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Passé trouble et futur stérile
Meryl
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Sam 6 Mar - 16:04

Passé trouble & futur stérile

Adrian & Meryl
Au petit matin |  Quartier Amaranthis | Le Lys d'Argent | An 82, 3ème mois d'Éte, Jour 2

Passé trouble et futur stérile Apothe10


Depuis ce fameux soir, elle était revenue devant sa boutique une, deux, peut-être trois fois, sans jamais en franchir le seuil. Les mauvaises langues vous diraient qu'elle était effrayée, elle vous dirait qu'elle avait simplement changé d'avis. À quoi bon déterrer le passé ? On ne survivait pas à ce qu'elle avait vécu en ressassant à chaque moment ce qui avait été perdu. Et de toute façon, elle connaissait déjà les réponses à toutes les questions qu'elle se posait. Le passé était sang et le futur était cendre. Plus vite elle l'accepterait, et plus vite elle pourrait avancer. Ou faire semblant. Meryl possédait au moins une qualité en abondance : sa résilience.

Et pourtant elle revenait inlassablement ici, comme si ces réponses n'étaient pas aussi inutiles qu'elle voulait le croire. Parce qu'il subsistait un dernier espoir, un dernier espoir qu'elle voulait voir mourir le plus vite possible, car il la tuait lentement. Elle inspira profondément et, cette fois, franchit le seuil du Lys d'Argent. A l'image de son propriétaire, la boutique était impeccablement entretenue, tout était rangé méticuleusement sur les étagères. Rien ne dépassait, nulle part. Un peu tout le contraire de Meryl.

Ses yeux trouvèrent rapidement ce qui l'intéressait le plus ici : son triste Amaranthis, un peu en retrait dans le fond de la boutique, le nez plongé dans la lecture d'un manuscrit. Lorsqu'il releva son regard vers elle, il ajusta légèrement les lunettes sur son nez, presque surpris de la voir surgir ici de si bon matin. Cela lui donnait un air si sérieux que le visage de Meryl se détendit presque immédiatement en un large sourire.

- Hey, docteur ! Vous ne trouvez pas que le temps s'est rafraîchi depuis hier ?


Le point météo ne manqua pas de tirer un léger rictus amusé à son interlocuteur. Si elle avait pu croire un moment qu'il ne se souvenait même pas d'elle, elle était à présent rassurée. Après la soirée qu'ils avaient passé, et surtout après l'alcool ingurgité, elle ne lui en aurait pas voulu si ça avait été le cas. Peut-être même que cela n'aurait pas été plus mal, d'ailleurs, vu comment ladite soirée avait fini. Mais cela voulait dire également qu'il n'avait pas oublié l'aide qu'il lui avait proposé. Bien, elle n'allait pas devoir tout reprendre depuis le début. Mais son aide était-elle encore acquise, maintenant qu'il était à nouveau maître de lui-même ? Rien n'était moins sûr, et Meryl ne voulait présumer de rien.

- Meryl. Je n'étais pas sûr que vous reviendriez.
- Je n'étais pas sûre non plus, à dire vrai.
- Je suis déso...
- Non, non, le coupa t-elle rapidement, voyant très bien où la conversation allait les mener. C'était de ma faute. Et, regardez, il est comme neuf.

Elle lui montra son bras et le peu de séquelles qu'elle avait gardées de sa petite chevauchée sauvage sur le pauvre apothicaire.

- Ne plus surprendre les gens dans le noir pour leur parler de leur trouble passé ou celui de leur famille. C'est mon nouveau mantra.

Malgré son sourire, de la tristesse voila son regard un instant.

- Je ne savais pas si je devais revenir. Je ne savais pas si vous vouliez toujours m'aider. Je ne suis pas sûre non plus d'avoir envie de connaître les réponses que je demande. Si je dois être tout à fait honnête, ce n'est pas la première fois que je viens ici pour faire demi tour au dernier moment.

Qu'espérait-elle en dévoilant tout cela ? Qu'il choisisse à sa place ? « De toute façon, je ne veux plus vous aider, Meryl ». Oui, voilà qui couperait court à toute cette torture.  


Dernière édition par Meryl le Lun 5 Avr - 23:37, édité 6 fois
Adrian Mayr
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Dim 7 Mar - 2:38
Cela faisait bien cinq ou six fois qu'Adrian relisait le même passage de cet horrible manuscrit traitant de l'étude des psychotropes. Encore éreinté d'une nuit sans repos, l'idée de se plonger dans une lecture pompeuse débordant de paraphrases et de descriptions n'était pas la plus appropriée qu'aurai pu avoir l'apothicaire. Consciencieux malgré tout, il s'efforçait de ne pas quitter un paragraphe avant d'avoir intégré correctement les informations qu'il contenait, si bien qu'il avait l'impression d'y passer une éternité. Il aurai pu se lever de sa chaise et faire autre chose, mais son obstination naturelle du travail bien faire l'empêchait de ne pas finir quelque chose qu'il avait commencé. Il salua cependant le fait que ce début de matinée était relativement calme. Parfois, il lui arrivait de déverrouiller la porte d'entrée de la boutique pour découvrir un petit groupe de personnes déjà en attente de ses soins ou préparations médicinales. Aujourd'hui, la tranquillité des premières heures avait eu quelque chose de salutaire. Concentré sur ses écrits, il n'entendit pas qu'on entrait dans l'échoppe.

"Hey, docteur ! Vous ne trouvez pas que le temps s'est rafraîchi depuis hier ?"

Adrian n'eut pas besoin de relever la tête pour deviner qui était la personne qui venait de pénétrer dans sa boutique. Cette voix guillerette et enjouée mêlée à une discussion sans intérêt sur la météo n'était pas sans lui rappeler cette soirée qui avait commencé exactement de la même manière, avec pour principale différence le taux d'alcoolémie des protagonistes. Adrian leva les yeux vers la porte d'entrée en esquissant un sourire aux dires de la jeune femme qui venait d'arriver pour en effet confirmer ses suppositions. Meryl se tenait là, lui adressant un sourire des plus aimable dont elle semblait avoir le secret. Des images défilèrent dans la tête de l'apothicaire...Tout ne s'était pas superbement bien déroulé le soir de leur rencontre. Il était bon d'admettre que sur certain point Adrian avait pour ainsi dire apprécié la compagnie de la jeune femme, pourtant, un sombre malentendu mélangé à un abus de spiritueux l'avait mené à la blesser involontairement.
Délaissant sa lecture, il ajusta machinalement ses lunettes avant de lui adresser la parole, d'un ton aimable.


- Meryl. Je n'étais pas sûr que vous reviendriez.
- Je n'étais pas sûre non plus, à dire vrai.
- Je suis déso...
- Non, non, le coupa t-elle rapidement, voyant très bien où la conversation allait les mener. C'était de ma faute. Et, regardez, il est comme neuf.

Voila qui était rassurant, car Adrian s'en voulait encore de lui avoir causé du tort à causes de ses dérives ce soir la. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il préférait rester seul lorsqu'il s'adonnait à ses sombres évasions du monde réel, le simple fait de se tourner en ridicule ou de faire quelque chose qu'il regretterai lui faisait grincer les dents. Elle lui fit échapper un petit sourire à nouveau en prenant le sujet sur le ton de la blague. Adrian n'en disait rien, mais il trouvait impressionnant la capacité qu'avait cette femme à faire une pointe d'humour sur tout et n'importe quoi, comme lors de leur rencontre. Il redoubla cependant d'attention en écoutant les dires de son interlocutrice une fois que celle-ci devint plus sérieuse.

Adrian posa soigneusement son manuscrit et se leva de sa chaise pour se rapprocher de la jeune femme, oubliant de déposer ses lunettes de lecture sur le bureau. Une fois à proximité, il hésita une nouvelle fois à s'excuser mais se ravisa. Elle avait été assez claire en l'interrompant avant qu'il ne s'excuse, le sujet n'était pas la.


"Je comprend votre hésitation, je croyais également que vous ne reviendriez pas pour tout vous dire. Il marqua une petite pause, gêné en repensant à son état la fois précédente. Sachez que j'étais on ne peux plus sérieux lorsque je parlais de vous aider, je n'aimes pas les paroles en l'air même si je n'étais pas...dans mon état normal. Le sujet abordé de manière si abrupte m'a quelque peu pris de court, je dois l'admettre."

Se replonger dans le passé alors que Meryl venait de lui tomber dessus et que l'alcool lui secouait l'esprit n'avait pas été une grande réjouissance, d'autant plus qu'il était assez rare qu'on lui parle de son père, encore moins pour en dire du bien. Malgré tout, Adrian n'avait pu se résoudre à refuser d'apporter son aide à la jeune femme. Se sentait-il redevable par culpabilité ? Non...Il y avait quelque chose chez elle qui donnait à l'apothicaire l'envie de lui porter assistance, peut-être appréciait-il le fait qu'elle soit si différente de lui, prompt à sourire dans n'importe quelle situation. Adrian avait d'ailleurs un ton plus aimable que lorsqu'il avait affaire à des patients lambda.

"Votre histoire m'est à ce jour inconnue, et vous n'avez pas besoin de me la conter si vous ne le souhaitez pas...Mais si vous en ressentez le besoin ou si vous estimez que je dois savoir quelque chose, je vous écouterai sans aucune appréhension de jugement. Entrez donc, le temps que nous puissions statuer des faits."

Les protagonistes prirent place face à face autour d'un bureau après qu'Adrian ait ramené deux verres contenant des infusions douces qui avaient un gout sucré, loin du cliché de la décoction infect médicamenteuse que tout le monde s'amusait à imaginer lorsqu'ils pensaient aux plantes médicinales. Adrian scruta le regard de la jeune femme, lisant une point d'inquiétude, chose qu'il jugeait normal étant donné l'importance du sujet qui les avait amené à se retrouver à tête reposée autour de ce bureau. Désireux de ne pas passer par quatre chemins, il prit la parole tout en plongeant son regard dans celui de Meryl.

"J'ai quelques peu étudié les possibilités concernant votre requête Meryl. Si il vous a sauvé la vie comme vous le dites, alors il doit bel et bien y avoir une trace écrite de vos soins, ça ne fait aucun doute. Il n'était pas du genre à négliger toute source de connaissances, et encore moins lorsque la vie d'une personne était en jeu. Les possibilités quant à son emplacement sont multiples...Je pense qu'il serai avisé que nous allions rendre visite à ma mère..."

Le fait qu'il revienne sur les tenants et aboutissant du sujet en apportant une explication supplémentaire laissait pense que l'apothicaire avait déjà réfléchi à la question et que sa réponse n'attendait plus que l'interlocutrice concernée.

Il était aisé de remarquer également qu'Adrian esquivait soigneusement l'emploi du terme "père" ou de tout autre formulation de phrase reliant sa personne à son géniteur. A bien y remarquer, la tension que ressentait l'Apothicaire à la mention de Jörgen se retranscrivait sur son visage par une légère crispation. Difficile pour lui de parler de cet homme qui l'a privé de tant de chose, impossible même pour lui de faire l'éloge de ses travaux. Cette tension se remarquait aussi par le fait qu'Adrian faisait taper silencieusement les doigts de sa main droite contre le bureau. A vrai dire, il n'avait pas eu l'air beaucoup plus à l'aise à la mention d'une présentation avec sa mère, bien qu'il ait réussi à parler d'elle de manière plus directe.
Meryl
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Dim 7 Mar - 23:41

Meryl ne savait pas si elle devait se sentir soulagée ou bien encore plus anxieuse qu'en entrant dans cette boutique, maintenant qu'elle ne pouvait plus faire marche arrière. Adrian ne semblait pas lui tenir rigueur du peu de tact dont elle avait fait preuve à son égard lors de leur première rencontre, pas plus qu'il ne semblait vouloir revenir sur sa parole. Une telle gentillesse était aussi inhabituelle qu'inespérée, mais elle l'avait observé en silence assez longtemps pour savoir qu'il était différent de tous les médecins amaranthis qu'elle avait rencontrés dans le passé.

Elle le suivit jusqu'à son bureau et prit place en face de lui. Si elle jeta un coup d’œil hésitant à la tasse de thé qu'il lui servit, elle finit par y poser timidement les lèvres tout en observant son interlocuteur. Il semblait beaucoup plus détendu et accessible que la dernière fois, bien moins taciturne également, ce qui pouvait paraître logique étant donné qu'il n'était ni totalement ivre, ni hors de son lieu de travail. Et il connaissant maintenant ses intentions, accessoirement. Lorsqu'il ajusta ses lunettes – encore! - avant de poser son regard émeraude sur elle, Meryl avala la prochaine gorgée de travers.

« Par les Dieux, arrêtez de faire ça, c'est intimidant ! » aurait-elle voulu dire, avant de réaliser qu'il était parfaitement ridicule de se sentir déstabilisée par une simple paire de lunettes. D'ailleurs, les portait-il uniquement parce que sa vision le réclamait, ou savait-il pertinemment que cela le rendait encore plus séduisant ? Foutu Amaranthis. Meryl garda sa tasse près d'elle comme s'il s'agissait d'un bouclier, pour se donner contenance également.

Le sérieux du sujet qui les occupait occulta bien vite toutes ses pensées frivoles, heureusement -ou malheureusement. En venant ici, elle s'était attendu à donner plus de précisions sur ce qui lui était arrivé. C'était inévitable pour obtenir son aide, ou simplement pour accélérer les recherches. Malgré tout, elle n'était jamais très à l'aise avec ce sujet, et pas uniquement parce qu'il faisait resurgir de mauvais souvenirs. La dernière chose dont elle avait besoin, c'était de s'attirer des regards de pitié sur elle, comme on regarderait un oiseau dont on avait arraché les ailes.

- Je pourrais faire un secret de cette histoire mais vous saurez sûrement tout ce qu'il y a à savoir en lisant mon dossier. Et connaissant la réputation de votre peuple sur l'importance que vous accordez aux détails, je suis même sûre que le nombre de mes grains de beauté doit être consigné quelque part, alors... Tant pis pour le mystère.

Elle se retint d'ajouter qu'il y avait des façons plus agréables d'obtenir ce genre d'informations. L'heure n'était plus aux plaisanteries, même s'il n'y avait pas vraiment d'heure pour faire rougir un triste Amaranthis.

- Cela remonte à dix ans maintenant, j'en avais douze à l'époque. J'ai grandi dans un clan nomade et c'est à cet âge que j'ai subi l'Ex-Matricis.

Elle vit que l'apothicaire fronçait les sourcils. Le terme ne devait pas vraiment lui parler, rien d'étonnant à ça.

- L'Ex-Matricis, c'est... Je crois que vous appelez juste ça une stérilisation. C'est une sanction réservée aux Sang de Shog comme moi, celles qui ont trop d'ambition au sein du clan. On leur retire le droit de porter la vie, et elles deviennent alors inutiles et brisées.

Difficile de croire qu'une gamine de douze ans avait fait trembler des vieilles matriarches au point de les obliger à ordonner quelque chose d'aussi barbare. Et difficile de ne pas remarquer l'aigreur de Meryl lorsqu'elle en parlait. Il n'y avait aucune justification à ce qu'elle avait vécu, elle n'était qu'une victime des caprices de folles qui voulaient réaffirmer une autorité qui leur filait entre les doigts. Injuste. Barbare. Meryl le savait très bien.

- Enfin, si elles survivent. Je n'ai jamais entendu parlé de Sang de Shog qui auraient survécu à l'Ex-Matricis. Si moi j'ai survécu, c'est parce que votre père est intervenu. Lorsque l'on m'a trouvée en forêt, on m'a ramenée ici, et c'est à sa porte qu'on est venu frapper. Peut-être que si ça avait été n'importe qui d'autre, je serai morte. Mais il m'a sauvée. Je ne sais même pas comment mais il l'a fait.

Ce n'était pas de la reconnaissance qu'il y avait dans sa voix, étonnamment. Peut-être encore plus d'aigreur.

- Je ne me souviens pas de lui, pour tout dire. J'étais trop délirante et trop faible pour me rendre compte de quoi que ce soit. Ce qu'on m'a fait... est censé être irrémédiable. Mais ce qui semble irrémédiable pour mon peuple ne l'est pas forcément pour le vôtre. J'ai besoin de savoir si ça peut être... réparé ? A défaut d'un meilleur terme.

Et c'était là que les notes du père d'Adrian entraient en jeu. Il avait forcément dû consigner cette information quelque part. Peu importait sa réputation sulfureuse, peu importait à quel point il était aujourd'hui méprisé par l'ensemble de ses pairs, son fils compris visiblement ; il avait été le seul médecin assez doué pour la sauver, il était donc le seul qu'elle accepterait de croire s'il affirmait qu'aucun espoir n'était permis.

- Il faut que je fasse le deuil de ce chapitre de ma vie. Alors... quelles que soient les réponses que vous trouverez, elles m'aideront beaucoup.

Elle reposa la tasse sur le bureau, lentement. Normalement, c'était le moment qu'elle choisissait pour faire une plaisanterie qui allégerait un peu l'atmosphère. Mais rien ne lui vint. L'appréhension de l'apothicaire, en revanche, n'était pas passée inaperçue.

- Vous pensez donc que c'est votre mère qui a les documents que je recherche ? Elle n'était pas hostile à une rencontre. Adrian, par contre, ne semblait pas apprécier l'idée. Vous semblez douter du fait qu'elle m'aidera, fit-elle alors remarquer.
Adrian Mayr
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Lun 8 Mar - 14:06
Adrian enserrai sa tasse d'une main, l'autre triturait distraitement sa barbe tandis qu'il analysait les dires de la jeune femme. Impassible de nature lorsque le sujet de la médecine venait sur la table, il sentit que le rouge avait manqué de lui monter aux joues alors qu'elle parlait de ses grains de beauté. Le sujet avait beau être sérieux, l'esprit sarcastique et porté sur l'humour dont faisait preuve Meryl n'était pas passé inaperçu tant il était rare qu'une personne parle de ses troubles en y ajoutant de la légèreté. En général, c'était même plutôt l'inverse. Lorsqu'elle commença à entrer dans le vif du sujet, Adrian joignit ses deux mains devant lui en posant ses coudes sur le plateau de la table, rapprochant son visage pour presque toucher ses mains, les yeux rivés sur les -plutôt jolis- yeux de la jeune femme.

Les informations qu'il en tira ne manquèrent pas de le surprendre. A aucun moment il n'aurai pu soupçonner qu'elle venait d'une tribu de nomade, tant son attitude guillerette qui semblait la caractériser lui donnait de crédibilité en tant que citadine. Adrian avait de toute façon peine à imaginer un nomade en train de s'amuser et de rire, que ça soit un cliché ou non, il n'avait guère envie d'explorer le sujet aux vues du funeste destin de sa compagne, il y a de ça quelques temps maintenant. "Ex-Matricis" fut un premier terme sur lequel l'apothicaire s'apprêtait à exprimer le besoin d'en savoir plus. Il fut devancé par son interlocutrice qui précisa son propos juste après. Sans sourciller, Adrian écoutait attentivement chaque mots, chaque détails de la sombre histoire que lui dessinait Meryl. Dans un autre contexte, il aurai possiblement demandé moult précisions quant à ce fameux Ex Matricis, poussé par sa curiosité naturelle, mais il s'abstint cette fois, ayant en face de lui la victime de ce supplice.

L'histoire que lui narrait Meryl était abjecte, voir inhumaine aux yeux d'Adrian. Malgré cela, il ne s'autorisa comme à son habitude aucun jugement de valeur. Son visage ne trahissait d'ailleurs comme à son habitude aucune émotion, qu'elle soit positive ou négative, il gardait son regard plongé dans celui de son interlocutrice jusqu'à ce qu'elle termine son récit. S'il y a bien quelque chose dans lequel Adrian excellait, c'était dans l'utilisation de ce masque de neutralité qui lui avait permis notamment de ne jamais rendre vulnérable une personne qui le consultait. Au fond de lui cependant, et bien qu'il n'en trahisse rien...Adrian avait un sentiment qui naissait au fond de lui. De la pitié ? Certainement pas. Ce sentiment s'apparentait plus à de la colère, un profond ressentit d'injustice envers cette femme qui se tenait devant lui et qui, malgré son état la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, avait réussi à lui décrocher un sourire.

Adrian prit sa tasse tout en se remettant dans le fond de sa chaise, but une gorgée de thé, puis poussa un petit soupir, comme pour ponctuer l'assimilation de toute cette histoire. Il ne fit cependant aucun commentaire sur la passé de la jeune femme, se contentant de revenir sur l'immédiate question pour entrer dans le cœur du problème. Selon lui, faire des conjectures sur une possible guérison et tenter d'interpréter les soins apportés à la jeune femme à l'époque relevait d'une grossière erreur digne d'un escroc de premier ordre. Avoir le contexte de l'histoire était important, mais ils n'allaient pas pouvoir s'éviter la consultation des écrits de son père, seul détenteur de l'information que demandait la jeune femme.


"Vous semblez douter du fait qu'elle m'aidera
- Je doute quant au fait qu'elle ne nous rende la tâche facile en effet, j'ai une autre piste plus fastidieuse, mais il serai idiot de ne pas commencer par ce qui se trouve à notre portée."

Il marqua une petite pause pour boire une nouvelle gorgée de son infusion, avant de poser sa tasse, presque à l'exact endroit ou elle reposait précédemment.

"Meryl...Ma mère...est une personne tout à fait respectable, mais elle est aussi une belle représentation de ce qu'est notre peuple aux yeux des autres, gonflé d'arrogance et très conservatrice...Je pense que nous pourrons la convaincre de nous laisser faire mais...Je crains qu'elle ne puisse être désagréable avec vous.
-Alors ça pour une surprise. Répondit-elle, faisant naitre à nouveau ce sourire sur son visage.
- Il valait mieux que je sois franc avec vous malgré tout, même si je ne cautionne pas cette attitude moi-même."

Instinctivement, Adrian lui rendit son sourire, presque par mimétisme au caractère communiquant de la jeune femme. Il avait un peu appréhendé devoir annoncer ça de but en blanc, il n'était pas aisé de présenter des différences d'appartenance sociale sans que le sujet ne soit mal interprété. Une chose était sure, l'apothicaire lui n'en avait rien à faire que Meryl ne soit pas Amaranthis...C'était peut-être même le contraire. Assis dans le fond de sa chaise, il s'était reprit à jouer distraitement avec sa barbe impeccablement taillée, ressassant les informations qu'il avait reçu, interprétant la suite de cette quête. La simple idée de s'imaginer entrer dans le bureau de feu son père avait fait remonter un frisson le long de l'échine d'Adrian, qui avait serré le poing contre son menton pendant une petite seconde avant de reprendre son tic habituel. Il se posait des questions...sera-t-il réellement capable de plonger la tête la première dans le passé de son géniteur? Si on lui avait demandé il y a peu encore, la réponse aurai été évidente. Cette fois-ci en revanche, Meryl comptait sur lui, elle avait du passer au delà d'inquiétudes et de questionnement pour venir fouler à nouveau le sol de cette boutique...Qui sait, peut-être était-ce le temps d'affronter le passé. Adrian reprit la parole alors qu'un petit silence s'était installé.

"Ces documents...quoi que ma cher mère en dise, je ferai en sorte que nous puissions les consulter, savoir ce que contient ces écrits sur votre vie est un droit qui vous revient. Nous pouvons nous rendre là-bas dès aujourd'hui...ou un autre jour si vous avez besoin de temps."

Le regard d'Adrian luisait d'une détermination assez inhabituelle chez lui, et bien qu'il espérait que sa mère coopère, une partie de son esprit était convaincu qu'ils ne repartiraient pas de la demeure familiale Amaranthis sans en savoir plus. Était-ce par la motivation de faire face à ses démons une bonne fois pour toute que l'apothicaire s'investissait autant dans cette mission? Ou bien souhaitait-il en aidant la jeune femme simplement l'empêcher de faire disparaitre ce sourire un jour de son visage?
Meryl
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Lun 8 Mar - 22:11

L'indifférence dont semblait faire preuve Adrian à la suite de son récit était étrangement réconfortante. Elle n'avait pas besoin de sa compassion, seulement de son aide ; aide qu'il était d'ailleurs tout disposé à lui offrir, sans rien demander en échange. C'était tout ce qu'elle pouvait espérer. Dans ses moments d'errance et guidée par simple désespoir, elle s'était retrouvée à quérir l'aide de ses pairs, qui eux s'étaient engouffrés dans la brèche de sa souffrance pour en tirer le maximum de bénéfices. Combien de larmes les avait-elle vu verser pour la persuader qu'ils ressentaient toute sa douleur ? Juste du baratin. Elle n'en avait récolté que plus de souffrance et une estime d'elle-même proche du néant. Aujourd'hui, tout était différent. Adrian était différent.

Malgré les avertissements de l'apothicaire, Meryl n'avait pas peur d'une future rencontre avec sa mère. Une Amaranthis arrogante et persuadée de sa propre supériorité ? Grands Dieux, elle en avait vu d'autres. Essayez de survivre à une messe de cinq heures en Haut Ascanien et vous serez capable d'endurer les pires souffrances que l'humanité à en réserve. Et Adrian serait avec elle, il n'y avait pas de raison de penser que lui n'obtiendrait pas ce qu'il voulait. À moins que les rapports des mères Amaranthis avec leurs progénitures mâles avaient des subtilités qui lui avaient échappé jusque là. Était-ce possible ?

- Nous pouvons nous rendre là-bas dès aujourd'hui... ou un autre jour si vous avez besoin de temps.

- Aujourd'hui, répondit-elle avec résolution.

Elle avait rassemblé tout son courage pour passer le seuil de cette boutique ce matin, elle ne savait pas si elle serait capable de réitérer l'exploit dans un futur proche. Maintenant qu'elle était lancée, autant aller jusqu'au bout. Elle laissa  Adrian mettre de l'ordre dans ses affaires en suspend et prévenir ses futurs clients et patients qu'il serait absent durant la matinée. Adossée sur la façade du Lys d'Argent, Meryl envisagea quatre ou cinq fois de disparaître et d'oublier cette histoire, avant que le bruit des clés dans la serrure la ramène brusquement à la réalité. Adrian était là, semblant attendre qu'elle lui emboîte le pas, ce qu'elle finit par faire.

Sur le chemin, elle ne put s'empêcher de faire la conversation.

- Est-ce qu'elle mord ?
- Elle ne se laisse pas faire, disons, répondit l'apothicaire dans un rictus.
- Est-ce qu'il y a des sujets que je dois éviter d'aborder ? Je veux dire... à part... euh... Oubliez ça, donnez-moi plutôt les sujets que je peux aborder. Il y eut un petit silence. Ne vaut-il pas mieux que je n'ouvre pas la bouche, tout simplement ?
- Ce serait dommage de se priver de votre bonne humeur Meryl. Évitez simplement d'amener le sujet de mon père aussi abruptement qu'avec moi la première fois.
- Je suppose que je dois également éviter de me retrouver à califourchon sur elle. Ne me regardez pas comme ça ! Ce sont des choses qui arrivent ! Ça arrive même à des gens très bien !
- Je pense que si vous faisiez cela, elle pourrai bel et bien vous mordre en effet.

Et Meryl ne voulait pas non plus que cela arrive. Soit, ne pas parler du papa et aucune agression physique. Tout devrait bien se passer. Au pire, elle pourrait toujours jouer les femmes fragiles et simuler un évanouissement avant de ramper discrètement vers la sortie. Une technique qu'elle n'avait jamais tenté auparavant, mais elle avait toujours à cœur d'innover. Elle laisserait de toute façon Adrian mener la barque exactement comme il l'entendrait, car il serait chez lui là-bas, contrairement à elle.

- Je meurs de chaud. Vous n'avez pas chaud ?
- Ah... heuuu... Oui il fait... un peu chaud.

Intrigant ce garçon. Il était parfaitement imperturbable les trois quart du temps, mais dès qu'on lui parlait météo, il perdait ses moyens. Elle se promit d'enquêter sur cet étrange comportement auprès de sa mère, si elle en avait l'occasion. Lorsqu'Adrian stoppa sa marche, elle lui rentra à moitié dedans. Il s'était arrêté devant une bâtisse, un manoir dans le pur style Amaranthis -c'est à dire bien trop tape à l'oeil selon ses propres standards- et lui indiqua qu'ils étaient arrivés. Le regard de Meryl s'attarda longuement sur cette maison, et réalisa seulement maintenant à quel point la famille d'Adrian était importante, ou avait été importante, sans doute.

- Bon... Je vous laisse mener la danse, docteur.

Elle lui souriait, visiblement en confiance à ses côtés.
Adrian Mayr
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Mar 9 Mar - 14:10
Passé trouble et futur stérile Living11

Milieu de matinée |  Quartier Amaranthis | Demeure familiale Mayr | An 82, 3ème mois d'Été, Jour 2

Bien qu'habituellement solitaire, Adrian devait admettre que faire la conversation sur le trajet n'avait pas été des plus désagréable. Entre autre, il avait évité de trop ruminer la suite de leur quête qui n'était pas des plus engageante. A mesure que le binôme approchait de la demeure familiale, l'apothicaire sentait son esprit s'agiter et commencer à perdre le fil de leur conversation, si bien qu'il eut l'air un peu ridicule à bafouiller alors qu'elle parlait -encore- de la pluie et du beau temps. La conversation se ponctua d'un petit moment de silence tandis qu'ils se tenaient devant la porte close de l'imposante demeure qui surplombait même les habitations voisine de ses deux étages surmontés d'un grenier. Adrian hocha la tête en réponse à la dernière phrase de Meryl puis posa sa main sur la poignée de la lourde porte. Il soupira un bon coup, comme par anticipation des tensions à venir, et enclencha le mécanisme qui libéra l'accès à l'entrée.

L'intérieur de la demeure familiale d'Adrian n'avait rien à envier à sa façade extérieure. Dès les premiers pas dans ce qui faisait office de hall d'accueil, l'aisance financière des habitants ne faisait aucun doute. De forme carrée, cette première pièce haute de plafond donnait accès à plusieurs pièces de la maison de par ses deux portes latérales. En face des visiteurs se profilait un couloir orné de moulures, bordé par un cadre en bois blanc cerné par deux plantes massives dans des poteries cuivrées. Au bout de cette allée, une double porte de bois sombre était close et suscitait l'accès à la pièce principale de se rez de chaussée. Un large escalier surmonté d'un tapis au centre de ses marches prenait sa base sur la droite de la pièce, juste après la porte latérale, pour monter sur un étage dont un balcon dessinait un U surplombant le rez de chaussée. D'en bas, on distinguait de nombreuses portes sur la façade haute ainsi qu'un couloir traversant de gauche à droite.

Un lourd silence pesait sur la demeure, seul les pas des protagonistes qui avançaient au centre de la pièce raisonnaient sur les dalles lustrées agrémentés de motifs ornementaux assez sobres. Adrian était patient, il savait pertinemment qu'aucune entrée ne passait inaperçu dans cette demeure. Une petite minutes après les entrée, une personne fit son apparition à l'étage depuis le couloir de gauche. Droit comme un I et soigné au possible, Hans, l'homme à tout faire de la maison se dirigeait vers les nouveaux arrivants. Cet homme aux tempes grisonnantes remplissait tout les critères de ce qui faisait les clichés des domestique Amaranthis. Son regard froid dénotait avec le sourire faussement aimable qu'il adressa aux deux protagonistes alors qu'il descendait les marches lentement.


"Maitre Adrian, nous ne vous attendions pas aujourd'hui, j'espère que votre visite n'est pas de mauvaise augure.
- Nulle mauvaise nouvelle aujourd'hui Hans, je viens rendre visite à Mère, j'aimerai que vous nous annonciez.
- Hm, très bien monsieur, je m'en vais de ce pas vous annoncer, votre mère est dans la serre, je vous prie d'aller patienter au salon, dit-il en ponctuant sa phrase d'un geste invitant les visiteurs à s'avancer. Il n'adressa pas un regard à Meryl avant de faire volte face.
-Ce n'est pas son vrai nom, mère l'a appelé ainsi en l'honneur d'un éminent Amaranthis qu'elle déteste. chuchota Adrian à la jeune femme qui semblait à peine l'entendre, perdue dans la contemplation des lieux."

Adrian et Meryl emboitèrent le pas du majordome pour se diriger vers la grande porte au bout du couloir que l'homme ouvrit pour laisser entrer les protagonistes. Cette nouvelle pièce qui s'offrait devant eux contrastait avec la sobriété mais néanmoins luxueuse entrée. Vaste espace à vivre haut en couleur, le salon de la demeure était exposé en pleine lumière grâce à une grande baie vitrée donnant sur une cour intérieure. Ces vitres presque tout hauteur faisaient rappel visuel avec la serre de Magda Mayr, maitresse des lieux, qui occupait une large place dans le fond de la cour. Partout ou se posait le regard, la végétation était soigneusement exposées pour pouvoir évoluer sans empiéter sur les plantes voisines, une harmonie de couleur et de motif illuminait cette pièce à vivre, autour d'un mobilier styllisé caractéristique des gouts Amaranthis. Le sol carrelé aux couleurs argile brillait au gré de la lumière. Cet amas de couleurs et l'abondance de décoration créait un réel contraste avec la boutique d'Adrian. L'apothicaire invita Meryl à s'assoir sur une banquette confortable sur laquelle il s'installa également, faisant dos à l'extérieur.

Il fallut attendre quelques minutes dans un silence qui devenait pesant pour qu'un son de lourde porte se fasse entendre un peu plus loin, ponctué de pas raisonnant dans le couloir. Presque dans le même temps, Hans revint par l'autre coté de la maison, muni de trois tasses blanche fumantes qu'il déposa soigneusement sur une petite table devant les deux compagnons, sans un mot ni un regard. Il disparut vaquer à ses occupation aussi vite qu'il était apparu.


"Quelle surprise nous avons la, Adrian Mayr qui donne un peu de son temps pour rendre visite à sa vieille mère...

C'était en parlant d'une voix calme et presque trop polie pour être honnête que Magda entra dans la pièce à vivre. Habillée d'une robe d'érudit verte ornée d'une fourrure blanche fine reposant sur ses épaules au dessus d'une tunique elle-même également d'un vert plus profond, la maitresse de maison ne manquait pas d'élégance. La cape brodée de dorures et bouclée près de son épaule gauche suivait les mouvements lents et assuré de la mère d'Adrian, accentuant l'harmonie de sa gestuelle. Le visage a peine ridée de la matrone était marqué par une expression d'une neutralité encore plus déroutante que celle de son fils. A bien y regarder, la ressemblance dans les mimiques faciales devenait flagrante. Les long cheveux détachés de la femme Amaranthis commençaient à témoigner l'Age de leur porteuse, tirant de plus en plus sur le gris depuis la base de son front. Magda posa pour la première fois son regard sur la jeune femme qui accompagnait son fils, ne trahissant rien visuellement de son ressentit. Elle prit la parole en reportant son attention sur l'apothicaire qui n'avait pas encore parlé, habitué à ce que sa mère prenne son temps de parole en premier.

"J'ose imaginer que ce n'est pas par plaisir de me faire la conversation que tu es la, mon fils, sinon, tu serais seul. lança-t-elle d'un ton tranchant, posant pendant une secondes un regard sombre sur Meryl.
- Sachez mère que je suis toujours heureux de vous voir, quel que soit les circonstances. Adrian ponctua sa phrase d'un sourire timide, bien que sincère. La tension montait en lui. Il est vrai que je ne suis pas la uniquement pour une tasse de thé. Mère, je vous présente Meryl, cette femme est...une patiente dont je m'occupe des soins depuis maintenant quelque temps
- Une patiente…rétorqua Magda en mettant l'accent sur l'hésitation de son fils. Fort bien, et pourrai-je savoir pourquoi cette jeune femme se trouve en ta compagnie dans notre demeure dans ce cas ?
- J'allais y venir, mère."

Adrian laissa peser un silence de quelques secondes tant son ton avait été marqué par l'irritation du moment. Le fait que sa mère devine la moindre cachotterie ou omission de détails que pouvait faire Adrian avait le don de l'horripiler au plus haut point, lui qui était habitué à pouvoir se dissimuler derrière un masque de neutralité la plupart du temps. Le fait qu'elle parle de la jeune femme comme si elle n'était pas la n'aidait pas non plus à temporiser cette crispation.

"- Lors d'une consultation, Meryl ici présente m'a confié avoir été prise en charge il y a longtemps pas un médecin. Un médecin réputé, je pense que je n'ai pas besoin d'en dire plus pour que vous compreniez de qui nous parlons. Aujourd'hui, dans le cadre des soins que je lui prodigue...je vais avoir besoin de consulter les archives de père…
- Allons bon ! éclata-t-elle d'une voix toujours distinguée. Voila une nouvelle des plus improbable en effet! Elle braqua son regard sur Meryl, la fixant de manière condescendante. Vos yeux sont remarquable jeune fille mais je doute qu'il n'ait suffit à amadouer mon fils pour qu'il souhaite remuer le passé, vous devez avoir un certain talent pour...
- Mère !"

Chose rare, Adrian, le poing serré et les yeux rivés vers Magda, venait d'interrompre sèchement sa mère avant qu'elle ne devienne réellement condescendante. Bien qu'il savait Meryl résistante à la provocation et qu'il saluait d'ailleurs intérieurement le fait qu'elle ne se soit pas manifesté à sa place pour le moment, il n'avait aucune envie de voir la situation tourner au carnage, pas ici, pas maintenant qu'il s'était resilié à replonger dans un passé qu'il aurai préférer faire disparaitre de sa mémoire. Le regard de la matrone revint sur son fils, adoucissant presque tout ses traits, ses yeux exprimait l'espace d'un instant une image très maternelle que peu de gens ne lui connaissait.

"- Adrian, as-tu conscience de ce que tu es en train de faire. Je ne t'ai jamais interdit l'accès, mais n'oublie pas que tu t'y es toujours refusé.
- J'ai bien conscience que vous essayez de me protéger...Mais aujourd'hui ma décision est prise, je dois me rendre dans son bureau.
- Mon fils, je ne peux m'opposer à ton choix et malheureusement, tu le savais déjà. Quant à vous jeune femme. Le visage de la matrone se tourna à nouveau vers Meryl. Ne vous essayez pas à la moindre fourberie et dites moi réellement ce que vous espérez trouver en menant mon fils dans ces eaux troubles."

Cette dernière phrase sonnait plus comme une menace qu'autre chose. Bien qu'elle ne soit autoritaire, conservatrice et arrogante, Magda ne restait pas moins une mère qui pensait au bien-être de son fils. A ses yeux, une inconnue voulant faire affronter ses traumatisme à Adrian était une potentielle menace, et bien qu'elle fasse confiance au jugement de son fils, il était difficile pour elle d'appréhender cette brusque décision sans se poser de questions. Adrian ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise vis à vis de la jeune femme qui allait encore une fois devoir raconter son histoire. D'un regard fugace, il essaya de lui exprimer que tout allait bien se passer. Magda n'était pas un monstre, bien que sa curiosité mal placée dont avait d'ailleurs hérité Adrian était bien malvenue à cet instant.
Meryl
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Mar 9 Mar - 20:33

Le faste Amaranthis ne lui était pas totalement étranger ; il lui était déjà arrivé de s'incruster dans les hauts lieux de divertissements qu'offrait ce quartier, et certains déployaient tant d'énergie à exhiber leur fortune que cela frôlait l'indécence. Ce n'était pas le cas ici, et pourtant c'était suffisant pour la faire se sentir comme une étrangère. Et si seulement ce n'était que le lieu... Le serviteur qui les accueillit ne lui jeta pas même un regard, comme si elle était invisible. Soit, peut-être que cela n'était pas plus mal, en fin de compte. L'attention des autres pouvait très vite se révéler indésirable et malvenue, comme elle aurait l'occasion de le constater plus tard.

Elle suivit Adrian dans une pièce bien plus lumineuse que le reste du manoir, et resta un instant bouche bée devant le spectacle. Baignées dans la chaude lumière du soleil estival, des plantes aux couleurs vives grimpaient partout autour d'eux, donnant au petit salon des allures de forêt tropicale. Pour la première fois, Meryl dût admettre que certains Amaranthis avaient plus de goût que les autres. Ainsi, Adrian n'était donc pas le seul que la botanique fascinait. Avisant la serre dans la cour intérieure de la demeure, l'imagination de Meryl s'enflamma soudain et elle visualisa tout à coup nombre de plantes dangereuses et carnivores enfermées là-dedans. Voilà, maintenant elle mourrait d'envie d'y faire un tour.

Le thé leur fut apporté en même temps que la mère d'Adrian surgit dans le petit salon. Meryl constata presque avec surprise que le majordome avait apporté trois tasses. Elle n'était donc pas si invisible, bonne nouvelle. Ou peut-être pas. Elle tenta d'offrir un sourire en guise de salutation à l'hôte des lieux, mais celle-ci avait préféré concentrer toute son attention sur son rejeton. Soit. Il y avait suffisamment à observer autour d'elle pour qu'elle ne s'ennuie pas trop. Sa tasse de thé lui servit à nouveau de bouclier, alors qu'elle tentait de faire comme si il était tout naturel pour elle de se trouver dans cette pièce, qu'elle y était tout à fait à sa place.

- Vos yeux sont remarquables, jeune fille, mais je doute qu'ils n'aient suffit à amadouer mon fils pour qu'il souhaite remuer le passé, vous devez avoir un certain talent pour...
- Mère !

Oh, les motifs de ce tapis étaient très intéressants. Quoi que, à bien les observer, ils commençaient à lui faire mal à la tête. Était-ce le moment de simuler un évanouissement et de ramper vers la sortie ? Elle but une autre gorgée de thé et commença à se demander si on ne l'avait pas empoisonné. C'était typiquement Amaranthis ça, de se débarrasser des indésirables avec une tasse de thé empoisonnée. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle reposa la tasse tranquillement sur la petite table et plaça ses deux mains sur ses genoux de la façon la moins naturelle du monde.

Meryl se révéla étonnamment douée pour ne pas réagir alors même qu'elle était l'objet principal de la conversation. Elle en écoutait des bribes mais refusait que son cerveau assimile réellement tout ce qui se disait autour d'elle, car elle ignorait elle-même jusqu'à quel point on pouvait la prendre de haut sans finir par montrer les crocs.

- Quant à vous, jeune femme. ne vous essayez pas à la moindre fourberie et dites moi réellement ce que vous espérez trouver en menant mon fils dans ces eaux troubles.

Le regard posé sur elle évoquait davantage un oiseau de proie qu'une vieille dame sympathique. Meryl aurait pu être sensible à cet élan maternel et cette volonté de protéger son fils coûte que coûte... en d'autres circonstances. À cet instant, elle se sentait surtout en colère, en colère de devoir une fois de plus se justifier auprès de quelqu'un, de devoir raconter son histoire alors que cela ne regardait personne d'autre qu'elle-même. Le silence d'Adrian, par dessus tout, l'agaça particulièrement. Il l'avait prévenue qu'elle n'allait pas passer un très bon moment, il ne lui avait pas dit qu'elle allait devoir faire des ronds de jambe et montrer patte blanche. Dans tous les cas, il valait mieux pour eux tous que cette conversation ne s'éternise pas, alors elle consentit à jouer le jeu. Enfin, presque...

- Avec tout le respect que je vous dois, votre fils est en âge de prendre ses propres décisions. De plus, garder le passé sous un tapis en espérant qu'il finisse par disparaître si on l'ignore assez longtemps n'a jamais été une solution.

Bien qu'elle ne le regardait pas lorsqu'elle prononça cette dernière phrase, celle-ci était clairement destinée à  Adrian. Elle ignorait pourquoi il fuyait cette partie de son passé avec autant de zèle, et elle commençait à sérieusement douter que ce soit uniquement à cause de la condamnation de son père. Il y avait probablement quelque chose de plus profond là-dessous et, même s'il ne lui appartenait pas de le juger, elle avait toujours du mal à comprendre pourquoi certaines personnes avaient autant de mal à regarder le passé dans les yeux. Il n'y avait aucun avenir pour ceux qui fuyaient constamment. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait arrêté de le faire.

Sa réponse ne plut pas vraiment à son hôte, elle put le lire sur son visage, même si elle s'appliquait presque autant que son fils, à masquer ses émotions. Meryl ne lui laissa pas le temps de répondre.

- Je faisais partie d'un clan nomade, j'ai été stérilisée à l'âge de douze ans et forcée à l'exil. C'est votre mari qui m'a sauvée lorsque l'on m'a ramenée à Claircombe. Et lui seul savait si ce qu'on m'a fait subir est irrémédiable ou... s'il y a un espoir qu'un jour...

Tout comme son fils avant lui, Madga n'afficha pas plus d'émotion en l'écoutant. Meryl pensait naïvement que cela en resterait là, elle n'anticipa aucunement la suite.

- Ne vous a t-on jamais dit que les histoires les plus simples sont les plus crédibles, jeune fille ?
- Pardon ?
- Vous n'imaginez pas à quel point les travaux de Jörgen fascinent l'ensemble du monde médical Amaranthis et combien sont prêts à tout pour mettre la main dessus. Tous rivalisent d'imagination quand il s'agit d'en subtiliser n'en serait-ce qu'une partie. Combien vous a t-on payé pour vous faire passer pour une ancienne de ses patientes ? Ce ne serait pas la première fois qu'un tel subterfuge serait utilisé...
- Ce n'est pas vraiment pour faire ce genre de chose qu'on me paye d'habitude.
- Alors là, je vous crois sur parole. Son rictus sournois en disait long ; elle imaginait sans mal le type de service que Meryl vendait d'habitude. Cette dernière comprit l'allusion un peu à retardement, et bondit presque de son siège.
- Ça suffit ! Vous ne voulez pas entendre, alors vous verrez !

Debout face elle, Meryl déboucla sa ceinture avant de faire tomber son pantalon sur ses hanches et d'en extraire sa chemise jusqu'à l'ôter totalement, dévoilant l'hideuse cicatrice qui lui barrait le bas du ventre. Boursouflée et étirée sur la longueur, elle était le fruit d'une blessure infligée à un âge relativement jeune et témoignait surtout de la barbarie avec laquelle elle avait été refermée, au moins la première fois. Si elle ne semblait pas avoir de problème pour l'exhiber de la sorte, elle évitait en revanche elle-même de la regarder. Elle se tourna alors vers Adrian.

- Si la seule chose qui pose problème est que je vous accompagne là-bas, alors je resterai ici.
Adrian Mayr
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Mer 10 Mar - 13:06
A peine la conversation engagée entre les deux femmes que déjà une remarque un peu acerbe lui était destiné. L'apothicaire ferma les yeux de crispation pendant quelques secondes, d'un coup bien moins sur du bon déroulement de l'échange à venir. Adrian connaissait sa mère, elle ne l'aurai pas laissé parler à la place de Meryl, quoi qu'il arrive. Lorsque la jeune femme conta à nouveau son histoire, l'apothicaire tenta d'analyser les réactions de sa génitrice, sans grand succès, mis à part pour y lire une certaine forme de mépris grandissant. Il ne s'attendait pas non plus à la joute verbale courte mais intense qui suivi entre les deux femmes. A la seconde ou Meryl ponctua sa dernière phrase, Adrian tenta trop tardivement de réagir...Avant qu'elle ne révèle sa blessure.

Il se mua dans le silence un instant, tout comme sa mère qui, malgré son expression toujours quelque peu figée, avait les yeux rivés sur la cicatrice que lui présentait la jeune femme. Les secondes parurent des heures à Adrian, jusqu'à ce qu'elle pivote sur elle même pour lui faire face. Il put constater de ses yeux que les dires de Meryl concernant l'abjecte action de stérilisation nomade n'était en rien exagéré. D'un œil avertit, il était évident que l'opération avait été provoquée avec violence, sans aucune intention de faire les choses proprement...Encore moins lorsqu'il eut s'agit de refermer la plaie. L'apothicaire avait réussi à garder son sang froid de médecin face à une patiente lorsque Meryl lui fit face, exposant sa cicatrice. Il détacha lentement son regard du bas ventre meurtri de Meryl pour croiser le celui de la jeune femme tandis qu'il se relevait doucement. Etrangement, Magda avait respecté ce silence et laissait maintenant à Adrian le loisir de s'exprimer.


"Mère, je sais que vous cherchez à protéger les écrits de père, mais ne me manquez pas de respect en pensant que j'agis inconsciemment. Meryl ici présente est en droit de savoir ce que lui réserve l'avenir et je crois qu'il est temps pour moi aussi d'avancer.
- Adrian, mon fils, si tu savais le nombre d'hommes que j'ai vu tomber pour les yeux d'une belle, tu comprendrais.
- Il n'est point question de cela, Mère. Dit-il avec une pointe de gêne mêlée d'agacement. N'est-ce pas l'apanage de nos professions que d'aider les autres? Devrais-je laisser Meryl errer dans l'inconnu par simple égoïsme? Comme père l'aurai probablement fait ? Ajout a-t-il d'une voix plus reservée.
- Tu es trop bon mon fils, cela te perdras un jour...Mais soit, je t'ais toujours dit que le contenu de cette pièce te revenais de droit. Si tu te sens prêt, vas y. Dit-elle d'une voix étonnement résiliée avant de tourner la tête vers Meryl. Rhabillez vous, jeune fille, nous en avons assez vu."

Adrian fut surpris d'entendre Magda s'adresser directement à Meryl à nouveau, toujours avec une certaine condescendance certes mais sur un ton plus calme malgré tout. Adrian se tourna à nouveau vers la jeune femme, la suppliant presque du regard de ne pas relancer les hostilités.

"Meryl, il ne me parait pas convenable que vous restiez en bas à m'attendre. Accompagnez-moi, s'il vous plait."

C'est d'un bref hochement de tête qu'elle lui répondit. Toujours dans le calme, Adrian s'avança vers le couloir menant à l'entrée et passa la double porte pour revenir dans le grand hall. Le binôme emprunta en silence l'escalier menant au premier étage. D'ici, Adrian s'engagea dans le couloir de gauche, toujours suivi de Meryl.  Ils passèrent devant plusieurs portes avant de découvrir une ouverture qui donnait sur un nouvel escalier, plus fin que celui du rez-de-chaussée. C'était l'un des deux accès au deuxième étage, le second étant dans le couloir opposé. Adrian fut prit d'une brève hésitation qui le bloqua son pied sur la première marche.

"Encore navré de vous avoir mis dans l'embarras, en bas. Ma mère est obstinée, elle ne m'aurai pas laissé parler à votre place et...Bref, pardonnez-moi."

Comme habité d'une détermination renouvelée, Adrian s'engagea dans l'escalier sans avoir laissé le temps à Meryl de répondre. L'esprit de l'Amaranthis était embrumé, chaque marche qu'ils franchissaient lui paraissait comme une épreuve de plus sur ce périlleux chemin qu'empruntaient les protagonistes. Malgré cela, il gardait en tête ce qui les avait mené tout deux à fouiller le passé. Il avait accepté d'apporter son aide à Meryl et rien que pour ça il était hors de question qu'il fasse machine arrière. Il lui était arrivé plusieurs fois d'essayer de gravir ces quelques marches pour ensuite franchir la porte du bureau de son père, sans succès jusqu'à maintenant. La seule différence cette fois était qu'il n'y allait pas seul, et pas uniquement pour lui-même.

Les deux protagonistes arrivèrent à l'étage où une porte semblait les attendre juste en face de l'escalier. Cette lourde porte en bois rouge sombre encadrée d'un mur blanc donnait sur le bureau de Jörgen, pièce dans laquelle Magda avait fait consigner tout les travaux qu'elle avait pu conserver de son défunt mari. Si cela n'avait tenu qu'à elle, ce bureau n'existerait plus aujourd'hui, mais elle s'était toujours refusé à priver son fils de son droit d'héritage, aussi sombre soit-il. Planté devant la porte, Adrian eut à nouveau un moment ou il se figea, les yeux rivés sur l'entrée du bureau. Un tourbillon de souvenir commençait à l'envahir, allant de son plus jeune âge à la veille de l'arrestation de son père, tout défilait à une vitesse folle sans qu'il ne puisse vraiment contrôler quoi que ce soit. Si Meryl lui parlait à cet instant, il n'en remarqua rien. Retenant tremblement de sa main en crispant tout son bras, il posa finalement ses doigts sur la poignée de la porte, poussa un long soupire et ouvrit.

Si des bribes de souvenirs envahissait déjà l'esprit d'Adrian, c'est un flot ininterrompu de réminiscence qui prit le contrôle de lui alors qu'ils pénétrèrent dans le bureau de Jörgen. Comme si le temps dans cette pièce avait été figé depuis le jour de l'arrestation. Mis à part les nombreux éléments entreposés à posteriori dans ce bureau par sa mère, rien n'avait changé depuis l'époque ou le père d'Adrian vivait encore. La grande pièce était sobre, voir même austère et dénotait grandement avec l'aspect plus chaleureux du salon. Un bureau massif trônait au fond de la pièce, devant une bibliothèque murale des plus impressionnante. La partie gauche des rayonnage était entièrement remplie d'ouvrages et de manuscrits aux reliures épaisses. Sur la droite, des dossiers reposaient sur les longues étagères, tous en ligne et probablement classé méticuleusement. A gauche de la porte, un second bureau, de taille un peu moindre et ressemblant plus à un plan de travail d'appoint occupait l'espace. Lorsque les yeux d'Adrian se posèrent sur ce bureau, il eut un frisson et une expression de colère passa sur son visage. C'était ici qu'il avait étudié la médecine, dès son plus jeune âge. Jörgen ne le laissait guère sortir de cette pièce tant qu'il n'avait pas considéré que son fils avait suffisamment bien avancé dans son apprentissage. Deux grandes fenêtres voyaient leur entrée de lumière occultée par des rideaux massifs.

D'instinct, l'Amaranthis s'approcha du bureaux en question, laissant glisser ses doigts sur la surface boisée. D'un petit balayage de main, il dégagea la poussière sur une petite partie de la surface pour laisser apparaître des taches sombres ancrées définitivement dans le plan de travail. Lorsqu'il était encore assez jeune, son sang avait marqué ce bureau, un jour ou son père avait refusé de le soigner d'une blessure lors d'un exercice, l'obligeant à écrire ses leçons avec la main ensanglantée et tremblante. Il frappa très doucement du poing la zone marquée avant de s'en détourner. Son regard s'égara un instant sur Meryl, le ramenant à la réalité de la raison de leur présence. D'une démarche lente et relativement hésitante qu'on ne lui connaissait pas ou peu, Adrian se dirigea vers l'amas de dossiers qui semblait à ne point douter être les écrits archivés de son défunt père. Il s'adressa à Meryl sans se retourner.


"Pourriez vous ouvrir les rideaux s'il-vous-plait?"

A nouveau ses doigts glissèrent le long des documents, comme si Adrian découvrait quelque chose qui lui était encore inconnu. Alors que la lumière pénétrait dans la pièce, Adrian tira un premier au hasard dans les premiers rayonnage et l'ouvrit sans ménagement. L'écriture de son père figurait sous ses yeux, lui exprimant un profond dégout à sa simple vision. Tentant de garder un maximum de contenance, il tira de sa poche un étui duquel il sortit la même paire de lunettes que celle qu'il portait au Lys d'argent plus tôt dans la journée et la mit sur son nez. Il balaya succinctement les premières lignes du dossier pour rapidement comprendre que tout n'était pas classé par ordre alphabétique, ce qui n'était pas pour arranger l'apothicaire. Dans un second dossier, tiré un peu plus loin, il n'y avait même pas de nom de patient...Son père ne notait cette information que lorsqu'il la jugeait importante, autrement dit, il avait seulement eu de la chance de voir un noms dès le premier document. La classification qu'avait utilisé son père semblait fastidieuse et imprécise aux yeux de beaucoup de gens, mais lorsque l'on creusait un peu, elle relevait d'une minutie déroutante dont seul le créateur pouvait en comprendre l'entièreté des secrets. Adrian étudia de plus près les dossiers, prenant et reposant une bonne dizaine de ceux-ci avant de finalement se saisir d'une première, puis d'une seconde pile de dossiers. Il déposa les deux piles soigneusement sur le bureau massif de son père. Il tira la chaise en arrière et regarda Meryl avant de s'asseoir.

"Je crois que je vais avoir besoin d'un moment pour trouver ce que nous cherchons...Mais je vous écoute, si vous ressentez l'envie de parler."

La voix d'Adrian était étrangement basse, il avait le sentiment qu'une partie de son énergie était vampirisée par cet endroit, brisant partiellement son sang froid et son flegme habituel. Il gardait malgré tout une certaine neutralité dans son propos, toujours avec cette même intention de ne pas exprimer de la pitié mal placée. Son regard en revanche brillait d'une concentration poussée à l'extrême dès qu'il entamait la lecture d'un dossier.
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Mer 10 Mar - 18:10

À croire qu'il suffisait de plonger les gens dans l'embarras pour obtenir ce qu'on voulait. La technique de l'évanouissement n'aurait pas pu donner de meilleurs résultats que celui-ci, et maintenant qu'ils étaient tous bien mal à l'aise, elle n'avait plus qu'à prendre la fuite. Moralité : dès que vous ne savez plus quoi dire, faîtes tomber le haut. Meryl ne se fit pas prier pour accompagner l'apothicaire à l'étage ; plutôt mourir que de rester à boire le thé avec cette bonne femme, dont elle se força à ne dire aucun mal sur le trajet ; il lui fallut mobiliser beaucoup de contenance mais surtout garder les dents bien serrées.

L'hésitation d'Adrian avant de franchir les portes du bureau ne passa pas inaperçue. Une fois à l'intérieur, Meryl ne put que s'interroger davantage ; certes l'endroit était austère, mais il n'y avait aucune collection d'organes flottant dans de sinistres bocaux sur les étagères. Lorsqu'il le lui demanda, elle ouvrit les lourds rideaux qui bloquaient l'accès à la lumière du jour d'un coup sec, libérant un épais nuage de poussière qui lui déclencha une quinte de toux. Cette pièce semblait cristalliser tellement de choses qu'on interdisait vraisemblablement son nettoyage par le domestique du manoir.

Elle décida alors d'ouvrir la fenêtre, tant l'air lui semblait irrespirable, et bientôt s'ajoutèrent les chants des oiseaux à la lumière qui dispersait les ténèbres de la pièce. A nouveau focalisée sur son triste Amaranthis, elle ne put que constater qu'il avait perdu encore quelques couleurs, si tant est que cela soit possible. L'agacement qu'elle avait pu ressentir à son égard encore quelques minutes auparavant s'évanouit presque instantanément.

- Est-ce que vous allez bien ? Pourquoi est-ce aussi dur pour vous d'être ici ? 
- Relever la tapis sous lequel était enfoui le passé, comme vous dites, ne m'est pas facile. Il y a des dizaines de raisons qui m'ont empêché de revenir ici plus tôt.

Il n'avait visiblement pas l'intention d'en dire plus, tout comme elle n'avait pas l'intention de lâcher l'affaire aussi facilement, même s'il aurait été bien plus poli d'en rester là. Meryl n'avait jamais été du genre poli, de toute façon.

- Des dizaines de raisons ?
- Minimum, si ce n'est plus... Ce lieu est... Il soupira. C'est ici qu'il m'a enseigné la médecine, ici également qu'il m'a privé d'une partie de mon enfance. Cloîtré entre ces quatre maudits murs, je n'avais d'autre choix que de faire ce qu'il disait, d'écouter et d'apprendre. Pas une fois je n'eus le droit de faire autre chose de mon enfance ou de mon adolescence.Vous allez sûrement trouver cela anodin comme problème comparé à ce que d'autres peuvent vivre, mais je vous épargne les détails de son comportement.

Adrian était crispé, comme à chaque fois qu'il parlait de son père. Le regard inquisiteur de Meryl étudiait le moindre de ses gestes alors qu'il répondait à ses questions. Elle voulait comprendre, pas simplement déduire. Et ce n'était pas uniquement pour qu'ils soient tous deux sur un pied d'égalité, maintenant qu'elle lui avait exposé les détails de son passé sordide. Elle n'avait jamais eu de difficulté particulière pour décrypter les gens, c'est d'ailleurs ce qui faisait d'elle quelqu'un qui s'adaptait remarquablement vite à son environnement. Adrian, en revanche, était encore une énigme. Plus elle l'observait, et moins elle le comprenait ; elle levait un mystère pour s'apercevoir qu'il en cachait dix autres. Malgré son évident manque de tact, elle était dénuée de toute malveillance à son égard, même si son absence de délicatesse aurait pu laisser croire l'inverse.

- Est-ce que c'est pour ça que vous êtes toujours triste ? Que vous buvez parfois jusqu'à oublier où vous habitez ?
- Vous êtes bien la première à vous poser la question. Je vous en informerai lorsque j'aurai trouvé la réponse au fond du verre.

Elle crut un instant deviner l'esquisse d'un sourire mais impossible d'en être sûre. Elle n'était sûrement pas la première à s'être posée la question, loin de là, elle était simplement la première à oser la poser à haute voix. Mains sur les hanches, elle-même lui sourit franchement avant de secouer la tête.

- Vous devriez lever le nez de ce verre et peut-être chercher ailleurs.

Meryl sentait qu'elle n'obtiendrait rien de plus dans l'immédiat, son triste Amaranthis étant trop occupé à gérer les sombres souvenirs que cet endroit lui évoquait. Elle le laissa donc à sa lecture, dans l'ombre de la pièce, et resta près de la fenêtre, sous la lumière aveuglante.
Adrian Mayr
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Jeu 11 Mar - 0:13
Adrian peinait à décrocher le regard des dossiers qu'il épluchait. Même quand Meryl lui parlait,  il continuait à survoler les écrits de son père. Son regard se leva au dessus de ses lunettes à l'écoute de la dernière phrase de la jeune femme pour entre apercevoir ce sourire qu'il s'attendait presque à rencontrer en relevant les yeux, il la suivit du regard une seconde ou deux tandis qu'elle se dirigeait dans l'entrebâillement lumineux de la fenêtre. Depuis la toute première fois qu'il l'avait rencontré, l'apothicaire se trouvait quelque peu fasciné par cette faculté qu'avait la vagabonde à sourire et à ironiser. A force de discuter avec elle, il en venait même à anticiper l'apparition de ce fameux sourire ou de cette pointe d'humour. C'était probablement grâce à cette attitude détachée qu'Adrian ne s'offusquait pas des questions assez directe de la jeune femme. Radicalement différente des fréquentations d'Adrian, elle dénotait sur le tableau morne et rythmé par le travail de la vie de l'Amaranthis, ce qui, à bien y réfléchir, n'était en rien désagréable.

Secouant doucement la tête pour ne pas divaguer plus encore, il revint à ses lectures, posant un dossier pour prendre le suivant. Une nouvelle fois, son regard s'attarda sur des détails qui firent grincer des dent l'apothicaire. Dans la majorité des cas grave, les patients était considérés comme des jouets d'expérience et rien dans l'écriture de Jörgen ne les ramenait à leur condition d'humain. Tant qu'ils étaient entre ses mains, ces malheureux se retrouvaient aux yeux de leur "sauveur" dénués de toute valeur en tant que personne. Voila quelque chose qui échappait complètement à Adrian. Expert dans le fait de conserver son professionnalisme et sa neutralité, il ne pouvait pas pour autant se soustraire au fait de prendre en considération l'état d'esprit de la personne mandant son aide. Est-ce parce qu'il accepte de soigner quiconque en exprime le besoin et non les cas les plus inédits qui se présentaient? Possiblement. Adrian posa presque rageusement ce nouveau dossier qui de toute évidence ne parlait pas de Meryl. Sa lecture ne le menant à rien, il fit glisser la pile de dossier non consulté sur le coté du bureau et se releva pour faire les cent pas devant la partie des archives. L'Amaranthis promenait ses yeux sur les dossiers en jouant avec sa barbe, son coude reposé sur son autre main tandis qu'il réfléchissait.

Se projeter dans la tête de son père n'avait rien d'amusant pour lui, il se forçait à se focaliser sur son objectif en faisant fit du lieux dans lequel il se trouvait. Malgré cela, Adrian avait régulièrement des tics nerveux qui trahissait régulièrement son inconfort. Il claqua des doigts alors que l'idée lui vint d'un coup, comme si il était étonnant qu'il n'y ait pas pensé avant. Semblant chercher précisément quelque chose, l'Amaranthis faisait défiler les dossier de ses doigts, en ouvrant un ça et là. Il lui apparaissait évident qu'un cas aussi à part que Meryl devait être classé dans un groupement spécial de documents. Car oui, avoir une nomade comme patiente n'était pas commun pour un médecin Amaranthis. Après avoir scruté les étagères en long, large et travers, Adrian trouva les mots clés qui l'intéressait. Satisfait d'avoir probablement vu juste, il tira de la rangée de documents une petite pile qui semblait regrouper les études de cas sur les patients nomades. Il était presque surprenant de voir que Jörgen disposait d'autant d'écrits à leur sujet...Mais l'apothicaire se refusa à se poser plus de questions quant à leur obtention.

Adrian survolait les dossiers, étrangement impatient de trouver celui de Meryl. Concentré au possible, il en oublia un instant ses troubles pour se consacrer uniquement à sa lecture. Chaque fois que les éléments ne concordaient pas, il passait au dossier suivant, refusant de consulter plus encore les études de son géniteur. Un dossier attira son œil…"Patiente 312. Sexe féminin. Âge estimé : entre 11 et 12 ans. Origine inconnue. Utgardienne ? À confirmer". Son regard se posa sur la crinière de Meryl qui pouvait très bien laisser penser qu'elle était Utgardienne. Il reporta son attention sur la lecture, réajustant machinalement ses lunettes. Il continua sa lecture..."Trouvée fiévreuse et délirante dans la forêt...Plaie sur le bas ventre...Pronostic vital...Plus aucun doute n'habitai Adrian à cet instant, il continua à lire. La voix de son père raisonnait dans sa tête, manquant de le faire rater des éléments, mais tout devenait plus limpide à chaque mots qu'Adrian assimilait. A mesure qu'il progressait dans la lecture, la colère s'empara de lui, faisant bouillonner son sang dans ses veines. Chaque phrase était plus abjecte les unes que les autres, ne prenant à aucun moment la considération de la jeune femme en tant que victime de sévices. Mobilisant ses ressources pour rester calme, il exprimait à nouveau cette impartiale neutralité d'un médecin face à un patient, faisant déserter toute possible trace de pitié ou de compassion...pour le bien de Meryl, il devait dans un premier temps lui présenter les faits tel qu'ils étaient.


"Meryl. J'ai trouvé votre dossier.
Son regard croisa celui de la jeune femme, qui n'eut pas de remarques à formuler, incitant Adrian à continuer.

Adrian se leva, dossier en main, faisant quelque pas dans le vaste bureau, comme pour éviter ses tics nerveux et canaliser sa colère toujours parfaitement dissimulée. L'apothicaire se devait de dire la vérité à Meryl, bien que l'idée de la préserver d'une sombre nouvelle lui ait traversé l'esprit. Il n'avait pas le choix, briser son engagement envers la jeune femme lui semblait décidemment inconcevable.

"Après lecture des écrits de Jörgen, il s'avère qu'il vous à bel et bien permis de survivre. En revanche...il est écrit noir sur blanc que certains de vos organes endommagés n'ont pas été réparés...Cet homme à...fait le choix de ne pas vous sauver de la stérilisation."
Il marqua une très courte pause, abatant cette dernière phrase comme un couperet. Bien que toujours marqué par sa neutralité habituelle, Adrian plongea son regard dans celui de Meryl.
- Je suis désolé Meryl."

Alors qu'il se taisait, la colère montait de plus en plus en lui. Son père aurai pu bien agir, aider une personne dans le besoin de la meilleurs manière qui soit, au lieu de cela, il avait préférer espérer l'étudier après sa mort afin d'en savoir plus sur la malédiction...Adrian reposa soigneusement le dossier sur le bureau qui fut le sien par le passé, s'adossant sur le rebord boisé du plan de travail, en silence. Il était difficile pour lui d'admettre que son propre père était à l'origine, encore une fois, d'un malheur. Qui plus est, l'apothicaire aurai sincèrement souhaité découvrir une facette de son père qu'il ne connaissait pas. "Rien n'est jamais vraiment tout noir ou tout blanc", voila ce qu'elle lui avait dit à leur rencontre quand elle avait mentionné le fait que Jörgen lui ait sauvé la vie. Adrian avait ruminé cet argument dans un coin de son esprit, nourrissant un minuscule espoir de voir un peu de lumière sur les abysses de son passé. Une fois de plus, son père avait excellé dans l'exaction.
Meryl
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Sam 13 Mar - 22:27
Pas de réaction particulière. L'apothicaire put croire un instant qu'elle n'avait pas bien entendu, ou peut-être pas bien compris. Pourtant ses paroles avaient été limpides ; peut-être qu'il fallait juste attendre que l'information fasse son chemin. Meryl ne semblait pas spécialement surprise, pas spécialement déçue, pas spécialement en colère, triste, choquée, blessée, soulagée. Et c'était déroutant. Parfois, ne rien ressentir était plus inquiétant que de s'effondrer en larme ou de tout casser autour de soi. Elle, elle restait là, une main le long du corps, une autre sur sa hanche, dans une posture plutôt détendue, la respiration calme, son regard résolument braqué vers celui de son interlocuteur.

- Oh. Eh bien... C'est comme ça.

Elle eut même l'audace de lui sourire.

- Ne faîtes pas cette tête. On s'y attendait, non ?

Malgré son masque imperturbable, quelque chose avait dû le trahir, car Meryl semblait d'un coup bien plus inquiète pour lui qu'elle ne l'était pour elle-même. Comme si les choses n'étaient pas déjà assez étranges.

- Vous êtes quelqu'un de bien, Adrian. Vous avez presque immédiatement accepté de m'aider, et malgré le mal que cela vous fait d'être ici aujourd'hui, vous avez tenu parole. Merci. Et merci de ne pas m'avoir menti pour m'éviter de la peine, comme tout le monde a toujours tendance à faire dans ce genre de situation.

Se pouvait-il que cela ne lui fasse vraiment rien ? Non, à bien y réfléchir, c'était impossible. Mais Meryl était ainsi. Elle parvenait à ignorer sa souffrance suffisamment de temps pour l'explorer à loisir quand le moment était propice. Et ce n'était pas le bon moment. Elle serra le poing brièvement, à s'en faire blanchir les jointures, ce qui n'échappa pas à Adrian. Elle exploserait. Peut-être pas maintenant mais à retardement, à n'en point douter.

Mais à ce moment précis, il était impossible pour lui de faire éclater la bulle dans laquelle elle se trouvait. Cela aurait été bien trop cruel et inutile. Elle s'avança vers lui et, doucement, attrapa son avant-bras en exerçant une légère pression sur celui-ci.

- Aucun de nous n'a mérité ce qui lui est arrivé. Il faut juste vivre avec. Et je vous promets qu'un jour, ça ira mieux.

Et la parole d'une survivante avait tout de même un peu de poids, non ? Cela restait étrange de se faire réconforter par quelqu'un à qui on venait d'annoncer qu'elle ne fonderait jamais de famille. Elle lui sourit, une dernière fois, avant de faire volte-face. Malgré son apparente décontraction, elle voulait mettre le plus de distance possible entre elle et cet endroit. Et exploser. Loin. Là où personne ne verrait rien et dans l'indifférence totale.

Passé trouble et futur stérile W69b

La douleur arriva plus tard, vive, percutante, mais rapidement anesthésiée. C'est dans une taverne miteuse Amaranthis -oui, ça existait- qu'elle avait trouvé refuge, avalant tout ce qu'on voulait bien lui servir ; elle n'était pas bien difficile à contenter. Et plus tard, le Lotus Noir prit le relais et lui évita de trop penser. Pourquoi était-elle autant accablée alors qu'il n'y avait eu aucune surprise dans les révélations de l'apothicaire ? Son espoir était maintenant mort, enterré, emmuré, ensablé, exactement comme elle l'avait voulu. Une page se tournait, fin de l'histoire.

Elle avala son dernier verre avant d'en commander un autre qu'on refusa de lui servir au prétexte qu'elle n'avait pas payé les douze premiers. Elle jeta rageusement son argent vers le tavernier avant de prendre le large, sans même s'inquiéter de savoir si le compte y était. Errant dans les rues, elle s'attira toutes sortes de regards désapprobateurs, ou du moins en avait-elle l'impression. Sans réellement s'en rendre compte, elle était revenue à son point de départ, délaissant les secteurs les moins favorisés pour se retrouver parmi l'indécente opulence Amaranthis. Cet endroit lui donnait la nausée, et pas seulement à cause de l'alcool ingurgité.

Perdue dans ses pensées, le bruit d'une porte que l'on ouvre brusquement et la clameur d'une soirée bien arrosée dans un établissement de jeux très fréquenté la firent sursauter. De l'autre côté de la rue se tenait un -visiblement- riche Amaranthis en compagnie de trois de ses amis, ce dernier posa les yeux sur elle avant de rompre soudain la distance qui les séparait. Heureusement pour lui, elle était bien trop imbibée d'alcool et embrumée par la drogue pour remarquer le regard lubrique dont il gratifia l'ensemble de son corps.

- C'est combien pour le reste de la nuit ?
- Pardon ?

Est-ce que l'alcool lui brouillait tant l'esprit qu'elle n'était même plus capable de comprendre qui que ce soit, ou est-ce que cette question n'avait définitivement aucun sens ? Il était très tard, certes, mais ce n'était pas une raison pour ne faire aucun effort. L'Amaranthis se mit à éclater de rire et ses amis l'imitèrent, Meryl se contenta de froncer les sourcils, tout en ayant la désagréable impression d'être victime d'une farce dont elle ne saisissait pas bien la teneur.

- Mes amis et moi, reprit-il après l'hilarité passée, on se demandait combien tu demanderais pour nous raccompagner. Je n'habite pas très loin, et je suis prêt à parier n'importe quoi que tu n'auras jamais rien vu d'aussi somptueux de toute ta vie. Et puis, le Lotus Noir coûte un peu cher, par ici. Peut-être un peu trop cher pour toi.

Meryl sentit le rouge lui monter aux joues ; pas de gêne, non, mais de rage. Le poing serré, les paroles de la mère d'Adrian un peu plus tôt dans la journée firent un curieux écho dans sa tête. « Alors là, je vous crois sur parole ». Alors voilà pour quoi elle passait aux yeux de ce peuple condescendant, vaniteux et cupide ? Une pauvre fille qui ne devait probablement n'avoir rien d'autre à vendre que ses charmes ? Assez désespérée pour accepter de se vautrer avec des porcs de leurs espèces juste pour pouvoir inhaler un peu plus de Lotus Noir ?

Plutôt se noyer dans les égouts que de passer une seconde de sa vie dans la même pièce que l'un d'entre eux. N'importe quel autre jour que celui-ci elle se serait contentée de les insulter copieusement. Ce soir, elle était d'humeur belliqueuse et flanqua son poing dans la tête de ce type avant de lui envoyer son genou dans l'entrejambe. Mais à une contre quatre, les choses tournèrent vite court et Meryl se retrouva bien vite étalée dans la rue, l'arcade sourcilière ouverte et béante de sang.

Ce fut le serveur de l'établissement qui, alerté par les bruits, vint à sa rescousse. Penché au dessus d'elle, il avisa sa blessure avec une grimace.

- Ça n'a pas l'air d'aller fort.
- J'ai effectivement connu des jours meilleurs.

Elle ne le voyait plus que d'un œil, l'autre étant totalement submergé par le sang qui coulait partout sur l'autre moitié de son visage. Les plaies à la tête saignaient toujours de façon spectaculaire, mais elle savait que sa blessure était superficielle.

- Venez, je vais vous amener à quelqu'un qui s'occupera de ça rapidement.
- Je vais très bien, répondit-elle obstinément.
- Hum, sans vouloir vous vexer, j'ai vraiment pas l'impression que ce soit le cas. Allez, vous verrez, il fait des merveilles en très peu de temps.

Baragouinant des excuses pour se soustraire à cette aide imposée, Meryl fut néanmoins contrainte de le suivre lorsqu'elle réalisa qu'elle n'avait de toute façon aucun endroit où aller et l'idée de se retrouver -encore!- au dispensaire Ascanien pour le reste de la nuit ne l'enchantait guère. Lorsqu'il s'arrêta brusquement, Meryl comprit où il avait l'intention de l'emmener. Est-ce que les Dieux se fichaient d'elle, une fois encore ?

- Non, non. Non, non, non, pas ici, souffla t-elle presque à elle-même.
- Il est très doué, vous verrez, répondit son guide avant de toquer à la porte du Lys d'Argent.
- Vous allez le réveiller ! Je n'ai pas besoin de soin, je vais très bien...
- Il a l'habitude, vous savez.

Mortifiée, Meryl pria pour que le sol s'ouvre soudain sous ses pieds. Elle n'aurait su expliquer pourquoi mais elle n'avait pas envie que son triste Amaranthis la voit dans cet état. Elle qui avait fait mine d'aller parfaitement bien plusieurs heures auparavant, la voilà qui débarquait devant chez lui, pitoyable et malheureuse.

Elle s'accroupit en face de la devanture et posa lourdement son front contre le mur de la boutique. Avec un peu de chance, il n'était pas chez lui ce soir. Oui. Peut-être qu'il avait eu exactement la même idée qu'elle et qu'il était allé faire taire ses démons dans une taverne plus haut de gamme que la sienne. Tous ses espoirs volèrent en éclat lorsqu'elle entendit le bruit d'une clé et d'une porte qui s'ouvre. Elle ne releva pas la tête et ses cheveux cachaient presque entièrement son visage mais elle l'entendit faire un pas vers elle.

- Salut, docteur, dit-elle à mi-voix. Le temps est orageux ce soir, pas vrai ?

Comme elle aurait voulu disparaître...
Adrian Mayr
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Lun 15 Mar - 13:09
La non réaction de Meryl avait d'abord surprit Adrian tant elle ne lui semblait pas appropriée. Ce n'était pas la première fois qu'il annonçait une mauvaise nouvelle à quelqu'un, et ce ne serai surement pas la dernière. Pourtant, lorsqu'il regardait la jeune femme cachée derrière son sourire, cette colère inhabituelle n'avait de cesse de se manifester, l'emplissant de ce sentiment d'injustice qu'il se refusait normalement de ressentir face à un patient. Il écouta attentivement les dires de Meryl, reconnaissante de l'aide qu'il avait pu lui apporter. Quant au fait de mentir, cela lui avait traversé l'esprit...mais à quoi bon raconter des histoires si ce n'est pour en payer les conséquences plus tard. Agir de la sorte serai revenu à ne tirer aucun enseignement du passé. Son regard perçut un mouvement bref de la main de Meryl, son poing serré, signe d'une crispation évidente et inévitable. Il ne connaissait que trop bien cette rétention de douleur qui mettait le système nerveux dans tout ses états. Résilié, il savait également qu'il n'y avait rien à faire, si elle lui souriait, c'était aussi pour faire montre d'une barrière qu'elle ne souhaitait pas voir être franchie, pas maintenant en tout cas. Pourtant Adrian, si peu expérimenté qu'il ne l'était en relation humaine savait exactement que quelques mots auraient suffit à briser cette carapace et libérer un flot de douleur qui sommeillait jusqu'au bout des phalanges blanchies de la jeune femme. Il n'en fit rien cependant, restant là, interdit.

S'égarant dans ses ruminations, comme pour se préserver également de ce sombre instant, il sentit la main de Meryl se poser sur son avant bras, lui faisant plonger son regard émeraude dans les yeux de la jeune femme. Une promesse...Une promesse d'un jour meilleurs, un jour ou le poids d'un passé trop lourd à porter s'effriterai pour laisser place à quelque chose de plus lumineux, pour l'un comme pour l'autre. Au travers de ce sourire qui vint ponctuer sa phrase, Adrian vit une forme de sincérité qui le fit frissonner tant elle paraissait explicite et rassurante. L'espace d'un instant, le médecin eut envie de la croire, de lui répondre, lui dire que tout irai bien. Mais à nouveau, il n'en fit rien, laissant seulement son regard exprimer ce masque que des années de privation avaient figé sur son visage, un masque qu'il prétendait apanage d'un médecin, mais qui n'était autre qu'une ablation sentimentale, forte utile dans son domaine, certes, mais également destructrice dans sa vie de tout les jours. Façonné pour ne pas vivre d'émotions, il n'aurai souhaité à cet instant que lui rendre son sourire.

Elle quitta la pièce sans attendre, faisant raisonner au loin le pas pressé d'un escalier dévalé deux marches par deux, laissant Adrian seul dans cette sombre pièce emplie de souvenirs lointains. Lentement, il se dirigea à nouveau vers le bureau de son défunt père. Chaque pas semblait lui prendre une éternité, le craquement lancinant des planches de bois sous ses bottes ne faisaient qu'amplifier le phénomène. Sans un bruit, sans une seule expression marquée sur son visage, Adrian s'empara d'un dossier, l'un de ceux qu'il avait sortit et entreposé sur le plan de travail. Il le referma soigneusement, pour ensuite le reposer à l'exact emplacement ou il l'avait trouvé. Puis il répéta l'action, document par document.

Dans l'encadrement de la porte, Magda contemplait son fils. Elle avait croisé Meryl au détour du hall d'entrée, se faisant discrète alors que la jeune femme quittait la demeure Mayr par la porte principale. La matrone Amaranthis avait rejoint le bureau de Jörgen sans un bruit, posant un regard maternel sur son fils qui, en silence, rangeait les dossiers, un par un, sans même remarquer sa présence. Une forme de tendresse traversait son esprit, elle qui n'avait su faire montre de compréhension envers Meryl, campée sur ses idées que tout ce qui s'approchait de près ou de loin à l'héritage d'Adrian n'était que danger potentiel. Ses yeux émeraude plus foncés que ceux de sa progéniture suivaient Adrian qui continuait ses aller retour, rangeant avec le soin qu'on lui connaissait les dossier, sans se détourner une seule seconde de son activité. Elle fronça les sourcils lorsqu'il s'arrêta devant le dossier encore ouvert qui était le seul encore entreposé sur ce bureau. Maintenant assis devant se dossier, légèrement dans l'ombre qui contrastait avec la lumière blafarde des fenêtres, Magda eut la sensation elle aussi de se plonger dans le passé. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, car aujourd'hui elle réalisa qu'Adrian ne ressemblerai jamais à son père.


"Plonger dans le passé n'est jamais chose aisée mon fils...Je crois malgré tout que tu as bien fais d'imposer ta volonté.
- Ai-je eu raison de prendre ce chemin, venir ici à nouveau...C'est... Sa phrase mourut dans le silence.
- Oui, tu as bien fais, car aujourd'hui tu as fais ce que ton père n'était pas capable d'envisager.
- Mettre mon orgueil de coté ?
- Aider quelqu'un sans servir ton propre intérêt, Adrian. Voila ce qui aujourd'hui t'as mené ici, pour faire face à tout ça. Je...je suis fière de toi, mon fils." Conclu-t-elle avant de faire volte face.

Adrian restait impassible, la main posé sur le dossier alors qu'à son tour Magda quittait les lieux. Une part de lui en voulait à sa mère de s'être comporté ainsi, jugeant hâtivement une personne d'un autre univers que le leur, tout comme son peuple savait si bien le faire. Il comprenait malgré tout qu'elle se place sur la défensive, régulièrement confrontée aux personnes envieuses de s'emparer des recherches de Jörgen, inventant des excuses plus rocambolesques les unes que les autres. La dernière phrase de sa mère n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd cependant faisant écho aux remerciements que lui avait adressé Meryl plus tôt. Méritait-il ces remerciement? Il n'en savait rien.

Il s'empara du dossier puis se releva pour retourner vers le bureau de plus petite taille, son bureau lorsqu'il était jeune. Soigneusement, il entreposa le dossier de Meryl dans un tiroir dont la clé reposait encore dans la serrure. , Les mécaniques usées et poussiéreuses du verrou se manifestèrent alors qu'Adrian entreprenait de sceller l'accès aux documents. Glissant la clé dans sa poche, il quitta les lieux sans se retourner. Il ne croisa ni sa mère ni Hans lorsqu'il rejoignit l'entrée. Ce fut simplement en se retournant une dernière fois, la main sur la lourde poignée de la porte principale, qu'il remarqua sa mère, droite et fière, au bout du couloir. Il lui adressa un petit hochement de tête avant de s'en retourner chez lui.


Passé trouble et futur stérile W69b10

La liqueur aux reflets dorés tournoyait avec précision dans le verre qu'Adrian agitait sans le décoller de son bureau. La porte de la boutique verrouillée, l'apothicaire n'avait guère l'esprit à dormir, encore moins que d'accoutumée. la chaise orientée parallèlement à son bureau, le verre tenu de la main gauche, ses yeux se perdaient sur l'étagère de fioles et autre préparation qui lui faisait face. La bouteille tout juste ouverte trônait au centre du plan de travail. Voila déjà une bonne dizaine de minute qu'Adrian s'était servi ce premier verre, annonçant le début d'une longue série le menant généralement à l'oubli. Il n'avait pas l'habitude de se laisser porter par ses démons chez lui, préférant en règle générale fuir son quotidien et éloigner ses troubles de son lieu de vie. Aujourd'hui, tout était différent. Cette confrontation avec son passé l'avait contraint à faire face à des choses qu'il n'avait eu de cesse de refouler, tentant en vain de s'en détacher. Chaque détails de son passage dans le bureau de son père lui revenait en tête. S'il avait été capable de prendre du recul, il se serai rendu compte que le fait de retourner dans cette pièce n'était pas si dramatique, mais son esprit ne lui permit pas une telle fantaisie.

Toujours sur le même rythme, tout prenait vie dans les pensées d'Adrian, arrivant irrémédiablement sur la consultation de ce dossier que Meryl et lui était venu consulter. Au fond de lui, il avait sincèrement espéré pouvoir y découvrir quelque chose qui donnerai de l'espoir à la jeune femme, en plus d'un élément atténuant l'image qu'il avait de son père. Rien de tout cela n'arriva, car la découverte des écrits de son géniteur n'avait fait que renforcer cette représentation néfaste qu'avait Adrian pour lui. Les mots employés dans l'étude étaient durs, froid et dénué de toute attention humaniste. Bien entendu, un dossier médical n'était pas fait pour se vouloir fantaisiste et bariolé de niaiserie. Pour autant, il n'était pas non plus nécessaire ni correct de considérer un patient comme un objet de recherche, souhaitant avec impatience la mort du sujet pour l'étudier plus en détail.

Adrian porta le verre à ses lèvre, les yeux toujours rivés dans le vide. Il s'arrêta net, figeant le liquide à un centimètre de sa bouche. Une phrase lui revint en tête, une fois...Deux fois...dix fois…

"j'aurais pu sauver certains organes pour la reproduction future mais j'ai fait le choix de ne pas le faire."

La voix de son défunt père prononçant cette phrase raisonna comme un tambour de guerre dans la tête d'Adrian. Le visage déformé subitement par la colère, il projeta violemment son verre en direction du mur. Un fracas se fit entendre alors que le récipient s'écrasait lourdement contre l'étagère, entrainant une réaction en chaine qui fit tomber un bon nombre de décoctions au sol, dans un enchainement de bruit d'éclats qui semblait n'en plus finir.

Le silence retomba lourdement. Déséquilibré par le choc, une des rare fioles ayant résisté à la casse se décrocha également, roula dangereusement sur la surface boisée de l'étagère en direction du vide. Adrian la rattrapa in extremis avant qu'elle ne s'ajoute aux taches sombres et aux éclats de verre qui jonchait le sol sous ses pieds. Sourcils froncés, il regarda le petit contenant quelques secondes avant de le poser sur son bureau. Haletant, l'apothicaire avait du mal à mettre de l'ordre dans ce qui venait de se passer, une telle démonstration de violence n'était pas dans ses habitudes, loin de là. Une chose était sure, il n'arrivait pas à accepter le fait que son père ait agit ainsi vis à vis de Meryl. Il avait à nouveau eu la preuve que son géniteur n'avait jamais été quelqu'un de bien, même s'il avait sauvé la vie de la jeune femme, ce n'était nullement par volonté d'aider mais bien pour bénéficier d'un nouveau sujet d'expérience et étancher sa soif de connaissance, quel qu'en soit le prix. Le cas précis de Meryl ne faisait qu'amplifier ce ressentit, car bien qu'il ne s'en rende pas vraiment compte, le sourire et l'optimisme de la jeune femme venu quérir son aide était quelque chose qu'il avait fini par apprécier à sa juste valeur. Personne ne méritait d'apprendre ce qu'Adrian lui avait révélé aujourd'hui.

Reprenant son calme lentement, il entreprit de ramasser les bris de verre alors que quelqu'un frappa à sa porte...Voila qui était bien sa veine, une possible urgence alors qu'il venait de renverser plusieurs décoctions au sol. Tant pis, il n'avait pas le temps de tout débarrasser avant d'aller ouvrir. Il n'y avait presque jamais autre sujet qu'une urgence lorsque quelqu'un tambourinait à sa porte en pleine nuit. Adrian se mua dans son habituelle neutralité avant de déverrouiller la porte. Avançant dans l'encadrement de l'entrée, il fit face à une personne qui ressemblait à un serveur. Une bonne nouvelle au moins...Ce n'était pas la garde qui venait mander son aide pour soigner un de leur confrère blessé, raison la plus fréquentes des irruptions nocturnes. L'homme se tenant devant lui s'adressa à Adrian avec un air un peu gêné, tout en baissant les yeux sur le coté.


"Monsieur Mayr...Excusez-moi de vous déranger je vous ramène quelqu'un qui à besoin de soin, elle à été blessée lors d'une bagarre et...
- Laissez-nous..je m'en occupe, merci."

La voix de l'apothicaire s'était faite inutilement autoritaire à la seconde ou ses yeux s'était posé sur ce que lui désignait la nouveau venu du regard, laissant le serveur pantelant sur le pas de la porte. L'homme n'insista pas et fit volte face sans demander son reste. Juste à coté de la porte, accroupie et face contre le mur reposait Meryl, le visage entièrement enfoui dans ses cheveux dans lequel la mince lumière s'échappant de la boutique laissait entrevoir des taches rougeâtres. L'apothicaire n'aurai jamais pensé la revoir de si tôt, il se demandait même s'il la reverrai un jour après cette matinée aux tragiques découvertes. Adrian s'avança vers elle lorsqu'elle lui adressa la parole.

- Salut, docteur. Le temps est orageux ce soir, pas vrai ?

Dans un autre contexte, cette phrase l'aurai probablement fait sourire, mais il ne pouvait réprimer cette sincère inquiétude qui lui enserrait le cœur à cet instant, bien qu'il n'en trahisse presque rien à l'extérieur. Il s'accroupit juste à coté de la jeune femme, patient malgré la coulure de sang qu'il voyait descendre le long du mur pour se répandre sur le sol. Bien que l'abondance du fluide vital pouvait paraitre alarmante, Adrian ne s'affola pas outre mesure. Il savait dans quel état de nerf se trouvait Meryl, ou du moins il le devinait, et la brusquer serai une belle idiotie. Il parla sur son ton habituel, avec tout de même une pointe de douceur.

"Quel que soit ce que vous cherchez Meryl, le mur de ma demeure ne vous y aidera pas. Venez avec moi...Nous allons vous soigner."

Il tendit sa main en avant, offrant le choix d'une assistance pour se relever à la jeune femme. Vigilant et impassible d'apparence, Adrian surveillait tout de même chaque détail afin de ne pas risquer à ce que Meryl ne fasse une mauvaise chute. Il essayait dans le même temps de déduire l'état dans lequel elle se situait, avait-elle bu? consommé des drogues? ou s'était-elle simplement lancé dans une bagarre afin de se défouler un peu? il en saurai surement un peu plus rapidement.
Meryl
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Lun 15 Mar - 17:48
Dans un premier temps, elle refusa obstinément de tourner les yeux vers lui. Ce mur était tout ce qui la protégeait du jugement des autres, et même si Adrian n'avait jamais eu de regards ou de paroles déplacées à son égard depuis qu'elle le connaissait, elle savait que c'était uniquement parce qu'il camouflait toutes ses émotions derrière un masque. Qu'avait-il pensé d'elle jusqu'ici ? « Pauvre fille », sans doute. Après tout, c'était ce qu'elle était ; l'état dans lequel elle se trouvait à cet instant ne faisait que le confirmer, s'il en doutait encore.

Elle aurait dû refuser l'assistance du serveur avec plus de conviction, elle le savait, mais elle n'avait pu s'y résoudre. Ils étaient rares à voler à son secours, et elle s'interdisait de mordre sans distinction les gens qui lui voulaient du mal des gens qui lui apportaient leur aide. Mais parfois, la limite qu'elle se fixait était rompue. Combien de temps cela prendrait-il avant qu'elle ne finisse par blesser son triste Amaranthis ? Cela arriverait, aussi certainement que le soleil se levait chaque matin. C'était une certitude, parce que c'était ainsi que cela finissait toujours.

À contrecœur, elle tourna finalement sa tête, pour l'observer de son œil valide, le front toujours posé contre la façade du bâtiment. Pupille dilatée, odeur d'alcool, arcade sourcilière fendue, Adrian put cocher une à une toutes les cases de ses suppositions : elle avait bu, elle avait pris de la drogue et elle s'était battue. Et même dans ces circonstances, elle réussit à lui sourire par dessous le sang qui maculait la moitié de son visage.

- Il vous a réveillé pour rien, ça va aller.

Elle en était intimement convaincue, ce qui se sentait dans sa voix.

- Cette tâche de sang semble dire le contraire.


Lorsqu'elle s'écarta suffisamment du mur pour constater de quoi il parlait, elle réalisa qu'elle était en train de repeindre la façade de sa boutique avec son sang. Quelle catastrophe. Même pas fichue de garder son sang à l'intérieur de son corps, comme n'importe qui d'à peu près civilisé. Non, elle, non seulement elle se mettait à saigner pour trois fois rien, mais en plus elle en mettait partout. Il n'y avait plus qu'à espérer que les nuages chargés de pluie au dessus de leur tête craquent pour de bon, histoire de faire disparaître tout ça.

- Et je ne dormais pas.

Voilà qui changeait toute la donne et lui ôta la curieuse culpabilité qu'elle avait dans la poitrine. Enfin, une partie. Elle sentait que quoi qu'elle dise, il ne la laisserait pas partir. Soit, il était sobre et pleine capacité contrairement à la derrière fois, alors qu'elle était lasse et débordante de chagrin : il avait l'avantage. Elle avisa la main qu'il lui tendait et approcha la sienne... avant de se raviser. Elle avait maintenue la plaie avec ses mains pour éviter de se vider en chemin, elles étaient plein de sang et Meryl n'avait aucune envie de salir son triste Amaranthis. Elle se redressa donc par ses propres moyens, chancelante mais vraisemblablement encore capable de mettre un pied devant l'autre.

Dans la boutique, un curieux désordre régnait. Soit quelqu'un avait encore eu du mal à allumer la lumière avant de se frayer un chemin parmi les fioles... soit Meryl était encore plus cuite qu'elle ne le pensait parce qu'elle ne se souvenait même pas d'être entrée en collision avec quoi que ce soit. Dans le doute, elle s'excusa quand même :

- Pardon d'avoir encore tout cassé.

Elle prit place docilement dans le siège que lui indiqua Adrian, l'esprit encore trop embrumé pour se rendre compte qu'il allait probablement devoir sortir un fil et une aiguille à un moment donné pour recoudre l'arcade. Dans un premier temps, il se contenta de nettoyer le sang assez sommairement pour  y voir un peu plus clair. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la plaie avait beaucoup saigné, il y en a avait partout dans ses cheveux, dans son oreille, jusque dans son cou, alors que la plaie n'était pas si importante. Cette dernière ne semblait même pas lui faire mal, même si les geste de l'apothicaire était précautionneux.

- Ne perdez pas de temps à tout nettoyer, je m'en occuperai plus tard.

Meryl était visiblement mal à l'aise et fuyait tout contact visuel. Il avait beau l'avoir appelée sa « patiente » devant sa mère, la vérité est qu'elle ne l'avait jamais vraiment été jusqu'ici. Et elle devait avouer que cette nouvelle position ne l'enchantait pas. Elle se sentait... vulnérable. Intimidée aussi, sans doute à cause de ces maudites lunettes. Elle s'appliqua donc à ne surtout jamais croiser son regard et s'attarda plutôt sur la décoration. Enfin la décoration... les instruments de torture disposés autour d'eux, dont certains la faisait frémir rien que d'imaginer leur utilité dans un contexte médical.

Lorsque la fameuse aiguille fut sortie, Meryl se raidit instantanément sur son siège.

- Si vous avez l'intention de vous approcher de moi avec ça dans la main, il va me falloir plus d'alcool. Beaucoup plus.

Elle lui accorda finalement un regard avant d'avouer dans un sourire penaud :

- J'aime pas les aiguilles.
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Mar 16 Mar - 0:33
Les pupilles dilatées, le regard a moitié voilé et un œil recouvert de sang. Adrian avait pu confirmer toutes ses suppositions, Meryl était dans un sale état, à l'intérieur comme à l'extérieur. Restait à savoir jusqu'à quel point. Lorsqu'elle se releva, Adrian se plaça en retrait pour assurer une éventuelle chute en arrière, mais la jeune femme tint bon, bien qu'un peu chancelante. Il pénétrèrent dans la boutique en silence. Adrian fut consterné de voir son étagère en si mauvais état, tout ce verre cassé, ces liquides renversés. Il se maudissait d'autant plus de la situation qu'il était pour une fois le seul responsable de tout ce bazar. Il ne releva pas l'excuse de la jeune femme, car il ne comprit pas pourquoi elle lui disait avoir tout cassé. Il n'avait pas la tête à la métaphore et ne chercha pas plus loin, concentré sur la préparations des soins. L'avantage à l'état de Meryl résidait dans le fait qu'elle ne rechigna pas à s'installer pour recevoir qu'il puisse s'occuper d'elle. Attrapant ses lunettes au vol avant de revenir vers Meryl, il s'installa sans tarder pour nettoyer sa plaie.

Il dégagea l'arcade de cet excédent de sang avec soin pour y voir plus clair. L'ouverture était superficielle, une blessure commune qui saignait en abondance et était généralement générateur d'hystérie infondée. Adrian salua intérieurement le calme qu'avait adopté Meryl quant à l'effusion sanguine, bien qu'il n'aurai pas juré qu'elle ait agit différemment avec une blessure quasi mortelle. Proche du regard de sa patiente, il remarqua cet air fuyant maladroit, mêlé à un trouble de la concentration caractéristique de l'utilisation de drogue, les yeux de Meryl dansaient de droite à gauche sur de très petit mouvements qui ne trompaient pas. Une fois la plaie dégagée et propre, il lui fit maintenir un tissu pour bloquer l'évacuation de sang qui s'écoulait maintenant beaucoup plus lentement. Il la vit se raidir et prendre la parole alors qu'il se munissait de fil et d'une aiguille. Chose rare pendant une opération, il esquissa un sourire en retour à celui qu'elle lui adressait.


- J'aime pas les aiguilles.
- Si vous n'aviez pas déjà bu je vous aurai accordé cette dernière volonté, mais il serai mal avisé d'empirer les choses
- Ou alors, pour une fois, on pourrait me laisser choisir ce que je veux bien endurer ou non...
- Le choix est le votre, deux minutes à me faire confiance et nous n'en parlons plus, ou une marche sanguinolente jusqu'à ce que la fatigue du à la redescente de substance ingérées vous mène à vous réveiller au dispensaire.

Cette dernière phrase était tranchante. Peut-être un peu trop pour l'esprit embrumé et vulnérable de Meryl à ce moment. A la lueur dansante des lumières qui entourait le plan de travail, Adrian vit les yeux de sa patiente se plonger dans les siens, pendant quelques secondes, avant de s'humidifier rapidement. Prit de court, Adrian eut malgré tout la réactivité suffisante pour anticiper ce qui allait suivre. Lorsqu'elle tenta de se lever pour prendre la fuite, le médecin mit son bras entre elle et la sortie, d'un geste sans aucune violence et qui eut l'effet de stopper le mouvement de Meryl. Il reprit hâtivement la parole d'un ton nettement moins sec que précédemment.

- Pardonnez mon manque de tact Meryl, je...J'aimerai vraiment que vous ne partiez pas sans être soignée. S'il vous plait.
- Je n'ai pas besoin de soin, j'ai besoin de boire quelque chose. Protesta-t-elle tout en se rasseyant sur le siège.
- Pas d'aiguille, juste un nettoyage et un bandage. Après cela, je verrai ce que je peux faire.

Voyant qu'aucune protestation ne vint et que Meryl lui adressa un timide hochement de tête, Adrian ne laissa rien trahir de l'inquiétude qui s'emparait quelque peu de lui, son regard avait de nouveaux croisé les yeux embués de Meryl, un trait qu'il aurai presque cru inexistant chez elle tant il était éloigné de son tempérament habituel. La tristesse de la jeune femme semblait croitre de seconde en seconde, révélant une vulnérabilité qu'il ne lui connaissait pas. Evidemment, Adrian savait que Meryl aurai eu à un moment ou un autre ce besoin de libérer sa détresse quant à ce qu'elle venait d'apprendre. Il fut presque rassuré qu'elle se retrouve à nouveau chez lui et pas sur le bord d'une venelle sombre, le visage en sang. Le médecin reposa aiguilles et fil pour aller chercher des bandes soigneusement enroulée ainsi qu'une petite boite cylindrique contenant un cataplasme. Il s'approcha de Meryl avec précaution, examinant à nouveau l'arcade ouverte dont l'écoulement semblait s'être enfin arrêté. Il appliqua méticuleusement le cataplasme pour recouvrir la plaie, soigneux dans tout ses gestes pour ne pas faire mal à la jeune femme. Il se permit de relever une partie de la chevelure de Meryl pour passer le bandage de la manière la plus confortable et discrète possible.

Une fois bien en place, il se recula pour laisser de la place à sa patiente.


- Voila qui devrait tenir votre sang à l'intérieur de votre tête...Vous pouvez vous lever. Doucement de préférence.

Adrian hésita un instant, son regard s'égara sur cette bouteille encore ouverte qui avait survécu aux multiples fracas de verre. Il reporta son attention sur Meryl et son état actuel avant de reprendre la parole. Habituellement, c'est un non catégorique qui aurai ponctué la demande de la jeune femme. Il n'était pas forcément bon de consommer de l'alcool alors que le Lotus noir agissait sur le système nerveux, Adrian ne le savait que trop bien...Malgré cela, il avisa la question dans sa tête. Cette drogue mélangée à l'alcool était généralement quitte ou double, joie à l'excès ou désarroi absolu. Dans un premier cas, Meryl aurai au moins le "loisir" de digérer ce mauvais moment et de se laisser porter par l'euphorie. Dans le second cas...Il ferai en sorte d'être là et de l'empêcher de sombrer totalement. Le professionnel en lui avait du mal à accepter cette idée, mais une fois n'est pas coutume, l'être humain derrière prit le dessus. Serpentant entre les éclats de fiole, il ramena deux verres sur le bureau, près de la bouteille, avant de reprendre la parole.

- Cinq petites minutes, voila ce que je vous demande avant d'accéder à votre requête, le temps que je sois sur que votre plaie ne va pas se remettre à saigner. L'alcool empire les écoulement sanguins. Vous allez pouvoir me supporter cinq minutes de plus ?

Après tout...il n'aurai pas dit non à ce fameux verre lui non plus, soyons honnête. Pas vraiment doué pour les relations sociales, quelque chose au fond de lui exprimait l'envie de voir disparaitre cette détresse des yeux de son amie.
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Mar 16 Mar - 18:14
Meryl était à fleur de peau comme elle l'avait rarement été auparavant. Un rien aurait pu la faire craquer : un ton sec, un froncement de sourcils trop prononcé, un soupir d'agacement. Toutes les substances qu'elle avait ingérées avaient parfaitement rempli leur rôle, au moins au début, l'empêchant de trop penser. Mais il y avait toujours un retour de bâton ; lorsqu'elles réduisaient à néant toutes les barrières censées la protéger, par exemple. Meryl était incapable d'expliquer ce qui la mettait dans cet état et elle avait parfaitement conscience que c'était ridicule. Peut-être qu'elle ne supportait tout simplement plus qu'on décide de ce qui était bon pour elle, même si elle faisait n'importe quoi, même si elle se mettait en danger. Elle voulait juste choisir, qu'on ne la traite pas comme une enfant. Le ton tranchant d'Adrian n'avait pas aidé ; même si Meryl aurait refusé de l'admettre, elle n'aurait pas réagi de la même façon s'il était agi de n'importe qui d'autre.

Quand on avait les yeux aussi dangereusement humides que les siens, on évitait de fermer les paupières. Elle resta donc les yeux grands ouverts, braqués dans un coin de la pièce où elle n'avait aucune chance de croiser le regard de l'apothicaire, jusqu'à ce qui ça lui passe. L'exercice lui causa une douleur insupportable à la tête, mais elle finit par ravaler ses larmes. Voilà pourquoi elle préférait rester seule dans des moments comme celui-là, qui sait comment elle pourrait encore réagir à l'avenir. Elle mobilisa tout le reste de sa concentration pour penser à autre chose que les doigts de son triste Amaranthis dans ses cheveux et sur son front alors qu'il ajustait le bandage autour de sa tête. Elle inspira profondément, compta mentalement jusqu'à cinq, expira de la même façon et compta encore jusqu'à cinq. Après quelques minutes, elle sentit un léger sentiment d'apaisement et un poids s'ôter de sa poitrine.

Lorsqu'il l'autorisa à se relever, Meryl resta fixée dans son siège, les jambes en coton. Ce n'est que l'appel de la boisson qui réussit l'exploit de la traîner jusqu'au bureau où deux verres les attendaient. Elle ne savait pas ce qui avait fait changer d'avis l'apothicaire mais elle l'en remercia intérieurement. Lui refuser ça, c'était se priver d'une compagnie autrement plus agréable que ce qu'elle était capable de fournir en ce moment même.

- Vous allez pouvoir me supporter cinq minutes de plus ?

Cinq minutes, une heure, une journée de plus. Sans aucun problème. Elle réprima un léger sourire.

- Je crois que oui.

Il n'y avait rien de pire que d'être en phase de descente, comme en ce moment. Bien loin de se montrer aussi enjouée et bavarde que d'habitude, elle était une personne tout à fait différente. Fuyante, contrariée, pleine d'angoisse. Elle voulait que cela cesse. Et idéalement, ne plus rien ressentir.

Cinq minutes, c'était court et long à la fois. Une éternité lorsqu'elles étaient passées en compagnie de quelqu'un d'autre dans le silence. Parfois les silences étaient agréables, mais dans son état Meryl ne trouvait strictement rien d'agréable à être fixée au travers ces pernicieuses lunettes. Et avant de se demander si c'était une bonne idée ou non, sa main alla trouver l'objet qui la contrariait tant sur le nez de son propriétaire, avant de les écarter très doucement de son visage. Voilà, le regard d'Adrian sur elle était presque un peu plus tolérable.

D'un geste, elle les mit alors sur son nez et constata avec surprise que sa vue ne fut en rien améliorée, bien au contraire. Elle fronça les sourcils d'indignation.

- N'est-on pas censé mieux voir quand on les porte ? Et dire que j'ai failli vous laisser me recoudre avec ça sur le nez...
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