RSS
RSS
Derniers sujets
» [Plage d'épaves] On n'échappe pas aux sables mouvants de ses obsessions. [Audélia - Nothjaan]
Les fantômes du passé  EmptyDim 21 Avr - 8:29 par Audélia Métivier

» La liberté est au bout d'une corde - Partie 1
Les fantômes du passé  EmptyLun 30 Oct - 11:00 par Maître du Jeu

» [Cellules de l'Hurlsk] La Fleur du Saule avait des épines.
Les fantômes du passé  EmptySam 14 Oct - 18:33 par Eredin Lautrec

» Journal de Bord de Nothjaan
Les fantômes du passé  EmptyMar 20 Juin - 10:30 par Nothjaan

» [Port-aux-Echoués] Bienvenue à Port-aux-Echoués ! [Audélia - Nothjaan]
Les fantômes du passé  EmptyMar 6 Juin - 22:42 par Nothjaan

» Qui lutte contre le destin est infailliblement vaincu
Les fantômes du passé  EmptyVen 12 Aoû - 18:12 par Meryl

» [Port-aux-Echoués] Notre vie est une longue et pénible quête de la Vérité. [Jezabelle-Eccho]
Les fantômes du passé  EmptyMar 26 Avr - 14:47 par Jezabelle Linderoth

» La nuit les langues se délient
Les fantômes du passé  EmptyLun 18 Avr - 16:02 par Daren Van Baelsar

» Défaite du présent et résurgence du passé
Les fantômes du passé  EmptyVen 18 Mar - 22:05 par Adrian Mayr

» On ne change pas les règles en fin de jeu
Les fantômes du passé  EmptyMer 16 Mar - 0:15 par Erzebeth

» Journal de Lyhn
Les fantômes du passé  EmptySam 19 Fév - 23:12 par Lyhn

» [Taverne de Borlk]Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras - Liveig & Uraïa [terminé]
Les fantômes du passé  EmptyDim 23 Jan - 17:09 par Liveig Fjorleif

» On ne change pas, on met juste les costumes d’autres et voilà.
Les fantômes du passé  EmptyJeu 20 Jan - 2:38 par Ernst

» Eccho — Le Traître
Les fantômes du passé  EmptyLun 17 Jan - 17:57 par Meryl

» Semi absence
Les fantômes du passé  EmptyLun 17 Jan - 15:52 par Ernst

» Proposition de RP avec un Préfet Ascanien
Les fantômes du passé  EmptyLun 17 Jan - 15:15 par Ernst

» Les veufs éplorés
Les fantômes du passé  EmptyMer 12 Jan - 21:19 par Ernst

» Lyhn
Les fantômes du passé  EmptyLun 10 Jan - 21:42 par Nyxie

» [Fleuve]Au delà des apparences et des non-dits [Raina]
Les fantômes du passé  EmptyDim 9 Jan - 16:45 par Liveig Fjorleif

» [Bois de l'Orée] Chasse à l'homme
Les fantômes du passé  EmptyDim 9 Jan - 15:57 par Nyxie

Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €

Claircombe  :: Titre :: Faubourgs :: Les fantômes du passé :: Page 1 sur 2 1, 2  Suivant
Les fantômes du passé
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Sam 31 Oct - 2:29
Paisible, c'est ainsi qu'était la vie dans les faubourgs. Parfois la cloche d'une tour de guet résonnait en plein milieu de la journée, hâtant les fermiers de mettre leurs bêtes à l'abri du danger, mais c'était plutôt rare. En ce début de printemps, les prédateurs ne venaient pas encore s'aventurer si près de la cité ; mais dans quelques semaines, la saison de la chasse serait lancée, et des groupes de mercenaires battraient alors la campagne pour éviter leur prolifération. Meryl ne participerait pas à la chasse cette année ; celle-ci avait perdu tout son intérêt depuis que son fidèle compagnon à quatre pattes n'était plus là.

Ici, elle profitait d'un temps loin de l'agitation quotidienne de la cité. C'était la première fois qu'elle se sentait réellement libérée de toute obligation ; elle n'était pas certaine, en revanche, que ce soit une bonne chose. L'oisiveté ne lui seyait pas, elle avait besoin de garder les mains occupées pour ne pas encombrer son esprit de pensées négatives. Elle avait proposé son aide à deux fermiers du coin, une mère et son fils qui peinaient à s'occuper de leur exploitation depuis que le père était mort dans un terrible accident impliquant une fourche et un taureau.

En échange de bons repas et d'un toit sur la tête, Meryl s'occupait de la traite des vaches le matin et aidait aux récoltes l'après-midi dans les champs. Le soleil avait donné à sa peau un teint légèrement hâlé que la pâleur de ses cheveux rehaussait assez étrangement. Les genoux dans la terre, elle regardait les écorchures parsemant ses mains sans vraiment les voir, puis arracha les derrières mauvaises herbes du sol d'un geste vif. Un peu plus loin, Stan, le fils de la fermière, lui décocha un sourire avant de lui indiquer qu'il devait rentrer les bêtes avant le coucher du soleil.

Elle avait fait le choix de se tenir à l'écart et de ne pas loger avec la famille ; la promiscuité de la petite ferme ne lui aurait jamais laissé assez d'espace et d'intimité pour qu'elle se sente à l'aise. Elle dormait dans un petit coin aménagé dans la grange où était entassé le foin, un endroit en hauteur, accessible à l'aide d'une échelle, la protégeant ainsi d'éventuels rôdeurs nocturnes. Tous ses repas, en revanche, elle les prenait avec Stan et sa mère, Madga ; il lui arrivait même de passer toute sa soirée en leur compagnie, jouant aux dés ou aux cartes avec le jeune homme. Celui-ci insistait d'ailleurs toujours pour la raccompagner jusqu'à la grange, au prétexte de sa sécurité.

Oui, la vie était paisible ici. Peut-être un peu trop pour elle, à dire la vérité. Elle ne savait encore ni quand ni comment elle l'annoncerait, mais elle avait l'intime conviction qu'elle n'appartenait pas à cette vie. Et ce soir-là, lorsqu'elle vit briller dans les yeux de Stan un sentiment qui l'effraya aussitôt qu'elle crut le reconnaître, elle se dit qu'il était temps pour elle de reprendre sa route.


- J'aurais bien voulu rester jusqu'aux moissons mais je vais devoir repartir. Je ne me suis pas quittée en très bon terme avec mes... ma famille et je suis partie un peu sans rien leur dire. Ils doivent probablement s'inquiéter pour moi. Je devrais leur donner des nouvelles.

Rien n'était plus faux. Aucune famille, et encore moins des gens susceptible de s'inquiéter pour elle, n'existait ici bas. Le jeune homme ne sut masquer sa déception, Meryl lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il se rasséréna cependant.

- Tu as raison, c'est important la famille. Et tu pourras toujours revenir, quand tu veux.

« Vas-y, Meryl, brise le cœur du brave garçon, il ne doit pas attendre ton retour. », pensa t-elle avec amertume.

- Je ne suis pas sûre de revenir.
- Oh, c'est... euh... pourquoi ? Est-ce que tu as quelqu'un qui t'attend là-bas ? Je veux dire, en dehors de ta famille ?
- Oui.
- Oh.
- Je suis désolée.

Eut-il l'intention de remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille, ou de lui effleurer la joue ? Son geste resta en suspend, cependant, et cette question n'eut bientôt plus d'importance. Comme pour faire oublier cet instant d'égarement, il s'éloigna à grand pas vers la ferme, sans un mot, où la faible lueur d'une chandelle brillait encore par l'une des fenêtres. Meryl resta un long moment dans la pénombre de la grange, qui lui semblait tout à coup très inhospitalière. Demain, elle partirait. Elle n'avait plus tellement le choix.

Le lendemain, alors que ses quelques affaires avaient été rassemblées et qu'elle s'apprêtait à faire ses adieux à Magda, tous ses plans furent bouleversés. En grande discussion avec les fermiers voisins, Madga se tourna vers elle avec une crispation inhabituelle dans le sourire.


- Tu as déjà entendu la nouvelle, Meryl ?

- De quoi vous parlez ?
- Les nomades de la forêt, au Nord, ils viennent de planter leur campement à une lieue d'ici. Ils viennent au moins une fois par an s'installer près de nos fermes. Ils ne causent jamais de problème, en général. Quelques-uns remontent parfois pour échanger des bricoles avec nous. On essayera de faire rester le vieil Edgar chez lui cette fois, il ne les aime pas trop, et il aime encore moins les voir rôder près de sa ferme. Il les accuse de lui avoir volé des cuillères la dernière fois qu'ils sont venus.
- Edgar est complètement sénile ! rétorqua un autre fermier, moqueur.
- Je sais bien. N'empêche qu'il arrive parfois à convaincre une ou deux mauvaises têtes d'aller les titiller, et il en ressort jamais rien de bon.

Mais Meryl ne les écoutait déjà plus. Que des nomades fassent une escale près des habitations des fermiers n'avaient en soi rien d'inhabituel. Mais il n'y avait pas beaucoup de clans qui acceptaient une telle proximité avec les impies de la cité maudite. L'un deux était...

- Vaar Orée ? C'est le nom du clan qui est venu s'installer près d'ici ? demanda t-elle avec une certaine pâleur dans la voix. Madga écarquilla brièvement les yeux, comme si elle ignorait jusque là qu'il puisse y avoir plusieurs clans. Elle haussa finalement les épaules.

- Je ne connais pas le nom qu'ils donnent à leur clan. Tu devrais demander à Stan, il est toujours très curieux et je sais qu'il aime discuter avec eux quand ils viennent ici.

Incapable de prolonger la conversation, Meryl s'éloigna sans un mot trouver Stan qui, à cette heure de la journée, devait s'occuper des bêtes. Sur tout le chemin, elle ne cessa de passer une main nerveuse sur le bas de son ventre, sentant ses entrailles se tordre douloureusement d'angoisse, couplée à des émotions qu'elle ne parvenait pas tout à fait à identifier. Lorsqu'elle arriva à la hauteur du jeune homme, la conversation de la veille lui revint brutalement en mémoire, et elle crut apercevoir un léger signe d'agacement de sa part quand son regard rencontra le sien.

- Tu connais bien les nomades qui viennent d'arriver ?

Il évitait maintenant son regard, comme si sa présence ici était indésirable, mais Meryl était trop bouleversée pour s'en émouvoir. C'est vrai qu'elle n'avait pas pris la peine de le saluer.

- Ceux de Vaar Orée ? Un peu, pourquoi ? Je croyais que tu partais, de toute façon, donc tu ne les croiseras sûrement pas.

Alors, c'était vrai, ils étaient là. À une lieue, peut-être un peu plus, ou peut-être un peu moins, se tenaient ceux qu'elle avait jadis considéré comme sa famille. L'angoisse qu'elle avait encore au creux du ventre lui donna la nausée. Et ses jambes refusaient maintenant de lui répondre. Stan daigna enfin lui accorder un regard ; elle ne sut pas vraiment ce qu'il vit sur son visage, mais son agacement se mua en inquiétude presque immédiatement.

- Est-ce que ça va ? On dirait que tu viens de voir un fantôme, demanda t-il doucement.

- J'en sais rien, répondit-elle très honnêtement, avant de se laisser mollement tomber au sol, alors que le jeune homme accompagnait sa chute, une main posée dans son dos. Je vais peut-être pas partir, finalement. Ce n'était pas une décision rationnelle. C'était tout, sauf rationnel. Certains appelaient ça de l'instinct. D'autres appelaient ça de la bêtise. Meryl, en prononçant ces mots, n'avaient même pas la plus petite idée de ce qu'ils impliquaient.

- Euh, d'accord. Tu m'expliques ?
- J'ai des choses à régler avant de partir. C'est peut-être pour ça que je suis arrivée ici, en ce moment. Peut-être pour ça que je suis restée aussi longtemps, alors que Providence sait que c'est pas mon genre de m'éterniser. Peut-être pour ça qu'ils viennent maintenant, le jour où j'ai voulu partir. C'est un signe, tu vois ?
- Je comprends rien du tout.
- C'est rien.
- Donc tu comptes vraiment rien m'expliquer ?
- Je saurais même pas par où commencer.

Et entrer dans les détails sordides de son passé ? Elle n'en était plus là, à se confier au premier venu pour l'émouvoir de sa triste histoire. C'était fini, tout ça. Et pourtant son passé venait toquer à la porte, et on lui laissait à présent le choix de faire la sourde oreille ou de s'y confronter. Lâche par nature, était-elle prête à ignorer un signe qu'elle attribuerait volontiers aux anciens dieux si elle gardait encore un tant soit peu de ses anciennes croyances ? Et d'un autre côté, quelle était l'issu d'une confrontation, à part l'humiliation ou la mort ?

L'éternel dilemme. Venger une injustice ou mourir en essayant. S'enfuir et ne plus parvenir à trouver le sommeil.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Dim 1 Nov - 14:32
Les fantômes du passé…
...reviennent nous hanter

Vaar Orée Meryl & Vaar Orée Pheonyx
Début d’après-midi |  Claircombe | Les Faubourgs | An 81, 1er mois de Printemps, Jour 13


Tu cries. Tu hurles. Tu cicles. S’il y avait une note audible pour exprimer la douleur à l’état pur, ça devait être celle de ta voix ce jour-là. Ce qu’on t’a forcé à boire, ce n’était pas pour t’endormir : c’était pour te faire survivre à la douleur. Tout devait être flou, et distordu. Pour moi, tout était fou et tordu. J’aurais crié avec toi, j’avais mal que tu souffres seule. Il n’y a que des femmes pour inventer des supplices aussi cruels. Non, tu devais être consciente, tu devais ressentir la douleur. La lame, chauffée à blanc, trancher la chaire pour éviter une hémorragie fatale. Non, tu ne devais pas mourir tout de suite. Tu devais voir, tout voir. C’était ta punition. Et surtout, c’était la mienne, je crois. Ce que ma mère avait osé faire, je ne devais pas m’aviser de le reproduire. Si c’était un avertissement, je l’ai pris comme une menace. Si c’était une menace, je l’ai prise comme un défi. Ce n’est pas par la menace qu’un enfant apprend à tenir sa place.

Nous étions des enfants, et ce jour-là, elles nous ont tuées. Elles ont tués nos jeux, nos rêves, nos avenirs. Elles se sont prises pour les dieux, mais ces dieux me parlent et me murmurent toute la rage qu’ils ont contre elles. Car il ne suffit pas de vivre selon les préceptes en faisant fi de tous les signes que la Tridéité nous envoie, ils me disent. Nous nous perdons dans le désert si nous marchons sans Anauroch. Nous errons sans lumière si nous vivons sans Vaarkarsh. Nous coulons dans les profondeurs si nous châtions sans Shoggoth. Le châtiment qui fut le tien était injuste et disproportionné. Tu n’étais qu’un pion entre les mains de ces mégères pour m’écarter de leur échiquier.

Elles n’ont rien compris : les dieux ont un plateau de jeu bien plus grand que le leur. Je ris en silence, rictus aux lèvres, quand elles se félicitent de bien m’avoir éduquée, d’avoir fait taire mes ambitions et mes voix. Comme elles tombent de haut maintenant que ma main peut librement les sacrifier à la Trinité avec la bénédiction du Bras-du-Destin. La lune est haute et cuivrée, les nuages forment des tâches sombres sur le ciel étoilé. Toi, dont je n’ai jamais retrouvé les os blanchis pour les rendre à Vaarkarsh, cette nuit, mon bras porte la justice divine, et ma lame, ton nom. La détermination me fait sortir de mon corps, d’en haut, je le regarde se lever de ma couche pour se vêtir. Toutes ces années à apprendre les rites chamaniques auprès de mon Aînée adorée, ma sœur. Mais pas autant que toi. C’est elle qui doit mourir d’abord, je le sais. J’entre dans sa tente, elle ne se réveille pas. Elle ne se réveillera jamais. Je l’égorge. Je traces sur ma peau les runes divines qui feront ta vengeance. J’endosse les parures et la tenue du Chamane de Vaar Orée. Ce soir, Nyxie., elles meurent toutes. Mère. Grand-mères. Oracles. Ce sera inévitable, si le pardon est inenvisageable et si la foi demeure. Anauroch te guide…  Nyxie. Anauroch te...

Nyxie ! chuchota Taelle, agacée en repoussant sa sœur. Que fais-tu encore ici ? Et c’est quoi tous ces… c’est quoi ce couteau, Nyx ?

Sous les secousses, elle s’éveilla enfin. Taelle l’avait poussée vers la sortie, devant la tente des chamanes. Nyxie était donc là, debout, son couteau de chasse à la main, arborant une coiffe de plumes qu’elle réservait aux cérémonies. Les deux sœurs restèrent silencieuses en fixant la lame. Etait-elle en train de devenir complètement folle, aussi insensée que Baldhramn ? Etait-elle vraiment sur le point de tuer sa propre sœur, son sang, sa chair, sa future chamane ?

J’ai… ...Anauroch te guide...J’ai entendu un bruit… Je… elle se massa ses tempes dans l’espoir de faire disparaître le bourdonnement qui faisait écho dans son crâne.

Loin d’être stupide, Taelle ne put retenir une grimace irritée. Elle connaissait sa sœur, elles avaient sept ans d’écart, elle l’avait vue grandir. Elle l’avait vu passionnée, irrépressiblement intéressée par le chamanisme. C’était Taelle qui lui rapportait les secrets transmis par les oracles, encore Taelle qui l’écoutait se plaindre et se morfondre d’être systématiquement chassée des réunions réservées à l’Aspirante et la Chamane. Toujours Taelle qui était là, pour lui remonter le moral, après Meryl, après Bald. Taelle, c’était probablement la seule personne de Vaar Orée à la connaître réellement. Elle savait très bien ce qu’il se passait.

Un autre rêve, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle d’une voix sombre en prenant le couteau des doigts de Phoenyx. Ce n’était pas la première fois qu’elle retrouvait sa benjamine dans sa tente, mais c’est bien la première fois qu’elle l’y retrouvait avec une arme dans la main. L’inquiétude se lisait dans ses yeux. Elle semblait hésiter à en prononcer le fatidique « je dois en parler aux oracles ». Une infinité de secondes sembla s’égrainer, avant qu’elle ne lui rende la lame le regard sévère. Tôt ou tard, elles devraient en parler à Mère avant qu’elle n’atterrisse directement devant sa couche au beau milieu de la nuit.

C’est sans doute la proximité de la cité des maudits. Baldhramn vit dans ses alentours, peut-être que les échos de ses voix te reviennent... prétexta Taelle, pour repousser une fois de plus le moment où elle devrait évoquer les visions de sa sœur avec leur mère et les oracles. Ces rêves n’avaient rien de normaux. Comme Baldhramn, elle aussi devenait folle, ça commençait à se voir. Devrait-elle s’exiler loin des siens comme lui pour écouter librement ses voix ? Si Taelle semblait préoccupée par ces mêmes pensées, elle ne les partagea pas. Craignait-elle le départ de sa petite sœur ? Ou avait-elle hâte de se débarrasser du fardeau qu’elle représentait ? Nyxie hocha de la tête bien qu’elle n’en croyait pas un mot, puis elle reprit son couteau qu’elle rangea directement à sa ceinture.

Le soleil se lève bientôt, inutile de te rendormir. Range ta tente, demain nous partons de bonheur pour les faubourgs. Les matriarches veulent qu’on arrive tôt pour vendre nos marchandises, avertit-elle en lui donnant une petite tape encourageante sur l’épaule. Bien qu’exténuée, Phoenyx acquiesça et se mit à la tâche.

Quelques heures plus tard, le clan Vaar Orée était parti pour les faubourgs de Claircombe. Aucun clan nomade n’appréciait les sédentaires, mais Claircombe se trouvait sur les territoires de deux tribus : les Ana et Vaar Orée. Par accord avec les matriarches et le gouverneur, la ville et ses alentours devaient être des lieux de tolérance et de rapport cordiaux. Au fil des décennies, chacun finit par trouver un intérêt au troc, même si la plupart des membres des clans conservaient une certaine réticence à entrer en contact avec les Shogs. Le plus souvent, la majorité de la tribu restait dans un camp à une lieue des faubourgs pendant qu’un petit groupe se dispersait pour écouler les marchandises et rapporter ce qu’avait exiger les matriarches. Phoenyx faisait parti de ceux qui préféraient rester à l’écart des Shogs et leur malédiction.  Après avoir aidé à monter la tente des guérisseurs qu’elle partageait, elle allait s’atteler à aider les autres à faire de même lorsqu’un superbe corbeau au plumage brillant se posa non loin d’elle avant de la fixer longuement. Un frisson la parcourut. La malchance qui entourait son frère avait poussé les gens à le renommer Corbeau, comme l’oiseau qui profite des restes qu’abandonnent les cadavres. Mais à ses yeux, corbeau, c’était un mot qui n’inspirait pas le malheur, mais la liberté. Combien de temps le volatile et la jeune femme restèrent là, à s’observer ?  Anauroch te guide. Impossible à dire, mais lorsqu’il s’envola vers les faubourgs en passant au dessus du groupe qui se préparait à partir échanger les marchandises, elle y vit un signe. Besace à l’épaule, elle emporta avec elle des plantes, et des jolies pierres qu’elle avait trouvé. Voilà bien des années qu’elle n’était pas retournée dans les faubourgs. Elle se souvenait vaguement y être allée quelques fois enfant en y accompagnant sa mère : les Shogs la terrorisaient. Arrivés dans les faubourgs, le groupe se dispersa. Nyxie laissa le Bras-du-Destin la guider,  observant avec curiosité tout ce qu’elle croisait. Vivre dans une maison, être coincé entre quatre murs, toujours au même endroit. Quelle vie oppressante et monotone. Les gens qu’elle croisait avaient l’air fatigués, éreintés. Captivés par ce qui l’entourait, ses pieds se prirent dans une corde qui traînait là. Elle trébucha et s’étala au sol sur la terre encore humide, nez à nez avec un lombric.

Foreur des Sols…

Ses doigts allaient s’emparer du ver de terre, mais un bec jaune le saisit avant elle.

Hé !

Y avait-il plus stupide qu’un poulet ? Mais ce poulet-là avait de magnifiques plumes grises striées de noir. Une galinette cendrée ! Elle allait lui faire sa fête ! Ni une, ni deux, Nyxie se releva à la poursuite du poulet, caquetant et voletant sur plusieurs mètres, il ne parvenait pourtant pas à semer la chasseresse, que dis-je, la poétesse, qui était à ses trousses. « ‘Edgar est sénile, gnagna’, Regardes-y bien la bigleuse ! Que j’vous l’avez dit, qu’ces sauvages qui s’en prennent à nos bestiaux ! Mirez-la-moi, cet’guedine ! Sûr, qu’c’est elle qu’m’a volé mes cuillères ! » Les protestations des Shogs n’y firent rien, elle ne ralentit pas sa course. Elle avait franchi la clôture et se trouva nez-à-nez avec un couple. La femme était à genoux dans la terre, malgré ses cheveux d’or blanc, elle paraissait encore jeune, le tout lui donnait un air familier. Mais les Shogs se ressemblent tous. La galinette avait déguerpi dans la grange, son irruption laissa perplexe les deux sangs-maudits. C’est qu’ils n’avaient sans doute pas l’habitude de voir une femme bondir par-dessus la barrière de la petite cour et atterrir devant eux. Elle portait des vêtements en cuir tanné ornés de runes, ses longs cheveux noirs étaient tressés de perles et de quelques plumes. Des scarifications en l’honneur de la Tridéité ornaient ses épaules et son dos. De toute évidence, il s’agissait d’une guérisseuse nomade.

Anauroch me guide, salua-t-elle sans leur accorder plus d’attention, elle se baissa pour ramasser la plume cendrée. Elle l’essuya entre ses doigts, et la glissa dans sa chevelure jais. La tension était palpable. Venait-elle d’interrompre une conversation importante ? L’homme était-il courroucé de voir un intrus faire irruption dans sa cour ? Possedait-il seulement ce poulet ? La jeune femme blonde semblait se tenir le bas-ventre comme si elle était blessée ou endolori. Etait-elle grosse ? Pourquoi la laissait-il ici, dans la terre. Elle fronça des sourcils, ses yeux clairs fixaient le fermier.

Ta femme est malade. Qu’attends-tu pour l’aider ? ordonna-t-elle d’un ton tranchant qui ne laissait pas la place à la discussion. C’était une attitude typiquement indigène pour une femme de diriger les individus et de leur assigner des tâches. Il était inconcevable qu’on laisse une femme affaiblie à même le sol. Mais Phoenyx n’était pas dans sa tribu, et cet homme était un sédentaire ignare qui ne connaissait probablement rien aux maux les plus basiques, et encore moins à leurs remèdes.
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Mer 4 Nov - 1:25
Plus elle se débattait, plus elle souffrait. C'était comme se trouver au milieu du royaume d'Anauroch, dans les sables mouvants où les nomades imprudents s'aventuraient parfois. Ceux qui avaient le malheur d'être pris dans ce piège accéléraient leur mort en luttant contre lui. Un nomade du clan Ana Orée leur avait raconté qu'il avait réussi à s'en sortir en se laissant simplement emporter tout adressant ses prières au Ver Géant, le suppliant d'épargner sa vie. Ce jour-là, après un moment, Meryl avait cessé de se débattre, et elle avait prié. Elle les avait tous priés, pas d'épargner sa vie mais de mettre un terme à ce supplice, et seuls ses propres cris lui avaient répondu. Jamais elle ne s'était sentie si seule.

Le reste du temps, malgré les brimades, malgré le rejet, il y avait au moins Nyxie. C'était avec Nyxie qu'elle jouait, avec Nyxie qu'elle partageait ses peines et ses joies, avec Nyxie qu'elle s'imaginait une vie dans laquelle elle n'avait plus à avoir honte d'être née différente. Lorsque cette dernière lui avait affirmé qu'elles deviendraient les futures matriarche et chamane du clan, que les Dieux eux-même en avaient décidé ainsi, Meryl y avait cru. Ensemble, rien ne les arrêterait.

Elle ne l'avait pas revue depuis ce fameux jour, elle n'était pas venue à son chevet lorsque, encore agonisante, elle s'était battue contre la fièvre pendant ce qui lui sembla être une éternité. Et quand son clan l'abandonna dans la forêt, Nyxie disparut avec lui. L'avait-on empêchée de venir lui passer une main fébrile dans les cheveux une derrière fois, le seul réconfort qu'elle avait encore la force d'espérer dans son triste état ? De sa seule amie, il ne resta bientôt plus que les souvenirs et la consolation d'avoir été la seule des deux à être punie.

Le travail sur elle-même fut assez long, mais aujourd'hui, elle pouvait affirmer sans mentir qu'elle pensait assez rarement à son ancienne amie, tout comme elle ne pensait presque plus à son ancienne vie. C'était la condition pour mettre un pas devant l'autre, sinon elle s'effondrait, comme aujourd'hui. Il lui arrivait de faire un rêve dans lequel elle voyait sa forêt natale brûler, ainsi que les visages de quelques membres de son clan se déformer de douleur dans les flammes. A de rares occasions, c'était celui de  Nyxie ; alors elle se réveillait en pleurant, étouffant des sanglots déchirants dans ses mains.

En entendant cette voix familière, elle eut simplement l'impression qu'un écho du passé était venu troubler son esprit. Stan, bien conscient qu'il ne s'agissait pas d'une apparition, écarquilla les yeux devant l'intruse et se redressa pour lui faire face. Celle-ci, il ne l'avait jamais vue dans les faubourgs auparavant. Il choisit d'ignorer sa question -assez rhétorique, d'ailleurs- tout comme le ton qu'elle avait employé ; contrarier des nomades n'était jamais une très bonne idée, selon lui, quand bien même on était en droit de chasser ceux qui débarquaient sans y être invités
.

- Qu'est-ce que vous faîtes ici ? Est-ce que je peux vous aider ?

Il eut un petit regard en arrière pour sa compagne, toujours au sol.

- Ça va aller, Meryl ? Est-ce que tu peux m'attendre à la ferme pendant que je m'occupe de...
- Nyxie.

Elle était bien là, ce n'était pas un mirage. Quelle cruelle plaisanterie de la faire apparaître ici, que ce soit le premier visage de son passé qui remontait à la surface. Était-ce une bonne chose ? Meryl était si troublée qu'elle ne parvenait même plus à savoir ce qu'elle ressentait. Lentement, elle se releva, époussetant ses vêtements, alors même que ses yeux n'avaient pas perdu une seule fois le contact avec ceux de la nomade.

C'était elle, elle était la même tout en étant très différente. Juste une version adulte de la petite fille qui la suivait partout, avec laquelle elle capturait des lucioles dans la clairière du Bois de l'Orée pour éclairer leur tente la nuit, avec laquelle elle grimpait aux arbres pour atteindre les nids des hérons à bec rouge et s'émerveiller de l'éclosion des petits, ou avec laquelle elle s'amusait à remonter le ruisseau du bois en essayant d'attraper les poissons à mains nus. Rien n'avait changé, mais tout avait changé. Elle avait rêvé ce moment autrefois, elle avait imaginé toutes les choses qu'elle aurait voulu lui dire. Elle avait imaginé la prendre dans ses bras, elle avait imaginé pleurer dans ses bras. Et renouveler toutes les promesses qui avaient déjà été faites. « On reste ensemble, quoi qu'il arrive ».


« Tu parles ! Quelle idiote ! Restons ensemble jusqu'à ce qu'une autre tragédie nous sépare ! ». Maintenant qu'elle y regardait de plus près, toutes ces petites différences lui sautaient aux yeux. Les scarifications, pour commencer, n'étaient pas là avant ; elles lui rappelèrent que, contrairement à elle, Nyxie n'avait pas été obligée de renoncer à quoi que ce soit. Sa foi était intacte. Et pour demeurer auprès du clan, elle avait dû ployer, se résoudre à accepter sa place. Les matriarches avaient gagné, finalement.

-Euh... vous vous connaissez ?
- On peut dire ça.

Ce n'était pas une très bonne journée pour Stan. La veille, la fille dont il était amoureux l'envoyait promener, et aujourd'hui tout le monde se comportait bizarrement et refusait de répondre clairement à ses questions. Agacé, il soupira avant de finalement hausser les épaules.

- Vous savez quoi ? Je vais voir ailleurs si j'y suis. Ouais, je vais faire ça. Amusez-vous bien.

Il attrapa le poulet courroucé d'avoir été malmené quelques secondes plus tôt sous le bras et jeta un regard désapprobateur à la jeune nomade dont la plume cendrée ornait désormais la coiffe. Sans doute avait-elle aussi volé les cuillères du vieux Edgar.

Après son départ, le silence fut un peu pesant. De toutes les choses qu'elle aurait aimé dire, Meryl n'arrivait pas à en prononcer les mots. Alors, elle dit la première chose qui lui passa par la tête.


- T'as pas changé. Pas trop. Juste la poitrine, peut-être.

Autant pour les retrouvailles émouvantes.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Mar 10 Nov - 23:47

Comme prévu, le Shog ne s’activa pas, il resta là avec ses questions idiotes et son air bête. Phoenyx ne réprima pas la moue de dégoût qu’il lui inspirait. Comment pouvait-on être aussi incapable ? Ne voyait-il pas que quelque chose n’allait pas ? Il devait attendre qu’on pose des mots sur la situation pour qu’il réagisse et même se faisant, il ne faisait même pas mine de s’activer. Lui répondre était une perte de temps, de toute évidence, on n’arriverait rien à en tirer de celui-ci. Quel genre de femme s’en satisferait ? Une seconde plus tôt, elle aurait dit une maudite, comme lui, mais maintenant qu’elle venait d’entendre le surnom que les Vaar Orée lui donnaient, le temps sembla s’écouler au ralenti. Son visage se figea, elle resta en apnée. Dans sa cage thoracique, dans ses tempes, le long de ses mains qui se serrèrent en poing, elle ne sentait plus que ça : les battements de son coeur. Peut-être avait-elle croisé quelques sang-maudits dans sa vie, mais aucun ne l’aurait appelée ainsi. Ces cheveux. Ce regard brun. Sa gorge se noua. Meryl. Meryl, son amie d’enfance, celle qu’on avait torturée et abandonnée à Shoggoth, le Bras-du-Destin. Quelle ironie qu’elle se retrouve-là parmi les Shogs, bien vivante. Sans rompre le contact visuel, elle se redressa. Il était incroyable de reconnaître quelqu’un avec autant de certitude malgré le passage du temps. L’imbécile dût le sentir, sa présence n’était plus requise ici, de lui-même il s’éclipsa sans que personne ne lui accorde un regard ou un mot, l’atmosphère n’en fut pas allégé pour autant.

Que faire ? Que dire ? Phoenyx n’était pas du genre sensible. Elle se préparait à tout et n’importe quoi. Poutant elle ne s’était pas préparé à revoir son amie d’enfance en vie, devant elle. Une vague de culpabilité la submergea. Si elle avait dit d’autres choses, fait d’autres choix, tout aurait pu être si différent. Mais c’était trop tard: elle avait proposé ce jeu idiot, Meryl avait été injustement punie et abandonnée par sa faute, la tribu était repartie presque aussitôt entraînant Nyxie par la force. Elle n’avait jamais pensé qu’on pouvait survivre à pareil châtiment : abandonnée, seule, dans la forêt, à la merci des prédateurs, Meryl aurait dû mourir. Et après, si elle avait su, elle serait entrée dans Claircombe, elle l’aurait cherchée, elles auraient pu se retrouver plus tôt. Mais ça n’avait pas été le cas. Les dieux avaient fait les choses ainsi, sans doute y avait-il une raison. Ce fut Meryl qui brisa le silence et pendant quelques secondes, la nomade la scruta plus intensément, avec un air d’incompréhension le plus total, incapable de répondre quoi que ce soit. Les gens changent si peu finalement. D’un bond, Nyxie se jeta sur la Sang-de-Shog, les deux jeunes femmes roulèrent à terre.

Je te crois morte depuis dix ans, je te retrouve dans la paille avec un sale Shog, et tu me parles de ma poitrine ? s’exclama-t-elle courroucée en l’immobilisant sous elle. Et on en parle de ton cul ?

Elle la fit rouler sur le côté et lui flanqua une tape sur les fesses sans pour autant se relever. Elle l’avisa à nouveau d’un regard plus lucide. Les vêtements claircombois qu’elle portait la faisait passer inaperçue.

Avec ta tenue, je t’aurais prise pour l’une des leurs… Quelle est ta tribu désormais ?

Qu’avait-elle fait ces dix dernières années ? Elle avait beaucoup de questions mais toutes restaient bloquées derrière la principale : comment Meryl avait-elle survécu à l’Ex-Maatricis ? La terrible sanction restait un tabou pour les nomades : n’y a-t-il pas pire honte pour une femme que d’être stérile et d’y survivre ?
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Dim 15 Nov - 22:21
Meryl regardait l'impétueuse nomade à califourchon au dessus d'elle d'un air incrédule. Venait-elle de se faire claquer les fesses à l'instant, dans le plus grand des calmes ? Elle n'avait même pas su réagir en la voyant lui foncer dessus, et encore moins maintenant qu'elle était si proche, ses yeux inquisiteurs posés sur elle. En d'autres circonstances, Meryl était sûre que son amie aurait accompagné ses paroles d'une lame sous la gorge, elle fut assez heureuse d'en être dispensée. Elle était presque tentée de s'excuser maladroitement, pour tout, pour des choses dont elle n'était même pas responsable, pour ne pas savoir trouver les bonnes choses à dire au bon moment, entre autre chose.

Heureusement que Nyxie était là pour recentrer son attention. Une des leurs ? Une Shog ? N'avait-on pas inventé un terme pour parler des gens comme elle ? Un sourire insolent s'étira sur ses lèvres alors qu'elle fixait toujours intensément la brune au dessus d'elle.


- Quelque soit ma tenue, ça ne changera pas vraiment ce que je suis, hein ? Ni vraiment des leurs, ni vraiment des vôtres.

A quoi s'attendait-elle ? Qu'elle continue de s'habiller comme eux, de vivre comme eux, de vénérer leurs dieux, de pratiquer leurs rites ? Elle avait rejeté tout ça il y a bien longtemps, dès lors qu'ils avaient arraché de son corps tremblant l'espoir d'avoir un jour une famille à elle ; et aujourd'hui, même si elle ne tentait pas particulièrement à s'intégrer parmi les Shog, elle avait tout rejeté de son ancienne vie, se persuadant parfois qu'elle n'avait jamais existé.

- Aujourd'hui, ma tribu c'est moi, et juste moi.

D'un coup sec, elle bascula son bassin à gauche, déséquilibrant Nyxie qui roula à ses côtés dans la paille ; Meryl prit bientôt l'avantage et se plaça à califourchon au dessus de son amie, lui adressant à sourire narquois. Avec la paille dans ses cheveux et son air courroucé, elle était vraiment charmante, comme elle l'avait toujours été d'ailleurs. Elle saisit la plume cendrée qui s'était échappée de sa chevelure et souffla dessus pour en faire voler la poussière, avant de la replacer délicatement près de son oreille.

- Et toi, harpie des herbes ? C'était comme ça qu'elle la surnommait enfant, avec ses plumes dans les cheveux et son tempérament de feu. Ça lui allait bien. Toujours à la poursuite de tes rêves de grandeur ? Qu'est-ce que les dieux ont chuchoté à ton oreille récemment ? Est-ce que tu es devenue chamane comme tu le voulais ou restes-tu l'éternelle seconde ?

C'était pour briser Nyxie qu'elle avait subi son châtiment, elle n'était pas dupe. Et pour que cette dernière accepte de rester vivre avec le clan après ce qu'il s'était passé, c'est que les matriarches avaient réussi leur coup. Que restait donc t-il de son ancienne amie, à l'intérieur ?

- Laisse tomber, souffla t-elle sans lui laisser le temps de répondre. Elle se releva prestement et offrit une main à Nyxie que cette dernière n'accepterait sûrement pas. Dis-moi plutôt ce que tu fais ici, c'est pas ton genre de t'approcher des Shogs, tu as toujours cru que tu attraperais la malédiction si tu t'approchais trop de leur cité. Est-ce que j'ai des chances d'en croiser d'autres en sortant d'ici ?

Quitte à se retrouver nez à nez avec une matriarche, elle aimait autant le savoir. A part son couteau, elle n'avait rien sur elle, mais un couteau était largement suffisant pour trancher une gorge.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Ven 20 Nov - 19:40

CMeryl affichait un sourire étrange, ses yeux ne riaient pas. Ses paroles matérialisaient le gouffre qui la séparait d’elle désormais : « ni vraiment des vôtres ». Plus seule que seule, sans tribu pour se protéger, se nourrir, se chauffer. Comme une exilée. Comme Baldhramn sans doute. Le visage de Nyxie se durcit. La joie des retrouvailles venait de retomber comme un soufflé raté. Evidemment, comment aurait-il pu en être autrement ? La pensait-elle sincèrement avec les Ana Orée ? Ou n’importe quelle autre tribu d’ailleurs, maintenant qu’elle était une exmaatricisée. Elle ne serait d’aucune aide pour peupler la tribu, pire elle était marquée comme caractère rebelle, même si ça avait été fait dans l’injustice la plus totale. Probablement aucune tribu ne l’aurait acceptée. Qu’avait-on fait à son amie ? Comment peut-on faire ça à une enfant de douze ans ? Ces questions la glaçaient, l’écœuraient, si bien qu’elle ne vit pas venir le coup de hanche qui la fit rouler dans la paille. Désarçonnée, elle avait le regard noir. Son petit ego n’avait jamais apprécié perdre, qu’importe le jeu ou le défi. Meryl semblait bien s’en amuser et en rajouter une couche en touchant ses plumes – dieux qu’elle ne supportait pas qu’on touche à ses plumes ! – et en réutilisant le quolibet qu’elle lui donnait lorsqu’elles étaient enfants. Elle avait toujours ce caractère taquin et acidulé qui touchait juste. Les sourcils de la brune se froncèrent.

La garce.

« L’éternelle seconde ».

La garce.

Si elle savait. S’il n’y a plus de première, il n’y a plus de seconde, après tout. S’il faut éliminer un problème autant remonter jusqu’aux racines. Si elle savait qu’un de ces jours, la tribu se pouvait se réveiller sur les cadavres des oracles et de sa sœur. Non, ça ne pouvait pas arriver. C’était impossible, il ne fallait pas.

Phoenyx n’attrapa pas la main qu’on lui tendait, mais le poignet, rendant l’effort bien moindre. Ses yeux se plantèrent dans les iris sombres de sa comparse. Jamais elle ne serait matriarche. Jamais plus elle n’aurait de tribu. Inconcevable. Pas dans sa tête. Pas dans ses visions. Meryl devait être matriarche, elle l’avait vu. Une pièce semblait manquer au puzzle, la pièce qui donnerait du sens à toutes les autres. Ou alors elle était folle, comme Baldhramn sont frère, elle était juste folle. Aucun dieu ne lui parlait, et ce qu’elle croyait leurs voix n’était que l’écho de ses délires résonnant dans le néant.

Impossible. Elle se refusait à l’accepter.

Je ne voulais pas venir. Les dieux m’ont amenés à toi, dit-elle sans cesser de scruter son interlocutrice. Ses doigts tapotèrent la plume grise plantée dans sa chevelure, comme pour faire référence à son apparition soudaine dans la cour du fermier. C’était vraiment une attitude de nomades, ou de superstitieux, que de suivre les signes, de les interpréter pour les faire coller à sa propre vision du destin et de la volonté des dieux. Un rêve de psychotropes, un ver de terre, une poule, et ça y est, Anauroch vous guide, une grande gloire vous attend ! Il était si facile de tourner en ridicule les hasards qui modèle l’existence. Mais combien de coïncidences successives faut-il pour que le hasard devienne une prédestinée, un destin inévitable ? Parfois, c’est croire que tout n’est que coïncidence qui semble être le comportement le plus ridicule et irrationnel.

Bien qu’elle persistait à croire qu’elle deviendrait Celle-qui-voit, Nyxie n’aurait su expliquer comment ses visions ont pu être si loin de la réalité. L’interprétation chamanique est un exercice si difficile que même les chamanes ont parfois besoin des oracles pour les comprendre.

Tu es la même, mais différente. Je ne sais pas… ajouta-t-elle en penchant la tête sur le côté, comme si elle pourrait voir une nouvelle facette de son amie, découvrir quelque chose qui lui échappait. Une interprétation nouvelle. N'en trouvant pas, elle se résolue à lui répondre : Les vieilles sont restées au camp, comme à leur habitude, avec les Protecteurs. Les chasseurs se sont dispersés pour vendre leurs cuirs.

Le manque de respect évident résonnait quand elle prononçait « vieilles » comme si elle venait d’avaler quelque chose de particulièrement amère et sableux. Gamine, elle n’avait jamais aimé les oracles qui la sermonnaient chaque fois qu’elle traînait trop près de sa mère et sa sœur. On avait beau avoir essayé d’implanter le respect des anciens, les matriarches et les oracles restaient à ses yeux des branches pourrissantes de la tribu.

Qui que tu croises, je doute qu’ils te reconnaissent, à part peut-être les Filles-mères, mais aucune n’est sortie du camp avec nous.

Elle était là, mais pas vraiment. Elle donnait les informations sur un ton égal, mais son esprit était agité par tout autre chose. Maintenant qu’elle avait retrouvé son amie, une partie d’elle refusait de l’abandonner encore. Elle aurait voulu la ramener à la tribu, imposer son retour. C’était impossible. De plus, Meryl n’accepterait jamais de vivre parmi ses bourreaux, ceux qui l’avait détruite et abandonnée. La tribu n’était plus sa famille, le lien était brisé et irréparable. Cette envie égoïste et stupide la fit baisser les yeux. Que ne pouvait-elle s’enfuir, elle aussi, et vivre libre de toute contrainte ? Est-ce qu’on la laisserait derrière, elle, la seconde, aussi facilement que la nièce de la matriarche avait été laissée pour morte ? Sur l’instant l’idée lui paraissait particulièrement géniale, mais le visage du fermier lui revint en tête presque immédiatement. Meryl était-elle avec cet homme ? Etait-elle devenue sédentaire ? Avait-elle abandonné tous les principes nomades et sa foi ?

Qui est ce Shog ? Ton homme ? demanda-t-elle d’un ton instigateur. Avant qu’elle n’ait le temps de réfuter quoique ce soit, Nyxie glissa son bras sous le sien pour qu’elles se retrouvent côte à côte. Tu sais quoi ? Fais-moi faire le tour de cette ville maudite. Tu m’as manquée, je veux rattraper un temps perdu. Parle-moi de ta vie. Donne-moi envie de rester avec toi. Libère-moi. Emmène-moi. Laisse-les m'abandonner.
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Ven 27 Nov - 23:39
Les dieux l'avaient guidée à elle, rien que ça. Ces mêmes dieux qui les avaient séparées presque dix ans auparavant ? Et s'ils ne les réunissaient que maintenant, c'était sans doute à dessein, car rien n'arrivait jamais par hasard ; Meryl devait affronter la solitude et l'exil, tout comme Nyxie devait apprendre à vivre sans elle. La souffrance était souvent perçue comme quelque chose qui fortifiait l'âme, la forgeait afin qu'elle soit capable d'endurer presque n'importe quoi. C'était faux. Elle avait souffert plus que la plupart des gens, versé sang et larmes, et aujourd'hui elle se sentait brisée, sur le point de voler en éclats d'un instant à l'autre.

Mais il était tentant d'y croire malgré tout, car la foi aurait au moins donné un sens à tout cela.

Un faible rictus à la commissure de ses lèvres, c'était tout ce qui trahissait le plaisir qu'elle avait à revoir son ancienne amie, un sentiment perdu au milieu de beaucoup d'autres, beaucoup moins positifs. Lorsqu'elle s'était amusée à imaginer ce qu'était devenue Nyxie avec les années, l'image qu'elle s'en était faite ressemblait beaucoup à ce qu'elle avait sous les yeux aujourd'hui, c'était assez troublant. Une part d'elle fut satisfaite de voir que les vieilles n'avaient pas vraiment tué son indocilité, ou son irrévérence à l'égard de ses aînées. Une véritable harpie des herbes.

Elle haussa les sourcils devant les curieuses questions que lui posa la nomade, encore plus lorsqu'elle se retrouva bras dessus bras dessous à ses côtés. Cette manie de passer du coq à l'âne, ça non plus, ça n'avait pas changé. Le rictus se transforma en véritable sourire, en une fraction de seconde.


- Stan ? C'est un gentil garçon, j'ai toujours eu un faible pour les gentils garçons, mais... non.

Meryl se demanda un instant ce qui avait motivé ce soudain intérêt pour sa vie sentimentale. Voulait-elle s'assurer qu'elle n'avait rien qui la retenait ici si par hasard... Si par hasard quoi, d'ailleurs ? Si elles comptaient reprendre exactement là où tout s'était arrêté il y a des années : elles seules contre le reste du monde ? Quand bien même Meryl était libre comme l'air, cela était impossible. Et Nyxie le savait. Le savait-elle ?

Même elle, en y pensant, n'en était plus si convaincue.

Ça non plus, ça n'avait changé. Nyxie n'avait qu'à battre des cils dans une direction pour convaincre Meryl de la suivre.


- Tu m'as manquée aussi, répondit-elle presque dans un souffle.

Cela n'avait aucun sens. Nyxie pendue à son bras, lui demandant de lui faire visiter la ville. C'était une illusion. Un rêve. Un joli rêve.


- Si c'est un rêve, alors je n'ai pas envie de me réveiller, admit-elle encore plus bas. Soit. Par quoi veux-tu commencer ? Je vais être tout à fait honnête, il n'y a qu'une seule chose qui vaut la peine ici, c'est l'hydromel utgardien. Tout le reste, vraiment tout le reste, je pourrais m'en passer.

Guidant Nyxie à l'extérieur de la grange après avoir rassemblé le peu d'affaires qu'elle possédait dans son sac, elle esquiva fermiers et curieux qui ne manquèrent pas de l'assaillir de questions à propos de la nomade qu'elle avait à son bras ; elle finit par l'attraper par la main, l’entraînant avec elle dans une folle course au milieu des champs. Elle n'avait pas envie d'expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit, elle voulait juste profiter de son amie pendant le peu de temps qu'on leur accorderait.

Elle reprirent leur souffle près du fleuve, que Meryl s'amusa à longer le plus près possible, un pied devant l'autre, dans un équilibre précaire. Là, elle lui raconta brièvement le peu qu'elle avait à raconter sur sa vie, et certainement ce qui devait le plus intéresser son amie : son sauvetage par les Ascaniens, le reste de son enfance dans leur orphelinat, son instruction religieuse imposée pour laquelle elle n'avait jamais montré d'intérêt particulier. Elle évoquait tout cela de façon légère, comme si elle parlait de la vie de quelqu'un d'autre, et pour cause, elle avait parfois l'impression que c'était une autre vie. Un peu comme la vie qu'elle avait auprès des nomades.


- J'aimerais te dire que je suis devenue quelqu'un ici, mais ce n'est pas le cas. Je reste une étrangère et je crois que ça ne changera jamais, peu importe combien d'années je passerai dans ces murs.

Elle lui lança un regard indéchiffrable, comme si elle tentait de lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait pas que son amie emprunte le même chemin, si toutefois l'idée lui avait traversé l'esprit.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Sam 5 Déc - 22:01

Le temps fatigue le rocher, le fait éclater en pierres, qu’il moud en grains de sable. Mais le rocher ne disparaît pas pour autant : il se transforme, s’adapte au monde. N’est-ce pas là la force de toute chose et de toute vie ? Subir, être modelé par le Bras-du-Destin, aussi implacable soit-il, pour survivre aux aléas de l’avenir incertain. La colère, la rage, sont des forces puissantes qui peuvent soulever des montagnes et ouvrir des océans. Les dieux le savent. Nous le savons, mais nous ne le comprenons pas. Nous n’aimons pas comprendre, alors nous oublions vite. Dès que nous nous sentirons bien, nous nous souviendrons tout aussi vite que la douleur passée est toujours présente.

Meryl évoquait l’homme avec un sourire. Les yeux noisette fixaient son expression avec une pointe de jalousie. Il fut bien difficile de conserver un air léger, ou même neutre, alors qu’elle était en train de se remémorer des moments heureux en compagnie du si « gentil garçon » ? On avait tout de même du mal y croire, les gentils garçons étaient bien trop ennuyants pour les femmes comme elles, à moins que la blonde sauvage ait perdu de son caractère. Ce qui ne semblait pas être le cas, du moins c’était ce que ce « non » sembla confirmer. Un flash passa devant les yeux : « -Vous savez quoi ? Je vais voir ailleurs si j'y suis. Ouais, je vais faire ça. Amusez-vous bien. ». L’amertume que ce cher Stan avait laissée dans son sillage, Phoenyx s’en délectait intérieurement. Cet homme n’avait rien à apporter à Meryl, il sentait le purin et le renfermé, son corps était sec, mais son esprit était mou : il n’avait pas l’ardeur du combat ni la poigne nécessaire pour captiver l’intérêt d’une femme. Il finirait certainement avec une femelle de sang-maudit, comme lui, qui acceptera sa besogne sans trop broncher. Oui, on pouvait dire que Nyxie était du genre à juger au premier regard. Mais tout son jugement se basait sur la fausse certitude que son amie d’enfance avait évoluée dans la même direction qu’elle et que ses exigences étaient identiques aux siennes.

Ses réflexions narcissiques l’avaient écartée un moment de la conversation, ou alors elle ne comprenait pas de quel rêve Meryl lui parlait. Néanmoins, cette dernière semblait passionnée par l’hydromel utgardien, en tout cas, c’est ce dont elle lui parla alors qu’elle empaquetait ses affaires. Des gens tentèrent de les approcher à plusieurs reprises, mais aucune des deux femmes ne leur adressa un regard ou ne répondit à leur question. Décidément, les hommes d’ici ne savaient pas rester à leur place, ne voyaient-ils pas qu’elles n’étaient pas disposées à des conversations futiles ? Qu’il s’agisse du gibier ou de l’équarrissage, aucune de ces tâches n’étaient dans leurs priorités, qu’ils se débrouillent avec leurs pères. Main dans la main, elles se mirent à courir, comme autrefois, à travers champs et forêts, pour échapper aux sermons des vieilles, et aussi un peu, à la surveillance des guérisseurs alors qu’elles n’étaient que des initiées.

Près du fleuve, elles s’arrêtèrent enfin et rirent de plus belle. Meryl fit un résumé sommaire de ce qu’était sa vie depuis leur séparation. Vacillant sur le bord de la rive, elle illustrait parfaitement l’équilibre fragile qui l’avait fait survivre jusqu’à ce jour. Le silence retomba alors que Nyxie essayait d’interpréter les paroles de son amie. A coeur ouvert, elle partageait son sentiment de solitude, elle questionnait sa place dans cet environnement hostile, sa crainte aussi peut-être pour son avenir. Il aurait suffit d’un détail pour faire basculer le cours de sa vie,  un Ascanien prenant un autre chemin, une brise la poussant dans l’eau…

Ne sois pas stupide. Tu es quelqu’un, tu-n’as-pas-besoin-que-des-moutons-parqués-te-reconnaissent-comme-l’une-des-leurs-pour-CA, fit-elle sans faire de pause entre ses mots, comme si elle voulait couvrir un bruit qui la gênait et comme si, en ne laissant aucun silence, il disparaîtrait, l’echo. «  … peu importe combien d'années je passerai dans ces murs... »

L’écho lui fit froid dans le dos. Non, pas Meryl. Meryl n’était pas si stupide. Elle en avait trop pâti pour ça, les vieilles s’étaient assurées que les Lois Tridéites restent ancrées en elle, tout particulièrement à cause de son apparence. Elle, plus qu’aucun autre initié, avait passé des heures à répéter les préceptes nomades, le Trois-Nul-Car, et les autres prières. Elle, plus qu’aucun autre initié, les connaissait par coeur.

C’était impossible. Inconcevable. Inacceptable. Phoenyx résistait à l’envie cuisante de lui sauter à la gorge, là tout de suite, de lui faire cracher la vérité, de la prendre à parti, car ses paroles l’avait trahie, les avait trahis, elle l’avait trahie elle. En s’empêchant de l’étrangler, elle l’écarta. L’équilibriste n’avait rien perdu de ses réflexes, elle s’agrippa à la main qui venait de la pousser et l’entraîna dans sa chute. Nyxie eut tout juste le temps de prendre une dernière respiration. L’eau glaciale fouetta sa peau, ses longs cheveux noirs s’étalèrent autour de sa tête. Quand elle refit surface, gorgés d’eau, ils étaient totalement lisses et lui arrivaient à la taille. Ses plumes, enchevêtrées dans la masse, étaient aplaties et le khöl qui protégeait ses yeux coulaient. Si une Ascanienne l’avait vu émerger ainsi, elle aurait cru à l’arrivée d’un démon – ce qui en soit, n’était pas si loin de la vérité. Son envie impitoyable fut balayée lorsque Meryl lui cracha un jet d’eau à la face.

Nyxie ouvrit la bouche, contrariée puis, telle une carpe digne, la referma, le regard courroucé. Que ferait un démon si on lui envoyait une patate cuite à l’eau bénite dans la face ? S’avouerait-il vaincu ?

Tu ne seras jamais comme eux, peu importe les couches de laine que tu porteras. Elle ponctua sa phrase en giflant la surface de l’eau pour arroser Meryl. Mais je suis curieuse de voir ce fameux Hydre au Mèloute-Gardien. La bestiole a-t-elle de nombreuses têtes comme les chimères des contes ? Et que garde-t-il ?

Non, elle ne voulait pas une confrontation maintenant, pas maintenant qu’elles s’étaient enfin retrouvées. Même les dieux ne pouvaient pas lui voler ça maintenant. Est-ce que ça faisait d’elle une mécréante ? Est-ce qu’en repoussant l’inévitable elle s’attirerait leur ire ? Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Oui. Toutes les chandelles, tous les brasiers, juste pour un rêve éveillé, le temps d’une journée...
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Dim 6 Déc - 11:48
Loin de se douter des sombres pensées qui agitaient l'esprit de son amie, Meryl prit son geste pour une simple farce, comme lorsqu'elles étaient encore enfants. Combien de fois avait-elle fini la tête la première dans un ruisseau parce qu'elle n'avait pas été assez attentive à la petite harpie des herbes qui s'était faufilé derrière elle avec un sourire espiègle ? Beaucoup trop pour qu'elle puisse les compter. Et Meryl lui avait alors fait la promesse que pour toutes les rivières, pour toutes les flaques de boue et tous les champs d'orties, Nyxie aurait aussi droit à sa part. « Si je tombe, tu tomberas avec moi, sois en sûre ! » avait-elle déclaré, et elle n'avait jamais manqué à sa parole.

Son air courroucé lorsqu'elle émergea la tête du fleuve en valait le coup, en tout cas ; plus encore lorsqu'elle lui envoya un jet d'eau en plein visage, avant d'éclater de rire. Rire était une bonne façon d'éclipser le sérieux qu'avait pris leur conversation. « Ne sois pas stupide. Tu es quelqu’un. » Nyxie n'avait pas hésité un seul instant. Meryl ne doutait pas que son amie le pense encore, après toutes ses années. Quand finirait-elle par admettre que les Dieux n'avaient dessiné aucun plan pour elle ? Probablement jamais ; Nyxie n'était pas du genre à renoncer, ni à reconnaître qu'elle avait peut-être tort sur certaines choses. C'était agaçant et réconfortant à la fois.

Aucunes n'avaient envie de poursuivre la conversation plus loin, sûrement trop effrayées à l'idée de découvrir à quel point Meryl avait changé et à quel point leur amitié en souffrirait lorsque Nyxie en prendrait enfin conscience. Et l'instant présent était trop précieux pour être brisé, même pas par elles deux.


Meryl fit les yeux ronds devant la dernière question de la nomade. De quelle bête parlait-elle ?

- L'hydrom... Oh, bon sang...

Son éclat de rire sembla se répercuter en mille échos sur la surface du fleuve, et lorsque son hilarité sembla enfin se calmer, le fou rire la reprit, emportant avec lui la peine et la douleur qui avait été son quotidien depuis plusieurs mois. Elle ne savait plus depuis quand elle n'avait pas ri comme ça. Une bulle d'euphorie grossit dans son ventre pour éclater ensuite en un millier de petites bulles de félicité.

- T'es pas possible, finit par répondre en s'essuyant les yeux d'un revers de main, avant de remonter la berge. Il va falloir refaire toute ton éducation, Nyxie.

Avec ses vêtements trempés et son sac sur les épaules, elle avait l'impression de peser le poids d'un âne mort et se traîna plus hors de l'eau qu'elle ne se releva gracieusement.


- Je vais devoir passer les prochaines heures devant un bon feu de cheminée grâce à toi. Et avant que son amie ne puisse le lui faire remarquer, elle ajouta. Oui, vivre avec les Shogs m'a rendu douillette. Tu viens ? On pourra voir en combien de verres l'Hydre te mettra par terre !

Elle attrapa le bras de la nomade pour la sortir du fleuve mais ne le lâcha pas même une fois qu'elle tenait sur ses deux jambes. Au contraire, elle affermit sa prise et se colla un peu plus à elle, comme pour vérifier qu'elle était bien là, qu'elle n'était pas une illusion créée par son esprit malade. Elles continuèrent à longer le fleuve, quoi que plus aussi proche au cas où sa harpie des herbes aurait la bonne idée de vouloir lui faire reprendre un bain.

Meryl la guida jusqu'à la Porte d'Orée que son amie hésita visiblement à franchir. Sa main fermement ancrée dans la sienne, elle lui adressa un sourire rassurant. « Ça va aller, je suis avec toi » aurait-elle voulu lui dire, mais sa seule présence ne la protégerait pas de la malédiction. Elle était bien déterminée à la protéger de tout le reste néanmoins.

Le quartier Utgardien, même s'il était entouré de murs de pierre, était assez rudimentaire pour que le contraste ne soit pas aussi saisissant que si elle l'avait emmenée chez les Amaranthis. À cette heure-ci, la hutte du Hurlsk n'était pas encore la taverne la plus animée de la ville, Meryl choisit donc une taverne plus intimiste pour se poser devant l'âtre d'une cheminée et faire découvrir les joies de l'hydromel utgardien à Nyxie.


- Ici, les hommes n'obéissent pas aux femmes et peuvent même se montrer assez irrespectueux envers elles. Si quelqu'un te tripote sans ton consentement, viens me voir.

Elle jeta un coup d'oeil à son amie, s'attendant à la voir réagir avec son tempérament habituel.

- Ce n'est pas pour toi que je m'inquiète, harpie des herbes. C'est plutôt pour eux. Je te demanderai juste de ne tuer personne tant que tu es ici. La garde t'arrêterait, tu serais enfermée et je serai obligée d'aller forcer ta cellule pour te sortir de là, en esquivant tous tes geôliers. Ça m'épuise d'avance, dit-elle en accompagnant son sourire d'un clin d'oeil.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Dim 27 Déc - 0:58

Perplexe, Phoenyx observa son amie en proie aux spasmes d’un fou rire. Quoiqu’elle ait dit, elle ne comprit pas vraiment l’origine du malentendu et se contenta de sourire : ce n’était apparemment qu’une question de temps avant qu’elle ne comprenne de quelle hydre il était question. Trempées, elles regagnèrent le bord de la rive, leurs vêtements et leurs chevelures alourdis par l’eau. Les températures étaient encore fraîches en ce premier mois de printemps, mais habitués à vivre dehors et à marcher, les nomades gardaient les épaisses fourrures au camp pour les paillasses. L’hiver lors des chutes de neige, ils s’en servaient pour couvrir leurs épaules. Le reste du temps, ils préféraient s’épargner ce fardeau. Leurs habits étaient certes faits de peaux, mais seul l’intérieur des bottes, les bordures de manches et les tours de cou étaient ornés de poils de bêtes. Comme une éponge, la fourrure s’était imbibée d’eau. Si elle n’avait pas bien lacé ses bottes, Nyxie aurait facilement pu les perdre alors que la blonde l’arrachait à la rivière. Enfant, elle avait suffisamment vécu la situation pour avoir appris de ses erreurs.

Floc-floc. Désormais, chacun de ses pas était accompagné d’un bruit d’eau. Elle n’avait rien à envier à Meryl, qui non-seulement était trempée des pieds à la tête, mais avait été poussée avec son sac. Que contenait-il ? Probablement l’essentiel à sa survie, et ses seules possessions. Les mêmes choses, sans doute, qu’elle-même aurait emporté si elle avait décidé de s’éloigner seule de la tribu ou d’aller réclamer son Dû Maternel. D’un soupir, elle chassa les Vaar Orée de ses pensées et de ses deux mains, attrapa la pesante tignasse noire pour l’essorer dans un sens, puis dans l’autre, l’histoire de soulager sa nuque. L’eau se déversa sur ses pieds et sur ceux de son ami qui la tenait à bras-le-corps. Qu’importe, elles n’étaient plus à ça près. Meryl râlait déjà à l’idée de rester dans des vêtements mouillés, son amie avait beau être habitués au confort minimal, elle ne pouvait que partager son sentiment. Être dans l’incapacité de se chauffer ou de se sécher pouvait signifier la mort d’un être humain dehors. C’était une des raisons pour lesquelles il était plus aisé de vivre en communauté : chacun veillait sur l’autre. Ceux qui revenaient trempés de la chasse ou de la cueillette trouvaient au camp un feu fourni et une gamelle fumante. Tout est plus compliqué lorsqu’on est seul, point de répit, point de certitude.

Le fleuve serpentait à travers la vallée et faisait un détour par l’intérieur de la ville. D’instinct, son corps retint sa marche à la vue des grandes portes de la ville. Dans le silence, l’appréhension qui vibrait dans le coeur de la nomade fut écrasée par la main de Meryl qui serrait la sienne. Pas même les dieux. Ses sourcils arqués se froncèrent. N’avait-elle pas un monstre à mettre à terre pour épater son amie ? Nombre de ses congénères avaient franchi les murs de la ville pour troquer leurs biens, jusqu’ici tous ceux qu’elle avait vu partir étaient revenus. Sauf Grand Frère. Disparaîtrait-elle comme lui ? Et si son sang se faisait maudire, comment le saurait-elle, et que ferait-elle ? A son tour, elle pressa la main qu’elle tenait, déterminée à faire face. Si elle devait subir le courroux des dieux, autant aller jusqu’au bout. Guidées par Meryl, les deux femmes se dirigèrent au nord de la cité interdite.

Sa bravoure ne sauva que les apparences. Dans sa poitrine, le coeur de Nyxie battait à tout rompre. Partout où se posait son regard, elle y voyait blasphème, malédiction et promesse d’une punition divine. Passé l’enceinte de la cité, l’eau du fleuve devenait trouble et prenait une teinte verdâtre, comme souillée par les sédentaires. Les quais affichaient des traînées de vase et de moisissure. L’air empestait le poisson, d’ailleurs, les pécheurs s’égosillaient à la criée. Partout, à perte de vue, des pierres. Des abris en pierre, des maisons, des bâtisses, des bâtiments de stockage, des commerces. Rien ne bougeait jamais, rien ne bougerait jamais, ni leurs constructions, ni leurs âmes. Tout resterait ici, abandonné dans le Grand Vide, dédaigné par le temps. Les yeux de la nomade sautaient d’une curiosité à une autre, Meryl semblait se déplacer avec aisance dans ce labyrinthe de tombeaux. A quel point était-elle devenue comme eux ? Au fil de leur progression, la blonde faisait la liste de ses recommandations, Phoenyx l’écoutait d’une oreille distraite, mais tiqua lorsqu’elle lui recommanda de s’adresser à elle en cas de conflit.

Je n’ai pas besoin de toi pour dresser un mâle un peu trop sûr de lui, s’enquit-elle. Elle fut bien vite coupée par son interlocutrice qui ne la connaissait que trop bien. Ainsi, on la privait de se défendre ? Car c’était bien de cela dont il s’agissait : manquer de respect à une femme et avoir le droit de rester en vie, plaît-il ? Voyant son air indigné, la mine de Meryl se fit insistante alors qu’elle expliquait que les protecteurs de la ville n’étaient en fait pas des protecteurs de femme, mais des guignols qui la mettrait en cage si elle se portait volontaire pour éliminer les éléments retardés de leur communauté. Pas étonnant qu’ils soient maudits, à se reproduire entre abrutis finis. Nyxie soupira, désemparée et impuissante.

Je m’arrête avant qu’il ne respire plus, compris… fit-elle un peu dépitée. Le pire m’attend dehors, si je ressors d’entre ces murs un jour. Allons combattre l’hydre ! lâcha-t-elle dans un cri guerrier accompagné d’un pas déterminé. Amusée, son amie la guida dans des ruelles plus étroites que celles qu’elles avaient prises jusque-là. Meryl poussa une lourde porte dont le vieux bois avait pris une teinte charbonneuse et l’entraîna l’intérieur. L’air chaud et chargé d’odeurs leur sauta à la gorge et au nez. Ca sentait les restes de nourritures que les vieilles laissaient mijoter indéfiniment sur le feu jusqu’à ce que ce soit assez mou pour leur mâchoire édentée. Ca sentait aussi l’intérieur qu’on aurait trop chauffé et pas assez aéré, il faisait sec. On se sentait à l’étroit, d’instinct, la nomade chercha les issues des yeux : il y en avait très peu : l’entrée et des ouvertures calfeutrées avec des peaux dans les murs. L’idée de rester ici pour se sécher lui déplaisait, elle s’y sentait mal à l’aise. Elle tira sur le poignet de Meryl pour qu’elles soient si proches que personne d’autre ne puisse les entendre.

Meryl. Je peux nous faire un feu dehors, à l’air pur. Nous ne sommes pas obligées de nous sécher ici. N’importe quel prédateur peut nous acculer dans se trou et nous n’aurons aucune échappatoire ! chuchota-t-elle en retenant autant que possible son ton alarmant, pour ne pas dire hystérique. Depuis leur baignade inopinée, la marche avait éliminé une grande partie de l’eau imbibée dans leurs vêtements, mais les floc-floc des bottes de la nomade persistaient ce qui n’avait pas manqué d’attirer l’attention du tenancier. Occupé à remuer la tambouille du prochain repas, il s’interrompit pointant la louche menaçante qu’il tenait vers elles.

Vous m’foutez d’la flotte partout, nom de nom ! Puis d’un coup, il fendit l’air avec son dangereux ustensile, l’air féroce. Qui c’est qu’va éponger mes lattes avant qu’elles gondolent, c’t’encore moé !

Le visage rondouillard, mal rasé, les lèvres molles, la langue bien pendue, Rafin n’était pas méchant, il était juste chiant. Et un tantinet parano. Ce qui faisait de lui un tavernier remarquablement volubile en terme de ragots, rumeurs sorties de nulle part et complots qui n’ont jamais existé que dans son esprit créatif.

Vous v’nez pas du fleuve au moins ? Z’êtes pas de ces foutus contr’bandier, pardi ?

Ou presque. Faut dire que sa taverne n’était pas loin de la Porte d’Orée, et que ma foi, les loubards aussi avaient soif. Ca n’avait jamais posé de problème, jusqu’à avant-hier, quand la garde était venue fouiner par ici, et pas de chance, quelques clients avaient des marchandises « délicates » avec eux. Alors pour quelque temps, les « vendeurs du Tentacle » il en voulait pas.

Ma taverne est sous l’oeil de la garde, alors fichez-moé l’camp ! harangua-t-il en bondissant de la petite estrade où il se trouvait, révélant une taille encore plus petite qu’on ne l’aurait cru de prime abord. Le petit saut fit rebondir la myriade de courbes qui formait son corps de potiron-humain. Puis d’un geste étonnamment vif et précis, il décrocha le torchon de son épaule et le lança à la tête de Nyxie qui eut tout juste le temps de l’esquiver en se baissant.

Du calme Petit-rond-colère ! Ou c’est toi qui vas gondoler ! Nous ne sommes pas contre Bandier, nous sommes pour Bandier ! fit-elle incertaine de ce Bandier pour ou contre lequel elle se positionnait. D’ailleurs, il semblait que Rafin non plus n’était pas certain de ce qu’était un pour-bandier. Il adressa un air interrogateur à Meryl, qui au moins, n’était pas habillée comme une sauvage des bois, peut-être attendait-il une traduction ou un éclaircissement sur leur Pour-bande.
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Jeu 11 Fév - 0:03
- Qu'est-ce que tu baves, Rafin ? Ta taverne est innondée au moins trois fois par an, comme la moitié des habitations de ce quartier boueux ; ton parquet en a vu d'autres, répondit Meryl, agacée de se faire houspiller comme une gamine. Elle n'aimait pas vraiment la façon qu'il avait de les regarder, avec ses yeux de fouine, comme on regarderait de sales gosses qui préparent un mauvais coup. Mais avec la présence de Nyxie à ses côtés, elle-même avait un peu l'impression d'être retombée en enfance et sans doute mériterait-elle tous les coups d'oeil défiants qu'elle allait recevoir d'ici la fin de la journée.

Nyxie, d'ailleurs, eut la bonne idée de plaider leur cause et Meryl se mordit la lèvre. C'était de sa faute, après tout ; ses conseils s'étaient bornés à lui dire de ne tuer personne. Non, il aurait plutot fallu lui dire de n'avoir aucune intéraction avec qui que ce soit, physique ou verbale. Il y eut un instant de flottement durant lequel Rafin observa la sauvage avec un mélange de crainte et de pitié, une curieuse combinaison. C'est finalement la pitié qui sembla l'emporter sur le reste : la sauvage semblait tout à fait inoffensive, sans doute était-elle juste demeurée.

Lorsque le regard du tavernier se posa sur elle, Meryl ne sut que répondre, et l'instant de flottement se transforma en long silence gênant. Peut-être que si tout le monde faisait comme si de rien n'était, l'affaire serait vite oubliée. Oui, voilà, excellente idée.


- Oui, doooonc... Deux hydromels. Et de la bonne, pas la pisse que tu sers d'habitude.

Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre la chaleur accueillante qui émanait de l'âtre dans le coin de la pièce, Rafin se râcla la gorge bruyamment.

- Et est-ce que j'peux voir l'argent maintenant ?
- Pour qui tu nous prends, au juste ? C'est habituel de demander à être payé avant de servir tes clients ?
- Non, bien sûr. Disons qu'vous êtes des exceptions.

Meryl fronça les sourcils. Elle ne l'avait jamais beaucoup aimé, celui-là, maintenant elle savait pourquoi. Qu'on puisse la prendre pour une vulgaire voleuse qui partait sans payer, c'était assez insultant. Ce n'était pas arrivé depuis... beaucoup trop longtemps pour que les gens s'en souviennent encore, si ? Qu'importe, la journée était déjà bien entamée, elle était transi de froid dans ses vêtements devenus inconfortables et elle avait promis à son amie de lui faire goûter les seuls délices que ce quartier de malheur avait à offrir. Elle soupira et tira sa bourse de sa poche, mais sa main ne rencontra qu'un grand vide. Elle était probablement cachée ailleurs, dans son sac peut-être ?

Un sourire presque vicieux de satisfaction s'étira lentement sur les lèvres molles du tavernier, alors que Meryl tantonnait ses affaires avec empressement et désespoir. Au bout de longues minutes, elle dut se rendre à l'évidence.


- Le fleuve... La bourse est... tombée dans le fleuve.
- C'est ça, vous m'en voyez désolé. Mais pas de quoi payer, pas d'hydromel, et pas d'hydromel, pas de place pour vous ici. Allez, dégagez-moi de là, avant qu'j'vous fasse sortir à coups de pompe dans l'oignon !

Ce n'était pas une très grande fortune qui venait de s'envoler, ou plutôt de se noyer, mais c'était tout ce qu'elle avait, et ça lui aurait permis de ne pas mourir de faim les prochains jours. Et de ne pas se faire humilier devant Nyxie par la même occasion. Elles n'eurent d'autre choix que de battre en retraite. Cette notion pouvait sembler abstraite aux yeux de Nyxie, mais oui, on pouvait se faire virer d'une taverne si on n'avait pas de quoi payer. Meryl dut s'y reprendre à plusieurs fois pour le lui expliquer, car elle souhaitait déjà y retourner pour mettre les choses au clair avec le tavernier. Pire idée de la journée. Quoi que non, d'autres suivraient sans doute dans peu de temps.

- Si tu veux profiter de ta visite ici pour réclamer ton dû maternel, tu seras bien inspirée de ne pas choisir un Utgardien. Ils sont plus bêtes que leurs pieds... Et qu'est-ce qu'un physique imposant si dépourvu de la moindre intelligence ? Quoi qu'ils ne sont pas tous très imposants, comme tu as pu le voir...

L'idée qu'un homme puisse être à la hauteur de Nyxie était risible, de toute façon Utgardien ou pas. Elle s'imaginait d'ailleurs très mal Nyxie venir réclamer son dû maternel parmi les Shogs, mais peut-être qu'elle se trompait, après tout. Son amie avait grandi et qui sait à quel point elle avait changé au fond.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Sam 13 Fév - 12:12

Inconcevable. Quel manque de dignité peut avoir un homme à refuser de partager sa marmite avec des femmes qui, manifestement, lui avaient fait l’honneur de bien vouloir manger avec lui ? Pensait-il qu’il aurait beaucoup d’autres occasions pour partager son auge avec de jeunes et belles femmes ? Petit, gras, laid et, apparemment stupide de surcroît. Il avait réussi à mettre Meryl mal à l’aise, Nyxie pouvait sentir sa honte mais ne parvenait pas à la comprendre. De toute évidence, c’était ) Petit-rond-colère de baisser les yeux, puisqu’il était incapable de subvenir aux besoins de deux femelles de passage. La blonde avait beau essayer d’expliquer à son amie que les choses fonctionnait différemment ici, rien n’y faisait. La nomade en venait à se demander pour quelles raisons des femmes pouvait en être réduites à accepter de vivre avec de tels égoïstes sans scrupules. Quand le Dû Maternel fut évoqué, et elle ne put réprimer une grimace de dégoût.

— Sans toi, je n’aurais jamais mis un pied dans cet endroit maudit. Je ne comprends pas pourquoi des femmes resteraient ici: ces Shogs sont des rustres.

L’amertume perçait dans sa voix, elle parlait avec une moue méprisante. Elle avait le jugement rapide et tranchant, et revenait rarement dessus surtout en matière d’hommes. Son regard balayait les environs en permanence, comme un chasseur à l’écoute des environs pour débusquer une proie ou un prédateur. Elle avait compris que l’intérieur de la taverne avait d’autres accès calfeutré par de vieilles peaux inutilisables pour faire quoi que ce soit. S’approchant de la fenêtre de la taverne, elle tapota le cuir abîmé et troué par endroits. Là, elle vit un étrange objet qui émanait la puissance d’une utilisation fréquente. Ses doigts habiles s’en saisirent pour le parcourir avec l’habitude de celle qui observe la qualité d’un objet avec la pulpe de ses doigts.

— Ils n’ont aucune idée de l’honneur qu’on leur fait en marchant ici. Qu’est-ce que cette lance ?fit-elle en déployant un balai, incertaine du sens dans lequel elle devait le prendre. Sa posture guerrière, le dos cambré, elle donnait l’impression qu’elle aurait pu empaler un passant avec un bout ou l’autre.

— Il n’y a que des Shogs pour faire de pareilles armes. Ils ne doivent guère tuer que des feuilles tombantes à l’automne avec, critiqua-t-elle en jouant avec la paille du balai, projetant des poussières et des feuilles qui y étaient prises vers Meryl. Puis sans aucun avertissement elle brisa le manche du balai en deux parties, se retrouvant avec deux pieux. D’un geste, elle s’en servit pour trancher la peau qui protégeait la fenêtre et s’invita à nouveau à l’intérieur. Première curiosité, ce n’était pas du tout la même pièce. Dans un âtre, une casserole faisait mijoter un ragoût dont l’odeur lui donna l’eau à la bouche. Petit-Rond-Colère n’était pas ici, elle fit signe à Meryl de la rejoindre.


Dernière édition par Nyxie le Ven 19 Fév - 22:49, édité 1 fois
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Ven 19 Fév - 18:48
- La voix de la sagesse a parlé !

Sourire en coin, Meryl observait les pitreries de son amie. C'était perturbant de la voir évoluer ici, parmi les Shog, alors qu'il y a encore quelques heures elle n'était rien de plus qu'un souvenir. Est-ce qu'elle aurait le courage de rester ici jusqu'au lendemain matin ? Et si non, quand repartirait-elle ? Elle qui d'ordinaire aimait profiter de l'instant présent sans se poser de questions, voilà qu'elle s'en posait soudain beaucoup trop.

Elle chassa ses pensées en même temps que les toiles d'araignée qui Nyxie lui avait mis dans les cheveux. Lorsque cette dernière brisa le balai en deux, Meryl fit les yeux ronds. Qu'avait-elle exactement l'intention de faire avec ça ? Ni une, ni deux, son amie s'engouffra à nouveau dans la taverne, par l'entrée sur le côté, Meryl à sa suite.


- On ne devrait pas faire ça.

Est-ce que cette phrase pleine de bon sens raisonnerait son amie ? Absolument pas. Mais maintenant qu'elle était là et qu'elle sentait cette bonne odeur de ragoût, Meryl avait de plus en plus de mal à être raisonnable pour deux. Tant pis, ce n'est pas comme si ça allait faire du mal à quelqu'un, hein ? Mais la blonde avait d'autres projets que le ragoût. Elle avait promis de l'hydromel à son amie, son amie aurait de l'hydromel.

Elle se mit à farfouiller le garde-manger du tavernier et dénicha bien vite la réserve à alcool. Faute d'indication, il fallut goûter toutes les bouteilles une à une avant de trouver la bonne. Mince alors.


- Pas celle-là. Celle-là non plus. La prochaine gorgée fut instantanément recrachée. C'est quoi cette horreur ? On va pas me faire croire qu'il ne pisse pas dans ses bouteilles !

Meryl se rinça la bouche -et le gosier- plusieurs fois avec une autre bouteille avant de finalement mettre la main sur ce qu'elle cherchait depuis le début, une fierté juvénile brillant dans son regard.

- Le voilà. Sens comme il sent bon. Elle avisa l'air sceptique de son amie. On peut pas dire qu'on aime pas avant d'avoir goûté !

Elles furent interrompues par Petit-rond-colère qu'elles n'avaient pas entendu arriver derrière elles. Ce dernier poussa une exclamation outrée en voyant les deux petites chapardeuses dans sa cuisine. Cette fois, ce ne fut pas un torchon mais une louche en bois qu'il leur jeta au visage.

- Sales petites voleuses, vous manquez pas d'toupet ! J'vais vous apprendre à v'nir piller mon garde-manger moé !


La blonde avisa la bouteille qu'elle avait dans les mains, puis le manche à balai que Nyxie avait dans les siennes. De sa main libre, elle vint agripper fermement le manche en lui jetant un regard qui voulait dire en substance : « Je t'en prie, ne fais rien de stupide ». Regard que son amie ferait semblant de ne pas comprendre, assurément.

- Gardes ! À moi, gardes ! cria le petit bonhomme dont le visage était devenu aussi rouge qu'une pivoine. Ce dernier n'avait visiblement pas le cran de les affronter toutes les deux à lui seul, sachant qu'il n'avait aucune chance.

- Ne vous embêtez pas à appeler la garde, on n'allait pas rester.


Le choix ne fut pas laissé à la nomade qu'elle força à suivre le mouvement. Malheureusement, lorsqu'elles sortirent de la cuisine de Petit-rond-colère, c'était pour s'apercevoir que la garde était là, alertée par les cris.
Nyxie
Nyxie
https://claircomberpg.forumactif.com/t13-nyxie-vaar-oree-phoenyx
Date d'inscription : 25/09/2020
Messages : 305
Âge du personnage : 21 ans, née en l'an 72
Métier : Guérisseuse
Ven 19 Fév - 21:17


Meryl vidait les étranges potions, prétendument à la recherche de « la bonne ». Pour tout vous dire, Nyxie commençait à penser que son égoïste d’ami s’appliquait à vider les meilleures sans avoir aucune intention de partager jusqu’à ce qu’elle lui demande de sentir la puissance d’une  grosse fiole :

Les fantômes du passé  Tenor

En terme de puissance, la nomade était mitigée. Devait-on parler de la puissance de l’odeur qui s’en dégageait, ou de celle de la densité du  liquide ? Elle aurait juré qu’une cuillère pouvait tenir debout dans cet alcool. Mais comme Meryl le disait si bien, impossible de juger sans goûter ! Petit-Rond-Colère, n’était pas de cet avis. Le tavernier semblait surpris de les voir là, mais fallait-il vraiment être surpris lorsqu’on avait des entrées bouchées par des peaux partout ? Nyxie n’aimait pas beaucoup le ton qu’il prit à leur endroit, aussi elle releva son arme à poils-d’herbes-jaunies, mais Meryl retint la hampe de l’arme avec une expression cucul qui devait vouloir dire « ensemble, on lui saute dessus à trois ». Mais dans les faits, rien ne se passa comme prévu : le demi-homme se mit à beugler, la nomade fit un petit bond, retenue par Meryl qui utilisa cet élan pour l’entraîner hors de la pièce-à-ragoût. Cependant, elles n'allèrent pas plus loin. Un groupe d’hommes armés leur barraient la route.

— Protecteurs ! Cet homme nous refuse la soupe ! Faites quelque chose ! s’exclama-t-elle impérieuse, les poils du balai tendus vers eux comme pour leur exprimer l’affront qu’elles venaient de subir, elles, des femmes ! Certainement, c’était bien suffisant pour le faire punir. Mais ce n’était pas la tribu, il n’y avait pas de protecteurs pour les défendre et passer outre leurs bêtises. C’était la cité maudite, et rien ne fonctionnait normalement. Il fallait donc agir de manière aussi irrationnelle que possible car c’était bien là que résidait leur seule chance de s’en sortir : seule limite, la créativité.

— Arrêtez-les ! Sales voleuses !

Et là, Phoenyx se raidit, absolument scandalisée, comme si devant elle, on venait de blasphémer les Trois Dieux et toutes ses aïeules. On eut dit qu’un projecteur venait de tomber sur elle, plongeant le reste de la salle dans la pénombre qu’est la vie de ces gens qui vivent sans princesse-caprice.

— QU’EST-CE QUE J’ENTENDS ? TIENS-TOI DROITE, JE VAIS A GAUCHE ! explosa-t-elle, indignée en échangeant de place avec Meryl, la menaçant du lance-poussière, utilisant ses doigts pour envoyer les terribles projectiles. COMMENT AS-TU OSE ?! VOLER CE PAUVRE HOMME, TOUT-GRAS-TOUT-ROND-BIEN-DODU ? N’AS-TU DONC POINT DE HONTE !

Et vlan, elle lui ficha le nez dans les poils de balai sous le regard horrifié de l’assistance, le gras d’aubergiste et les trois gardes incertains de s’ils devaient protéger la blonde de la brune ou s’ils devaient laisser ce ménage à trois se résoudre de lui-même. Au bord de l’éternuement, son amie avait-elle seulement compris ce qui allait très bientôt se jouer sous ses yeux ?

— SAUVAGE ! RENDS L’HYDRE AU MELOUTE ! RENDS, ! s’écria-t-elle en lui arrachant la bouteille des mains. Contre toute attente, elle la lança promptement sur le garde du milieu qui s’effondra, assommé sur le coup. Elle avait toujours été meilleure à lancer qu’à rattraper, les objets comme les problèmes. Comme elle l’avait averti, l’emplumée se jeta sur l’homme de gauche. D’abord surpris, l’utgardien parvint à interposer sa hache contre le manche du balai, mais il en oublia que la furie aux plumes avait un autre bâton dans sa seconde main. Elle lui en ficha un coup sec entre les oreilles. Profitant de l’étourdissement, elle passa derrière lui pour le maîtriser avec sa propre arme, côté lame près de la gorge. Un coup derrière la rotule suffit à le mettre à genoux. Trop sûre d’elle, elle ne vit pas la louche voltiger à son encontre, et quand elle la vit, elle eu tout juste le temps de relever la hache pour contrer le projectile, libérant le garde, le temps d’une fraction de seconde. Réalisant son erreur, elle l’allongea à plat ventre en enfonçant son genou au creux de ses reins et lui mit un coup de manche pour l’assommer en criant : ON SE BARRE, EPI DE BLE !

Mais comment Meryl s’en était-elle sortie ? Etait-elle prête à prendre la fuite ou le combat n’était-il pas encore terminé ?




Dernière édition par Nyxie le Mar 23 Fév - 22:30, édité 2 fois
Meryl
Meryl
https://claircomberpg.forumactif.com/t12-meryl-guide-touristique
Date d'inscription : 23/09/2020
Messages : 727
Âge du personnage : 23 ans
Métier : Guide / Pisteuse
Sam 20 Fév - 21:23
Peut-être qu'elle rêvait depuis le début ? Peut-être qu'elle hallucinait ? Un mauvais coup sur la tête ? Dans son rêve, elle retrouvait son amie d'enfance, Nyxie, après une très longue séparation. Ce qui aurait dû être un moment émouvant se transforma en quête sans queue ni tête pour de l'hydromel Utgardien. Ou Hydre au Meloute. Mais voilà, Nyxie étant ce qu'elle était, cela finissait mal. Parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de taper sur des gens.

La sauvage la menaçait à présent de son arme improvisée et Meryl éternua lorsque les poils du balai effleurèrent ses narines. Était-elle devenue folle ? Serrant sa bouteille contre elle dans un geste protecteur, elle poussa un cri scandalisé lorsque Nyxie s'en saisit avant de... la jeter sur un garde ?! Presque au ralenti, la blonde vit alors la bouteille tomber au sol et se briser à l'impact. Choquée, outrée, horrifiée, elle ne put que regarder le liquide vermeil se mélanger à la boue Utgardienne. Un gâchis. Un pur gâchis. Elle en aurait presque pleuré.

Ignorant le chaos qui sévissait autour d'elle, elle tomba à genoux pour recueillir les derniers vestiges de son trésor. Oh certes, elle ne la connaissait pas depuis très longtemps, cette bouteille, mais elle avait l'intime conviction qu'elles auraient pu devenir très bonnes amies toute les deux. Merveille partie trop tôt, fauchée par l'implacable entropie de la vie. Destin funeste, cruelle mésaventure, atroce barbarie...


- ON SE BARRE, EPI DE BLE !

De quoi ? Meryl adressa une prière muette à son amie éparpillée en mille morceaux et attrapa la main de sa fougueuse harpie avant de détaler, les gardes encore en état sur leurs talons. Nyxie ne savait peut-être pas où elle les emmenait, mais Meryl le devina très vite.

- Pas par là, y a pas d'issue par là, juste le fleuve...


Mais c'était trop tard. Et elle avait l'impression que plus elles couraient, et plus d'autres personnes se lançaient à leur poursuite. Étaient-elles devenues l'attraction du quartier ? Arrivée sur les quais, comme elle l'avait prévu, il n'y avait plus de retraite. A moins que...


- La barque, saute dans la barque, je vais les retenir !

Armée d'une grosse pagaie, Meryl se mit à faire des moulinets très impressionnants au dessus de sa tête pour intimider ses ennemis. Les gardes n'osèrent pas approcher, de peur de prendre une pagaie sur le coin du crâne. Ou alors ils attendaient juste de Meryl qu'elle finisse par s'assommer toute seule, allez savoir.

- Sors nous de là Nyx ! En avant, souquez les artimuses ! Elle avisa le regard curieux de son amie. Aucune idée de ce que ça veut dire, mais j'ai toujours rêvé de dire ça.
Contenu sponsorisé
Claircombe  :: Titre :: Faubourgs :: Les fantômes du passé :: Page 1 sur 2 1, 2  Suivant