


Elle était déjà partie pour charger et il était un peu tard pour s’arrêter lorsque la harde passa sous leur nez. Celui du chasseur se vit même écrasé sous un poing vengeur que l’archère lui décocha avant de se trouver prise au dépourvu. Elle marqua un moment d’arrêt, son autre main agrippant avec une force décuplée par la rage cet abruti qui lui cherchait des noises. L’intérêt de la chasse venait de reprendre le dessus et elle le repoussa brutalement, tout à fait concentrée sur autre chose.


Il avait beau s’être préparé au choc, elle le sonna sur le coup avant de lui envoyer son poing dans les côtes dans un réflexe de contre attaque. Puis l’objectif qui était à l’origine de leur dispute était apparu comme dans un récit de la Sainte Prose. Markus tomba sur le cul face à la teigneuse, perdant de précieuses secondes face à sa nouvelle rivale au sale caractère.
La harde ne cherchant pas à rester avec les chasseurs, s'éloignèrent de leur territoire habituel et donc des pièges de Markus qui n’attrapèrent qu’une petite biche.


Elle grogna sous le coup qu’elle reçut dans les côtes, quelque peu amorti par les renforts de cuir de son armure mais ne chercha pas à riposter. La chasse avait commencé. Elle se détacha de son adversaire sans plus lui prêter la moindre attention et émit comme un genre de roucoulement entre ses lèvres qui fit s’élever les faucons dans les cieux en des cercles de plus en plus rapprochés. Il allait falloir courir à présent. Ne perdant pas un instant, elle s’enfonça dans les bois dans une trajectoire parallèle à la harde, courant aussi longtemps qu’elle le pouvait pour ne pas perdre leur trace.


Markus gronda alors qu’il se redressait, ses deux mains sur son nez pour vérifier qu’il n’était pas cassé. Un peu gonflé mais rien d’alarmant, avoir l’odorat en vrac pouvait être un problème pour un chasseur. Avant la moindre remontrance, la cogneuse avait déjà filé vers le cerf, aucun doute qu’elle voulait lui piquer sa proie alors il s’élança à sa suite pour ne pas la perdre de vue.
La harde avait distancé rapidement les deux chasseurs pour bifurquer vers un petit cours d’eau du Delta Boisé et se désaltérer. Markus n’avait qu’à suivre Uraïa, elle était douée, là où lui aurait dû s'arrêter pour distinguer les empreintes, la teigneuse n’avait pas faibli en rythme.


Le cerf rouge était là parmi sa harde, magnifique et noble, d’une taille bien supérieure à celle de ses congénères, un roi parmi le troupeau ordinaire. A peine déstabilisé par les bruits alentour, Uraïa pouvait sentir que l’animal n’avait pas vraiment à craindre des prédateurs. Ses bois massifs et sombres témoignaient de nombreux combats victorieux et son corps vif et musclé lui permettait sûrement de distancier sans mal les plus hargneux. L’espace d’un instant la chasseresse dans le couvert eut envie de renoncer à son projet. L’animal était en pleine force de l’âge. Nul doute qu’il méritait encore de s’ébattre et de se reproduire pour former d’autres cerfs à son image. Mais Uraïa avait le ventre creux et ses faucons devaient manger eux aussi. Ces derniers après avoir repéré le troupeau se posèrent dans les branches hautes de l’arbre où était cachée Uraïa. Pour des proies aussi grosses, ils ne jouaient que les rabatteurs si la chasseresse manquait sa cible. Aussi ils attendirent, alertes et sans pousser le moindre cri. Tout était oublié, les contrariétés, cet ahuri de poseur de pièges, il n’y avait que sa cible et les mouvements pouvant favoriser ou contrarier la trajectoire de ses flèches. Elle en tira une doucement et le plaça contre la corde qu’elle tira dans un crissement doux et funeste. Viser la tête était bien trop risqué. Elle n’était pas précise au point de pouvoir marquer une zone si restreinte entre les bois. Elle attendit l’ouverture patiemment malgré ses muscles douloureux. Le troupeau s’écarta un peu, laissant le flanc du cerf exposé et le trait mortel fusa, se fichant derrière la jambe. La bête parut surprise mais n’émit qu’un bref braiment avant de s’écrouler à genoux, la tête renversée vers le sol. Un roi déchu. Uraïa ne ressentit aucune fierté sinon d’avoir logé le trait exactement où elle le souhaitait mais la mort en elle-même n’était pas pour la réjouir.

La harde se dispersa rapidement après ça, alertée d’un danger mortel dans les parages et Uraïa entreprit de quitter son perchoir, guettant sa proie non loin. Les faucons s’élevèrent de nouveau dans l’attente de la conclusion inéluctable et l’espoir de guigner quelques morceaux au passage. Mais à sa grande surprise, Uraïa n’avait pas posé le pied par terre que le roi détrôné eut un sursaut de fierté et se redressa pour prendre la fuite à son approche, laissant une traînée sanguinolente derrière lui.

Markus Falsom
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Lun 25 Oct - 0:08
Elle était douée, il l’avait à peine retrouvée que le cerf rouge avait déjà un trait dans le flanc qui laissait échapper un long filet de sang continu. La bête n’allait pas abandonner comme ça, déjà elle filait en abandonnant sa harde comme pour la protéger de son funeste sort.
Markus ne perdit pas de temps et s’empressa de suivre les traces laissées par leur proie blessée, en passant devant l’arbre, il fit un grand sourire narquois à l’Utgardienne. La bête ne tiendrait pas longtemps, au vu de la taille des traces sanguinolentes au sol, le cerf se vidait peu à peu et n’aurait bientôt plus la force de courir. Markus fut récompensé en trouvant le cerf couché sur le flanc, renâclant fortement, ses yeux apeurés braqués sur le trappeur. Sans hésiter, il empoigna sa lance pour mettre fin aux souffrances de l’animal mais ce dernier n’avait pas dit son dernier mot. Au moment où Markus acheva la bête d’un coup de lance dans le cœur, elle lui envoya un puissant coup de tête, les imposants bois transperçant la chair du chasseur même au travers du cuir. Le poseur de piège tomba à la renverse en tenant son flanc blessé alors que la bête rendait l’âme.

L’Utgardienne était déjà à la poursuite de son voleur et de sa proie, pas question de les laisser filer alors qu’elle s’était donné tout ce mal. Quand elle arriva, elle fut assez déconcertée du spectacle auquel elle assista. Elle dépassa d’abord le trappeur blessé pour vérifier que l’animal était bien mort et ne risquait plus d’être un danger ou pire - de lui échapper. Les faucons se juchèrent sur ses bois en signe de victoire, l’air fier. Elle se retourna ensuite vers le trappeur, fronçant les sourcils en s’approchant.
— Tu aurais dû m'attendre.
Elle aurait pu se réjouir mais ce n’était pas dans ses habitudes de laisser un homme blessé livré à son compte. Ici la moindre faille pouvait vous transformer en non-mort.
Un rire nerveux lui échappa.
— Comme si tu m’avais attendu toi...Aïe...
Les bois l’avait salement éraflé mais n’avait rien perforé si ce n’était froisser une côte ou deux au vu de ce qu’il pouvait sentir sous ses doigts. Il croisa le regard de la traqueuse et désigna du menton la bête tout en se tenant sur ses coudes.
— On l’a eu à deux. File moi un coup de main et je partage la récompense avec toi.
Elle croisa un instant les bras en l’observant. Il était sacrément culotté, elle devait lui reconnaître ça.
— Ou alors. Je récupère le contrat qui me revient de droit et la prise que j’ai abattue de mes flèches... et tu me regardes empocher la mise.
Elle prit un air narquois l’espace de quelques instants puis lui tendit pourtant une main pour l’aider à se relever.
— Tu as de la chance. Je ne frappe pas un homme à terre.
Il gronda sourdement, le souffle rauque alors qu’il se hissait sur ses jambes avec l’aide d’Uraïa. Il resta prostré un moment en tâchant de ne pas se blesser davantage puis Markus s’approcha de la bête.
— Drôle de couleur.
Le bras sur son flanc abîmé, il se demandait bien comment la nature créait ce genre d’animal, un coup de la Providence ? Il n’en savait rien.
— C’est mon nom sur le contrat et tu ne le connais pas. On se demandera plutôt pourquoi je ne rentre pas alors que toi tu reviens avec ma proie...
Il lui fit un sourire entendu. Elle ne se démonta pas et rétorqua :
— C’est pas quelque chose comme : premier arrivé premier servi ? En attendant, il va falloir le ramener et c’est pas avec tes côtes en bouillie que tu vas y arriver.
Elle roula des yeux d’un air amusé et le poussa un peu pour passer de la corde autour de l’animal et traîner sa carcasse en sécurité.
— Moitié, moitié. Pour être honnête, je voulais tester mes pièges. De plus, ils ne veulent que la peau, on peut garder la viande.
Markus emboîta le pas à l’Utgardienne en s’aidant de sa lance comme d’un simple bâton pour marcher.
— Moi c’est Markus.

Elle soupira tout en remontant les traces qu’ils avaient faites sur leur chemin. Le ciel commençait à se couvrir, la tombée de la nuit ne tarderait plus et les rapaces volaient plus bas, à vitesse réduite. Vali plongea soudain, dégotant un mulot qui se croyait déjà en sécurité hors de son terrier. L’autre était plus du genre patient, silencieux. Il préférait les lapins et savait y faire pour les trouver.  Soufflant sous l’effort, l’Utgardienne ne songea pas tout de suite à répondre et finit par se rendre compte que le malandrin attendait sûrement qu’elle dise quelque chose.
— Bien sûr que je ne compte pas leur donner la viande. Surtout avec la commission qu’ils prennent.
Elle ajouta finalement sur un ton bougon.
— Moi, c’est Uraïa.

Markus acquiesça seulement avant de marcher en silence tout en faisant pression sur son flanc. La blessure n’était pas grave mais l’infection qu’il risquait pouvait le devenir, il allait devoir trouver un médecin  rapidement hors la nuit tombait.
— Tu sais dépecer proprement ? Je vais devoir aller voir un rebouteux avant de m’y atteler mais si tu te sens capable. J’ai une piaule dans le quartier Ascanien.

Elle le regarda comme si la réponse était évidente. De toute façon, elle n'allait pas attendre la ville pour s'y mettre, à trainer le cerf ainsi dans la terre, il ne resterait plus grand chose de sa belle peau d'ici à leur retour. Elle frémit ensuite au mot "ascanien"... C'était donc ça. Cela étant, elle évita de faire une remarque de plus, lui jetant seulement ce regard qu'il comprendrait comme il voulait. Arrivés à une trouée qu'elle jugeait satisfaisante, elle s'arrêta et accrocha le cerf à une branche basse d'un arbre, jetant la corde par-dessus pour faire levier. Elle était habituée à traiter des animaux de toute sorte, et de tout poids, souvent seule. Il fallait trouver des combines pour s'en occuper. Tirant son couteau de chasse, elle se mit silencieusement au travail. Les rapaces revenaient déjà et Vidhar avait ramené un beau lapin bien gras. C'était celui dont elle était le plus proche. Il lui semblait que l'animal la comprenait sans même qu'elle ait besoin de lui parler ou de lui donner un ordre. Vali au contraire, il fallait toujours le convaincre d'obéir, de telle manière à faire comme si c'était lui qui en avait eu l'idée le premier. Les deux étaient désormais très intéressés par la perspective de récupérer les viscères qu'elle commençait à extirper du ventre de la bête.

Chaque respiration était douloureuse pour Markus mais il n'allait pas demander à se faire dorloter même si une rousse au fort caractère ne lui déplaisait pas - bien que ce soit pas la question. Non, il s'occupa de la tête du cerf rouge, récupérant les bois, les yeux et la cervelle, glissant les deux derniers dans des bocaux, il connaissait une poignée de personnes qui en voudraient, surtout venant d'une bête majestueuse comme celle-là. Il abandonna la tête aux rapaces une fois fait, il avait mis plus de temps que d'habitude pour le faire mais le moindre mouvement était une torture, ce qui ne le priverait pas de faire sa part, ses trois maîtres lui avait enseigné cela.
— Tu chasses depuis longtemps ? Je ne t'ai encore jamais croisée dans le coin, le Delta boisé est grand mais tout de même… J'y passe le plus clair de mon temps depuis mes 16 ans.

Elle déposa un lourd sac de tripes ensanglantées en bordure du campement, les mains et les avant-bras couverts de sang. Entre ça et le non-mort, elle aurait de quoi prendre un bon bain dans le lit d'une rivière non loin. Elle releva tout de même la tête aux questions du trappeur. Il était sacrément bavard. Et curieux. Et il avait le teint pâle et luisant des gens qui souffrent. Elle relâcha son couteau un instant et se frotta les mains dans l’herbe avant de fouiner dans son sac et de lui jeter une petite bourse en cuir.
— Je chasse depuis mon adolescence. Et je bouge beaucoup. Mâche ça, c’est bon contre la douleur.
Et elle reprit son travail après s’être défaite de son manteau et de son capuchon, suant sous l’effort maintenant qu’elle devait s’occuper de tirer la peau de l’animal avant d’en découper la carcasse.

Il leva le bras pour attraper la bourse par réflexe, un grognement sourd lui échappa en se pliant en deux tout de suite après. Il maudit la Providence d’avoir rendu les côtes humaines si sensibles, il en aurait chialé mais il se contenta de lever le pouce pour la traqueuse.
— Merci.
Il glissa plusieurs feuilles dans sa bouche avant de les mastiquer, au début cela ne fit rien puis il sentit peu à peu ses muscles s’anesthésier mais aussi son esprit. Markus profita pour se décaler vers la carcasse et la travailleuse, la douleur était encore présente mais il pouvait aider pour des choses simples comme tenir la peau pendant qu’elle dépeçait.

Elle écarta sa main sans brusquerie pour une fois et lui indiqua le lapin que Vidhar avait laissé en offrande non loin, une tâche qui l’épuiserait bien moins que de dépecer ce grand cerf. Elle frotta son front du dos de sa manche, repoussant quelques mèches rousses en arrière de son visage, sans rien perdre de sa concentration.
— Reste assis et évite les mouvements brusques.
Retirer la peau et découper la carcasse lui prit un bon moment et les rapaces se chargèrent volontiers de piquer dans le foie et les rognons de l’animal, criaillant parfois en se disputant les meilleurs morceaux. Peu à peu la nuit tombait et il faudrait bientôt allumer un feu pour y voir. Il fallait terminer le travail avant que ça n’arrive et monter un campement décent auquel cas, ils seraient bien trop exposés.

Markus soupira mais n’était pas en état de contester, il avait juste envie de dormir pour oublier la douleur et les plantes qu’il avait consommées n’aidaient pas. Après avoir dépecé le lapin, il mit en place un petit feu en rassemblant quelques pierres en cercle et du bois séché. Il embrocha le lapin et le mît a cuire. Enfin, il étira une simple toile de jute entre deux pierres pour un abri précaire, le sol ferait office de matelas.
Il regardait Uraïa à l’œuvre, elle n’était pas une artisan mais elle faisait le travail, un tanneur expérimenté devrait sans doute repasser derrière elle mais le contrat était rempli. Assis autour du feu, il faisait tourner la broche improvisée complètement amorphe à cause des plantes, il finit même par s’endormir en utilisant son genou comme oreiller, ce dernier ramené contre lui avec son jumeau.

Elle enroula la viande qu’elle sala dans des sacs qu’elle referma soigneusement avant de les suspendre en hauteur. Ils ne devraient pas tarder à rentrer s’ils voulaient en tirer un bon prix, auquel cas la viande tournerait. Elle se retourna en sentant l’odeur de viande grillée qui fit gronder son estomac et constata que le trappeur s’était endormi sous l’effet des plantes. Elle aurait pu repartir et le planter là mais ce n’était pas dans ses habitudes d’agir aussi lâchement. Aussi lui reprit-elle la broche des mains délicatement et sortit la viande des flammes avant qu’elle soit carbonisée. Elle en mangea une bonne part en lui laissant le reste tout en contemplant le visage de son acolyte improvisé du moment. Elle profita du silence retrouvé mais se prit à sourire un peu en l’entendant ronfler. A croire que cet homme là était voué à être bruyant même dans son sommeil. Cela étant, il émanait de lui quelque chose de bon et gentil. Uraïa n’était peut être pas très douée pour communiquer mais elle l’était pour sentir les gens. Et malgré leur démarrage difficile, elle devait admettre que le trappeur n’était pas si désagréable que ça.
Markus Falsom
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Lun 25 Oct - 0:16
Un sixième sens le réveilla pour lui dire qu’il était observé, Markus releva la tête brusquement en grognant. Il surprit le regard de la traqueuse et l’absence de broche, elle n’avait pas hésité à se servir la bougresse, en lui laissant une moitié, sans aucun doute la plus petite. Le chasseur récupéra sa part qu’il dévora avec une certaine avidité tout en jetant des coups d’œil à la rousse.
— Tes plantes sont efficaces, presque trop...Je vais dormir...
Elle pouvait partir, le laisser en plan ou même l’achever dans son sommeil... Non elle ne l’aurait pas aidé si la traqueuse ne pensait qu’à elle. Il était de toute façon trop défoncé pour réfléchir, Markus se traîna jusqu’à la toile qu’il avait tendue, laissant échapper un grognement en s’allongeant dessous suivi d’une suite de jurons à l’encontre de sa personne.

Elle le laissa faire à sa guise, ajoutant à son propre repas une bonne lampée d’alcool de son outre. Il était déjà couché et rendormi avant qu’elle ait eu le temps de la ranger. Après s’être assurée que le campement était sécurisé, que les peaux et la viande qu’ils avaient récupérés ne risquaient rien, elle s’adossa à un des arbres sous la toile tendue et médita longuement, le regard perdu dans les flammes avant que Vidhar vienne se nicher contre son épaule la tête dans son cou. Puis elle finit par s’affaisser contre son acolyte, vaincue par la fatigue et la sensation de chaleur qui envahissait le campement.

Les deux avaient passé une nuit à l’égal de leur camp : précaire. Néanmoins, Markus s’en sortait plutôt bien malgré sa blessure et il fut capable de porter la peau tandis qu’Uraïa s’occupait de porter les lourds quartiers de viande qu’elle avait dû répartir sur son dos et ses bras pour transporter le tout.
Les deux n’échangèrent pas un mot et pour cause, les deux s’étaient réveillés enlacés quasiment en même temps, Uraïa l’avait rapidement repoussé ce qui lui avait arraché un cri de douleur, terminant d’éveiller leur coin de forêt. Ils étaient rentrés sans encombre, les prédateurs ne jugeant pas que les deux chasseurs et leur butin valaient le coup.
La guilde des aventuriers ne posa aucun problème, la peau était dans un état plus que convenable et remit la récompense à Markus. Il était toujours pâle mais il avait retrouvé le sourire, le chasseur traîna encore Uraïa jusque dans le quartier Ascanien. En effet, il avait quelque chose à lui proposer et le jeune trappeur avait dû batailler pour réussir à la convaincre de le suivre dans les rues des religieux.
Une fois devant chez lui, il s’appuya contre la façade en soupirant.
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Uraïa. Je ne vais pas être en état de chasser pendant quelques semaines. Laisse moi t’acheter ta part de viande… Je te donne… Eh bien je te donne la moitié de ma récompense.
Il lui tendit une poignée de pièces en souriant, espérant adoucir la râleuse professionnelle, ce n’était pas une mauvaise personne. Les derniers événements l’avaient prouvé même s’il lui demandait un effort sur le prix de la viande, la part de la traqueuse valait bien un tiers de plus que ce qu’il lui proposait.

Voilà qu’il négociait de nouveau, elle qui l’avait suivi à contrecœur chez ces peigne-culs d’Ascaniens... encore une manière de la filouter. Elle grommela, sachant que la somme qu’il proposait était sûrement un peu moindre que ce que la viande valait. Mais elle céda en empochant la monnaie.
— Tu me revaudras la différence.
Manière  de lui signifier qu’il n’avait pas intérêt à crever avant d’avoir remboursé sa dette. Elle le poussa un peu pour déposer les sacs chez lui sans se soucier d’y être invitée ou non et ajouta une autre bourse d’herbes qui lui restait. De quoi éloigner la douleur et empêcher une potentielle infection.

L’antre du chasseur était ce qu’on pouvait attendre de la maison d’un habitué de la forêt en mal rangé. Au plafond était accrochées des peaux qui attendaient sans doute un propriétaire ou que le poseur de piège gardait pour des jours de vache maigre.
Un coin de cheminée ainsi qu’une petite table servait autant de table à manger que de cuisine. Des morceaux de viande et des légumes étaient suspendus autour, attendant une main affamée.
Le pire était sans doute le désordre ambiant lié au domaine du trappeur, des pièges complets et incomplets étaient entassés dans des coins, des morceaux utilisables ou non ainsi que des essais étaient abandonnés dans une grande partie de la bicoque.
Uraia trouva néanmoins un passage central entre tout ce bric à brac pour déposer la viande et les plantes sur la table devant la cheminée. Markus entra à sa suite en grognant sous l’effort.
— Je sais, je sais… Il faut que je range… Je vais rien avoir à faire de plus de toute façon.

Elle traversa tout ce bazar sans se soucier de ce qu’elle écrasait au passage et haussa les sourcils d’un air étonné. Le ménage de Markus était la dernière de ses préoccupations.
— Si tu préfères vivre dans une porcherie, c’est toi que ça regarde Markus.
Elle avait l’habitude de vivre en pleine nature ou dans des auberges miteuses. Peu soucieuse de la vie domestique. Elle prêta un regard sur l’endroit où Markus trouverait le repos, retapant un brin ses fourrures dans un geste familier.
— Tu devrais te reposer maintenant. Et vendre ces peaux pour survivre.

Il grogna une sorte de « oui maman » qui se perdit dans sa barbe avant de secouer la tête.
— C’est des réserves. Je vais bien et la viande va me permettre de tenir avec un bon salage.
Markus se laissa tomber sur une chaise dans un souffle, retenant une grimace de douleur.
— Ou est ce que je te trouve ?
Il ajouta rapidement.
— Pour te rembourser.

Elle marqua une pause, ignorant la remarque marmonnée qu'elle avait crue entendre, et le fixa. Il voulait vraiment la revoir. Et bien que son premier réflexe eut été de l'envoyer balader, elle avait bien envie de lui donner un moyen de la "rembourser" comme il disait. Aussi, elle dénicha finalement sa flasque d'alcool, en tira une gorgée avant de lui tendre et finit par répondre.
— Je vis dans les faubourgs. Principalement à l'auberge de L'Oie Blanche. J'ai une volière pour mes faucons à côté, ça dépanne quand je ne suis pas dehors.

— Je te trouverais avec une de mes recettes de viande de cerf à la bière brune, tu m’en diras des nouvelles...Et sans doute avec de la bière brune.
Il retint un rire qui lui aurait fait plus de mal que du bien avant de boire une longue gorgée de bière, souriant à son interlocutrice. Elle avait ce côté garçon manqué qui trahissait son origine Utgardienne ainsi que sa chevelure rousse, il abusa d’une nouvelle gorgée et lui rendit la flasque.
— J’ai un faible pour la viande sanglier, je ne sais pas si tes flèches percent le cuir de sanglier mais si tu mets la main dessus, pense à moi. Je t’en donnerais un petit prix pendant ma convalescence.

Elle rempocha sa flasque tout en cherchant une raison de rester plus longtemps. Elle n'en trouva pas. Du reste, pourquoi resterait-elle ici à bavarder ? La journée avait été longue et pénible, peut-être n'était-il pas trop tard pour commander un baquet d'eau chaude et brûler ses frusques qui empestaient la mort à deux lieues. Si ses flèches pouvaient traverser le cuir de sanglier... Se moquait-il ? Elle fronça les sourcils, par habitude.
— Bien sûr que je chasse le sanglier, comme tout le monde. Il suffit de savoir où tirer.

Elle avait toujours ce mauvais regard contrit quand il évoquait le moindre soupçon sur ses compétences, comme si Markus pouvait connaître tous ses talents d’un simple coup d’œil.
— Tant mieux, j’ai envie d’une viande de sanglier avec des tomates fraîches....
Markus lui sourit tandis qu’il mettait une bûche puis une deuxième dans l’âtre pour réchauffer la pièce. Il allait sans doute s’effondrer dans sa paillasse après cette nuit horrible dans la douleur et le froid. Même si le réveil, avec le fessier de la chasseresse collé à son aine avait de quoi le faire regretter. Le chasseur aurait été en meilleure forme, il lui aurait demandé de rester...
— Ce sera tout, monseigneur ?
Elle ne put s'empêcher d'esquisser un demi-sourire amusé à la requête du chasseur. Ce sourire là qu'il affichait, il devait le donner souvent pour obtenir ce qu'il voulait, que ce soit en affaires ou avec les femmes. Elle n'en doutait pas une seconde. Mais elle ne s'y laisserait pas prendre. Pas cette fois, en tout cas.
— Je pourrais m’habituer à ce titre. Rentre bien, Uraïa, je te suis redevable et je saurais m’en souvenir.
Et d’une manière qui n’avait rien de moqueuse, il inclina la tête tout en portant la main à son cœur comme faisaient ses maîtres chasseurs. Il retrouvait en Uraïa, leur ton cinglant comme la loyauté inhérente aux camarades de la Chasse. C’était sa religion à lui.

Elle le fixa longuement de ses yeux bleus perçants, rappelant étrangement le regard des rapaces qu'elle affectionnait. Mais il n'y avait pas que de la froideur chez l'Utgardienne loin de là, surtout une méfiance pétrie d'une superstition qui lui faisait fuir la frivolité de son jeune âge un peu trop tôt. Elle était Uraïa Sans-Clan, abandonnant la sécurité de sa famille, de son entourage, pour vivre loin des regards suspicieux ou empreints de pitié. De fait, c'était la meilleure récompense qu'elle avait pu obtenir de ce regard reconnaissant, hormis l'or, dont elle avait tout de même besoin pour vivre. Elle inclina à son tour du menton, un peu maladroitement, sûrement, et replaça son capuchon sur sa tête rousse avant de faire quelques pas vers la sortie, enjambant le fourbis du chasseur sans s'y prendre les pieds cette fois.
— On se reverra.
— Sans aucun doute.
Il la regarda partir dans un soupir et une fois la porte fermée, il laissa le bois prendre avant de mâchonner quelques plantes offertes par la traqueuse. Il se mit à fredonner un petit air Utgardien entraînant, le sourire aux lèvres, quelque chose lui soufflait que cette rencontre allait changer bien des choses.
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