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Claircombe  :: Titre :: Quartier Amaranthis :: Il arrive parfois que l'on voit le verre à moitié plein :: Page 1 sur 2 1, 2  Suivant
Il arrive parfois que l'on voit le verre à moitié plein
Adrian Mayr
Adrian Mayr
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Métier : Apothicaire
Ven 16 Avr - 0:03
La porte verrouillée depuis maintenant environ une heure, Adrian en avait finit avec cette longue journée qui avait tardé jusqu'à ce que la lumière décline presque entièrement. Il n'était pas si tard, mais l'automne et le raccourcissement des journées donnait l'impression que la nuit avait déjà été entamée. Assis en plein centre d'une allée de la boutique, l'apothicaire ne s'était même pas affairé à son habituel rangement de fin de journée, celui qu'il faisait même quand il n'y avait nul besoin d'arranger quoi que ce soit. Il était d'ailleurs assez inédit de le voir assis à même le sol volontairement.

La raison de cette situation avait quatre pattes, une flopée de poils et deux oreilles qui ne fonctionnaient pas. Juste en face de lui, à un peu plus de deux mètres, se tenait Whisper, le chiot qui partageait sa vie depuis quelques semaines maintenant. Si on lui avait demandé, il n'aurai put jurer qu'il donnerai autant de son temps à essayer d'apprendre la communication avec l'animal. La surdité qui accablait son compagnon rendait tout exercice extrêmement difficile et nécessitait une grande patience. Adrian avait cette faculté, elle était même un point fort chez lui. Chaque soirs ou presque, l'apothicaire consacrait un temps plus ou moins long à établir une communication non verbale avec le chiot, qui apprenait peu à peu les gestes que lui adressait l'Amaranthis. Chaque avancé était une petite victoire qui provoquait une réelle satisfaction chez Adrian.

Face à face à cet instant, le chiot était solidement campé sur ses quatre pattes, la queue remuante et la langue pendante, en suspend, comme prêt à s'élancer en avant. Adrian quant à lui n'esquissait aucun mouvement, seul sa main était tenue devant lui, l'index relevé et la main relativement détendue. L'animal perdait presque patience et tentait parfois d'avancer, arrêté par une petite crispation de la main de l'apothicaire qu'il comprenait à présent. Lorsque qu'Adrian ramena sa main vers lui tout en resserrant le poing, le chiot se précipita à la hâte vers lui, lui sautant dessus dans ménagement. L'apothicaire dut relever la tête pour éviter que l'animal ne lui lape amicalement le visage. Après une bonne heure à s'exercer de la sorte, Adrian se releva tout en gratifiant son compagnon de caresses, non sans un sourire face à l'innocence de son compagnon.

La présence de l'animal à ses cotés s'était avéré salvatrice par moment, lui évitant d'abuser des dérives nocturnes dont il avait l'habitude. Malheureusement, il lui arrivait toujours de se soustraire à son quotidien pour de bref moment d'évasions. Il avait eut également une tendance à moins abuser, se sentant responsable du petit animal qui l'attendait patiemment derrière la porte ces soirs la. Ce soir cependant, la tentation de la sortie fut un peu trop forte pour qu'il s'en passe. Il quitta le Lys d'Argent en début de soirée après avoir veillé que l'animal de manque de rien et que son allure ne laissait pas à désirer.


Il arrive parfois que l'on voit le verre à moitié plein W69b17

Il arrive parfois que l'on voit le verre à moitié plein Tav12

Soirée |  Quartier Amaranthis | Taverne | An 82, 2ème mois de l'Automne, Jour 17

La soirée était belle et étonnement tempérée, pas un brin de vent ne venait ternir la douce température des rues du quartier Amaranthis, contrairement à ces derniers jours et leur tendance fraiche ou pluvieuse. Mais après tout, après la pluie vient le beau temps, parait-il...

Adrian avait l'impression de revivre depuis quelques jours, à nouveau capable de se mouvoir sans sa canne de malheurs. Prévenant, il s'était forcé à la garder pour se remettre progressivement et ne pas malmener sa jambe, il en était récompensé à présent. Malgré cela, il marchait lentement, profitant de l'air extérieur. Aux vues de ce début de soirée où même lui était relativement de bonne humeur, il se demanda si cela valait vraiment le coup qu'il se rende à cette taverne dans laquelle il s'était bien trop souvent enivré à l'excès. Malgré tout, la tentation était forte et quelque chose au fond de lui semblait appeler ce moment comme un besoin et non comme une envie. Il ne se donna pas le loisir de se poser plus longtemps la question en laissant divaguer son esprit à autre chose. Les journées s'étaient avérés un peu plus calme ces derniers temps, lui laissant le loisir de ne pas se créer de problèmes avec quelconque groupe de brigands ou de se livrer à des péripéties habituellement absente de son quotidien. Parfois, il était appréciable de reprendre le cours de sa vie de tout les jours. Malgré tout, certaines absences avaient don de laisser un gout amer à ce retour à la réalité…

Arrivant près de la taverne, il avisa la porte close un instant, hésitant à nouveau. Le bruit étouffé par la lourde porte en bois laissait penser qu'il y avait de l'animation, à l'image des rues très fournies en population en ce jour de clémence météorologique. Adrian n'en avait généralement rien à faire qu'il y ait foule ou non, préférant de toute manière s'isoler dans un coin tranquille. La seule raison qui le poussait à se rendre dans ces établissements -croyait-il- était le fait qu'il pouvait ainsi sortir de chez lui, la présence de personnes autour de lui ne l'interessait pas plus que ça. Dans tout les cas, il était plutôt rare que quelqu'un ne vienne s'attabler à ses côtés, du moins chez les habitués. Taciturne et peu enclin à discuter, les gens ne se risquaient pas à l'aborder. Seul certains un peu plus audacieux que les autres se joignaient à lui parfois pour tenter de converser...

Il poussa la porte et pénétra dans la bâtisse, révélant le bruit de rires et de conversations endiablées dans la grande bâtisse Amaranthis. Spacieuse et soignée, la taverne était également changeante. En fonction de l'humeur du tenancier, la disposition des tables, chaises et banquettes variait, allant de soirées dansantes à soirées intimistes tirant même sur l'érotisme quand l'alcool coulait à flot. Aujourd'hui, il y avait une grande majorité de tables basses entourées de banquettes et autres sièges confortables. Au centre de la taverne, un large espace avait été libéré et quelques personnes dansaient au rythme de la musique entonné par des musiciens installés dans un coin de la bâtisse. La musique parvenait à être à la fois entrainante et jouée à un volume qui permettait aux gens de converser sans crier. Depuis l'entrée, on pouvait distinguer plusieurs groupes attablés, tous un verre à la main, si ce n'est deux parfois pour les plus audacieux. Des volutes de fumée emplissaient certains espaces de la grande salle, laissant planer autour des lumière de fines nappes de brumes aux senteurs qui ne trompaient pas.

Adrian passa rapidement devant le comptoir, saluant le tenancier d'un bref signe de tête, comme il avait l'habitude de le faire. L'homme qui essuyait des verres avec un chiffon -comme tout les tenanciers le faisaient tout le temps dans toutes les tavernes du monde- salua également l'apothicaire avec un sourire aimable avant de lui adresser la parole.


- La même chose que d'habitude ?
- Oui, tout à fait.

Ce simple échange s'apparentait tristement à un rituel entre les deux hommes. Adrian appréciait de ne pas avoir à discutailler longtemps pour obtenir ce qu'il voulait en venant ici. Il alla s'installer dans un coin de la salle, sur une banquette d'environ deux places posé devant une petite table basse. Un seul fauteuil supplémentaire était installé à cet endroit, laissant à Adrian le loisir de penser que personne ne l'ennuierait. Son verre arriva une minute plus tard, servit par une jeune femme souriante.

Le premier verre dura un peu plus longtemps que d'habitude. Involontairement, Adrian le laissa plus trainer qu'à l'accoutumé, un peu plus égaré dans ses pensées et moins enclin à tout oublier rapidement. Oh bien sur, il n'était pas dit que cela n'arrive pas, plus tard dans la soirée. Il termina malgré tout cette première consommation assez vite, faisant signe au tenancier de renouveler la commande dès qu'il put capter son regard. Personne ne lui prêtait vraiment attention, et cela lui convenait plutôt bien, c'était au moins l'un des avantages à ce qu'il y ait de l'animation, il pouvait se faire un peu plus discret...Le second verre arriva sans tarder.


Dernière édition par Adrian Mayr le Dim 18 Avr - 21:30, édité 2 fois
Meryl
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Dim 18 Avr - 11:33
Ne dit-on pas que l'on savoure mieux ce qu'on a eu l'occasion de perdre ? Sa liberté, Meryl l'avait pleinement appréciée ces derniers jours, même si elle avait été obligée de le faire très discrètement. C'était un petit prix à payer pour continuer d'aller et venir à sa guise dans la cité, et faire profil bas n'était pas la pire de ses contraintes... Non, la pire avait été de se tenir éloignée de son sauveur, de ne pas avoir pu le remercier comme il se devait. Chaque fois qu'elle avait essayé de se rendre au Lys d'Argent, il y avait toujours eu un foutu Ascanien dans les parages pour s'assurer qu'elle n'allait pas rejoindre son complice de crime. Il n'y avait bien sûr aucune preuve de quoi que ce soit, mais tous les soupçons s'étaient naturellement tournés vers Adrian lorsqu'elle avait échappé à la sanction de son procès, deux semaines auparavant, sans doute parce qu'il avait été la seule personne à lui venir en aide.

En attendant que les choses se tassent, elle avait rongé son frein et attendu une occasion de le voir dans un lieu qui n'était pas aussi étroitement surveillé que sa boutique. Malheureusement pour elle, Adrian ne semblait plus avoir besoin de se rendre dans sa taverne de prédilection aussi souvent que d'ordinaire ; elle s'en serait peut-être réjouie dans un autre contexte que celui-là. Mais aussi raisonnable que pouvait être l'apothicaire, les vieilles habitudes avaient la vie dure et il finit par sortir de sa tanière, elle le remercia d'ailleurs intérieurement de l'avoir fait lors d'une soirée aussi belle que celle-ci, ne supportant plus la pluie et la grisaille.

Dans le quartier, tout le monde semblait avoir eu la même idée que le triste Amaranthis car jamais les rues n'avaient été aussi bondées le soir à cette période de l'année. Lorsqu'elle poussa les portes de la taverne, l'odeur du Lotus Noir envahit aussitôt ses narines, si bien qu'il n'était même pas nécessaire d'en consommer soi-même pour en ressentir les effets. Mais peu importait tout ça : ce soir, elle n'était pas là pour ça.

Son regard balaya la pièce.

- Vous êtes la créature la plus délicieuse que j'ai rencontrée de ma vie. Puis-je vous demander votre nom ?

L'homme qui l'avait abordée avait encore des traits juvéniles malgré l'assurance de son port, et son teint légèrement hâlé confirmait ses origines Amaranthis. Vu les vêtements qu'il portait et la taverne qu'il fréquentait, il n'était pas du mauvais côté de la barrière ; on croyait à tort que les riches Amaranthis n'étaient que des intellectuels qui passaient tout leur temps à étudier de vieux traités poussiéreux à la Bibliothèque, mais certains n'étaient rien d'autre que de jeunes héritiers oisifs qui se contentaient de dilapider l'argent familial dans les plaisirs simples et éphémères de la vie. D'un seul coup d’œil, Meryl avait su immédiatement à quelle catégorie il appartenait. Ayant l'habitude d'être ignorée ou regardée de haut par ce genre de personne, elle ne sut pas vraiment comment réagir.

- Euh... Meryl.

Téméraire -et probablement sous l'influence de l'alcool ou de la drogue- le jeune homme attrapa délicatement sa main pour en porter le dos à ses lèvres. Meryl resta figée.

- Un nom tout aussi divin que vous. Il relâcha sa prise et la jeune femme récupéra précipitamment sa main. Vous me semblez perdue, ma douce, puis-je vous aider à retrouver ou à trouver votre chemin ?
- Certes, répondit-elle en se raclant la gorge. Je cherche quelqu'un. Elle ignora l'air dépité qu'il afficha soudain. Plutôt grand, cheveux longs, yeux verts, très séduisant, un nuage de tristesse et de désespoir flottant au dessus de la tête...

Son interlocuteur fronça les sourcils avant d'attirer son attention vers un recoin sombre de la pièce ; elle dut plisser les yeux pour reconnaître le triste Amaranthis qu'elle cherchait à travers les volutes de fumées qui masquaient partiellement l'endroit. Il était là, seul avec son verre, bien déterminé à repousser de sa simple aura toute velléité de dialogue de la part des gens qui l'entouraient ; exactement comme elle s'était attendue à le trouver. Ses lèvres s'étirèrent aussitôt en un sourire presque attendri et elle sentit quelque chose fondre dans sa poitrine.

- Certaines personnes semblent ne pas savoir s'amuser, commenta le riche Amaranthis avec une pointe de dédain dans la voix. Sachez que votre compagnie me comblerait de joie si la sienne devait s'avérer déplaisante.
- Je suis persuadée qu'elle sera tout à fait à mon goût, répondit-elle sans même lui jeter un dernier regard. Merci de votre aide.

Se frayer un chemin jusqu'à lui parmi la foule ne fut pas chose aisée, les danseurs avaient envahi la plupart de l'espace et elle dut longer les murs pour parvenir à atteindre les banquettes et fauteuils disposés dans le fond de la pièce. Lorsqu'elle fut enfin arrivée à la hauteur d'Adrian, elle se laissa tomber dans le seul fauteuil qui lui faisait face, naturellement, presque comme si elle avait toujours été là, avant de lui sourire, radieuse.

- Dîtes-moi où, quand et ce que je dois faire, et soyez sûr que je le ferai.

C'était un peu comme s'ils reprenaient une conversation qu'ils avaient déjà depuis des heures.

- N'importe quoi, je le ferai. Profitant de la surprise qu'avait causé sa soudaine apparition devant lui, Meryl sembla réfléchir un instant de plus pour ajouter. Enfin... non, pas n'importe quoi. Non pas que je pense que vous pourriez me demander quoi que ce soit de dangereux ou d'humiliant... Je pense au contraire que vous allez me dire que ce n'était rien du tout et que je ne dois plus y penser, mais il en est hors de question.

Lorsqu'il s'apprêta enfin à ouvrir la bouche, elle le coupa.

- Et avant que vous le proposiez : non, prendre un verre avec vous ne compte pas. J'accepte le verre, bien évidemment, mais ça ne compte pas. Il va falloir trouver autre chose.

Elle avait beau se tenir face à lui comme s'ils étaient au cœur d'une négociation particulièrement houleuse et importante, son sourire contagieux et le scintillement dans ses yeux ne trompaient pas : elle était heureuse de le revoir. Même si elle n'avait pas pris la peine de le saluer...
Adrian Mayr
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Dim 18 Avr - 22:56
Le bruit ambiant avait semblé croitre d'un cran depuis qu'Adrian était arrivé, les gens avaient bel et bien un besoin collectif d'amusement qui faisait que la soirée battait son plein. Par chance, personne ne s'était spécialement risqué à s'installer sur le fauteuil devant Adrian, lui laissant le semblant de satisfaction que lui offrait cette solitude au milieu des gens. Plusieurs fois, on lui avait posé la question des raisons qui le poussait à chercher la solitude dans un lieu public, ce à quoi il répondait systématiquement par un besoin de sortir de son quotidien pour s'aérer l'esprit. Difficile de croire que le fait de se barricader dans une forteresse de solitude à observer son propre verre soit une réelle bonne méthode pour s'oxygéner, mais il était assez rare qu'une conversation aille aussi loin pour que quelqu'un argumente avec lui dans ce sens.

L'apothicaire observait parfois son entourage, il n'était pas aussi focalisé sur sa boisson qu'à l'accoutumé, comme facilement déconcentré par le monde extérieur. Il reprit ce second verre qui reposait sagement sur la table depuis maintenant quelques minutes pour en boire une gorgée relativement conséquente. D'un geste peu engageant, il fit mine de dissiper quelques peu les vapeurs de Lotus noir qui vagabondaient dans la pièce, en vain. La quantité de fumée suffisait à ce que les prémices des effet de la drogue en vogue se fasse sentir.

Adrian fouilla machinalement dans sa poche de sa main libre pour en extraire une petite fiole au liquide sombre et sirupeux qu'il déboucha habilement d'une seule main. Il s'apprêta alors à consommer la préparation d'une traite, comme à son habitude, mais il se stoppa après avoir ingéré la moitié du contenant, éloignant par la suite le petit flacon semi vidé pour le regarder un instant. Il venait d'agir avec un automatisme qui, pour une fois, le dérangeait au plus haut point. Avait-il vraiment besoin de ça ce soir? Non, probablement pas. Les effet détonnant de ce calmant mélangé à l'alcool n'étaient plus un mystère pour lui, tant il avait éprouvé le concept. Il jugea dans un soupire que la moitié de ce flacon suffisait pour le moment. Il termina cependant son verre mais n'en commanda pas un nouveau immédiatement.

Concentré sur son breuvage désormais vide, il perçut du coin de l'œil un mouvement lui indiquant que quelqu'un venait de s'installer en face de lui. Il ne releva pas la tête tout de suite, peu désireux d'accueillir quelconque curieux. Son regard se dirigea cependant immédiatement sur la personne qui venait d'arriver à la seconde ou il entendit sa voix. Ses yeux découvrirent Meryl, qui se tenait en face de lui, dans la plus naturelle des attitudes qu'Adrian lui connaissait. Aussi inattendue qu'appréciée, la présence de la jeune femme sembla presque une comme la confirmation que cette journée n'était pas réellement faite pour s'engouffrer dans les méandres de la perte de contrôle. Le sourire qu'elle lui adressait à cet instant lui fit même manquer un battement.

La dernière fois qu'ils s'étaient vus, si on exclue l'histoire du procès ou ils n'avaient pas réellement conversé, ils s'étaient séparés après une longue et terrible nuit ou la joie n'avait pas été pas au rendez-vous. Adrian était presque convaincu qu'il ne la reverrai pas de si tôt, il pensait même qu'elle ne reviendrai jamais. Il écouta attentivement les propos de la jeune femme et se questionna un instant. Il ne comprit pas tout de suite pourquoi elle lui disait qu'elle ferai n'importe quoi. Tout lui revint assez vite cependant et il fit le rapprochement avec cette histoire de procès dans laquelle il avait l'avait surement tiré d'une bien mauvaise passe. Inquiet pour elle et son évasion, il n'avait pas eu l'occasion d'essayer de la retrouver, bien que l'envie lui ait traversé l'esprit. La présence permanente d'Ascaniens aux alentours de sa demeure pour enquêter sur lui avait d'ailleurs eu don de l'agacer au plus haut point, bien qu'il se soit quelque peu rendu coupable d'un peu de corruption, il fallait l'admettre...Un soulagement l'envahissait maintenant qu'il la voyait en face de lui, avec ce sourire qu'il lui connaissait si bien.

Son propre visage s'adoucit également, il esquissa même un petit sourire en l'écoutant. Lorsqu'il tenta de parler, elle le devança et anticipa même sa question avec une habileté somme toute assez déroutante. Il semblait qu'elle commençait à le connaitre bien plus qu'il ne l'imaginait, lui arrachant un petit hochement de tête de surprise. Lorsqu'il voulut enfin lui répondre, une serveuse vint à leur rencontre pour récupérer le verre vide. Avant qu'elle n'ait demandé quoi que ce soit, Adrian prit la parole.


- La même chose en double. Demanda-t-il d'une voix relativement aimable.

La serveuse acquiesça d'un petit hochement de tête surmonté d'un sourire avant de s'éclipser aussi vite qu'elle était venue. Adrian n'avait pas décroché son attention de Meryl pendant tout ce temps, même en passant commande, il y avait en lui une réelle satisfaction d'avoir été "dérangé" par la jeune femme, qui était bien l'une des seule personne dont la présence n'était pas gênante. Il prit à nouveau la parole pour lui répondre.

- Je ne vous considère pas comme redevable de quoi que ce soit Meryl, le hasard à fait que j'ai appris votre situation peu de temps avant le procès, juste assez de temps pour intervenir...

Il marqua une petite pause, peu désireux de s'étaler sur le sujet du procès qui n'avait certainement pas du être une partie de plaisir pour la jeune femme, réfléchissant en jouant distraitement avec sa barbe.

- Je réfléchirai éventuellement à quelque chose qui me rendrai service, si vous y tenez, et je suis sur que vous allez y tenir.

Une nouvelle pause fut marquée, un peu plus hésitante que la première, il reprit malgré tout.

- Vous m'avez manqué, Meryl.

L'alcool et la moitié de médicament qu'il avait ingurgité commençait à faire effet, Adrian le sentait par le léger engourdissement dans ses mains et l'accalmie de son système nerveux toujours un peu trop agité. Au moins, grâce à ce début d'inhibition, il avait été capable de dire sincèrement ce qu'il pensait de cette rencontre. Son visage était relativement détendu, bien que ses airs taciturne habituels avaient tout de même la vie dure.

Lorsqu'il eut finit son élocution, les deux verres arrivèrent sur la table.
Meryl
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Lun 19 Avr - 0:56
Meryl commençait à connaître suffisamment bien Adrian pour savoir exactement quelles seraient ses réactions ; comme elle s'y était attendue, il déclarait qu'elle n'avait pas à se sentir redevable de quoi que ce soit et qu'elle ne lui devait rien. Il avait tort. Il l'ignorait sans doute mais il était le seul à avoir fait ce qu'il avait fait pour elle et elle ne pouvait pas juste faire comme si de rien n'était. Aussi, son opportune intervention ne lui avait pas juste sauvé la vie, elle avait également mis fin à l'une de ses plus grandes querelles internes du moment : fallait-il laisser le triste Amaranthis tranquille une bonne fois pour toute et disparaître de sa vie ou non ?

Ce soir, elle avait une excuse en or pour laisser toutes ses bonnes résolutions de côté. Après avoir remboursé cette dette imaginaire, elle pourrait prendre le large sereinement. En espérant que ladite dette prendrait du temps à être remboursée. Beaucoup de temps.

- Vous m'avez manqué, Meryl.

Et voilà comment on faisait vaciller les meilleures résolutions du monde... Meryl sentit quelque chose se contracter presque douloureusement dans son ventre. A cet instant, elle ne savait plus très bien en quoi il était nécessaire pour elle de garder ses distances et encore moins pourquoi elle n'était pas à sa place exactement là où elle était.

Heureusement pour elle, les verres furent bientôt servis à leur table, et elle n'allait pas hésiter à se servir du sien comme bouclier, comme elle avait maintenant pris l'habitude de le faire chaque fois qu'elle était en compagnie d'Adrian.

- Si vous ne trouvez rien de satisfaisant, je vais être obligée d'attendre qu'une occasion de vous sauver la vie se présente. Heureusement, cela ne devrait pas trop vous déranger de m'avoir sur le dos nuit et jour, puisque je vous manque lorsque je ne suis pas là. Elle marqua une petite pause et lui sourit encore plus franchement. À votre avis, combien de temps allons-nous devoir attendre avant que quelqu'un tente de vous tuer dans un guet-apens ?

Visiblement gêné par sa remarque, Adrian se massa distraitement la tempe avant de lui sourire.

- Au rythme auquel vont les choses, je dirai que nous aurons des ennuis d'ici un ou deux jours, tout au plus. Cela dit, j'espère que nous aurons un peu de tranquillité, au moins ce soir.
- Un peu de tranquillité ce soir ? Avec moi dans les parages ? Elle éclata de rire. Et on dit des Amaranthis que ce ne sont pas des hommes de foi...

Elle porta le verre à ses lèvres pour constater que le mélange ressemblait à s'y méprendre au tout premier verre qu'Adrian lui avait offert, lors de leur première rencontre. Elle se souvenait aussi que les prochains étaient encore plus corsés que celui-ci. Entre ça et le Lotus Noir partout autour d'eux, elle n'était pas certaine de sortir d'ici en sachant correctement mettre un pied devant l'autre.

- Vous savez que vous n'êtes pas obligé de boire toujours tout seul ? Les conversations de vos pairs sont-elles si insipides ? Les jeux de hasard ne vous amusent pas ? La danse non plus ?

Il n'y avait pas de jugement dans sa voix et ses yeux étaient rieurs alors qu'elle l'observait par dessus son verre. Adrian savait se montrer affable et curieux, il était loin d'être d'une compagnie désagréable, aussi elle ne comprenait pas pourquoi il fuyait autant la compagnie des autres dans ce genre de moment. L'alcool avait certes la faculté de brasser ce qu'il y avait de pire dans les émotions, mais parfois il brisait aussi des chaînes que l'on s'était imposé inconsciemment.

- Je connais plein de jeux à boire assez amusants, mais tous nécessitent soit des cartes, soit des dés, et je n'ai rien sur moi...

Pensive, elle cherchait une façon de contourner ce problème lorsqu'une idée sembla émerger dans son esprit. D'un bond, elle se leva de son siège pour se poser à côté de l'apothicaire, sans toutefois se laisser tomber sans aucune grâce à ses côtés. Il y eut même un instant de flottement durant lequel ce qui ressemblait à s'y méprendre à de la timidité passa dans ses yeux. D'ici, elle pouvait voir tout ce qui se passait dans la salle, les danseurs, les musiciens, le comptoir, le ballet incessant des serveuses...

- Parfois j'observe les gens et je leur invente une vie.

Elle désigna une jeune femme au loin pendue au cou d'un homme beaucoup plus vieux qu'elle, elle riait aux éclats mais quelque chose dans son expression semblait forcé.

- Prenez cette femme, par exemple. Je suis sûre qu'elle n'a aucune envie d'être là, avec lui. Il a de l'argent, peut-être une certaine renommée dans son milieu, mais ce n'est pas ce qui l'intéresse. Elle, elle voudrait tout quitter et devenir capitaine de navire, fendre les eaux lointaines qui la séparent de la terre de ses ancêtres. Elle a grandi avec l'idée qu'elle était coincée ici, que Shoggoth réduirait en pièce chaque bateau qui quitterait ces terres, mais au fond elle ne croit qu'en ce qu'elle voit, et elle se nourrit de l'espoir qu'un jour elle pourra partir avec tout ceux qui voudront la suivre, et voir enfin de ses propres yeux l'endroit d'où elle vient.

Elle avala une autre gorgée de son verre déjà bien entamé et reporta son attention sur Adrian.

- Allez, à votre tour. Faîtes-moi rêver.
Adrian Mayr
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Lun 19 Avr - 13:45
Evidemment, comme Adrian s'en était douté, son aveux presque involontaire quant au fait qu'elle lui avait manqué n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Au contraire, elle le souligna même dans sa réponse. La gêne d'Adrian s'était dissipé relativement vite en revanche, probablement aidé par l'inhibition grandissante de l'alcool, mais aussi un peu par le fait qu'au fond il se réjouissait réellement de la présence de la jeune femme dans cette taverne. Depuis qu'elle était arrivée, affichant son sourire et sa bonne humeur habituelle -voir même un peu plus amplifiée-, l'apothicaire avait sentit une certaine légèreté prendre le pas sur l'espace qu'il s'était réservé pour ses sombres rumination habituelles. C'était presque toujours comme ça, lorsque Meryl était dans les parages, à quelques petites exceptions très contextuelles.

Adrian ne fut pas étonné de l'entendre lui poser cette question que beaucoup de personnes lui avait déjà adressé, ce qui le troublait un peu plus en revanche, c'est qu'elle n'avait jamais été posée par quelqu'un d'aussi proche et dont les paroles étaient capable de faire mouche dans l'esprit embrumé de l'apothicaire. Pour la première fois depuis longtemps, il considéra les questions qu'elle lui adressait avec un autre regard que ses réponses pré établies dont il avait le secret. Il était bon d'admettre qu'Adrian n'était pas du genre à refuser la discussion, ce qui laissait naturellement penser qu'il était de bonne compagnie pour débattre de choses et d'autre, pourtant, il n'avait jamais manifesté aucun effort dans ce sens. C'était un peu comme si, une fois sortit de son cadre professionnel, il n'avait pas cette faculté à faire preuve de sociabilité. Le dernier sujet qu'elle proposa quant à lui piqua également l'attention d'Adrian. La danse, sans être une grande passion chez lui, ravivait chez lui des bribes de souvenirs de sa vie d'avant. Son épouse et lui-même, dansant dans la plus grande intimité de leur foyer. Étrangement, ce souvenir lui procura plus de plaisir que de malheur.

Un peu au ralentit à cause de l'alcool, il ne répondit pas réellement à la question que lui avait adressé Meryl avant que celle-ci ne vienne soudainement s'installer juste à coté de lui, l'arrachant à ses divagations pour le ramener à l'instant présent. Un jeu à boire? Voila quelque chose qu'il n'avait jamais pratiqué...Il écouta attentivement les dires de la jeune femme alors qu'elle lui énonça quelque chose qui lui arracha un nouveau rictus amusé. Écoutant la description qu'elle faisait d'une femme accrochée au cou d'un homme, Adrian dut admettre intérieurement que cette analyse avait un grand fond de vérité indéniable. Il se rendit compte que lui même avait procédé à cette exercice lors de ses excursions nocturnes, il n'avait simplement pas réalisé que son esprit ne se concentrait pas uniquement sur son verre et ses problèmes. En prenant un peu de recul sur la situation, il réalisa même qu'il avait tendance à s'asseoir dans un sens qui lui permettait de toujours voir un maximum de personnes. Le fait que Meryl prenne cela pour un jeu reflétait ce trait de caractère qu'il appréciait chez elle.

Lorsque ce fut son tour, il s'avança pour s'extraire du fond de la banquette, posa ses coudes sur ses cuisses pour joindre ses mains devant sa bouche et jouer avec sa barbe de ses deux pouces, pensif.


- Pour répondre à votre question, il est vrai que je ne suis pas obligé de rester seul, mais que voulez vous, je ne trouve que trop peu de personnes intéressante qui savent parler d'autre chose que de changements climatique. Il esquissa un sourire sans s'en rendre compte. Les jeux de hasard n'ont jamais été mon fort, quant à la danse...

Il ne termina pas sa phrase, comme souvent lorsque sa timidité l'emportait quelque peu. Cependant, au delà de son coté pudique qui l'empêchait de dire les choses parfois, le voir faire des raccourcis dans son élocution ou mettre du temps à répondre était un indicateur assez clair sur le fait que l'alcool commençait à avoir un effet concret. Avant que l'alcool n'ait un effet physique sur lui, Adrian avait tendance à couper ses propres phrases ou à faire preuve de quelques maladresses d'expression, ce qui l'amenait également à l'inverse à dire des choses qu'il n'aurai pas eu le courage de dire en temps normal.

- Je vais devoir éviter de parler de certaines personnes ici, aux risques de tricher et de briser le secret médical.

En effet, le monde était petit à Claircombe, et beaucoup de visages devenaient familiers, surtout lorsque l'on officiait en tant que médecin dans le même quartier dans lequel se situait la taverne. Adrian laissait trainer son regard pour enfin porter son attention sur deux hommes qui discutaient au comptoir, chacun un verre à la main. Le premier devait avoir passé la quarantaine et respirait l'opulence de par son accoutrement. Le deuxième, non sans reste vestimentairement parlant, était un peu plus jeune et très élégant, tant dans sa posture que dans ses gestes. Plus souriant que son interlocuteur, il semblait à son aise, contrairement au plus âgé des deux.

- Ces deux hommes travaillent ensemble, je dirai que le plus âgé des deux est un négociant...Disons en alcool. Il but une gorgée à cette mention. Le second quant à lui est également dans ce milieu, mais du coté logistique des choses, l'un et l'autre travaillent de pair à faire fructifier leur affaires. Mais ce n'est pas tout...

Comme si tout était orchestré, l'homme le plus âgé détourna le regard en direction de la sortie pendant un instant, chose qu'il avait déjà fait plusieurs fois et qu'Adrian avait remarqué avant même que Meryl ne propose ce jeu.

- Le plus jeune des deux est clairement en train de séduire l'autre, il parade devant lui et réalise bien que le négociant n'y est pas insensible. Cependant, le plus âgé est marié et sa femme n'a aucune idée de ce qu'il fait ici ce soir, voila pourquoi il n'a de cesse de regarder vers l'extérieur, comme effrayé de se faire démasquer et très peu enclin à assumer les effets ravageur que lui procure le jeune homme.

Que cela soit vrai ou faux, la description de la situation par Adrian était relativement précise et semblait bien coller à l'attitude des deux hommes au comptoir. Captivé plus qu'il ne l'aurai pensé par ce jeu improvisé, Adrian reprit la parole tout en pointant du doigt une femme en robe sombre assise et dont le visage était à demi masqué par un éventail qu'elle tenait devant elle, tout en ne décrochant pas son regard, aussi noir que sa robe, d'un homme qui riait au éclats, début sur la piste de danse.

- Je me permet d'ajouter une règle en vous demandant ce que vous pouvez me dire de cette personne.

Il ponctua sa phrase par une nouvelle gorgée, venant pratiquement à bout de ce nouveau verre.
Meryl
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Lun 19 Avr - 19:05
Maintenant qu'il en parlait, il est vrai qu'Adrian devait connaître la plupart des gens présents dans cette taverne, au moins de nom ou de réputation. Le fait qu'il connaisse probablement certains détails intimes de leur vie faisait-il partie des raisons qui poussaient les gens à éviter d'approcher l'apothicaire ? Il était toujours délicat de venir saluer l'homme qui avait soigné votre chaude-pisse la semaine dernière après votre aventure extra-conjugale, même si Meryl ne doutait pas un instant du respect scrupuleux d'Adrian pour le secret médical. Ce dernier joua le jeu en choisissant volontairement des personnes qu'il ne connaissait pas du tout. De toute façon, l'intérêt du jeu n'était pas tant de deviner la vérité que de l'embellir, voire de la travestir totalement. L'imagination était la seule limite.

La jeune femme se demanda un instant si le triste Amaranthis serait aussi à l'aise avec cet exercice s'il avait été dans un tout autre environnement que celui-là. Lui qui prétendait ne rien voir d'intéressant chez les gens qui l'entouraient, peut-être avait-il juste besoin de sortir de sa zone de confort ? Elle l'écouta attentivement, ses yeux braqués sur les deux inconnus, observant leur manège : leurs gestes l'un envers l'autre, leurs regards, les coups d’œil intempestifs à la porte d'entrée... Cette version se tenait de bout en bout, arrachant un rire amusé à la jeune femme, à présent convaincue d'assister aux prémices d'une relation scandaleuse et clandestine.

Lorsqu'il désigna sa prochaine cible, elle prit un certain temps pour l'observer. La femme toute de noir vêtue était clairement rongée par la jalousie alors que l'homme qu'elle suivait du regard dansait et prenait du bon temps avec une brune à la robe outrageusement courte. Il était facile de deviner les tenants et les aboutissants de cette histoire. Encore un amour à sens unique. Mais Meryl n'aimait pas trop cette histoire, et quand Meryl n'aimait pas une histoire, elle en inventait une autre.

- Une histoire tragique. Elle était danseuse autrefois, et l'homme qu'elle regarde de façon aussi appuyée était son partenaire. Ils partageaient un rêve, celui de rejoindre la plus célèbre troupe de danseurs du quartier Amaranthis, celle que tous les nobles s'arrachent lors de leurs soirées mondaines. Mais un jour, lors d'un entraînement pour perfectionner une figure particulièrement compliquée, il ne réussit pas à la rattraper et elle se brisa la cheville, ainsi que ses espoirs de rejoindre la troupe. Très vite, elle fut remplacée par Carlota, la brune que vous voyez danser avec lui. Lui a pu vivre son rêve, elle non. Elle reste sur le bord, rongée par la rancœur et la jalousie.

Sans même s'en rendre compte, elle s'était penchée vers l'apothicaire, de façon à presque pouvoir lui parler dans l'oreille alors que son attention était toujours focalisé sur les protagonistes de son histoire.

- Mais ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que la roue va tourner. Elle n'a pas abandonné l'idée d'une carrière artistique, mais comme elle ne peut plus danser comme avant, elle s'est lancé dans le chant et elle est plutôt douée. Dans quelques années, elle sera la cantatrice préférée des nobles Amaranthis et elle sera invitée à toutes les soirées mondaines des hautes sphères. Des danseuses comme Carlota, on en trouve à la pelle dans toutes les tavernes. Des cantatrices comme elle, il n'y en a qu'une petite poignée. Elle en oubliera sa rancœur, et quand son ancien partenaire de danse sera au fond du trou après avoir été remplacé par un homme plus jeune et plus doué que lui, elle lui tendra la main.

Meryl attrapa son verre avant de le finir d'une traite et reporta son attention sur Adrian en souriant.

- Vous voyez toutes les histoires incroyables que vous ratez en restant ici tout seul ? Vous qui êtes si dur avec les gens qui vous parlent de la météo, n'avez-vous jamais pensé qu'ils essayaient simplement de briser la glace ?
Adrian Mayr
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Lun 19 Avr - 21:10
Force était de constater que Meryl avait un excellent sens de l'observation. Adrian s'était prit au jeu, bien plus qu'il ne l'aurai imaginé, si bien qu'il écoutait l'histoire de la jeune femme avec grande attention, concentré sur les personnes concernés par le récit afin de leur attribuer l'histoire qu'elle montait de toute pièce. Ce qui faisait dire à l'apothicaire que sa partenaire était redoutable à ce petit jeu résidait dans sa faculté à inventer aussi vite et de toute pièces une histoire complètement adaptée aux attitudes et expressions des personnes concernées, bien entendu, cela sous entendait qu'elle avait saisi également les tenants et aboutissants de la vrai situation en un simple coup d'œil, ce qui ne manqua pas d'impressionner Adrian qui écoutait le récit en le ponctuant de petit hochement de tête approbateurs.

Dans un autre contexte, peut-être qu'Adrian aurai rougit lorsqu'il remarqua que Meryl avait réduit l'espace entre eux en se penchant, mais aujourd'hui -l'alcool aidant- il ne se trouva pas vraiment gêné par cette soudaine proximité, pas plus que lorsqu'elle s'était installé à coté de lui, son esprit avait simplement occulté les détails pour se focaliser sur la bonne nouvelle de ce soir, Meryl était revenue. Il redoubla d'attention en écoutant la suite de l'histoire que lui racontait la jeune femme, une histoire qui prenait de plus en plus forme dans l'esprit d'Adrian qui en arriva à ne plus se détacher de cette projection tant elle paraissait aussi fantasque que cohérente, chaque attitude adoptée par la jeune femme à la mine boudeuse semblait s'adapter aux détails de l'histoire, lui créant une histoire d'une grande profondeur et un avenir plutôt radieux. Cela donnait presque envie d'aller lui dire que tout irai pour le mieux le jour ou elle connaitra la gloire...Presque.

Lorsqu'elle eut terminé son récit, et son verre par la même occasion, Adrian tourna le regard vers elle qui s'était aussi détourné des inconnus qu'ils observaient quelques secondes plus tôt. Presque par mimétisme, il termina la dernière gorgée de son verre en écoutant la jeune femme. Il lui rendit quelque peu timidement son sourire avant de reposer son verre sur la table pour éviter de jouer machinalement avec. Il dut admettre intérieurement que Meryl parlait d'or. Se doutant que ses arguments habituels ne tiendraient pas la route face aux questions qu'elle posait, toujours plus prompte à chercher plus loin que la surface qu'il voulait bien exposer au gens. La vérité derrière cet isolement était autre.


- Pour tout vous dire et puisqu'il m'est difficile de vous cacher quelque chose, je ne suis pas vraiment sur que ce soit en réalité par désintérêt que je préfère rester seul. Je...Ses mots moururent dans sa gorge avant qu'il ne reprenne. Je ne suis pas sur d'être de bonne compagnie pour converser de choses et d'autre, surtout dans ces moments la.
- C'est pourtant ce que nous sommes en train de faire, non ?
- Oui...évidemment je...enfin c'est...

- Cadeau de la maison !

Une voix interrompit son bégayement alors que la serveuse arriva à la table avec deux verres à pied rempli d'un liquide qui ressemblait plus à du vin qu'à la précédente liqueurs. Adrian releva la tête vers la jeune femme souriante, comme sauvé de ses propre hésitations par son intervention. Il la remercia avec un sourire aimable et un hochement de tête avant de poser son regard sur les deux verres. L'apothicaire avait profité de cet instant pour se remettre les idées en place. Il prit une grande inspiration comme pour terminer de se remettre les idées au clair avant de reporter son attention sur Meryl.

- Avec vous, c'est différent, tout me semble différent...Pas dans le mauvais sens du terme bien sur ! s'empressa-t-il de justifier. Mais je ne sais pas...vous avez eu une approche plutôt inattendue et votre aptitude à faire fi de la condition dans laquelle je me trouvais s'est révélé…Appréciable…

Il poussa à nouveau un long soupire en regardant un instant le verre posé sur la table, cherchant en quelque sorte à garder une certaine consistance dans ses propos, une façon à lui de se cacher un instant derrière un verre comme elle l'aurai fait. L'alcool, les vapeurs de lotus noir, son médicament et la présence de Meryl et de son sourire avaient eut raison d'une partie des barrières qu'il s'était habitué à dresser pendant ses soirées d'errance, si bien qu'il s'exprimait avec une certaine spontanéité.. Une forme de retenue et d'hésitation se devinait malgré tout dans son attitude et ses propos, mais une certaine douceur se lisait sur son visage, contrairement à d'habitude. Il reprit la parole presque spontanément sans vraiment lui laisser le temps de répondre, conscient qu'il n'avait pas vraiment apporté toute les explications à sa condition.

- Je n'ai simplement pas envie d'imposer mes sombres humeurs à quiconque aurai l'envie de s'amuser...

"Alors pourquoi viens-tu dans un lieu public aussi fréquenté pour tenter de t'évader dans d'obscures lamentations" fut la question qu'il se posa intérieurement, question auquel il n'avait honnêtement aucune idée de la réponse.
Meryl
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Lun 19 Avr - 23:59
L'attention de Meryl était toute dédiée à Adrian, elle avait délaissé le jeu pour se concentrer uniquement sur lui ; plus rien d'autre n'existait autour d'eux alors qu'il lui parlait avec une sincérité et une spontanéité dont elle n'avait pas l'habitude venant de lui. L'alcool aidait sans doute, les vapeurs de Lotus Noir également, mais elle sentait qu'il y avait plus que ça, ce qu'il ne tarda pas à lui confirmer. Oui, elle avait des réactions différentes des autres, parce qu'elle n'était tout simplement pas du même monde. Dans son univers à lui, il semblait exister un accord tacite entre lui et les personnes présentes autour de lui qui leur imposait de détourner pudiquement les yeux devant son malheur. Et tout le monde semblait respecter ça, comme s'il était tout à fait normal de regarder un homme se noyer sans rien faire. Tout le monde, mais pas elle ; elle ne détournait pas les yeux. Pire encore, elle cherchait à comprendre. Elle pensait y être enfin arrivée, avec toutes les clés qu'elle avait déjà en main. La compréhension était la première étape, la seconde -une étape qui n'avait pas vraiment été prévue- était de lui montrer qu'un autre chemin était possible. Juste lui montrer, c'était à lui ensuite de choisir de l'emprunter ou non.

- Et pourtant vous êtes ici et inlassablement vous revenez, comme si vous espériez secrètement que quelque chose sera différent cette fois-ci, que quelqu'un viendra s'asseoir à votre table pour vous parler de la pluie et du beau temps.


Sans doute était-elle un peu cruelle de le mettre face à ses contradictions alors qu'il n'était plus vraiment en état de se protéger. Avait-il conscience que faire toujours la même chose en espérant un résultat différent était un signe de folie ?

- Comme aujourd'hui, par exemple ? Il fait assez bon pour un soir d'automne, vous ne trouvez pas ?

Elle lui sourit, visiblement amusée par sa réplique.

- Un temps parfait pour flâner dans les rues.


Meryl le quitta un instant des yeux pour porter son attention sur la salle qui ne désemplissait pas. Le Lotus Noir commençait à avoir un sérieux effet sur elle, elle se sentait euphorique et plus détendue qu'elle ne l'avait rarement été ces derniers temps. Mais cela ralentissait aussi sa pensée, et alors qu'elle aurait aimé ajouter une ou plusieurs réflexions profondes au sujet de la solitude que s'imposait Adrian, elle se retrouvait presque à court de mots pour exprimer sa pensée.

A la place, elle se retrouva à faire preuve de son éternelle sincérité, un peu sortie de nulle part. Enfin, pas tant que ça... Elle avait la sensation qu'aussi maladroite qu'elle allait être, il fallait que ce soit dit.

- Quand je vous ai abordé la première fois, je savais qui vous étiez et j'avais une idée derrière la tête, je ne me suis pas retrouvée dans cette taverne par hasard. Il le savait déjà, alors pourquoi en reparler maintenant ? Ses yeux revinrent se poser sur lui. Mais ça n'aurait rien changé si ça n'avait pas été le cas : c'est à votre table que je serai venue m'asseoir.

Et ce n'était pas un hasard si elle était encore là aujourd'hui alors qu'elle avait déjà obtenu de lui tout ce qu'elle avait cherché ce jour là. Parfois, certaines choses ne s'expliquaient pas. L'affection qu'elle lui portait était l'une d'elle. Accoudée nonchalamment au dossier du large fauteuil dans lequel ils étaient tous deux installés, une main dans les cheveux, elle laissa le fil de ses pensées s'égarer, avant de revenir à des considérations beaucoup plus terre à terre.

Le sourire qu'elle lui lança à cet instant était énigmatique.

- Dansez avec moi.

La demande n'avait pas été formulée sous forme de question, et pourtant c'était bien une faveur qu'elle lui demandait, le ton de sa voix ne trompait personne. Elle ne savait pas bien ce qu'elle espérait en le traînant sur la piste de danse... Simplement lui montrer que c'était possible de profiter juste de l'instant présent ? La musique autour d'eux était dansante, loin d'imposer une proximité malvenue entre les danseurs, ce qui ferait peut-être pencher la balance en sa faveur.
Adrian Mayr
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Mar 20 Avr - 14:41
L'ambiance était plutôt au beau fixe. Même Adrian et son éternel air taciturne semblait quelque peu apaisé par ce début de soirée. La raison était simple et se tenait juste à coté de lui à lui pointer de manière impitoyable des évidences qu'il se refusait à voir. Aussi directe que fut le propos, l'apothicaire l'accepta sans manifester quelconque mécontentement, au contraire. Disposé à entendre beaucoup de choses pour une fois, il n'aurai put se résoudre à contredire un propos aussi emprunt de véracité. Emporté par ses prémices d'ivresse, il évita cependant le sujet en ramenant la conversation à l'instant présent, se risquant même à une petite plaisanterie que seul Meryl pouvait comprendre et qui lui décrocha un sourire, une petite victoire pour Adrian qui n'avait aucune envie de voir cette expression disparaitre du visage de son amie.

Un petit silence s'était installé sans que ça ne soit gênant, tout deux jetant des regards à l'assemblé, comme s'ils continuaient leur jeu sans en parler. Ce fut Meryl qui brisa le silence en disant quelque chose qui ne manqua pas d'interloquer l'apothicaire. Posant ses yeux sur elle, il croisèrent leurs regard alors qu'elle finissait sa phrase.


- Mais ça n'aurait rien changé si ça n'avait pas été le cas : c'est à votre table que je serai venue m'asseoir.

Un frisson remonta l'échine d'Adrian alors que dans le même temps une douce chaleur envahissait sa poitrine. Sans le savoir, elle avait répondu à une question qu'il s'était souvent posé et qui l'avait parfois même tourmenté. Le fait d'apprendre qu'elle serai bel et bien venue à sa rencontre quant bien même elle n'avait rien eu à lui demander lui apporta un réconfort alors insoupçonné. L'attention que lui portait Meryl indépendamment de sa profession était quelque chose qui comptait pour lui, de plus en plus. Son visage s'étira en un nouveau sourire d'une grande sincérité, adressé à Meryl et uniquement à elle. Ce sourire remplaça d'ailleurs les mots qu'il ne fut pas capable de prononcer, quelque peu prit de court, comme souvent dès qu'elle lui adressait la parole d'ailleurs...

Il l'observa un instant alors qu'elle semblait divaguer à nouveau, surement quelque peu embrumée comme lui par les vapeurs de Lotus Noir qui commençaient également à lui procurer une certaine sensation de flottaison relativement agréable. Lorsqu'elle reporta son attention sur lui, son coeur manqua un battement.


- Dansez avec moi.
- Que...pardon?

Elle ne répondit pas, Adrian avait très bien entendu ce qu'elle venait de dire et elle semblait le savoir. Le regard de la jeune femme avait capté les yeux de l'Amaranthis avec une telle intensité qu'il ne put décrocher son attention, pas une seule seconde. Elle le dévisageait d'un regard de braise qui semblait capable de percer les plus grand mystères de son amé. Figé un instant dans le temps, il se retrouvait là avec une question -était-ce une question d'ailleurs?- auquel il fallait qu'il réfléchisse pour y apporter une réponse. Les yeux incandescents de Meryl avaient eu raison de ses réflexions, si bien qu'il laissa planer un silence pendant lequel il peina même à mettre de l'ordre dans ses idées. Danser? Lui? Ici? Maintenant? La réponse la plus appropriée semblait évidente et Adrian réunissait dès lors les fragments de son esprit embrumé et hypnotisé pour la formuler. Il prit finalement la parole avec une assurance retrouvée, ne décrochant pas une seconde son regard de Meryl.

- Après tout, pourquoi pas.

Pas si évidente finalement.

Elle se leva en premier, radieuse, il suivit le mouvement, d'abord presque un peu hésitant. Il n'avait pas spécialement peur de ne pas être a la hauteur, danser n'était pas une activité qui l'effrayant. En revanche, mis à part à son mariage, il ne lui arrivait jamais de danser dans un lieu trop peuplé, préférant l'intimité que lui offrait les repas mondain en petit comité, en compagnie de son épouse, il y a de ça un autre temps. C'était d'ailleurs elle qui avait un attrait tout particulier pour ce genre d'exercice, partageant son engouement avec lui et l'entrainant à partager un moment avec elle sur la piste, chose qu'il finissait par apprécier lui même. Etrangement aujourd'hui, le simple souvenir de ces temps révolus ne lui provoqua aucun mal, au contraire, il s'en souvint comme d'un bon souvenir, de quelque chose lui apportant un réconfort supplémentaire.

Une des rares amies qu'il avait eu dans sa vie lui avait dit un jour qu'il ne faut pas oublier ce qui nous avait rendu heureux, mais qu'il fallait accepter simplement que ces moments n'étaient pas éternels. Cette phrase fit écho dans sa tête à cet instant alors qu'il accompagnait Meryl sur la piste de danse. Un instant, il parvint même a atténuer son appréhension d'avoir autant de monde autour d'eux pour se concentrer sur sa partenaire.

Une fois arrivé sur un espace libre de la piste, ils se trouvèrent face à face un instant en silence, tout deux laissant leur esprit se caler sur la musique. Le regard de Meryl brulait toujours de cette même déroutante intensité qui occultait quelque peu la gêne de l'apothicaire et l'empêchait de faire demi tour. Autour d'eux, plusieurs duos dansaient de la même façon, d'une manière assez typique chez les Amaranthis, ce qui donna un petit peu plus d'assurance à Adrian qui, porté par l'instant et  par son inhibition, tendit une main en avant vers la jeune femme. Bien qu'un peu plus assuré que d'habitude, un léger rougissement lui était monté aux joues, possiblement masqué par l'éclairage tamisé, du moins il l'espérait.


- Vous permettez ? Demanda-t-il , la main ouverte vers le ciel pour l'inviter à s'en saisir.

Adrian avait l'impression d'être un instant déconnecté de lui même, loin de toutes les choses qui l'avaient mené à se rendre dans cette taverne. Quelque chose ce soir l'avait détaché de sa réalité pour le mener au centre de cette piste de danse au milieu de tout ces gens qui s'amusaient. Quelque chose? Non...Quelqu'un, et il lui tendait la main à cet instant.

Elle ne tarda pas à poser doucement sa main dans la sienne, toujours aussi souriante. Adrian enserra doucement de ses doigts ceux de la jeune femme et l'entraina à se rapprocher avec soin. Elle lui rendit la tache facile en accompagnant instinctivement le mouvement. Après une petite seconde d'hésitation, maintenant qu'elle était si proche de lui, il posa sa main sur la hanche de Meryl, veillant à ne faire aucun geste brusque ou qui pourrait provoquer quelconque gène. Il ne put évidemment se retenir de rougir, mais il ne retint pas non plus son sourire. Lorsqu'ils furent en place, Adrian initia doucement un premier pas au même rythme que celui d'un duo voisin, puis un second, un troisième. Il se stoppa un instant, constatant le regard quelque peu interrogateur de Meryl qui n'était surement pas accoutumé à une danse traditionnelle du peuple Amaranthis.


- Laissez-vous guider par mes pas et vous devriez rapidement comprendre l'essence du mouvement.

Il lui parla d'une voix distincte, bien plus apaisée que son habituelle ton neutre un peu passe partout. Il reprit un pas plus lentement, entrainant au mieux la jeune femme à l'accompagner. Calé sur le tempo, il l'amena à exécuter un pas sur deux, réalisant les mouvements deux fois moins vite qu'au rythme normal pour laisser le temps à la jeune femme de s'y faire, tout en conservant une remarquable synchronisation avec la musique malgré tout. Cette danse n'était pas si compliqué, bien qu'assez esthétique une fois maitrisée et exécutée par plusieurs personnes en même temps. Lentement et alors que leurs pas gagnaient en synchronisation, ils reprirent sur le vrai rythme de la chanson étonnée par les musiciens qui semblaient s'en donner à coeur joie dans leur coin de la salle, laissant les notes de leur instrument emplir de plus en plus le lieux.
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Mer 21 Avr - 0:43
Ce que Meryl avait de lacunes dans le domaine de la danse, elle le compensait par son enthousiasme ; heureusement Adrian était bon professeur, encore une chose qu'elle n'aurait pas suspecté avant de le traîner au milieu des danseurs. Appliquée à ne pas lui marcher sur les pieds, elle avait à présent l'air plus concentré que jamais, même si ses yeux ne pouvaient s'empêcher de sourire lorsqu'ils rencontraient ceux de son partenaire. Mais bientôt, tout cela n'eut plus aucune importance. Alors que l'alcool ingurgité avait fini de faire son effet et que ses poumons avait brassé mille fois la drogue dans l'air ambiant, Meryl se mit à prendre quelques libertés avec cette danse un peu trop millimétrée pour quelqu'un qui avait basé sa vie entière sur l'improvisation.

C'était comme si le motif premier de sa demande -à savoir prouver au triste Amaranthis qu'il était capable de faire autre chose que de ruminer devant un verre alors que la musique appelait à la danse- était totalement passé au second plan. À la voir sourire, c'était surtout elle qui s'amusait. Et on pouvait dire que sa joie était communicative, surtout lorsqu'elle se mettait à rire en lui tombant à moitié dans les bras, après avoir virevolté avec un peu trop de fougue. Les distances réglementaires entre elle et son cavalier volèrent aussi en éclat ; sa main n'était plus du tout sur son épaule et son bras gauche l'enlaçait presque. Parfois elle se retrouvait tout contre lui l'espace de quelques secondes et entamait un pas de danse qui l'en éloignait avant de revenir encore plus proche que la fois précédente.

- Est-ce qu'on remarque que je fais absolument n'importe quoi ? lui avait-elle demandé en riant alors qu'il la faisait tournoyer sur elle-même avant de la ramener vers lui.

S'ils s'étaient donné la peine de lancer un coup d’œil furtif autour d'eux, ils se seraient aperçus que personne ne faisait attention à eux, hélas aucun des deux ne semblait vouloir détacher son attention de l'autre. Ce n'était pas si comme la question de savoir si elle avait l'air parfaitement ridicule avait la moindre importance, de toute façon.

La dernière note de musique résonna dans la pièce et les musiciens annoncèrent une petite pause, au grand désespoir de Meryl qui semblait partie pour tournoyer sur la piste le reste de la nuit. Alors que la place centrale se vidait lentement, ils restèrent un instant de plus à se regarder sans bouger. C'est finalement la jeune femme qui brisa le silence.

- Bon, je ne suis peut-être pas la meilleure des cavalières mais vous noterez que je ne vous ai pas écrasé les pieds une seule fois !
- Vous vous êtes adaptée assez vite, et puis votre improvisation n'était pas si mal... lui répondit-il dans un sourire.
- Pas si mal ?! C'était du grand art ! J'ai hypnotisé toute la salle !
- Une très belle prestation qui mériterait les acclamations de l'assemblée pendant la prochaine heure toute entière, plaisanta t-il alors qu'ils s'en retournaient tranquillement à leur table, où leurs verres les attendaient sagement. Mais... depuis quand Adrian plaisantait-il ? Aucune importance, Meryl avait la gorge bien trop sèche pour s'interroger davantage sur ce miracle.

Mais quelque chose se dressait à présent entre eux et l'ivresse. Quelque chose ? Plutôt quelqu'un. Une jeune femme rousse, un peu plus petite et menue que Meryl, de longs cheveux roux noués par dessus son épaule et un sourire discret et timide sur les lèvres. La blonde mit plusieurs secondes à comprendre que c'était à Adrian qu'était adressé son sourire, elle ne semblait avoir d'yeux que pour lui d'ailleurs.

- Bonsoir Adrian. C'est un plaisir de vous voir. Je crois que c'est la première fois que je vous vois vous joindre aux danseurs.

Bon, visiblement ils se connaissaient. Les yeux de Meryl passèrent de la jeune femme au verre qui l'attendait un peu plus loin et songea à sa gorge sèche. Elle espérait que cet interlude ne prendrait pas trop de temps. L'inconnue finit par lui accorder un regard ; son sourire était toujours figé sur ses lèvres mais Meryl lui trouva un petit quelque chose de piquant tout à coup.

- Pardon, je ne crois pas que nous nous soyons jamais rencontrées. Je m'appelle Oriana, je suis l'une des patientes d'Adrian.

Une patiente donc... Pas une amie, une patiente. Et pourtant à la façon dont elle avait accentué ce mot, on pouvait deviner qu'elle se sentait spéciale. Mais qu'est-ce qui distinguait vraiment une patiente d'une autre ? Un peu joueuse et surtout très taquine, Meryl répondit dans un sourire mutin :

- Moi c'est Meryl, et je ne suis pas sa patiente.


Voilà. Elle avait fait mouche. Si les regards pouvaient tuer, Meryl serait probablement morte. Adrian n'avait probablement aucune idée de ce qui se jouait à l'instant avec ce simple échange de regard, mais Meryl comprit immédiatement qu'elle venait de pénétrer sur le territoire d'un prédateur particulièrement dangereux, car il n'y avait rien de plus dangereux qu'une femme éprise d'un homme.


Dernière édition par Meryl le Mer 21 Avr - 21:03, édité 1 fois
Adrian Mayr
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Mer 21 Avr - 19:49
Durant toute la danse, Adrian avait inconsciemment gardé un sourire peint sur son visage. Il lui était même arrivé de laisser échapper de petits éclats de rire discret alors que Meryl improvisait de nouveau pas de danse pour combler ses lacunes, donnant une légèreté à cet apprentissage qui convenait à ravir aux esprits embrumés des protagonistes. Beaucoup plus spontané qu'il ne l'aurai été habituellement, l'apothicaire se laissait porter par la musique et les rires de la jeune femme qui ne manquait pas de lui procurer également une certaine joie impossible à dissimuler dans son état. Il ne fut nullement gêné par les rapprochements réguliers et aléatoires de cette adaptation -quoi que le rouge lui montait toujours aussi facilement aux joues dès lors que la proximité entre eux ne pouvait être plus importante- . Au contraire, il éprouvait même un réel amusement à devoir tenter lui aussi de s'adapter à l'imprévisible mais talentueuse partenaire qu'était Meryl. Etonnement, une certaine synchronisation et confiance s'était installé entre les deux, donnant presque l'illusion que tout était maitrisé et calculé. Presque...si tant est que l'on avait déjà bien respiré quelques vapeurs de Lotus noir ou consommé un ou deux verres.

Avaient-ils eu l'air ridicule ou majestueux, Adrian n'aurai pu réellement le dire, tant il s'était focalisé sur l'instant présent, mais surtout sur les éclats de rire réguliers de Meryl tout au long de la danse, exultations qui provoquaient presque à chaque fois chez Adrian une certaine forme de satisfaction. Une partie de lui se sentait même quelque peu rassuré qu'en ce jour ou elle était enfin revenue vers lui, il put voir à nouveau son sourire.

Adrian sentait que les vapeurs de Lotus Noir commençaient à avoir un effet palpable sur lui, effet qui n'était somme toute pas désagréable, pour une fois qu'il était dans de bonnes conditions, Il n'était habituellement pas très friand de cette drogue, si bien qu'il n'en consommait pas lui même, se satisfaisant amplement des volutes ambiantes pour en tirer un effet minime et éviter de cumuler les psychotropes. Les poumons ouverts et le rythme respiratoire accéléré, la drogue prenait tout à coup bien plus de proportions qu'à l'accoutumée, donnant de plus en plus une impression de flottement à l'apothicaire, qui ne s'en plaignait pas. En revanche...il avait une de ces soifs…

En quête de la salvatrice boisson, ils furent interrompus par une jeune femme qui se plaça entre eux et leur table. Adrian, toujours quelque peu déconcentré par l'euphorie du moment, eut une seconde d'hésitation en distinguant la jeune femme sous les lumières tamisée de la taverne. Son cerveau parvint rapidement à recoller les morceaux alors qu'elle prit la parole, il reconnut ainsi Oriana, una patiente de longue date et dont le nombre de consultations ne se comptaient plus sur les doigts de deux mains, tant elle avait mandé son attention ces derniers temps. Adrian s'était d'ailleurs plusieurs fois demandé si toutes les séances avaient réellement eu une utilité...Maintenant que son esprit lui offrait un peu de clarté, il se demanda comment il avait put ne pas la reconnaitre à la première seconde.

Elle s'adressa alors à Meryl, et l'esprit embrumé de l'apothicaire ne remarqua pas l'insistance sur le mot "patiente". Il ne comprit pas réellement la réponse de Meryl...Et ne vit pas le regard assassin d'Oriana...En clair, l'échange entre les deux femmes lui échappa complètement.

L'apothicaire adressa à la nouvelle venue un sourire cordial, un peu différent de ceux que pouvait voir Meryl depuis le début de la soirée, bien moins spontané, puis il prit la parole.


- Bonjour Oriana, vous avez l'air en forme, j'en déduis que votre dos va mieux ?
- Ça va mieux, en effet, même si je ressens encore quelques tensions lorsque je me penche trop en avant. J'envisageais de revenir vous voir si ça ne passait pas d'ici la fin de la semaine, si vous n'êtes pas trop occupé...
- Hm, c'est embêtant en effet, repassez donc si cela ne s'arrange pas Répondit-il avec un sérieux qui laissait presque penser qu'il était en pleine consultation.
-Au fait, j'ai beaucoup aimé le livre que vous m'avez conseillé ! J'ignorais que la belladone avait autant de propriétés différentes. Si vous avez d'autres ouvrages à me conseiller... Son regard tourna à nouveau vers Meryl. Excusez-moi, je suis impolie de ne pas vous inclure dans la conversation.
-Ne faîtes pas attention à moi. J'allais rejoindre mon verre... Répondit-elle en faisant mine de s'éloigner.
-Non, s'il vous plaît, restez donc. Je suis certaine que vous serez également de très bon conseil !
-Eh bien... c'est à dire que...
-Oh! S'exclama-t-elle avec un empressement rudement bien joué. Pardon, je ne voulais pas être blessante. J'oublie parfois que tout le monde n'a pas eu la chance de recevoir une éducation comme la nôtre...

Adrian ne remarqua pas vraiment le regard quelque peu assassin que Meryl envoya à son tour, d'ailleurs il ne remarqua pas non plus la tension qui montait lentement. Pour résumer brièvement, il ne remarquait pas grand chose...Cependant, une forme d'instinct le poussa à prendre la parole avant que l'une ou l'autre ne dise un mot de plus.

- Nous allions regagner nos places pour prendre un verre...

Sa phrase mourut dans un suspense insoutenable pour quiconque n'aurai pas consommé d'alcool. Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait étrangement accentué le "nous". Les bouffées de chaleur et la soif commençaient à le tirailler quelque peu, si bien que son verre devint presque une idée fixe dans laquelle il s'égara un instant. Il reprit alors son élocution, comme si de rien était..

- Vous êtes venue accompagnée ?
- Non, je suis seule. répondit-elle avec un sourire timide.

La première pensée qui vint à l'esprit d'Adrian faillit lui échapper spontanément à l'oral. "Quelle drôle d'idée de venir seule dans un taverne", puis il se rappela que c'était précisemment ce qu'il faisait depuis un bon moment maintenant...Il avait dépendant du mal à imaginer la jeune femme dans la même situation que lui, alors pourquoi venir seule ici? Avait-elle des amis qu'elle rejoindrai plus tard? Possiblement!  D'ailleurs, il se rappela un instant qu'elle avait souligné que c'était la première fois qu'elle le voyait se joindre aux danseurs, était-elle déjà venue ici, accompagnée cette fois? En tout cas, il ne l'avais jamais remarqué. Convaincu qu'il faisait des rapprochements bien trop tiré par les cheveux à cause de l'alcool, Adrian chassa ses interrogations de son esprit.

Son regard se posa sur Meryl qui semblait s'impatienter de plus en plus. Adrian lui adressa tout naturellement un sourire, une nouvelle fois sans s'en rendre compte, avant de reporter son attention sur la jeune femme rousse, dissipant son rictus pour laisser place une expression bien plus neutre et quelque peu hésitante.


- Si vous souhaitez passer à notre table dans la soirée, n'hésitez pas...

Il n'y avait aucune assurance dans sa voix, il n'était d'ailleurs pas bien sur de ce qu'il venait de dire. Faisant un peu la sourde oreille à ses propre propos, il s'avança doucement, initiant un mouvement vers la table et ces verres tant convoités.
Meryl
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Jeu 22 Avr - 0:11
Oriana était douée, indéniablement. Cette façade de gentille fille timide était parfaitement maîtrisée : de ses battements de cils à ses sourires discrets, tout était savamment calculé. Qui aurait pu croire qu'elle n'était pas ce qu'elle prétendait être alors que son visage constellé de tâches de rousseur se levait vers vous et que ses grands yeux bleus vous fixaient avec innocence ? Du grand art. Du grand art qui ne dupait que les hommes apparemment. Adrian avait beau être observateur lorsqu'il s'agissait d'autres que lui, une fois qu'il était dans l'équation, il devenait aveugle et sourd à toute déduction ; c'était presque consternant. Mais pour l'heure Meryl était plus amusée qu'agacée et plus curieuse qu'hostile, même si la dernière tirade de la rousse la fit grincer des dents. « Quelle peste.. » pensa t-elle alors qu'elle la regardait jouer la comédie devant le triste Amaranthis. Bon, peut-être qu'elle l'avait un peu cherché en démarrant cette joute de façon aussi puérile. Soit.

Sans même s'en apercevoir, Adrian jetait de l'huile sur le feu en lui adressant des sourires bien plus sincères qu'à cette indésirable, ce qu'elle devait remarquer vu la façon dont elle pinçait les lèvres en les regardant.

- Si vous souhaitez passer à notre table dans la soirée, n'hésitez pas...

Pardon, quoi ? Elle avait probablement mal entendu, il ne venait pas de l'inviter à les rejoindre, n'est-ce pas ? Sans leur laisser le temps à l'une comme à l'autre de répondre, il amorçait déjà quelques pas en direction de leur table. La dénommée Oriana se tourna donc vers elle, un sourire jusqu'aux oreilles qui, pour une fois, n'était pas factice du tout.

- Vous êtes sûrs que ça ne vous dérange pas ?
- Bien sûr que non... Mais bien sûr que si !

La mort dans l'âme, Meryl la suivit donc presque en traînant les pieds en direction du triste Amaranthis. Une fois près de lui, Oriana s'empressa de s'installer à ses côté sur le plus large fauteuil. « Bah voyons... ». C'était une déclaration de guerre, n'est-ce pas ? Meryl prit donc le seul siège qui restait face à eux et vida son verre d'une traite, avant de remarquer qu'Adrian avait fait la même chose quelques secondes avant elle. Danser donnait soif, apparemment. Maintenant qu'elle l'observait plus attentivement, elle notait qu'il n'était pas franchement ravi de cette nouvelle configuration.

- C'est très aimable à vous de m'inviter. Une femme seule dans ce genre d'endroit est souvent la proie idéale pour les hommes un peu éméchés. Avec vous à mes côtés, je suis certaine que plus personne ne viendra m'embêter.

Meryl aurait pu lui demander pourquoi elle s'évertuait à venir ici seule si elle recevait autant d'attention indésirable, mais elle connaissait déjà la réponse : elle venait pour le voir, quand bien même elle ne parlait pas avec lui. Elle l'imaginait bien tapie dans l'ombre à l'observer toute la soirée en se pâmant d'amour. Quelle tristesse...

- Hm... vous venez souvent seule ici ?

Ça alors ! Le triste Amaranthis commençait à poser les bonnes questions ! Mais alors que Meryl était curieuse d'entendre le boniment qui sortirait de la bouche de la rouquine, l'apothicaire lui coupa presque la parole.

- Excusez moi Oriana mais... je crois que vous avez pris la place de Meryl, dit-il subitement.

Meryl put lire sur le visage de la jeune femme qu'elle ne s'était pas du tout attendue à cela. Elle avait probablement jubilé lorsqu'elle s'était assise si proche de lui, certainement plus proche qu'elle ne l'avait jamais été auparavant -enfin... sauf lorsqu'elle se faisait examiner le dos par ce dernier, évidemment- mais maintenant elle se décomposait presque. Meryl ne lui fit pas l'affront d'en sourire.

- Oh, pardonnez-moi Meryl, vous souhaitez sans doute récupérer votre place... ?

Pourquoi cette hésitation dans sa voix ? Comme s'il était possible qu'elle réponde autre chose que :

- Je le souhaite, en effet.

Oriana se leva précipitamment et Meryl retourna s'asseoir près d'Adrian, volontairement plus près qu'elle ne l'avait été avant leur danse. Ce n'était même pas de la provocation, elle avait simplement senti une inquiétude chez lui et elle espérait que sa proximité l'apaiserait quelque peu, puisqu'il semblait que sa seule présence avait cette vertu ce soir. Mais Oriana ne perdit pas le nord face à cette défaite.

- Je viens de temps en temps, en effet. Nous y avions nos habitudes avec mon mari et... Venir ici me rappelle de bons souvenirs. Nous aimions beaucoup la musique...

Pitié... Pas la carte de la veuve éplorée... Meryl dut se retenir de pousser un soupir. Elle n'était pas insensible à son chagrin... encore fallait-il que ce dernier ne soit pas feint. Et pendant les cinq longues, très longues, minutes qui suivirent, ils l'écoutèrent évoquer des souvenirs à propos de son époux défunt. Le genre de monologue qu'il est difficile d'interrompre sans passer pour un monstre sans cœur. Meryl avait envie d'attraper son triste Amaranthis par la main pour qu'ils prennent la fuite.

- Vous n'avez pas de verre Oriana, et les nôtres sont vides, je vais nous en chercher, finit-elle par dire alors qu'un petit silence s'était installé entre eux. Ignorant la culpabilité qui lui serrait le cœur à l'idée de le laisser seul avec elle, elle n'attendit pas leur réponse et se leva en direction du comptoir. Oriana l'observa un instant, déroutée, avant d'offrir un petit sourire timide à Adrian.
- J'espère que je ne l'ai pas mise mal à l'aise. Je devrais aller l'aider avec les verres !

Et elle s'éclipsa également. N'importe quel témoin de la scène se serait étonné d'un tel revirement, elle qui avait désiré secrètement se retrouver en tête à tête avec lui dans un contexte comme celui-là, mais Oriana avait appris de ses précédentes erreurs : plutôt que de vouloir prendre la place de Meryl, il fallait plutôt régler le problème à la source

Accoudée au comptoir, Meryl attendait patiemment qu'on lui serve sa commande, tout en réfléchissant à des méthodes toutes plus idiotes les unes que les autres pour se débarrasser de leur invitée indésirable. Lorsqu'Oriana vint se poser à ses côtés sans se départir de son sourire hypocrite, elle ne put retenir une soupir d'agacement.

- Je ne devrais peut-être pas vous le dire mais il est encore très affecté par la mort de sa femme. Il n'est pas prêt à quoi que ce soit, que ce soit avec vous ou...
- Avec vous ? la coupa Meryl, au comble de l'agacement. Visiblement, sans la présence de l'apothicaire, les masques tombaient enfin.
- Avec qui que ce soit, termina la rousse en souriant.
- Cela va peut-être vous surprendre mais ce n'est pas pour ça que je suis là.
- Qui croyez-vous tromper ? J'ai bien vu la façon dont vous le regardiez...

Cette femme était folle à lier, il n'y avait plus le moindre doute. Quelle histoire avait-elle inventé dans le cloaque qui lui servait de tête ? Le regard qu'elle posait sur lui était simplement affectueux, comme l'était celui d'une amie. Elle n'avait jamais envisagé sérieusement qu'ils puissent... C'était ridicule. Elle essayait simplement de lui changer les idées, de lui montrer qu'il était possible de voler quelques moments de bonheur par ci, par là. Et elle avait très bien compris qu'il n'était pas prêt. Elle l'avait compris le jour où... Pourquoi se sentait-elle triste tout à coup ? C'était l'alcool qui la rendait bête, à coup sûr.

Oriana souriait toujours mais Meryl ne la regardait plus, son attention était focalisée sur les trois verres qu'on venait de poser sur le comptoir à son intention. Sur son visage, son trouble devait se lire car le sourire de la rouquine s'accentua, fière de l'effet que provoquaient ses paroles sur le cerveau embrumé de la sauvage. Et lorsqu'elle vit que cette dernière ne faisait aucun mouvement pour retourner jusqu'à leur table, Oriana se saisit de deux des verres -le sien et celui d'Adrian- avant de faire mine de s'éloigner.

C'est à ce moment que le jeune Amaranthis qui l'avait abordée dès son arrivée dans l'établissement surgit à ses côtés.

- Divine Meryl ! Vous avez l'air si sombre, dîtes-moi donc ce que je peux faire pour illuminer votre visage d'un sourire ! Puis-je vous inviter à danser ?
- Non.
- Meryl ? Vous ne venez pas ? s'enquit Oriana.
- J'arrive. Plus tard.

Meryl n'avait aucune envie de lui emboîter le pas, de rejoindre leur table et de faire comme si tout allait bien. Satisfaite de voir que sa rivale ne bougeait pas d'un pouce, la rousse s'éloigna rejoindre le triste Amaranthis, leurs verres à la main, alors que la musique avait repris et que la piste de danse était pleine à craquer. Lorsqu'elle revint s'asseoir en face de l'apothicaire, elle lui sourit joyeusement.

- Je crois que votre amie ne reviendra pas tout de suite. Apparemment un jeune homme lui a tapé dans l’œil au comptoir et... J'en connais une qui ne rentrera pas toute seule chez elle ce soir, fit-elle avec un clin d'oeil de connivence.
Adrian Mayr
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Jeu 22 Avr - 15:08
De plus en plus embrumé et quelque peu dérouté par le côté inhabituel de toute cette soirée, Adrian avait tempéré son optimisme et laissé paraitre un certain inconfort dès lors qu'Oriana avait prit la place de Meryl, il ne s'était d'ailleurs pas empêcher de s'exprimer à ce sujet, rétablissant une situation bien plus à son aise. Malgré cela et cette petite appréhension qui n'avait de cesse de revenir au devant de son esprit, il reprit un peu plus de contenance alors que la jeune femme blonde reprenait sa place initiale. Adrian reporta par politesse son attention sur Oriana qui lui donna une réponse qu'il aurai presque deviner. Dans son aveuglement habituel, il ne comprit par que cette prédiction témoignait d'une méfiance instinctive que lui exprimait son esprit. Les minutes semblèrent s'étirer un peu trop longuement au gout de l'apothicaire alors que le récit de souvenirs heureux désormais révolus n'étaient pas sans lui rappeler sa propre situation. Durant tout ce temps, son visage avait reprit une certaine dureté, non seulement parce qu'elle parlait d'une personne aujourd'hui disparue, mais aussi parce que les parallèles avec sa propre vie semblaient bien trop proche pour être agréable en cet instant.

Le regard d'Adrian se posa sur Meryl -non sans soulagement sur le fait qu'elle détourne le sujet- alors qu'elle se levait pour aller chercher des verres, laissant planer une certaine appréhension chez Adrian à l'idée de devoir meubler une conversation le temps qu'elle revienne, dans son état d'ébriété avancé qui plus est... Au fond, l'apothicaire se demanda pourquoi il redoutait tant le contact des gens ici présent. Après tout, personne ne lui avait voulu du mal, bien au contraire. Mais il était bon d'admettre que personne n'avait non plus été capable de réellement lui montrer qu'il n'était pas de si mauvaise compagnie, personne sauf Meryl qui allait désormais s'absenter. L'alcool n'aidait pas à cet instant, laissant croitre cette appréhension alors qu'elle n'allait probablement s'absenter que quelques minutes. Cette dernière pensée le ramena à des considérations plus terre à terre de la situation et dissipa peu à peu son trouble. La vitesse à laquelle ses émotions tournaient et s'échangeaient dans l'esprit d'Adrian avait de quoi donner le tournis et reflétait de plus en plus son inhibition due aux drogues et à l'alcool.


- J'espère que je ne l'ai pas mise mal à l'aise. Je devrais aller l'aider avec les verres !

Aussi inattendu que bienvenue, cette phrase fut accueillie par Adrian avec un léger sourire cordial qu'il adressa à Oriana alors qu'elle emboitait le pas de Meryl. Au moins, il ne serai pas confronté à cette situation qui ne le mettait pas vraiment à son aise. Perdu dans ses pensées, il laissa divaguer son regard au gré des plis du coussin d'assise de la chaise vide en face de lui. Il ne put s'empêcher de ruminer tout ce qui s'était passé depuis son arrivé ici, créant chez lui un sentiment partagé entre joie et malaise, l'un représenté par la première partie de la soirée, l'autre par la seconde. Les questions se mirent à tourner à nouveau dans sa tête, était-il vraiment incapable dans ces moments de simplement discuter avec d'autre personnes, exception faite de Meryl? Non...Il y avait autre chose qui le mettait dans de mauvaise dispositions, mais dans son aveuglement social habituel, il n'en comprit pas la raison et passa à autre chose...

Les minutes parurent des heures alors qu'Adrian patientait, jouant distraitement avec sa barbe comme à son habitude. Il hésita un instant à se lever pour aller voir si tout allait bien, se ravisant aussi vite en estimant que la commande d'un verre pouvait prendre longtemps avec autant de monde affairé à se désaltérer après avoir gesticulé sur la piste. Lorsque la musique retentit de nouveau, créant un mouvement généralisé de relance festive, Adrian releva la tête, constatant qu'Oriana était de retour, deux verres à la main, seule...Elle reprit sa place face à lui et le devança alors qu'il allait poser la plus évidente des questions.


- Je crois que votre amie ne reviendra pas tout de suite. Apparemment un jeune homme lui a tapé dans l’œil au comptoir et… J'en connais une qui ne rentrera pas toute seule chez elle ce soir.

Une fois n'est pas coutume, Adrian comprit l'allusion ET le clin d'œil, si bien qu'une expression de déception passa un instant sur son visage, suivit d'un froncement de sourcils involontaire. Quelque chose dans ce qu'il venait d'entendre et de voir ne sonnait pas totalement juste. Tout d'abord, il trouvait étonnant que Meryl décide de s'éclipser sans un mot, pour les beaux yeux d'un homme qui plus est. Bien qu'il ne connaisse pas tout de son amie, Adrian commençait à comprendre comment elle fonctionnait, et en cela quelque chose clochait dans les explications que lui avait donné Oriana. Alors bien sur, Meryl était probablement ivre et avait beaucoup inhalé de drogues involontairement, mais de là à ce qu'elle disparaisse sans un mot ni une explication pour s'enquérir du premier venu...Cette simple pensée agaça Adrian à la seconde ou il s'imagina que les propos de la rousse pouvaient se révéler exact...

Adrian ne réalisa pas qu'il venait de laisser planer un long silence entre lui et la jeune femme qui lui tendait désormais son verre. Il le récupéra avec précaution alors qu'elle prit de nouveau la parole.


-Je suis sur qu'elle passera au moins vous dire au revoir ne vous en faite pas, elle n'a pas l'air du genre à laisser tomber un ami pour si peu…

Était-elle capable de lire dans son esprit ou alors son visage en racontait bien plus qu'il ne l'aurai espéré? Difficile à dire, mais la phrase de la jeune femme eut don de canaliser ses pensées un instant, le laissant avec un gout amer dans la bouche et une résiliation face à cette situation déplaisante.

- Vous avez surement raison...Finit-il par répondre sans conviction.
- Je suis contente que vous m'ayez invité à rejoindre votre table, il est vrai que même si revenir ici me procure de bon souvenirs, la solitude finit toujours pas l'emporter quelque peu…
- Je ne risque pas de juger votre choix de venir seule, étant donné que je le fais moi-même.

Le ton d'Adrian était redevenu plus froid, plus fermé et son regard fuyait quelque peu celui de la jeune femme qui conservait son sourire enjôleur et ses airs angéliques.

- Ah oui? Vous venez si souvent que ça ?
- Pour être honnête, je ne pourrai vous dire à quelle fréquence...Répondit-il tout en prenant son verre pour en boire une longue gorgée tiquant sans en manifester quoi que ce soit sur la question.
- Après tout vous avez aussi le droit de décompresser, vous qui êtes si prévenant avec les autres.
- Je ne fais que mon travail.
- Oui, mais vous le faites bien ! s'exclama-t-elle avec un sourire toujours plus grand.

Mais par tous les érudits amnésiques pourquoi Meryl était-elle partie avec un illustre inconnu? Voila la seule question qui à nouveau tournait dans sa tête, si bien qu'il s'était mis à répondre quelque peu par automatisme, incapable de se détacher de cette sombre affirmation. Fort heureusement, il avait au moins réussi à formuler des phrases qui avaient du sens et dans le bon contexte, ce qui était déjà une prouesse tant son esprit divaguait. Une petite partie du liquide contenu dans son verre s'écrasa au sol, esquivant de peu la jambe de l'apothicaire alors qu'il remuait distraitement la liqueur dans son contenant, comme il avait souvent l'habitude de le faire, sans en renverser une goutte en temps normal. Il fit mine de ne rien remarquer mais s'arrêta pour ne pas réitérer l'exploit et plongea son regard dans celui d'Oriana.

- Vous êtes sure de ce que vous avez vu? Relança-t-il soudainement.
- Que voulez-vous dire Adrian?
- Meryl, Dit-il avec une pointe d'agacement, vous êtes bien sure de ce que vous avez vu?
- Aux vues des regards qu'ils s'échangeaient autour de leur verres avant que je ne revienne, je ne pense pas me tromper oui.

Le sang froid et l'expression d'innocence imagée par le sourire qu'elle continuait de lui adresser avaient presque à eux seul force de crédibilité. Pour autant, Adrian ne se satisfaisait pas de cette réponse. S'il avait été moins imbibé par l'alcool à nouveau amplifié par cette seconde gorgée qu'il venait de boire, l'apothicaire aurai pu remarquer la moue agacée qui était passée sur le visage de la rousse à la simple mention de Meryl, l'aidant à voir clair sur ce qui le dérangeait depuis maintenant de longues minutes. Sa main s'agita de tremblement uniquement perceptibles par lui-même, marque évidente d'un trouble qu'il contrôlait de moins en moins. Il s'efforça de maintenir une certaine neutralité dans son attitude, bien que sa façon de parler n'exprime pas réellement une grande positivité, laissant peu à peu disparaitre toute trace de détente chez Adrian, à son grand désespoir.

Son regard s'égara dans la foule, laissant espérer à l'apothicaire que ces yeux croiseraient une chevelure blonde, un sourire d'ange et des yeux rieurs quelque part, non loin. Il n'en fut rien, ce qui fit monter l'inquiétude d'Adrian d'un cran à nouveau. Il considéra les propos d'Oriana une nouvelle fois, tentant tant bien que mal de s'imaginer Meryl subitement sous le charme d'un inconnu, ou peut-être de quelqu'un qu'elle connaissait, qui sait ? Cette nouvelle question tourna le scenario dans un tout autre sens, et si Adrian ne voulait simplement pas accepter qu'elle était réellement partie sans rien dire ? Se faisait-il des idées dès lors qu'il pensait connaitre assez bien son amie ? Chaque question qu'il se posait en ramenait une nouvelle sur le devant de la scène, le relançant dans cet incessant balais de théories et conjectures sans fin. Il se força à fermer les yeux un instant, pour tenter de stopper cette litanie.


- Est-ce que tout vas bien Adrian?

Il ouvrit les yeux et regarda Oriana, dont le sourire s'était fait plus timide un instant.

- Je suis désolé...il faut que...que je...Je reviens vite.

Il n'eut ni le loisir ni le courage de formuler une phrase plus complète que celle-ci avant de brusquement se lever de la banquette en gardant sans s'en rendre compte son verre à la main. Le pressentiment qui le hantait devait être éclairé, et pour cela, il fallait qu'il retrouve Meryl, au moins pour s'assurer que les dires de la rousse reflétaient la vérité, bien qu'il espère au plus profond de lui que ça ne soit pas le cas...Payant le fait de s'être levé à la hâte, il tituba après quelques pas et dut marquer une courte pause pour ne pas perdre l'équilibre. Avant même de ne laisser l'occasion à Oriana de parler à nouveau, il reprit contenance et repartit en avant en direction du comptoir dans un premier temps. Bien entendu, il n'y trouva ni Meryl, ni bellâtre en quête d'aventure. Il se força a freiner sa précipitation afin de garder l'esprit clair et de ne pas rater un élément important. Une étrange boule se forma dans son estomac alors que son regard scrutait quelque peu la foule.

Adrian se remit en marche dans une direction opposée à sa table désormais hors de vue, il déambulait lentement et avec attention lorsqu'il sentit une main agripper la sienne. Il tourna la tête pour distinguer avec un certain réconfort que Meryl l'entrainait alors dans sa direction. Prit de court, il accompagna le mouvement pour se retrouver après quelques enjambées peu assurées dans un cagibi étroit en compagnie de Meryl -et personne d'autre à l'horizon, à son grand soulagement-. Il la regarda avec un air interrogateur, relativement confus par cette situation. Désormais à l'arrêt, l'alcool et les drogues s'agitèrent à nouveau pour brouiller épisodiquement sa vision, le forçant à cligner des yeux plusieurs fois.


- Meryl? Est-ce que tout vas bien?
Meryl
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Jeu 22 Avr - 19:34
Le dilemme auquel elle était confrontée était terrible et l'alcool dans son sang ne l'aidait pas à réfléchir clairement. Partir et laisser son triste Amaranthis tout seul avec cette vipère aux cheveux roux n'était pas une option, la seule solution raisonnable était donc de serrer les dents et d'y retourner. Et pourtant elle restait figée sur place. Quelque chose qu'elle avait dit l'avait déstabilisée et elle se maudissait pour être aussi perméable aux paroles d'une inconnue. Tout à coup elle se mettait à s'interroger sur ses propres motivations. N'avait-elle pas eu l'intention de prendre quelques distances avec Adrian ? Alors pourquoi était-elle là et pourquoi continuait-elle de flirter dangereusement avec la limite qu'il avait mise d'entre eux ? D'accord, elle lui était reconnaissante de son aide et n'allait pas faire comme si elle n'appréciait pas sa compagnie, mais était-ce la seule raison ?

Si la question était intéressante, elle n'eut malheureusement pas l'occasion de s'interroger davantage sur la réponse, encore assaillie par une nouvelle demande du jeune Amaranthis à ses côtés. Elle regardait ses lèvres se mouvoir mais n'écoutait pas un traître mot de ce qu'il disait. Au bout d'un moment, elle marmonna un « Je dois y aller » et s'écarta de lui, son verre à la main. Elle ne pouvait pas partir mais elle ne pouvait pas rester. Dans ce genre de situation, n'importe qui se serait retrouvé bloqué ; pas Meryl, car elle était capable de concilier l'inconciliable. Ainsi, lorsque la porte providentielle d'un placard exiguë lui apparut derrière une tenture aux couleurs chatoyantes à sa droite, elle s'y engouffra sans réfléchir.

Combien de temps avait-elle attendu là-dedans, sirotant son verre tout en réfléchissant à des façons de rattraper le tour désastreux que prenait cette soirée ? L'alcool distordait le temps, pour le meilleur comme pour le pire, et il lui sembla qu'il s'écoulait une vie entière là-dehors. Il fallait qu'elle y retourne, qu'elle confronte Oriana devant Adrian en espérant que ce dernier serait plus enclin à faire confiance à une personne qui allait et disparaissait de sa vie au gré du vent plutôt qu'à une patiente qu'il connaissait probablement depuis des années... Quelle misère.

La porte entrebâillée et la tenture légèrement écartée pour observer le ballet des habitués dans la salle commune, Meryl ne s'était pas attendue à ce qu'Adrian lui-même vienne mettre un terme à cette torture en déambulant parmi la foule, sans présence indésirable à ses côtés. Lorsqu'il passa près d'elle, elle lui attrapa la main avant de l'attirer avec elle dans sa cachette de fortune et ressentit aussitôt un immense soulagement.

- Meryl ? Est-ce que tout va bien ?
- Maintenant oui.

Il ne restait plus qu'à le convaincre de rester ici pour toujours et d'oublier qu'il avait des responsabilités dans le monde extérieur. Le seul bémol... c'est que le placard dans lequel ils se trouvaient n'était qu'un endroit où les employés entreposaient leurs outils et produits d'entretien. Il aurait sans doute été trop beau de finir sa vie dans la cave à vin... Meryl se contenterait donc de la compagnie d'Adrian.

- Vous... vous cachez ? Pourquoi... ?
- Je pourrais vous demander la même chose. Qu'est-ce que vous faîtes dans ce placard ?

Cette tentative de noyer le poisson était pitoyable mais elle ne pouvait décemment pas lui avouer qu'elle ne supportait pas Oriana et qu'elle n'était pas bien sûre de pouvoir se comporter convenablement en sa présence, surtout dans son état d'ivresse actuelle.

- Mais...? Dans ce cas Meryl, que faisons-NOUS dans ce placard ?

Excellente question. Pourquoi se mettait-il à poser des questions aussi pertinentes ? N'était-il pas censé être sous l'emprise de l'alcool ? Alors qu'elle réfléchissait à une nouvelle pirouette, il enchaîna.

- Je vous cherchais à vrai dire... J'étais... inquiet.

Elle sentit son cœur s'accélérer dans sa poitrine, pour une raison qui lui échappait encore. Était-ce la proximité du lieu ? Non, Meryl n'était pas du genre à être déstabilisée par si peu... Elle faisait probablement juste un arrêt cardiaque, trois fois rien.

- Aucune raison d'être inquiet, j'étais dans ce placard, et maintenant vous y êtes avec moi. Et vous avez même pensé à prendre votre verre avec vous, merveilleux ! Elle lui sourit, radieuse, et lui désigna le verre qu'elle avait elle aussi dans les mains. Ils étaient deux, ils avaient de l'alcool, ils pourraient tenir le reste de la soirée comme ça, à n'en point douter. Vous croyez que le tavernier va continuer à nous servir si nous restons ici ? J'aime bien cet endroit, c'est plus... tranquille. La fumée commençait à me donner le tournis. Le seul point négatif c'est qu'on n'a pas la place pour danser. Et on ne voit strictement rien, accessoirement...

Ce n'était pas tout à fait vrai. Tant que la porte restait légèrement ouverte, un rail de lumière les éclairait suffisamment pour qu'ils ne soient pas totalement perdus dans le noir.

- Non pas que l'idée de rester ici me dérange réellement, mais je pense que vous ne vous y trouvez pas sans vrai raison, n'est-ce pas ? répondit-il prudemment, avec bienveillance. Meryl nota tout de même qu'il n'était pas contre l'idée de rester ici pour toujours. Enfin, juste de rester ici, Meryl avait naturellement ajouter le « pour toujours ».
- Eh bien... il y avait ce type au comptoir qui voulait absolument que je danse avec lui ; peu après j'ai cru voir la tête d'un Ascanien parmi la foule. Après réflexion j'ai peut-être simplement rêvé.

Il y avait une autre raison, une raison aux cheveux de feu, mais elle n'avait pas pu se résoudre à en parler. Même plongée dans la pénombre, quelque chose avait cependant dû la trahir car Adrian répondit :

- Meryl... S'il vous plaît, dites moi ce qui ne va pas.

C'était le moment de vérité. Adrian serait-il plus enclin à lui faire confiance ou balayerait-il tous les doutes qu'elle émettrait sur la jeune rousse d'un revers de main. Meryl prit une grande inspiration.

- Vous ne la trouvez pas bizarre ? Oriana, je veux dire. Elle marqua une pause en saisissant l'ironie de la situation et se mit à rire doucement. Demande la fille que vous retrouvez cachée dans un placard... Faites abstraction de ce petit détail.
- Pour tout vous dire, je ne suis pas très à l'aise depuis qu'elle nous a rejoint. Je croyais que ça venait de moi.

Ainsi, même aveugle, son instinct continuait de fonctionner correctement. Meryl n'avait pas l'intention de parler de sa conversation privée avec la jeune femme, pour autant elle ne pouvait s'empêcher de le mettre en garde.

- La prochaine fois que vous la verrez, oubliez tout ce que vous croyez savoir sur elle et essayez de répéter le petit jeu que nous avons fait tout à l'heure. M'est avis que certains de ses comportements pourraient vous apparaître... sous un jour nouveau.

Peut-être en avait-elle trop dit mais peu importe. Alors qu'un petit silence s'installait entre eux, Meryl réalisa que se retrancher dans un si petit placard en compagnie d'Adrian n'était peut-être pas l'idée la plus brillante qu'elle ait eu jusqu'ici. Elle n'avait pas pensé que cela lui provoquerait autant de bouffées de chaleur et que les questionnements qu'elle avait eu plus tôt referaient surface. Encore une fois, elle sentit son ventre se tordre et tenta de chasser ces pensées en focalisant son attention sur autre chose ; elle se mit donc à jeter des coups d’œil à l'extérieur de leur cachette.

- Je vais élaborer un plan subtil et génial pour organiser notre grande évasion, ne vous inquiétez pas.
Adrian Mayr
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Ven 23 Avr - 0:27
Force était de constater qu'Adrian ne se sentait pas si mal dans ce placard, bien qu'un peu à l'étroit et installé à demi appuyé sur une étagère dont il n'avait pas jaugé la solidité et qui avait dangereusement penché sous son poids sans qu'il ne s'en rende compte. Par chance, il ne tomba pas en emmenant tout ce qui était entreposé dessus avec lui. L'apothicaire profita de cet isolement pour souffler un peu, se rendant compte qu'il avait été quelque peu en apnée ces dernières minutes, avant de retrouver Meryl.

Inquiet par l'étrange comportement de la jeune femme réfugiée dans son placard, Adrian avait préféré pour une fois insister quelque peu pour connaitre les vrai motivations qui les avait conduit ici. Il se rassura quelque peu au fil de la conversation alors qu'elle en vint aux faits, révélant une motivation qui apporta à l'apothicaire une confirmation de ses propres doutes, le conduisant indirectement à ne pas se sentir trop paranoïaque face au malaise qu'il avait ressentit un peu plus tôt. Ses épaules se détendirent alors qu'il réalisa tout cela, faisant apparaitre une décontraction non dissimulée dans son regard et ses attitudes. Le plus important pour lui à cet instant -et c'était indéniable dans son esprit- était que Meryl n'avait pas eu de problèmes...Et aussi qu'elle n'était pas partie aux bras d'un inconnu, mais ce point la, l'apothicaire ne le réalisa pas explicitement.

Un peu plus souriant malgré la situation, Adrian prit en considération les dires de Meryl en acquiesçant, songeur. Avec un peu de recul, il se remémorait d'ores et déjà certaines consultations dont les raisons qu'Oriana avait invoqué ne lui avait pas semblé réellement légitime... D'un mouvement rapide de tête, il chassa ses ruminations de son esprit pour se concentrer sur l'instant présent.

C'est d'ailleurs en revenant à la réalité qu'il réalisa non sans une pointe de timidité la proximité entre Meryl et lui. Ils avaient beau avoir été plus proche pendant leur petite danse ou même sur cette banquette, l'espace soudain étriqué du cagibi avait dont de créer une intimité des plus inattendue. Cette soudaine réalisation fit quelque peu s'affoler le coeur d'Adrian sans qu'il ne s'en rende compte, lui provoquant quelques bouffées de chaleurs.


- Je vais élaborer un plan subtil et génial pour organiser notre grande évasion, ne vous inquiétez pas.

Adrian se captiva pour les paroles de Meryl tandis qu'elle jetait alors un furtif coup d'œil en dehors. L'alcool aidant, il se concentra et se risqua un regard à l'extérieur également, aussi méfiant qu'un criminel en fuite. Il adressa à Meryl un regard interrogateur, tout en se rendant compte qu'il avait involontairement réduit la distance déjà faible entre eux. Il n'eut pas vraiment la présence d'esprit de s'éloigner tant tout s'embrouillait dans sa tête

- Peut-être pourrions nous au moins profiter du calme pour finir nos verre avant de se précipiter.
- Si vous n'êtes pas claustrophobe… Faisons ça.

Cette réponse le soulagea bien plus qu'il ne l'aurai imaginé, comme s'il n'était pas près à se risquer de croiser le regard angélique d'une rousse un peu trop envahissante. Il se recula d'un pas pour se retrouver de nouveau près de son étagère préférée qu'il utilisa en appui. Bien qu'il n'en disait rien, il était évident qu'Adrian faisait preuve d'une plus grande aisance dès lors qu'ils n'étaient que tout les deux. Plus ouvert d'esprit et spontané qu'à l'accoutumé, il dévoilait un pan de sa personnalité que peu de gens avaient pu observer. Alors bien sur, les psychotropes avaient un effet amplificateur sur cette soudaine expressivité, mais il n'en serai rien sans la présence de la jeune femme. Il approcha lentement le verre de ses lèvres en esquissant naturellement un sourire à Meryl.

- Je crois qu'un peu de calme ne me fera pas de mal finalement...Et si vous m'énonciez les détails de votre "plan"? Demanda-t-il avant de boire une gorgée de cette liqueur qui lui brulait de plus en plus la gorge.
- On sort de là et on court vers la sortie ! S'exclama-t-elle en jetant un coup d'œil dans l'entrebâillement lumineux. Si on se débrouille bien, on ne devrait bousculer et blesser qu'une vingtaine de personnes en chemin.

Adrian manqua de s'étouffer avec sa boisson à l'énonciation du plan de Meryl, laissant échapper un petit rire d'un naturel aussi déconcertant qu'inattendu face à cette annonce. A vrai dire, il s'était attendu à ce qu'elle lui expose une réelle stratégie pour s'éclipser sans encombre, bien qu'il doutait encore de la nécessité de déployer autant de moyens pour fuir une petite rousse d'un mètre soixante. L'imprévisibilité de la jeune femme avait eu raison de son sang froid et, l'alcool aidant, il avait finit par rire avec une grande sincérité pour la première fois depuis longtemps. Il reprit un semblant de consistance assez rapidement cela dit, gardant un air assez détendu sur le visage. En son fort intérieur, il aurai réellement aimé ne pas avoir à sortir de ce placard de si tôt...

Alors que les deux fugitifs sirotaient leurs verres presque comme si de rien était, Adrian entreprit de se redresser en prenant légèrement appui sur son siège de fortune. Sous le poids de sa main, l'étagère céda d'un coté, délogeant la planche de son support et envoyant au sol tout autour d'Adrian les ustensiles en tout genre qui reposaient dessus. Ce mouvement soudain provoqua une sensation d'étourdissement à l'apothicaire qui s'appuya in extremis contre le montant de la prote. Une fois le fracas passé, le dernier sceau au sol et le flou devant ses yeux dissipé, l'apothicaire se redressa en faisant mine que rien ne s'était passé avec une maladresse évidente et un petit raclement de gorge.


- Très bien. Votre plan me convient, je vous suis.

Il marqua une petite pause et sembla se déconnecter de lui même un instant, perdu dans ses pensées.

- Tant pis pour l'éventuel deuxième tour de danse...

Cette dernière phrase, Adrian était sur de l'avoir seulement pensé, mais il l'avait bel et bien dit à haute voix...
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