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[Le Lac] Ma vie pour une plume ! [Jezabelle & Eccho]
Maître du Jeu
Maître du Jeu
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Mer 10 Fév - 15:57
Ma vie pour une plume !
Jezabelle Linderoth & Vaar Lac Eccho
Début d’après-midi | Vallée de la Perdition | Le lac | An 82, 2ème mois d’Automne, Jour 3




Nul imprudent ne s’aventurera au-delà des écueils de Shoggoth.
Nul impudent ne gravira les dunes d’Anauroch.
Nul ne s’installera sur les terres de Vaarkarsh.
Car ceux qui l’ont oublié sont morts, et leurs âmes, maudites.

Le Trois-Nul-Car, Précepte Avalonien

Le regard de la chamane était impétueux, et ses mots, tranchants. Son maintien tout entier exprimait la rigidité de sa morale et l’application qu’elle mettait à respecter scrupuleusement les croyances ancestrales. Les anciens s’exprimaient par sa voix. Son statut était puissant : mais elle ne l’était pas. Elle n’était que l’instrument des dieux, et en cela, ses paroles étaient redoutables.

— Nous autres, filles de Vaarkarsh, nous parcourons les terres hostiles où la Tridéité nous tolère. Aussi, nous devons obéir aux préceptes de nos mères, comme leurs mères avant elles, et leurs grand-mères avant elles encore. Nous savons écouter notre coeur et écarter les tentations corrompues que Shoggoth nous souffle lorsqu’il lie notre destin à un de ses Echoués. Car rejoindre leurs tribus maternelles signifie aussi briser le Trois-Nul-Car, et endosser la malédiction du Souffle-de-Vie. Cela, mon enfant, je ne puis l’accepter. Ne te présente plus jamais comme Ana Baie Johanne, car cette courageuse guerrière d’Anauroch n’existe plus.  Nous ne te connaissons plus, tu n’es plus la bienvenue dans nos camps, ni dans ceux d’aucune autre tribu. Va, Shog Claircombe Johanne, si Vaarkarsh te maudit, puisse Shoggoth t’épargner des souffrances inutiles.

Puisqu’elle refusait de rester avec les siens, elle n’était plus personne. Elle ne serait jamais plus personne. Ni elle, ni le Sang-de-Shog qu’elle portait et qu’elle nommerait un jour Jezabelle Linderoth.

C’était il y a plus de deux décennies, presque trois d’ailleurs. Que savait la jeune aubergiste de son histoire ? Peut-être rien du tout. Ce qui est sûr, c’est que, faute de connaître ses origines nomades, ce sont elles qui vinrent à sa rencontre, mais pas comme elle l’aurait souhaité. Le Bras-du-Destin peut être d’humeur taquine, il adore jouer de mauvais tours.



[Le Lac] Ma vie pour une plume ! [Jezabelle & Eccho] W69b



Eccho se fondit un peu plus dans sa cachette, ses yeux étaient les seules parties de son corps qui bougeaient et balayaient inlassablement les alentours. Voilà plusieurs jours que les banthas refusaient d’approcher le point d’eau. Les sentinelles d’Vaar Lac avaient été déployées pour repérer le prédateur ou les prédateurs qui y avaient marqué leur territoire. Les chasseurs se hissaient en hauteur pour avoir une vue imprenable sur ce qui se déplaçait tout en restant en sûreté. Lui, n’était pas d’humeur à ça, d’autant que son arrogance le poussait à croire qu’il était toujours plus malin que les autres. Il s’était badigeonné de boue pour camoufler son odeur d’humain, et s’était mis en quête d’une bauge qui lui servirait pour créer son piège. Il avait suffi de creuser un peu plus le creux naturel que formait le sol et dissimuler le tout sous des branchages. Quelques pieux avaient été érigés au fond, il n’avait aucune idée de la taille de l’animal.  Il lâcha quelques lapins dans les environs et espérait que ces proies faciles attirent sa cible.  Puis, il avait trouvé un buisson surélevé qui lui donnait une bonne visibilité au sol et attendit.

Attendit.

Attendit.

Dieux que c’était long.

Puis, un vacarme incroyable captiva son attention. Il n’en croyait pas ses yeux, il resta immobile le souffle coupé. Combien de saisons étaient passées depuis la dernière fois qu’il l’avait vu ? Il avait dû mal à la reconnaître. Elle paraissait plus pâle, plus chétive, son accoutrement était curieux, mais ce devait être elle ! Ses cheveux noirs étaient plus brillants et plus lisses que jamais, plus long aussi, mais toujours ornés de drôles de plumes. Il restait pétrifié devant l’apparition de cette silhouette qu’il croyait identifier, seul un murmure s’échappa de ses lèvres quasi-immobiles. Ses yeux vert pomme ne lâchaient pas la jeune femme des yeux : sa démarche était curieuse, inhabituelle, elle n’avait pas sa lance, et était à demi penché vers un lapereau. Ses pas étaient lourds et malhabiles, on eut dit qu’elle avait été empoisonnée et qu’elle ne maîtrisait pas tout à fait ses gestes. Ses pieds faisaient craquer les brindilles, ses mollets se faisaient battre par les fougères, elle faisait des petits bruits pour attirer le rongeur à longues oreilles. Dans toute la forêt on n’entendait qu’elle. Si elle continuait ainsi, c’était elle qui serait prise pour cible ! Mais avant qu’un animal sauvage ne se jette sur elle, elle glissa et roula dans le piège que le nomade avait préparé avec tant de soin. Toute idée de discrétion passa à la trappe, il se jeta au bord en appelant la silhouette de ses souvenirs, l’air effaré. Mais lorsqu’elle leva son visage vers lui, il s’agissait d’une inconnue. Il eut du mal à cacher sa déception, ses traits se durcirent. Bien sûr que non, ce n’était pas elle.

Ne sais-tu donc même pas reconnaître un piège quand tu en vois un ? Toute la forêt t’entend, tu es aussi discrète qu’une Scrofa ! Une chance que tu sois pas tombé là-dessus ! sermonna-t-il en pointant du bout de sa dague les pieux qui hérissaient le sol et entre lesquels, par chance, la jeune femme était tombée.

La déception avait fait place à la colère. Maintenant qu’il la voyait, cette femme, son allure, sa manière de se balader ainsi, elle devait être une échouée. Avec elle dans les parages, tout pouvait se compliquer. Cette perspective lui arracha un grognement mécontent. Il rangea sa dague et agrippa l’étourdie par le col de sa tenue sale et la hissa hors du trou aussi facilement que si elle avait été une enfant. Elle ne pesait de toute façon pas bien plus lourd. La reposant sur ses pieds, tout deux se rendirent compte de leur différence de taille. Il avoisinait le mètre quatre-ving-dix,  ses cheveux et sa barbe étaient de la même couleur que ses habits et sa peau : tout n’était qu’argile. Ses traits droits avaient quelque chose d’utgardien, mais ses pommettes hautes et son nez droit avaient quelque chose d’étranger. On aurait pu le prendre pour une statue s’il n’avait pas eu ces yeux clairs qui trahissaient les coutumes des femmes nomades. C’était bien la seule chose qui trahissait son camouflage. Il ne put s’empêcher de détailler la femme qui se tenait devant lui : la chevelure si brillante et si soignée était toute emmêlée désormais, les plumes étaient salies elles aussi, certaines tordues. Il écarta une mèche noire et boueuse qui était resté collé à son avant-bras pour la renvoyer à sa propriétaire. Au moins, maintenant, elle non plus n’avait plus d’odeur. Il soupira, exaspéré, puis s’accroupit pour replacer les branchages par-dessus son piège et remettre en place ce qui avait été dérangé.

Es-tu seule ici, Shog ? Combien êtes-vous ? Où est ton campement ?



Dernière édition par Maître du Jeu le Ven 19 Mar - 19:50, édité 2 fois
Jezabelle Linderoth
Jezabelle Linderoth
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Jeu 11 Fév - 16:51
Jezabelle avait l'air maline au fond de son trou. Elle était couverte de boue poisseuse et de branchages. Elle se demandait si les chasseurs allaient voir qu'elle n'était plus parmi eux et essayer de la retrouver. De toutes façons, elle ne pouvait rien faire là où elle était. Alors qu'elle jouait avec un bâton histoire de tuer le temps, elle entendit quelqu'un l'appeler au dessus. Lorsqu'elle tourna les yeux, son sang se glaça. Une silhouette semblable à un monstre des marais lui criait visiblement dessus en des termes qu'elle ne comprenait pas toujours. Lorsqu'il pointa quelque chose derrière elle, elle se retourna. La jeune femme sursauta légèrement et se plaqua contre la paroi. Non, ça elle ne l'avait pas vu dans la pénombre des arbres. Son coeur tambourinait à l'idée qu'elle aurait pu finir embrochée dans ces trucs. Quelle idée de mettre ça là !

Mais avant même qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Jezabelle fut saisi par le cou et ramener sur le plancher des vaches. Il était grand... Très grand... Elle se sentait toute petite comparé à lui. En plissant les yeux, elle vit que ce n'était pas un monstre mais bel et bien un homme planté là. Il était recouvert de terre des pieds à la tête et avait visiblement une barbe bien fournie. Seuls ses yeux étaient visibles au milieu de tout ça. Et quels yeux... D'un vert envoutant... Elle resta là devant lui alors qu'il la dévisageait de haut en bas. Évidemment, elle ne devait pas être des plus belles à voir après sa péripétie... Et elle s'en rendit compte à sa réaction.

La jeune fille le regarda remettre le tout en place. Son allure lui faisait penser à un utgardien, un chasseur à n'en point douter. Mais son dialecte était étrange. Elle l'aurait bien remercié de l'avoir tiré de ce mauvais pas s'il n'avait pas été aussi dur et froid.

"Mon campement ?" demanda t-elle alors en levant un sourcil. "On a pas de campement, enfin, pas que je sache. J'ai juste engagé deux chasseurs pour m'accompagner chercher quelques plumes. Je ne pensais pas me retrouver au fond d'un trou..."

En disant cela, elle prit sa coiffe dans ses mains et l'examina avec dépit. Toutes les plumes étaient tordues et couvertes de saletés. Certaines étaient cassées. Les rares fleurs qui étaient là auparavant ressemblaient à des tas informes.

"Bon sang, elle est foutue maintenant..."

Jezabelle soupira alors et laissa son bras pendre mollement le long de son corps. Elle mettait tellement de temps et de soin à confectionner ces ornements, tout ce travail gâché la rendait malade. Des plumes, il allait en falloir bien plus désormais pour remplacer tout ça...

Alors qu'elle déprimait sur son sort, un bruit sourd se fit entendre. La belle n'avait clairement pas l'habitude de ce genre de choses, c'était une pure citadine. Aussi, elle sursauta à nouveau, lâchant un léger cri au passage et s'emmêla les pieds dans des grosses racines. Elle finit par s'étaler sur l'homme devant elle et se raccrocher à ce qu'elle pouvait sur lui. Ce qu'elle pouvait être gourde...

"Je... euh... hum... désolé..." balbutia t-elle en essayant de se relever sans y arriver vraiment.

Elle n'avait pas pour habitude de se retrouver couverte de boue et de feuilles. Le poids alourdissait sa tenue et l'entravait dans ses mouvements. Elle se félicitait tout de même intérieurement de ne pas être en robe. La terre humide collait entre eux de façon poisseuse et Jezabelle réprima un haut le coeur. Elle jurait intérieurement et pensait au bon bain qu'elle allait prendre en rentrant chez elle pour se débarrasser de tout ça...
Maître du Jeu
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Jeu 11 Fév - 19:15



La jeune femme prétendait ne pas avoir de campement tout en expliquant que deux chasseurs l’escortaient. Alors où étaient-ils, ces chasseurs ? Sa mâchoire se crispa. Oui, il n’y avait décidément que des Shogs pour laisser leurs femmes seules dans la nature et sans protection. Ils se contrefichaient bien de ce qu’il pouvait leur arriver, et s’ils en manquaient, ils iraient en enlever dans les tribus. Il fronça les sourcils, amère de ses propres pensées. L’échouée était occupée à constater les dégâts faits à sa coiffe, il eut une moue à peine désolée. Elle, elle était dépitée et déçue, comme une gamine devant un jouet cassé, le bouquet pitoyable de plumes et de fleurs se balançaient au bout de son bras.  Elle n’avait pas l’air de saisir à quel point son sort aurait pu être différent si elle était tombée quelques centimètres plus loin.

Puis, un oiseau s’envola, la brunette lâcha un cri de surprise en sursautant, causant une nouvelle chute qui ne le fit même pas bouger alors qu’elle se relevait en s’agrippant à ce qu’elle pouvait — et heureusement qu’elle n’était pas si petite que ça. Confuse, elle s’excusa, peinant à s’écarter, glissant sur la boue qui les couvrait désormais tous les deux. Son visage à elle était épargnée, Eccho crut voir ses joues rosir.

Une enfant, à peine plus grande… murmura-t-il alors qu’elle relevait les yeux, incertaine de ce dont il parlait. Une enfant qui ne regarde pas où elle va et ne contrôle pas ses mouvements, se moqua-t-il toujours à voix basse. Ses yeux verts guettait l’endroit d’où s’était envolé l’oiseau, il lui sembla distinguer quelques chose alors qu’au même moment il sentit le petit bout de femme contrarié se raidir pour protester. Il avait déjà bloqué son dos en la coinçant contre-lui de son bras gauche, sa main droite plaquée sur cette bouche qui allait certainement se mettre à piailler. Elle n’avait peut-être plus de plumes, mais son chant strident n’était pas ce dont il avait besoin alors qu’un félon semblait rôder dans les parages. D’ailleurs voilà un moment qu’il n’avait pas vu ses lapins trottiner par ici.

J’ai besoin que tu te taises poussin, sinon j’entendrai pas le félon nous tomber dessus, chuchota-t-il. Il avait dit « le » mais il n’était pas certain qu’il soit seul. Si d’habitude, ces grands félidés étaient solitaires, il était bien possible qu’il s’agisse d’un couple étant donné la saison. Les yeux aux longs cils noirs de la Shog indiquaient qu’elle n’était pas franchement enchantée de la manière dont il la traitait depuis leur rencontre, il eut un sourire un coin mais déclara d’un ton ferme :  Je t’aide, tu grimpes.

Ce n’était pas une question, de toute évidence, elle n’était pas dans son élément, mais lui, si. Ce n’était pas dans ses habitudes de commander les femmes, par les dieux, il n’aurait jamais eu le culot de se comporter comme ça avec une indigène. Mais les femmes d’Avalone, elles, ne se seraient jamais retrouvées dans ce genre de situation. Soit elles survivaient seules, soit elles ne se mettaient pas en danger. Mieux valait ne pas tenir tête à une femme nomade, c’est d’ailleurs pour ça aussi qu’il se sentait bien dans son rôle de sentinelle : entouré de hommes, il n’avait pas à faire des courbettes devant les matriarches. Il faisait sa part pour bénéficier de la nourriture et du camp, et s’épargnait les sermons des femelles.

Il desserra sa prise doucement, tout de même troublé par ces yeux un peu trop gris, un peu trop verts, par cette histoire de plumes aussi. Il s'appuya dos à un tronc d’arbre, prêt à lui faire la courte échelle, les yeux à l’affût du moindre bruissement.

Jezabelle Linderoth
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Ven 12 Fév - 1:40
La jeune femme entendit à peine ce que l'homme face à elle murmura. La deuxième phrase fit mouche par contre lorsqu'elle arriva à ses oreilles. Elle fronça alors les sourcils et s'apprêta à lui voler dans les plumes à cet abruti. Néanmoins son élan fut coupé net lorsqu'il l'agrippa et la maintint contre lui pour la faire taire. Elle tenta tant bien que mal de se débattre mais force était qu'elle ne faisait clairement pas le poids face au mastodonte. Elle avait beau bander ses faibles muscles, rien ne bougeait d'un poil.

Jezabelle stoppa net lorsqu'il lui chuchota quelques mots à l'oreille. "Poussin" ? Il l'avait vraiment appelé de la sorte ?? Ses joues rougirent et son coeur se mit à palpiter plus fort qu'elle ne le voudrait. Elle transforma bien vite ce sentiment étrange en colère. Comment osait-il la nommer comme ça ? C'était insultant ! Et quelque part, très intime... Non, c'était surtout dégradant ! Et misogyne ! Voilà ! Cependant, il avait parlé d'un félon. Elle n'était pas sûre de savoir exactement à quoi cela ressemblait. Mais vu son comportement, elle jugeait que ce n'était pas très bon pour eux.

Les traits de la jeune fille se firent à nouveau colériques en voyant ce sale petit sourire plaqué sur le visage du chasseur. Visiblement, il prenait un malin plaisir à la traiter de la sorte. Si elle n'était pas en terrain inconnu, cela aurait fait longtemps qu'elle lui aurait décoché un coup bien placé dans son entrejambe ! Mais elle allait devoir composer avec cet imbécile si elle voulait ce sortir de ce bourbier dans lequel elle s'était mise toute seule.

Lorsqu'il la laissa enfin libre de ses mouvements, elle lui lança un regard cinglant exprimant là tout ce qu'elle pensait de ses "attentions" et souffla de dédain. Puis elle s'approcha tout de même de lui et s'apprêta à grimper, comme il lui avait intimé l'ordre. Elle n'y connaissait rien et même si c'était un parfait crétin, il semblait connaître son affaire. Bien que peu douée pour tout ce qui était physique en pleine nature, elle se plia à l'effort. Elle posa alors ses mains sur ses épaules et son pied dans ses mains. Cherchant quelques prises, elle sentit le malotrus la pousser haut sur l'arbre et même l'aider en attrapant son fessier. Jezabelle ragea à demi-mots et se promit de lui faire payer pareil outrage une fois tout ça réglé.

"Désolé" fit-elle sans même le penser en écrasant à moitié le visage de l'inconnu de sa bottine.

Elle savait qu'elle n'était pas lourde et que cela ne lui ferait pas bien mal. Mais ça la satisfaisait un peu. Au prix de plusieurs difficultés, elle arriva néanmoins à se hisser jusqu'à une branche en hauteur. Bon point pour elle, elle n'avait pas le vertige, c'était déjà ça. Elle se cala du mieux qu'elle put et attendit l'autre imbécile. Lorsqu'il se posta près d'elle, elle le fixa.

"Alors, on fait quoi maintenant Monsieur Je Sais Tout ?"

La belle ne décolérait pas. Ce type était un mufle. Et elle n'appréciait qu'à moitié ce genre de comportement. Voire même pas du tout. Se faire dicter ses actions, non merci. Elle avait appris depuis pas mal d'années à être la seule à décider de son destin. Ce n'était pas pour qu'un... qu'un... que lui là lui ordonne quoi faire! Même si elle devait bien avouer que ses yeux l'envoutaient terriblement... Elle détourna le regard à cette simple pensée et croisa les bras sur son poitrail. Après tout, elle ne pouvait qu'attendre maintenant.
Maître du Jeu
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Sam 13 Fév - 17:05



Eccho eut tout le loisir d’évaluer la fermeté de la prise que l’ardeur d’un homme pourrait avoir sur l’arrière-train de cette femme en colère. Aussi, la furie le lui rendit bien. La botte à semelle molle glissa plusieurs fois sur sa face, suffisamment pour qu’on lui fasse comprendre que cette maladresse n’était pas dû au hasard. Grand bien lui fasse, il acceptait volontiers qu’on lui marche dessus après ce qu’il avait pu tâter ! Il cracha la terre qu’il avait dans la bouche d’un jet, et bondit pour se hisser à son tour. Comme elle ne pouvait pas s’empêcher de parler – mais après tout, qu’attendait-il d’autre d’une femme ? – il se résolut à lui expliquer brièvement dans quelle situation dangereuse elle s’était fourrée. Il ne put s’empêcher de rouler des yeux alors qu’elle sous-entendait qu’il était plus malin qu’elle : évidemment qu’il l’était.

— Eccho, annonça-t-il en se pointant du doigt. Si elle ne pouvait pas être aimable, peut-être pouvait-elle au moins se souvenir de son nom, sait-on jamais. Toujours en mesurant le volume de ses paroles, il poursuivit : D’habitude, ça me dérange pas qu’une femme crie mon nom : mais retiens-toi, au moins pour l’instant… Les félons ont l’ouïe fine et sont très rapides et agiles : tu cours, tu meurs. Tu cries, tu meurs. Il se figurait que s’il ne s’interrompait pas dans ses propos, elles n’aurait pas l’occasion de lui cracher toute la fureur qu’elle pensait de ses pensées un tantinet grivoises. En tout cas, il était certain qu’après s’être débarrassé du félon, elle allait laisser libre court à toute la rage qu’elle peinait à compartimenter dans ce tout petit corps.  Il était curieux de voir ce que pouvait donner une Sang-Maudit en colère. D’ici là, elle ne pouvait guère que l’assassiner du regard ou proférer ses menaces à voix basse.Il sortit le couteau de chasse, et d’un coup sec, la lame entama la paume de sa main gauche. Il serra le poing pour faire affluer le sang et en projeta au bas de l’arbre avant d’en badigeonner là branche où il se tenait.

— Autre chose : t’as fait fuir mes lièvres, donc, tu s’ras mon appât, fit-il en arborant un sourire satisfait et mutin. Puis, il se mit debout et grimpa plus en hauteur et disparut du champ de vision de la jeune femme abandonnée là. Quelques instants passèrent, ils devaient paraître bien long pour qui devait rester là en attendant le moment fatidique où une horrible bête, attirée par l’odeur du sang allait sortir de sa cachette.

Puis, il était là. Grand, bien plus grand qu’un homme lorsqu’il se tenait sur ses deux pattes. Ses déplacements adroits n’avaient fait craqué aucune branche ni même aucune feuille morte. Son pelage sombre rayé de noir était un camouflage parfait en forêt où le soleil perçant à travers les ramures des arbres ne projetait que des ombres effilées sur le sol. L’éclat de ses iris d’ambre restait discret, à demi-dévorés par un disque noir qui analysait tous les détails du terrain ombragé. Son museau inspirait de grande quantité d’air qui alerté son instinct de chasseur : il sentait l’odeur âcre du sang frais, il lui semblait même sentir qu’il était encore chaud. Il percevait aussi un sentiment qui embaumait l’arbre, la peur et la panique. Une proie serait-elle cachée là-haut ? Le félon glissa silencieusement vers ces odeurs et s’arrêta net à un endroit où de nombreuses gouttes de sang avaient été laissées par une proie manifestement blessée. Le prédateur abaissa brièvement la tête pour humer toutes ces odeurs et tout ce qu’elle disait sur l’humain qui les avait laissé. Puis, soudainement le long corps musculeux de la bête se déploya pour atteindre la branche où était assise la jeune femme, plantant ses longues griffes dans l’écorce pour pouvoir renifler le bois. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il s’intéresse à la jeune femme qui se trouvait à moins d’un mètre de lui. La boue qui la recouvrait cachait peut-être son odeur, mais le félidé n’était pas aveugle au point d’ignorer quelque chose qui le fixait.

A l’endroit où il était perché, Eccho se maudissait d’avoir fait le mauvais pari. La bestiole n’était pas venue du côté où il l’attendait, résultat, la gueule du félon était protégée derrière l’épaisse branche où était assise Madame-Je-Sais-Rien-Du-Tout. De là où il était, il ne pouvait pas espérer décocher une flèche mortelle au prédateur, même pas une flèche qui l’aurait dissuadé d’attaquer. En revanche, en se décalant un peu, il pouvait peut-être lui tomber sur le dos. L’effet de surprise l’écarterait de la femme et s’il tombait bien, il parviendrait peut-être à lui planter sa lame...

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Lun 15 Fév - 0:02
L'homme indiqua son nom, Eccho. Étrange mais après tout, Jezabelle s'en fichait comme de sa première dent. Elle ne prit d'ailleurs même pas la peine de donner le sien. Surtout après qu'il se soit étendu sur ses prétendus prouesses avec les femmes. Elle espérait bien qu'après cette mésaventure, ils ne se croiseraient jamais plus.

Les paroles suivantes glacèrent la belle sur place. "Tu cours, tu meurs ; tu cries, tu meurs"... Est-ce qu'il était vraiment sérieux ou est-ce qu'il cherchait juste à se jouer d'elle une fois de plus et lui faire peur ? C'était qui ce type au fond ? Elle le regarda finalement faire et s'entailler la main puis jeter du sang partout. Elle se demandait ce qu'il pouvait bien lui prendre à faire telle chose. Levant un sourcil, elle s’apprêta à demander des réponses mais il fut plus rapide et lui expliqua de lui-même.

"Quoi ?" fit-elle un peu plus fort qu'elle ne l'aurait voulu alors que l'imbécile disparaissait plus en hauteur.

Il ne pouvait pas... Il l'avait vraiment laissé seule là ?! Et comment ça servir d’appât ? Il ne comptait tout de même pas la laisser en proie à cette bête dont ils s'étaient justement protégés en montant ici ? Jezabelle tenta de se lever sur la branche mais elle était peu stable. Elle glissa et manqua tomber mais se rattrapa fort heureusement de justement. Par contre, en plus de la boue et des feuilles, elle se retrouvait à présent badigeonnée de sang. La situation était de pire en pire et elle aurait tout fait pour que tout s'arrête et retourner dans son lit bien chaud. Mais elle ne pouvait faire qu'attendre... Et attendre quoi au juste ?

Alors qu'elle pensait à l'autre abruti qui l'avait laissé là et qu'elle fulminait à son sujet, elle eu bientôt la vision de ce qu'était visiblement un félon. Son pouls s’accéléra et elle eut juste le temps de réprimer un cri en mettant sa main sur sa bouche. A mesure que le gros chat s'approchait de l'arbre, elle se collait de plus en plus au tronc, essayant de s'éloigner de lui, même si sa raison savait très bien qu'elle ne pouvait pas le faire. Et lorsque le félidé sauta d'un bond sur la branche elle dut faire appel à toute sa dextérité pour ne pas tomber. Sa respiration se fit sifflante, elle était totalement paniquée et tentait tant bien que mal de reculer. Mais force était de constater qu'elle était déjà dos au tronc sans aucune chances de pouvoir échapper à la bête.

Jezabelle faisait appel à tout ce qu'elle avait en elle pour ne pas hurler alors que le félon approchait lentement d'elle en tendant son museau. Il ouvrit légèrement la gueule et elle pouvait clairement voir la bave de l'animal couvrir ses crocs acérés. Elle glissa à nouveau et le félidé tendit sa griffe pour l'entailler, déchirant le haut de sa tenue et lui laissant une large trace sur la poitrine. Il était apparemment d'humeur joueuse avec sa proie et ne comptait pas la tuer tout de suite. C'est alors que la jeune femme ne retint plus rien et hurla le nom de son pseudo sauveur en guise de dernier recours.

"Eccho !" cria t-elle à plein poumons, ignorant les consignes.
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Lun 15 Fév - 19:29



La jeune femme aurait dû l’écouter, il l’avait pourtant prévenu : « tu cours, tu meurs ; tu cries, tu meurs ». Peut-être n’avait-ce pas été assez explicite ? Peut-être que chez les Shogs, lorsque l’on disait quelque chose, on appliquait l’exact contraire ? Elle gigotait sur sa branche avec tant d’énergie que le félon ne manqua pas de la repérer et de bondir pour être à sa hauteur. La bête s’approchait dangereusement de sa proie en reniflant : elle puait la peur. Puis, la brune eut un geste brusque en glissant encore, et le prédateur donna un coup de patte aussitôt, éventrant les tissus de sa tunique. Elle avait juste à ne pas bouger, à ne pas crier, et voilà qu’elle faisait les deux cette idiote ! Point positif : elle captait toute l’attention du félidé, ce qui permit au nomade de se positionner pile au-dessus de lui. Il se laissa tomber, couteau au poing, visant la tête du félon. La lame aurait dû s’enfoncer dans son crâne, au lieu de ça, elle trancha le cuir de son dos car le hurlement de la jeune femme excita le fauve qui s’avança pour se jeter sur elle.

Toutefois, la chute du guerrier sur son dos et la douleur fulgurante qui l’accompagna interrompirent le mouvement du félon. Déséquilibré, il planta ses griffes profondément dans le tronc de l’arbre pour amortir sa chute, accrochant au passage le pantalon de la brune qui fut entraînée elle aussi à terre. Fermement cramponné à la fourrure du félidé, Eccho s’acharnait à poignarder son dos et son flanc, fouraillant pour atteindre le coeur ou une artère décisive. Il dut se plaquer contre la colonne vertébrale de la créature pour être sûr qu’aucune griffe ne l’atteindrait. Le sang jaillissait des plaies, les rugissements de la bête se faisaient plus aigus à chaque coup, et ses soubresauts, plus faibles. On avait dû mal à dire lequel de l’humain ou de la bête était le plus sauvage. Enfin, le félon ne bougeait plus et il se redressa, non plus couvert de boue, mais de sang. Son regard vert contrastait d’autant plus avec le vermillon qui dégoulinait de son visage. L’étonnement le saisit lorsqu’il vit les dégâts. Le cuir de protection de son avant-bras gauche était en lambeaux, les griffes aiguisées avaient taillé quatre longues estafilades d’où le sang affluait. L’adrénaline du combat avait anesthésié la douleur, mais maintenant, elle se faisait sentir, plus vive que jamais. Les autres blessures étaient superficielles. Sans ranger son couteau, il fit un point de pression sur la plaie. Après un nouveau crachat, il s’avança vers la Shog. La boue avait beau cacher sa peau à nue, elle ne cachait cependant pas ses formes. Sans retenir son regard insistant, il esquissa un sourire narquois.

— Pas mal... Mais trop sale. Même pour un nomade.

Au-delà du bois, un rugissement retentit. Le regard d’Eccho sauta en direction de la provenance du bruit, le reste de son corps resta immobile un instant. Il y avait donc bien un couple et pas un seul individu. Son regard se posa à nouveau sur la femme qui venait probablement de vivre beaucoup trop d’action pour une seul et même journée. Lui-même ne se sentait pas en état pour combattre une autre créature seule, surtout pas en compagnie d’un élément incontrôlable. D’ailleurs, ses réactions imprévisibles et sa capacité extra-ordinaire à trébucher sur le moindre brin d’herbe n’étaient pas pour augmenter leurs chances de survie. Etait-il bien sage de lui annoncer qu’un autre comme celui-là pouvait leur tomber dessus ? Ou devait-il essayer de la rassurer pour qu’elle obtempère et accepte de le suivre calmement. Il s’approcha lentement, s’accroupit vers elle et leva son couteau à hauteur de sa gorge.

— Tu cours, tu meurs. Tu cries, tu meurs, répéta-t-il. Il n’y avait plus aucune once d’humour ni sur son visage, ni dans sa voix. En effet, il choisit de ne pas lui révéler qu’ils n’étaient pas sortis de leur merdier et de la rassurer. Est-ce que sa manière de faire était efficace ? Pas à lui d’en juger. Les blessures de Madame-Je-Sais-Rien-Du-Tout étaient superficielles, sur son buste comme à sa jambe. Elles nécessitaient néanmoins d’être nettoyées pour éviter l’infection. Avec le bout de sa lame, il fit sauter le cuir inutilisable qui pendait de son avant-bras, mettant à l’air libre sa blessure. Proprement, il coupa le haut de la manche juste au-dessus en une longue bande qu’il serra autour de son avant bras comme il put. Etait-ce utile de lui révéler qu’ils étaient encore en danger ? Avoir conscience de son propre corps et de comment évoluer dans son environnement semblait déjà beaucoup pour elle, non, inutile de rajouter de quoi la faire paniquer.

— On est sur un territoire de chasse. On part. On va au nord, laver tout ça, annonça-t-il en nouant son bandage et en se relevant. Sans plus attendre, il se dirigea vers le nord avec l’espoir qu’en tant que personne mature et réfléchie, elle allait obtempérer sans crise.


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Mar 16 Fév - 2:08
Jezabelle voyait là sa dernière seconde de vie. Son existence futile et un brin amère passa dans son esprit alors qu'elle voyait parfaitement le monstre devant elle. Elle avait ignoré les consignes du chasseur, elle avait fait tout le contraire. Mais elle n'était pas rompue à la vie sauvage elle ! Elle était humaine et en tant qu'humain normalement constitué elle éprouvait de la terreur face à cette chose. Elle ne pouvait rester calme et froide. Elle sursauta lorsque l'homme tomba sur la bête et laissa échapper un léger cri. Cri qui se fit plus profond alors que tout ce petit monde chutait à même le sol.

La jeune femme regardait le combat avec des yeux ronds. Elle était comme absente au vu de tout le sang et des entrailles qui fusaient en tout sens. Elle était à présent persuadée que jamais elle n'aurait dû quitter sa taverne pour s'enfoncer dans la forêt avec ses maigres connaissances et son sens quasi nul de la survie. Néanmoins, elle avait eu pleinement confiance en ces deux chasseurs qu'elle avait engagé. Jamais elle n'aurait pu se douter qu'il lui arriverait telle aventure. Un moment, son cerveau décrocha de l'action, elle se disait qu'elle n'aurait peut-être pas dû les payer d'avance... Et qu'elle aurait sûrement dû faire appel à la guilde des aventuriers...

Elle reprit finalement conscience et se rendit compte du silence qui régnait tout autour. Elle leva les yeux et vit l'homme entièrement couvert de liquide carmin. Seuls ses yeux tranchaient avec le reste. Comment un regard pouvait être si envoutant même en cette situation... Visiblement lui aussi avait été pas mal amoché par la bête. Jezabelle approcha sa main pour lui porter assistance mais elle stoppa net la chose en voyant ce sale petit sourire à nouveau sur son visage. Et surtout cette phrase... La jeune fille lui jeta un regard noir et plaqua ses bras sur son corps cachant ce qu'elle pouvait.

Une nouvelle fois, le sang se glaça pour Jezabelle lorsqu'un second cri se fit entendre. Elle ne savait pas exactement ce que c'était mais après ce qu'elle venait de vivre, tout lui faisait peur. Elle se figea alors que le chasseur lui donnait à nouveau les consignes, de façon plus appuyée à présent. Elle déglutit et hocha la tête de haut en bas doucement. Cette fois, elle s'y tiendrait. Elle ne voulait pas finir dans l'estomac d'une quelconque bête. Voire même au bout du couteau d'Eccho...

Elle le vit finalement se lever et marcher vers le nord, comme il l'avait dit. Péniblement, elle se releva à son tour en s'appuyant sur le tronc et lui emboita le pas. Ses blessures bien que peu profondes la faisaient souffrir. Elle sentait le sang couler le long de sa jambe et la picoter légèrement. Ses vêtements n'étaient plus que des guenilles et ils étaient tous les deux recouverts de tout un tas de substances diverses et variées. Ah il avait fière allure leur duo ! Elle se demandait si les deux autres étaient dans le même état. Puis elle rit quelque peu en étant certaine que non, en tant que chasseurs expérimentés, ils devaient bien mieux s'en sortir. Un moment, elle manqua trébucher sur une racine et tomber mais elle réussit à se rattraper au dernier moment. Eccho ne se retourna même pas et continua sa route. Elle prit une courte halte pour sa part et déchira son pantalon de façon franche afin de lui laisser les mouvements plus libres. Cependant, même comme ça elle avait peine à suivre l'allure soutenue de l'homme.

Jezabelle ouvrit la bouche pour l'interpeller mais elle se souvint de ses paroles et la referma aussi sec. Elle pressa finalement le pas et arrivé à sa hauteur, elle lui prit le bras non meurtri. Elle espérait qu'il comprendrait dans son regard qu'elle n'avait pas sa condition physique et que suivre son pas lui était difficile.

Soudain, un oiseau s'envola sur sa droite et elle fit un léger bond. Néanmoins, aucun son ne sortit de ses lèvres. Elle avait appris la leçon à ses dépends, elle n'était pas prête de l'oublier. Et elle faisait appel à tout son sang-froid pour cela. Son acolyte pouvait sentir ses membres trembler alors qu'elle agrippait fermement son bras. Mais elle ne cèderait pas à la panique une seconde fois. Après quelques secondes, elle reporta son regard vers l'homme près d'elle. Elle vit dans ses yeux une pointe d'agacement et baissa la tête en conséquences. Et il reprit son chemin presque illico sans s'en soucier. Cependant, elle nota tout de même que le pas était moins pressé et esquissa un léger sourire, sans pour autant le faire devant lui. Il en aurait été trop content et elle ne voulait absolument pas lui donner satisfaction.
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Mar 16 Fév - 12:24



Qu’est-ce qu’il foutait ? Mais qu’est-ce qu’il foutait, par les mille bras de Shoggoth ? Pourquoi s’en était-il mêlé d’ailleurs ? Il aurait pu la laisser là-bas, tout simplement, après avoir éliminé le félon. Il ne lui devait rien, au contraire, c’était plutôt elle qui lui devait la vie. Maintenant, au lieu de la laisser là-bas où ses chasseurs aurait pu la retrouver, il l’embarquait avec lui à travers la forêt dangereuse, non loin du territoire des Vaar Lac. Il ne pouvait pas décemment la ramener au camp, c’était hors de question. Les Shogs n’étaient pas tolérés, car ils étaient porteurs de mort et de malédiction. Accepter leur présence, c’était prendre le risque de s’attirer les foudres de la Tridétité et d’exposer toute la tribu à l’extermination.

Non, pas vers le campement, donc. Qu’allait-il faire d’elle ? La laisser là, et lui dire de retrouver son chemin jusqu’à la cité maudite revenait à la condamner à une mort cruelle, surtout après l'avoir sauvée. Il l’avait pris avec lui, elle était son fardeau à présent. La brune avait décidé de  l’écouter, il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir si elle le suivait : il entendait ses petits pas pressés et maladroits trottiner derrière lui. A chaque fois qu’elle trébuchait, le rythme s’entrecoupait, se ponctuait d’un souffle de surprise, d’une inspiration soulagée, Eccho roulait des yeux sans s’arrêter, puis elle reprenait sa course. Petit à petit, ses pieds semblèrent s’habituer aux obstacles, mais pas au rythme. A son bras, elle tentait peut-être de freiner sa progression mais fut surprise par l’envol d’un oiseau. Cette fois, aucun cri, aucune exclamation, juste un petit sursaut.

Désespérant. Eccho le pensa si fort qu’elle l’entendit certainement, et baissa la tête. Il regretta aussitôt d’être aussi dur avec quelqu’un qui n’avait jamais vécu à l’extérieur. Il ralentit le pas, toutefois. Depuis qu’il était né on lui avait enseigné à se mouvoir sans déranger la faune et la flore, à rester silencieux pour mieux observer. Elle ne savait pas, et survivre à l'extérieur n'était pas une chose innée, c'était quelque chose que tous les initiés devaient apprendre. Une fois de plus, il entendit les pieds malhabiles s’empêtrer dans une branche. Il scruta les environs jusqu’à trouver ce qu’il cherchait là : une racine, sortant du sol. Il s’arrêta devant, et attendit qu’elle le rejoigne. Peut-être crut-elle à un défi, enjamber l’obstacle sans tomber ? Avant qu’elle n’approche plus, il lui barra la route du bras, puis se pencha un peu vers elle pour ne pas avoir à élever la voix.

— Tu regardes, mais tu ne vois pas. Tu regardes, tu meurs.

Il se baissa pour attraper un long bout de bois. Doucement, il s’en servit pour soulever la racine. Incroyable : la racine semblait molle et souple, il y eu un sifflement mécontent, et le serpent rabattit sa queue contre son corps, puis la fit disparaître dans les fougères. Eccho échangea un regard avec la jeune femme.

— Si tu vois, tu lèves les pieds, conclut-il. Il allait se redresser mais la sentait encore mal à l’aise ou peut-être pétrifiée à l’idée de ce qui aurait pu lui arriver si elle avait voulu enjamber le serpent, ou pire si elle se l’était pris dans les chevilles. Un moment de silence passa, puis comme pour répondre à ce qu’elle devait penser d’elle-même, incapable de rien dans cette forêt, il posa sa main sur son épaule, yeux dans les yeux : Tu n’es pas stupide. Tu apprends. Ceux qui ne t’ont pas appris, eux, sont stupides.

Il se redressa et reprit le pas vers le Nord, ils ne devaient plus être très loin, il pouvait entendre la rivière. Restait à retrouver l’arbre qu’il avait marqué de son symbole habituel ‡. Lorsqu’il l’aperçut, il fit une grimace en s’approchant, observant au les branchages au dessus de lui. Il regarda son avant-bras agacé, puis la jambe éraflée, et son avant-bras à nouveau. S’il avait été seul, il aurait dû prendre sur lui pour atteindre ses affaires de lui-même, quitte à aggraver sa blessure. Ou il aurait dû s’en passer. Aucune de ces solutions ne l’enchantait, mais ce qui l’enchantait encore moins, c’était de demander de l’aide. Il soupira, et fit signe à la brune de s’avancer pour « voir ». Là-haut, un sac de cuir était accroché par des lianes à une épaisse branche. Il sortit son couteau et le lança à côté de la besace pour qu’il se plante dans l’écorce. Là, au moins il était sûr qu’elle ne tomberait pas avec l’arme, ni qu’elle ne la ferait tomber sur lui.

—  Ca m’arrache la gueule de te le dire, mais j’ai besoin que tu grimpes, Poussin.

Il lui avait bien semblé que ce petit quolibet lui avait hérissé le poil, et puisqu’elle refusait de donner son nom d’elle-même et que lui, se refusait de s’abaisser à lui demander, il l’appellerait comme bon lui semblerait.




Dernière édition par Maître du Jeu le Ven 19 Mar - 19:51, édité 1 fois
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Jeu 18 Fév - 20:53
Le duo traçait sa route, apparemment Eccho savait où il allait. Ce qui n'était pas le cas de Jezabelle qui suivait assidûment son guide. Une nouvelle fois, elle manqua trébucher mais se rattrapa au dernier moment. Puis elle vit l'homme stopper d'un coup. Elle jeta un coup d'oeil autour et ne vit rien. Elle leva alors un sourcil, ne comprenant pas vraiment ce qu'il faisait. Lorsqu'il se baissa près d'elle, elle ne comprit pas non plus le nouvel enseignement. Jusqu'à ce que le chasseur se baisse plus bas et lui démontre ses dires par la preuve. La jeune femme eut un léger mouvement de recul en voyant la bête qui rampa plus loin dans les feuillages. Qui sait ce qui aurait pu se passer s'il ne l'avait pas arrêté avant ? Elle déglutit en y pensant et se sentit de moins en moins en confiance au milieu de cet environnement inhospitalier.

Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Au milieu de tout ça ? Après tout, elle n'avait pas été très loin en tombant dans le trou, elle aurait peut-être pu essayer de retourner sur ses pas et retrouver ses employés... Pourquoi l'avait-elle suivit dans ce calvaire... Elle n'était clairement pas à sa place ici, rien ne la poussait à rester là et à braver les dangers. Cependant, à présent, elle ne pouvait faire machine arrière. Elle était allée trop loin et sa vie ne dépendait plus que du chasseur avec elle.

Comme s'il avait senti son désarroi, il lui posa sa main sur l'épaule et plongea son regard dans le sien. Il... la rassurait ? Ou alors elle avait peut-être rêvé... Encore une fois son coeur rata un coup et son souffle se coupa une seconde. Ces yeux... comment pouvait-on avoir pareil regard ?... Il reprit finalement son chemin et Jezabelle sortit d'un coup de sa rêverie. Trottinant un peu, elle finit par le rejoindre et le suivre à nouveau, prenant bien garde de là où elle mettait ses pieds. Plus ils marchaient, plus un bruit se faisait entendre. La jeune femme tendit un peu l'oreille, essayant d'identifier le son. C'était comme... de l'eau ? Une rivière peut-être ? En y pensant, elle ne pouvait rêver à un bon bain pour retirer toute cette crasse et ce sang collé sur elle. Elle était perdue dans ses pensées et finit par buter dans l'homme devant elle, arrêté une nouvelle fois en pleine route.

Cette fois, il fixait un arbre. Jezabelle resta plantée à côté de lui, voyant son regard chercher visiblement quelque chose de particulier. Était-ce un autre test ? Un autre enseignement ? Visiblement, quelque chose l'agaçait vu le soupir qu'il poussa. Elle pencha légèrement la tête sur le côté et suivit finalement son regard en haut de l'arbre. En plissant un peu les yeux elle vit effectivement la besace.

La première partie de la phrase la fit sourire, le petit surnom par contre lui hérissa les poils de l'échine de bas en haut. Une sensation d'agacement mêlée à... non... elle n'avouerait jamais qu'au fond, très au fond d'elle-même, elle appréciait de plus en plus ce petit nom qu'il lui donnait... Elle fronça alors les sourcils et serra les poings le long de son corps. Puis elle souffla et détourna le regard, ne voulant pas qu'il se rende trop compte qu'elle s'agaçait plus pour la forme qu'autre chose.

"Jezabelle..." souffla t-elle à demi-mots. "C'est mon nom..."

Puis elle croisa les bras sur sa poitrine et se tourna vers l'arbre en soupirant. Comment diable allait-elle monter là-haut ? Elle avisa quelques points assez faciles d'accès et le couteau allait véritablement aider pour atteindre la branche la plus haute. Restait à savoir si elle allait y arriver... Elle soupira une seconde fois et se lança. Après tout, s'il lui avait demandé son aide, c'était qu'il n'avait probablement pas d'autres choix. Alors qu'elle amorça l’escalade de façon non assurée, elle le sentit lui prêter main-fort en poussant à nouveau son petit derrière de sa main. Elle retint un cri de surprise et se contint car cela l'aidait pour sûr à progresser. Petit à petit, la jeune femme se hissait toujours plus haut dans l'arbre. La besace se rapprochait et elle put bientôt l'atteindre. Elle tendit sa main et glissa légèrement sur la branche. Fort heureusement, elle se retint et se stabilisa quelques secondes. Bien mal lui en prit de regarder au-dessous d'elle, ses membres tremblèrent et elle agrippa la branche un peu plus fort. Elle se força à reprendre son calme et reprit son ascension. Finalement, elle atteint son but et s'empara du sac de cuir avant de faire machine arrière par le même chemin qu'elle avait emprunté. Quelques centimètres avant le sol, elle glissa à nouveau et sentit la main de l'homme l'arrêter en se posant sur sa hanche. Les joues de Jezabelle rougirent instantanément et elle resta quelques secondes face à l'arbre pour cacher son trouble.

"Je... Tiens !" fit-elle en lui jetant presque le sac dessus sans oser le regarder.

Elle se sentait tellement stupide de réagir comme une jeune fille en fleurs. Pourquoi... pourquoi est-ce qu'il lui faisait autant d'effet ? Après tout, il était sûr de lui et elle n'était visiblement qu'un fardeau pour lui. Nul doutes qu'après cette histoire il ne se souviendrait même plus d'elle. Mais pourquoi est-ce qu'elle pensait à ça d'ailleurs ?! Elle non plus elle ne songerait plus à lui ! C'était certain !

Jezabelle jeta un oeil à Eccho. Le voyant trifouiller avec quelques peines dans sa besace elle laissa ses bras pendre le long de son corps et se résigna à s'approcher de lui. Elle étudia rapidement son bras meurtri et fit une légère grimace en voyant l'étendue des dégâts.

"Est-ce que... tu veux que je t'aide ?" lui demanda t-elle alors. "Je sais que je suis un peu pataude mais si tu me guides pour les soins, je pense que ça sera plus pratique que d'essayer de te le faire toi-même."

Elle était sincère dans sa voix. Après tout, il aurait pu la laisser mourir seule dans cette forêt. Et même s'il avait des petits côtés horripilants, elle lui devait bien ça. D'autant plus qu'elle n'avait que des blessures superficielles et que cela pouvait attendre.
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Jeu 18 Fév - 23:33



Jezabelle. Un nom original, agréable à l’oreille. Elle n’aimait pas beaucoup qu’on se moque d’elle, et quand on lui en donnait l’occasion, elle était encline à apporter son aide. Redescendue avec le bien en main, elle le lui jeta comme s’il contenait une créature dangereuse. Eccho le rattrapa, relevant un sourcil étonné sans faire le lien. Allez savoir avec les femmes. Elle était troublée, quelque chose la tracassait. Le nomade l’observa un moment sans rien dire, attendant la suite, une réprimande, un reproche. Non ? Non, elle ne disait rien, et fuyait son regard, et pour tout dire c’était un comportement tout à fait nouveau pour lui. Il resta bête et immobile, puis accepta cette curieuse situation sans broncher. Il ouvrit le sac et fouilla à l’intérieur, mais déjà, la jeune femme s’était rapprochée de lui pour proposer son aide, en avouant toutefois, qu’elle ne s’y connaissait pas beaucoup en premiers soins. Ses pupilles jade observèrent silencieusement encore cette demoiselle toute crottée faire cette curieuse danse : trois pas en avant, deux pas en arrière, en alternant deux cavaliers : la colère indignée et l’attraction incompréhensible. Il pencha la tête sur le côté à l’instar d’un animal qui cherchait à comprendre un nouveau jeu alors qu’on refusait de lui expliquer les règles ou le but.

— Pourquoi toi, tu ne me dis pas ce que tu veux ? fit-il à voix basse. Il ne la lâchait pas des yeux, comme s’il essayait de saisir un secret qu’elle refusait de dire. Elle se laissait diriger par lui comme s’il était son protecteur ou son frère de sang, mais elle ne le connaissait pas. Il la trimbalait comme une enfant, l’initiait aux bases de la survie, mais elle n’était pas de sa tribu et ne méritait pas sa protection. En réalité, elle faisait parti du groupe de chasse shog qui avait pénétré sur leur territoire. Un arrière-goût de mépris lui vint en bouche, il le cracha aussitôt, ponctué d’un « Shogs ! » . Il aurait dû la tuer, elle et son groupe. Quand on ne connaît pas, tout est plus facile et détaché. Un animal comme un autre. Il s’avança calmement et attrapa son visage dans sa main droite pour la forcer à voir le regard qu’elle fuyait. Fatigué, troublé, il avait totalement oublié de récupérer le couteau qu’il avait laissé à la jeune femme. Peut-être qu’elle aussi, d’ailleurs, avait oublié qu’elle aurait pu se défendre avec cette arme. Elle resta pétrifiée de stupeur. Il se pencha pour approcher son visage du sien, comme si cette proximité lui révèlerait quelque chose de nouveau. Mais rien.

— Je te regarde, mais je ne te vois pas, conclut-il avec une grimace agacée en la relâchant. Il se redressa, fit un pas en arrière et c’est là qu’un scintillement attira son attention. Là, dans sa main serrée, Jezabelle tenait fermement son couteau.

— La prochaine fois, n’hésite pas, soupira-t-il un brin désespéré. Puisque je ne te tue pas, et que tu ne me tues pas, lave-toi les mains jusqu’aux coudes.

Il se laissa choir sur un rocher, au bord de la rivière, posa sa besace derrière lui et se rinça les mains de la boue qui les couvrait. Se tournant vers l’échouée pour qu’elle suive les étapes, il enleva le tissu imbibé de sang qui lui enroulait le bras gauche. La plaie était sale et encroûtée par endroits et profonde. Avec sa main libre, il sortit une petite trousse de la besace. Du pouce et de l’index, le nomade desserra deux attaches, puis déroula le pan de cuir près de Jezabelle, étalant son contenu devant eux. Au bout, une hachette semblable à celles qu’on pouvait trouver dans les boucheries pour séparer les morceaux au niveau des articulations. Des lanières cousues maintenaient des petits objets : du fil, des aiguilles taillées dans de l’os, des pinces en fer, des lames très fines et tout aussi tranchantes, des bandes de tissus propres et enroulées et un morceau de bois. Pointant la pince du doigt, il lui indiqua qu’elle devait récupérer les objets étrangers coincés dans la plaie, notamment des graviers et une griffe de félon.

— Vous autres, Shogs, n’êtes pas les bienvenus sur nos terres. J’aurais dû te tuer, Jezabelle. Mais quel genre d’homme abat une femme seule, même une sang-maudit ? En t’abandonnant, tes chasseurs t’ont sauvée.


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Ven 19 Fév - 2:44
La jeune femme avait à coeur de l'aider du mieux qu'elle pouvait. Elle était prête à écouter et apprendre, comme elle s'était résolue à le faire depuis qu'elle avait failli périr des griffes d'un félon. Seulement, au lieu d'accepter sans broncher, il se contenta de la fixer. Jezabelle se sentit tout de suite mal à l'aise, c'était comme si on sondait l’intérieur de son âme... Et cette phrase... Ce qu'elle voulait ?... Ce qu'elle voulait... Est-ce que seulement elle le savait ? Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle détourna le regard, comme pour fuir tout ce qu'elle pouvait éprouver, tout ce qui s'embrouillait dans sa tête. Elle essaya de réfléchir mais en vain. Et c'est alors qu'il la força à revenir vers lui. Vers ses yeux...

Mais la façon dont il l'avait attrapé... Il était là, tout près de son visage, à lui murmurer quelque chose dont elle n'arrivait pas à saisir le sens. Et sans même s'en rendre compte, ses doigts se crispèrent sur le couteau qu'elle avait en main. Elle ne pensait même plus à cette arme, elle l'avait récupéré pour la lui rendre et finalement, elle l'avait gardé, sans doute par réflexe défensif. Elle s'était jurée que plus personne ne l'attraperait de cette manière, plus personne ! Et pourtant... elle hésitait. Pourquoi ? Seuls les Dieux le savaient. Elle, elle se maudissait de ne pas frapper cet homme qui osait porter la main sur elle de la sorte. Son pouls s'était considérablement accéléré, ses poings étaient serrés à tel point que les jointures blanchissaient, sa fureur était belle et bien là. Et pourtant elle hésitait...

Lorsqu'il finit par la lâcher, elle revint au présent, un peu déboussolée. "N'hésite pas"... Il aurait pu la tuer là alors qu'elle n'avait rien fait. Une nouvelle fois, elle se haïssait d'avoir été inapte à réagir, hypnotisée par l'homme face à elle. Elle soupira alors et se rapprocha de lui tandis qu'il s'était assis sur le rocher. Elle déposa l'arme près d'eux sur le sol et s'exécuta. Elle apprécia instantanément l'eau sur ses mains, sentant le sang et la terre se détacher non sans peine de ses doigts. Elle dût prendre plusieurs secondes avant de les voir à nouveau propre. En faisant cela, elle ne manquait pas un seul des mouvements qu'il lui montrait. Elle apprenait, elle le devait si elle voulait survivre. Nul ne savait combien de temps elle allait rester là en pleine forêt. D'autant plus qu'à voir la lumière décroitre et le froid se renforcer, il ne tarderait pas à faire nuit d'ici quelques heures seulement.

Nul doute qu'au vu des objets qu'il lui présentait, il était clairement chasseur. La hachette fit tiquer la jeune femme et de façon automatique, elle rapprocha le couteau qu'elle avait posé au sol vers elle. Elle n'aurait clairement pas l'avantage si cela venait à dégénérer mais elle ne mourait pas sans se défendre. Elle tendit sa main vers la pince afin de l'aider à nettoyer sa plaie, comme elle lui avait proposé mais stoppa net son geste lorsqu'il parla. Une fois de plus, leurs regards se croisèrent. Elle ne savait pas si elle devait être reconnaissante envers les chasseurs, envers l'homme face à elle ou bien attraper une arme et en profiter pour l'abattre alors qu'il était en état de faiblesse. Lui-même lui avait dit de ne pas hésiter. Mais elle choisir de ne pas le faire et de continuer.

"Je comprends" se contenta t-elle de répondre en reprenant son acte.

Avisant la situation, elle fit vite la déduction de ce qu'elle allait devoir faire si elle voulait au moins soulager cette blessure. Elle attrapa les pinces et respira un bon coup pour établir un semblant de calme. Trifouiller des volailles et des poissons passait encore. Trifouiller des humains c'était tout autre chose... Elle s'efforça donc de se convaincre que ce bras n'était rien de plus qu'un gigot, juste un bout de viande comme un autre. Et tout naturellement, elle usa de l'instrument afin de retirer un à un les petits éclats de la plaie. La griffe donna plus de fil à retordre, elle était assez bien enfoncée dans la chair et Jezabelle avait peur que le sang coule plus encore si elle s'y prenait trop vite. Sans se presser, elle la tira tout doucement, la faisant bouger quelques fois sur un côté ou un autre pour la déloger. Elle ne portait plus attention à Eccho, elle n'avait qu'un bout de viande devant elle. Enfin, la serre fut extraite sans trop de dommages. Elle ne put réprimer un petit sourire de demi-victoire pour s'en être aussi bien tiré.

Jezabelle continua ainsi en suivant plus ou moins les directives du blessé. Elle lava la plaie et se mit alors à recoudre. Encore une fois, elle s'imagina coudre du tissu plutôt que de la peau et entra dans son monde. C'était sa façon à elle d'esquiver les choses trop désagréables. La plupart du temps, ça fonctionnait. Mais quelques fois les démons étaient trop présents pour être évincés par une rêverie... Cela prit un peu de temps. Bien qu'assidue, ce n'était pas la spécialité de l'élève. Pour le coup, elle goutait plus qu'elle ne voulait à la vie de nomade.

Tiens, nomade... Elle fronça légèrement les sourcils. Peut-être que... Et cette phrase qu'il avait prononcé... Elle y avait vaguement fait attention, ne faisant pas vraiment le rapprochement. Mais maintenant que la lumière s'allumait enfin dans sa caboche, elle se sentait totalement idiote de ne pas y avoir pensé avant. Sans doute que la terre qui recouvrait l'homme l'avait totalement perdu. Sans parler de ses yeux... Rien qu'en y pensant, elle piqua Eccho plus qu'elle ne l'aurait voulu.

"Désolé..."

Une fois fini, elle le laissa contrôler le résultat. En voyant son sourcil se lever et le fait qu'il ne fasse aucun commentaire sur le sujet appuya un travail étonnamment soigné pour une première. Elle-même était plutôt fière d'elle pour le coup. Elle passa par la suite une bande autour du bras et la fixa assez bien pour que cela tienne. Puis elle le laissa finalement ranger le tout, ne voulant pas mettre le bazar là dedans.

Jezabelle soupira une nouvelle fois. Elle leva la tête, la lumière avait encore faibli et elle trembla quelque peu. Ayant perdu sa cape en tombant comme une gourde dans ce piège et ces vêtements étant déchirés presque partout, elle sentait clairement la fraîcheur automnale. La fatigue qui faisait peu à peu son apparition n'aidait pas spécialement. Elle se mit à fixer l'eau et aurait tout donné pour se rincer entièrement dedans. Mais cela voulait dire paraître nue devant lui... La jeune femme s'approcha néanmoins de la rivière et jeta un coup d'oeil. Elle avait à présent peur de tomber sur une bestiole à chaque recoin. Mais fort heureusement, il n'y avait l'air d'avoir aucun poisson mangeur d'homme ici. Elle plongea ses jambes dans le flot continu et un grand sentiment de bien-être la parcourut instantanément. Maintenant qu'elle y songeait, elle ne sentait même plus les coupures qu'elle avait sur la poitrine. Celles-ci étaient couvertes de sang séché et collaient à ses vêtements déchirés. Cependant, elle s'en fichait pour le moment. Elle balançait ses jambes dans l'eau, voyant les couleurs qui la couvraient auparavant s'échapper dans les ondulations.

Il n'y avait plus rien autour, elle se plongeait à nouveau dans un de ces mondes où rien ne pouvait l'atteindre. A demi-consciente de son environnement, elle réfléchissait à toutes sortes de choses. Et comme s'il était seule au monde, elle se mit à chantonner doucement. Elle avait soudain une attitude résignée sur son sort. Elle était perdue au milieu de la forêt avec pour guide un nomade qui lui avait clairement signifié qu'il pourrait la tuer au moindre instant alors que la nuit et le froid allaient bientôt les envelopper. Elle ne savait pas vraiment comment s'en sortir alors pourquoi s'en faire après tout ?... Si cela devaient être ses derniers moments de vie alors elle ne voulait pas les passer dans la peur. Elle avait trop longtemps vécu dans la peur et les ténèbres. Elle ne voulait plus ça.

"Tes yeux..." dit-elle alors, s'arrêtant de fredonner. "Ils m'hypnotisent..."
Maître du Jeu
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Ven 19 Fév - 12:10



Comprenait-elle vraiment ? Même lui, il n’était pas certain de comprendre pourquoi il l’avait épargnée. Peut-être ce côté fragile, égaré, le fait qu’elle ne soit pas une chasseresse aussi. La jeune femme donnait le meilleur d’elle-même s’appliquant soigneusement. Elle ne levait même plus le nez de la blessure tant elle était concentrée sur sa travail. Un peu trop, même. Quand l’aiguille le piqua, il souffla sa surprise et serra les dents, elle s’excusa. Le travail était propre pour une débutante, certainement mieux fait que s’il avait dû le faire lui-même avec une seule main. Jezabelle voulut bander le bras à nouveau, il l’en empêcha. Il comptait bien se débarrasser de la crasse qui lui encroûtait le corps sans salir le pansement propre. Ses vêtements avaient durci aux endroits où la boue et le sang avaient séché. Voyant que Jezabelle trempait ses jambes dans l’eau en fredonnant, il descendit plus bas dans le courant pour lui laisser l’eau propre. Il glissa dans la rivière et se débarbouilla le visage dévoilant un tatouage qui prenait toute la partie gauche de son visage et disparaissant dans sa barbe et ses cheveux. Ses vêtements retrouvèrent leur souplesse dans l’eau, il s’en débarrassa pour les entasser sur la grève.  Une tâche boueuse se mit à flotter autour de lui alors qu’il retrouvait des couleurs humaines. Son corps était sculpté par la vie rude qu’il menait à l’extérieur, par l’activité intense de la chasse. Quelques cicatrices couturaient son torse mais ce n’était rien comparé à son dos. Les marques avaient été partiellement recouvertes par des tatouages à l’encre noire qui exprimaient son histoire, sa tribu d’origine mais aussi sa foi envers les dieux. Les nomades n’avaient aucune pudeur, il ne faisait pas exception. Ils survivaient ensemble, s’éloigner du groupe pour des raisons futiles était suicidaire. Enfin propre, il s’attela à la tâche la plus harassante : frotter ses vêtements. Enfin ses braies, car il n’y avait plus grand-chose à tirer de sa chemise. Il battit furieusement le tissu dans l’eau, l’essora et se revêtit. Le fredonnement se stoppa, il se retourna pour voir si la shog était toujours là. Physiquement, elle l’était, mais son esprit était ailleurs. Elle lui parlait de ses yeux et pour la première fois, il préféra les baisser.

— Des yeux de Shog, comme il doit y en avoir bien d’autres, fit-il avec amertume. Elle aussi avait ce genre d’yeux, et dans l’esprit du nomade, tous les Sang-maudits portaient les mêmes yeux que lui. Comment aurait-il pu penser autrement, lui qui n’en avait que très peu croisé dans sa vie. Il devait l’avouer, il n’avait pas non plus l’habitude de vérifier la couleur des yeux des cadavres qu’il laissait derrière lui. Marchant contre-courant dans l’eau qui lui arrivait à la taille, il revint près d’elle et attrapa un de ses pieds. Sur sa jambe, la griffure  superficielle qu’elle avait reçue était encore un peu enflée et rougie, mais l’eau claire l’avait nettoyée. Conservant  sa main autour du petit pied nu, il releva les yeux.

— T’aimes pas l’eau ? T’as des gênes de félon, non ? demanda-t-il avec un sourire en coin. Sans attendre la réponse, il tira d’un coup sec la jambe vers lui, entraînant la crasseuse qui y était attachée dans l’eau.


Jezabelle Linderoth
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Ven 19 Fév - 16:43
La jeune femme était encore un peu absente alors qu'elle avait formulé ces mots. Et pas totalement là non plus lorsqu'il lui prit le pied. Elle avait cependant noté sa réaction après son aveu, il n'avait pour une fois pas fait de remarques ou ne s'était pas pris pour un professeur. L'aurait-elle blessé ? C'était pourtant là la vérité, chaque fois qu'il la regardait elle ne pouvait se détacher de son regard et perdait tous ses moyens. Et elle se maudissait pour cela.

Le sourire en coin accompagnant la question l'interrogea. Mais avant même qu'elle percute, elle chuta dans la rivière. Non, il l'avait tiré dans l'eau, nuance. La voilà donc se débattant comme une diablesse, agitant les bras et essayant de nager alors même qu'elle n'avait aucune notion. Jusqu'à ce qu'un gros bras la sorte de là et qu'elle se rende compte qu'au final, elle avait bien pied... Cependant, elle était plus petite que lui. Et si l'eau arrivait à la taille d'Eccho, Jezabelle en avait largement jusqu'en dessous la poitrine.

Elle ramena ses cheveux noir de jais en arrière et lissa ses vêtements pour essayer de retirer le plus de terre possible. Les couleurs se mélangeaient à nouveau à la rivière et finirent par s'étirer le long du courant. Son haut collait à présent à son corps non pas à cause de la boue et du sang mais simplement de l'humidité et ses formes paraissaient nettement. Elle n'avait d'ailleurs pas noté à quel point il était déchiré, plus encore que ce qu'elle ne pensait et qu'elle n'aurait voulu... Sa peau laiteuse commençait à apparaître au fil de l'eau et ses coupures se nettoyaient d'elles-même. Un moment, elle fut furieuse contre lui. Mais ce fut vite balayé par la sensation agréable que la source procurait sur sa peau.

Jezabelle releva enfin la tête. Et elle constata à présent pleinement consciente les différentes marques sur le corps de son guide. Elle traça de ses yeux les contours des cicatrices et s'arrêta sur ses tatouages. C'était comme si tout était suspendu et qu'elle prenait pleinement le temps de l'étudier sous toutes les coutures. Un moment sa main se tendit vers sa joue et elle toucha sa peau doucement. Puis ses doigts passèrent sur ses lèvres lentement. Elle les trouvait si douces paradoxalement malgré sa vie apparemment rude. Et elle se perdit une nouvelle fois dans ses yeux...

"Moi je les trouve très beaux tes yeux..." souffla t-elle alors.

Son coeur battait à tout rompre. Elle se demandait ce qu'elle faisait là au juste et pourquoi elle réagissait comme ça. Une pointe la lança dans le bas ventre. Une douleur ? Non... C'était assurément autre chose... De la peur ?... Non... Du... désir ?... Non... Non ! Ce ne pouvait être ça ! Elle ne pouvait pas... Et si... Non...

"Non !" dit-elle en se détachant de lui.

Elle ne pouvait pas se donner à lui, à cet inconnu, ce malotrus. Et qui disait que lui voudrait... Non. Les hommes étaient tous les même, il ne lui ferait que du mal. Et d'ailleurs, est-ce qu'elle aurait mal à cause de... ça. En y pensant elle porta la main à son ventre, juste sur cette immonde cicatrice qui lui gâchait la vie depuis ce jour. Elle commençait à reculer avec peine alors que le courant était toujours là. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était que l'homme lui tenait fermement le poignet et l'empêchait cruellement toute fuite...
Maître du Jeu
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Ven 19 Fév - 19:04



Comme un petit chat, surpris d’être mouillé par l’eau, Jezabelle se débattait sans se rendre compte qu’elle tenait debout à cette profondeur. Il la souleva pour la remettre sur pied, la sentit un peu agitée contre ses bras. Très vite, elle se ressaisit, drapée dans sa dignité, elle ignora tout bonnement le fait qu’elle avait failli se noyer dans 1m10 d’eau et entreprit sa toilette. Ses vêtements en lambeaux ne se laissait pas juste voir ses formes, il les découvrait par endroits, ce qui n’était pas pour déplaire à la plupart des hommes. Pourquoi feindre le désintérêt ? Point de honte à regarder ce qui s’étalait devant ses yeux, il la contempla alors qu’elle finissait de rincer sa longue chevelure jais. Non loin d’elle, il n’eut qu’à tendre la main pour que ses doigts se glissent dans la crinière éparpillée par le courant. Les ondulations des mèches avaient quelque chose de fascinant. Il se laisser emporter dans l’absence de réflexion en regardant leur curieux ballet, puis il sentit qu’on l’observait lui aussi. Ils se noyèrent un long moment dans les yeux l’un de l’autre. Il n’y avait pas besoin de parler pour comprendre sur quel fil leurs désirs se dansaient. Les doigts de sa main gauche coiffèrent encore la cascade de cheveux. Leurs lèvres, si proches, courtisaient le même souffle d’hésitation. Ce qu’on veut parfois, on ne l’obtient que par sa propre volonté de l’acquérir. Ce n’était pas à lui de prendre, mais à elle d’exiger et pourtant...

Cet instant où tous les possibles se côtoient, cet équilibre en suspens, vola en mille éclats quand subitement elle s’écarta sans demander son reste. Par réflexe, Eccho saisit son poignet pour la retenir, comme si quelque chose de très fragile venait de lui glisser des doigts et qu’il ne pouvait pas le laisser se briser sur les galets ou se faire emporter par le courant. Il ne comprenait pas cette réaction, il n’avait d’ailleurs jamais vécu ce genre de situation où ses actes et peut-être même ses désirs pouvaient primer sur ceux d’une femme. En revanche, le mélange de peur et de douleur qu’il lut dans ses yeux ne lui échappa pas, et le refroidit aussitôt. D’une main tremblante, elle pressait son bas-ventre. Il fronça les sourcils, mâchoire serrée. Oh, il ne savait que trop bien le genre souffrance qu’on pouvait faire subir aux femmes. La terreur qu’elle ressentait n’était certainement qu’une fraction de l’horreur qu’elle avait dû vivre. Il aurait été plus habile de lui laisser de l’espace et de la laisser s’éloigner, d’agir calmement, c’était peut-être ce qu’elle voulait, mais ce n’était pas ce dont elle avait besoin ; il en avait la certitude.

— Non, c’est non, fit-il simplement sans la lâcher. Il était un nomade, pas un sauvage. On l’avait élevé dans le respect du sexe qui l’avait mis au monde, ce n’était pas une malédiction qui changerait ça, pas pour lui en tout cas. Son visage avait pris un air grave et inquiet. Il avait bien du mal à garder son calme, étant donné ce qu’il s’imaginait. Il n’avait jamais été témoin d’un Ex Maatricis, cependant il avait déjà rencontré une exilée qui en avait fait les frais. Le comportement de cette femme meurtrie dans sa chaire et dans sa féminité lui évoquait celui de celle qui se tenait à présent devant lui, quelque peu effarée par son simple contact. Le courant la repoussait doucement vers lui, il s’approcha pour la tirer hors de l’eau et la déposer sur le rocher, jambes à flot. A présent trempée, mais propre, elle voulut rabattre ses genoux contre sa poitrine pour se protéger de la fraîcheur du soleil déclinant et du regard de l’homme qui lui faisait face, mais les paumes chaudes qui maintenaient ses genoux l’en empêchèrent.

— Non, rappela-t-il en la cherchant des yeux. Acculée, elle préférait regarder ailleurs. Il passa une phalange repliée sous la mâchoire aux contours doux pour la confronter à son regard. Tête haute. Maintenant, tu me laisses voir ce qui fait mal à ton coeur.

D’un mouvement du menton, il avisa le point sur son bas-ventre qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de presser alors que la douleur se ravivait.


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