[LIBRE]Une vie s'éteint. Vive la vie!

Date d'inscription : 24/10/2020 Messages : 7

Il se trouvait dans le bureau d’un notable Amaranthis, qui était le dépositaire de feu son oncle Vigor. À côté de lui, présent dans la pièce, se trouvait les différents partis intéressés.
Albert Sha’Vui, la trentaine, comme lui. Son cousin. Il possédait une auberge et une taverne dans le quartier. Enfin possédait… dirigeait plutôt, au même titre qu’Esagil dirigeait le Chat Noir. Cela allait mal se passer. Le Chat Noir, le Lys (l’auberge) et l’As (la taverne) était plus axé sur le jeu et l’hostellerie, mais Albert était ambitieux, et hériter du Chat Noir rentrait très bien dans son plan de développement.
Sa soeur, Iggdrasil, était à ses côtés. En âge de se marier, il était à parier que Vigor avait pris ses dispositions pour qu’elle ne manque de rien. Non, ce qui intriguait Esagil, c’était les dispositions que feu son oncle avait pris pour lui. Sans le Chat Noir, il risquait de se retrouver sur la paille, et ddevrait sans doute drastiquement changer de vie. Le vieux notable remonta les lunettes sur le bout de son nez, et regarda plus attentivement un parchemin à la lumière qui filtrait par le fenêtre illuminant la poussière résiduelle ambiante.

- He bien. Alors voilà. Le capital, les différents investissements et les rentes de Vigor Sha’Vui sont léguées à son fils, Albert. Sous conditions cependant, qu’il conviendra de respecter. Sinon, des dispositions ont été prises.
Tout d’abord, Albert devra subvenir aux besoins, quels qu’il soit, de sa soeur, Yggdrasil. De même, il devra lui fournir une dote de 1 000 valons afin qu’elle puisse trouver un mari convenable.
Ensuite, Albert hérite tout naturellement du Lys, et de l’As. Vient ensuite le cas du Chat Noir. Vous héritez d’un bail reconductible du chat noir, dont M. Esagil Sha’Vui ici présent sera le métayer et le gestionnaire. Le bail est reconductible et modifiable si, à partir de ce jour - lecture des dernière volontés de M. Vigor Sha’Vui - et d’ici une période de 6 mois, Esagil n’a pas amassé les fonds suffisants au rachat du Chat Noir. Pour cela, la valeur nette et actuelle du bien est estimée à 4 000 valons. Comprenez vous bien de quoi il s’agit?

Bien entendu, Albert demanda s’il était possible de passer outre cette période. Le Notable répondit que non. Même dans le cas où Esagil devait disparaître ou dilapider le bien, la période de 6 mois doit être respectée. Lorsque les différents légataire sortirent, l’entretien entre Esagil et Albert avait été assez houleux et unidirectionnel.
-Voilà ce que je te propose Esagil. Je t’achète ton droit de préhension à 4 000 valons. Cela te permettra d’investir, de placer, que sais-je, et de continuer à mener ton train de vie. J’ai des projets pour le Chat Noir, et je pense que mon père aurait voulu que cela devienne un endroit bien.
- Et si je souhaite le garder?
- Rassembler 4000 valons? Même en 6 mois, je doute que tu réunisses la sommes. Il soupira. On m’avait prévenu que tu étais… surprenant. Vas-y, tente le.

Mais à peine quelques heures plus tard, la moitié du personnel du Chat Noir avait déserté. D’autres propositions plus avantageuses au Lys et à l’As. Avec plus de paie, un meilleur cadre de vie. Ils espéraient que Esgail comprenne. Puis vint le premier billet : un de ces fournisseurs en vénerie lui annonçait qu’il ne pourrait le fournir durant les prochains mois. Son stock avait été endommagé, et patati et patata. Albert allait lutter pour que jamais Esagil ne rassemble la somme, et faire main mise sur Le Chat Noir.

***

Esagil était assis confortablement dans son fauteuil. Le tabac qu’il fumait embaumait la pièce, et une petit nuage de fumée commençait à stagner à hauteur du plafond. Alors qu’il attendait la personne qui allait sans doute être son prochain associé, il réfléchissait au cours des événements. Sans Vigor, il était pour le moment désarmé face à la situation. Heureusement, contrairement à son père, Albert n’avait pas un carnet d’adresse et une tripotée de gens qui lui devaient un service. Alors allait devoir trouver comment réunir une telle somme. Puis repeupler son établissement. Puis retrouver des fournisseurs. Et surement une clientèle vue comme c’était parti. La société Amaranthis mercantiliste allait peut-être avoir raison de lui… ou alors était-ce son manque de prévoyance?

Raina pénétra le dortoir en soupirant, la mine soucieuse et contrariée. Même s'il avait fait comme si de rien n'était, lors de sa précédente visite à la maison de familiale, la milicienne avait trouvé à Galdor, son frère aîné, un air fatigué et stressé. Elle n'avait pas eu à creuser pour en comprendre la cause. Teilo et Mylia étaient deux enfants adorables, sages et obéissants, et ce même s'ils étaient des Utgardiens pur souche tout comme eux deux. Sans doute les drames de familiaux les avaient forgés dans un meilleur bois que le leur... Quoi qu'il en soit, il était peu probable qu'ils furent tout deux la source de tracas du cadet. La jeune femme en avait déduit que de nouveaux problèmes financiers – sans doute encore dû à feu leur père – avaient dû pointé le bout de leur nez sans crier gare, et que Galdor peinait vraiment à joindre les deux bouts, malgré la rétribution de sa petite sœur.
Si Raina n'était ni très expressive, ni même tout à fait sentimentale, les siens étaient les seules et uniques personnes qui lui restaient et auxquels elle tenait sincèrement. Elle se devait de faire quelque chose, de les aider davantage.
Aussi, la brunette avait demandé à parler à son supérieur, pour lui faire la requête de quelques heures supplémentaires capables de gonfler son solde de soldat. Mais celui-ci l'avait plus ou moins envoyé paître, prétextant qu'il y avait bien assez de monde dans cette armée pour assurer toutes les tâches leur incombant. Elle devinait que la raison principale de ce refus était plutôt dû à une mauvaise appréciation de son chef à son égard. Mais que voulez vous répondre, dans le cas présent ? Elle n'était encore qu'au plus bas de l'échelle...

L'Utgardien se laissa mollement retomber sur sa couche, se désespérant d'être pieds et poings liés, incapable de subvenir convenablement aux besoins des siens. C'est alors qu'un milicien – un Ascanien, précisons le -, décida de se pointer au bout de son lit. Si Raina y avait davantage prêté attention, elle aurait sans doute vu qu'il y avait quelque chose de louche à son sourire, ainsi qu'aux regards amusés de ses autres collègues qui suivaient la conversation de loin. Or, elle était lasse de ces problèmes financiers, et l'opportunité étant inespérée, elle en oublia un principe pourtant fondamental : tout Ascanien n'est qu'une sale vermine dont il faut se méfier.

- Eh Visenrov, il paraît que tu cherches du boulot pour te faire trois sous.
- Fiche moi la paix, tu veux. Je suis pas d'humeur...
- Oula ! Doucement, petite teigne ! Moi je viens en ami, te proposer quelque chose qui pourrait sûrement te convenir et te rapporter un peu d'argent.

L'Utgardienne se redressa sur son lit, observant le soldat d'un air qui, bien que toujours hostile, paraissait subitement bien plus intéressé. Content d'avoir capté son intention, l'homme poursuivit d'un ton enjoué.

- J'ai un copain qui cherche quelqu'un capable d'apprendre à son personnel d'établissement à se défendre. La baston, à toi, c'est ton truc, non ? Ca pourrait bien coller avec ce que tu recherches... Tu les entraînes une ou deux fois durant ton temps libre, et tu empoches l'argent. Fastoche, tu crois pas ?

Raina leva les sourcils, étonnée. Des boulots comme ça, ça existait vraiment ?

- C'est quoi l'établissement qu'il tient, ton pote ?
- Le Chat Noir.
- Connais pas...
- Oh, tu verras, c'est vraiment un endroit des plus... Sympathiques... et chaleureux. Enfin je dis ça, tu fais comme tu veux...
- Hm... Ouais, pourquoi pas... Je vais aller voir.

La dessus, elle se leva et prit la direction de la porte. Le soldat lui, avait une voix plus joyeuse que jamais, presque hilare.

- Demande le tenancier, Esagil, et dis lui que tu viens de ma part ! Je suis sure que ça va te plaire ! Une fille comme toi, ça a tout à fait sa place au Chat Noir !

Si elle y avait prêté un peu plus attention, Raina sans doute aurait pu se douter qu'il y avait quelque chose de louche, là dessous, lorsque retentirent une flopée de rire dès lors qu'elle passa la porte...

* * *

La devanture de l'établissement était plutôt agréable à l'oeil, elle devait en convenir. Mais c'est arrivée devant le Chat Noir que Raina réalisa qu'elle avait omit de demander quel type de commerce on y faisait là. A l'observer, elle aurait dit... Une auberge ? Mais enfin, avait ce seulement la moindre importance ? Elle, elle voulait seulement s'acquitter du service demander et recevoir son dû en pièces sonnantes et trébuchantes.

Habillée d'un pantalon resserré et d'une simple tunique tout deux d'une couleur sombre, avec son habituelle ceinture marquant sa taille fine et sa hache accrochée à son côté, la jeune femme passa la porte du Chat Noir d'un pas plutôt résolu et confiant.
Elle observa les lieux et remarqua presque aussitôt un jeune homme à la tenue élégante qui faisait des aller et venus d'une pièce à une autre. Comme d'ordinaire sans sourire, l'Utgardienne l’apostropha :

- J'aimerai voir le tenancier de l'établissement, je vous prie.

L'homme se stoppa net, l'observant de bas en haut.

- Vous aviez rendez-vous ?
- Non.
- Et qui le demande ?
- Mon nom est Raina Visenrov. Je suis envoyée par Dryt... Euh, Dryt Je-Ne-Sais-Plus-Comment...

Il resta un moment silencieux, planté devant elle. Puis, curieusement, il tourna lentement autour d'elle, la dévisageant sous toutes ses coutures. Raina en était mal à l'aise... Elle n'aimait pas bien qu'on la regarde avec autant d'insistance, de cette façon. Avec sa petite taille, son gabarit menu bien que musclé, et ses formes harmonieuses de jeune femme, elle craignait toujours qu'on ne la prenne pas au sérieux, dans ses fonctions de garde comme de combattante. Mais qu'il jugea son potentiel semblait inévitable.
Après avoir fait un tour complet autour d'elle – et qu'elle lui eu lancé un regard noir désapprobateur -, il acheva de réfléchir.

- Bien, je vais vous conduire jusqu'à son bureau. Vous avez de la chance, son associé n'est pas encore arrivé.

Elle le remercia d'un discret signe de tête, et sans dire un mot de plus lui emboîta le pas.
Le jeune homme frappa à la porte et ne l'ouvrit qu'une fois la voix de son occupant l'y autorisant.

- Une certaine Raina Visenrov désire s'entretenir avec vous... Elle dit qu'elle vient de la part de Dryt.

Elle le vit sourire à son patron, et finalement, il lui laissa la place pour qu'elle puisse entrer à son tour dans le bureau. Il referma ensuite la porte derrière elle.
La milicienne observa son interlocuteur. La pièce était enfumée, et une forte odeur de tabac l'imprégnait tout entière. Le tenancier trônait derrière son bureau. C'était un homme grand, très grand, et imposant, très imposant. Un air dur marquait son visage bien qu'il ne lui sembla pas hostile. Sans doute son crâne chauve jouait il sur cette impression de dureté...

- Esagil, je suppose ?