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Claircombe  :: Titre :: Quartier Amaranthis :: Dans le fond d'un verre ::
Dans le fond d'un verre
Meryl
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Lun 2 Nov - 9:21
Dès que les Amaranthis faisaient quelque chose, c'était toujours avec arrogance et ostentation ; les tavernes ne leur quartier n'échappaient pas à la règle, si bien que le terme de « taverne » paraissait trop vulgaire pour décrire ces lieux où la jeunesse venait s'encanailler et goûter à tous les interdits. Contrairement aux Ascaniens qui abhorraient toute forme de débauche, les Amaranthis ne voyaient pas de problème à consommer alcool et drogue au vu et au su de tous. Ainsi, il n'était pas rare que l'air de ces établissements soit surchargé des volutes de Lotus Noir, la drogue du moment. Meryl y avait déjà goûté, plusieurs fois. Heureusement pour elle, ses finances ne lui permettaient pas de s'offrir souvent ce plaisir, ainsi aucune addiction n'était encore à déplorer.

Elle ne fréquentait pas ce lieu par fantaisie, loin de là. Si elle devait être tout à honnête, c'était chez les Utgardiens qu'elle s'amusait le plus. Malheureusement, chez les Utgardiens, il y avait des Utgardiens, et ça, c'était nul. Même lorsqu'il s'agissait de prendre du bon temps et de se détendre, les Amaranthis étaient toujours trop bien habillés pour elle. Ici, elle dénotait complètement, et seul l'état d'ébriété des personnes présentes faisait qu'elle passait relativement inaperçue. De toute façon, elle n'était pas vraiment là pour passer un bon moment, enfin pas tout à fait. Elle était là pour Lui. Une semaine qu'elle lui filait le train, une semaine que l'entièreté de son attention était focalisée sur lui, et rien d'autre que lui. Il n'avait d'ailleurs jamais rien remarqué, preuve s'il en était que ses pensées, aussi obscures soient-elle, arrivaient à lui faire oublier le reste du monde.

Lorsqu'elle l'avait suivi ici, elle pensait que pour une fois elle allait le voir se détendre, faire tomber le masque et prendre un peu de bon temps. Quelle erreur ! Son austérité naturelle était rehaussée par toute la joie qui l'entourait et dont il semblait imperméable. C'est à peine si elle l'avait vu sourire, il se contentait de boire, parfois le vin dans son verre, parfois l'étrange mélange qu'il gardait toujours sur lui et qu'elle suspectait de ne pas être un simple jus de citrouille. Et autour de lui, comme s'il dégageait une aura de malheur malgré lui, on ne lui accordait pas un regard, on le fuyait presque.

Meryl aurait donné n'importe quoi pour connaître les pensées de son triste Amaranthis et luttait contre l'impulsion de le rejoindre pour poser une main sur son épaule et lui dire que tout irait bien, quelle que soit l'origine de son malheur. Tout ce qu'elle savait de lui était ce qu'elle avait pu glaner au cours de cette semaine, et c'était bien peu. Elle savait qu'il était méticuleux et soigné, que les gens du quartier appréciaient son travail et qu'il était parfois le dernier recours de certains pour soigner le mal qui les affligeait. Mais c'était toujours difficile de juger quelqu'un sur la qualité de son travail, surtout un Amaranthis. Cela en disait finalement si peu.

Elle ne savait pas bien si c'était tout cet alcool qu'elle avait ingurgité, ou si les vapeurs de Lotus Noir lui montaient à la tête, mais elle commençait à envisager sérieusement l'idée d'aller lui parler. Cette comédie avait assez duré après tout. Elle devait lui dire, tout lui dire. Et de préférence avant qu'il soit trop enivré pour être capable de lui répondre dans un langage qu'elle comprendrait. Pour la première fois de sa vie, elle était intimidée. Quelqu'un l'intimidait ! Allait-elle seulement réussir à aligner correctement les mot ? Rien n'était moins sûr et l'idée de passer pour plus idiote qu'elle ne l'était la terrifiait.

Pourtant, et sans y réfléchir plus avant, elle avança vers lui, esquivant les corps enlacés des danseurs au milieu de la pièce, comme un aigle vers sa proie. Un aigle terriblement éméché et absolument pas sûr de lui. Sûrement habitué à être ignoré, il leva à peine les yeux vers elle. Elle alla s'asseoir en face et faillit faire un commentaire banal à propos de la chaleur qui régnait ici tout en s'éventant d'une main avant de se rétracter, craignant que cela passe pour de la coquetterie. Le genre de coquetterie insupportable.


- Quelle que soit la question, la réponse ne se trouve pas au fond de ce verre, lui dit-elle pour attirer son attention.

Elle était bien placée pour le savoir : elle en avait vidé beaucoup, et aucun n'avait été capable de lui dire si tout ceci était une bonne ou une terrible idée. Maintenant qu'elle était près de lui, elle voyait distinctement les pupilles dilatées de son triste Amaranthis, même dans la pièce mal éclairée. Non, définitivement, ce n'était pas du jus de citrouille dans cette fiole.


- Je suis désolée de vous aborder comme ça, vous préférez peut-être rester seul ?

Toujours laisser une porte de sortie sinon les gens se mettaient à paniquer, mais elle le supplia intérieurement de ne pas l'envoyer balader. Pas tout de suite. Pas après avoir réuni tant de courage.
Adrian Mayr
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Lun 2 Nov - 13:52
Un verre, puis deux, puis trois...Laisser trainer le troisième, le quatrième suivra bien assez tôt.

Voila maintenant deux bonnes heures qu'Adrian scrutait le nectar enivrant qui lui embrumait de plus en plus l'esprit. Il ne relevait la tête pratiquement que pour commander un autre verre, n'ayant guère envie de se joindre à la débauche ambiantes. Les effluves de sueur et de vapeurs de Lotus Noir englobaient la pièce, agitant les neurones des clients dans un bel ensemble de lâcher prise organisé. L'apothicaire n'était pas un fin amateur de la fleur ébène, trouvant son intérêt plus que limité pour les risques encourus. Mis à part quelques verres ça-et-là, il ne se voyait pas addict à quelconque substance. Il s'en félicitait intérieurement d'ailleurs, tout en débouchant une petite fiole au liquide sombre et violacé qu'il ingurgita d'une traite, machinalement, sans aucune considération pour ce qu'il venait de faire. Couplé à l'alcool, les effets de son calmant préféré étaient détonants, réduisant l'afflux nerveux dans son corps. Il pouvait presque le sentir de manière palpable, les tremblements interne diminuant en même temps que le flux incessants de pensées qu'Adrian ne comprenait pas, la plupart du temps.

Il remua méticuleusement le verre par le pied, sans le décoller de la table, faisant tourner le liquide sur un rythme régulier. Il arrivait encore à faire preuve de précision dans ses gestes, ce qui était bon signe, il avait donc encore de la marge. L'apothicaire ne savait même pas pourquoi il venait prendre un bain de foule, il restait seul, délibérément seul au milieu de gens, majoritairement de son peuple. Rester chez lui et ouvrir une bouteille en abusant de médicament était une solution possible, mais il avait comme une réticence à cette idée, comme s'il avait besoin de se retrouver en communauté pour profiter de sa solitude. Il s'autorisa pour la première fois un bref balayage visuel de la salle. Il reconnaissait certains habitués, voir même certains patients à qui il avait recommandé de limiter les excès. Mis à part des signe de tête discret en guise de salutation, les clients laissaient Adrian en paix, le sachant plutôt taciturne et fermé au dialogue lors de ses virées nocturnes. Lorsqu'il observa la pièce, il réalisa que son champ de vision était grandement réduit, si bien qu'il ne s'attarda pas à étudier son environnement et se replongea dans ses songes.

Une gorgée de plus lui fit penser que son prochain verre ne serai pas du vin.

Ses pensées se remirent en route aussi vite qu'elles avaient déserté, la réjouissance ne fut que de très courte durée cette fois-ci...Qu'est ce que tout cela pouvait bien vouloir dire? Il vivait tel qu'il le voulait, libre, reconnu par ses pairs et financièrement à son aise. Mieux que ça, il sentait que sa côte de popularité ne faisait que monter, lentement mais surement, de quoi le ravir, en théorie. Chaque fois qu'il essayait de creuser en son fort intérieur ce qui le tourmentait, il se heurtait à un mur infranchissable qui le forçait à faire marche arrière. Il était temps de finir ce verre…

Alors qu'il s'apprêtait à passer à l'acte, Adrian entendit le grincement d'une chaise qu'on déplace, juste devant lui. La personne était-elle la depuis longtemps avant de s'asseoir, il n'aurai su le dire. L'apothicaire ne leva les yeux que lorsqu'elle lui adressa la parole. Il plongea alors son regard vert clair aux pupilles dilatées dans celui de la jeune femme qui venait de s'inviter à sa table. Embrumé par cette rencontre inattendue, il ne prit que peu le temps de détailler la nouvelle venue, remarquant tout de même que son accoutrement jurait un peu avec le lieu et la clientèle. Même habillée en bourgeoise, il l'aurai trouvé différente. Il se dégageait quelque chose de cette mystérieuse personne qui l'avait abordé sans vergogne, là ou tout le monde le laissait en paix. Ayant du mal à réagir tant il fut prit de court, elle lui demanda s'il souhaitait rester seul.

Oui, c'était évidemment un oui, catégorique et net.

Il finit son verre d'une traite toujours en silence, capta l'attention du tenancier non loin d'un simple geste avant que celui-ci ne reparte derrière son comptoir. Il posa de nouveau son regard sur la jeune femme, remarquant maintenant seulement sa chevelure éclatante, difficile à rater en temps normal. Habituellement, il se serai posé des questions sur elle, mais la, il n'y arrivait pas, tout simplement. Il passa sa main sous son menton, jouant distraitement avec sa barbe bien taillée. Il fallait parler maintenant.


"J'aime être seul, de là à dire que je préfèrerai le rester, je ne suis pas sur. Du moment que vous n'êtes pas la pour me dire qu'il fait chaud ici ou que le froid revient dehors, installez-vous donc."

Une chose était sure, il n'avait pas du tout répondu oui, au contraire. Pas tellement sur de ce qu'il faisait, ni de la raison pour laquelle il le faisait, Adrian garda d'apparence sa contenance habituelle, jurant un peu avec ses joues rougies et ses pupilles toujours plus dilatées. Comme si tout avait été chorégraphié pour rendre l'ensemble théâtrale, deux verres d'alcool n'étant ni du vin ni de la bière furent déposés à la table par le tenancier. Rien de tout cela n'avait été prévu, mais la coïncidence rendait le spectacle très "Amaranthis". Adrian commença à se demander s'il n'avait pas sous estimé son taux d'alcoolémie.  Non ce n'était pas ça, quelque chose dans le regard de la jeune femme lui avait interdit de la congédier. Il ne savait guère quoi cependant. La seule chose dont il était sur, c'est qu'elle éveillait sa curiosité.
Meryl
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Lun 2 Nov - 15:48
Voilà quelqu'un qui savait ménager son suspens. Allait-il seulement prendre la peine de lui répondre ou estimerait-il que son silence était suffisamment éloquent ? L'arrogance de son peuple était parfois sans limite, et il était trop tôt pour supposer qu'il ne partageait pas ce défaut avec le reste de ses pairs. Suspendue à ses lèvres, l'attente de la sentence lui parût interminable, mais elle ne perdit pas son sourire pour autant.

Et lorsqu'il répondit finalement, elle ne sut dire qu'il s'agissait d'une invitation à rester ou d'une façon extrêmement polie de la congédier sans avoir besoin de le formuler clairement. Foutus Amaranthis. Ou alors voulait-il seulement la prévenir qu'il ne serait pas d'excellente compagnie ce soir ? « Ça, mon mignon, j'aurais pu le remarquer toute seule, mais merci quand même », pensa t-elle avec amusement.


- D'accord, pas de météo, c'est promis ! s'exclama t-elle joyeusement en tombant dans le fond de son siège.

Meryl avait l'alcool insupportablement joyeux, la plupart du temps, ce qui tranchait curieusement avec le comportement de son compagnon de table. Elle se lança comme défi de réussir à le faire sourire au moins une fois ce soir. La tâche s'annonçait ardue, mais elle aimait les challenges.

Puisqu'il ne voulait pas discuter de la météo, voulait-il de la conversation plus profonde ? Mince, il toquait à la mauvaise porte.


- Que pensez-vous de la hausse des prix dans le textile ? Ça devient impossible de s'habiller correctement sans y laisser un bras de nos jours.

Une problématique qui ne devait absolument pas l'atteindre. Elle n'avait pas vraiment besoin de détailler ses vêtements pour savoir qu'il ne manquait de rien. Mais c'était une façon de lui prouver qu'on pouvait trouver bien pire comme sujet de conversation que le chaud ou le froid.


- Oh, non, je sais ! Parlons un peu de cette mode bizarre qu'adoptent toutes les femmes de chez vous ; des coiffes très étranges où l'on peut y enfermer de petits oiseaux – encore vivants! - de toutes les couleurs. Il n'y a vraiment que des Amaranthis pour inventer un truc pareil. Elle se pencha soudain sur la table, l'air tout à fait sérieux. Vous ne pensez pas qu'on devrait les interdire ?

Elle se remit à sourire la seconde d'après ; elle se moquait de lui, très gentiment tout de même, mais vu l'état dans lequel il était, il aurait été capable de ne rien remarquer. Sans doute exigerait-il qu'elle se taise le reste de la soirée, maintenant. C'était bien mal la connaître.

Le tenancier de l'établissement lui offrit cependant un court répit, et bientôt Meryl fut absorbée par la liqueur qu'on venait de lui servir. Quelque chose qu'elle n'avait jamais vu avant. Diantre, si elle continuait à boire alors le fil de cette soirée allait totalement lui échapper et ce serait absolument catastrophique. D'un autre coté, elle ne disait jamais non à un verre. Jamais. C'était une règle. Elle allait donc devoir miser sur ses gènes utgardiennes pour survivre à cette débauche d'alcool dans son sang.

D'un geste, elle attrapa le verre avant de le porter à ses lèvres. Une petite voix -sans doute les dernières bribes de lucidité de son esprit- lui intima qu'il valait sans doute mieux ne pas boire ce mélange cul-sec, au risque de rouler définitivement sous la table.

L'expression qu'elle eut après en avoir avalé une gorgée était assez comique, et elle tenta de masquer comme elle le put sa surprise. Elle ne s'était pas attendue à quelque chose d'aussi for
t.

- C'est euh... surprenant. Pas bon, pas mauvais, surprenant. Qu'est-ce que c'est ?


Dernière édition par Meryl le Lun 2 Nov - 20:30, édité 1 fois
Adrian Mayr
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Lun 2 Nov - 19:21
Incongru et inattendu étaient deux mots qui qualifiaient bien la situation. Adrian était confus, et ce n'était pas seulement à cause de l'alcool. Beaucoup de chose l'avait surpris, à commencer par le fait qu'il "invite" la jeune femme à sa table alors qu'il était convaincu de vouloir rester seul. Bien qu'il ne trahisse rien de son ressentit, gardant une expression maussade, il apprécia l'ironie de prendre un sujet bien plus ennuyeux encore que la pluie et le beau temps pour briser la glace. N'ayant pas le temps de faire le tri dans ce qu'il se passait, embrumé par les effet de ses médicaments, il la laissa parler à nouveau. Elle était directe et surtout souriante, usant d'humour et d'un brin de moquerie, alors qu'ils ne se connaissaient même pas. Bien qu'habituellement aimable et cordial, Adrian n'avait pas pour coutume de faire preuve de familiarité, quel que soit son interlocuteur, alors de là à plaisanter avec une inconnue, il n'était pas sur d'en être capable.

Avant qu'il n'ai pu formuler une réponse avec un minimum de sens, le tenancier lui sauva la vie en captivant la jeune femme sur les verres qu'il déposa sur la table. Dieu merci, car Adrian était réellement en train de buller cérébralement. Il se demanda même un instant si elle était réelle, tant elle dénotait avec l'environnement ainsi qu'avec l'humeur de l'apothicaire. Clignant des yeux  une ou deux fois, histoire de faire le point, il regarda à nouveau son interlocutrice qui était fascinée par le verre et son contenant, comment pouvait-on papillonner autant sans se concentrer sur quoi que ce soit? Elle était plus jeune que lui, à n'en point douter, même si ses traits soulignaient une personne contrainte de grandir trop vite. Mais qui était-elle, et pourquoi venir le voir lui? Quel intérêt pouvait-on avoir à discuter avec la seule personne qui n'en présentait pas l'envie dans cet établissement. Les questions tournaient et retournaient dans la tête d'Adrian alors qu'il la vit gouter l'alcool qu'il lui avait commandé sans lui demander son avis. Il se serai presque attendu à ce qu'elle vide d'une traite son verre, mais visiblement le bon sens avait été de mise.

Adrian eut un fugace sourire devant la surprise de la jeune femme qui goutait l'alcool fort, mais celui-ci mourut presque aussi vite, difficilement perceptible. Il fallait qu'il parle, la situation commençait à tourner au monologue et la question qu'elle lui posait était cette fois-ci bien réelle. Il prit lui-même le verre de sa main gauche et le leva devant lui, agitant machinalement et toujours aussi précisément le liquide à l'intérieur.


"Voila un aspect de notre peuple qui vous échappe visiblement gente dame, ceci est un Elixir d'Amaranthe, fait à partir de gingembre, cannelle, anis étoilé, cardamone, écorce d'orange...Il marque une pause brève...Et de moult autres essences de plantes aux grandes vertus. Il n'est pas recommandé de boire cette liqueur trop vite."

Il se souvenait des 56 plantes qui composaient la boisson, mais il n'était pas en état de toutes les énumérer et quand bien même, il jugea cela inutile. Bien qu'ayant avertit du risque, il vida un peu plus de la moitié du verre en une fois et reposa doucement celui-ci sur la table. Fixant alors son interlocutrice, il prit un air grave et passa sa main machinalement dans sa barbe.

"Qui êtes vous?"

Pourquoi êtes vous la? Comment vous appelez-vous ? Pourquoi me parler à moi ? De quel peuple venez vous? Toutes ces questions (et une bonne dizaine dans le même genre) furent celle qu'Adrian avait essayé d'exprimer, mais il n'avait réussi à extraire qu'un banal "qui êtes-vous" avec une tournure ridiculement dramatique, comme s'il voulait qu'elle arrête de sourire et qu'elle donne ses véritables intentions, une relation sociale n'étant selon lui presque désintéressée. Au fond de lui, il n'était cependant pas certains de vouloir voir ce sourire disparaitre...
Meryl
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Mer 4 Nov - 0:11
Tout dans son attitude, de sa façon de parler à sa façon de se tenir, tellement guindée, elle trouvait tout parfaitement hilarant. Et elle, à côté de lui, était peut-être trop à l'aise dans cet environnement, alors même qu'il n'était pas le sien. Son ivresse n'en était que partiellement responsable ; à force de ne se sentir chez elle nulle part, elle était chez elle partout. Elle écarquilla brièvement les yeux avant de se mettre à rire de bon cœur.

- Élixir d'Amaranthe, hein ? Cette boisson devient létale après trois verres, c'est ça ?

Curieuse de nature, Meryl avait goûté toutes sortes d'alcool, mais rien de comparable de celui-là. Il n'était pas mauvais, loin de là, mais c'était tellement éloigné de la bière bon marché qu'elle consommait d'ordinaire qu'il lui fallait un petit temps d'adaptation. Encore quelques verres, et elle serait parfaitement habituée à la brûlure que provoquait la liqueur dans sa gorge.

- Quand elle aura fini d'anesthésier mes terminaisons nerveuses, je pense que ça ira mieux.


Quant à savoir ce qu'il espérait accomplir en consommant un alcool aussi fort alors que la soirée était déjà bien entamée... Cherchait-il à sombrer totalement, à oublier jusqu'à son propre nom ? Cela lui était arrivé une fois ou deux : c'était une expérience assez désagréable, en réalité. Dans ces moments-là, il n'y avait plus aucune félicité dans l'ébriété, juste un grand vide impossible à combler.

- Et pitié, ne m'appelez plus jamais « gente dame » ! Je sais que c'est simplement de la politesse amaranthis, et que vous vous exprimez comme ça quelle que soit la personne en face de vous, mais j'ai toujours l'impression que c'est un peu moqueur, dans le fond. Vous n'oseriez pas vous moquer de moi, hein ? Pas si vite ?

Ce n'était pas comme si elle venait de le faire à l'instant, après tout. Sa prochaine question était attendue, et pourtant elle l'a prit totalement de court.

Ça y est, on y était. Il était si sérieux tout d'un coup qu'il fit vaciller son sourire et accélérer son rythme cardiaque. La façon dont il la regardait, ça ne pouvait signifier qu'une chose : il savait. Il savait tout, il l'avait percée à jour, elle était prise au piège. Comment avait-elle pu être aussi idiote ? Quoique, à bien y regarder, son regard exprimait surtout la plus totale des incompréhensions -et un état d'ébriété plus qu'avancé. Fausse alerte ? Elle prit une nouvelle gorgée de son verre pour se donner une contenance, et fut à nouveau surprise par le goût de la liqueur. Poing serré contre ses lèvres, elle ne put retenir une petite quinte de toux. Un sourire éclatant vint aussitôt étirer ses lèvres et elle répondit le plus naturellement du monde :


- Meryl.

Juste Meryl. Elle pouvait lire dans son expression qu'il en attendait davantage. Magnanime, elle consentit à ajouter :

- Et je suis votre meilleure amie pour la soirée.

Il disait aimer la solitude mais un peu de compagnie n'avait jamais tué personne. Qui sait, peut-être qu'elle arriverait à le dérider un peu avant de tout gâcher.

- Et moi, puis-je connaître le nom de mon meilleur ami ?


C'était assez injuste de faire comme si elle ignorait la réponse, l'alcool la rendait si sentimentale qu'elle culpabilisait presque de faire comme s'ils étaient sur un pied d'égalité alors que ce n'était pas du tout le cas. Mais quel autre choix avait-elle ?
Adrian Mayr
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Mer 4 Nov - 14:01
Adrian avait redoublé de concentration pour rester complètement lucide, captant un bref instant que sa dernière question avait crispé la jeune femme. Était-ce à cause de son manque de tact, son brusque changement de ton ou cela cachait-il quelque chose. Il n'aurai su le dire à ce moment la, tiraillée entre sa paranoïa habituelle sur les gens et son était d'ébriété. Pourquoi cette fameuse "Meryl", comme elle se présentait, était venue le voir lui, et personne d'autre, lui qui était presque le point noir sur le tableau d'amusement que dessinait la taverne. Cette question n'avait de cesse de tourner, renforcée par le fait que beaucoup d'habitués savaient qu'Adrian avait tendance à rester seul, voir même à congédier n'importe qui l'approchant dans ses moments de noirceur.

Il sentit son système nerveux s'agiter une nouvelle fois. Décidemment, l'alcool était à double tranchant, il accélérait l'effet du médicament, mais en réduisait l'efficacité sur la durée. L'apothicaire dirigea sa main vers une poche contenant une autre fiole, mais il se ravisa rapidement. Il n'avait aucune envie de continuer à en abuser, ça devrai passer naturellement cette fois. Il remit distraitement sa main sur la partie basse du verre, sans le décoller de la table et fit instinctivement tourner doucement le liquide. Toujours aussi précis, la liqueur semblait suivre un cycle uniforme, jusqu'à ce qu'un spasme musculaire s'empare du bras d'Adrian, qui le retint tant bien que mal, faisant vaciller le contenant du verre, qui cogna doucement la table. Était-ce les nerf, ou le fait qu'il venait d'entendre Meryl dire "Amie", peut-être un peu les deux...

Cette femme était déroutante, comment pouvait-elle employer ce terme, à ce moment précis. En ces lieux, à ces heures, Adrian n'était qu'une ombre, il se voulait inexistant et il savait le faire comprendre. Pourtant, elle était la, devant lui, comme un miroir inversé, montrant le sourire face à la tristesse. Il ne pouvait se résoudre à couper court à la conversation, il devait savoir quelles étaient les raisons de sa présence, cette question qu'il n'avait réussi à formuler.


"Loin de moi l'idée de critiquer votre point de v..."

Avant d'avoir pu tergiverser inutilement sur la conception fondamentale de l'amitié, il fut interrompu par le tenancier de l'auberge qui s'était empressé d'arriver à leur table, ignorant superbement la jeune femme pour s'adresser en chuchotant à Adrian. L'apothicaire écarquilla les yeux doucement, d'ivresse ou de surprise, il fixa alors le tenancier d'un regard inquisiteur avant de lui parler poliment, mais à haute voix tout ce même.

"Non, cette jeune femme ne m'importune pas, merci de votre prévenance mais je souhaiterai que vous nous rameniez deux nouveaux verres plutôt que de lui manquer de respect...d'une plus grande cuvée, je vous prie."

Le tenancier eut un mouvement de recul, et s'inclina poliment devant la jeune femme en marmonnant une excuse presque inaudible. Les courbettes dont bénéficiaient Adrian frisaient l'indécence. La réalité était que l'Apothicaire s'occupait de la médication des deux enfants à la santé fragile du tavernier. Celui-ci ne manquait jamais de reconnaissance et était toujours très bienveillant à l'égard d'Adrian. Ce qui était fâcheux dans cette histoire, c'est qu'Adrian ne se souvenait plus du tout ou il voulait en venir. Les vapeurs d'alcool commençaient à lui donner très chaud et son champ de vision rétrécissait peu à peu. Il soupira brièvement avant de reprendre.

"Adrian Mayr, apothicaire. J'aimerai savoir tout de même ce qui vous amène à venir me parler à moi en particulier, je ne suis surement pas de bonne compagnie comparé à ceux qui nous entourent...Avez-vous quelque chose à me demander, Dame Meryl ?"

Il esquissa un premier vrai sourire, instinctivement. Venait-il vraiment de jouer de taquinerie en gardant l'appellation de "dame"? Il semblerai que l'alcool commençait à taper fort…La curiosité naturelle d'Adrian arrivait même à lui faire occulter ses sombres pensées, se concentrant beaucoup plus sur l'instant présent. Elle voulait discuter, très bien, elle avait son attention. Le regard de l'apothicaire resta concentré sur Meryl, il ne s'intéressait à rien d'autre autour de lui, à ce moment précis. Comme une chorégraphie, il termina son verre quelques secondes avant que les suivants n'arrivent. Bien qu'elles aient la même odeur et la même consistance, ces nouvelles liqueurs se teintaient d'une couleur vert émeraude plutôt inhabituelle.
Meryl
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Jeu 5 Nov - 1:09
Et voilà, ça recommençait. À chaque fois qu'elle venait dans ce quartier, quelqu'un finissait immanquablement par la prendre de haut. Son sourire n'avait pas disparu mais il était devenu sinistre alors qu'elle observait le tenancier de l'établissement chuchoter à l'oreille de son triste Amaranthis. Et juste devant son nez en plus, comme si elle était trop stupide pour savoir de quoi il retournait. On ne lui épargnait vraiment rien, décidément. Heureusement pour lui, elle était de bonne humeur ce soir, et donc elle éviterait de vomir partout en représailles. Il l'avait échappé belle.

Reportant son attention sur l'apothicaire, son sourire s'adoucit presque immédiatement. Non seulement il ne l'avait pas chassé alors qu'elle le dérangeait manifestement mais en plus il lui offrait à boire alors qu'il n'y était pas obligé. S'il ne faisait pas tant d'efforts pour crier à la face du monde qu'il était un être sombre et taciturne, elle aurait été tentée de croire qu'il appréciait sa compagnie, un tout petit peu.


-Enchantée, Adrian Mayr. Elle prononça son nom de famille d'une façon un peu trop appuyée, sans même s'en rendre compte. Si vous êtes apothicaire alors vous devez connaître des remèdes contre la gueule de bois. Je pourrais en avoir besoin. Très prochainement.

Meryl finit son verre d'une traite, en même temps que lui. Mauvaise idée, la pièce tanguait dangereusement maintenant, et elle fut contrainte de passer la minute suivante dans le silence pour remettre ses idées en place. Les prochains verres ne tardèrent pas à être servis et, comme la première fois, elle détailla leurs contenus un long moment, comme s'ils allaient lui livrer des secrets encore inconnus de tous. Cette boisson-là se révéla encore pire que l'autre.


- Par Pernicie, est-ce que vous essayez de me tuer ? Me faire boire pour me faire avouer mes sombres intentions, c'est vraiment vraiment fourbe, se lamenta t-elle ensuite comme une enfant.

Avant de répondre à sa question, elle regarda les gens autour d'eux. Beaucoup n'étaient plus du tout en état de parler ou de faire quoi que ce soit d'autre que laisser le fil de leur pensée glisser dans le Grand Vide. Beaucoup s’enlaçaient de façon plutôt suggestive sur la piste de danse, et elle imaginait fort bien comment finirait la soirée pour la plupart. Elle eut une moue vaguement écœurée.

- Vous pensez que tous ces gens sont de plus agréable compagnie que vous ? Qu'ils sont plus intéressants ?
Question rhétorique, elle ne lui laissa pas le temps de lui répondre. Mais effectivement, je n'ai peut-être pas été tout à fait honnête avec vous.

Elle se mordit la lèvre intérieure presque aussitôt. Il la faisait boire exprès, c'était obligé. Pourquoi rincer gratuitement une fille comme elle aux allures de sauvages si ce n'était pour en extraire des confessions ? Et elle, elle était assez stupide pour se faire avoir. Mais puisqu'elle en était là, autant poursuivre.

- Vous ne voulez pas partir ? On étouffe ici et...


S'il était assez curieux, il accepterait. Sinon, elle aurait fait tout ça pour rien. Ou peut-être tenterait-elle sa chance une autre fois ?
Adrian Mayr
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Jeu 5 Nov - 13:11
Tout commençait sévèrement à se mélanger dans la tête d'Adrian, son sang battait la chamade dans ses tempes, ses yeux ne faisaient plus la mise au point sur rien et sa chaise semblait n'avoir plus qu'un seul pied. Il bougeait le moins possible, se concentrant sur ce qu'elle disait, mais il n'avais pas tout compris. Il captait les bribes de conversation qu'elle échangeait avec lui. Venait-elle de lui demande un remède contre les tentative de meurtre ? Ou bien parlait-elle de sombre intention d'avoir la gueule de bois, il n'était plus bien sur...Il braqua son regard tant bien que mal sur elle, concentré au maximum pour comprendre ce qu'elle lui disait.

Les gens...meilleurs compagnie…Pas honnête…Cette fois il avait compris! Elle trouvait bel et bien les gens autour d'eux de meilleurs compagnie que lui !

Cette interprétation donna une mine déconfite à Adrian qui s'embruma d'une accablante et superficielle tristesse de personne n'ayant pas le contrôle de ses émotions. Il resta cependant figé sur la jeune femme, ne pouvant se retenir de vaciller. "Partir", ça il avait compris ! Et quelle bonne idée, ici il faisait chaud, l'odeur devenait insupportable et les gens étaient de meilleurs compagnie, aucune raison de laisser une chance à la concurrence de lui subtiliser sa nouvelle amie ! Les verres n'étaient même pas entamés qu'Adrian se leva d'un coup, butant dans la table et secouant les liqueurs qui débordèrent partout...Quel gâchis, au prix que cela coutait ! Il prit son air sérieux, imitant au mieux son attitude habituel bien qu'imbibé jusqu'aux oreilles.


"Partir d'ici...oui ! Excellent, allez !"

Joignant le geste à la parole, Adrian s'avança vers la sortie. Lorsqu'il fit ses deux premiers pas, le fait de s'être levé si vite le rappela à l'ordre. Il chancela dangereusement...Vite quelque chose pour se rattraper. Sa main trouva la table comme appui, ce qui ne servit absolument à rien car dans la seconde qui suivit l'Apothicaire s'étalait au sol, emportant la table, les verres et presque Meryl dans sa chute. Le fracas du mobilier, des verres et d'Adrian stoppa net une bonne partie de la taverne. N'ayant pas dans l'idée d'abandonner, il se releva du mieux qu'il put, plus lentement cette fois-ci et garda l'idée fixe d'atteindre la sortie. Au terme de bousculades diverses et de bafouillage d'excuses entre deux haut le cœur, il parvint à atteindre la porte, sortant prestement de l'établissement. On eut juré qu'il avait bafouillé un "payer plus tard" en passant le pas de la porte.

Une fois dehors, l'air frais lui accorda un instant de lucidité, si bien qu'il se calma et s'appuya au mur de l'auberge pour limiter les tangage. Ce qui devait arriver, arriva bien évidemment. Il pivota sur le coté pour vomir tout ce surplus de débauche ingurgité trop vite. Habituellement, il attendait d'être à l'abri des regards indiscrets ou bien il limitait sa consommation pour que ça n'arrive pas. Cela dit, on pouvait dire ce qu'on voulait, mais ça soulageait de ne pas tout garder… Restant tourné dans son coin pour ne pas attirer plus l'attention, il attendit quelques instants avant de se relever


"Pardonnez-moi...Vous vouliez aller ou déjà ...? Je n'habite pas loin. Si nous pouvions...marcher un peu histoire de...récupérer. L'air frais..."

Il parlait à Meryl, d'une voix haletante qui saccadait tout son propos, mais il n'avait aucune idée d'où elle était, derrière lui, encore à l'intérieur ? Après tout les gens étaient de meilleurs compagnie la bas ! Elle l'avait dit elle même, enfin...L'avait-elle dit ?

Et pourquoi diable proposait-il à cette jeune inconnue d'aller chez lui?
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Jeu 5 Nov - 14:25
Elle s'était peut-être inquiétée pour rien, après tout. Ce type était cuit, saoul, complètement beurré, ivre mort, rond comme une queue de pelle. Elle aurait pu lui dire n'importe quoi, elle était persuadée qu'il en aurait oublié la moitié la minute d'après ; c'était à la fois pratique et terriblement frustrant. Pourtant, contre toute attente, il se leva dans un bond lorsqu'elle lui proposa de sortir, lui renversant à moitié son verre sur les genoux. Était-il sérieux ? Dans son état, mettre un pied devant l'autre relevait du défi. Et comme pour lui donner raison, elle le vit basculer presque au ralenti, se rattrapant à la table de justesse avant de... la faire basculer avec lui. Cet homme était une catastrophe ambulante, et Meryl eut une réaction extrêmement mature devant ce spectacle : elle rit à gorge déployée en le pointant du doigt.

- Vous êtes complètement torché !

C'était moche de se moquer comme ça ; si elle s'en sortait mieux que lui c'était uniquement parce qu'elle avait moins bu et qu'elle n'avait rien consommé d'autre à côté. Elle devait d'ailleurs reconnaître qu'il avait fait preuve d'une incroyable résistance jusqu'à maintenant et qu'elle avait pensé que ses limites seraient atteintes beaucoup plus tôt. Mais son triste Amaranthis restait un être humain, après tout. Toujours hilare, elle le regarda s'éloigner vers la sortie en bafouillant qu'il paierait plus tard. Et on le laissait partir ! Quelle était cette sorcellerie ? A chaque fois qu'elle faisait ça, deux gorilles finissaient par apparaître devant elle pour lui vider les poches de force.

Meryl lança un sourire radieux au tenancier puis lui fit un petit signe de la main comme une ultime provocation avant d'aller rejoindre son « meilleur ami ». Elle retrouva ce dernier à vomir ses entrailles sur la devanture de la taverne, et fit, presque avec flegme, quelques pas de côté pour éviter les éclaboussures.


- Oh, il fallait le dire si vous vouliez vomir, on serait resté à l'intérieur quelques minutes de plus. Je suis sûre que l'autre suceur de nœud de tavernier aurait été honoré de recevoir vos fluides sur le sol de son établissement. Peut-être qu'on aurait même eu droit à quelques courbettes de plus.


Si ce n'était pas déjà évident, Meryl n'avait pas beaucoup apprécié d'avoir été traitée comme une indésirable. Cela arrivait un peu trop souvent à son goût, et même si c'était justifié les trois quart du temps, ce n'était jamais agréable. Heureusement que l'apothicaire était là, et que lui savait apprécier les bonnes choses. Elle lui passa une main dans le dos avec compassion, et le tapota gentiment pour s'assurer qu'il avait bien vidé tout ce qu'il y avait à vider. Pas de doute, cela l'aiderait à reprendre plus vite ses esprits que s'il s'était contenté d'attendre que ça passe.

- Ça va aller, mon vieux ?
Il était encore trop dans le brouillard, elle pouvait s'autoriser cette familiarité. Vous devriez essayer les tavernes utgardiennes. Quand on n'arrive plus à mettre un pied devant l'autre, il suffit de piquer une petite tête dans le fleuve et ça repart !

Elle s'éloigna pour lui laisser un peu d'espace, le pauvre avait l'air d'en avoir besoin. Lorsqu'il se tourna finalement vers elle, elle trouva qu'il avait repris des couleurs.

- Est-ce que vous savez seulement encore où vous habitez ? demanda t-elle avec un sourire mutin. Je peux vous aider à retrouver votre chemin. D'habitude, je guide plutôt les gens à l'extérieur de la cité mais... pour vous je ferai une exception.
Adrian Mayr
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Jeu 5 Nov - 19:42
Il fallait qu'Adrian reprenne un peu ses esprit, car il n'avait aucune envie de passer sa soirée sur les abords d'une auberge à patauger dans son vomi. Pour ce qui était de la bienséance, il repasserai. Il entendit les remarques acerbes de sa compagne de beuverie à propos du tavernier. Bien qu'il aurai pu se faire l'avocat du diable sur le comportement de celui-ci vis à vis de sa nouvelle amie, il ne pouvait en vouloir à la jeune femme d'être remontée contre une personne qui l'a ignoré, très probablement à cause de son rang social.

Toutes ces grandes réflexions sur les interactions sociales complexe entre des gens de castes différentes auraient été finement passé au crible dans l'esprit de l'Apothicaire si l'alcool ne le ramenait pas constamment à des pensées bien plus inutiles et spontanées, comme ne pas poser sa main dans son vomi, ne pas bousculer la jeune femme en se relevant, ou même ne pas tomber dans les pommes. Tandis qu'elle lui parlait d'une vague histoire de tavernes Utgardienne, Adrian s'essaya à la communication, mobilisant dans le même temps son énergie pour synchroniser ses jambes à son cerveau.


"Je n'aime pas boire, c'est un accident...je n'irai pas."

Aucun sens...Nul...elle ne lui avait pas proposé d'y aller, elle avait simplement relaté un fait. Dans le fond, il avait compris, mais il n'eut pas l'énergie de reformuler. C'était le mieux qu'il pouvait faire à l'instant précis. Adrian amorça une remontée sur ses deux jambes, difficile et fastidieuse. L'apothicaire parvint enfin à rester debout, difficilement, se tenant dans un premier temps une main contre le mur. Il attendit que tout se stabilise un minimum avant de regarder la jeune femme. L'apothicaire se sentit presque blessé dans son orgueil quand elle lui demanda s'il savait encore rentrer chez lui, lui proposant même une assistance guidée...Du jamais vu. Pour aller chez lui, il connaissait précisément le chemin :

A gauche en sortant, deuxième a droite, passer la maison fleurie, tourner une fois a gauche encore et continuer sur une centaine de mètres.

A moins que ça soit la troisième à droite, et que la maison fleurie soit après le dernier virage à gauche et non avant...Un doute s'empara d'Adrian. Reprenant au mieux une attitude correcte, il fit un signe de tête à Meryl, pointant le chemin à droite de la sortie de la taverne vers lequel il s'élança difficilement...


"Permettez-moi de vous dire que je sais encore ou j'habite!"

La progression dans les rues était lente et poussive, en grande partie à cause d'Adrian et du fait qu'il n'arrivait pas à admettre qu'il tournait en rond ou qu'il prenait le mauvais croisement. Le besoin de faire des pauses pour stopper les vertiges venaient également faire durer cette épopée qui devint gênante. C'est d'ailleurs par le plus grand des miracles qu'il se rendit compte que les deux protagonistes se retrouvèrent devant la grande bâtisse qui lui servait d'échoppe et de maison. Miracle ou assistance discrète de la part de la jeune femme, il ne le saurai jamais. Déverrouillant maladroitement la porte, Adrian sentit cependant que cette longue marche lui avait redonné un peu de contenance. Au moins de quoi éviter de tomber au moindre faux pas ou de tout casser en entrant. Le temps d'un fugace moment de lucidité, il se demanda si c'était une bonne idée de ramener une inconnue chez lui...Mais ça il aurai fallu y penser avant. Il poussa la grande porte, puis se retourna vers la jeune femme.

"Nous sommes arrivés...Vou...Voulez vous toujours entrer...?"

Le ton de sa voix vibrait d'hésitation, il n'était pas habitué à avoir des interactions "amicales" avec quelqu'un, surtout une fois imbibé d'alcool. Qui plus est, le fait qu'il soit dans un état à la limite du lamentable le mettait plutôt mal à l'aise. Foutu pour foutu...
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Sam 7 Nov - 1:01
C'était bien ce qu'elle pensait, il ne savait plus du tout où il habitait. Le trajet ne devait pas lui prendre plus de cinq minutes d'ordinaire ; cette fois, il en avait pris trente. Et encore, uniquement parce qu'elle avait fini par lui donner un coup de pouce. « Vous êtes sûr que c'est à gauche ? », « Ça fait quatre fois qu'on tourne du même côté, c'est un peu normal d'être revenus au point de départ, vous savez... », ou encore « C'était pas votre boutique qu'on vient de passer, juste là ? ». Mais cela l'avait plus amusé qu'agacé, et l'air vivifiant de la nuit avait au moins le mérite de remettre de l'ordre dans sa tête. Peut-être un peu trop d'ailleurs.

A vrai dire, elle n'avait pas vraiment prévu cette suite d'événements, et maintenant qu'elle se trouvait dans l’entrebâillement de cette porte, elle n'était plus vraiment sûre de vouloir y rentrer. Lui non plus n'avait pas l'air de le savoir. Il y eut un moment gênant pendant lequel elle se contenta de basculer d'un pied sur l'autre, hésitante, avant de finalement prendre la parole.


- Je vous ai juste proposé de vous guider jusqu'à la porte de votre maison, vous allez avoir aussi besoin d'aide pour trouver votre lit ?

Dans un autre contexte, cette phrase aurait pu paraître effrontée. Mais elle n'avait presque plus le cœur à la plaisanterie, alors que toutes ses pensées convergeaient vers de plus sombres considérations. Presque avec timidité, elle franchit la porte de la boutique, mais resta proche du seuil, comme si elle s'attendait à devoir fuir en courant. Venait-elle de faire la pire erreur de sa vie ? Sortirait-elle en vie et en un seul morceau de cet endroit ou Adrian comptait-il la droguer pour ensuite la disséquer, morceau par morceau ? « Comme son père l'a fait avant lui. ». C'était peut-être dans le sang, après tout.

Elle était dans le noir complet, elle ne voyait sans doute pas les corps mutilés des autres jeunes femmes que son triste Amaranthis avait laissé de côté le temps de noyer la culpabilité dans l'alcool et la drogue. Ou peut-être que les corps étaient plus bas, dans une cave dont l'accès était gardée secret ? Oui, c'était beaucoup plus plausible. Cette boutique n'était qu'une couverture pour cacher ses réelles activités, il ne pouvait se permettre de laisser des corps au vu et au su de tous. Qu'elle était stupide d'y avoir songé.

Ou alors Meryl devenait paranoïaque et Adrian était un gentil garçon. Enfin, gentil... aussi gentil que pouvait l'être un Amaranthis. Elle ne savait bien ce qu'il était allé trifouiller dans son bureau, mais pendant un court instant, elle vit son visage s'éclairer à la lueur d'une flamme, avant de disparaître presque aussitôt dans un juron. Ce type était vraiment beurré, il n'était même plus capable d'allumer une chandelle. Avec un long soupire résigné, elle s'exclama :


- Ne bougez pas, je viens vous aider.

Son trajet fut ponctué de bruits de verre qui casse, de pieds qu'on cogne dans les meubles et de « Oups, j'espère que c'était pas important », avant d'arriver à la hauteur d'Adrian, qu'elle bouscula en tombant littéralement dans ses bras. Désormais assise à califourchon sur lui, elle lui prit le briquet des mains avant de l'allumer sous son nez. Désorienté et visiblement encore sous emprise de l'alcool, ce dernier ne ressemblait en rien à un tueur psychopathe qui allait l'égorger avant de récupérer son sang pour en faire Providence sait quel réactif pour ces potions.

Pendant un moment, elle se figura que c'était peut-être elle qui devait passer pour la psychopathe, car elle était toujours assise sur lui et qu'elle n'avait amorcé encore aucun mouvement pour le libérer de son emprise.


- Je pense que le moment est plutôt bien choisi pour avoir une petite discussion, Adrian Mayr. Ou peut-être devrais-je vous appeler Adrian Neuthall ?
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Sam 7 Nov - 17:29
La réponse de la jeune femme ne fit qu'augmenter le trouble d'Adrian concernant le déroulement des évènements. Si seulement il pouvait dessaouler en un claquement de doigt, il y verrai plus clair...L'apothicaire aurait rougi devant l'allocution moqueuse que Meryl avait employé s'il n'avait pas déjà le sang qui lui était monté aux oreilles à cause de l'alcool, n'étant jamais très à l'aise avec les sous entendu ou ce qui s'en approchait. Il eut cependant l'impression que son amie de soirée n'arborait plus la même gaieté qu'un peu plus tôt. Était-ce une fausse idée, il n'aurai su le dire vu son état.

Habituellement, il allumait un ensemble de chandelles dans un ordre précis pour éclairer la boutique dans son ensemble. Cette fois exceptionnellement, il fila droit vers le fond de sa boutique, parvenant miraculeusement à ne rien casser.  Ses pensées sombre commençaient à nouveau à le tirailler, un vaste ensemble de troubles qui l'avaient conduit dans ce fameux bar à s'imbiber du poison récréatif. Adrian en oublia même pendant un instant qu'il n'était pas seul. Marmonnant dans sa barbe qu'il était un idiot sans savoir vivre, il s'empressa d'allumer une chandelle...Chose qu'il n'arriva pas à faire...Ridicule. Il jura à haute voix tandis que la lumière s'éteignait de nouveau. La voix de Meryl vint le tirer de ses rêveries, rapidement suivi de bris de verre et autre objets renversés. Bien qu'elle ne le fasse pas exprès, Adrian , la chandelle et le briquet à la main, prit la parole.


"Je suis par ic..."

Pris de court par la collision, sa phrase disparut dans le néant. Il ne put retenir la chute de deux protagonistes, laissant tomber la chandelle sur le sol. La tête d'Adrian manqua de peu de heurter violemment le sol, ce qui aurai parachevé l'œuvre de déchéance qu'il représentait actuellement. Il sentit alors que le briquet lui échappait également, subtilisé par la jeune femme. Il plissa les yeux lorsqu'elle l'alluma devant lui, beaucoup trop près de son visage à son gout. Pendant un vif instant de lucidité, Adrian trouva extrêmement gênant le fait d'avoir la jeune femme à califourchon sur lui. Reprenant un peu ses esprit suite à la chute, il s'apprêta à dissiper le malaise quand elle lui adressa la parole.

Ses yeux s'écarquillèrent alors de stupeur et il eut l'impression que la réalité le frappa en plein visage. Adrian venait d'entendre un nom que tout le monde avait préféré oublier, à commencer par lui. Sa mère, qui avait notamment réputation de savoir presser les bons levier, avait fait payer bon nombre d'affront a quiconque utilisait ce nom. Le regard de l'apothicaire se planta dans celui de Meryl, qui ne semblait pas prompte à bouger. Pendant une seconde, la haine émana de son visage, puis la colère, mêlé à une forme de peur. Le jeune homme ayant les mains libre fit un mouvement brusque pour pousser la jeune femme sur le coté et se dégager rapidement. Il ne contrôla ni sa force, ni sa précision. Il voulait simplement se dégager et ne pas se retrouver en danger. Toujours à terre, il se glissa en arrière et s'appuya contre le mur, haletant et le regard toujours figé sur son interlocutrice. Pendant un court instant, il se demanda si il y avait vraiment danger, ou si l'ambiguïté de la situation n'avait pas renforcé sa paranoïa.

Quoi qu'il en soit, il fallait se méfier. Il parla d'une voix qui vibrait de colère et de stupeur.[/i]

"Par tout les diables, qui êtes-vous et que me voulez vous?!"

Pour qu'Adrian en soit presque à crier, c'était bel et bien que quelque chose le torturait. Le nom de famille son père prononcé par la jeune femme raisonnait encore et encore dans sa tête, lui vrillant les tempes au rythme de ses battements de cœur. Il ne la quittait pas du regard, n'ayant aucune idée des intentions de cette inconnue qu'il avait bêtement laissé entrer chez lui, alors qu'il n'était pas en état de raisonner...
Meryl
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Sam 7 Nov - 20:44
Même si elle avait passé du temps à l'observer, Meryl ne connaissait pas grand chose d'Adrian. Elle aurait été incapable de dire quelle relation il avait entretenu avec son père de son vivant ou comment il avait vécu les événements qui lui avaient coûté la vie ; elle ne savait pas non plus s'il était innocent dans cette histoire ou si son père l'avait initié à ses sombres pratiques. Il aurait certainement été plus intelligent de sa part de connaître ces informations avant d'aller l'aborder, mais Meryl n'était pas connue pour faire preuve d'excès de prudence.

La réaction de l'apothicaire fut violente, épidermique, et la jeune femme n'avait pas encore récupéré tous ses réflexes. Vivement projetée sur le côté, sa tête alla heurter un meuble alors qu'elle roula dans les bris de verre qui parsemaient le sol. Elle en serait quitte pour une belle bosse, mais c'est surtout les éclats de verre enfoncés dans les avants-bras qui lui arrachèrent un gémissement de douleur. Sans prendre la peine de retirer les plus gros morceaux, elle se hâta de rejoindre la sortie, sans toutefois prendre la fuite pour de bon. Elle se contenta d'observer son triste Amaranthis, les sourcils froncés, qui d'ailleurs ne semblait plus si triste. Il avait récupéré le briquet, et le tenait à face à lui dans l'espoir de chasser les ténèbres ; quelles ténèbres, là était toute la question. Cela donnait un éclat irréel à la pièce.


- Je vous ai déjà dit qui j'étais.

C'était la vérité. Elle avait donné son véritable nom et il n'y avait rien d'autre à dire sur elle.

- J'ai connu votre père. Enfin... connu, c'est un bien grand mot. Disons que je l'ai rencontré, une très brève rencontre dont je ne garde pas beaucoup de souvenirs.

Quelque chose s'agitait dans les yeux de son interlocuteur, il semblait visiblement pris de panique. Elle s'empressa alors d'ajouter :

- Il m'a sauvé la vie.

Avec le passif de son père, il y avait plus de chance de tomber sur les proches des victimes de sa barbarie que sur quelqu'un de reconnaissant ; même si, de la reconnaissance, ce n'était pas exactement ce qu'elle ressentait. Parfois, elle se disait qu'il aurait été plus charitable de la laisser mourir.

- Je ne pense pas qu'il l'ait fait par philanthropie, je pense que ça représentait simplement un défi médical intéressant. Toujours est-il qu'il l'a fait, et que c'est grâce à lui -ou à cause de lui- que je suis ici aujourd'hui. Rien n'est jamais vraiment tout noir ou tout blanc, hein ?

Elle serra brièvement les poings avant de se rendre compte que ses paumes étaient pleine de sang.

- Je sais que les médecins amaranthis gardent des traces de tout ce qu'ils font, j'avais en tête de retrouver ce qu'il avait écrit à mon sujet. Je voulais savoir...

Sa voix se brisa. Elle voulait savoir si ce qu'on lui avait fait subir était irrémédiable, si elle était trop endommagée pour avoir des enfants un jour. Lorsqu'elle était plus jeune, cette question n'avait aucune importance à ses yeux, mais ce n'était plus le cas aujourd'hui.

- J'ignorais qu'il avait eu un fils il y a encore quelques semaines. Tous les gens qui étaient liés à lui d'une façon ou d'une autre ont préféré renier jusqu'à son souvenir. Vous avez changé de nom, et je comprends pourquoi, mais ça ne m'a pas rendu la tâche facile. Si la plupart de ses travaux sont maintenant dans les mains du Conseil, j'osais espérer qu'il vous avait légué le reste, et que peut-être mon nom figurerait quelque part.

Meryl avait la sensation d'avoir tout gâché, comme à son habitude. Si elle s'était contenté d'être honnête dès le départ, peut-être qu'il aurait accepté de l'aider. Là, il aurait toutes les raisons du monde de l'envoyer promener et de la mettre à la porte.
Adrian Mayr
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Dim 8 Nov - 13:04
Adrian éprouvait le plus grand mal à réguler sa respiration, dépassé par tout ce qu'il se passait. Il ne cédait pas systématiquement à la panique lorsque le nom de son géniteur faisait surface à nouveau dans sa vie, mais il fallait admettre qu'entendre ce nom banni, prononcé par une étrangère à demi avachie sur lui et lui pointant un briquet près du visage avait quelque chose d'anxiogène. Et tout cela dans un état d'inhibition avancé qui n'arrangeait pas la paranoïa de l'Amaranthis. Tentant de garder un maximum de contenance, il écouta ce qu'elle avait à lui dire. Elle avait bel et bien connu son père, c'était donc pour parler de lui qu'elle était là, ou bien se venger comme il le pensait.

L'angoisse grandissante d'Adrian retomba comme le marteau d'un forgeron sur une pièce en métal lorsqu'elle annonça que son père lui avait sauvé la vie. En quelques secondes, il sentit que son système nerveux avait décidé de le laisser en paix à cet instant. Mieux encore, le choc l'avait remit sur les rails de la lucidité, au moins un minimum. La scène qu'il vivait se redessina dans son esprit. Si vraiment la jeune femme avait voulu exercer une quelconque vengeance, il était évident vu son état et ses imprudences ce soir la qu'il ne serai déjà plus de ce monde...Qui plus est, maintenant qu'il y pensait, elle n'avait fait preuve d'aucune véhémence sur ce sujet si sensible aux yeux de l'apothicaire, bien que de lui donner son nom de naissance après lui être tombé dessus ne relevait pas de la plus simple des manières pour discuter calmement.

Adrian se releva, plus facilement que son état ne lui aurai permis quelques minutes plus tôt, le choc ayant été quelques peu salvateur. Il écoutait attentivement ce que la jeune femme avait à lui dire, sans bouger de son mur une fois debout. Il devait admettre qu'elle n'avait pas tort, mais le tableau de la vie de son géniteur était malgré tout plus souvent noir que blanc...Évidemment qu'il avait sauvé des vies, c'était son métier...Mais aussi loin qu'Adrian pouvait s'en rappeler il ne faisait jamais ça par volonté d'embellir la vie de son prochain. L'apothicaire eut une fugace image de son père en train de se targuer d'avoir réalisé des exploits sur une table d'opération, lors d'un diner mondain, entouré de ses confrères tous plus pédant les uns que les autres. Il serra les dent à cette pensée.


"Loué soit sa mémoire...Un médecin qui sauve une vie, quelle belle personne..."

Sarcasme, colère et expression d'un ressentit profond, voila trois choses que l'apothicaire venait de faire alors qu'il n'avait presque jamais exprimé au grand jour. Il avait cependant dit cette phrase un peu pour lui même, ne souhaitant pas tergiverser sur les qualités et défauts de son cher père. Reportant son attention sur la jeune femme pour écouter ce qu'elle avait à dire, Adrian remarqua que du sang jonchait le sol, là ou se tenait Meryl. Dans l'obscurité qui englobait, il ne voyait pas entièrement son interlocutrice, si bien qu'il n'avait pas remarqué qu'elle était blessée...Par sa faute. Un remord s'empara de lui, il n'aimait pas blesser. Bien qu'ayant tendance à être intraitable sur les soins qui s'avérait nécessaire, faisant fit des protestation des patients réticents, il ne souhaitait pas que quelqu'un souffre inutilement à cause de lui. Il se résilia à ne pas s'approcher tout de suite, sentant que Meryl n'était pas si loin de partir au moindre geste suspect de sa part.

Reportant donc son attention sur ce qu'elle disait, il constata qu'elle était plutôt bien renseignée sur les pratiques médicales Amaranthis en vigueur. La douleur s'était emparée de la voix de la jeune femme, elle avait très certainement vécu une expérience plus que traumatisante qui l'avait amené sur la table de soins de son père. Elle n'était donc bel et bien pas la en tant qu'esprit vengeur, mais bien pour quérir de l'aide. Adrian considéra sérieusement l'idée de ne plus sortir pour boire un verre avant un long moment. Le bon point au moins, c'est qu'il arrivait à nouveau à faire le point et à réfléchir, le choc dû à la panique ayant joué sur son ébriété. Il se détacha de son mur...Et resta debout sans vaciller. Il s'avança lentement, très lentement vers Meryl tout en prenant la parole.


"Meryl...Je...Pardonnez moi de vous avoir blessé...Laissez-moi vous aider à ne pas vous vider de votre sang dans un premier temps. Le choc me laisse un répit de lucidité et je peux le rester suffisamment longtemps pour ne pas faire empirer la situation. Vous pourrez rester vous reposer ici ensuite...à l'étage si vous le souhaitez, je resterai en bas, ou bien vous partirez si vous le voulez."

Il s'était arrêté de marcher pour ne pas être trop proche de la jeune femme et paraitre effrayant. Bien qu'ayant la voix teintée d'hésitation, le visage de l'Amaranthis était à cet instant celui du médecin soucieux de faire les choses bien, l'état de choc semblait bel et bien avoir figé ses troubles pendant un temps qui ne serai pas éternel. Tiraillé par la culpabilité, Adrian espérait qu'elle ne prenne prenne pas la fuite, meurtrie par les bris de verre. Bien qu'elle en ait surement vue d'autre, ce n'était pas dans sa nature de laisser quelqu'un se vider de son sang. Il reprit la parole presque aussitôt.

"Je n'ai rien ici qui ne me relie à mon géniteur...Mais je pense que s'il vous a opéré dans les règles de l'art, tout doit être consigné dans ma demeure familiale, précieusement gardés par ma mère. Je peux peut-être… vous aider à les retrouver?"

Elle avait mandé son aide relativement explicitement. Pourtant, aux vues de la situation et du malaise qu'il ressentait pour l'avoir blessé et la douleur morale que semblait ressentir sa camarade d'un soir, Adrian se sentait le besoin de lui poser la question sur sa volonté qu'il l'aide...
Meryl
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Mer 11 Nov - 14:03
Comme il s'y était attendu, Meryl eut un mouvement de recul lorsqu'il s'approcha d'elle. À cet instant, et malgré une réputation plutôt bien établie dans le quartier, elle ne lui faisait pas vraiment confiance pour lui prodiguer les premiers soins. Elle avait vu son bras trembler si fort qu'il avait failli renverser le contenu de son verre un peu plus tôt dans la soirée, elle l'avait vu vaciller et s'étaler de tout son long à la taverne, elle l'avait vu vomir presque sur ses chaussures, oublier où il habitait et ne pas réussir à allumer une simple chandelle. Non, décidément, elle n'avait vraiment pas envie de lui confier ses bras.

- Ça va aller, ce sont juste des égratignures. J'en ai vu d'autres.

Les gens qui travaillaient dans le dispensaire ascanien la connaissaient bien. Elle avait la fâcheuse tendance d'énerver les gens, et parfois les mauvaises personnes. Plus d'une fois, elle avait été rouée de coups dans une taverne miteuse ou dans une ruelle sombre. Elle essayait de faire attention maintenant, surtout depuis qu'on lui avait cassé les cotes et qu'elle avait souffert le martyr à la moindre respiration. Ça avait duré plusieurs mois.

Contre toute attente, Adrian semblait prêt à l'aider dans ses recherches. Mais peut-être que là encore c'était l'alcool qui parlait pour lui et qu'il aurait un tout autre avis demain, une fois qu'il repenserait à cette soirée avec lucidité. Meryl se contenta simplement de hocher la tête. Oui, bien sûr qu'elle acceptait son aide, c'est d'ailleurs elle qui lui avait demandé.


- Merci, répondit-elle à mi voix.

Quant à l'idée de rester ici pour la nuit, elle ne l'envisagea pas à un seul moment comme une option viable. Elle aurait sauté sur l'occasion, dans d'autres circonstances, mais là, elle se sentait trop misérable et piteuse et elle n'avait qu'une hâte : quitter ce quartier où elle se sentait de moins en moins à sa place.


- Je ne veux pas m'imposer, j'ai déjà fait assez de pagaille comme ça.

Bon, tout était de sa faute, puisqu'il n'avait pas réussi à allumer la lumière, mais elle se retint d'en faire la remarque.

- Je reviendrais vous voir dans quelques jours, peut-être que vous aurez changé d'avis, peut-être pas. En tout cas, je ne vous prendrais plus par surprise, et cette fois vous saurez pourquoi je suis là, c'est promis. Et désolée encore pour avoir tout cassé.

Elle s'inclina maladroitement. Est-ce qu'il se souviendrait de cette conversation demain ? Elle ne pouvait que l'espérer.

- Bonne nuit.

Sans demander son reste, presque comme si elle n'avait été qu'une hallucination depuis le début, Meryl s'éclipsa furtivement, sans faire de bruit. Et contrairement à ce qu'elle avait annoncé, les jours passèrent sans qu'elle ne refasse surface.
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