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Claircombe  :: Titre :: Quartier Amaranthis :: [Terminé] Un problème n'arrive jamais seul [PV Markus et Uraïa] ::
[Terminé] Un problème n'arrive jamais seul [PV Markus et Uraïa]
Uraïa
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Mar 23 Fév - 20:35
Un problème n'arrive jamais seul

Markus Falsom & Uraïa
Après-midi |  Claircombe | Quartier Amaranthis | An 81, 2ème mois d'Automne, Jour 3
[Terminé] Un problème n'arrive jamais seul [PV Markus et Uraïa] VmigsKu


Des trombes d’eau s’abattaient sur Claircombe comme la colère des dieux sur les hommes. Le ciel s’était fendu en deux, au-dessus d’épais nuages sombres, et depuis deux jours, la fureur des éléments se déversait avec rage sans montrer de signe d’accalmie. Les ruisseaux se remplissaient jusqu’à dégueuler sur les routes en terre battue, qui devenaient de véritables traquenards. Les chariots s’enlisaient partout, jusqu’à ce que l’activité des faubourgs et des alentours proches ne ralentisse inexorablement sous cette coulée, sous ce déluge. Les maisons les plus fragiles voyaient l’eau ruisseler directement à l’intérieur des ménages, et on récupérait l’eau du mieux qu’on pouvait. Certains n’avaient jamais vu autant d’eau, et prenaient un bain providentiel pour le plus grand bonheur de leurs contemporains.

Uraïa, elle, tournait en rond en fulminant. Ils étaient bloqués là, coincés dans la bicoque de Markus alors qu’ils tenaient peut être le contrat de leur vie. Et il continuait de pleuvoir ! De pleuvoir, alors que les wyrms aquatiques - qu’on appelait aussi communément dragons d’eau -  ne se reproduisaient que trois jours par an. Ils n’auraient pas d’autre occasion d’en capturer une… Et il fallait que ce soit une femelle. Une de ces créatures farouches qui ne se montraient que rarement, et il fallait que ce soit maintenant. Non, vraiment, le client avait promis une petite fortune, et c’était à eux qu’il s’était adressé en premier, signe que leur petite équipe commençait à avoir une certaine renommée. Et ils allaient tout gâcher à cause de cette foutue pluie, de cette maudite pluie qui ne cessait pas.

Orik jeta un coup d'œil à sa sœur de lait tout en taillant patiemment un bout de bois de sa lame, tandis que Markus restait penché sur une carte comme si l’observer avec intensité allait arranger les choses. Raquel lisait un traité quelconque que l’Utgardienne aurait été bien en peine de déchiffrer. Quant à Xan’ti, cela faisait déjà une nuit qu’il partageait la volière des oiseaux. La promiscuité avec les humains ne lui valait rien, et il sentait la frustration d’Uraïa monter comme un fleuve en crue. Les heures passaient et elle allait devenir folle. Orik se redressa finalement en poussant un lourd soupir.

— Bon, je vais faire un tour, moi. Si quelqu’un veut boire une chope...

Ce fut comme le signal généralisé de la grande évasion. Markus redressa aussitôt le nez, soulagé de ne pas avoir à fixer plus longtemps cette carte qui ne l’avançait en rien et accepta la proposition avec un peu trop d’empressement pour être honnête. Uraïa bougonna :

— C’est ça, allons nous murger pendant que le contrat nous file entre les pattes...

Mais avant qu’Orik n’ait pu argumenter, Raquel quitta elle aussi le refuge de son livre épais et sauta sur ses pieds.

— Je vous suis.

Orik frappa dans ses mains joyeusement, ravi qu’une de ses idées trouve enfin grâce aux yeux de l’Amaranthis puis s’approcha sans méfiance d’Uraïa, l’enlaçant par les épaules avec vigueur, une familiarité que peu de personnes pouvaient se permettre avec le félon roux, comme se plaisait à l’appeler Markus depuis quelque temps, sans qu’elle comprenne pourquoi.

— Allez, petite soeur ! Viens donc ! La pluie ne va pas s’arrêter parce que tu la fixes de ton regard noir ! Vois le bon côté des choses, on est ensemble, non ? Et il n’y a rien d’autre à faire que boire et faire la fête !
— Et qui va payer tes pintes si on n’a pas de contrat ?

Raquel intervint :

— Sur ce point, elle n’a pas tort… Mais j’ai quand même envie de boire pour oublier.
— Tu entends ça, Uraïa ? La plus belle, la plus percutante, la plus intelligente des femmes de Claircombe, que dis-je, du continent, vient de me donner raison ! Je crois que ce déluge est une bénédiction… Tu ne crois pas, Markus ?
— Elle aura ta peau, Orik...
— Je n’aime pas ton défaitisme, l’ami, je pensais que toi et moi étions plus que ça… l’influence de l’éducation ascanienne fait des ravages sur les beaux esprits… Quelle tristesse !

Et sous le regard amusé de Markus, le tanneur devint tout aussi intarissable que la pluie, les entraînant sous le ciel déchaîné jusqu’à une taverne du quartier voisin. Il restait Utgardien dans l’âme et il était hors de question d’enrichir un Ascanien. Sur le chemin, Xan’ti se joignit à la troupe en regardant Uraïa avec son air surpris coutumier.

— Pourquoi est-ce qu’on part sous la pluie, Uraïa ?
— On ne va pas loin, Orik a décidé d’aller boire un coup pour passer le temps… Je te trouverai de quoi manger.

Le nomade s’enhardit au mot “manger”. Autant il n’était pas du genre à s'enivrer jusqu’à tomber par terre - bien que sa résistance en la matière laissait les autres pantois - autant il adorait manger, et était capable d’engloutir des quantités astronomiques de nourriture en prévision de quelques jours de disette, sans en souffrir le moins du monde. Il avait coutume de dire en la matière : “Il faut manger quand il y a à manger. Demain, on pourrait mourir de faim.”

Arrivés dans la partie Est de la ville, ils entrèrent dans une auberge qu’on nommait simplement “Chez Siscel”, parce que c’était ainsi que se nommait la tenancière Amaranthis. Elle était réputée pour sa cuisine autant que pour la rondeur de ses cuisses, et il y faisait toujours bon vivre (dans l’auberge évidemment). L’ambiance y était toujours surchargée d’effluves appétissantes, et quelle que soit l’heure il y avait toujours de la musique et de la bonne bière qu’il valait mieux payer rubis sur l’ongle, au risque de devenir la cible de la rancune Amaranthis. Et celle de Siscel était légendaire. Siscel connaissait beaucoup de monde et autant dire que si elle vous avait dans le pif, une bonne partie du quartier aussi.

La bande venait régulièrement se restaurer là, surtout quand les finances étaient dans le vert, ce qui permettait de trouver un compromis pour tout le monde que ce soit en matière de distance ou de préférence. Même Xan’ti appréciait les lieux, surtout parce que Siscel l’avait à la bonne et remplissait son auge à l’oeil bien des fois. Elle lui pinçait les joues avec un regard maternel en le voyant faire honneur à sa cuisine comme personne et le trouvait toujours trop maigre. “Oh mon petit chat, ils ne te nourrissent pas, ces sagouins de chasseurs, donne moi donc ton assiette, que je te remplume un peu…”. Et Xan’ti repartait le ventre prêt à éclater, quitte à rester trois jours sans manger ensuite, un sourire bienheureux sur le visage.

Cette fois, ils arrivèrent aussi trempés qu’une saucière, et déversèrent le jus de leur manteau sur le parquet brillant, ce qui tira des exclamations outrées de la propriétaire des lieux.
— Mais allez donc me mettre vos frusques à sécher devant le fourneau, bande de vauriens, vous allez me saloper mon auberge ! Oh pas toi mon petit Xan’ti, pauvre poussin, je ne peux jamais te gronder…

Ni une ni deux, les aventuriers en déveine durent se plier à la loi de l’aubergiste, sous peine d’être chassés ou de corvée de ménage, ce qui arrivait parfois quand un client dégobillait avant d’avoir atteint la sortie. Xan’ti s’installa à sa table habituelle à mi-chemin entre le fourneau et le comptoir, juste dans le passage des cuisines, l’endroit idéal pour avoir une assiette toujours pleine. La grande salle commençait déjà à être bondée, le mauvais temps obligeait tout le monde à rester à l’abri, et personne ne semblait pressé de libérer sa table, quitte à abuser de la bonne pitance de Siscel. Le reste du groupe prit place rapidement autour de Xan’ti, l’humeur déjà réchauffée par cette entrée en matière. Orik taquinait toujours Raquel qui lui opposait une indifférence notoire, et Markus tentait un compliment pour Siscel dans l’espoir d’obtenir une ristourne qui ne viendrait pas.

Uraïa soupira, dos au feu. C’était tout de même mieux que de se ronger les sangs dans la petite bicoque de Markus. De ce point de vue, elle devait admettre qu’Orik n’avait pas eu tort de les entraîner à travers la ville sous une pluie battante. Elle serra ses cheveux roux pour les faire dégorger de leur eau et patienta jusqu’à obtenir une chope. Ils trinquèrent tous, même Xan’ti en espérant un jour meilleur. Peut-être que la pluie s’arrêterait demain et tout ne serait pas perdu… Peut être. Ils en étaient à leur deuxième assiette de ragoût, trois pour Xan’ti lorsque du raffut vers la porte leur fit relever le nez.

Une bande débarqua tout aussi trempée qu’eux, cinq encapuchonnés tout comme eux. L’un d’eux rabattit sa capuche, révélant une femme au sourire large et le verbe haut, apostrophant Siscel comme une vieille amie. Les autres, un peu plus en retrait, se défirent rapidement de leurs frusques mouillées qu’ils étalèrent devant le feu, arrosant au passage les affaires de nos chasseurs qui commençaient juste à sécher. Uraïa fronça le sourcil, prompte à s’assombrir :

— Eh c’est mon manteau, ça…

L’un des individus se tourna de son côté pour voir qui l’avait apostrophé de la sorte, une sorte de grand type costaud à l’air peu commode, sûrement Utgardien pour ce qu’elle pouvait en juger. Il avait une lance de belle taille qu’il posa à côté de la cheminée.

— T’as un souci, gamine ?

Elle s’apprêta à répondre lorsqu’une femme à l’air calme posa une main sur le bras du malotru en esquissant un geste de la tête vers Uraïa.

— Mon ami est juste fâché contre la pluie.

Manière de dire qu’elle voulait en rester là. Orik porta sa main sur l’épaule d’Uraïa et sourit.

— Oh c’est rien, elle est toujours mal lunée, faites pas gaffe.

Les deux autres, une petite bonne femme rondouillarde aux grigris nomades, et un type ébouriffé leur firent signe à l’autre bout de la taverne, avant de s’installer tous les cinq à une table. Siscel s’approcha et s’attarda pour discuter quelques minutes avec eux.

— Alors mes petits, quoi de neuf ? Vous avez attrapé de belles prises ?

Celle qui semblait mener le groupe lui sourit de plus belle :

— Oh rien de nouveau, quelques cerfs à peau rouge, une vingtaine de lapins gras - si ça t’intéresse - et… Bientôt un nouveau contrat juteux. Pas plus loin qu’ici.

— Oh mais tu ne perds pas de temps, Patti !

— Eh bien, ce n’est pas pour me vanter, mais figure-toi qu’un gros client avait engagé une équipe de bras cassés pour aller chasser la wyrm, et les bégueules sont bloqués par la pluie… Il risque de l’attendre longtemps sa wyrm… Alors on a proposé de s’en charger !


Dernière édition par Uraïa le Sam 4 Sep - 0:58, édité 7 fois
Markus Falsom
Markus Falsom
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Dim 7 Mar - 22:50
Toutes les journées n’étaient pas un cadeau de la Providence, du moins pas pour les chasseurs quand il pleuvait des trombes d’eau. Markus n’était pas contre un jour de pluie ou deux quand il n’avait rien d’autres à faire que de bricoler dans son atelier en se reposant sur ses réserves. Pourtant aujourd’hui, cela tombait si mal qu’il en voulait au ciel de ne pas lui faire une faveur, ce dernier l’empêchait lui et sa bande de se mettre en route pour un contrat qui leur vaudrait une petite fortune ainsi qu’une réputation chez les Amaranthis. Raquel avait bien insisté sur ce dernier point : Être dans les bonnes grâces du peuple marchand pouvait rapporter gros, très gros.

Un long soupir lui avait échappé après avoir étudié pour la centième fois leur itinéraire sur la carte, cela était si rageant de savoir que tout était prêt et qui ne leur manquait qu’un rayon de soleil. Heureusement, la proposition d’Orik était arrivé comme la lumière d’un phare dans une pénombre tempétueuse, ils allaient enfin penser à autre chose pendant une heure ou deux. Ce n’était pas plus mal car l’atmosphère dans sa baraque devenait de plus en plus pesante ou était ce simplement Uraïa qui tournait en rond comme un Félon en cage ? Probablement les deux, la rousse n’était pas connue pour sa patience encore moins son sang froid, elle les avait suivi en bougonnant alors qu’ils prenaient la route de l’auberge de Siscel.

– On vient souvent chez toi ! Tu peux au moins nous offrir un tournée ?
– Si tu continue, Markus, tu va payer double !

La tenancière lui lança un regard de défi, le chasseur savait que s’il la poussait à bout, elle allait vraiment mettre ses menaces à exécutions où pire, le mettre dehors. Siscel avait son caractère, elle les avait en bonne grâce le groupe car Xan’ti qu’elle avait prit en affection comme une maman en manque, était avec eux. Le nomade pouvait avoir tout ce qu’il voulait et parfois ne payait même pas sa consommation. Markus payait toujours plein pot. La vie n’était pas juste.

– Tu sais...Si on trouve une autre auberge, Xan’ti ne viendra plus.
– Essaye un peu.

Le ton était narquois mais aussi emprunt d’une certaine menace, le trappeur avait menacé de subtiliser l’enfant à la mère poule. Markus avait déjà assez de femmes féroces dans son entourage, il abandonna la partie. Le nez dans sa chope, l’Ascanien d’adoption fit à peine attention à l’arrivé du groupe mené par une femme souriante si ce n’est quand Uraïa grogna contre l’un de ses membres. Un autre, un Utgardien à première vue, lui répondit sur le même ton comme deux ours qui se croisent dans la forêt, montrant les dents plutôt que de se dire bonjour. Les Utgardiens avaient besoin d’assurer au monde qu’ils étaient mal luné par peur de perdre leur identité en tant que peuple. Heureusement, Orik était une espèce à part entière et calma sa sœur de lait tandis qu’une jeune femme de l’autre groupe s’occupait de son partenaire.

Siscel s’occupa de sa nouvelle clientèle, visiblement des habitués eux aussi, Markus écoutant les échanges d’une oreille distraite. Il croisa le regard de Raquel qui ne se détachait pas de la cheffe de l’autre groupe, elle avait les même yeux plissés que pendant sa comptabilité. Markus allait gentiment se moquer quand la dénommée Patti mentionna un nouveau contrat et surtout la bande de bras cassé à qui ils l’avaient volé. Un contrat concernant une Wyrm. Donné par un Amaranthis. Bloqué par la pluie. Les enfoirés.


Markus s’était redressé malgré lui avec sa chope à la main, interdit tout comme Uraïa tandis que Raquel n’avait pas bougé, son regard fixé sur la cheftaine du groupe rival. Orik regardait les membres de son groupe sans vraiment comprendre, visiblement il n’avait pas fait attention aux paroles de Patti. Le trappeur fit un signe aux autres, il voulait en savoir plus avant que ça ne dégénère car cela allait dégénérer vu comment Uraïa était sur les rotules. Même sans l’Utgardienne, Markus n’était pas du genre à se laisser marcher dessus, surtout pas une bande de clampins qui se pensaient meilleurs qu’eux. Ils ne seraient pas les premiers ni les derniers or les rumeurs se rependaient bien trop vite dans Claircombe pour ne rien faire.

D’un pas mesuré, le chasseur s’approcha du groupe tandis que le reste de son équipe se rasseyait tout en dévisageant les autres, sauf Xan’ti, trop occupé à manger sa gamelle. Markus s’accouda à leur table avec un grand sourire, juste entre la marmule Utgardienne et Patti, cette dernière regarda Siscel puis Markus en fronçant les sourcils.

— On peut t’aider, l’ami ?
— Tout à fait, je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter votre conversation...Je sais, je sais c’est bien malpoli de ma part néanmoins j’aimerais savoir comment vous, vous allez faire pour chasser une Wyrm avec la pluie...Parce que voyez vous je suis moi mêm...
— Qu’est ce que ça peut te foutre ?

La brute du groupe l’avait coupé sans vergogne et le regardait avec un air agacé comme si Markus était un insecte géant qui l’empêchait de boire sa chope tranquillement.

— Doucement, Darel, marmonna la jeune femme calme.
— Oui, Darel, tu es là pour utiliser tes bras visiblement. Pas ta tête. Laisse ta cheffe répondre.

Le susnommé Darel cligna des yeux en regardant le fou qui venait de l’insulter et se redressa vivement pour faire face à Markus. Ce dernier regretta sa grande gueule instantanément, son nouvel ami avait des bras aussi larges que ses cuisses et semblait visiblement vexé. De plus, Patti ne semblait pas prompt à intervenir pour calmer une nouvelle fois son gars, le reste de la troupe non plus.

— Tu as le droit de parler, l’ami mais si tu insultes un des nôtres, on va laisser Darel t’apprendre la politesse.

La jeune femme calme soupira posant à nouveau sa main sur l’avant-bras de l’Utgardien qui fixait Markus, prêt à lui envoyer son poing dans la figure. Le trappeur n’en menait pas large, Uraïa s’était levé ainsi que son frère de lait mais personne ne chercha à en venir aux mains dans la demeure de Siscel. Tout le monde connaissait la sentence pour ceux qui déclenchaient des bagarres dans son établissement : Banni à vie.

— Pourquoi t’es tendu comme ça, l’ami ? Darel a raison qu’est ce que ça peut te faire de savoir comment on remplir notre contrat...À moins que...

Patti regarda Markus en fronçant les sourcils puis dévisagea le reste de l’équipe qui semblait tout aussi amer que leur chef, l’air de faire le lien alors mais c’est leur nomade, Vik, qui s’exclama à haute voix, moqueuse.

— Parce que c’est eux la bande de bras cassés, Pat’ ! Cette ville est vraiment incroyable, on leur vole un contrat et on finit dans la même taverne qu’eux.

Elle se mit à rire puis le reste du groupe de Patti s’esclaffa, même leur cheffe ne pu retenir un petit rire devant la situation. L’Utgardien, maintenant hilare, mit une petite claque humiliante à Markus en lui désignant ensuite sa place.

— Retourne t’asseo...

Markus n’eut même pas le temps de serrer le poing que Darel recevait une chope à moitié pleine dans sa sale trogne, visiblement une rousse n’avait pas apprécié la fin de l’échange. Tout le monde s’était levé après l’agression, finit les paroles en l’air et l’hilarité, les deux groupes se regardaient maintenant en chien de faïence. Raquel s’était reculé, ne voulant visiblement pas prendre part à la rixe qui allait éclater en incitant Xan’ti à rester derrière elle. Par contre les deux Utgardiens avaient rapidement rejoint Markus, ce dernier avait reculé de deux pas pour ne pas rester au milieu de l’autre bande. Vik et l’autre homme qui les accompagnait avait relevé l’Utgardien qui avait un bel hématome sur le menton, il grogna à l’attention d’Uraïa en lui faisant un signe insultant propre à leur peuple.

 C’est Siscel qui intervint, rouge comme une pivoine, elle se plaça entre les deux groupe et apostropha les belligérants d’une voix forte.

— Si vous voulez vous battre comme des chiffonniers, vous faites ça dehors ! Sortez de chez moi avant que je vous botte moi même les fesses !

D’un doigt véhément, elle désigna la porte en tapant du pied qu’ Uraïa, Markus, Orik, Darrel, Vik ainsi que le jeune homme s’empressèrent de rejoindre. La pluie, le contrat, la rivalité...Les deux groupes avaient besoin de se défouler, du moins ses membres les plus turbulents car Patti et Raquel étaient restés dans l’auberge accompagnée de la jeune femme calme. La tireuse d’élite vint s’asseoir à la table de l’autre groupe, l’air visiblement blasé tandis que le nomade regardait la porte en écoutant les éclats de voix qui provenaient de l’extérieur.

— Ces enfoirés n’ont même pas attendu la fin de cette pluie diluvienne pour recruter un autre groupe.

Patti s’amusa de l’attitude de Raquel, elle se retrouvait dans cet air de mère fatiguée par ses enfants turbulents. Elle se pencha vers la tireuse d’élite en souriant.

— Les Amaranthis font toujours jouer la concurrence, c’est bien connu. Entre nous, vu la somme qu’ils proposent, ce n’est pas la pluie qui va nous arrêter. Cela sera plus dangereux mais pas impossible.

Raquel avait reconnu Patti Hinssan quand elle était entrée dans l’auberge, la femme et son groupe jouissait d’une certaine réputation chez les chasseurs de Claircombe. Si elle disait qu’elle pouvait le faire, c’est qu’elle avait un plan. Un plan que son groupe n’avait pas or elle ne voulait pas dire adieu à ce contrat. Soupirant longuement, elle allait répliquer quand soudainement la porte de la taverne s’ouvrît brusquement et les six bagarreurs se précipitent à l’intérieur. Siscel s’apprêtait déjà à chasser l’envahisseur avec son balai quand elle fut interrompu par Orik. L’Utgardien venait de pousser la nomade de l’autre groupe pour récupérer son manteau ainsi que celui de sa sœur, il avait visiblement un œil au beurre noir pourtant c’est avec un grand sourire qu’il annonça.

— La pluie s’est arrêtée !
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Sam 13 Mar - 17:51
[Terminé] Un problème n'arrive jamais seul [PV Markus et Uraïa] GyDQ2ao


C’était peu dire que le sang de l’Utgardienne n’avait fait qu’un tour. Non seulement cette association de Jean-foutre, cette bande de gougnafiers se vantait de leur avoir piqué LEUR contrat, mais en plus de ça, cette grande andouille Utgardienne croyait qu’il pouvait humilier Markus devant elle. Uraïa n’avait qu’une seule règle en la matière : elle était la seule qui envoyait des taquets à Markus. Déjà, il était Ascanien d’adoption, ce qui impliquait un certain redressement éducatif. Et deuxièmement - mais surtout, c’était SA moitié d’Ascanien, SA responsabilité. Avant même d’y avoir réfléchi, elle avait envoyé la chope de la discorde dans la tronche du maraud qui ne l’avait pas vue venir, et elle avait vu sa barbe blonde se couvrir de mousse avec un sourire de satisfaction. Voilà du houblon qui n’avait pas été sacrifié en vain.

Quelques instants plus tard, ils se retrouvaient sous le déluge, à l’arrière de la taverne, au milieu des déchets de cuisine et des odeurs de pisse diluée par la pluie. Mais l’Utgardienne ne sentait plus le froid ni l’humidité, ni les remugles peu ragoûtants de l’arrière cour. Elle avait le sang échauffé, et Orik étirait son sourire des grands soirs, celui qu’il dédiait autant au lit avec les femmes qu’à ses adversaires en plein combat. Ils se placèrent dos à dos, coudes contre coudes et les poings relevés, avisant les trois autres qui venaient les encercler. Markus restait entre eux deux et ils trouvèrent chacun un partenaire de danse. Pour Uraïa, le grand costaud qu’elle se réservait d’emblée, pour Orik, le jeune Utgardien nerveux et mal coiffé, et pour Markus…

— Eh ! Pourquoi je me coltine la petite teigneuse ?

En effet, la jeune nomade arborait un sourire carnassier qui ne présageait rien de bon et malgré sa petite taille et sa circonférence généreuse, elle se jeta sur Markus sans plus de cérémonie. Les bourre-pifs plurent aussitôt, de même que les insultes et les grognements. Quelques mâchoires claquèrent à portée de l’oreille de Markus qui s’offusqua en envoyant bouler la nomade plus loin d’un coup de genou bien senti. Uraïa éclata ses phalanges dans la sale trogne de l’Utgardien qui vit trente six chandelles, et Orik renversa son adversaire d’une balayette fourbe derrière les jambes. Un concert de protestations s’éleva, alors que les trois se relevaient déjà pour demander une revanche mais à ce moment, un drôle de silence se fit. L’eau ne martelait plus le auvent de l'arrière-cour, les gouttières ne cascadaient plus dans la rue, réduites à un simple glouglou étranglé... La pluie avait tout simplement cessé. Les six se regardèrent d’un air interdit, n’y croyant plus, puis relevèrent le nez vers le ciel, qui semblaient enfin s’être apaisé. Puis ce fut la pagaille.

La nomade voulut se précipiter vers la porte, suivie de près par Orik, cette fois, qui avait abandonné la tunique de l’escogriffe Utgardien. Il poussa violemment la brune replète de côté, peu soucieux de la galanterie. Uraïa envoya son poing en arrière contre le pif de Darel, histoire de faire bonne mesure et Markus écrasa un pied en forçant le passage vers l’intérieur de la taverne. A l’intérieur tout était calme et chaleureux, mais l’arrêt de la pluie venait de déclencher un compte à rebours. Aussitôt qu’ils revinrent et qu’Orik proclamait la bonne nouvelle, chacun se jeta sur ses effets et ils se précipitèrent au dehors sous les invectives de Siscel, peu satisfaite de se voir traitée de la sorte par ses habitués.

Désormais, ils patassaient chacun de leur côté, et Markus, tout en se dirigeant vers le quartier ascanien, désignait déjà les tâches à effectuer pour optimiser le temps. Il leur fallait un minimum de matériel et de vivres pour ce qui les attendait et bien sûr, ils ne l’avaient pas emporté dans la taverne. Chacun prit sa mission à cœur et bientôt ils se retrouvèrent en dehors des murs de Claircombe, sous un ciel lourd de nuages. Il n’était pas sûr qu’il cesse de pleuvoir pour longtemps. Ils pressaient le pas, Raquel comprise, en direction des bois plus au sud. Il leur faudrait encore une demi-journée de marche pour atteindre la zone marécageuse qu’ils recherchaient. En espérant qu’ils ne seraient pas mangés par l’une des bestioles aquatiques du coin, qui devaient se faire un plaisir de cette hygrométrie inhabituelle. Les fossés débordaient déjà sur les chemins, rendant la marche pénible et périlleuse. Orik glissa et s’étala dans la boue au premier dénivelé, et la pisteuse était bien en peine de faire son travail dans une mélasse pareille. Elle s’arrêta de nombreuses fois en soufflant du nez, ce qui n’était jamais bon signe, et poursuivait, sans rien dire. Elle devait se fier à ses connaissances des habitudes des animaux, plus qu’aux traces qu’ils laissaient. La pluie avait anéanti la plupart des empreintes et brouillé les pistes. La bande de Patti ne devait pas être mieux lotie mais dès qu’ils eurent franchi la limite des faubourgs, ils la perdirent de vue.

Il n’en demeurait pas moins que - induits en erreur par la pluie et les difficultés du terrain, ils furent bientôt obligés de contourner une large portion de terre qui les mena bien trop à l’ouest que ce qu’ils avaient l’habitude de faire. Les lourds nuages dissimulaient le soleil et la luminosité baissait bien trop vite pour la saison, ce qui ne cessa de soucier Uraïa qui accéléra encore la cadence, Xan’ti sur les talons. Quand celui-ci l’arrêta d’un geste, une main sur son épaule.

— Trop à l’Ouest. On devrait pas être ici. Et on n’est pas seuls.

La pisteuse se figea à son tour, faisant signe aux autres. Elle grimaça au bruit de craquements dans les arbres. Bien trop nombreux pour être l'œuvre d’un prédateur isolé. Elle tira sa lame en fixant la cime des arbres, tentant de percer de son regard la brume qui s’échappait des pins.

— Tenez-vous prêts…

Le groupe réagit aussitôt et se forma, comme une meute habituée aux combats et aux imprévus. Markus s’avança auprès d’Uraïa, tirant sa lance tandis qu’elle sifflait ses faucons pour les rappeler à elle. Nul doute que les volatiles auraient bientôt du travail. Mais au lieu de voir débarquer une meute de loups en chasse ou un prédateur plus gros, ils virent un groupe d’humains sortir du sous-bois. Un cri de guerre s’éleva, comme un claquement parfaitement coordonné. “Analak, Analak !”. Vaar Lac. Des nomades des côtes. Des côtes ? Que faisaient-ils dans les terres ? A moins que… Ils étaient vraiment partis trop à l’ouest. Ils semblaient une dizaine d’individus, des sentinelles et des éclaireurs, hommes et femmes confondus, à en croire les silhouettes qui se rapprochaient armées de lances. Nul doute qu’ils avaient été repérés depuis un moment, si les chasseresses avaient eu le temps de rejoindre les éclaireurs.  

Et alors que l’Utgardienne sifflait déjà ses faucons pour les préparer à l’attaque, le groupe se reforma en cercle pour affronter ceux d’en face. Même Xan’ti avait saisi sa hachette. Il souffla, mal à l’aise : “Il faut distraire la meute. Quand ils regardent ailleurs, on fuit. Vers le sud.” Personne ne chercha à discuter, mais alors qu’ils se tenaient déjà prêts à avancer, une femme sembla s’extirper de la brume, tenant un homme au bout d’une corde liée à son cou, elle le poussa d’une pointe de lance en avant.

— Si les shogs veulent leur ami vivant, ils laissent leurs armes sur le sol. Sinon je l’égorge comme un porc.

Uraïa plissa le regard. Elle semblait distinguer une silhouette familière. C’était la brute de la taverne, Darel. Elle faillit ricaner mais se retint juste à temps. Après tout, elle avait bien voulu l’amocher, mais de là à souhaiter la mort d’un Utgardien, un des siens, surtout de la main des nomades, il y avait une certaine limite qu’elle ne franchissait pas. Et surtout : où étaient les autres membres de la bande de Patti ?

— Markus, qu'est ce qu'on fait ?

Markus Falsom
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Dim 28 Mar - 22:47
En temps normal, la forêt était déjà peu praticable par son absence de chemin balisé et la nature sauvage, les fourrés pouvaient caché un prédateur affamé qui n’hésiterait pas à attaquer l’homme dans l’espoir d’apaiser la douleur de son estomac. On pouvait aussi rencontrer un maudit qui était mort de faim, de soif, de fatigue ou même d’un autre humain, les chasseurs de Claircombe n’avaient pas bonne réputation chez les nomades et ces derniers n’hésitaient pas à faire un exemple pour le faire savoir. Comme si cela ne suffisait pas, Markus et sa clique était en compétition avec un autre groupe de chasseur sur la capture d’une wyrm, la chose n’étant pas assez dangereuse pour ne pas se rajouter des types prêts à vous attaquer pour s’assurer la récompense. Non, autant réduire les chances de réussite plutôt que de s’allier. Pour le plaisir des Amaranthis en plus.

Maintenant que tout cela était réuni, il fallait que la forêt soit méconnaissable après des trombes d’eaux qui étaient tombées ses dernières vingt-quatre heures, le trappeur voyait bien qu’Uraïa avait beaucoup de mal à les situer. Le sol n’était que boue et flaque quand ce n’était pas la terre elle même qui s’était déplacée après un glissement de terrain, faisant faire des détours fastidieux au groupe de chasseur. C’était sans compter que la forêt avait encore un tour à leur jouer quand des nomades décidèrent de se mêler à la fête tout en ruinant le plan de la fuite quand ces derniers présentèrent Darel tenu en laisse. La vision avait de quoi plaire si la situation n’était pas aussi tendue, les sauvages les avaient encerclés et menaçaient d’exécuter l’Utgardien s’ils ne se rendaient pas. Markus n’était pas quelqu’un de mauvais mais s’il devait choisir entre ses amis et un inconnu, le choix était déjà fait malheureusement pour le pauvre Darel.

En tant que chef du groupe, Markus s’avança d’un pas pour essayer de parlementer avec la femme, sans doute la chamane qui dirigeait les nomades. Avec les tribus, il suffisait de faire preuve de respect et de soumission pour s’en sortir car les sauvages n’hésitaient pas à tuer des Claircombois loin de leur précieuse ville. Peu de preuves pouvaient affirmer ces accusations car les morts se relevaient pour chasser les vivants, ne laissant aucun corps à étudier ou ramener. Néanmoins, tout le monde le savait. Les nomades faisaient la loi en dehors des murs quand ce n’était pas la nature elle même qui vous envoyait une saloperie pour vous rappeler que l’humain était loin d’être en haut de la chaîne alimentaire en dehors de ses murs.

– On ne veut pas de problèmes, mes amis et moi on s’est perdu avec la pluie diluvienne et…
– La ferme ! Vous n’avez rien à faire ici ! J’ai capturé votre éclaireur sur nos terres. Vous, les shogs, vous ne respectez rien car vous n’avez pas d’âme.

Sur ses mots, elle appuya la lame qu’elle avait coincé sous la gorge de Darel avec un sourire mauvais faisant couler quelques gouttes de sang. Le visage de Markus se crispa tout comme celui de ses compagnons, il sentit Uraia prêt à bondir sur le premier nomade en face d’elle. Tout cela allait très mal finir, surtout pour son groupe alors il se racla la gorge.

– On peut discuter non ? Cet homme est membre d’un grand groupe d’Utgardiens, si vous le tuez c’est des dizai...Non des centaines de ces bourrins qui vont débarquer sur vos terres pour chercher vengeance ! Ça vaut vraiment le coup ?

La chamane pencha la tête puis regarda les autres membres de sa tribu, Markus commença à se réjouir de l’avoir au moins fait réfléchir avec son bluff.

– Tu as raisons. Les Utgardiens sont de farouches combattants revanchard.
– Ah. Voilà donc…
– Il ne faut pas laisser de survivants.

Markus, médusé, regarda la femme tout sourire.

– Ah oui. Vu comme ça...

Le chasseur n’avait pas anticipé cette possibilité là, il croisa le regard incrédule d’Uraïa tandis que les autres nomades levaient leurs haches et leurs lances de manière menaçante vers le groupe qu’ils avaient encerclé.

– Ne vous inquiétez pas, on s’assurera que vos corps soient brûlés.

D’un signe de la tête ferme, elle donna le signal aux autres qui hurlèrent leur nom de clan avant de se jeter en avant vers eux tandis qu’elle se préparait à envoyer Darel vers la Providence. C’était sans compter l’intervention du reste du groupe de Patti qui avait dû remonter la trace des nomades après la disparition de leur camarade. Une flèche fusa vers la chamane qui l’obligea à lâcher son prisonnier pour se jeter sur le côté tandis que Vik, Patti et Hektor, le jeune Utgardien teigneux, forçaient les nomades à briser leur cercle.

Après quelques échanges de coups et d’insultes entre les deux groupes, un étrange statu quo s’imposa seulement troublé par les grognements et les respirations sifflantes. L’échange avait été confus pour les deux groupes, la terre trempée n’avait rien arrangé faisant glisser et rouler les corps mais au final personne n’était gravement blessé. Vik accusait une large entaille sur le bras, Orik avait pris un coin de bouclier dans la mâchoire et Raquel avait du mal à respirer après un coup dans la poitrine. Markus était collé à Patti et Uraïa, la première à sa droite l’autre à sa gauche, il tenait fermement sa lance, la pointe tournée vers les nomades hargneux. Darel avait réussi à les rejoindre et s’était emparé d’une masse rudimentaire sans doute arraché à l’un de leurs assaillants mais Markus n’arrivait pas à savoir s’ils en avaient blessé chez leurs adversaires.

Néanmoins, le rapport de force s’était équilibré mais les nomades ne semblaient pas prêts à lâcher le morceau. Maintenant c’était leur honneur qui était en jeu, la chamane se dressa au milieu de ses chasseurs et guerriers, un sourire assassins aux lèvres. Le trappeur souffla férocement en réponse et raffermit sa prise sur la hampe de bois alors qu’un cri gutturale lui montait des tripes, si les nomades voulaient sa peau, il allait la vendre chèrement. La tension finit par éclater et les deux groupes allaient se jeter l’un sur l’autre pour assouvir les prémices du carnage quand un rugissement résonna au travers de la forêt, éclipsant les cris de guerres. La nature elle même s’était arrêtée devant la puissance de ce cri tout comme les deux groupes qui s’étaient tous tournés comme un seul homme vers l’origine du hurlement. Les paroles désabusées de Markus résumèrent les pensées de ses camarades et sans doute celle des nomades aussi.

– Putain, encore la chance...
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Lun 19 Juil - 0:40




Uraïa était trempée jusqu’aux os, la boue s’infiltrant dans ses vêtements jusqu’à ce qu’elle ne soit elle-même qu’une masse visqueuse dans un ensemble plus boueux encore. Mais malgré tout, elle avait le feu au corps, sa main vigoureusement agrippée à son couteau de chasse. A cette distance, autant oublier l’arc, d’autant qu’il devait être trempé lui aussi et qu’il faudrait peut-être graisser encore la corde. Elle allait s’élancer en avant, coûte que coûte, quand un grand cri retentit dans la Nature alentour. Un cri qu’elle n’avait jamais entendu mais qui la glaça d’effroi quelques secondes, comme tous les autres, nomades compris. En fin de compte, n’importe quel homme savait lorsqu’il rencontrait un prédateur infiniment plus fort que lui. La cime des arbres ondoya, comme repoussée par un souffle puissant qui n’avait rien à voir avec le vent ni la pluie. Une nuée de volatiles colorés s’échappa du refuge des feuillages verdoyants de la forêt, comme un arc en ciel prématuré. Uraïa se laissa distraire une seconde par cette envolée féérique, avant que de sentir la vibration sourde sous ses pieds. Un craquement lugubre fut suivi d’un autre, tandis que des arbres semblaient s’écarter sous le pas lourd et conquérant d’un monstre que les hommes avaient réveillé.

Uraïa agrippa le bras de Markus dans un réflexe, et soudain, elle retrouva l’usage de ses membres et de sa volonté.

— Courez !

Et c’est ce qu’elle fit ni plus ni moins, entraînant le trappeur à sa suite dans un élan désespéré, dans la direction opposée à la menace. Au vu de la torsion des pins derrière eux, il était inutile de trouver refuge en hauteur et elle doutait étrangement que le rugissement qu’elle avait entendu appartenait à un inoffensif herbivore. Ce fut le signal pour tout ce petit monde qui prit ses jambes à son cou, nomades ou pas, rivaux ou pas, toute velléité de combat avait été instantanément oubliée. Elle courut sans se retourner, mais dans sa fuite éperdue en avant, cherchant quelque chose, un renfoncement, un abri quelconque, une étendue d’eau à mettre entre eux et la bête, la chasseresse entendit un cri étouffé derrière elle.

Malgré sa peur, elle ne put s’empêcher de tourner la tête et vit Darel l’Utgardien à moitié affalé par terre, dans la boue, se tenant la cheville dans un rictus de souffrance. Et plus loin derrière lui, qui émergeait d’entre les arbres broyés la silhouette titanesque d’un monstre qu’elle n’avait jamais vu, ni même rencontré dans un livre. Quelqu’un parmi les nomades cria en écho “Béhémoth !” C’était probablement le nom de la créature. C’était peu dire que c’était un monstre, de la taille d’un chêne, il devait bien mesurer dans les dix mètres. Sa peau écailleuse et verdâtre semblait couverte de roche et de mousse, en plus d’arborer une crête dorsale qui ajoutait encore de l’envergure à un monstre qui n’en avait certainement pas besoin. On aurait dit une montagne en mouvement, sauf qu’elle possédait des pattes griffues munies de jarrets parés pour la course, et une gueule reptilienne garnie de crocs jaunâtres de la taille d’un homme adulte. Ses yeux d’un jaune profond et sauvage cherchaient de la chair fraiche à débusquer. Il ne lui faudrait qu’un coup de langue pour attraper et un coup de dent pour dévorer Darel, et il y avait fort à parier qu’il ne le remarquerait qu’à peine.

Uraïa crispa les lèvres en voyant l’Utgardien se redresser en grognant, si lentement, si laborieusement que c’en était douloureux à voir. Sans s’en rendre compte, elle avait ralenti, et finalement elle avait fait demi-tour, laissant les autres prendre de la distance avec elle. Patti et les autres n’avaient pas remarqué la chute de l’Utgardien, trop avancés pour l’entendre. Elle se laissa glisser dans la boue pour l’attraper par le bras et il lui lança un regard d’incompréhension, auquel elle ne répondit pas. Elle le saisit avec une vigueur désespérée et le tira vers la hauteur du talus qu’elle venait de dévaler pour le rejoindre. Il hurla de douleur en s’appuyant sur son pied mais elle n’en avait cure, passant son bras par-dessus son épaule pour lui faire franchir l’obstacle aussi vite que sa force le lui permettait.

Maintenant, elle n’osait plus regarder en arrière, la terre tremblait bien assez sous ses pieds pour lui rappeler ce qu’elle tentait de fuir. Elle se maudit intérieurement d’avoir fait demi-tour, mais elle poursuivit, cahin caha avec une détermination qui confinait à l’absurde. L’Utgardien peinait mais boitillait à qui mieux mieux pour suivre le rythme. Et le terrain était loin d’être à leur avantage. Le monstre et eux se trouvaient désormais à terrain découvert dans cette vaste prairie qui bordait plusieurs lieues de forêt et le prédateur avait toute l’amplitude pour leur mener la chasse et l’emporter sans se fatiguer, tandis qu’eux luttaient dans la boue et les hautes herbes pour avancer et tenter l’impossible pour distancer le béhémoth.

Alors que l’haleine chaude du monstre se faisait presque sentir, lui hérissant les poils de la nuque, il y eut soudain une éclaircie à travers les lourds nuages et un autre bruit de cavalcade se fit entendre, concurrençant l’avancée des humains. Un troupeau de buffles à tête noire passa à travers la prairie, l’air affolé, presque sous le nez du béhémoth. La chute des arbres avaient dû les faire détaler et leur panique les avait menés pile dans les griffes du prédateur qu’ils tentaient de fuir. Le béhémoth souffla du mufle et fit demi-tour en direction des buffles. Nul doute que le troupeau serait bien plus consistant qu’une bande d’humains dispersés, bien que plus lents en comparaison. Uraïa ne songea à aucun de ces détails oiseux, elle était bien trop occupée à fuir, sans parler de traîner son imposant chargement. Les Utgardiens n’avaient pas l’habitude de produire des brindilles, et celui-là ne faisait pas exception. Si seulement ils pouvaient avoir les chevilles moins fragiles…

Ils continuèrent sur le même rythme encore un moment jusqu’à ce que l’Utgardien pousse un grognement plus fort que les autres et s’affaisse un peu plus sur l’épaule de la chasseresse. C’en était trop pour lui, et du reste, les différents groupes s’arrêtèrent à la bordure d’une autre portion de forêt qu’ils avaient traversée quelques heures auparavant. Aucun ne s’y aventura franchement, de peur de découvrir d’autres carnivores avides de viande trempée et fatiguée. Ils s’étalèrent dans l’herbe humide, sans se soucier du vent qui leur glaçait les os, sous l’effet de leurs vêtements trempés d’eau et de boue. C’était simplement bon d’être en vie.
Personne ne se souciait plus du groupe auquel il ou elle appartenait, certains se prirent à rire nerveusement, de ce coup du destin qui leur avait sauvé la mise. Une intervention divine peut être… Et dire que Markus évoquait la chance à tout bout de champ… Il venait d’en voir une manifestation bien concrète. Darel s’écroula à côté d’Uraïa et après avoir repris son souffle, il la regarda d’un air toujours aussi incrédule et finit par marmonner :

— Merci.

Elle hocha simplement du chef. C’était là sa plus brillante démonstration de diplomatie.

Markus Falsom
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Jeu 19 Aoû - 0:35
Markus avait couru comme un dératé quand il avait entendu Uraïa hurler, si même elle ne pensait pas pouvoir affronté l'ennemi en face d'eux autant dire que personne de son groupe ne le pourrait. Une saloperie de Béhémoth, il fallait que les talents de pisteuse de sa traqueuse le mène sur la pire créature dans les alentours de Claircombe. Il ne pouvait pas lui en vouloir, c'était déjà un miracle qu'elle est réussi à mener le groupe dans ce temps affreux mais quand même..Un Béhémoth...Putain, ça en ferait une histoire à raconter pour se faire payer des bières dans les tavernes, encore fallait il en sortir vivant cette fois. Le chasseur avait gardé en ligne de mire les membres de son groupe, pestant en voyant Uraïa se mettre en danger pour sauver l'autre Utgardien du groupe, encore une histoire d'honneur à la noix. Non, la chasseresse avait juste un cœur bien plus gros qu'elle ne voulait l'admettre et ce dernier débordait de courage. Ou de témérité selon les points de vue mais il n'avait pas été en reste non plus, aidant les plus fatigués à grimper la colline salvatrice tout en ne se souciant pas de s'il tenait une main nomade ou Claircomboise. C'était la nature contre l'homme. L'homme avait bien chié dans son froc et c'est la nature qui les avait sauvé avec ce troupeau de buffle, la Providence pouvait être louée et il se promit de lire quelques passage du Livre à son retour. Néanmoins, la trêve du Béhémoth n’allait pas durer, déjà car la bête n'était pas si loin mais surtout qu'une fois le danger passé, tout le monde se rappellerait des griefs que la peur avait fait momentanément oublié. Markus était bon pour bricoler ou pour construire mais il manquait d'un véritable talent pour les discours… Alors une fois de plus il y alla au culot, ça il savait faire.
-- Si ça n'est pas un signe des dieux, je ne sais pas ce qu'il vous faut.
Le chasseur s'était rapproché un peu de la chamane tout en gardant ses distances, sous les airs fatigués, il sentait bien les regards des nomades qui suivaient le moindre de ses mouvement.
La nomade s'approcha. D'un certain âge déjà, elle semblait faire partie des personnages respectés de son clan. Elle redressa le menton tout en affrontant ce shog insolent du regard.
— Comment oses-tu parler de mes dieux, sang maudit ?
Markus leva les mains en l'air pour essayer de calmer cette sauvage qui voulait les égorger il y'a encore quelques minutes, de toute façon, il avait laissé sa lance derrière lui pour montrer qu'il ne venait pas en ennemi.
-- Certes, je suis plutôt néophyte en matière de théologie nomade...Mais !
Il leva un doigt pour ponctuer sa phrase.
-- Mon dieu me dit que c'est un signe et j'ai du mal à croire que vous n'en voyez pas un là aussi...Vraiment, qu'elles sont les chances pour qu'une bête aussi dangereuse se trouve là, au moment propice où nos deux camps allaient s’entre-tuer, hein ?
La nomade parut hésiter. Elle avait très envie de l'égorger, clairement. Elle se ferait bien quelques peintures de guerre tout en offrant un sacrifice aux dieux, de quoi apaiser n'importe quel courroux. Mais quelque part, les paroles du shog firent écho en son esprit. Cependant, elle ne pouvait pas lui donner raison devant les siens.
— Je me fiche de ton dieu...
Elle jeta quelques osselets par terre, un simulacre de rituel pour les autres puis releva le nez, après quelques trémolos.
— Cependant les miens ont parlé, et ils refusent ton sang impur en guise de sacrifice. Restons en là, mais ne revenez jamais ici, où nous vous massacrerons, tous autant que vous êtes.
Markus souffla légèrement, une nouvelle victoire sur son tableau de diplomatie.
-- Je comprends vos dieux, moi aussi je refuserai mon sang d'impur.
Avec un léger sourire, il ajouta avec un brin de malice retrouvé.
-- Mais si l'envie vous viens de chasser ce Béhémoth, je ne suis pas contre une partie de chasse un peu exotique.
La nomade le dévisagea, l'air interdit quelques secondes puis explosa d'un rire qui contamina tout son clan, et une partie du groupe de Patti, étrangement.
— Ce shog est fou !

Et elle fit demi-tour en ordonnant le repli à se troupes. Ils ne mirent pas longtemps à disparaître dans les arbres mais on put entendre encore un moment l'écho de leurs ricanements moqueurs.
-- Ouais ouais...Bha bonne journée aussi, HEIN !
Markus grogna, se sentant un peu ridicule d'avoir proposé une telle chasse mais la joie de ne pas mourir pour un rituel nomade lui avait fait poussé des ailes. L'important c'était que tout le monde soit sauf...Enfin...Ce même monde qui pouffait de rire dans son dos, un peu moins fort que les nomades mais les sourires en coin étaient là. Même sur le visage de Raquel.
-- C'est la dernière fois que je vous sauve la vie.
Uraia n’avait pas ri. Mais c’était peut être parce qu’elle se tenait un peu trop loin de la discussion pour entendre clairement les échanges. Elle revint néanmoins vers Markus en décochant des regards noirs à ces visages moqueurs.
— Tu n’as rien ?
Markus regarda Uraïa comme si elle était la seule personne de bon sens ici avant de se palper pour vérifier qu’il n’avait rien de casser après cette course effrénée. Si ce n’est quelques bleus, le chasseur s’en sortait bien.
— J’ai l’air en un seul morceau. Et toi ?
C’est à ce moment là qu’une fine pluie se remit à tomber, Markus leva les yeux vers le ciel avant de lâcher d’un ton blasé.
— On a pas assez subit pour aujourd’hui ?
Vu cette journée, la Providence voulait lui faire payer une sacrée faute, une faute comme l’abandon de cette cliente dans la forêt par exemple. Pourtant, Markus avait été clair dans ses prières, ce n’était pas leur faute si cette femme en quête de plumes était aussi dégourdie qu’un jeune faon.

Uraïa ne songeait pas à la manière dont ils avaient pu fauter pour mériter une telle déveine. Non, après avoir rassuré Markus sur son état d’un hochement de tête et serré son épaule dans une rare et maladroite démonstration d’affection, elle rappela ses faucons qui s’étaient cachés dans les arbres et elle toisa l’autre groupe qui se remettait sur pied. Ils s’étaient trop éloignés comme eux, et désormais ils allaient devoir contourner une partie de la forêt pour accéder au plan d’eau réputé pour plaire aux wyrms.
Une chose était certaine : Darel n’irait pas bien loin dans son état. Xan’ti l’observait comme s’il s’agissait d’un oiseau blessé. Dans l’esprit du jeune nomade, ce qui était blessé finissait mangé et il avait raison la plupart du temps.
— Cheville blessée, mort assurée.
Uraïa lui mit une tape dans le dos.
— C’est plus nos affaires, Xan’ti.
Orik intervint :
— C’est un Utgardien quand même…
Uraia haussa un sourcil :
— Parce que ça change vraiment quelque chose ?
Elle avait déjà fait son possible pour l’aider, non ? C’était à son groupe de s’en charger désormais. Darel secoua la main devant la petite bande.
— Euh salut, je suis juste là, hein.
Raquel sourit d’un air amusé à l’abri sous un arbre. Sa corde avait besoin d’être graissée à nouveau si elle voulait réutiliser son arc avant la fin du jour.
— Ils sont tout le temps comme ça.
Markus récupéra sa lance abandonnée non loin, la secouant pour en dégager l'herbe humide avant de revenir vers son groupe, la hampe sur l'épaule. Au fond, il serait bien venu en aide à leurs camarades chasseurs, même des rivaux car en dehors de Claircombe la survie des chasseurs se faisait par l'entraide et la bienveillance. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait partagé un feu ou un gibier avec des compères juste pour ne pas être seul, loin des murs de la ville. Raquel les avait rejoint ainsi que la cheffe de l'autre groupe qui jetait des coups d’œil à son Utgardien blessé.
-- Darel doit rentré et l'un des miens devra le raccompagner mais on reste trois en course.
S'appuyant sur sa lance, Markus secoua la tête vers la femme.
-- Un demi groupe ne te permettra pas de nous concurrencer. On a tous joué et vous avez perdu. La Providence nous avait à la bonne...Néanmoins, je suis prêt à écouter une proposition honnête.
C'est leur Amaranthis qui s’étouffa à ces mots.
-- Tu n'y pense pas. Cette récompense nous revient, Markus. On ne leur doit rien.
Uraïa ne pipa mot. Quand il s’agissait de négocier ou de pratiquer la diplomatie, elle avait pris l’habitude de laisser faire Markus. De son point de vue, vu l’endroit où ils se trouvaient et le temps orageux, ils n’auraient pas trop de trois membres expérimentés de plus. Mais finalement ce fut Patti qui trancha d’un rire narquois  :
— Merci pour ta proposition, mon grand, mais on va se débrouiller… On a vécu pire. La course n’est pas finie ! Bonne chance, les filles !
Et sur ces mots, elle et le restant de son groupe disparut dans le sous bois. Uraïa soupira :
— Il faut qu’on se dépêche, il fera bientôt nuit.
Orik râla pour la forme. Il rêvait d’une auberge chaude au coin du feu, de préférence avec une ou deux filles sur les genoux et une bonne mousse à la main. Rien que de très classique pour Orik. L’homme avait des goûts simples.

Le chasseur soupira longuement en regardant ce petit groupe partir, même si cela arrangeait les finances du groupes. Survivre était une chose mais risquer la vie de ses camarades pour une question de fierté plutôt que de s’allier relevait de la connerie selon Markus.
— Passe devant Uraïa. Essaye de garder une dizaine de pas d’avance. Les autres, on reste attentifs et on garde le pas lest.
La hampe dans les mains après avoir réajusté son sac de chasse, il se mit à suivre la silhouette d’Uraïa qui n’avait pas chercher à discuter contrairement à Orik qui voulait faire demi tour.
— Franchement Markus, on a failli se faire bouffer par un truc de la taille d’une petite colline. On pourrait leur dire d’aller se faire mettre et compenser la perte par une bonne partie de chasse. J’ai justement un plan pour vendre des peaux de Félons à prix d’or…
— Il y va de notre réputation, Orik.
Raquel avait répondu avant Markus qui se contenta de hocher la tête.
— Pour l’instant, cette expédition de nous a rien coûter d’autre que des vivres contrairement à l’autre groupe qui va devoir s’occuper d’un blessé. Les dieux, la chance ou le destin , selon ton envie, est plutôt de notre côté.
Elle se fit rabrouer par l’Utgardien qui ne voulait pas que l’on prenne les Dieux à la légère mais l’Amaranthis l’ignora.
— La réputation,  ça permet de ramener plus de contrats mais surtout ça permet de faire gonfler les prix. Alors si, cette mission on va la terminer. Encore heureux que Patti refuse, Markus, ne me refait pas un coup comme ça.
— Je préfère sortir tout le monde vivant que d’avoir dix pièces de plus. Y’a trop de chasseurs qui crèvent en dehors des murs.
— Moins de chasseurs, ça fait moins de concurrence.
Pragmatique, ce n’est pas pour rien qu’elle gérait les finances du groupes mais Markus ne lui répondit que par un long grognement. Il était encore vexé des précédentes discussions.

Uraïa n’écoutait plus le reste des discussions. Elle était occupée à lire l’environnement autour d’elle. Relever les empreintes, se repérer sous les arbres, guetter les signes laissés par les animaux ça et là. Ils durent rebrousser et remonter davantage plein ouest pour filer vers le lac à bonne allure. L’Utgardienne ne songeait plus à la fatigue, aux émotions de la journée, seulement à la nuit qui approchait et à sa cible. Au dessus de la cime des arbres, les faucons tournoyaient en poussant parfois quelques cris aigus. Ce fut lorsque Vidhar lança un avertissement inhabituel que la pisteuse se figea, tous sens en alerte.
Évidemment, Markus leva le bras pour signifier au reste du groupe que leur éclaireur s’était arrêté. Immédiatement tout le monde fut aux aguets alors que le chef de file fit lentement avancer le grouper vers Uraïa.
— Qu’est ce qu’il y’a ?
Uraia montra le ciel. Vidhar continuait de pousser des cris stridents par intermittence.
— Il y a des non morts par ici.
Le chasseur plissa le front et s’assura que tout le monde avait bien entendu l’information. Orik décrocha la hache à son flanc et serra ses doigts autour en jetant des coups d’œil nerveux aux oiseaux dans le ciel tandis que Raquel encochait une flèche sans tendre la corde, prête. Le jeune banni se rapprocha instinctivement d’Uraïa, couteau en main.
— On ne cherche pas à les affronter si on les aperçoit en premier. N’oubliez pas, les hauteurs sont nos amies contre les décérébrés.
Voila quatre heures qu’ils marchaient et là première rencontre était avec des maudits, cette journée était vraiment une épreuve de la Providence.
Uraïa hocha du chef pour Markus. Désormais, elle se fiait autant à ses faucons qu’à ce qu’elle pouvait voir, car les maudits ne laissaient pas beaucoup de traces en dehors de leurs victimes. Finalement, ils entendirent bientôt des grognements qui n’avaient rien d’animaux qu’ils connaissaient.

Le chasseur fit signe aux autres de se baisser et de rester là tandis qu’il s’avançait à pas de loup, faisant bien attention à la où il m’était les pieds pour ne faire aucun bruit. Évoluant quasiment à ras de terre, Markus se rapprocha des grognements, prêt à déguerpir au moindre signe de danger.
Il trouva une planque derrière un vieil arbre entouré d’une lourde végétation, des fougères immenses qui lui offrait un camouflage naturel parfait. Un raclement sur le sol bien trop proche à son goût le sorti de sa contemplation et il finit par jeter un coup d’œil. Le spectacle lui retourna l’estompa et seul son instinct de survie l’empêcha de vomir, ne pouvant détacher son regard des morts.
Les maudits se traînaient sur le sol comme des poupées désarticulées, incapables de se redresser tant leur corps étaient meurtris. Un cadavre définitivement mort gisait non loin des rampants et semblait avoir subit le même sort, son visage avait été enfoncé comme un fruit trop mûr. Les os ressortaient, brisés par une force surhumaine accompagné de chair sanguinolente comme si on avait pressé ces corps sous des poids bien trop lourd. Le pire restait que Markus reconnu la tignasse d’un des corps rampants laborieusement, il avait pourtant dit à Patti qu’un demi groupe ne suffirait pas. Ektor se traînait avec ses bras en poussant ses grognements alors que ses jambes affreusement tordues accrochait le sol. Le cadavre piétiné ne pouvait être que cette nomade nerveuse qui les accompagnait, le chasseur finit par se détourner après que l’une des créatures le remarque, essayant de l’atteindre. Il retourna fébrilement vers son groupe, aussi blanc qu’un linge propre, complètement hébété.
Uraïa comprit rien qu’en voyant le visage de Markus lorsqu’il revint comme un fantôme vers eux.  Elle descendit rapidement de son perchoir, et sortit aussitôt son couteau de chasse. Xan’ti avait fait de même et ils s’engagèrent aussitôt sur la piste qu’avait prise Markus juste avant eux. Elle s’occupa de ce qui restait de l’Utgardien pendant qu’il achevait une fois pour toutes celle qui avait été la cheffe de groupe de leurs rivaux. Elle n’éprouvait vraiment aucune joie en observant les trois cadavres inertes. En soupirant, elle se résolut à fouiller Ektor afin de retrouver sa blague à tabac. Xan’ti récupéra d’autres effets personnels sur Patti et Vik, une ancienne chevalière familiale pour l’une et un collier de grigris sur l’autre. Ils revinrent vers le groupe ensuite et Uraïa tendit les effets à Markus.
— J’ai trouvé des traces de sabots. Ils ont sûrement trouvé un buffle à tête noire qui a échappé au béhémoth.
Xan’ti appuya les dires de l’Utgardienne d’un hochement de tête.
— Sûrement tout un troupeau…Tu as vu leurs états ? Putain fait chier.
Le chasseur pesta avant de se renfrogner, tout ça car cette Patti n’avait pas voulu la jouer en équipe. Son égo lui avait coûté la vie en plus de deux ses amis, au moins Gloria et Darel y avait réchappé, c’était la seule lumière de ce tableau morbide. Raquel se garda bien dans rajouter, elle connaissait Patti depuis quelques temps à force de négocier des contrats dans le même milieu. Personne ne méritait de finir comme ça, pas même des concurrents.
— On continue, ça sert à rien de rester ici.
Le visage fermé, Markus attendit qu’Uraïa repasse devant sans ajouter un mot, sa lance dans les mains. Il voulait juste rentrer chez lui et en terminer avec cette journée merdique, s’allonger dans son lit et ne plus en bouger pendant tout une journée.
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Jeu 19 Aoû - 16:09


Uraïa connaissait assez Markus pour se rendre compte qu’il était plus que bougon. Elle s’étonnait encore parfois de ce bon naturel qui l’animait toujours. Tout son contraire, songea-t-elle. Elle repassa non sans s’arrêter un instant pour lui serrer l’épaule. C’était un bien piètre geste d’affection mais elle n’en avait jamais pour personne. Le traqueur était bien le seul qui pouvait s’en targuer.
— Le plan d’eau n’est plus très loin…
Ils continuèrent ainsi pendant encore une longue heure, ralentissant la cadence seulement pour permettre à l’Ascanien de suivre. En effet, Markus fit passer les autres devant, invitant Uraïa à continuer d’un pouce levé vers le ciel tandis qu’il mettait un genou à terre. Il sortit de son sac plusieurs cordes finement entremêlées et les disposa autour de plusieurs arbres dans un rayon d’une vingtaine de pas. Il mémorisa l’endroit avant se presser le pas pour rejoindre le groupe, les pièges avaient cet avantage de ne pas demander d’homme pour les surveiller. C’était son rituel, quand Markus sortait dehors, il posait des pièges pour toujours rentabiliser une sortie. Cela lui permettait aussi de penser à autre chose que ces corps meurtris qui hantaient ses pensées.

Uraïa avançait avec précaution. Il restait peu de temps mais une trop grande précipitation ferait fuir la wyrm et ils avaient fait trop d’efforts pour la perdre maintenant. Xan’ti l’accompagnait, tandis qu’elle montrait les signes qui lui laissaient penser qu’ils approchaient. Des traces de mucus, une membrane translucide et bientôt l’abord du lac ou de petites stridulations dans l’air laissaient penser que la wyrm se cachait dans les joncs. Une fois toute l’équipe en place et Markus revenu de ses bricolages, elle indiqua une direction de l’index.
— Elle est là.
Même les faucons avaient cessé de pousser des cris afin de ne pas effrayer la créature et devaient s’être posés sur une branche en attendant la suite. Le groupe était expérimenté et travaillait ensemble depuis assez longtemps pour savoir comment allait se dérouler la suite. Markus se chargerait de faire sortir la proie de sa cachette, lance en main, quitte à subir son courroux. Uraïa et Raquel avaient repéré un arbre aux lourdes branches légèrement affaissées, elles avaient grimpé dessus avec lenteur et patience pour ne pas effrayer la bête. Les deux chasseresses avaient un lourd filet lesté avec elles, prêtes à le jeter sur l’animal qui voudrait défendre son territoire contre l’imprudent. Quant à Orik et Xan’ti, ils se tenaient en retrait, chacun sur un flanc et avec une paire de bolas, prêts à essayer d’arrêter une bête en fuite. L’Utgardien avait appris à lancer avec le Nomade, Orik n’était pas bien doué pour autre chose que tanner mais au moins, il essayait. Une fois tout le monde en place, Markus saisit sa lance fermement et s’avança d’un pas dans le plan d’eau, vers les joncs.

Uraïa suivait l'opération avec la plus grande attention. Cette journée cauchemardesque allait enfin prendre fin, et si tout roulait bien, ils auraient la récompense qui allait avec. Elle retint son souffle alors que la wyrm flaira l'arrivée de Markus et se mit à émettre une légère vibration, qui se traduisait par un courant électrique sur l'eau. Markus ne devait pas s'approcher trop près, c'était la condition pour que tout se passe au mieux. La créature était magnifique, un très gros lézard aux écailles colorées et chatoyantes, luisant au gré de la lumière et de l'ondulation de l'eau sur sa peau. Sa tête, petite et mobile, semblait capter le moindre son, la moindre vibration de son environnement.

Tout résidait désormais dans l'agilité du traqueur. Il s'avança face à la bête qui avait redressé sa crête colorée pour le défier et l'avertir, et lança vivement sa lance dans sa direction, en visant volontairement de côté pour l'épargner tout en l'énervant assez. La wyrm bondit avec une célérité effarante, le corps nimbé d'électricité, et Markus bondit lui aussi, hors de l'eau sur la berge. Il se rattrapa de justesse pour ne pas recevoir une décharge des plus désagréables et le filet s'abattit sur la bête, pile à l'endroit prévu.

La bête se sentit piégée sous le lourd filet qui la maintenait au sol et elle se débattit comme un Utgardien saoul pour s’en défaire. Elle réussit à se jeter sur la berge à son tour tandis que Markus s’en éloignait pour aller récupérer un long bâton et essayer de calmer la Wyrm. Cette dernière était totalement empêtrée dans le filet et s’épuisa petit à petit dans la boue tandis que le reste du groupe se rapprochait doucement.
— Xan’ti ! C’est le moment d’utiliser tes dons avec les bêtes !

Xan'ti s'approcha à pas précautionneux et tira une bourse de sa besace. Il l'ouvrit et en dégagea une sorte de cendre blanche qui devait être produite d'un mélange bien à lui. Le nomade exilé en aspergea le museau de la wyrm qui se débattit vivement pendant un instant puis émit un sifflement avant de s'effondrer sur elle-même, complètement assoupie.
— Elle dort pas pour longtemps, précisa-t-il.
Markus était parti récupérer sa lance tandis que tout le monde se rapprochait pour venir constater l’état de la prise. La wyrm était un peu amochée, une écaille manquante ici et là mais rien de grave. On profita de son sommeil pour la ficeler comme il faut, passant des lanières de cuir autour de son museau et de ses pattes, pour éviter tout désagrément.
— Uraïa, on rentre à Claircombe. Raquel, nos arrières. Orik, tu m’aides et Xan’ti tu fais en sorte qu’elle soit assez vaseuse pour éviter qu’on se prenne une décharge.
— On va vraiment porter cet éclair sur pattes ?
L’Utgardien n’était pas emballé par l’idée de finir électrocuté par un gros lézard bleu.
— Si tu veux ta part, oui.
C’est d’un grognement plein d’entrain qu’Orik attrapa les membres avant de la Wyrm tandis que Markus s’occupait des pattes arrières. Puis une fois tous prêts, ils se mirent en route.

Le retour se passa assez paisiblement bien que pesamment. La wyrm n’était pas très lourde mais le groupe était exténué, trempé et avec la tombée de la nuit, ils commencèrent tous à grelotter avant d’arriver aux portes de la ville. Ils avaient rarement été aussi heureux de rentrer et ne rêvaient déjà que d’un lit. Et d’une baignoire d’eau chaude. Encore fallait-il déposer leur imposant paquet. Ils rejoignirent donc la taverne de Siscel où ils purent déposer fièrement leur butin devant leur client Amaranthis et les yeu effarés des clients. Voilà qui ferait de la publicité au groupe sans rien leur coûter. Darel n’était visible nulle part mais avec une cheville cassée, il devait avoir rejoint le quartier Utgardien pour recevoir des soins des guérisseuses. Le client, s’il parut surpris, ne le montra guère et paya son dû comme convenu. Une somme qu’ils avaient rarement vue. Au moins, ils en furent quittes de surprise de dernière minute.

Le groupe ne s'attarda pas beaucoup sur place. Tous étaient fourbus et frigorifiés, et chacun avait hâte de retourner à ses pénates. La mort des autres chasseurs avaient passé le goût à la plupart pour les échanges festifs qui les animaient habituellement à la fin d’une chasse réussie. Celle-là avait été trop laborieuse pour qu’ils aient envie d’en plaisanter. Le partage se fit chez Markus, comme d'habitude, puis un à un, les membres du groupe prirent la direction de leur propre lit. La nuit était déjà bien avancée, mais Uraïa s'était arrêtée sous le porche de la maison de Markus, un petit verre de liqueur à la main.

Markus Falsom
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Sam 4 Sep - 0:32
Le chasseur était dans son atelier occupé à vider son sac de chasse encore trempé par les intempéries. Il remarqua d’ailleurs qu’il avait souffert pendant les combats et que Markus était encore bon pour une séance de couture. Il posa machinalement de la corde dans un bac avant de vider des clous dans un autre. L’Ascanien n’arrivait pas à se sortir les morts et leurs corps meurtris de la tête, c’était des chasseurs tout comme eux. Lui aussi aurait pu avoir un excès de confiance et tenter sa chance comme il avait l’habitude de le faire mais la Providence n’avait pas sourit à Patti et sa bande. Les trois chasseurs qui lui avaient tout enseigné lui avait pourtant parlé du besoin d’entraide entre ceux qui sortent des murs. Depuis Markus essayait, souvent avec réciprocité, de tendre la main à d’autres chasseurs une fois dehors, d’ailleurs il commençait à tous les connaître. Darel et Gloria allait devoir se débrouiller seuls et il fit un serment sur le Livre de les aider. Une fois son sac vide, Markus sorti de ses pensées pour allez se chercher de quoi boire et c’est là qu’il remarqua Uraïa.
— Tu n’es pas rentré dans ta cahute, loin de la civilisation Ascanienne ? Tu prends goût à la route pavée et les murs en pierres ?
L'Utgardienne sourit tout en lui gardant le dos tourné. C'était devenu un jeu qu'ils maîtrisaient bien avec les années, mais elle essayait de ne pas lui donner satisfaction trop vite, question de fierté. Elle soupira bruyamment en lieu et place avant de vider son verre de liqueur.
— L'alcool n'est pas mauvais, et j'avais quelques crampes. Et puis je vis dans une auberge, tu le saurais si tu passais plus souvent... En comparaison du nid de félon qui te sert de logis, je te trouve gonflé de me faire des leçons de civilisation...
A ces mots, elle se retourna avec un léger sourire goguenard sur les lèvres, appuyée au chambranle de la porte.
Il secoua la tête d’une manière faussement outrée.
— Une auberge peut être une cahute et je ne vais pas dans ce coin, c’est aussi mal famé qu’un village Utgardien. Je ne sais même pas comment fait ce brave Xan’ti pour le supporter. Il continue de te suivre partout comme un petit chat ?
Le chasseur lui retourna son sourie avant de se diriger vers le foyer pour agiter les braises alors qu’il retirait sa chemise encore humide de leur séjour dehors.
Elle marqua une courte pause sur le pas de porte puis se décida finalement à se décaler et à refermer doucement le battant dans son dos.
— Xan'ti n'est pas un petit chat... Il n'aime pas les Claircombois c'est tout. On se comprend. Et il aime bien s'occuper des faucons.
Elle fixa un instant le dos de l'Ascanien d'adoption, en se demandant ce qu'elle comptait faire en restant là, puis secoua la tête avant de s'approcher du feu, étendant les mains à juste distance devant les flammes.
Le chasseur ne semblait pas déconcerté plus que ça par le fait qu’Uraïa reste dormir ici, elle e avait parfaitement le droit en étant l’une de ses amies et comparse. De plus, ils avaient déjà fait plus qu’être des amis sans vraiment chercher à aller plus loin, le caractère farouche de l’Utgardienne et l’absence d’attaches de l’Ascanien en était la cause. Markus ne pensais tout simplement pas à s’installer pour fonder une famille, bien trop occupé à développer le piège parfait et gagner sa croûte.
— Tu m’aidera dans deux jours ? J’irais relever les pièges que j’ai posé aujourd’hui. J’emmènerai sans doute Darel ou Gloria pour leur indiquer l’endroit où se trouve les restes de leurs amis. Si jamais ils veulent leur offrir des adieux décents.
Il soupira longuement, encore amère.
— Ça reste un bel hommage à la chasse que de mourir en la pratiquant…Mais quand même. Qu’elle connerie de mourir par fierté.
Elle remplit de nouveau leurs verres avant de s’asseoir à côté de lui devant le feu. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait ça et se demanda pourquoi. Puis elle but et en revint à leur conversation.
— On peut pas tout contrôler. Tout marche pas comme tes pièges. Mais je viendrai avec toi, évidemment. Les faucons ramèneront des lièvres, ca nous fera un ragoût.
Elle reprit ensuite :
— Pourquoi on prendrait pas quelques jours de… de vacances ? On a assez pour être tranquilles un moment.
Markus regarda Uraïa comme si elle avait dit une mauvaise blague.
— Des vacances ? Pour allez où ? Chez les tarés du Port aux Échoués ? Non je vais profiter de ma paye pour combler les trous dans le toit. La pluie ne s’infiltre pas encore mais l’humidité par contre. Et je vais me prendre quelques légumes, je mange trop de viande.
Il la regarda ensuite.
— Je te pensais pas être du genre à prendre des vacances.
Elle se sentit ridicule puis haussa les épaules.
— Tu sais, juste… juste partir ailleurs. Tu as besoin de te changer les idées… Bref. Oublie ça. C’était probablement une mauvaise idée…
Elle renfila une partie de son verre sans le regarder.
Regardant son verre sans grande conviction, Markus haussa une épaule.
— J’apprécie, Uraïa. Je sais que je peux compter sur toi…C’est juste que j’ai beau la côtoyer, je ne suis toujours pas habitué à la mort. Surtout les morts inutiles. Je pense à leur vie brutalement terminé, leurs amis, leur famille…Tout.
Il posa sa tête sur l’épaule de la rousse en grognant.
— Encore heureux que je soit pas aussi tergiversant sur les animaux, je ferais sans doute une dépression à chaque sortie.
Elle fut surprise par ce contact sur son épaule. Depuis combien de temps n’avait elle pas fait ça ? Elle se prit à rire doucement, à ses mots.
— Tu ferais surtout un terrible chasseur, Markus…
Elle prit le temps d’apprécier le poids de sa tête contre son épaule avant de reprendre.
— Tu sais, c’est ce que j’apprécie le plus chez toi. Tu ne t’habitues pas à la mort, ni à l’horreur. Tu as gardé ton humanité.
Il souffla une nouvelle fois, comme un chat que l’on vient de caresser après qu’il est fait sa toilette.
— Je me demande si c’est pas justement mon problème. Garder de l’humanité alors que même la Providence n’est pas capable de te protéger de cette malédiction qui relève les morts.
Sans bouger, il tendit les mains devant l’âtre.
— C’est quoi la version des Utgardiens sur cette malédiction ‘?
— Les Utgardiens sont comme les autres. Ils se considèrent pas vraiment maudits. C’est un point de vue de nomade…. Pour ma part, je pense qu’on a provoqué des dieux plus forts que nous. Et ça nous est retombé dessus…
— Comment peut on penser qu’on est pas maudits, sans donner raison aux nomades, je vois une malédiction dans cette histoire. Les morts ne sont pas censés se relever.
— Markus, les gens font ce qu’ils peuvent pour continuer de vivre. C’est ce que n’importe quel chose vivante fait pour avancer. Et parfois… je me dis qu’on devrait….
Elle marqua une pause. Elle ne parlait comme ça qu’avec lui. Ou Orik quand il était assez sérieux pour l’écouter.
— Je me suis toujours demandé pourquoi ma mère m’avait… conçue alors qu’elle savait… elle savait ce qui arriverait. Parfois on connaît la fin mais on fait seulement ce pour quoi on est faits : vivre.
Il écouta d’une oreille attentive puis enchaîna.
— Moi je suis bien content que ta mère est eu envie de t’avoir sinon je me serais retrouvé avec une Amaranthis en partenaire. Tu imagines un peu ?
Il lui souri avant de finalement redresser la tête pour contempler les flammes avec un léger sourire aux lèvres.
— Ou une Ascanienne.
— Ou une Ascanienne. Tu n’aimes pas le brun Ascanien ?
— Quel brun Ascanien ? Je ne vois pas de quoi tu parles….
Elle souffla du nez et fut la suivante à poser son menton sur son épaule.
— Les Ascanien sont bruns en général…Tu prends tout au pied de la lettre, Uraïa. Qu’est ce que tu vas faire de cette bonne paye ? Un faucon de plus ? Peut-être un petit taudis rien qu’à toi ?
Markus lui tapota gentiment le bout du nez avec son doigt en souriant.
— Ce n’est pas que je ne veux plus de toi mais un Utgardien chez les Ascaniens, ça fait mauvais genre.
— Pourquoi je me soucierais de l'avis d'un maudit Ascanien...? elle sourit à demi tout soufflant dans son cou. Il va falloir faire un peu plus que ça pour me chasser. Quant à acheter quelque chose... Je ne manque de rien... Je le mettrai de côté, sûrement.
Uraïa avait plus qu'assez d'économies, depuis le temps, mais elle ne trouvait rien dans quoi le dépenser. Peut être une volière digne de ce nom un jour, ou... elle n'avait pas d'idée. Ou des idées qui ressemblaient davantage à des mirages.
Il secoua la tête après un frisson face au souffle moqueur de l’Utgardienne avant de s’appuyer sur ses deux mains pour contempler le feu.
— On manque tous d’un truc. Si tu fais ça juste pour la survie de chaque jour, c’est triste. Je sais pas moi. Une ferme où tu élèveras des oiseaux ? Ou alors une chaumière avec des haches et des boucliers partout comme un bon bourrin d’Utgardien ? Une caravane pour voyager ?
Elle lui flanqua une bourrade si légère que ça ne ressemblait pas vraiment à la fière Utgardienne qu'elle était.
— Si j'avais un rêve ? Ce serait un petit chalet au sommet d'une montagne. On pourrait se lever en dominant le monde.
Elle secoua la tête.
— Mais bien sûr, personne ne vit en dehors de Claircombe. Et Port aux Échoués merci bien...
Markus fit la grimace et regarda la rousse d’un œil curieux.
— T’en a déjà vu une de ces créatures qui sortent la nuit ou c’est juste des rumeurs pour expliquer la disparition d’Utgardien trop bourrés pour marcher droit qui tombe à la mer ?
— Je ne les ai pas affrontés, mais je les ai entendus... Tout est barricadé dès la tombée de la nuit, c'est un véritable enfer. J'ai horreur d'être enfermée...
Mais ça, Markus le savait de longue date.
— Ouais mais pas vu. Si ça se trouve, c’est juste une bande de cons qui en profite pour s’accaparer la ville quand il fait nuit.
— Ca grogne et ça tape, et ça a des yeux jaunes...
Elle frissonna en revoyant les silhouettes à travers les planches de la taverne qu'elle avait occupée pendant cette soirée tumultueuse là bas.
Comme un vieux réflexe, Markus passa son bras autour de la taille d’Uraïa pour la garder contre lui.
— Bon bon. Vu ce qu’on trouve dans la forêt, ce qu’il y’a dans l’eau ça doit pas être mieux.
S'ils n'avaient pas été seuls, rien que tous les deux, elle aurait probablement repoussé ce geste d'affection. Mais elle était seule avec lui, et elle n'avait pas envie de se défendre, loin de là.
Le chasseur avait déjà pêché, ça l’occupait quand il n’avait plus rien à faire une fois ses pièges posé et son campement prêt. Les cours d’eau des bois regorgeaient de poisson tant les hommes ne sortaient pas des murs de la ville. Tout cela pour dire qu’il n’avait essayé en mer.
— T’es déjà monter sur un navire ?
Elle réfléchit à sa question, se projetant quelques années en arrière.
— Peut être une ou deux fois étant gamine, pour aider les pêcheurs à décharger... Mais ça s'arrête là... Quoi, tu voudrais embarquer sur un bateau, Markus ?
Je sais nager...
Elle fit une petite moue à l'idée de voyager en mer. Après tout, pourquoi pas, restait encore à savoir où aller.
— Tu parles. Je ne sais pas nager et en plus, il parai que c’est remplis de créatures qui retourne les navires dans le coin. Très peu pour moi.
Le chasseur secoua vivement la tête pour appuyer sa phrase.
— Je m’intéresse c’est tout. On en a pas souvent des moments où c’est juste que nous deux, on est pire qu’une famille avec les trois autres. Toujours dans les pattes de l’un ou l’autre.
Elle ne put que sourire en hochant la tête à ce constat.
— Vrai. C'est une famille. Et je me suis dit que... que tu aurais besoin de compagnie ce soir.
Elle le fixa avec un demi sourire de côté.
— Autant profiter du temps qu'on a.
Il lui rendit son regard tout à fait innocemment.
— Comme si j’étais le seul qui avait besoin de compagnie.
Maintenant, Markus était bien sûr de la proposition de la rousse alors sans la faire patienter plus avec des histoires de natation et de navires, il se pencha pour l’embrasser.
Elle roula des yeux avant de se faire couper la chique par ce baiser qui avait trop tardé. Elle oublia un instant ce qu'elle voulait dire et lui rendit son baiser avec sa fougue caractéristique, passant ses bras autour de son cou, avec une délicatesse qui ne lui était pas habituelle. Elle se permit même un léger sourire, un de ceux que personne n'avait jamais l'occasion de voir à part lui, dans ce genre de moment.
Le chasseur se moquait bien qu’Uraïa agisse différemment avec lui ou qu’elle soit bien moins sauvage, il avait besoin d’elle. Cette journée dans la forêt lui avait détruit le moral tout en l’épuisant physiquement et mentalement. Non, il voulait juste glisser ses doigts dans cette tignasse rousse, sentir sa chaleur, embrasser sa peau…Ce soir, elle n’était qu’à lui.
C'était l'un de ces moments suspendus dans le temps. Uraïa n'était pas douée avec les mots, mais elle sentit le besoin de Markus, elle pouvait lire en lui, après toutes ces années, comme il pouvait lire en elle. Et elle laissait libre cours à ses élans, agrippant sa nuque avec plus de force, ces épaules plus solides qu'il ne pouvait l'imaginer, et il lui semblait que le feu qui crépitait non loin crépitait sous sa peau à elle, à mesure qu'elle pressait son corps contre le sien. Elle ne pensait plus au lendemain, ni à ce qu'ils avaient perdu, ni à cette terrible obscurité qui les guettait.
Perdu dans cette danse mêlée aux pas bien à eux, Markus laissait son esprit se contenter du moment, oubliant cette journée éprouvante et les visages des maudits. Non, il n'y avait que ces cheveux roux emmêlées contre son visage et ces lèvres attirantes, le chasseur s'abandonna totalement à l'Utgardienne et à la chaleur de leurs ébats. Prémices d’une nuit plus douce.
Le soleil était levé depuis quelques temps alors que les deux étaient toujours assoupis à même le sol avec une simple couverture en peau pour seule protection. Les braises maintenaient une certaine chaleur dans la bicoque tandis qu’un chasseur hagard se réveillait en premier dans un grognement. Les brouhahas des passants l’avaient réveillé, il chercha d’une main hasardeuse son pantalon de lin et essaya de l’enfiler pour partir à la recherche d’un déjeuner.


Dernière édition par Markus Falsom le Sam 4 Sep - 1:06, édité 1 fois
Uraïa
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Sam 4 Sep - 0:51


Uraïa n’avait pas si bien dormi depuis un moment, surtout en considérant qu’elle n’avait eu que le sol pour matelas et le torse d'un certain chasseur pour oreiller. Mais en remuant, Markus avait créé un appel d’air sous la couverture et elle frissonna dans l’air du matin ce qui finit par lui faire soulever une paupière lourde de sommeil. D’un bras paresseux, elle voulut retenir Markus en grommelant à propos du froid et des courants d’air. Peu farouche, surtout qu’il n’avait rien de prévu de faire pour le moment et de simplement profiter de quelques jours de repos, Markus se laissa retenir un instant, revenant contre elle.
— J’ai faim, Uraïa.
Elle soupira d’aise en retrouvant la chaleur de son amant. Elle ne voulait pas songer au jour ni au fait qu’il lui faudrait bientôt retrouver sa solitude. Passant une jambe tatouée autour de sa proie si docile, elle se blottit un peu plus étroitement contre lui avant de lui voler un baiser endormi.
— Moi aussi.

Le chasseur souffla un rire avant de glisser ses mains sur le dos nu de la rousse, lui offrant une étreinte bien méritée. Puis cette fois avec un peu de conviction, il se dégagea avec un brin de malice tout en lui laissant la couverture alors qu’il se mit à chercher de quoi becter dans son garde-manger.
— J’ai de la viande de biche. En fine tranche à la poêle avec un peu de sel. Il doit me rester du pain de nos vivres d’hier.
Sans même attendre une réponse, il était revenu avec la poêle pour commencer à la faire chauffer sur les braises encore chaudes, soufflant sur ces dernières pour les relancer. Elle s’étira comme un chat sous la couverture, un fin sourire aux lèvres alors que son estomac se tordit aux premières odeurs de cuisson. Markus avait toujours été plus doué qu’elle pour la cuisine, et elle lui faisait entièrement confiance dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres. Elle se redressa finalement avec curiosité pour vérifier ce que cela donnait, exposant rarement son corps de cette manière. Peu de gens avaient une telle vue sur les motifs à l’encre qui parcouraient l’intérieur de son bras, ses épaules et son dos, et sa cuisse. Elle glissa son menton sur l’épaule de Markus avant de piquer un bout de viande à demi cuit dans la poêle.
— Pas mal. Un peu sec, peut-être….
C’était presque une routine de couple sauf qu’elle ne l’entendrait jamais de cette oreille et puis ils n’avaient jamais vraiment aborder le sujet. Tant que les deux y trouvaient leur compte, Markus ne voyait aucune raison d’en parler sérieusement. Peut-être plus tard.
— Tu n'attends pas que j’ai fini de cuire en même temps, vous savez manger autre chose que de la viande à moitié brûlée chez les Utgardiens ?
Tout en se moquant gentiment, il soupoudra ces tranches de viande de sel, faisant crépiter la poêle.
— Les Utgardiens savent cuisiner, c’est juste moi qui n’ai pas la patience.
Elle sourit, ce qui était rare. Et il était encore plus rare qu’elle admette une quelconque faiblesse. Mais elle était tout aussi rarement de bonne humeur.
— Un bon chasseur est un chasseur avec le ventre plein d’une bonne viande et quelques légumes. C’est une question de survie.
Cette fois, il lui tendit un morceau cuit et assaisonné, ce n’était pas de la grande cuisine mais c’était déjà pas si mal. Il en prit un morceau à son tour, continuant de faire revenir ces petites tranches de viande.
— Demain, j’irai relever les pièges que j’ai posés sur notre chemin lors de notre dernière mission. Tu veux venir ? On partagera. Moitié moitié comme d’habitude.
Elle accepta volontiers la nourriture. Elle réalisa qu’elle mourrait de faim et ne discuta pas des talents de Markus en la matière. Ce matin là, il aurait pu lui faire manger du charbon que cela lui aurait paru le meilleur déjeuner au monde. Elle acquiesça tranquillement à ses mots.
— Je t’ai dit que je t’accompagnerai. On trouvera Darel dans le quartier Utgardien et je parie que Gloria ne sera pas loin.
Elle se demanda si les deux partageaient le même genre de relation qu’elle avait avec Markus.
— Désolé. J’ai un peu oublié la discussion d’hier.
Le chasseur lui retourna un sourire narquois avant de partager ce qu’il restait de nourriture, un maigre repas mais comme lui avaient enseigné les chasseurs qui l’avaient formé : Repas copieux, chasseur laborieux. Elle sourit en retour en piquant dans la poêle.
— C’est que je sais encore y faire avec toi…
Elle ne songeait pas à la texture infâme contenue dans une fiole obscure qu’elle s’efforcerait d’avaler quand il aurait le dos tourné. Pour le moment, elle voulait seulement profiter de cette matinée ensoleillée avec la seule personne avec qui elle avait envie de la partager : lui. Ces moments étaient trop rares. Le chasseur lui retourna un sourire simple mais sincère, hochant doucement la tête pour ajouter ensuite.
— Merci de ne pas m’avoir laissé seul.
Markus secoua la tête pour reprendre son air assuré, récupérant une chemise qui n’était pas trop sale et enchaîna.
— Allez, Uraïa ! On a tous les paquetages d’hier à déballer et à faire sécher, y’a des trucs qui vont pourrir !
Elle roula des yeux devant son empressement à en finir avec leur moment. Elle était encore nue sous la couverture dont elle s’était enroulée. Elle s’en extirpa, nue comme à son premier jour et lui décocha un air narquois.
— Mais oui, tout de suite, chef…
Évidemment, comme tout mâle encore en état, la vision d’Uraïa dans son plus simple appareil eut pour effet de laisser Markus la bouche ouverte. Sa chemise n’avait passé qu’une seule manche alors que ses yeux parcouraient cette œuvre d’art vivante tant elle avait de tatouages.
— Ça…Ça peut encore attendre un peu.
Et il se dirigea vers elle en s’extirpant de cette chemise malvenue dans cette situation. Elle esquissa un sourire goguenard à son abandon si rapide. Il n’était pas si habituel qu’il la regarde ainsi, et la dernière fois qu’ils avaient passé la nuit ensemble remontait à trop longtemps pour qu’elle s’en souvienne bien. A moins que ce soir-là ils avaient trop bu… c’était confus. Toujours était il qu’elle attendait la riposte de pied ferme.
— Je croyais que tu étais pressé…
Markus ne se soucia pas de lui répondre, comme s'il la jugeait bien trop maligne pour lui et de toute façon, le chasseur n'avait plus aucune idée claire. Maintenant, il prenait du retard sur ses activités pour une autre qui était bien plus intéressante à son goût.

Habituellement, elle filait rapidement au petit jour lorsqu’ils se retrouvaient fugacement dans la nuit. Mais ils avaient failli retrouver leurs dieux respectifs lors de cette dernière expédition. Et il y avait quelque chose de familier, de chaleureux, dans cette matinée qu’ils passaient ensemble. Markus était son foyer. Chose qu’elle ne pouvait admettre mais qu’elle avait moults façons de lui démontrer ce matin là. Elle aurait voulu lui dire que bien des fois, elle avait dû se faire violence pour partir. Mais le chasseur avait sa façon tout à fait personnelle de lui faire oublier ses tentatives de déclarations.

Ainsi, les deux chasseurs perdirent toute une matinée de la meilleure des façons car même s’il ne l’admettrait devant personne, Markus n’était pas encore remis de la journée de la veille. Alors, rester dans les bras de son amante Utgardienne qui ne semblait pas bien farouche à cette idée lui accordait le plus grand des réconfort. Un jour, peut-être, il trouverait le courage de lui dire de rester plus qu’une nuit ou une matinée mais Markus avait bien trop peur de tout gâcher pour essayer. Néanmoins, la Providence lui en soit témoin, il le ferait, un jour.

Finalement, le soleil s’était levé de nouveau sur un beau temps clair que les deux amis et amants de longue date n’avaient même pas pris le temps de remarquer. Après avoir passé la journée enfermés loin du monde et des perturbations habituelles de la ville ou de leurs obligations, à se faire oublier de tous, y compris ce petit clan qu’ils formaient avec les autres - ils reprirent la route ensemble, juste à eux deux comme l’avait proposé Markus, dans une quête en demi-teinte. Ils se dirigèrent d’abord vers le quartier Utgardien, où Uraïa finit par retrouver Darel, occupé à récupérer de sa blessure, alors que Gloria veillait sur lui. Quand il apprit que le reste de son groupe avait péri, Darel insista pour se lever et les accompagner et Gloria se contenta de hocher tristement la tête avant de préparer un sac. C’est ainsi qu’ils prirent finalement la direction des faubourgs puis de la sortie de Claircombe, Uraïa et Markus marchant en tête.

Les faucons volaient en cercle, haut dans le ciel, et ils ne tarderaient pas à ramener des lièvres gras pour leur bienfaitrice. La tragédie qu’ils avaient vécue lors de leur dernier défi semblait presque irréelle alors que le temps était si doux, et l’air emprunt de mille senteurs d’automne.
Seul le silence pesant et douloureux de leur escorte rappelait que tout n’était plus tout à fait comme avant. Le duo formait à lui seul un rappel vivant de la menace qui planait sur chaque chasseur qui s’avérait un peu trop téméraire en dehors des murs.
Ils durent marquer de nombreuses pauses et arrêts pour que Darel puisse suivre le rythme, mais rien ne les pressait et le temps étant clair et dégagé, ils se permirent une halte à la belle étoile avant de pouvoir repartir à la fraîche pour la dernière partie du voyage. Uraïa dressa le camp avec Gloria, se mettant en quête de bois pour le feu pendant que Markus préparait les lièvres attrapés pendant la journée par les faucons avec Darel.

La pisteuse n’était pas bavarde et sa compagne ne l’était pas beaucoup plus semblait-il, aussi pendant un moment, elles se contentèrent de ramasser du petit bois en silence, attentives seulement aux sons du sous-bois.
Finalement, ce fut Gloria qui rompit le silence la première.
— Je voulais te remercier, toi et ton ami, pour nous avoir emmenés avec vous. Ça compte beaucoup pour nous, même ce gros lourdaud de Darel.
Uraïa marqua une pause et hocha la tête.
— Ne me remercie pas, c’était l’idée de Markus.
L’autre haussa les épaules.
— C’est toi qui es revenue en arrière pour Darel quand le béhémoth nous a chargés. C’était de la folie furieuse…
Uraïa sourit à demi.
— Je suis pas connue pour ma prudence.
Elle finit par poser une main sur l’épaule de la jeune femme.
— Te fatigue pas. Si ça avait été Markus, j’aurais été contente que quelqu’un aille le chercher. C’est tout.

Le chasseur regardait Darel du coin l’œil en s'assurant de ne pas cramer la viande sur le feu
— Tu aurais dû rester chez toi, tu risques simplement d’abîmer un peu plus ta cheville. Peut être de manière définitive.
L'Utgardien regarda Markus comme s'il avait insulté sa mère et ce dernier leva les mains en l'air en prévention.
— Calme toi, c'est juste un fait.
— Je me fiche des faits, il en va de mon honneur de retrouver mes sœurs et frères d'armes. Leur offrir une fin digne d'eux.
Darel souffrait le martyr avec sa cheville mais il gardait un air digne comme celui d'Uraïa quand il s'agissait des trucs d'Utgardiens et de leur honneur à la mord-moi-le-nœud. Il ne comprendrait jamais cette volonté de mourir plutôt que de fuir ou dans ce cas là, prendre le risque de s'handicaper à vie pour aller chercher des morts.
— On les aurait ramenés de toute façon.
— C'est à moi de le faire. Et à Gloria.
— Bon bon. Vous êtes tous les mêmes.
— Qu'est ce que tu veux dire par là, Ascanien mi...
Il s’interrompit car les deux femmes venaient de revenir à porter d'oreille, visiblement il craignait de parler devant Uraïa depuis l'histoire de l'auberge ou alors c'était celle de Gloria dont il avait peur. Peut-être les deux.

Uraia regarda les deux puis l’air renfrogné de Darel et déposa le bois non loin. La nuit tombait vite surtout à cette période de l’année et elle avait faim. Elle décida d’ignorer l’air des deux compères pour le moment pour se concentrer sur la nourriture. Et Gloria fit de même avant de s’installer à côté de Darel et de vérifier sa cheville. Elle avait emmené de quoi changer ses bandages.
Uraia piqua un peu de lièvre et en profita pour chuchoter vers Markus.
— T’as énervé l’Utgardien ?
Le chasseur secoua la tête avant de répondre sur le même ton.
— C'est un Utgardien. Il est tout le temps au bord de la grogne.
Elle haussa un sourcil et lui rendit un regard explicite.
— Markus…
— Je lui ai parlé de sa cheville. Ce n'est pas de ma faute si dès qu'on vous parle d'une faiblesse, vous prenez la mouche.
Elle roula des yeux. Ainsi c’était ça, Darel avait du mal prendre qu’on le prenne pour le traîne misère du groupe.
— Il est triste d’avoir perdu son groupe.
Elle ne pouvait pas dire mieux. Depuis le matin, elle s’était imaginée à sa place et rien ne pouvait l’horrifier davantage. Un morceau de viande dans la bouche, il termina de mâcher avant de répondre non sans hausser les épaules.
— Je le comprends mais ça reste tout de même un danger de se déplacer avec une telle blessure. Il pourrait finir par se briser la cheville véritablement...Tu as vu le parcours de ce matin ? Enfin, c'est pas ma cheville.
Il fit ensuite circuler la viande ainsi que des légumes secs pour agrémenter le repas. Après plusieurs minutes, Markus éleva la voix.
— Je sais que c'est un peu tôt...Mais si vous avez besoin de partenaires de chasse, on pourrait vous trouver une place dans nos expéditions. Je ne dis rien pour les contrats de peur de me faire arracher les yeux par Raquel mais pour chasser, on a jamais trop de bras. Si vous faites votre part...Et bien vous aurez votre part.
Uraia avait serré son épaule à sa remarque.
— Si ça avait été moi la bas, tu aurais laissé quelqu’un d’autre s’en charger ?
Puis elle hocha la tête imperceptiblement à sa proposition. Markus n’était pas toujours très fin mais il avait du cœur. Gloria acquiesça avec gratitude et Darel maugréa mais ne fit aucune remarque désagréable, mangeant de bon appétit.

Markus ne rajouta rien, ni au sourire de Gloria ni à l'absence de réponse de la part de Darel. Et surtout pas à la question d'Uraïa, elle pourrait avoir raison sur ce point mais bon pas besoin de lui donner raison. Elle pourrait ne jamais l'oublier et l'Utgardienne avait déjà bien assez d’anecdotes à son sujet pour le faire rougir plus d'une fois. Dormir dans les bois n'était pas une chose que le chasseur aimait faire sans connaître totalement le terrain comme à la cabane des Trois Serpents où le moindre arbre aux alentours n'avait aucun secret pour lui. Chacun devait monter la garde et le reste ne devait dormir que sur une oreille, de plus il fallait se passer du feu pour éviter d'être trop voyant en pleine nuit, les nomades pouvaient avoir envie de se faire quelques Claircombois ni vu ni connu comme à leur habitude. C'est Gloria qui se proposa de prendre les deux premiers quarts avec Darel ce qui convenait parfaitement à Markus qui tira sa couverture non loin des braises encore chaudes.

Uraia n’insista pas, le message était passé et elle savait exactement comment Markus réagirait à sa perte. Pas besoin de l’ennuyer avec ça. Comme les deux autres prenaient le premier quart, elle prit elle aussi sa couverture et se prépara à dormir. Elle posa la sienne non loin des braises et de Markus. A la faveur de l’obscurité, il n’était pas rare qu’il la cherche dans son sommeil et vice versa. Et elle n’était pas contre qu’il la retrouve.

Après une nuit courte pour l’ensemble du groupe dû à quelques alertes et un maigre déjeuner, Uraïa avait ouvert la marche tandis que Markus s’occupait de couvrir leurs arrières. Le reste du chemin de fit sans encombre, la chasseresse s’assurant de leur faire emprunter un chemin qui évitait les territoires des prédateurs. Darel semblait déterminer à maintenir la cadence malgré son handicap, Gloria lui avait confectionné une béquille avec un gros morceau de branche pendant son tour de garde. Markus ne posa aucun piège cette fois, il ne voulait tout simplement pas revenir ici avant un moment, trois chasseurs étaient mort dans le coin et son côté superstitieux ne l’aidait pas. La hampe de sa lance entre de ses deux mains, ils scrutaient les alentours à la recherche des prémices d’une harde ou d’un troupeau. Comme si l’horreur qu’avait vécu le groupe de Patti allait se reproduire mais une fois de plus, c’est le cri d’un des oiseaux d’Uraïa qui les prévint du danger.

En effet, au loin, des Monarques embrasés - de gros rapaces à tête rouge, avaient commencé à se rassembler pour un festin de choix. Les faucons n'étaient pas de taille à les concurrencer et ils prirent rapidement le large pour éviter de se faire voler quelques plumes si ce n'est pire. Uraïa saisit son arc et visa une des créatures aux abords du charnier. Elle prit le temps d'ajuster son tir puis relâcha la corde, et le trait se ficha en plein sous l'aile d'une des créatures qui s'effondra dans un cri strident. Aussitôt, les autres, alertés par la mort de leur congénère, s'envolèrent dans des claquements de becs rageurs et quelques froissements d'ailes.
— La voie est libre, mais d'autres pourraient arriver...
Il fallait faire vite, les charognards ne manquaient pas dans les étendues vertes. D’un geste, il fit signe aux deux autres de venir avec lui laissant Uraïa s’occuper de garder le ciel car les Monarques étaient réputés pugnaces. La chasseresse leur avait dit de se dépêcher mais Markus n’avait pas le cœur à presser Gloria qui s’effondra quasiment à l’instant où elle reconnut les cadavres terriblement abîmés de ses compagnons. Même le redoutable Utgardien était devenu blême et l’Ascacien, qui avait beau s’être préparé, n’en menait pas large non plus. Néanmoins, Markus se reprit et ramassa du bois pour préparer un bûcher rapide puis ce fut Darel qui s’activa pour rassembler les corps. Les deux laissèrent Gloria à ses lamentations et ses prières, Markus éclaircissait les alentours pour éviter que le feu prenne ailleurs. Il chercha du regard Uraïa pour s’assurer qu’il n’avait pas manqué un signe de sa part.

Elle tenait son rôle de sentinelle à la perfection, cherchant dans le ciel ou plus loin une menace imminente pendant que le reste du groupe s’évertuait à préparer les derniers honneurs pour les chasseurs emportés trop tôt par le destin. Une position bien pratique qui lui permettait d’échapper aux lamentations de Gloria et à la vision de ces corps dépouillés et ravagés par la mort et la faune environnante. Elle fut finalement tirée de sa surveillance par Markus qui l’interpella. Le bûcher allait bientôt être allumé et le reste du groupe l’attendait pour lancer cet ersatz de cérémonie. Nul prêtre et des chasseurs de confessions si différentes. Une Amaranthis, un Utgardien et une Nomade. Ça aurait pu être le début d’une blague. Mais ça avait tout d’une tragédie. Uraïa préféra rester en retrait et laisser Gloria et Darel dire quelques mots et prières adressées à tous les dieux possibles. Instinctivement, Uraïa gardait une mine fermée et silencieuse, le regard figé sur ces bûchers de fortune qui exhalaient déjà de longues colonnes de fumée noire dans le ciel. Elle pria pour qu’aucun nomade ne débarque pour s’inviter à la cérémonie.

Markus regardait les flammes tout en récitant une prière funèbre pour les âmes de ces trois chasseurs. Trois chasseurs de moins pour Claircombe. Trois braves de moins pour sortir en dehors des murs. Trois camarades de moins. Il en voulait à Patti de ne pas avoir mis son orgueil de côté pour se joindre à lui et de tous s’en sortir vivant. Markus voulait se convaincre qu’il avait fait son possible pour l’en dissuader mais c’était faux. Le chasseur avait clairement profité de la situation pour essayer de forcer l’Amaranthis à s’associer avec lui pour une part moindre. Cela n’avait sans doute pas aidé dans sa décision et la culpabilité le rongeait depuis. Quel égoïste il faisait à se morfondre pendant la procession de trois morts, il avait envie de se donner des claques et fit le vide de sa tête, ne se concentrant que sur les versets du saint livre. Rapidement les trois bûchers s’enflammèrent totalement grâce à vent d’Est qui s’était levé quelques minutes plus tôt. Il était temps de partir et d’un commun accord avec Uraïa, les deux se retirèrent doucement après un signe à Darel qui s’occupait de Gloria et ses sanglots. Ils seraient rentrés pour le lendemain s’ils s’éloignaient assez du dernier repos de Patti et ses chasseurs. Même dans ce genre de moment solennel, le danger n’était jamais loin et Markus se refusait à perdre un traqueur de plus. Plus jamais.

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