Allez savoir ce que l'utgardien faisait là, habillé comme un ascanien. On demandait rarement les services de Fjord Silverleif et de ses hommes, deux dockers charpentés, pour déplacer des caisses remplies de thé à la menthe. La plupart du temps, ses gars et lui se chargeaient, en toute discrétion, de laisser passer les marchandises de ses amis à bon prix. Un prix largement inférieur aux taxes imposées sur les étrangers du quartier. Il s'agissait d'une simple entente, rien de plus, et Fjord ne faisait que respecter l'esprit d'entreprendre. Certes, il ne conquérait pas sur les flots, la hache au clair, et la truffe trempée, mais finissait ses jours avec une assiette pleine, un verre de vin, et ses enfants sur les genoux. Il fallait choisir ses combats, et Fjord avait choisi les siens. Cette fois, pas de contrebande vers les quais mais directement pour le quartier Amaranthis. Un changement qui avait été grassement payé.
Aldemar Barrick savait de manière plus certaine la raison de sa présence en ces lieux. Sans négliger une rapide prière, l'homme, dont l'armure mate restait sombre sous l'éclat lunaire, tournait d'un pas pressé autour des caisses. Il avait eu du mal à se fournir. Beaucoup de mal. Mais le jeu en valait la chandelle. Deux ans de sa minable solde, en une nuit. Et tout ça en détournant une cargaison destiné à la caserne. Assez pour acheter un petit lopin de terre, dans quelques années, une fois les choses tassées. Assez pour se racheter une vie loin de ses "camarades" quand lui viendrait l'envie d'aller voir ailleurs.
Ne manquait plus à notre trio de cinq qu'une pièce : Satchel Uliman, homme de petite stature, au nez de fouine et à la démarche pressée. Couvert d'une cape discrète, portée par la plupart des citoyens de la ville, aucun signe ne trahissait, de près ou de loin, une appartenance quelconque. Satchel était homme à se fondre dans le paysage, et à disparaitre en cas de pépin. Inutile de dire que celui-ci présentait les deux caractéristiques essentielles pour un intermédiaire, avec le bon goût de ne pas chercher à trop en savoir sur son employeur. Une qualité qu'Alec appréciait particulièrement chez l'homme.
Et pour réunir les trois hommes dans la félicitée et l'entente entre les peuples, Ding-Dong. Ding-Dong l'âne. Enfin, plus précisément, la modeste carriole tirée par Ding-Dong. Et dans cette carriole, deux lourdes caisses, sans sceau aucun. Aldemar avait du graisser quelques pattes pour s'assurer que les sceaux de la cavalerie ascanienne "soient oubliés". Puis de les monter sur la carriole de Ding-Dong, donc, le point central de notre histoire. Ou pas. Peu importe.
Arrivant sur les lieux du rendez-vous, le petit Amaranthis avise ses deux "comparses". Même la noirceur nocturne ne parvient à cacher la distance manifeste entre l'ascanien et les trois utgardiens. Soupirant intérieurement, celui-ci se rapproche de Fjord. L'homme avait été payé en avance, comme tout partenaire régulier. On ne voudrait pas le prendre avec de l'argent sur lui, inutile de dire que moins les preuves s'accumulaient, mieux on se porait. "La troisième patrouille de minuit, entrée nord du bazar. Le sergent est prévenu de votre arrivée." Sans un mot, l'utgardien fait signe à ses hommes. Le premier s'installe derrière Ding-Dong -supériorité de l'animal sur l'homme-, le second s'asseyant à l'arrière, gardant une vue sur le petit "convoi". De l'autre côté, Fjord prend la tête, prêt à guider l'âne à travers le quartier et à contourner les patrouilles.
Attendant que le bruit des roues s'éloigne, le petit amaranthis se tourne vers Aldemar. Sortant une bourse, il la soupèse, et la lance au soldat. La réceptionnant, celui-ci l'ouvre doucement. "Il n'y que..." "La moitié de la somme convenue. Vous serez payé lorsque la cargaison arrivera sans incident à destination." "Mais j'ai livré ces armes ! La moitié couvre à peine les frais !" "Baissez d'un ton. Désolé, soldat, mais un trouffion qui joue sur les deux tableaux est vite arrivé. Soyez prévenu que tout imprévu sera mis à votre compte. Si vous avez quelque chose à nous dire maintenant, pour nous épargner de fastidieuses pertes de temps..." L'homme secoue la tête. "Très bien. Vous serez recontacté dans une semaine. En attendant, restez discret, mmmh ?" Avant que l'ascanien ne réponde, Satchel s'éclipse, se fondant dans les ombres d'une ruelle attenante et laissant, seul et dépité, un ascanien en mal d'argent.
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