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Claircombe  :: Titre :: Quartier Amaranthis :: Lotus Noir et chevauchée sauvage - Meryl & Adrian :: Page 1 sur 2 1, 2  Suivant
Lotus Noir et chevauchée sauvage - Meryl & Adrian
Adrian Mayr
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Ven 6 Aoû - 1:57

Lotus Noir & Chevauchée sauvage

Adrian & Meryl
Milieu d'après-midi | Quartier Amaranthis | An 83, 3ème semaine du 2ème mois d'Éte

Lotus Noir et chevauchée sauvage - Meryl & Adrian  Hansel10


La promenade du matin en compagnie de Whisper n'avait su apaiser les nerfs à vif d'Adrian provoqué par une nuit trop courte à son gout. Croyant que le temps suffirait à lui faire récupérer un semblant de sommeil, l'apothicaire s'était bien vite retrouvé avec l'angoisse de voir peser l'arrivée d'une terreur nocturne à chaque nuit qu'il passait dans sa demeure, bien trop seul à son goût. Pour ne rien arranger, la pluie avait accompagné presque toute la promenade matinale, laissant à Adrian la désagréable sensation d'avoir les os glacés malgré la température relativement douce de dehors.

Aussi maussade que le ciel chargé d'eau de pluie, il s'efforça tout de même à ouvrir tôt son échoppe qui avait retrouvé un semblant d'organisation, loin d'être aussi parfaite que ce qu'avait été le Lys d'Argent avant son absence cependant. Voila quelques semaines maintenant que les gens avaient cessé de se présenter à sa porte en quête de soins, le forçant à les congédier plus où moins poliment. Chaque rappel involontaire de sa liberté conditionnelle l'avait systématiquement laissé d'une humeur massacrante assez inhabituelle chez lui et son calme caractéristique. Malgré cela, Adrian s'efforçait au moins de remplir son rôle d'apothicaire au mieux. Le point positif -si tant est que ça en soit un pour quelqu'un comme lui- résidait dans le fait qu'il avait récupéré un peu plus de temps libre, lui offrant un peu plus de moments de partage en compagnie de Whisper, son chien qui ne le quittait plus d'une semelle depuis son retour.

Perdu dans ses pensées de bon matin, Adrian releva les yeux de son bureau lorsqu’il entendit le grincement de la porte dont il n'avait toujours pas réinstallé la clochette indiquant l'arrivée d'un visiteur. Et bien sur, comme un malheur ne semble jamais arriver seul, il reconnut immédiatement la silhouette et la démarche caractéristique d'une personne qu'il n'avait pas spécialement envie de voir aujourd'hui, ni même un autre jour d'ailleurs. La chevelure rousse de la jeune femme qui s'avançait la rendait reconnaissable entre mille, Oriana venait de faire son entrée au Lys d'Argent, ce qui n'enchanta pas Adrian qui ne prit même pas la peine de sourire lorsqu'elle s'avança vers lui. Pendant un temps, l'apothicaire en était presque venu à espérer que les charges retenues contre lui avaient eut force de raison pour que la rousse finisse par garder ses distances avec lui. Elle n'avait nullement été présente parmi les personne ayant voulu lui témoigner leur soutien, préférant attendre un long moment avant de refaire surface au Lys d'Argent. D'une voix dépourvue d'agressivité mais aussi de quelconque émotion positive, Adrian prit la parole.

- Oh, Oriana...comment allez-vous? Demanda-t-il poliment
- Aussi bien que possible étant donné les circonstances. Mais c'est plutôt à vous qu'il faudrait poser la question.
- Que voulez-vous dire par là?
-Tout les médecins de la ville font appel aux services de mon père en ce moment, ils ne supportent plus d'être aussi étroitement surveillés et qu'on vienne fouiller dan leurs affaires. c'est une période un peu...compliquée.
- Une chance que je n'ai plus le droit d'exercer dans ce cas, mais je m'interroge surtout sur cette raison qui vous pousse à dire que c'est à moi qu'il faut poser cette question. Dit-il avec une certaine froideur.

Oriana détourna le regard, laissant apparaître un rougissement qu'Adrian ignora simplement.

- Eh bien...On ne vous voit plus vraiment vous divertir dans le quartier...J'imagine que le fait de ne plus pouvoir exercer comme autrefois vous pèse beaucoup. Sachez que je suis là si vous avez besoin de sortir un soir ou...juste pour discuter. Je suis toujours votre amie, Adrian.

Cette dernière phrase fit froid dans le dos à l'apothicaire qui se retint de ne pas répliquer de la plus assassine des manières, se cachant derrière une neutralité malgré tout aux limites de l'hostilité.

- Le conseil en a décidé ainsi, voilà tout. Je me réjoui d'être libre, bien que je me sois pris à préférer le confort de mon foyer à la compagnie de mes pairs.
- Tout de même, vous devriez peut-être sortir davantage. Je sais que la vie n'a pas été très tendre avec votre coeur récemment...

Le regard d'Adrian se fit plus suspicieux tandis qu'il se mit à douter qu'elle parle encore de sa condamnation.

- Cela fait quelque mois que la sentence à été prononcée...Ce n'est pas si récent. Dit-il avec l'espoir qu'elle précise son propos.
- Oh ? Alors vous ne savez pas, répondit-elle en feignant de la plus habile des manières la surprise. Excusez-moi, je n'aurais pas dû aborder le sujet, c'était indélicat...

C'est un soupire assez franc qui accueillit les paroles de la rousse, soulignant l'impatience d'Adrian. Malgré cela, on regard trahissait désormais la curiosité qu'il ressentait face aux mystérieux propos de l'Amaranthis.

- Que suis-je sensé savoir de si indélicat, Oriana?
- Au départ, je pensais que ce n'était que de simple commérages, mais ensuite...je les ait vus tout les deux, se promenant bras-dessus bras-dessous sans aucun égard pour les personnes qu'ils pourraient blesser en s'affichant de cette façon. Elle marqua une petite pause avant de reprendre d'une voix colérique. Vous ne devriez pas accorder votre attention ou votre temps à cette femme, Adrian. Elle s'est jeté dans les bras du premier venu dès que vous vous êtes trouvés en difficulté et n'est visiblement intéressée par rien d'autre qu'une situation avantageuse.

Le visage comme le corps d'Adrian se crispa à l'écoute des propos de la jeune femme dont le discours indirect commençait à lui taper sur le système. Il n'avait que peu de doutes quant à la personne qu'Oriana se retenait de mentionner, pourtant cette histoire qu'elle lui narrait avait éveillé quelque chose en lui qui l'animait désormais d'un besoin impérieux d'obtenir des réponses. En silence, Adrian posa ses lunettes soigneusement sur son bureau avant de se lever et de poser un regard presque glacial sur Oriana.

- Mettez des noms sur vos propos et exprimez vous sans détours, je n'ai guère le temps de tourner autour du pot.
- Apparemment, la femme qui était à votre bras lors de la réception chez votre mère file le parfait amour avec Johan, un autre des convives à cette soirée. Il parait même qu'ils vivent ensemble. C'est idiot de la part de Johan mais ça ne m'étonne pas vraiment de lui. En revanche, il risque de tomber de très haut lorsqu'elle finira par se désinteresser de lui ; elle semble assez...inconstante, pour ne pas employer un terme moins courtois.
- Johan et Meryl...? répondit-il presque immédiatement, d'un air encore moins accueillant.
- Je sais que cela doit vous faire de la peine de l'entendre.

La peine ne fut pas le premier sentiment qui accompagna cette sordide histoire. La colère en revanche était bien présente, couplée à l'incompréhension. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait, pourtant quelque chose l'empêchait de raisonner convenablement, une petite voix dans sa tête qui s'empressait déjà de lui dire d'assumer les conséquences de ses actes. Tentant de se raisonner, l'apothicaire ne sut quoi répondre, laissant planer un lourd silence dans la pièce, le regard perdu dans le vide.

Après une brève hésitation, Oriana reprit la parole timidement.

- Ne pensez-vous pas que de sortir un peu pourrait vous changer les idées?
- Non je ne le pense pas, je pense même qu'il est nécessaire que je me remette au travail.

Son regard n'avait pas daigné se reporter sur Oriana. D'ailleurs, Adrian s'était assis à sa place comme si de rien était, congédiant indirectement la jeune femme sans le moindre remord. Avant de partir, la rousse s'autorisa une dernière parole.

- Si vous changez d'avis, Adrian, je serai là. Je serai toujours là.

Il ne l'entendit pas plus qu'il n'avait considéré ses mots d'avant. Son esprit était désormais ailleurs, concentré sur des images qu'il s'était efforcé de cacher dans un coin de son esprit pour les préserver des affres du présent et de ce qu'était devenu sa vie en demi teinte. De long mois pendant lesquelles ses souvenirs avaient uniquement refait surface pour le terroriser pendant le nuit, briser sa volonté d'espérer remonter la pente...Et voila qu'Oriana lui apportait d'étranges nouvelles à propos d'elle...Bien qu'il sache qu'elle n'était pas digne de confiance et que chacun de ses mots devait être analysés pour en tirer le vrai, Adrian ne put s'empêcher de croire partiellement en ce qu'il avait entendu, malgré ses effort pour renier tout en bloc...

Dans le calme, l'apothicaire se leva en direction de la porte encore entre ouverte pour la refermer. Des images défilaient dans sa tête tandis qu'il prit appui mollement contre le lourd battant en bois désormais clos. Cherchant à garder son souffle régulier, Adrian sentit monter en lui cette colère mêlée d'une tristesse qui n'annonçait nul bon moment à passer. Comme pour endiguer son malheur un bon coup, l'Amaranthis envoya son poing en arrière contre le bois de la porte, résultant d'un craquement quelque peu sinistre sur le coté de sa main qu'il ignora superbement, jusqu’à ce que la douleur lui occupe l'esprit. Ce palliatif fut de bien courte durée, car quelques minutes plus tard, de sombre pensées s'invitèrent dans sa tête, ne lui laissant que pour choix de contempler avec dépit ce que le discours d'Oriana le forçait à imaginer.

Ce matin, le Lys d'Argent était resté fermé pour ne rouvrir qu'en début d'après midi.
Meryl
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Sam 7 Aoû - 23:21
Elle s’était levée bien avant l’aurore, elle avait glissé hors de sa cage dorée comme une ombre et avait arpenté la ville encore endormie pour être certaine de ne pas croiser trop de monde, et pour ne pas se mettre en retard. Chaque pas qu’elle faisait sans appui était une épreuve mais elle ignora superbement tous les signaux inquiétants que lui envoyait son corps pour la faire renoncer. Une semaine, c’est le temps qu’il avait fallu pour la rendre folle : elle avait une haute tolérance à la douleur mais une très faible tolérance à l’enfermement, surtout si elle était contrainte de tenir le lit et de bouger le moins possible. Lorsqu’elle arriva devant la guilde, elle laissa tout son corps s’écraser contre le mur du bâtiment et essuya la sueur froide qui perlait sur son front. Si on lui laissait une heure pour reprendre contenance, elle pourrait peut-être donner le change auprès des autres.

D’ordinaire, elle aimait être debout avant tout le monde pour voir la ville se réveiller doucement mais aujourd’hui son cœur se gonflait d’appréhension à l’idée de voir les rues se remplir. Ici, au cœur des hautes sphères Amaranthis, elle n’avait pas vraiment l’impression d’être à sa place, un sentiment qui s’était renforcé au fil des jours et de sa convalescence. Le gentil médecin qui l’hébergeait gracieusement serait sûrement contrarié de constater son lit vide au petit matin même s’il aurait du le voir venir depuis longtemps : Meryl ne se donnait plus la peine de cacher le déplaisir qu’elle avait d’être coincée avec lui et semblait chercher à provoquer une réaction violente et immédiate de sa part à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche pour s’adresser à lui. Malheureusement ou heureusement pour elle, Johan avait une patience à toute épreuve ; n’importe qui d’autre l’aurait flanquée dehors depuis bien longtemps. Oui, n’importe qui d’autre, ou presque.

- Hé Triss ! héla t-elle en apercevant son amie sortir de la guilde.

Habillée et équipée comme si elle allait devoir tenir un siège, la grande brune Amaranthis releva son nez vers elle en haussant ses sourcils. Presque immédiatement, Meryl sentit que son regard inquisiteur s’était attardé sur sa posture et sur les signes de fatigue qui marquaient le dessous de ses yeux.

- Meryl, salua t-elle simplement, les yeux toujours plissés. Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je cherche du travail. Tu es sur un contrat ?
- Je dois escorter des chasseurs dans le Bois de l’Orée. La moitié d’entre eux n’y ont jamais mis les pieds alors… Est-ce que tout va bien ?
- Très bien ! Est-ce que tu penses qu’il reste une petite place pour moi ?

Meryl sentit l’unique goutte de sueur qu’elle avait oubliée d’éponger couler lentement sur son front.

- Peut-être, il faut voir. Approche un peu ?


Tenter de cacher quoi que ce soit à Triss était aussi vain que dangereux, malgré tout Meryl fit un pas en avant, serrant les dents pour contenir ce que son visage trahirait de sa douleur. Sourcils froncés, Triss l’observa sans mot dire et son air sérieux se mua en quelque chose de beaucoup plus sombre.

- Tu boîtes ?
- Oh oui, peut-être un peu. C’est trois fois rien.
- C’est ça oui, trois fois rien. Marche encore un peu pour voir.

Elle avait parcouru une distance bien plus impressionnante un peu plus tôt, qu’est-ce que quelques pas de plus ? Une vive douleur dans son flanc la rappela à l’ordre avant qu’elle n’ait eu le temps d’esquisser le moindre geste et sa cuisse perforée se mit à trembler. Peu importe ce qu’elle avait réussi à accomplir jusqu’ici, elle sentait qu’elle était arrivée au bout de ce qu’elle pouvait faire toute seule.

- Est-ce que… est-ce que tu peux me tenir la main pendant que j’avance ? finit par demander Meryl en fermant les yeux pour retenir ses larmes.
- Bon sang, Meryl ! Triss s’approcha d’elle à la vitesse de l’éclair pour lui attraper le bras et lui offrir un appui. Est-ce que tu crois une seule seconde que je vais te laisser m’accompagner dans ton état ?
- D’accord, peut-être que l’escorte dans les bois, c’est un peu trop ambitieux. Mais je suis sûre que quelqu’un a besoin d’aide pour cueillir des champignons dans les faubourgs, ou quelque chose dans le genre.
- Je pense surtout que tu as besoin d’aller voir un médecin !
- J’en ai déjà vu un.
- Lequel ? Parce que s’il t’a donné la permission de sortir du lit dans ton état je vais aller lui sonner quelques cloches !
- Johan…
- Johan ? La colère de Triss s’apaisa quelque peu pour laisser place à la contrariété. Tu sais ce qu’on raconte sur lui ? Je ne suis pas sûre que ce soit le meilleur choix de…
- Je m’en fiche de ce qu’on raconte sur lui, c’est le seul qui a accepté de m’aider sans rien demander en échange, coupa t-elle un peu plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu. Triss se garda bien de rétorquer quoi que ce soit.

Lotus Noir et chevauchée sauvage - Meryl & Adrian  W69b

- Tu n’es pas en prison ici.

Elle avait hoché la tête, penaude, misérable. Ce n’était pas cet endroit sa prison, c’était son corps, et parfois même son esprit qui ressassait des souvenirs qu’elle aurait préféré oublier ; elle n’avait plus que ça à faire de toute façon, ressasser, réfléchir, se torturer les méninges. Certains jours, la colère l’emportait et elle créait un climat orageux tout autour d’elle dans lequel personne n’était épargné par la foudre. D’autres jours, elle se laissait gagner par l’apathie, ce qui curieusement était bien pire à vivre.

- Plus tu forces, plus tu rallonges la convalescence. Je sais que tu as envie de partir le plus vite possible, mais en agissant comme tu le fais tu retardes la guérison complète. Alors à moins que ton but caché soit de rester ici très longtemps…
- Ne le prend pas mal mais non.

Un sourire fatigué mais sincère s’étira sur les lèvres de Johan, penché au dessus du bandage qu’il finissait de nouer autour de son abdomen. Contre toute attente, l’Amaranthis avait été de bien meilleure compagnie qu’elle au cours de cette semaine à pratiquement vivre l’un sur l’autre. Si elle avait dû confier la lourde tâche de lui sauver la vie à n’importe quel médecin de cette ville, Johan n’aurait certainement pas été son premier choix, mais le hasard avait bien fait les choses. Il avait accepté de l’aider sans contrepartie uniquement parce qu’il s’était fait un devoir moral de ne pas laisser l’amie dans un ami dans le besoin. Évidemment, il lui avait demandé si Adrian savait dans quel état elle était et si elle voulait qu’il le prévienne ; à ces deux questions, Meryl avait répondu non et il n’avait plus jamais essayé de lui parler du triste Amaranthis.

Il y avait une autre chose que Meryl appréciait chez Johan : le fait qu’il ne s’embarrasse pas vraiment de règle morale lorsqu’il était question de faire passer la douleur. Plusieurs fois il l’avait laissée consommer le Lotus Noir qu’il améliorait pour ses riches clients juste parce qu’il ne supportait pas de la voir souffrir. Et même lorsqu’il tentait de tempérer ses ardeurs à ce sujet, inquiet pour sa santé, elle finissait toujours par obtenir ce qu’elle voulait car il semblait avoir suffisamment à cœur l’opinion qu’elle avait de lui pour lui refuser quoi que ce soit. Parfois, elle se demandait si ce n’était pas aussi une façon de la garder près de lui ou de la voir revenir une fois qu’ils ne seraient plus liés par quoi que ce soit.

Lotus Noir et chevauchée sauvage - Meryl & Adrian  W69b

Ils avaient coutume de sortir pour qu’elle puisse se dégourdir un peu les jambes lorsque le soleil était à son zénith dans le ciel, Meryl insistait toujours sur ce point, et pour emprunter les rues les plus bondées du quartier. Cette fois en revanche, ils étaient sortis en début de soirée, lorsque le ciel s’était paré de ses plus belles teintes d’ocre et de mauve. Devant l’air surpris du médecin, Meryl avait simplement rétorquée qu’elle avait toujours l’impression qu’on ne regardait qu’eux et qu’elle ne supportait plus la foule. L’exercice physique ne lui était pas interdit, bien au contraire, elle devait veiller à ce que ses muscles ne fondent pas trop pendant cette longue période de repos forcé, mais Johan insistait toujours pour l’accompagner et pour qu’elle ménage ses efforts. Bras dessus bras dessous, ils marchaient à une allure démesurément lente et ne s’éloignaient jamais vraiment trop de l’appartement de l’Amaranthis.

- Tu sais que je t’ai fabriqué une béquille sur mesure pour que tu puisses te déplacer toute seule ? Et pourtant tu continues à me donner le bras. Non pas que je m’en plaigne mais...
- J’ai l’impression d’être infirme quand j’utilise ça. Là au moins, j’ai l’air à peu près normale.
- Oui, normale. Normale si tu avais quatre-vingt deux ans, sans doute.
- J’ai mal, je dois m’asseoir, souffla t-elle tout à coup.
- Je n'ai rien dit, quatre-vingt deux ans me semble bien trop jeune finalement, se moqua t-il gentiment tout en l’aidant à s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre. Tête baissée et souffle court, Meryl luttait avec le traditionnel point de côté qu’elle avait chaque fois qu’elle pressait un peu trop le pas. Est-ce que ça va aller ?
- Tu en as sur toi ?

Johan releva les yeux pour jeter des regards autour de lui, soudain mal à l’aise.

- Ce n’est pas l’endroit Meryl.
- Alors je veux rentrer.

Il soupira mais ne protesta pas, attendant patiemment qu’elle se saisisse de la main qu’il lui tendait.  Avant qu’elle n’ait pu esquisser le moindre geste, une tête de chien au pelage fauve vint se glisser entre ses genoux, langue pendante. Cet animal, Meryl le connaissait bien, et si une partie d’elle était heureuse de le revoir, une autre partie se mit à appréhender cette rencontre. Car cela voulait dire qu’il était là aussi, peut-être à un mètre, peut-être à dix mètres, mais il était là, il avait potentiellement le regard braqué sur elle. Elle, elle resta la tête baissée sur le chien qui remuait sa queue comme s’il vivait l’un des moments les plus intenses de sa vie. Presque timidement, elle vint flatter la tête du chien, sans lever les yeux de lui comme s’il était son point d’ancrage et qu’elle se refusait à voir ce qu’il y avait autour. Puis elle entendit Johan le saluer et elle se décida à lever enfin les yeux.


Dernière édition par Meryl le Lun 9 Aoû - 17:54, édité 2 fois
Adrian Mayr
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Dim 8 Aoû - 3:08
Le temps s'était allégé pour laisser apparaitre de chaudes couleurs dans les rues emplies de monde du quartier Amaranthis, un spectacle qu'Adrian ne s'était autorisé à contempler qu'une seule fois le temps d'une pause entre deux clients. Il n'aurait su dire s'il s'agissait là de sa mauvaise humeur ou de celle des autres, mais il eut semblé à l'apothicaire que chaque requête formulée par un client au long de cet après-midi s'était avérée fastidieuse à honorer. Certains reflexes de vie avaient assez rapidement refait surface, comme celui du masque de neutralité qu'il s'efforçait de revêtir pour contenir ses émotions et appréhensions pouvant entacher son jugement face à un client. Pourtant ce jour là Adrian n'était plus vraiment à ce qu'il faisait, à la grande surprise d'un habitué qui lui signala même qu'il venait de faire erreur dans ce qu'il s'apprêtait à lui vendre, un fait assez rare pour être souligné. Son esprit était ailleurs, perdu dans des considérations aussi sombres qu'absurdes, aussi tristes que mélancoliques. Rien ne trahissait cette débâcle mentale qui se jouait sous le nez des nombreux clients du Lys d'Argent.

Avec un certain soulagement, Adrian accueillit la fin de journée en refermant la porte derrière son dernier client, ponctuant la fin du geste d'un profond soupire. En quête d'attention et habitué à retrouver son maître à la fermeture de sa boutique, Whisper s'était déjà approché gaiement, avec toute l'innocence que pouvait offrir sa condition canine, ce qui ne manqua pas d'arracher un timide sourire à l'apothicaire dont les pensées ne s'étaient visiblement pas décidées à le laisser tranquille. Il scruta les rayonnages et bacs de plantes un long moment en silence avant de finalement se rendre à l'évidence : les murs du Lys d'Argent étaient en train de l'étouffer et de le mener petit à petit vers une descente en pente raide vers l'un de ses travers les plus commun, à savoir l'alcool. Son bras tremblait déjà depuis de longue minutes lorsqu'il s'autorisa finalement à fouiller dans un tiroir pour en extraire une petite fiole contenant cette salvatrice décoction dont il avait le secret. Un aboiement le fit presque sursauter derrière lui, car il n'avait même pas entendu son compagnon canin se faufiler près à ses côtés, toujours en quête d'attention. Habituellement, Adrian attendait de décompresser un peu avant de sortir pour la promenade du soir, mais aujourd'hui, il comprit que Whisper ne le laisserai pas tranquille avec son agitation mentale.

Pas apaisé pour un sou, l'air clément du début de soirée donna à Adrian l'espoir que la journée ne se termine pas sur une note sombre. Il s'efforça de ne pas penser à la nuit à venir, espérant ainsi ne pas se créer tout seul de nouveaux troubles du sommeil. En revanche, il ne put se concentrer sur autre chose que ces mêmes songes qui avaient hanté sa tête depuis le passage d'Oriana. Les mots de cette femme avaient beau être sujet à soupçons, difficile de ne pas admettre qu'elles avaient fait germer une forte amertume dans l'esprit d'Adrian, orientant son monde à nouveau dans cette douloureuse direction qu'était celle des regrets. Et si elle disait vrai? Et si Johan et Meryl...? Chaque fois ces deux questions ponctuaient ses effort pour penser à autre chose. L'envie de rendre visite à son confrère pour avoir le coeur net était elle aussi venu le torturer, mais il s'était refusé à se précipiter sur une base de on dit. Pour se retenir ainsi, il dut lutter contre lui-même bon nombre de fois.

Ce qu'il ne remarqua pas en revanche était que ses pas l'avaient mené directement du côté de l'appartement de Johan, un lieu où il n'avait guère l'habitude de se rendre bien qu'il connaisse l'endroit. Arpentant les rues sans but, croyant être guidé par Whisper qui en réalité suivait les pas de son maitre, l'Amaranthis ne fit même pas le rapprochement. Sans crier gare, Whisper se stoppa net et releva la truffe en l'air, signe qu'il venait de capter quelque chose qu'il connaissait bien, quelque chose de familier. Handicapé de sa surdité, l'animal avait développé un odorat encore supérieur à celui d'un chien de sa race, lui permettant de se guider par sa faculté olfactive d'une impressionnante manière. Lorsqu'Adrian remarqua l'attitude de son compagnon, il tenta de se rapprocher, mais déjà la boule de poil s'élança en avant, creusant quelque peu l'écart entre lui et son maitre. Nullement inquiet, mais pas totalement rassuré, l'Amaranthis pressa le pas, au moins pour garder à vue l'animal. Au détour d'un virage léger, cette vision qui s'offrit à lui le planta sur place.

Whisper avait bel et bien senti une odeur familière, plus que cela même, il avait sentit son odeur à elle...Comme si tout devenait clair dans sa tête, Adrian réalisa son emplacement géographique et jura intérieurement face à sa bêtise, car il n'était plus qu'à quelques rues de l'appartement de Johan, bien qu'il se soit interdit d'écouter ses sordides envies de visite. Ses yeux ne décrochaient plus de ce qu'ils voyaient. Meryl était bel et bien là, à quelques mètres, mais elle n'était pas seule. Il n'eut aucun mal à reconnaitre Johan qui lui tendait encore la main malgré son scepticisme face à l'arrivée du chien entre eux. Toute la discussion qu'il avait eut avec Oriana plus tôt dans la journée revint défiler à vive allure dans sa tête, abattant temporairement toute notion de bon sens pour s'abreuver des paroles de l'Amaranthis rousse. Pourtant, quelque chose au fond de lui refusait de croire aux apparences, prenant peu à peu le pas dans son esprit pour lui intimer de réfléchir et de se poser les bonnes questions. Un bien maigre effort, car lorsqu'il s'agissait de Meryl, Adrian éprouvait bien du mal à mettre de l'ordre dans ses idées depuis leur dernière séparation.

Chaque fois que son regard quittait la reconnaissable chevelure blonde de la sauvageonne, un sentiment de manque le transperçait, forçant ses yeux à retourner vers elle. Il resta un long moment interdit devant le spectacle avant de finalement s'avancer, presque machinalement. Il ne pouvait plus reculer, pourtant chaque mètre qui l'approchait de la jeune femme faisait tambouriner son coeur dans sa poitrine, lui rappelant inlassablement cette ultime fois où ils s'étaient quittés, en haut des escaliers du Lys d'Argent. Voir que Meryl ne détournait pas le regard vers lui fut bien plus douloureux qui ne l'aurait imaginé, le forçant à reporter son attention sur Johan qui s'était adressé à lui avec un air aimable, presque soulagé de voir son confrère Amaranthis.

- Adrian, je ne pensais pas vous croiser dans le quartier à cette heure, comment allez-vous ?

L'apothicaire mit un temps fou à répondre, car son regard émeraude avait frôlé celui de Meryl ayant daigné relever les yeux vers lui. En une seconde à peine, il avait décelé cet air fatigué qui ne lui était pas caractéristique. Loin des considérations paranoïaque que pourrait engendrer cette vision accompagnée des propos d'Oriana, l'inquiétude le gagna presque instantanément. Ne sachant pas comment se comporter face à cette rencontre, il s'efforça de faire ce qu'il maitrisait le plus, rester impassible. Un exercice qui lui demanda bien plus d'effort qu'à l'accoutumée.

- Je me suis autorisé une promenade un peu plus longue ce soir, je ne pensais pas non plus vous rencontrer tout les deux...Dit-il en accentuant involontairement ces derniers mots.
- Oui, eh bien, en fait, nous...Bégaya Johan visiblement peu à son aise, renforçant la paranoïa naissante d'Adrian. L'air est plus respirable en début de soirée, n'est-ce pas ?

Comme pour chercher de l'aide, Johan se tourna vers Meryl avec l'espoir qu'elle finisse sa phrase. Il n'en fut rien, car la jeune femme se contentait de fixer Adrian sans un mot. L'apothicaire venait lui aussi de tourner les yeux, plongeant désormais son regard dans ces yeux ambrés qui témoignait un peu plus évidemment un état de fatigue avancé. Pas vraiment capable de mettre les pieds dans le plat pour demander ce qui se passait visiblement ici, Adrian se risqua malgré tout à parler à Meryl, d'une voix le plus neutre possible, ignorant quelque peu la question de convenance de Johan.

- Meryl...Je...je suis content de te voir...ça faisait longtemps...
- C'est vrai, répondit-elle en fixant Adrian intensément.

Ce regard ne s'accompagnait pas d'un sourire, évidemment, pourquoi devrait-elle se montrer radieuse face à lui après leur dernier échange? Quel idiot il avait fait d'espérer pendant une fraction de seconde la voir dans sa bonne humeur habituelle. Pourtant, au delà de ses propres considérations, l'état de fatigue de Meryl le préoccupa de nouveau. Un silence lourd s'installa entre les protagonistes, suffisant pour que l'apothicaire sente ses tourments revenir à la charge dans sa tête. Johan brisa finalement le silence, arrachant presque un sursaut à Adrian qui avait occulté sa présence.

- Vous êtes libre ce soir Adrian ? Dit-il sans même avoir semblé penser à réfléchir avant de parler, simplement dans le but de briser ce terrible silence.
- Pardon? Je...Pourquoi me demandez-vous cela ? Demanda-t-il également sans vraiment réfléchir.
- Pourquoi ne viendriez-vous pas dîner à la maison ce soir ? Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter depuis que... euh, vous savez.

La prochaine personne qui fera un faux semblant à propos de ce fameux "vous savez" se verra probablement accueillit avec bien moins de neutralité, telle était la promesse qu'Adrian se fit à cet instant. Fort heureusement pour Johan, la question allant avec l'allusion avait balayé toute velléité pour le prendre au dépourvu. Diner chez Johan? En compagnie de Meryl? Était-il vraiment face aux rumeurs qu'avait fait courir Oriana dans sa tête ? Il dut se retenir de ne pas laisser la colère se déverser en lui. Ce qui lui fit tomber un poids dans l'estomac en revanche fut le regard que Meryl venait d'adresser à Johan cette fois, un regard qui -selon lui- soulignait un désaccord avec la décision que le jeune Amaranthis venait de prendre. Adrian fronça les sourcils à cet instant, brisant quelques peu sa neutralité pour laisser transparaitre une certaine résignation mêlée de frustration.

- Votre invitation m'honore, mais j'ai l'impression que je dérangerai plus qu'autre chose. Je ne voudrais pas m'imposer si ma présence n'était pas souhaitée.

Cette phrase s'adressait surtout à Meryl, mais encore une fois aucun mot ne sembla sortir de la bouche de la jeune femme. Ce fut au tour de Johan d'entrer dans le jeu des regards désapprobateurs en orientant ses yeux vers la jeune femme. Après plusieurs secondes, il finit par soupirer.

- Allons, je ne vous ferai pas cette proposition si votre présence m'incommodait mais je ne veux pas vous forcer la main.

A ce moment, Meryl entreprit un mouvement pour se lever rapidement. Emportée par sa course et une maladresse qui ne lui était pas habituelle, elle bascula en avant après avoir trébuché. Sans même se donner le temps de comprendre Adrian s'était élancé en avant pour la rattraper avant qu'elle ne s'écrase au sol, devançant d'une demi secondes son confrère Amaranthis ayant eut le même reflexe. Le regard émeraude d'Adrian se posa sur la jeune femme désormais bien trop proche de lui pour empêcher son coeur de s'emballer et son esprit de se mettre en émois.

- Meryl! Est-ce que tout vas bien ? Dit-il avec une profonde et soudaine inquiétude dans la voix, désormais certain que cette fatigue qu'il avait décelé n'était pas anodine.
- Oui, oui, pardon, j'aurais pas dû me lever si vite...Dit-elle simplement sans pour autant se séparer du soutien que lui offrait Adrian.

L'Amaranthis dut faire fi de cette froideur encore présente pour ne penser qu'à soutenir la jeune femme, constatant également qu'elle tempérait la réalité avec un manque de crédibilité évident. Son regard se dirigea vers Johan, lui laissant entrevoir un air inquiet qui confirma les soupçons d'Adrian. Meryl n'était pas aux cotés du médecin Amaranthis pour les raisons qu'avançait Oriana. Sans en être certain, il en était de plus en plus convaincu. Voyant qu'Adrian tenait la jeune femme debout, il reprit la parole sans trainer.

- Puisque vous la tenez, vous êtes sûr que vous ne voulez pas nous accompagner, Adrian ? Nous serons plus à l'aise pour discuter je pense.

Tout à coup, l'idée de décliner l'offre de son confrère devint presque impossible. Sans un mot, et d'un bref hochement de tête, il accepta l'invitation de Johan, sans s'essayer de nouveau à communiquer avec Meryl qui ne semblait nullement ravie de le voir à ses cotés. Évidemment, comment aurait-il pu en être autrement...Cette pensée à nouveau présente dans sa tête lui fit serrer les dents. En revanche, il s'essaya à garder beaucoup de douceur et de précautions dans sa gestuelle pour soutenir Meryl dans sa pénible entreprise que semblait être le fait de se tenir simplement debout. Au fond, il espérait qu'imposer sa présence ne soit pas une source de nuisance pour elle, mais quelque chose dans sa tête lui interdisait également de faire la sourde oreille face à l'état préoccupant de sa sauvageonne...

Tandis que le soleil commençait à décroitre dans les rues, Adrian emboita le pas de Johan tout en soutenant Meryl, en direction de la demeure de l'Amaranthis. A chaque pas, l'appréhension de ce moment à venir montait d'un cran, laissant à l'apothicaire un désagréable apriori sur cette inattendue rencontre...
Meryl
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Dim 8 Aoû - 4:39

Jusqu’ici Meryl ignorait que le simple fait de regarder quelqu’un pouvait être aussi douloureux, et pourtant elle n’arriva plus à lâcher son triste Amaranthis des yeux après les avoir relevés. Il était comme elle s’attendait à le voir, conforme aux souvenirs qu’elle avait de lui – peut-être pas tous les souvenirs mais la majorité d’entre eux. Elle aurait voulu lui sourire pour ne pas faire de ce moment quelque chose de pesant, elle en fut incapable. Elle aurait voulu lui parler du temps magnifique ce soir-là, les mots restèrent coincés dans sa gorge. Une seule question lui brûlait les lèvres.

C’était la raison pour laquelle elle préférait sortir lorsqu’il faisait grand soleil, au milieu des rues bondées : elle savait qu’elle n’avait aucune chance de croiser son visage parmi la foule. Il n’aura fallu qu’une petite entorse à cette règle pour qu’on s’empresse de le remettre sur son chemin. Quel était le message, cette fois-ci ? Meryl ne voyait plus sa vie que comme une succession de tests dont elle ne savait jamais si elle en ressortait victorieuse ou vaincue.

Lorsque Johan avait proposé à Adrian de les accompagner, elle n’avait pu s’empêcher de lui lancer un regard incrédule. A quoi jouait-il, exactement ? Elle savait qu’il avait eu mauvaise conscience à de multiples reprises pour avoir caché sa présence à Adrian, mais de là à l’inviter chez lui… sans lui demander son avis. Non pas que l’idée de se retrouver dans la même pièce que lui l’horrifiait à ce point, mais qu’allait-elle pouvoir dire ? Qu’allait-elle pouvoir faire ? En vérité, elle ne savait plus comment se comporter.

Heureusement pour elle, le triste Amaranthis sentait également que la situation à venir n’aurait rien de confortable s’il acceptait la proposition de Johan. Voilà. Du temps, il leur fallait plus de temps avant de savoir comment s’adresser l’un à l’autre sans que certains souvenirs ne leur sautent au visage, à la gorge. Il fut un temps où sa présence était de loin ce qu’elle avait de plus réconfortant. Aujourd’hui, elle appréhendait chaque parole de travers qu’elle pourrait avoir en sa présence. Rien qu’à cet instant, la seule chose qu’elle avait envie de lui crier était qu’il lui manquait, tout simplement.

Voyant qu’ils allaient chacun repartir de leur côté, elle se redressa rapidement, une erreur funeste dans son état. Un pic de douleur la plia en deux tandis qu’elle tombait presque en avant, sans doute aurait-elle heurté le sol si deux bras ne l’avaient pas retenue par les épaules. Elle n’eut pas besoin de relever les yeux pour savoir lequel des deux Amaranthis avait été le plus rapide ; Adrian avait toujours eu des gestes d’une incroyable douceur à son égard et même dans une situation comme celle-là il ne dérogeait pas à cette règle.

Déterminé à ce que le triste Amaranthis les accompagne – pour une raison qui lui échappait encore – Johan renouvela sa proposition et cette fois Adrian accepta. A la place de la contrariété qu’elle s’était attendu à ressentir, il n’y eut que le soulagement. Le soulagement de ne pas le voir repartir si vite, de ne pas finir rongée par les regrets de n’avoir eu que des paroles froides à son égard. Elle pourrait peut-être se rattraper plus tard, elle avait encore une chance de le faire maintenant que tout n’était pas fini. Elle ne croisa pas une seule fois son regard sur tout le trajet, mais elle s’était accrochée à lui comme si elle n’avait plus rien d’autre dans la vie.

Une fois dans l’appartement de Johan, Adrian l’aida à s’allonger sur le divan du salon tandis que Whisper vint s’installer près d’elle, à la fois pour veiller sur elle et à la fois pour réclamer toutes les caresses qu’il n’avait pas eues plus tôt. Discrètement, Johan fit signe à l’apothicaire de le suivre dans la cuisine, où il commença à faire bouillir de l’eau.

- Je suis désolé de ne pas vous avoir prévenu. En vérité, c’est elle qui m’a demandé de ne rien vous dire et… vous savez que les désirs des patients passent avant nos considérations personnelles.

Johan jeta un œil furtif en direction du salon, comme s’il avait peur d’être entendu par la jeune femme et reprit d’un ton plus bas.

- Elle est arrivée gravement blessée il y a une semaine, quand je l’ai vue j’ai immédiatement proposé mon aide, même si je n’étais sûrement pas le mieux placé pour m’occuper de ça. Elle n’avait pas d’argent et j’ai pensé que d’autres pourraient profiter de la situation alors…

Johan finit par hausser les épaules avant de disposer quelques herbes médicinales dans une tasse à thé.

- Trois coups de couteau dans l’abdomen, plus une blessure à la cuisse qui avait atteint le muscle. Elle a tenté de me faire croire que c’était un numéro d’une représentation qui avait mal tourné mais je ne suis pas complètement idiot. Elle a fini par avouer qu’elle n’était pas du tout danseuse, d’ailleurs. Johan s’autorisa un petit sourire discret avant de reprendre. Maintenant qu’elle est hors de danger, il lui faut du repos, un mot avec lequel elle semble avoir beaucoup de mal.

Avec précaution, Johan mélangea les herbes à l’eau fumante et touilla le mélange plusieurs fois.

- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre vous et ça ne me regarde pas mais je suis content que vous sachiez la vérité maintenant. Il tendit la tasse fumante à Adrian. Pouvez-vous lui apporter ceci pendant que je m’occupe de préparer les cataplasmes ?


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Adrian Mayr
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Dim 8 Aoû - 13:50
Se rendre inconsciemment dans le quartier de Johan, mué par une curiosité très mal placée, c'était une chose, se retrouver à soutenir Meryl dans une pénible marche témoignant la terrible fragilité qui l'habitait, non Adrian n'aurait pu le prévoir. Cramponnée à lui, Meryl n'émit aucun commentaire et l'apothicaire ne tira pas le réconfort de ce contact qu'il avait maintes fois espéré retrouver, car désormais l'état préoccupant de la sauvageonne avait prit toute la place dans ses pensées, bloquant toute tentative de conversation au profit d'un silence pesant qui sembla convenir aux deux partis. Si la promesse d'un endroit plus confortable pour discuter n'avait pas été émise par son confrère, il y avait fort à parier qu'Adrian se serait empressé de lui poser toute les questions nécessaires à l'identification de ses problèmes. Était-elle affaiblie par une maladie? Avait-elle été blessée? L'Amaranthis avait misé sur la deuxième option après avoir pu constater que chaque pas s'avérait être une épreuve douloureuse pour elle. Ironiquement, Adrian se rassura de voir qu'elle n'avait pas rechigné à ce que ce soit lui qui la soutienne, et non Johan...

Devoir s'éloigner d'elle après l'avoir déposé sur le divan de son confrère avait été bien plus difficile qu'il ne l'imaginait. S'il s'était écouté, Adrian se serai campé à son chevet pour s'enquérir de son état plus en détail. La triste réalité le rattrapa cependant, il n'avait plus le droit de pratiquer la médecine et bien qu'il se doutait que Meryl ne serai pas revenue vers lui malgré tout, la simple idée de ne pas être autorisé à agir fit naitre de la frustration en lui. Évidemment, elle restait la seule personne pour qui il aurai sans hésiter ignoré sa destitution si elle s'était présenté à lui dans un tel état d'épuisement. Comme s'il avait comprit qu'Adrian s'éloignait à contrecœur, Whisper fit le choix de rester en compagnie de Meryl, une décision que l'apothicaire salua intérieurement avec un brin de satisfaction.

Dans la cuisine, Adrian n'eut pas besoin de poser de questions, car Johan semblait bel et bien pressé de tout lui raconter, finalement libéré de l'interdiction que lui avait formulé Meryl. Il ne s'offusqua pas de ce détail outre mesure, après tout, cette décision de ne pas amener Adrian ici était justifiée...Bien plus attentif cependant à la suite, un frisson remonta le long de son échine lorsqu'il entendit les vrai raisons de la présence de Meryl en ces lieux. Des coups de couteaux et une blessure grave à la jambe...L'inquiétude d'Adrian devint viscérale, se mêlant à la colère qu'il ressentit en imaginant un inconnu s'en prendre à sa sauvageonne. Les poings serrés, l'apothicaire s'était forcé au silence pour ne pas extérioriser ses émotions. la douleur du coté de sa main ayant heurté la porte de sa demeure plus tôt dans la journée l'aida à se contenir dans ce mutisme. Si toute cette inquiétude avait put être contenue, l'Amaranthis aurait probablement sourit à la mention de la relation conflictuelle entre Meryl et le repos, mais tout était bien trop compliqué dans sa tête pour qu'il ne s'autorise à faire preuve de bonne humeur pour l'instant. Adrian récupéra la tasse chaude dont les odeurs lui étaient familières, se maudissant intérieurement d'avoir cru aux rumeurs qu'avait insinué Oriana le matin même.

- Merci de ne pas m'avoir évité dans cette rue, dit-il simplement avant de faire volte-face en direction du salon.

Tiraillé entre hésitation et besoin d'aider, Adrian eut l'impression qu'un kilomètre le séparait du divan sur lequel reposait Meryl tout en offrant à Whisper l'attention qu'il s'évertuait à quémander. A la seconde où son regard avait pu distinguer la silhouette de la jeune femme, le coeur de l'apothicaire s'était mis à s'accélérer, faisant invariablement vaciller toute les résolutions qu'il s'était contraint de prendre. La neutralité de son visage avait volé en éclat, laissant apparaitre son inquiétude mais aussi une tendresse qu'il ne s'était plus autorisé à ressentir depuis de long mois maintenant. Les mots qu'il souhaitait lui adresser consumaient chaque barrière qu'il s'était empressé de dresser après leur derniers instants passés ensemble, rendant son esprit dépendant de la présence de sa sauvageonne à ses cotés. Il s'approcha lentement, jusqu'à finalement attendre qu'elle se redresse un peu en le voyant lui tendre la tasse encore chaude. Le silence ne dura pas longtemps, car la peur de la voir s'éloigner de lui nouait d'ores et déjà son estomac.

- Est-ce que tu as besoin de quelque chose d'autre ?

Après avoir bu une gorgée et fait une grimace, Meryl prit la parole.

- Pas de cette horreur en tout cas. Dit-elle en reposant sa tasse sur la table.
- C'est un relaxant musculaire, je crois que tu devrais le prendre si tu veux pouvoir marcher à nouveau sans assistance.
- Il me donne ça uniquement pour se donner bonne conscience mais il sait très bien de quoi j'ai vraiment besoin.

Cette dernière réponse lui fit froncer les sourcils de suspicion. Il ne fit pas le rapprochement tout de suite, mais il ne put se retenir de poser la question, les yeux plongés dans ceux de Meryl.

- Et de quoi as-tu besoin au juste ?
- De temps, Adrian, j'ai besoin de temps. Et il me semble que tu en avais également besoin. Finit-elle par dire après un long moment de silence.

Cette phrase tomba sur la conversation comme un couperet sur la nuque d'un condamné. Malgré une absence d'hostilité au profit d'une certaine lassitude, les propos de la jeune femme avaient évidemment remué ce sentiment de culpabilité qui animait Adrian depuis qu'elle avait croisé à nouveau son chemin. Il resta un long moment les dents serrées à accuser le coup, lui empêchant même de remarquer qu'elle n'avait pas forcement répondu sincèrement à sa question. Cette fois, et pour se protéger de ce qu'il pourrait dire ou faire, Adrian sembla se fermer quelque peu à la remarque, pas vraiment désireux de répéter des choses pour lesquelles il n'avait eu guère de choix et qui semblaient encore assez douloureuse pour créer une certaine tension entre eux. Il ne sut d'ailleurs pas s'il devait se rassurer sur le fait qu'elle ne semblait plus aussi froide qu'au début, comme si elle cherchait encore le ton le plus approprié à adopter avec lui. Non sans peine, Adrian s'efforça malgré tout de reprendre.

- De temps et de soins, bois cette préparation, s'il te plait...Son ton était devenu plus fébrile, du fait qu'il n'avait pu s'empêcher de parler avec une certaine tendresse. Tu sais, si ma présence ici t'incommode, tu n'as qu'un mot à dire et je m'en irai...

Aussi directe et inattendue que douloureuse, cette dernière phrase s'était imposée à lui. Difficile pour Adrian de s'imaginer partir à cet instant, d'ailleurs, tout ou presque dans son attitude trahissait cette contradiction. Mais il ne pouvait se résoudre à ne pas laisser ce choix à Meryl, pas après ce qu'il lui avait imposé quatre mois plus tôt. Comme s'il attendait le bon moment pour intervenir, Johan revint dans le salon avec tout le nécessaire à la préparation des cataplasme qu'il posa sur la table avant de pousser un soupire sonore.

- Désolé de vous interrompre, mais les soins n'attendent pas ! Se risqua-t-il à dire avec un entrain plutôt mal placé.

Par pur reflexe, Adrian se leva pour s'apprêter à se saisir de l'un des bol contenant une préparation médicinale, il arrêta son geste en milieu de course, instantanément rappelé à l'ordre par cette interdiction de pratiquer la médecine, mais aussi et surtout par le fait qu'il n'était pas bien sur que Meryl n'apprécie qu'il s'occupe de lui prodiguer ses soins. Un léger moment de malaise s'installa chez lui tandis qu'il reposait la préparation.

- Désolé je...l'habitude. Dit-il froidement, comme pour fuir ses interlocuteurs qu'il ne regardait plus.
- Vous savez Adrian, ce n'est pas vous qui avez préparé le cataplasme, et personne n'en saura rien...
- Ce n'est pas à moi d'en décider, dans tout les cas.Répondit-il immédiatement, coupant presque la parole à Johan.

Car oui, au delà de l'interdiction, il ne pouvait se résoudre à imposer ses choix et ses envies à la jeune femme qui selon lui était en droit de ne pas vouloir qu'il s'occupe d'appliquer les cataplasmes. Son regard ne put éviter Meryl bien longtemps, magnétisé par ce besoin de contact aussi douloureux que réconfortant. Perdu un instant dans ses yeux d'ambres, un besoin presque impérieux naquit en lui, celui de réduire une bonne fois pour toute la distance les séparant pour la prendre dans ses bras, et ne jamais plus s'éloigner.
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Dim 8 Aoû - 15:42

Elle avait retenu un soupir face aux questions et aux injonctions de boire l’infâme mixture que Johan lui avait préparée. Le triste Amaranthis tentait d’amorcer la conversation de la seule façon qui lui semblait logique mais elle n’avait pas envie de s’entendre répéter qu’elle devait prendre soin d’elle : le médecin chez qui elle vivait depuis plus d’une semaine se chargeait déjà de lui répéter cette phrase au moins une douzaine de fois par jour. Par lassitude, elle avait conservé la distance qu’elle avait pourtant souhaité voir disparaître quelques minutes auparavant. « Peut-on arrêter de se parler comme si on ne ressentait rien ? », c’était la seule chose qu’elle aurait voulu lui dire.

- Tu sais, si ma présence ici t'incommode, tu n'as qu'un mot à dire et je m'en irai...

Non, surtout pas. Elle eut presque un sursaut en entendant cette phrase. Malgré tout ce qu’elle avait pu dire, elle ne souhaitait pas le voir partir car c’était maintenant qu’elle l’avait près d’elle qu’elle réalisait à quel point il lui avait manqué. Et finalement peu importe s’ils ne trouvaient pas grand-chose à se dire de plus, et peu importe si l’inconfort et la peur de dire une parole de travers avaient empoisonné les silences qui ne les auraient nullement gênés par le passé. Contrairement à ce que son attitude pouvait laisser penser, elle n’était ni en colère, ni amère ; elle était simplement perdue et bien trop fatiguée.

Elle n’eut pas l’occasion de répondre quoi que ce soit car Johan entra pile à ce moment dans la pièce. Elle suivit l’échange entre les deux médecins sans un mot et tressaillit uniquement lorsqu’Adrian plongea ses yeux dans les siens. Un blocage dont elle ne comprit pas immédiatement l’origine l’empêcha de manifester clairement ce qu’elle voulait ; ce fut encore une fois Johan qui vint à sa rescousse, comme s’il comprenait mieux qu’elle ce qui se jouait dans sa tête.

- Meryl, tu n’as pas l’intention de dénoncer Adrian aux autorités, n’est-ce pas ? plaisanta t-il pour détendre une atmosphère qu’il sentait pesante.

Doucement, presque timidement, Meryl secoua la tête, fuyant le regard de l’apothicaire pour le reporter sur le chien à côté d’elle dont elle s’appliquait à lisser les moustaches du bout des doigts. Son accord était plus tacite qu’explicite mais Johan comprit visiblement le message et lui offrit un sourire.

- Il vaut mieux que tu évites de marcher, d’accord ? Vous pouvez la porter jusqu’à sa chambre pendant que je vous apporte le nécessaire, Adrian ?

Comme s’il ne savait tout à coup plus quoi faire de ses bras, l’apothicaire resta interdit un moment et Meryl finit par amorcer un timide mouvement dans sa direction pour couper court à toutes les ruminations que lui infligeait probablement son esprit. Dans une infinie douceur, elle passa ses bras autour de sa nuque tandis qu’il la soulevait dans les airs avec plus de précaution qu’il n’en avait jamais prise jusqu’ici. Une légère grimace de douleur déforma brièvement son visage lorsque son flanc blessé frotta légèrement contre son torse, une douleur qu’elle oublia aussitôt qu’elle réalisa leur soudaine proximité.

Trop concentré à mener la mission qu’on lui avait confiée à bien, Adrian ne tourna pas le regard immédiatement vers elle, ce qui lui offrit l’opportunité de détailler son profil à son insu. Il avait l’air plus fatigué et las depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu, et pourtant quelque chose venait de se détendre dans son visage. Lorsqu’elle glissa ses yeux plus bas, dans le col de sa veste, elle aurait même pu jurer voir son pouls s’accélérer tandis qu’elle raffermissait sa prise autour de lui et elle remercia intérieurement Johan de lui offrir un prétexte pour serrer à nouveau le triste Amaranthis dans ses bras.

- C’est la porte à droite dans le fond du couloir, avait-elle soufflé à son oreille tandis qu’il cherchait son chemin. Elle le vit tressaillir et ne put retenir un sourire cette fois.

La pièce dans laquelle elle dormait était assez spacieuse pour une chambre d’ami, les rideaux et les fenêtres étaient restées grand ouverts et Meryl avait même négocié d’orienter son lit de telle façon à avoir l’impression de dormir sous les étoiles. Ce n’était pas le pire endroit où passer sa convalescence, mais l’absence d’exercice lui manquait terriblement. Très doucement, l’apothicaire la posa sur son lit, égarant cette fois ses yeux sur son visage. Ils n’échangèrent pas un mot, comme si l’essentiel venait d’être dit dans ce simple échange : ils se manquaient l’un à l’autre, quotidiennement et terriblement.

Johan entra dans la pièce à leur suite avec le nécessaire pour refaire les bandages et déposa l’ensemble sur la table de nuit. Après s’être assuré que rien ne manquait à l’appel, il s’éclipsa pour préparer le dîner sans toutefois refermer la porte derrière lui. Sans réfléchir et sans un mot, Meryl commença à ôter ses vêtements ; d’abord le pantalon, dont elle mit un certain temps à s’extraire pour ne pas se blesser, puis le haut, découvrant un large bandage autour de son abdomen. Lorsque ses yeux rencontrèrent ceux du triste Amaranthis, elle lui offrit enfin un premier vrai sourire, même s’il se trouvait plus penaud que radieux.

- Cette fois, j’ai fait fort, et je crains de ne plus être la bienvenue à Port-aux-Échoués pendant un très long moment donc… il faudra trouver une autre destination quand on décidera de partir.

Elle avait parlé d’un ton léger, si coutumier, mais elle réalisa tout à coup que cette plaisanterie n’avait strictement rien de drôle. Alors elle se laissa tomber sur le dos et se frotta la paume de la main contre le front.

- Tais-toi, Meryl, vraiment, tais-toi...


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Adrian Mayr
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Dim 8 Aoû - 17:22
Bien que la réponse était indirectement venue de Johan, le réconfort avait gagné Adrian à la seconde où Meryl confirma les dires de son médecin. Difficile à dire si cet apaisement serait de courte durée ou non, mais il comptait bien se nourrir de chaque seconde de proximité que lui offrait ce moment. Lorsqu'elle s'approcha de lui pour le sortir de ses ruminations, il s'appliqua à lui offrir le plus de confort possible dans ses bras, se rappelant les blessures qu'avait mentionné Johan afin de ne pas la blesser accidentellement. Lorsqu'il sentit enfin le corps fatigué de la jeune femme contre lui, Adrian eût un élan de sympathie pour son confrère qui semblait s'être volontairement mis en retrait, respectant ainsi ce semblant d'intimité que leur offrait la situation. Malgré cela et le torrent d'émotions que provoquait le contact réchauffant de sa sauvageonne, l'apothicaire se concentra en premier lieu sur sa tâche, à savoir faire en sorte qu'elle ne souffre pas du transport de quelconque manière.

- C’est la porte à droite dans le fond du couloir.

Le souffle chaud de la jeune femme s'insinuant à son oreille le fit frissonner, si bien qu'il ne put s'empêcher de trahir une réaction qui ne lui échappa pas. Dans un autre contexte, ce geste aurai été surement interprété autrement par Adrian dont elle venait d'entrevoir la faiblesse...D'autant qu'elle venait de lui indiquer la direction de la chambre. Il ne put s'empêcher de laisser vagabonder son esprit, un court instant, avant de revenir à des considérations plus terre à terre. Lorsqu'il la posa sur le lit, il ne put se résoudre à s'éloigner autant que dans le salon, si bien que leur proximité ne fut brisée que lorsqu'il dut s'affairer à récupérer le nécessaire à bandages, moment pendant lequel Meryl entreprit d'ôter ses vêtements. Lorsqu'il reporta son attention sur elle, les larges bandes autour de son abdomen fut un assez bon rappel à l'ordre pour éviter que son esprit ne divague trop à la vue du corps presque nu de la jeune femme. Ses yeux désormais peint d'inquiétude trouvèrent ceux de Meryl, mais découvrir surtout le sourire qu'elle lui adressait.

Attentivement, l'apothicaire écouta ce qu'elle avait à lui dire, découvrant ainsi que la source de ses soucis avait eu lieu à Port-Aux-Échoués. Pendant une seconde, il hésita à lui dire de ne pas en rajouter, par simple appréhension d'imaginer dans quel pétrin elle s'était embarqué pour en ressortir aussi meurtrie. La légèreté de son propos l'en empêcha, car dans la voix de Meryl, il trouvait à nouveau le réconfort de sa présence.

- Il faudra trouver une autre destination quand on décidera de partir.

Cette phrase manqua de le tétaniser sur place, raisonnant dans sa tête un millier de fois en l'espace d'une seconde. Venait-elle de parler sérieusement, ironisait-elle sur la situation? Un bien long débat s'était entamé dans la tête de l'apothicaire qui sentit un étau se desserrer autour de sa tête. Lorsqu'elle s'allongea à nouveau, exaspérée d'elle même, Adrian posa soigneusement les bandages neuf et prêt à être posés pour s'approcher d'elle. Il en avait déduit qu'elle venait de parler avec spontanéité, un trait de caractère qu'il aimait chez elle et qui aujourd'hui encore lui offrait quelque chose qu'il n'espérait plus revoir. Mais surtout, elle venait de souligner qu'elle n'avait pas abandonné l'idée de partir avec lui, un jour, une pensée qui lui fit manquer un ou deux battements de coeur...

Avec tendresse, Adrian s'approcha de la jeune femme qui sembla tenter de cacher ses yeux entre ses doigts de gêne. Avec une grande sincérité, il lui adressa un sourire qui en disait assez long sur ce qu'il ressentait. Désormais assis à coté d'elle, il passa sa main sous les omoplates de la jeune femme pour l'aider à se redresser sans encombres afin d'entreprendre de défaire les bandages. Désormais de nouveau au contact avec elle, il entama le retrait des premières bandes avec cette infinie précaution qu'il ne réservait qu'à elle.

- Non...ne te tais pas, jamais...

Cette phrase amena ironiquement les protagonistes à un nouveau silence, tandis que Meryl coopérait sous les gestes soignés d'Adrian. Pour la première fois depuis leur rencontre, ce moment ce calme prit des airs plus intimes, ressemblant ainsi à tout ses échanges muets qu'ils avaient pu avoir par le passé et dont eux seuls semblaient avoir le secret. Concentré sur sa tâche, Adrian ne put s'empêcher cependant de croiser à plusieurs reprises le visage de Meryl, ne serait-ce que pour vérifier qu'elle ne souffrait pas, et aussi un peu pour se délecter des yeux d'ambres de sa sauvageonnes, soyons honnête. Désormais libérée du bandage, Meryl resta immobile pendant qu'il examinait les blessures, ne se privant pas d'une moue contrariée. Voir le corps meurtri de la jeune femme provoquait chez lui quelque chose de différent que lorsqu'il s'agissait d'un autre patient, car il ne supportait pas l'idée que quelqu'un attente à sa vie. Malgré ça, il se garda bien de toute expression de colère, adouci naturellement pas la présence de Meryl à ses cotés et dont l'état de faiblesse indiquait qu'elle n'avait surement pas besoin d'agressivité à son chevet. Les regards ne trompaient pas, l'absence de l'autre avait crée un terrible vide dans leurs vies respectives.

Lorsqu'il s'éloigna pour récupérer le cataplasme et les bandages, Meryl en profita pour se rallonger, rapidement fatiguée par la position assise. Sans perdre de temps, Adrian s'approcha avec le nécessaire. D'un geste toujours mesuré, il posa deux doigts au dessus de son plexus pour l'arrêter dans le geste qu'elle venait d'amorcer pour se relever. Il n'eut fallut aucune pression pour qu'elle ne comprenne, si bien qu'elle resta immobile, visiblement confiante en ce qu'Adrian faisait. L'application du cataplasme était fastidieuse, car les blessures de Meryl n'étaient pas sans gravité, pourtant, sous la douceur des mains de l'apothicaire, elle sembla se détendre un peu, peut-être en réponse à l'apaisement qui avait également gagné ses gestes depuis maintenant quelques minutes. Massant doucement la peau pour y enduire l'épaisse mixture, l'apothicaire ne put s'empêcher d'émettre un constat.

- Si ces plaies n'avaient pas été cautérisées, je ne suis pas sur que tu aurais pu survivre au voyage de retour...Cette pensée vit vaciller sa paix intérieure un instant, mais il reprit calmement malgré tout. Je suis rassuré de voir que tu as pu disposer de soins...

Aussi vraie qu'était cette affirmation, une pointe d'amertume avait finit par le gagner, peut-être un peu par orgueil mal placé, ou bien simplement parce qu'il s'imaginait que tout aurai pu tourner bien plus mal sans même qu'il n'en ait été tenu au courant. Chassant ses ruminations pour se reconcentrer sur sa tâche et couper court à toute possibilité de s'étendre sur le sujet, Adrian récupéra les bandages qu'il avait rapproché de lui et aida Meryl à se redresser une nouvelle fois, toujours avec cette précaution de lui épargner le moindre effort. En une minute aà peine, un nouveau bandage recouvrait le cataplasme contre les plaies de la jeune femme, ni trop serré, ni trop lâche, juste ce qu'il fallait pour qu'elle ne se retrouve pas trop handicapée dans ses mouvements. Satisfait de son travail, il aida également la jeune femme à se rallonger avant de débarrasser ses mains des résidus argileux de la mixture à l'aide d'un chiffon et d'un peu d'eau.

Instinctivement, Adrian s'était empressé de revenir au chevet de la jeune femme, assis de nouveau près de son lit dans ce nouveau silence qui n'avait pour lui plus rien de pesant. Toujours porté par son instinct, sa main s'approcha du visage de la jeune femme, d'abord pour s'enquérir d'une éventuelle montée de température, mais bien vite ce geste devint plus tendre, plus appliqué, jusqu'à ce que sa main glisse lentement sur les abords de son cuir chevelu. La douleur qu'il ressentait chaque fois que la réalité le rattrapait ne faisait jamais long feu face à débordement d'émotions positives que lui offrait la présence de sa sauvageonne. Timide comme s'il n'avait pas le droit de s'autoriser cette proximité, Adrian manqua d'éloigner sa main avant de se raviser, noyé dans le regard d'ambre de la jeune femme. Lentement et sans brusquer quoi que ce soit, son autre main vint à la rencontre de celle de Meryl avant de lui adresser un nouveau sourire, chuchotant sans même se rendre compte ce que lui dictait ses pensées.

- Une autre destination...oui...ça me va très bien.
Meryl
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Dim 8 Aoû - 20:02

Pendant les longues minutes qu’avaient duré les soins, c’était presque comme si rien n’avait changé. Elle se demanda même un instant pourquoi ce n’était pas directement lui qu’elle était allée trouver dès son retour de Port-aux-Échoués. Alors que tous leurs problèmes semblaient temporairement suspendus dans leurs esprits, Meryl se perdit dans une activité qu’elle aimait beaucoup : l’observation minutieuse du triste Amaranthis. A bien y réfléchir, peut-être bien que tout n’était pas exactement comme avant, Adrian était indubitablement différent ; ses gestes et son visage ne trahissaient plus la moindre trace de timidité, même lorsque ses doigts s’égaraient plus de temps que nécessaire sur sa hanche, et il ne semblait plus avoir de difficulté à soutenir son regard, bien au contraire.

Lorsque sa main s’était attardée sur son visage, elle avait frissonné et sentit son ventre se tordre, une sensation qu’elle trouvait toujours aussi désagréable qu’agréable. Peut-être était-ce finalement la raison qui les avait poussés à s’éviter scrupuleusement ces derniers mois : comment étaient-ils supposés se retrouver dans la même pièce sans se toucher ? Sans même s’en rendre compte, elle avait abaissé toutes ses barrières, toutes celles qu’elle avait mises en place pour se protéger de la déception et de la peine. Peut-être les avait-elle baissées un peu trop tôt.

- Une autre destination… oui… ça me va très bien.


Il avait chuchoté ces mots si faiblement qu’elle doutât un moment de les avoir vraiment entendus. Il ne faisait que répondre à ce qu’elle avait dit plus tôt, il ne faisait que jouer le jeu : faire comme si cette idée ridicule de fuir la ville un jour ensemble avait une chance de se produire. C’était un rêve qu’ils avaient en commun, un joli rêve mais juste un rêve, elle le savait, et pourtant elle s’entendit demander presque aussitôt :

- Quelque chose a changé depuis la dernière fois ?
- Qu'entends-tu par là ? demanda t-il comme s’il avait peur de ne pas comprendre le vrai sens de sa question, ou plutôt de le comprendre.
- Tu n'avais pas l'air de t'autoriser à simplement envisager de partir la dernière fois…
- Je tâche de faire avancer les choses… au plus vite…

Elle fronça les sourcils. Pourquoi ne voulait-il pas dire les choses clairement ? Elle reformula pour lui et pour que les choses soient tout à fait claires cette fois-ci :

- Donc rien n'a changé.

Pas de froideur, pas d’amertume. Il était plus facile d’accepter une situation lorsqu’il y avait peu d’espoir de la voir changer un jour. Et peu importe à quel point Adrian était sincère lorsqu’il disait vouloir que ce jour arrive le plus tôt possible : ses désirs à lui n’avaient pas d’importance face l’implacabilité du destin. Quant à espérer qu’ils seraient encore tous les deux en vie pour voir ce jour arriver...

- Je ne vais pas prétendre l'inverse, à quoi bon, tu ne me croirais pas, et je te comprends.

Comme une bulle qu’on éclate, tous les problèmes qui les accablaient revinrent sur le devant de la scène. Meryl observa longuement son triste et résigné Amaranthis avant de se redresser pour se mettre à sa hauteur.

- Si rien n’a changé alors qu’est-ce que tu fais encore là ?

C’était presque une provocation, une provocation qu’elle se permettait uniquement parce qu’elle savait qu’il ne partirait pas, comme le confirmait le regard intense qu’il posa sur elle. Immobile, son triste Amaranthis murmura à son tour :

- Serais-tu capable de prétendre que tu ne connais pas la réponse à cette question ?

Non, elle savait. Il était d’ailleurs difficile de douter encore des sentiments d’Adrian à cet instant précis. Il était encore plus difficile d’ignorer ses propres sentiments alors que son cœur battait furieusement dans sa poitrine. Rien n’avait changé, c’était encore un fugace moment de bonheur voué à disparaître. Pourtant cette fois elle était prête à accepter la douleur liée à cette situation, elle était prête à le laisser lui briser le cœur une seconde fois, puis une autre, autant de fois qu’il le voudrait. Parce qu’il n’y avait rien de plus stupide qu’un cœur amoureux.

Elle franchit les quelques centimètres qui les séparaient pour embrasser ses lèvres, avide comme une noyée cherchant de l’oxygène. Ses mains s’égarèrent sur sa nuque, dans ses cheveux, l’invitant à ne plus jamais rompre le contact. Perdu dans la passion de l’instant, elle laissa les vaines considérations qui lui semblaient si importantes quelques minutes plus tôt s’étioler doucement. Et lorsque l’intensité fut impossible à supporter davantage, elle rompit le contact aussi brusquement qu’elle l’avait imposé, haletante mais euphorique.

- Je crois que tu as oublié ma cuisse, souffla t-elle encore à moitié contre ses lèvres. À moins que tu préfères laisser Johan s’en charger ?


Dernière édition par Meryl le Lun 9 Aoû - 17:56, édité 1 fois
Adrian Mayr
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Dim 8 Aoû - 22:01
Le conflit revenu au devant de la scène avait laissé Adrian dans un désarroi l'ayant même poussé à se demander s'il avait bien fait d'accompagner la jeune femme et son médecin ici. Cette considération avait volé en éclat avec toutes les résolutions qu'il s'était obstiné à maintenir. Pourquoi l'avait-elle provoqué ainsi? Il n'aurai su le dire, mais cette simple question avait eu don d'éveiller quelque chose chez lui, quelque chose qu'il avait mit en sommeil pour se protéger des tourments de l'éloignement. Sa réponse aux airs de défis avait amplifié la tension déjà devenue palpable, jusqu'à ce qu'elle franchisse le pas, ce pas qu'il aurai lui même engagé quelques secondes plus tard, désinhibé par le désir que lui évoquait sa sauvageonne.

Telle la plus puissante des drogues, les lèvres de Meryl avaient embrasé ses sens et consumé tout vestige de bon sens. La main de la jeune femme l'enivrait tout autant que le contact de ce baiser qu'il n'aurait rompu pour rien au monde. Précautionneux même uniquement guidé par son instinct, une main d'Adrian était venu se poser sur la hanche indemne de Meryl, glissant légèrement sur le bas de son dos, lui offrant par la même occasion un maintient tandis que son autre main se logea tendrement dans le cou de la jeune femme. Il savait, oui, il savait que ce qu'ils faisaient était sujet à renouveler la discorde semée par leur précédente séparation, mais il était impossible de résister à cette viscérale attraction ancrant les protagonistes dans l'instant présent. De ce besoin naquit le désir, se nourrissant de la passion mutuelle des deux amants pour les unifier dans cette bulle qui n'appartenait qu'à eux. Lorsqu'elle rompit le contact, Adrian sentit un grand vide s'emparer de lui, comblé rapidement par la proximité conservée qui mêlait encore leurs souffles.

- Je crois que tu as oublié ma cuisse. À moins que tu préfères laisser Johan s’en charger ?

Sensuelle et enivrante, Meryl semblait prendre possession de l'esprit d'Adrian à chaque mot ou geste qu'elle entreprenait. Il ne sut dire si cette phrase qu'elle venait de lui adresser relevait d'une provocation ou non, mais il dut se raisonner à tempérer ses propres ardeurs, le temps de terminer de prodiguer les soins à sa sauvageonne. Se détachant d'elle sans un mot, Adrian peina à rompre le contact visuel, mais la raison l'emporta sur le désir, uniquement parce qu'il s'agissait de la santé de sa partenaire. Avec précaution, Adrian reprit le bol contenant le cataplasme, et les bandages pour s'approcher à nouveau de la  jeune femme qui ne semblait plus capable de détourner le regard. Elle ne se rallongea pas, préférant fixer toujours aussi intensément l'Amaranthis qui s'approchait d'elle à nouveau. L'expression qu'Adrian put lire dans ses yeux à cet instant le fit frissonner tandis qu'il posait un genoux au sol pour appliquer le cataplasme.

Assise sur le bord du lit, Meryl ne bougea pas lorsqu'il appliqua avec précaution la préparation médicinale, ne se privant pas de croiser son regard dès que l'occasion se présentait. Après plusieurs passages sans qu'elle ne sourcille de douleur, Adrian passa un bandage, toujours avec une attention toute particulière. Il ne se releva pas une fois les soins terminés cependant, s'attardant amoureusement sur la contemplation des yeux d'ambre de sa sauvageonne, légèrement surélevée par rapport à lui. Une de ses mains glissait sur le sommet de sa cuisse dans une caresse aussi sensuelle qu'enivrante. Lentement, Adrian se redressa pour venir trouver les lèvres de la jeune femme et lui voler un court baiser qu'elle sembla regretter de voir si éphémère. Mais il ne s'arrêta pas là, car désormais ses lèvres se posèrent lentement dans le cou de la jeune femme, accélérant son souffle sous ce contact. Une main vint se loger dans la longue crinière blonde de la jeune femme tandis que l'autre parcourait ses hanches. Aux sons haletant du souffle de Meryl, au mordillement de sa lèvre ainsi qu'à la main qu'Adrian sentit revenir dans ses cheveux, il comprit qu'il se devait de ne plus s'arrêter. Son désir s'embrasa tandis que les caresses s'intensifiaient.

- Le repas est prêt et je...Oh!

Aussi subitement que tout avait commencé, la tension redescendit dans la pièce au moment où Adrian s'éloigna en vitesse de la jeune femme, se relevant dans un geste évidemment gêné. Meryl aussi avait essayé de s'écarter, s'arrachant un petit cri de douleur devant le geste un peu brusque qu'elle avait entreprit. Johan venait de faire irruption dans la pièce pour inviter ses convives à passer à table, se retrouvant au milieu d'une scène dont il aurait préféré ne pas être le spectateur. Rouge comme une pivoine, le jeune médecin ne savait plus où se mettre, au point qu'il resta figé comme un piquet sur le pas de la porte, concentrant son regard sur Adrian, comme si la vue de Meryl en sous vêtements lui était devenu soudainement prohibée. Adrian non plus ne savait plus où se mettre, misant plutôt sur sa stratégie habituelle, garder le silence. Il évita malgré tout le regard de Johan au profit de la plante verte entreposée non loin de la porte. Après un petit silence gênant, l'hôte reprit.

- Pardonnez-moi je...j'aurai du frapper...je voulais vous dire que le repas est prêt, voila le...le repas. Prenez votre temps !
- Merci Jo...

Mais Johan avait déjà détalé vers le salon, laissant Adrian et Meryl dans une situation des plus absurdes pour lequel ils s'échangèrent un regard, témoignant l'un et l'autre que le désir n'avait pas disparu malgré cette interruption. Ils comprirent bien vite que ce n'était ni le lieux ni le moment pour cela, réfrénant ainsi leurs ardeurs pour se concentrer sur la réalité, bien plus triste que cet instant qu'ils venaient de partager. Après un bref toussotement, Adrian prit la parole.

- Je vais t'aider à te préparer si tu veux, et puis nous irons diner...Si ma compagnie ne te dérange toujours pas...

Il doutait que ça soit le cas, au moins autant qu'il priait pour que ça ne le soit pas. Qui sait, Meryl était en droit de lui demander de partir à son tour...Une pointe d'amertume soulignait son ton et un air presque triste venait de passer dans ses yeux, car le retour au réel était bien plus difficile qu'il ne l'imaginait. Cependant, quelque chose était notable dans son comportement : Adrian se retenait de dire quelque chose. En effet, ce bref échange plus intense que tout un pan de son existence avait mit à nouveau en ébullition ses pensées, le ramenant à cette fameuse décision qu'il avait prit lorsqu'il avait demandé à Meryl de s'éloigner. Aussi périlleux que soit le sujet, il devint plus difficile encore pour l'apothicaire de s'imaginer devoir s'éloigner de sa sauvageonne une fois de plus. Il savait qu'il n'avait pas le choix, alors pourquoi avoir cédé à nouveau à tout ça?

La réponse était aussi simple que douloureuse, rien ni personne ne pourrait l'empêcher de l'aimer.
Meryl
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Lun 9 Aoû - 16:18

Il y avait du bon à ne pas trop réfléchir finalement, sinon comment espérer savourer ce que le triste Amaranthis était prêt à lui donner sans fatalement penser au moment où il lui reprendrait tout ? Elle avait beau être perdue, à cet instant elle savait exactement où elle allait, et cette fois elle n’y allait pas le cœur lourd. Et tout s’interrompit bien trop vite, la main dans ses cheveux, les baisers dans le creux de son cou… Le mouvement de surprise qu’elle eût pendant l’intervention de Johan lui rappela la douleur que le désir avait temporairement anesthésié.

Plus confuse que gênée, Meryl écouta l’échange entre les deux médecins d’une oreille distraite, essayant plutôt de déterminer si cette interruption était une bonne ou une mauvaise chose. Lorsqu’elle coula un regard vers son triste Amaranthis, la réponse lui parut évidente : c’était une très, très mauvaise chose. Ou peut-être pas ? Il s’assombrit tout à coup et elle ne sut dire si ce qu’elle voyait dans ses yeux était un regret, de la tristesse ou de la résignation.

- Je vais t'aider à te préparer si tu veux, et puis nous irons dîner… Si ma compagnie ne te dérange toujours pas...

Pourquoi se comportait-il comme si c’était elle qui lui avait demandé de partir la première fois ? S’attendait-il à ce qu’elle lui fasse subir la même chose par esprit de vengeance ? Si elle pouvait parfois se montrer revancharde avec les gens qui la blessaient, elle n’aurait jamais pu adopter ce genre de comportement à l’égard d’Adrian ; chaque parole cruelle que le ressentiment et l’amertume auraient pu lui dicter avait été muselée pour ne pas ajouter à son tourment. Elle se rendait compte maintenant que ce n’était pas tant d’elle qu’elle devait le protéger mais de lui-même et de ses ruminations permanentes. Refusant que la conversation dévie à nouveau dans cette direction, elle lui offrit un sourire espiègle.

- C’est l’idée de me remettre des vêtements qui te rend si sombre ou il y a une autre raison ?

Il esquissa un léger sourire qui disparut bien trop vite à son goût.

- J'espère avoir l'occasion de te parler un peu seul à seul, bientôt, dit-il à voix basse par peur d’être entendu depuis le salon.

Elle dut se retenir de lui faire remarquer qu’ils l’étaient encore il y a quelques minutes et que parler n’était pas l’activité qu’ils avaient privilégiée.

- Tu peux toujours fermer la porte à clé, tu sais.
- Il nous attend pour le dîner, il y a fort à parier qu'il sera collé à la porte la minute suivant la fermeture. Il me faudra trouver un autre moment, si tu le veux bien, répondit-il avec douceur.

Rassurée de voir que la légèreté de l’échange et son sourire étaient venus à bout de sa mine renfrognée, Meryl n’insista pas davantage. Toujours assise sur le lit, elle lui désigna un vêtement négligemment roulé en boule sur un fauteuil pour qu’il le lui apporte. Si Adrian fut surpris de voir Meryl enfiler une robe simple et fluide au lieu des vêtements qu’elle avait ôtés un peu plus tôt, il ne fit aucune remarque. Blessée comme elle l’était, mettre un pantalon relevait chaque fois du supplice, un supplice qu’elle ne s’infligeait que lorsqu’elle était contrainte de sortir de l’appartement de Johan. Elle ne savait pas pourquoi le médecin s’était retrouvé avec ce genre de vêtement dans ses affaires et elle avait préféré ne rien savoir. La robe était plutôt jolie mais elle était surtout très confortable, le reste, elle s’en moquait bien.

Elle tenta d’ignorer le frisson que provoquaient les doigts de son triste Amaranthis dans son dos chaque fois qu’il l’effleurait pour fermer les quelques boutons de la robe et laissa un nouveau silence s’installer entre eux. Lorsqu’il fut temps pour eux de rejoindre le salon et alors qu’elle s’attendait à ce qu’il lui donne simplement le bras pour l’aider à avancer, il la prit contre lui et passa délicatement son bras sous ses genoux pour la soulever du sol. Dans la pièce principale, Johan s’affairait autour de la table alors que tout était déjà en place, comme s’il ne voulait pas donner l’impression qu’il avait attendu leur arrivée sans rien faire d’autre que tendre l’oreille.

- Est-ce que ça va aller ? demanda t-il lorsqu’il la vit s’installer sur une chaise.
- Ça devrait, oui.

La position assise n’était pas la plus agréable mais elle n’avait aucune envie de prendre un simple plateau repas dans sa chambre. Elle mangea sans appétit ce soir-là, comme tous les jours d’ailleurs, malgré les efforts que faisait Johan pour cuisiner chaque fois quelque chose de différent. Comme si l’épisode de la chambre était déjà bien loin derrière eux, la gêne s’était rapidement dissipée et la conversation – principalement tenue par Adrian et Johan – reprit comme si de rien n’était. Le jeune médecin lui posa tout un tas de questions sur sa clientèle et sur comment se portaient ses affaires depuis les restrictions dont il faisait l’objet. Même si Meryl savait que tout cela n’était qu’un échange de convenance entre deux praticiens, elle ne put s’empêcher de s’attrister du fait que Johan ne cherche pas à lui parler d’autre chose, car elle devinait que son triste Amaranthis subissait ce genre de platitudes à longueur de journée, comme en témoignait l’air fatigué qu’il arborait face aux questions de son interlocuteur.

Heureusement, souvent son regard s’attardait sur elle et le sourire qu’elle lui offrait chaque fois adoucissait presque immédiatement ses traits.

A la fin du repas, Johan déclara qu’Adrian était le bienvenu ici chaque fois qu’il voudrait prendre des nouvelles de sa patiente dont la convalescence allait encore durer plusieurs semaines.

- Je ne t’en voudrais pas si tu ne revenais pas me voir, avait-elle finalement murmuré alors que Johan s’était éclipsé à la cuisine pour débarrasser la table, tout en glissant discrètement ce qu’elle n’avait pas réussi à avaler de son repas à Whisper. Si tu ne revenais pas parce que tu n’en as pas envie mais… parce que tu ne le dois pas, je veux dire. Ne t’inquiète pas pour moi.
Adrian Mayr
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Lun 9 Aoû - 20:11
Sans Meryl à ses cotés pendant le repas, Adrian aurait surement coupé court à la discussion à propos de son interdiction de pratiquer qui l'emplissait peu à peu de lassitude. Il n'en fit rien cependant, peu désireux de se montrer impoli avec Johan dont il avait apprécié l'invitation. Fort d'une aisance à garder le fil d'une conversation sans pour autant se concentrer outre mesure dessus, les pensées de l'apothicaire s'étaient déjà évadées des questions du jeune Amaranthis pour continuer à ruminer ce début de discussion qu'il avait eut dans la chambre avec Meryl. Cette introspection lui confirma d'ailleurs qu'il n'avait aucune envie de parler à la jeune femme tant qu'ils ne seraient pas seul. Malgré son retrait durant la conversation, Adrian ne s'était pas privé de lui adresser des regards, ne serait-ce que pour s'enquérir de son état, mais aussi pour contempler sa sauvageonne tant qu'elle se trouvait à ses cotés.

Lorsqu'ils furent de nouveau seul, une pointe d'amertume revint s'emparer d'Adrian qui voyait déjà sonner la fin de cette rencontre. Il dut lutter contre l'envie de lui proposer de venir avec lui, bien qu'il sache que cela était impossible et surtout fastidieux. Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, l'hésitation l'avait gagné, paralysant ses mots dans sa gorge au profit d'un silence qui fut brisé par la jeune femme l'instant d'après.

- Je ne t’en voudrais pas si tu ne revenais pas me voir. Si tu ne revenais pas parce que tu n’en as pas envie mais… parce que tu ne le dois pas, je veux dire. Ne t’inquiète pas pour moi.

Les mots de sa sauvageonne adoucirent son appréhension en quelques secondes. La prévenance dont elle faisait preuve dans ses propos vint souligner à Adrian qu'il avait fait fausse route en s'imaginant qu'elle ne le croyait pas sincère, une pensée qui lui avait torturé l'esprit maintes et maintes fois jusqu'alors. Avec un sourire tendre, Adrian s'approcha de la jeune femme encore assise, visiblement en train de taquiner Whisper qui redemandait un peu plus de nourriture à sa complice préférée. Toujours dans cette douceur qui semblait le caractériser avec elle, il lui déposa un baiser sur le front en la serrant doucement contre lui, sans forcer pour ne pas réveiller les douleurs. Il rompit le contact après quelques secondes silencieuses dont les deux partis semblèrent s'imprégner avidement. Désormais à quelques pas d'elle, il plongea son regard dans le sien.

- Difficile de m'imaginer ne pas m'enquérir de ton état...Dit-il à voix basse, je reviendrai probablement rapidement, un soir...

Difficile également de s'imaginer s'éloigner d'elle trop longtemps d'ailleurs. Il n'avait pas encore tourné les talons que déjà Meryl semblait lui manquer. La laisser pendant sa convalescence était un crève coeur, mais il n'avait pas d'autre choix. En revanche, impossible pour lui de s'imaginer la laisser seule trop longtemps. S'il avait cru cela envisageable il y a quelques mois, il n'en était plus rien, car comme d'habitude la présence de Meryl suffisait à renverser la tendance dans son esprit embrumé, presque toujours dans le bon sens.

Johan revint au salon timidement, presque sur de les retrouver au coeur d'une embrassade, c'est avec un certain soulagement et une aisance retrouvée qu'il s'adressa à Adrian cependant.

- Je peux vous proposer un petit digestif avant de partir si vous le souhaitez ?
- Non merci...Je vais laisser Meryl se reposer et rentrer. Dit-il calmement, feignant habilement sa déception de devoir partir.

Il ne s'attarda pas plus longtemps et quitta la demeure de Johan, suivit prestement par Whisper qui avait souhaité trainer encore un peu aux cotés de Meryl. Comme il comprenait son compagnon canin...

Sur le chemin du retour, Adrian fit un long détour, ne repassant pas par les chemins qu'il avait surement emprunté dans sa marche inconsciente. Ainsi, il arriva devant chez lui par l'exacte opposé, accompagné de Whisper qui semblait presque las de ce long détour en trainant aux pieds de l'apothicaire plutôt que quelques mètres devant. Au delà de son besoin impérieux de se vider la tête, l'Amaranthis salua intérieurement son choix lorsqu'il croisa un homme qu'il savait être là pour garder un œil sur sa demeure. Fort heureusement pour lui, les veilleurs ne semblaient pas avoir ordre de suivre sa trace, probablement pour ne pas éveiller les soupçons qui pourraient peser sur lui dans son quotidien. Soit, il était évident maintenant que les allers et venues d'Adrian étaient étudiés minutieusement, mais pas sa destination.

Il ne perdit pas de temps pour retrouver la solitude presque réconfortante de sa demeure. Du moins, c'est ce qu'il crut jusqu'à ce qu'il ne verrouille la porte, car son esprit n'en avait pas finit avec cette soirée. L'espace d'un instant, il eut la conviction qu'il allait retrouver le visage endormi de sa sauvageonne à l'étage après qu'elle l'ait attendu sur le divan, finissant par sombrer dans le sommeil. Il savait que ce n'était pas vrai, mais il ne put s'empêcher d'accélérer le pas pour affronter la triste réalité. Désabusé par une prévisible déception, Adrian se rendit machinalement vers la réserve pour y récupérer une bouteille de vin de sauge, la dernière qu'il lui restait, et s'installer à table. Habituellement, l'apothicaire ne manquait jamais de rien, toujours prévoyant sur les réserves de matériel ou de nourriture, mais visiblement la rigueur qui l'animait trouvait désormais ses limites bien plus vite que par le passé.

Sa soirée dura bien longtemps, jusqu'au lever du jour lorsque la bouteille fut terminée. Pour une fois, il ne s'était pas dépêché de s'enivrer. Au contraire, il avait prit le temps de consommer cette liqueur qu'il affectait tant avec beaucoup de lenteur, car le besoin de réfléchir cette nuit là retenait fermement l'envie de dépasser les bornes. Ses pensées se dirigèrent évidemment vers Meryl, mais aussi vers Johan. En effet, Adrian n'oubliait pas sa mission, mais il ne pouvait se soustraire au besoin de savoir que sa sauvageonne existait toujours dans sa vie. Faisant des liens un peu hâtif, l'apothicaire en était venu à devenir presque paranoïaque sur la possibilité que Johan soit l'une des cibles qu'il devait atteindre. Aussi peu probable qu'était cette théorie, elle avait le mérite d'exister. Sans aucune certitude, l'Amaranthis se devait d'agir comme il l'aurait fait en temps normal, au risque de révéler sa relation avec Meryl à des gens qui auraient mieux fait de l'ignorer. A toute ces équations s'ajoutèrent l'idée que l'Inconnue ne découvre l'importance qu'Adrian accordait à Meryl, même si l'avertissement qu'elle lui avait adressé à ce sujet soulignait que le danger viendrait plutôt de leurs ennemis que d'elle et ses hommes. Coincé en porte-à-faux entre théories et suspicions, il étudia toutes les possibilités, mais une seule finissait par avoir force de loi : il ne pouvait pas se passer de sa sauvageonne éternellement. Ainsi, ses conjectures lui intimèrent la prudence et l'observation. Après tout, il n'y avait aucune raison pour le moment que les choses ne tourne mal pour elle...

Contre sa volonté et par pur précaution, il ne retourna pas chez son confrère le lendemain, préférant le choix d'une journée on ne peut plus normale et sans autre sortie que les ballades en compagnie de Whisper. Tout lui avait ainsi parut interminable, car chaque minute qui passait le comblait d'inquiétude quant à la convalescence de Meryl. Il se rassura en imaginant que Johan serait venu le trouver s'il y s'était passé quelque chose de grave. Malgré ça, il ne put s'empêcher de ruminer toute la journée, jusqu'à tard dans la nuit.

Lorsqu'il quitta le Lys d'Argent le soir suivant, il semblait que sa tendance à abuser de sa boisson favorite avait été de la partie. Du moins, c'est ce que l'on pouvait s'imaginer lorsqu'il sortit de chez lui en compagnie de son chien. En passant, il croisa même maladroitement le regard d'un des veilleurs, ultime provocation d'un homme ivre et désespéré. Désormais à peu près sur qu'il ne serai pas suivi bien loin et que le fait que son absence prolongée était justifiée par son ébriété, Adrian reprit une démarche bien plus assurée, nullement entachée par cette consommation d'alcool totalement feinte. Whisper sembla enjoué de reconnaitre le chemin qu'empruntait son maitre, car il gambadait désormais devant lui, témoignant d'une certaine impatience faisant écho à celle de son maitre. Plusieurs fois, Adrian veilla à ne pas être suivi, par simple précaution.

Arrivé devant la demeure de son confrère Amaranthis, Adrian frappa à la porte, sentant son estomac se nouer d'appréhension et d'impatience..

Johan vint ouvrir peu de temps après, découvrant avec une grande surprise la présence de l'apothicaire sur le pas de sa porte. Plus encore, c'est un air contrarié qui se dessina sur son visage.

- Oh, Adrian...Bonsoir.

La porte resta a moitié close sur lui, comme s'il ne désirait pas l'ouvrir plus en grand. Adrian garda un comportement normal, feignant de ne pas voir remarqué la surprise et la contrariété lisible chez le jeune Amaranthis.

- Bonsoir Johan, j'espère que je ne dérange pas. Dit-il prudemment.
- A vrai dire... Je suis désolé mais vous tombez assez mal. Elle est très fatiguée et elle se repose ce soir. Répondit-il en fuyant le contact visuel, il tenta d'apaiser son propos en reprenant, Peut-être pourriez-vous revenir demain ?

Le regard d'Adrian s'intensifia tandis que son inquiétude grandissait. Pendant quelques secondes, l'apothicaire sonda le regard de son interlocuteur.

- S'est-il passé quelque chose de grave ? Finit-il par dire d'un air presque autoritaire.
- Non, non... Non, bien sûr que non ! bégaya-t-il de panique.
- Johan...Dites-moi ce qu'il y a, ou laissez moi la voir.

L'autorité dans la voix d'Adrian sembla avoir raison d'une ultime réplique que s'apprêtait à formuler Johan. L'inquiétude de l'apothicaire commençait à lui faire perdre patience, d'autant plus qu'il s'agissait de la santé de Meryl, un sujet sur lequel il ne plaisantait pas. Après un long soupire, le jeune Amaranthis finit par ouvrir la porte en grand afin de laisser passer son confrère. Après une brève seconde à dévisager Johan, Adrian entra dans l'appartement, pressant le pas pour se retrouver aux cotés de Meryl.
Meryl
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Jeu 12 Aoû - 16:34

Adrian avait laissé un grand vide en partant, réveillant un besoin qu’elle avait réussi à occulter tant qu’il s’était tenu près d’elle. Le sourire amusé que lui lança Johan en revenant dans la pièce après avoir raccompagné l’apothicaire ne lui échappa pas mais elle resta impassible. Sans doute croyait-il avoir bien agi en forçant cette rencontre mais il ne réalisait pas tous les efforts qu’elle avait fait pour ne pas penser au triste Amaranthis ces derniers mois. Toute sa vie n’avait été qu’une longue fuite en avant depuis leur dernière rencontre et malgré toute la tendresse qui débordait d’eux chaque fois qu’ils étaient réunis, rien n’avait changé et le lui rappeler était cruel.

- J’ai mal partout, est-ce que je peux en avoir pour mieux dormir ? avait-elle demandé à Johan tandis qu’il la déposait dans son lit.
- Pourtant tu m’as semblé aller très bien toute la soirée. Tu ne devrais pas t’habituer à en prendre pour dormir, ça ne doit pas devenir une béquille.

Elle fronça les sourcils mais ne répondit rien. Il était inhabituel pour Johan de lui refuser cette ultime faveur car il savait qu’elle était capable de ne pas dormir de la nuit sans l’aide du Lotus Noir. L’idée de créer un besoin qui la suivrait de longs mois après la fin de sa convalescence n’avait pas semblé l’inquiéter jusqu’ici, alors qu’est-ce qui avait bien pu changer ? La réponse lui vint un peu plus tard dans la nuit, alors que le sommeil était déterminé à la fuir et qu’elle n’avait rien pu faire d’autre que ruminer : c’était comme si leur rencontre avec Adrian avait rappelé au jeune médecin qu’il aurait sans doute des comptes à rendre si quelque chose tournait mal.

La journée du lendemain fut au moins aussi morne et triste que toutes celles qui l’avaient précédée. C’est en tout cas l’impression qu’elle avait maintenant qu’elle était privée de la seule chose qui avait su adoucir son humeur ces derniers jours, car Johan avait tenu bon face à toutes ses suppliques. Adrian n’était pas revenu la voir ce soir-là, et contrairement à ce qu’elle avait annoncé, le ressentiment s’était mêlé à la déception. Assez lucide pour se prendre compte que ses émotions étaient parasitées par la frustration et le manque, Meryl choisit de concentrer son ire sur la seule personne responsable de tout son malheur : Johan.

Si le pauvre médecin Amaranthis encaissa sans broncher sa mauvaise humeur, il préféra fuir son domicile le lendemain. Malgré le climat orageux, il s’adressait toujours à elle avec calme, même si ses sourires s’étaient fait de plus en plus rares et que la fatigue dans son regard était impossible à ignorer.

- Je dois voir plusieurs clients aujourd’hui. Je compte sur toi pour te tenir tranquille, j’essayerai de ne pas être trop long.
- Très bien, laisse-moi toute seule. Ce n’est pas comme si parler était la seule activité qui m’était encore autorisée.
- Je suis resté avec toi toute la matinée et tu n’as pas décroché un mot, rétorqua t-il avec lassitude. Et encore une fois, ce fut un silence indigné qui lui répondit. Il soupira. Reste allongée aujourd’hui, d’accord ? Tu as assez forcé les autres jours.

Et sans un mot de plus, il quitta la pièce. Meryl resta les yeux fixés sur le plafond de longues minutes, peut-être une heure. Toutes les fenêtres étaient ouvertes pour chasser l’harassante chaleur de l’été, elle entendait au loin la clameur de la ville en ébullition, tous ces gens qui allaient et venaient sans contrainte, qui vivaient leur vie normalement. Et elle qui était coincée ici… Elle regrettait presque d’avoir dit à Soren que tout irait bien pour elle et qu’il n’avait pas besoin de multiplier les visites une fois qu’il s’était assuré qu’elle était sorti d’affaire. Elle n’aurait pas été contre une petite partie de carte à cet instant, voire plusieurs.

Mais ce n’était pas le vrai regret de Meryl, il y avait autre chose qui obsédait toutes ses pensées. Et cette chose était enfermée ici avec elle. Comme mue par une énergie nouvelle, elle se redressa soudain sur le divan du salon. Pourquoi s’infligeait-elle tout ça alors qu’elle n’avait qu’à se servir dans la réserve privée de Johan ? Ce n’était pas l’homme le plus discret du monde et elle n’était pas aveugle, elle savait très bien où il stockait tout le Lotus Noir qu’il améliorait pour ses clients. Chaque fois qu’il l’avait laissée en prendre, c’était toujours en très petites quantités, coupé avec du Lotus Noir classique comme si elle était indigne de consommer ce qu’il avait de mieux. Cette fois au moins, il n’était pas là pour la restreindre.

Elle n’avait plus d’hésitation, elle n’avait plus de remords ; pire, elle s’était convaincue que Johan méritait de voir la moitié de sa production hebdomadaire partir – littéralement – en fumée en un seul après-midi pour l’avoir si injustement priver de ce qu’elle voulait. Si elle avait eu un bref aperçu de ce que cette version du Lotus Noir avait de différent avec ce qu’elle avait consommé jusque là dans sa vie, ce ne fut rien de comparable avec ce qu’elle s’apprêtait à vivre. L’état de béatitude dans lequel elle fut brusquement plongée la fit reconsidérer sa convalescence, la façon dont elle avait traité Johan et sa vie en général.

Elle lui présenterait des excuses dès qu’il serait rentré. Elle pourrait même tenter de préparer le repas, pour une fois, pour se faire pardonner. Il n’y avait plus la moindre douleur dans son corps pour l’empêcher de tenir de longues heures debout, elle se sentait capable de soulever des montagnes. Et pourtant elle resta affalée tout l’après-midi, observant les formes abstraites que dessinait la fumée qu’elle recrachait au dessus d’elle. Et chaque fois qu’elle redescendait de son nuage, elle s’empressait d’y remonter très vite.

Ce qui avait duré des heures dans la réalité n’avait duré que quelques minutes dans son esprit, si bien qu’elle fut surprise d’entendre Johan rentrer si vite. Pour la première fois depuis qu’elle le connaissait, elle crut voir de la colère déformer ses traits lorsqu’il posa son regard sur le triste tableau qu’elle offrait à cet instant. Les sourcils froncés, il s’approcha d’elle avant de ramasser ce qu’il restait de Lotus Noir sur la table basse du salon, presque incrédule.

- Tu as fouillé dans mes affaires.

Ce n’était pas une question. Le ton était froid mais il déclencha automatiquement l’hilarité de la jeune femme. Si elle avait été dans son état normal, sans doute aurait-elle réalisé qu’elle l’avait blessé en plus du reste, lui qu’elle n’avait pas hésité à voler alors qu’il l’hébergeait chez lui sans rien lui demander en échange.

- Je suis désolée.

Elle se maudit de ne pas réussir à contenir cet élan de joie sorti de nulle part, ses piètres excuses paraissaient bien peu crédibles à présent. Elle le sentit à peine s’asseoir à ses côtés, pas plus qu’elle ne vit que sa colère avait été remplacée par l’inquiétude. Penché sur elle, il attrapa son visage de ses deux mains pour la forcer à fixer son regard sur son visage, mais chaque fois ses yeux roulaient dans leurs orbites pour se concentrer ailleurs. Elle était incapable de se fixer sur quoi que ce soit.

- Combien tu en as pris, Meryl ? Est-ce que tu réalises ce que tu viens de faire ?

La gravité de la situation lui échappa, comme lui échappaient pas mal de choses en réalité. Elle avait pourtant présenté ses excuses, et elle espérait que le bon petit repas qu’elle avait cuisiné pour lui tout l’après-midi allait apaiser son mécontentement.

Elle ne réalisait pas.

Elle réaliserait dans quelques heures. Et celles-ci lui paraîtraient interminables cette fois.

Lotus Noir et chevauchée sauvage - Meryl & Adrian  W69b

Une pierre tomba lourdement dans l’estomac du jeune médecin lorsqu’il vit Adrian sur le pas de sa porte le soir même. Son invitation à revenir aussi souvent qu’il le souhaitait lui était totalement sorti de la tête, si bien qu’il ne réussit pas vraiment à masquer sa surprise ou sa contrariété. Et autant dire qu’il n’avait fait que s’enfoncer par la suite. Puisqu’il n’était plus possible de rien cacher à l’apothicaire, il le laissa entrer, résigné et abattu à subir un courroux qu’il aurait voulu éviter par tous les moyens.

La sauvageonne qui occupait tant l’esprit d’Adrian et qu’il s’attendait à voir sur le divan était recroquevillée dans un coin de la pièce, genoux repliés contre elle, la respiration erratique et le regard incapable de se fixer sur quoi que ce soit. Parfois elle se balançait un peu comme pour chasser une douleur et murmurait à elle-même des paroles cryptiques dans lesquelles elle semblait prophétiser sa propre mort. Même lorsqu’il amorça un mouvement dans sa direction, elle n’eut pas l’air de réaliser qu’il était là. Une voix le stoppa presque directement alors qu’il s’apprêtait à s’approcher davantage, devant l’urgence de la situation.

- Elle ne veut pas qu’on la touche, ni qu’on s’approche trop près.

Johan se tenait presque timidement à l’entrée du salon, comme s’il ne se trouvait pas chez lui. Le regard froid d’Adrian pesait sur lui comme la lame d'une hache sur le cou d’un condamné à mort.

- Je suis désolé Adrian, je ne savais pas qu’elle avait ce genre de problème avec la drogue. Je n’aurais jamais pu imaginer…

Sa voix mourut dans sa gorge.

- Elle ira mieux dans quelques heures, je vous le promets. En attendant… on ne peut rien faire.


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Adrian Mayr
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Ven 13 Aoû - 1:02
De l'effroi à l'inquiétude en passant par la colère, Adrian traversa un flot ininterrompu de sentiments négatifs à l'égard de la situation et surtout de Johan. Le regard de l'apothicaire était devenu sombre, peint d'une noirceur qui n'avait été que très  rarement aperçu dans ses yeux émeraudes. Arrêté en pleine course par les propos de son confrère alors qu'il s'approchait de Meryl, il semblait impassible, un bloc de glace ancré dans le sol observant avec une colère non dissimulé celui qui s'attendait déjà à payer le prix fort de cette triste situation. La vision de Meryl recroquevillée dans ce coin avait fait tomber un grand poids dans la poitrine d'Adrian, emplissant tout son être d'une indicible détresse qu'il n'avait put contenir qu'en se laissant déborder par la colère à l'égard du coupable présumé.

La seule chose qui l'avait empêché de ne pas la prendre dans ses bras cependant était l'avertissement hâtif de Johan. Lorsque son confrère avait évoqué le sujet de la drogue, l'apothicaire avait rapidement comprit quel était la source de l'état de semi-transe dans lequel se trouvait la jeune femme. Figé dans un instant ou il ne sut comment agir, il écouta avec une déroutante froideur les recommandations de Johan. Bien entendu, Adrian avait eu le temps de penser que lui aussi aurait du se rendre compte de l'addiction naissante de Meryl, faisant naitre une pointe de culpabilité qui mourut dans ses considérations plus immédiates, car au delà de ce problème, l'apothicaire savait ce que Johan vendait à ses client favoris.

- Elle ira mieux dans quelques heures, je vous le promets. En attendant… on ne peut rien faire.

Si Meryl n'avait pas été juste à coté de lui, Adrian aurai déjà recouvert la distance qui le séparait du jeune Amaranthis. A la place, il n'avait fait qu'un pas en avant dans une terrifiante lenteur. Johan était déconfit, difficile de se sentir à l'aise avec l'air prédateur qu'avait Adrian à cet instant. Instinctivement, Johan avait même reculé d'un pas, gardant l'exacte même distance entre lui et son confrère. Tout à coup, la voix d'Adrian brisa le silence, dans un calme qui ne trahissait nulle émotion mais dont le timbre se faisait menaçant.

- Tu as...donné de tes préparations à Meryl? Dit-il sans même cligner des yeux.
En signe d'apaisement, Johan leva ses deux mains devant lui.
- Ca a pu arriver oui, mais de très faibles doses, juste pour apaiser la douleur. Répondit-il en parlant vite.
- As-tu complètement perdu l'esprit ? Tu croyais que tu allais en tirer quelque chose de bon ?

La voix d'Adrian, dénuée de neutralité et de ses manières habituelles avait don d'ajouter une dose d'anxiété au jeune Amaranthis qui se sentait de plus en plus acculé. Comme s'il était primordial qu'il n'oublie pas les raisons de sa visite, le regard d'Adrian fuyait celui de Johan épisodiquement pour se poser sur Meryl, renforçant sa colère chaque fois qu'il répétait le procédé.

- Cela... cela me semblait un bon compromis au début, pour qu'elle accepte plus facilement de rester ici et de se laisser soigner. De si faibles doses sont sans danger d'habitude...Il reprit quelques secondes après, J'ignorais qu'elle en consommait régulièrement, cela ne lui aurait rien fait en temps normal.
Un long silence plana avant qu'Adrian ne reprenne finalement.
- Laisse moi deviner, elle t'en a demandé régulièrement avec insistance ? Cette question était évidemment purement rhétorique et soulignait le manque de discernement qu'Adrian reprochait à son confrère.
- Elle m'en a demandé oui, pour calmer les douleurs au début, pour mieux dormir par la suite. Elle semblait accepter de ne pas en avoir tout le temps. Enfin... accepter est un bien grand mot, mais elle n'a jamais eu les comportements que j'ai l'habitude de voir chez ceux qui sont complètement intoxiqués.

Le visage d'Adrian n'exprimait plus de froideur, mais bien de la colère tandis qu'il s'avançait vers Johan, élevant le niveau de sa voix.

- Et donc dans toute ta bonne volonté que l'on te connais, tu lui as donné ta préparation maison plutôt qu'une recette classique?
Johan recula par reflexe, réalisant avec une certaine crainte qu'il n'avait nulle part ou aller, complètement désemparé par le ton et l'agressivité si inhabituels d'Adrian.
- Ma préparation est très efficace contre la douleur, elle offre un répit plus long, donc moins de prises sur la durée. Je... Je pensais bien faire, pourquoi aurais-je voulu en faire une cliente régulière ? Je sais qu'elle n'a rien et je sais aussi que tu aurais fini par l'apprendre... Vraiment, je... Je suis désolé.

Malgré la triste sincérité visible sur le visage du jeune Amaranthis et la logique quasiment implacable de ses propos, Adrian ne décolérait pas et son regard ne montrait désormais plus rien de calme. En quelques secondes à peine, l'apothicaire s'avança si vite de son confrère qu'il le prit au dépourvu, l'emmenant de force contre le mur du fond de la pièce dans un fracas détonnant. Désormais une main sur son col et l'autre sur sa nuque, Adrian bloquait Johan, apeuré et sans défense face à cette fureur qui inondait l'esprit de l'apothicaire. La main autour du cou du jeune homme se resserra jusqu'à ce que la panique le gagne. Terrorisé par l'œil inquisiteur de son agresseur, il ne put cependant répliquer, paralysé et à la merci de ce que déciderai Adrian, dont la main serra un peu plus fort. Les yeux émeraudes de l'Amaranthis trahissait une colère qu'il ne contrôlait plus, rendant la situation encore plus incertaine. Une tempête venait de se déclencher dans sa tête, martelant son système nerveux de pulsion qu'il ne contrôlait plus. A cet instant, il n'eut qu'une seule et unique considération : Il lui avait fait du mal à elle.

- Et donc, une erreur de dosage ? Dit-il en desserrant sa prise pour le laisser parler.
- Elle... elle m'a tout pris, elle... Je l'ai laissée seule quelques heures et...

Son souffle se coupa net, car la main d'Adrian serrait bien plus fort désormais. Dans ses yeux se lisait une envie d'en finir, une vision qui laissa perler une larme de terreur sur la joue du jeune Amaranthis. Puis tout à coup, aussi brutalement que tout était arrivé, la prise que l'apothicaire avait sur le jeune homme se relâcha, le laissant tomber à genoux dans un toussotement à la rechercher de son souffle. Quelque chose venait de traverser l'esprit d'Adrian, une voix qui lui hurlait d'arrêter, une voix qui l'implorait de réfléchir à ce qu'il faisait, une voix qu'il ne connaissait que trop bien. Elle n'avait pas parlé, car un bref regard vers elle lui avait aisément indiqué qu'elle était toujours enfermée dans sa psychose, et pourtant, il l'avait entendu. Comme à chaque fois qu'il avait du être raisonné par son inconscient durant son séjour en prison, la voix de la raison prenait toujours le tonalité de celle de Meryl, apaisant soudainement ses tensions, mais surtout ses pulsions colériques. Au fond et si Adrian n'avait pas été si impulsif, il aurait compris que le jeune homme apeuré qui n'osait même plus le regarder n'y était pas pour grand chose, mais voilà quelque chose qui lui était trop demandé depuis les récents évènements. Johan ne le remarqua pas, mais un réel sentiment de culpabilité traversa les yeux de l'apothicaire à cet instant. Tout à coup plus calme, Adrian attendit que Johan ne se risque à le regarder, toujours assis au sol, pour prendre la parole.

- Y-a-t-il un risque à ce que je m'approche. Dit-il d'un ton froid dont l'agressivité semblait avoir déserté.
- Elle est en pleine descente, elle pense qu'elle va mourir, alors à part ajouter à son angoisse... aucun danger. Dit-il aussi vite que possible, de peur que sa lenteur ne lui soit fatal.

Doucement, Adrian plia les genoux pour s'accroupir près de Johan, ce qui eut pour conséquence que le jeune homme ne prenne peur et se recul brutalement contre le mur, comme une bête acculée. Pourtant, lorsqu'il croisa le regard d'Adrian, il comprit qu'il était hors de danger...Pour l'instant.

- Je vais essayer de m'approcher...La soudaine hésitation dans la voix d'Adrian fit descendre la pression d'encore un cran. Si les choses tournent mal, j'espère que je peux compter sur toi pour m'aider.
- Adrian je...je suis désolé je ne. voulais pas vous savez... Bégaya l'Amaranthis, visiblement débordé par son besoin de dire qu'il ne pensait pas à mal, le rendant incapable de répondre correctement.
- Puis-je compter sur toi, oui ou non? trancha-t-il assez nettement.

Après un petit silence, Johan sembla se calmer et répondre à voix basse.

- Je reste juste ici.

Sans un mot de plus, Adrian se releva. Lorsqu'il se retourna vers Meryl, toujours recroquevillée dans un coin, sa colère fondit comme neige au soleil, car l'inquiétude revenait au devant de la scène. Lentement et d'un pas mesuré, il s'approcha d'elle en prenant la précaution de jauger sa réaction à chaque pas qu'il entreprenait. Puis, avec une infinie douceur, il vint s'asseoir juste devant elle. Comme à chaque fois qu'il la voyait, son coeur s'affolait au point de vouloir sortir de sa poitrine. Pourtant cette fois, il n'y avait nulle réjouissance, car la détresse de sa sauvageonne lui fendait le coeur. Sans risquer un geste, Adrian parla avec une voix claire et douce, comme il avait l'habitude de faire avec elle.

- Meryl...Je suis là.

Elle ne sembla pas réagir, ou alors n'était-elle plus capable de concentrer son regard sur lui. Voir les yeux de la jeune femme rouler frénétiquement renforça ce poids qui pesait désormais dans son estomac, noué d'angoisse. Avec beaucoup de sang froid, l'apothicaire s'agenouilla devant elle et doucement sa main vint se poser sur le genoux replié de sa sauvageonne. Voyant qu'elle ne sursauta pas, il réitéra sa tentative de communication.

- Meryl...Je suis avec toi...Est-ce que tu me vois?
Meryl
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Ven 13 Aoû - 16:45

Enfermée dans son angoisse, Meryl était sourde et aveugle à ce qui l’entourait. Son environnement l’oppressait, les murs se refermaient sur elle et allaient bientôt l’étouffer, broyer sa cage thoracique. Dans une vaine tentative pour ralentir sa mort, elle plaqua l’un de ses bras contre le mur de droite ; les puissantes pulsations qu’elle sentit sous ses doigts lui firent croire que tout était vivant autour d’elle alors qu’il s’agissait simplement de l’écho de son propre cœur qu’elle entendait partout et qu’elle arrivait à distinguer dans chaque fibre de son être. Il ne lui restait plus qu’une chose à faire pour échapper à tout ça : sauter par la fenêtre grande ouverte.

- Meryl… Je suis avec toi… Est-ce que tu me vois ?

Elle oublia la fenêtre, elle oublia toutes les dernières pensées qu’elle venait d’avoir pour se concentrer sur la silhouette en face d’elle. Elle connaissait cette voix, mais ironiquement l’entendre rajouta une dose d’angoisse dans son cœur déjà plein.

- Adrian… Adrian, je vais mourir.

Si elle avait bien une certitude en cet instant, c’était celle-là. Elle sentit une pression sur sa jambe, légère, rassurante. Meryl aurait voulu lui dire de ne pas la toucher, car il n’était pas improbable que le mal dont elle souffrait soit contagieux, qu’il finisse lui aussi par se faire aspirer par les murs et le sol. Il n’y avait rien de pire que cette sensation de chute éternelle.

- Non, tu ne vas pas mourir… Je ne te laisserai pas mourir.

Comment pouvait-il être aussi sûr de lui ? Elle n’avait jamais rien vécu de semblable dans sa vie, tout n’était qu’inconnu, et pourtant elle savait, elle savait. Le cœur au bord des lèvres, elle prononça :

- Je le sens, au plus profond de moi, je le sens. J’ai peur…


Le contact sur sa jambe disparut, très vite remplacé par une main sur son bras. A chaque fois qu’il parlait, il se rapprochait davantage, très doucement, attentif au moindre signe de rejet de sa part. Elle voulut lui dire de faire attention, qu’elle allait probablement vomir son cœur à ses pieds, qu’il ne devait pas hésiter à l’écraser pour mettre un terme à son calvaire.

- Ce que tu sens en toi n'est que le reflet de ta peur, tu ne vas pas mourir, je vais t'aider à t'en sortir…

Elle ne savait pas bien s’il lui disait cela parce qu’il y croyait lui-même ou pour qu’elle ne passe pas ses derniers instants dans la peur. Ses yeux perdirent Adrian pour se fixer ailleurs, sur la fenêtre grande ouverte. Si elle avait assez de courage, elle pourrait lui éviter toute cette peine. N’était-ce pas ce qu’il attendait d’elle ? Comme si elle n’avait rien écouté de ce qu’il venait de dire, elle murmura :

- Tu m’as demandé de partir. Alors je suis partie…

Alors pourquoi était-elle encore là ? Plus rien n’avait de sens. Elle avait essayé pourtant, de partir, c’était d’ailleurs ce qu’elle faisait de mieux dans sa vie. Elle le sentit se rapprocher davantage, comme s’il voulait l’enlacer sans oser le faire, une main remonta lentement dans ses cheveux, essayant de lui faire lâcher cette fenêtre des yeux pour qu’elle se concentre à nouveau sur lui.

- Mais aujourd'hui nous sommes là, et rien d'autre ne compte, Meryl, tu vas vivre.

Sans un mot de plus, il vint prendre place à côté d’elle, dos contre le mur du salon, et passa un bras autour d’elle pour la ramener contre lui. Elle se laissa faire comme une poupée de chiffon, elle avait épuisé toutes ses forces à tenter de contenir les murs qui voulaient l’écraser, il ne lui restait plus rien. « Tu vas vivre ». Mais en avait-elle toujours envie ? Même si elle survivait, elle ne serait plus jamais capable de rire, elle ne serait plus jamais capable d’être heureuse. Elle avait été siphonnée de toutes pensées ou émotions positives. Il ne lui restait plus rien… plus rien. Même l’air dans ses poumons lui échappait.

- J’arrive pas à respirer…

Doucement, il approcha sa main libre pour la poser sur son plexus, sans toutefois exercer la moindre pression.

- C'est ici que tout se passe, contrôle ton souffle en te concentrant sur cette partie de ton corps. Inspire… Expire…

Comme si sa voix avait définitivement percé les barrages de son esprit pour l’atteindre, Meryl s’appliqua à calmer son souffle, laborieusement. Ses poumons ne parvenaient jamais à se gonfler tout à fait et la panique lui faisait reprendre une gorgée d’air bien avant qu’elle les ait totalement vidés. Au bout de très longues minutes, néanmoins, Adrian sentit le rythme de sa respiration ralentir, jusqu’à se caler parfaitement au mouvement qu’il cherchait à imposer avec sa main. Sa tête reposait maintenant sur son épaule, presque dans son cou tandis qu’il la ramenait un peu plus contre lui, et son souffle ralentit encore davantage jusqu’à ce qu’il réalise qu’elle s’était profondément endormie.

Johan s’était rapproché d’eux tout en restant à bonne distance, observant la scène presque comme si lui-même avait arrêté de respirer. Au bout d’un temps incertain, il osa finalement briser le silence de sa voix fatiguée.

- Je ne pensais pas que vous réussiriez à la calmer…
- Je n'en avais aucune certitude non plus, mais je suis rassuré qu'elle se soit endormie, répondit l’apothicaire d’une voix dénuée de colère mais soudain lasse et fatiguée.
- Vous voulez la porter jusqu’à sa chambre ?

Adrian hasarda un regard vers Meryl, comme s’il n’osait pas bouger de peur de la réveiller. La voyant profondément endormir, il finit par acquiescer.

- Pouvez-vous m'aider à la lever du sol, qu'elle ne se blesse pas ?

Voyant qu’Adrian n’était pas certain d’être capable de se mettre debout avec Meryl dans les bras tant la fatigue l’accablait, Johan s’empressa de venir à ses côtés pour l’aider à porter la jeune femme, précautionneux comme s’il avait peur de le courroucer à nouveau au moindre geste de travers. Cette nuit-là et malgré la fatigue, il ne s’autorisa pas une minute de sommeil. Parfois la sauvageonne pelotonnée près de lui se réveillait en sursaut, convaincu qu’elle chutait d’une immense tour, d’autres fois elle semblait suffoquer dans son sommeil et il recommençait le même exercice qui avait réussi à la calmer plus tôt, encore et encore. Elle avait fini par se calmer uniquement lorsqu’il l’avait laissée se nicher dans son cou, à moitié assise contre lui, et qu’il lui avait promis qu’il laisserait une chandelle brûler toute la nuit pour éloigner les ténèbres.


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Adrian Mayr
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Âge du personnage : 31 Ans
Métier : Apothicaire
Ven 13 Aoû - 20:44
Rarement une nuit avait été si éprouvante. Cela faisait plusieurs années maintenant qu'Adrian ne s'était pas retrouvé dans cet état de veille, à mi chemin entre la torpeur et la conscience, uniquement guidé par des mécaniques primitives de son corp l'obligeant à rester éveiller, car au plus profond de son être Adrian se refusait à déroger à sa tâche, pas ici, pas maintenant, et pas dans ces conditions. Le corps fiévreux de sa sauvageonne contre lui et sa tête lovée dans son cou, Adrian semblait capable d'entendre les battements de coeur de Meryl, peut-être était-ce une hallucination provoqué par son pouce délicatement posé sur la veine de son poignet, sentant ainsi les pulsations cardiaques à tout instant. Si irrégulier...De battements frénétique à inquiétante accalmie, cet examen de longue haleine ancra l'Amaranthis dans un état d'alerte permanent, lui permettant d'anticiper les débuts de crise éventuelles afin de les tempérer avant qu'elle ne puisse réellement murir dans la tête de sa sauvageonne. Lorsqu'il sentait qu'elle dormait plus paisiblement, Adrian ne s'autorisait plus un mouvement, si ce n'est un battement de cil occasionnel pour calmer la brulure qui s'emparait de ses yeux au fil des heures.

Il lui avait promit, cette chandelle resterai allumée. Depuis lors, son regard s'en était à peine détaché, si ce n'est pour contempler avec inquiétude ce visage qui habituellement lui offrait un grand réconfort. Chaque fois, ses yeux émeraudes venaient se figer sur cette lumière. Immobile ainsi, l'Amaranthis fut confronté au silence, à l'obscurité et à cette unique source lumineuse destinée à combattre les abysses qui s'emparaient de Meryl. Plusieurs fois, ses pensées revinrent quelques mois en arrière, avant qu'il ne retourne chez lui, dans cette cage sombre ou cette même chandelle avait été sa seule lumière, à l'exception faire de l'Inconnue. Si Meryl n'avait pas eu besoin de lui à cet instant, une violente crise d'angoisse aurait eut raison de ses dernières forces, mais il parvint à gagner la lutte contre lui même pour rationnaliser cette vision. Pendant de longues heures ses ruminations l'entrainèrent vers d'étranges réflexions à propos de tout ce qui se passait ici, mais irrémédiablement le sujet le plus important balayait ses songes pour le ramener dans le présent, et ce sujet était évidemment Meryl.

Johan revint trois fois s'enquérir de l'état de la jeune femme mais aussi d'Adrian, lui apportant même une infusion chaude afin qu'il puisse récupérer un minimum de forces. Chaque fois, leur discussion était restée muette, jusqu'à cette ultime fois ou le jeune Amaranthis arriva dans la chambre, moins d'une heures avant l'aube. Alors qu'il s'apprêtait à répéter son manège muet, Adrian lui fit signe de s'approcher. Avec une infime précaution, Johan s'approcha à distance raisonnable pour permettre à Adrian de ne pas élever la voix. Avec un énième regard sur le visage endormi de Meryl, vérifiant ainsi qu'elle dormait profondément, l'apothicaire parla à voix basse.

- Y-a-t-il un risque qu'elle se réveille dans le même état que cette nuit? S'enquit-il discrètement.
- Non, c'est très improbable, voir même impossible...En revanche il est possible qu'elle réclame une nouvelle dose rapidement...Si j'avais su que...
- Donc, elle devrait être en état de discuter, coupa Adrian pour ne pas tourner en boucle sur le sujet de la veille, c'est déjà un bon point mais...Je crois que ça ne suffira pas.
- Que voulez vous dire?

Un silence s'installa quelques secondes pendant lesquelles Adrian s'enquit une nouvelle fois de l'état de Meryl, avant de reporter son regard sur Johan.

- Il semble que le sevrage ne soit plus évitable...Dit-il finalement avec une pointe d'amertume. Je crains que le fait de rester enfermer plus longtemps ici alors qu'elle s'impatientait déjà avant cette crise n'aide pas son addiction...
- Vous n'avez pas tort...Mais que peut-on faire, voulez vous la transférer chez un confrère? Il faudra prendre en charge ses soins...
- Je vais m'en occuper.

Johan hésita avant de répondre, retenant une remarque qu'Adrian avait d'ores et déjà compris.

- Pas en tant que médecin, mais à titre privé. Elle ne doit pas aller au Lys d'Argent, je ne vois donc qu'une seule option.
- Chez votre mère, n'est-ce-pas ?

Adrian acquiesça silencieusement. Johan semblait ne plus savoir où se mettre, comme si le simple fait de réfléchir lui demandait un effort considérable. A l'inverse, Adrian était si calme qu'il en était encore plus déroutant pour le jeune Amaranthis troublé.

- Vous croyez qu'elle va accepter? Dit-il en parlant surement à la fois de Meryl mais aussi de Magda, la mère d'Adrian.
- Je ne crois rien, il faut que je lui demande ou...que je la persuade...
- Et...Est-ce que je peux vous aider...pour quelque chose? S'enquit timidement le jeune homme dont la culpabilité se lisait sur le visage.

Si la situation avait été moins dramatique, Adrian aurait surement sourit à l'idée que le jeune Amaranthis comprenne aussi vite pourquoi Adrian lui parlait de ce qu'il avait en tête. Fort heureusement, Johan n'était pas un idiot fini, et son sentiment de redevabilité jouait en la faveur de l'Amaranthis. Baissant le volume de sa voix un peu plus, Adrian murmura finalement.

- Nous verrons cela en temps et en heure, laissons là se reposer...

Après avoir acquiescé silencieusement, Johan s'éclipsa souplement, visiblement avec la volonté de gratter une heure ou deux de sommeil en plus, loisir qu'Adrian ne s'autorisa pas. Blotti contre sa sauvageonne, Adrian reprit sa contemplation silencieuse, ne s'autorisant aucun geste brusque ni aucun répit malgré l'évident apaisement de Meryl. Désormais sur que le coeur de la jeune femme ne ferai plus d'embardée, il laissa glisser lentement sa main dans ses cheveux. Puis, toujours en douceur, sa tête se pencha légèrement pour que ses lèvres viennent effleurer le front fiévreux de son aimée.
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