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Quand la glace rencontre le feu - Erzebeth et Soren
Erzebeth
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Jeu 30 Sep - 18:10
Elle ne l’avait pas si mal jugé finalement, il semblait plus intéressé par l’argent que par la nature du travail qui pourrait lui être confié ; de là à supposer que Soren ne se contentait pas de jouer de la musique pour gagner sa vie, il n’y avait qu’un pas qu’Erzebeth aurait pu franchir les yeux fermés. Lorsqu’il lui proposa de parler de tout cela à l’extérieur, elle hocha simplement la tête et le laissa les guider le long des quais. Leurs capuches rabattues sur la tête, cheminant non loin l’un de l’autre pour ne pas avoir à élever la voix dans le silence de la nuit, ils avaient l’air de jeunes gens qui ourdissaient un sombre complot contre le reste du monde.

- Le travail que j’ai à vous confier nécessite discrétion et doigté, deux qualités que vous semblez posséder en abondance. Il ne s’agit ni de voler, ni de menacer, ni de corrompre et encore moins de tuer. Tout ce que je veux, ce sont des réponses.

Ils firent une pause au bout d’un large ponton, où le fleuve d’habitude ondoyant commençait à se cristalliser sous leurs pieds. Malgré sa propension à aller droit au but, on ne pouvait nier que l’Ascanienne savait ménager son suspens lorsque c’était nécessaire.

- Il y a quelques jours, j’ai perdu la trace de l’un de mes agents. Elle travaillait comme serveuse à l’« As à seins », un minable petit établissement de jeux et de boissons à la jonction des quartiers Utgardiens et Amaranthis. Je m’intéresse à son propriétaire depuis quelques temps, il semble avoir des contacts avec des gens bien trop hauts placés et je voulais savoir ce qu’il trafiquait avec eux.

Elle se tourna vers lui, plongeant son regard glacé dans le sien.

- Elle a disparu depuis trois jours et tout un tas de question a déjà été posé au personnel de l’établissement. Aucun ne sait où elle se trouve. Mon hypothèse ? Ma cible s’est aperçue qu’elle était surveillée et elle a pris des mesures. Ce n’est qu’une supposition, évidemment, mais c’est la seule qui me semble raisonnable à l’heure actuelle.

L’Ascanienne balaya rapidement les alentours comme pour s’assurer qu’ils étaient bien seuls au monde.

- Je veux savoir ce qui lui est arrivé. Je veux savoir si elle est morte ou encore en vie, et si c’est le cas savoir où elle est retenue. Je ne vous demande pas de jouer les héros ou d’intervenir, ce n’est pas votre rôle ; donnez-moi juste l’information et je m’occuperai du reste.


La mission était simple, presque un jeu d’enfant pour quelqu’un comme lui, pourtant le risque était bien présent, et elle voulait qu’il en soit pleinement conscient.

- Si mon hypothèse est avérée alors notre homme sait qu’il est surveillé et sera d’autant plus méfiant lorsqu’il apercevra une nouvelle tête. Vous devez garder cela à l'esprit si vous décidez de l'aborder frontalement.
Soren Grim
Soren Grim
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Ven 1 Oct - 0:35
La fraîcheur de leur environnement permit à Soren de se débarrasser en grande partie de l'inhibition qui l'avait accompagnée durant tout ce début de soirée. Fort heureusement, cette redescente ne tempéra pas sa bonne humeur ni son intérêt pour cette proposition inattendue. Attentif, il se garda d'émettre le moindre commentaire et prit soin de placer dans un coin de sa tête toutes les questions qu'il aurait à formuler. Tout en avançant, l'oreille tendue, Soren soufflait épisodiquement dans ses mains pour les réchauffer régulièrement, avant de les fourrer à nouveau dans ses poches.

Entendre qu'il ne devrait ni tuer ni menacer rassura quelque peu le jeune homme. Voler ou soudoyer auraient été deux actes qu'il n'aurait pas forcément refusé, si et seulement si la cible n'était pas dans le besoin toutefois. Mais visiblement, ce mystérieux travail ne comprenait rien de tout cela. Toujours muet, il attendit la suite avec une certaine impatience, elle en avait désormais trop dit pour le voir abandonner maintenant, mais pas assez pour satisfaire sa curiosité.

Le mot "agent" mit la puce à l'oreille de Soren. Peu de gens utilisaient ce terme, et généralement ils officiaient d'un côté ou de l'autre de la loi, mais souvent aux extrêmes. La suite du discours lui laissa penser que son interlocutrice était, elle, du bon côté. A vrai dire, il pourrait s'agir d'une simple guerre de territoire et de contrôle de trafic entre criminels, mais quelque chose chez le jeune homme l'empêchait de croire à cette idée. Il fronça les sourcils à la mention du lieu dont le jeu de mot lui échappa complètement. Il n'avait entendu parler de cet établissement qu'une seule fois, et pas forcemment en bien, ce qui n'était généralement pas de bonne augure lorsque l'on se basait sur la connaissance de Soren en matière de taverne peu fréquentables.

Les informations vinrent se compléter sans qu'il n'eut à dire quoi que ce soit. Son regard croisa celui de la jeune femme tandis qu'il imitait son mouvement pour se tourner vers elle. Il continua d'écouter en silence. L'hypothèse qu'elle avançait se tenait tout à fait, mais une nouvelle fois Soren s'abstint de tout commentaire, concentré sur toutes informations susceptible de lui servir. Il s'étonna cependant du rôle qu'il avait à jouer, celui de simplement recueillir des informations...Une demande assez étrange pour lui qui avait tendance à être de ceux qui passent à l'action.

Lorsqu'il fut sûr qu'elle eut terminé, il se tourna vers le bout du ponton et observa l'obscurité pendant plusieurs secondes avant de finalement prendre la parole à son tour.

- S'il sait qu'il est surveillé, il n'est pas à exclure que votre agente soit conservée quelque part pour servir d'appât à votre prochain employé, ou tout simplement pour être interrogée. J'imagine qu'elle travaillait sous un faux nom ? Et quel est le nom de votre cible également ?
- En effet, tout le monde là-bas la connaissait sous le nom de Moïra, une petite Amaranthis sans histoire qui cherchait juste de quoi vivre. Elle travaillait là-bas depuis deux mois avant sa disparition. Peut-être s'est-elle montré trop imprudente, ou peut-être que...
- Qu'elle vous a trahi ?

Aussi peu reluisante qu'était cette théorie, elle n'était pas à exclure non plus, surtout dans le cas d'une disparition soudaine.

- Si c'était le cas, je l'aurais su... Mais peut-être qu'elle a été trahie.

Elle secoua la tête pour souligner un évident refus d'une supposée trahison.

- Non, c'est impossible.
- Si jamais vous vous méfiez de quelqu'un de possiblement impliqué, informez-moi de son identité, même si vous n'envisagez pas la trahison possible. Reprit-il avec une légère insistance pour souligner l'importance de disposer d'informations précises.
- Je vous répète que c'est impossible. Elle s'est montrée imprudente, c'est la seule explication.

Un léger silence s'installa, Soren pinça ses lèvres pour laisser mourir une nouvelle tentative d'insistance de sa part. Sans en parler, il garda dans un coin de sa tête cette possibilité d'une trahison, bien qu'Anna ne s'obstine à lui prétendre que c'était impossible. Il ne reprit qu'après quelques secondes tandis que ses yeux s'étaient perdus dans le ballet incessant des flocons s'écrasant sur les fines couches glacées de l'eau.

- Comment s'appelle votre cible, qui est-il exactement?
- Léonard Dunhall, c'est un homme d'une quarantaine d'années, pas de femme, pas d'enfant. Son activité périclite depuis quelques temps et j'ai entendu dire qu'il s'était lancé dans la contrebande pour arrondir ses fins de mois. C'est un homme à la réputation violente, je ne sais pas quoi vous dire d'autre, en réalité je m'intéressais plus à ses fréquentations qu'à lui.
- Il est accessible? Le genre de bougre à zoner dans son établissement à longueur de temps pour faire bonne figure? Ou alors est-il plutôt homme de l'ombre ?
- Il semble être souvent dans les parages, c'est un ivrogne qui ne s'éloigne jamais trop du bar. Il ne vous fera pas l'effet d'un homme ni très intelligent ni très charismatique, néanmoins il reste dangereux.

Une nouvelle fois Soren prit le temps de digérer mentalement les informations, mémorisant chaque détail précisément.

- Il y a des jeux dans son bar, est-il parmi les joueurs parfois ?
- Souvent oui. S'il y a une chose qu'on ne peut pas lui enlever, c'est qu'il sait repérer un pigeon dès qu'il en voit un. Lorsqu'il reçoit des gens plus importants, ils s'isolent presque toujours dans son arrière salle, là où même les serveurs n'ont pas l'autorisation d'aller.
- Très bien...Voilà qui ouvre de nouvelles options, dit-il avec un petit rictus aux lèvres. Quand est-ce que vous souhaitez que je m'y rende?

Les joueurs invétérés étaient souvent malins et observateurs, ou complètement addict aux paris et inconscients. A en croire les informations que Soren recevait, cet homme dangereux n'était pas si bête qu'il le laissait transparaître, surtout s'il était capable de repérer les gens à pigeonner.

- Plus vous attendez et plus la survie de mon agent sera compromise. Un petit silence vint ponctuer cette phrase aux allures presque dramatiques. Sans vouloir vous mettre la pression.
- Dans ce cas, je m'y rendrai demain soir.
- N'oubliez pas Soren, juste l'information.

Avait-elle lu dans ses pensées ou bien tout se lisait bien trop facilement sur le visage de Soren à cet instant ? Toujours est-il que le jeune homme resta silencieux, acquiesçant simplement de la tête.

- J'imagine que je ne vous reverrai pas d'ici demain, comment puis-je vous retrouver en cas de besoin, ou après ma mission?
- Je vous attendrai dans deux jours à l'entrepôt abandonné, à la tombée de la nuit.
- J'y serai. Vous n'aurez peut-être pas de tourtereaux en chaleur à éviter cette fois au moins !  Dit-il avec une détente non feinte, comme s'il accueillait son nouveau travail comme une formalité.

Ce n'était pas le cas en réalité, mais Soren se gardait souvent de témoigner ses incertitudes ou ses craintes. Cette mission que lui proposait Anna était très largement dans ses cordes, bien qu'il éprouve une certaine contrariété à ne pas avoir la possibilité d'agir pour sortir cette femme de là, si tant est qu'elle soit encore en vie.

Le jeune homme fit volte face et amorça quelques pas vers le quai tout en tournant la tête vers la jeune femme.

- Partons avant que notre présence prolongée n'attire badauds ivres et curieux. Marchons ensemble quelques minutes de plus, J'ai encore besoin de quelques informations sur ce Léonard et son établissement, tout ce qui vous passerait par la tête et qui n'aurait pas été mentionné. Enfin, et j'insiste pour que ces informations me soient données en dernier, je veux que vous me décriviez dans les moindres détails votre agent, physique et caractère.

Il continua son mouvement et elle lui emboîta le pas. Ils reprirent leur marche nocturne de l'exacte même façon, passant toutefois par des chemins différents qu'à l'allée, une précaution qu'ils avaient étrangement tous deux décidé de prendre sans se concerter. Ils déambulent en évitant les rues les plus fréquentées, sans vraiment opter pour une direction précise. La neige n'en finissait plus de couvrir les rues de la ville de son linceul immaculé, ce qui ne les dérangeait visiblement pas dans leur conversation.

Ils se séparèrent finalement à la croisée d'une artère principale de la ville, lorsqu'ils jugèrent que Soren disposait de suffisamment d'informations pour mener à bien sa mission du lendemain. Il ne traîna pas plus ce soir-là, tant pis pour la douce noble et sa lettre d'amour...Il espérait toutefois qu'elle n'ait pas noyé son désespoir toute la soirée à la taverne, un bien triste programme comparé à celui qu'elle avait probablement imaginé.

Fort heureusement pour lui, le stress n'avait pas de prise sur sa capacité à trouver le sommeil, un bon point aux vues de la soirée qui l'attendait le lendemain.


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Début de soirée | L'As à seins | An 82, 1er mois d'Hiver, Jour 25

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Le froid prédomina toute la journée du lendemain, le temps parfait pour s'installer au coin d'un feu de cheminée, autour d'un bon verre et accompagné d'amis. La neige avait cessé de tomber tôt dans la matinée, laissant place à un soleil bien incapable de débarrasser les rues du manteau blanc qui les habillait.

Soren était passé plusieurs fois devant l'établissement “L'as à seins, dont ce foutu jeu de mot lui échappait toujours. D'apparence, rien ne laissait penser que cette taverne différait de celle de la rue d'à côté, si ce n'est que la devanture était un peu plus vétuste et que la porte semblait prête à se déloger de ses gonds au moindre coup de trop. L’établissement était ouvert depuis la fin de matinée, mais l'activité y était quasiment inexistante, ainsi le jeune homme ne s'y était pas risqué.

Il attendit donc patiemment le soir pour finalement passer la porte de cette taverne. Affublé d'un manteau différent de celui de la veille, un peu plus soigné, Soren passa le pas de la porte pour se faire assaillir par la chaleur intérieure du lieu. Il disait souvent que l'on pouvait deviner la qualité d'une taverne au bruit et aux odeurs qui en sortaient lorsque l'on ouvrait la porte...Un constat qui ne témoigna pas en la faveur de l'établissement. Les gens consommaient et conversaient ça-et-là et la salle semblaient en grande partie occupée, mais l'ambiance générale ne témoignait en rien d'un chaleureux accueil.

Un beuglement de client à sa gauche attira son regard. L'homme replet et sale levait sa chope devant lui en brillant des vulgarités. Quelques secondes plus tard, une femme accourait à sa table, cette même femme que Soren avait aperçu derrière le comptoir, après être sortie des cuisines avec une louche encore à la main. Évidemment, il n'y avait plus de serveuse pour s'occuper des clients en salle...

Il ne s'attarda pas plus longtemps sur le pas de la porte et alla gagner une table à peu près au centre du bar. Il ne se voulait pas discret, inutile ainsi de se loger dans un recoin de pièce sombre. En s'installant sans interpeller cette femme dépassée par le manque d'effectif, Soren savait qu'il allait bénéficier d'un peu de temps pour observer son entourage sans paraitre suspect. Il s'installa sur une chaise qu'il sélectionna après avoir choisi la moins poisseuse des deux qui occupaient sa table.

Pour quiconque connaissait Soren, l'attitude qu'il adopta aurait été perturbante. Au yeux d'un inconnu, il ressemblait à un homme fatigué, les épaules partiellement avachies probablement par un travail physiquement et moralement éreintant. A la vue de sa tenue, on devinait un emploi peu lucratif. Ses yeux eux-mêmes exprimaient une certaine lassitude et sa bouche peinait à se fendre d'un sourire en cette fin de journée. Le genre de personne à subir les affres de supérieurs hiérarchiques abusifs sans rien dire, de peur de perdre son emploi. Pour donner encore un peu plus de cachet à son rôle, le jeune homme se massa l'épaule de sa main gauche en grimaçant de douleur avant de s'adosser à sa chaise pour tendre ses jambes en avant. Il devait désormais suivre presque essentiellement la serveuse du regard, comme le ferait tout client un brin trop timide et en attente d'une prise de commande, tout en poussant des soupirs intermittents du fait de se faire un peu ignorer.

En suivant la femme des yeux pendant ses aller et venues entre les tables, le comptoir et les cuisines, il put avoir une vue d'ensemble de l'endroit. Sa mémoire désormais en marche, il se concentrait sur chaque détail pouvant être utile, une sortie de secours, une arrière salle, l'accès aux cuisines, l'attitude des gens présents. Tout le lieu était passé au crible par ses yeux faussement voilés de négativité.

Sa mission avait désormais bel et bien commencé.
Erzebeth
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Mar 5 Oct - 21:27
Il n’était pas rare pour les établissements de ce genre d’engager quelques musiciens pour divertir les clients et les pousser à la consommation ; ce n’était pas le cas ici, seules les conversations à voix basse de quelques personnes venaient troubler le silence, ce qui participait à rendre l’ambiance oppressante. On ne fit presque pas attention à lui, si bien que Soren put analyser les lieux à sa guise. La salle semblait être divisée en deux parties, bien que rien de délimite vraiment les espaces ; d’un côté les clients observaient le fond de leur verre d’un œil éteint, de l’autre ils étaient installés autour de petites tables rondes et jouaient à un jeu de cartes que le voleur connaissait bien. Son regard tomba sur un homme chétif qui se pinça l’arrête du nez lorsque son adversaire dévoila ses cartes ; visiblement, il venait de perdre une importante somme d’argent.

Dans le fond de la pièce, derrière l’espace réservé aux joueurs se trouvait la porte menant à l’arrière-salle qu’Anna avait mentionnée. Il ne tarda pas à remarquer le fameux Léonard au milieu des parieurs, ou en tout cas un homme qui correspondait trait pour trait à la description qu’on lui en avait faite : la quarantaine bien tassée, le crâne rasé et une imposante barbe rousse qui lui mangeait le visage, il n’y avait pas deux comme lui présent ce soir. Il adressa un sourire carnassier à l’homme qui lui faisait face, un sourire que ce dernier ne remarqua jamais, tout occupé qu’il était à réfléchir à son prochain coup. Sur la gauche du comptoir, un escalier montait dans les appartements personnels de Léonard, un autre descendait dans la cave de l’établissement.

Le temps lui parut un peu long avant qu’on ne vienne s’enquérir de sa commande, et lorsque ce fut enfin le cas, il n’eut même pas droit à une simple salutation, mais sans doute pouvait-il excuser les manières peu aimables de cette pauvresse qui semblait gérer le travail de trois personnes à elle seule. Elle revint avec sa commande un quart d’heure plus tard et eût l’air si pressé de repartir que Soren n’eut même pas l’occasion d’ouvrir la bouche pour lui demander quoi que ce soit. Soit, il n’y avait plus qu’à observer et déterminer quelle était la stratégie la plus intéressante.

Très vite, il remarqua que certains clients avaient droit à un traitement spécial, le fameux « cadeau de la maison » que Soren devina n’avoir aucun autre but que d’amplifier l’ivresse de quelques bons pigeons encore trop timides pour parier gros. Mais ce qui attira davantage son attention, ce fut cet homme qui simulait très bien son état d’ébriété et qui s’arrêtait de table en table pour palabrer avec des inconnus et leur proposer une partie de cartes. Soren aurait pu jurer qu’il n’était pas client de l’établissement mais qu’il travaillait en réalité pour Léonard.

Au bout d’un certain temps – et il avait presque attendu ce moment avec impatience – cet homme vint s’asseoir en face de lui dans la plus grande décontraction, un verre encore rempli au trois quart à la main.

- Bah alors ! T’en tires une tête ! C’est ta bonne femme qui t’fait des misères ? M’en parle pas, la mienne passe son temps à s’plaindre que j’fais rien qu’à passer mon temps ici mais c’est justement parce que j’en ai ma claque de l’avoir sur l’dos constamment que je viens là. Parfois, je m’dis qu’elle va finir par s’faire une extinction de voix à force de crier… c’est beau de rêver.
Soren Grim
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Mer 6 Oct - 0:37
Soren mobilisait toujours une énergie considérable pour conserver une attitude entièrement en adéquation avec ce qu'il souhaitait montrer aux gens. Se fondre dans la masse et savoir jouer un autre rôle que le sien eurent été deux points fondamentaux dans l'apprentissage qu'il avait reçu de son père adoptif, privilégiant ainsi la ruse à la violence. Maintes et maintes fois le malandrin avait pu se sortir de périlleuses situations grâce à une pirouette dont il avait peaufiné les secrets toute son enfance, tandis que généralement céder à la confrontation directe le menait systématiquement à des complications.

Aujourd'hui, dans la peau de ce personnage accablé par la monotonie d'une vie sans rebondissements, Soren allait même à l'encontre de son optimisme habituel et son tempérament fougueux. Son côté effacé joua en sa faveur, car on ne s'occupa pas de lui avant un moment, de quoi sonder tranquillement l'endroit sans éveiller les soupçons. Trois accès différent étaient visible, dont un plus intéressant que les autres, mais il garda dans un coin de sa tête les deux autres potentiels endroit ou retenir une personne captive, à l'abri des regard.

L'homme qui paradait de table en table avec son air familier jouait lui aussi un rôle, Soren le savait. Tout était trop mesuré dans sa gestuelle pour que l'ivresse ne soit crédible, bien qu'elle suffise visiblement à berner les clients esseulés de la taverne. Lorsque l'homme lui adressa la parole en s'installant devant lui, Soren releva la tête en prenant un air gêné, reflétant sa timidité. Comme le ferait une personne en manque de joie, il finit par sourire tristement en tapotant le dessus de sa main avec les doigts de l'autre, nerveusement.

- Au moins vous savez où elle se trouve vous, si vous arrivez a l'entendre crier...c'est déjà ça non? Répondit-il d'un air blasé.

Soren perçut une brève hésitation dans le regard de son nouvel interlocuteur, bien que son attitude ne perde en rien de sa décontraction.

- Oh merde, elle s'est barrée avec un autre bonhomme et t'es v'nu noyé ton chagrin dans l'alcool ?
- J'aurais préféré je crois...J'imaginais la croiser ici, puisqu'elle m'avait dit que...enfin laissez tomber, encore un mensonge, ça aura pas été le premier.  Répondit-il après avoir eut un petit rire étouffé, dénué de joie.

Le jeune homme leva son verre devant lui, sans grande forces.

- Au moins, j'ai de quoi me consoler.
- Toutes les mêmes sauf maman, hein ? Lança l'homme avec un rire gras avant de lever sa choppe. T'es d'jà allé à l'Éveil des Sens ? J'ai eu la chance d'y aller une fois, les filles qu'y a là-bas te feraient oublier à peu près n'import' qui.
- Il parait oui...j'y songerai peut-être, surtout si elle s'est juste barrée sans laisser de trace, quelle déception... Soren poussa alors un profond soupire de lassitude en détournant légèrement le regard sans pour autant ne plus voir l'homme à sa table, puis chuchota presque la suite de sa phrase. Ahh...Moïra...

Le sourire de l'homme vacilla quelque peu. Un détail qui n'échappa pas à Soren.

- Tu parles d'la petite serveuse qui travaillait ici ? Elle était mignonne, peut-être un peu trop pour cet endroit. C'est que les gars d'ici deviennent indélicats quand ils ont trop bu... A mon avis, elle a pas supporté.
- Alors elle travaillait vraiment ici? Moi qui croyait que c'était encore un de ses mensonges...Elle m'en a fait miroiter des choses faut dire...Et puis bon, la voilà partie.

En répondant vivement à l'affirmation de l'homme faussement ivre, Soren espérait entretenir cette idée qu'il était bel et bien l'amant de Moïra. Le pari était risqué, car cela pouvait l'éloigner bel et bien de sa cible et de l'accès aux tables de jeux de l'arrière salle, mais il avait eut besoin de voir si le sujet était aujourd'hui tabou ou non. Visiblement, cet homme en savait un peu plus qu'il ne le laissait penser, mais ses talents d'acteurs verrouillaient toute possibilité de le faire parler, du moins pour l'instant. Soren regarda le fond de son verre en silence après sa dernière réponse.

D'un coup, il claqua sa choppe de frustration comme le ferait un amant en colère et prit une longue gorgée d'hydromel. Il allait être important de doser la consommation d'alcool, mais cette lampée franche était nécessaire pour souligner la frustration de ce jeune homme en perte de vitesse. A vrai dire, il avait plus mimé que réellement bu, mais la gestuelle suffisait très largement à entretenir une illusion parfaite face à son interlocuteur.

Le jeune homme prit un soin tout particulier à donner l'impression qu'il venait de subir l'affront de trop.

- Allez, qu'elle aille se faire voir cette gourgandine qui batifole au gré du vent ! Trop c'est trop ! Je vais pas me laisser abattre et profiter un peu de l'endroit. Après tout, on est au chaud, il y a de l'hydromel, et...Son regard s'égara par dessus l'épaule de son interlocuteur. Des jeux apparemment ! voilà bien longtemps que je ne me suis pas accordé un peu de temps pour jouer...êtes-vous joueur vous-même monsieur...?

Le jeune homme se massa l'arrière de la tête en signe de gêne tout en adressant un sourire poli qui allait parfaitement à son teint actuel.

- Pardonnez-moi, je ne vous ait même pas demandé votre nom, vous être monsieur...?

Tout le décors était placé, Soren jouait gros en ayant mentionné le nom de la disparue, mais il misait sur son rôle d'amant épleuré et sa soudaine résolution motivée par l'alcool pour que ce détail ne paraisse finalement qu'anecdotique aux yeux de son interlocuteur. Depuis qu'il avait reporté son attention sur son acolyte de table, son regard ne s'était pas détaché de lui, son regard témoignait de la ferme motivation de faire exactement ce que cet établissement soulignait, à savoir boire de tout son saoul et se ruiner dans les jeux de cartes. L'innocence de son attitude soulignait d'ailleurs bien que l'alcool faisait déjà effet sur lui. Car oui, il n'y avait pas qu'un seul homme à cette table capable de feindre l'ivresse de la plus habile des manières.

Maintenant -et si cet homme voulait jauger le niveau de Soren- il allait falloir se montrer assez mauvais pour être un bon pigeon du jeu de cartes, sans pour autant faire dans le ridicule. L'esprit de Soren était désormais en totale ébullition, car pour lui chaque détails lui apportant ne serait-ce qu'une piste sur la présence de l'agent d'Anna était à considérer avec attention. Le plus dur était qu'il devait se cantonner à ce rôle qui lui offrait assez peu de possibilité d'action tant qu'il ne se serait pas rapproché du maitre des lieux.
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Mar 12 Oct - 22:31
L’homme en face de lui était un bon acteur, indubitablement ; mais puisque Soren l’avait percé à jour si rapidement, cela voulait-il dire que la réciproque était vraie ? Qui de mieux qu’un acteur pour en repérer un autre, après tout. En tout cas, si son interlocuteur était méfiant, il n’en trahissait rien et son sourire affable ne semblait pas avoir d’autre but que de le mettre en confiance avant de l’attirer à une table de jeux, comme il en avait attiré d’autres avant lui. Il eut un geste des bras presque trop exagéré et secoua sa tête comme pour empêcher Soren de finir sa dernière phrase.

- Allons, pas de « monsieur », pas de « vous » non plus ! Moi c’est Alfred, mais tout le monde ici m’appelle Al’ !


Le dénommé Al’ se pencha en avant et le volume de sa voix baissa soudainement, lui donnant des airs de conspirateur.

- Si t’es en veine et si t’as un peu d’jugeote, il y a un paquet d’fric à se faire. Il se tourna légèrement pour observer les tables de jeux derrière lui avant de reporter son attention sur le voleur. Y a des joueurs ici qui savent pas quand s’arrêter. Le truc, c’est d’les laisser gagner assez longtemps pour qu’ils se sentent pousser des ailes. Et quand ils ne s’y attendent pas… Bam ! Son poing s’abattit lourdement sur la table et l’hydromel dans sa chope toujours trop pleine lui éclaboussa les doigts. Tu rafles tout !

En somme, il ne lui proposait ni plus ni moins que de jouer le parfait pigeon avant de plumer ses adversaires, une technique que le voleur connaissait déjà sur le bout des doigts. À croire qu’Alfred ne le considérait pas comme n’importe qui, ou alors c’était une façon très habile de lui faire croire qu’il allait pouvoir avoir le dessus sur les autres à un moment alors qu’il n’en était rien. Nul doute qu’il finirait par attirer l’attention du maître des lieux s’il gagnait une importante somme d’argent ce soir, mais peut-être pas de la façon dont il l’escomptait. S’il se montrait redoutable, il prenait le risque de ne jamais être invité à la table de Léonard.

- Pense à tout c’que tu pourrais faire avec cet argent. À toi les soirées à l’Éveil des Sens ! Quant à ta donzelle, si elle apprend ça, elle reviendra sûrement. Si y a bien un truc que les femmes aiment plus que nous les briser, c'est l'argent !

Mais il prêchait un converti. Avec ou sans l’intervention de ce « Al’ », Soren se serait frotté aux joueurs de cette taverne, ne serait-ce que pour tenter d’approcher sa cible par ce biais. Il acquiesça doucement et le sourire de son camarade s’accentua. D’un geste, il l’invita à sa suite et l’entraîna avec lui parmi les tables des joueurs avant de se poster à côté d’un trio qui disputait une partie de cartes.

- Bonsoir messieurs ! Vous acceptez deux joueurs en plus ?

L’un haussa les épaules, un autre détourna à peine son nez des cartes qu’il avait en main tandis que le dernier finit par leur répondre sans entrain :

- Ma foi, plus on est de fous...
- Soyez gentils avec mon ami, s’exclama joyeusement Al’ dont l’accueil un peu froid ne semblait pas perturber le moins du monde, tandis qu’il posait l’une de ses mains sur l’épaule de Soren dans un geste presque paternaliste. Il n’a pas joué depuis longtemps, il est un peu rouillé !
Soren Grim
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Jeu 14 Oct - 0:18
Une chose était sûre, ce fameux Al' savait y faire avec charme et sociabilité, au moins autant que Soren dans ses bons jours. Bien sûr, cette façade ne l'atteignait pas plus que ça, tout concentré qu'il était sur sa mission. Dans un autre contexte, peut-être que le malandrin se serait prêté au jeu pour aller plumer quelques joueurs et s'en sortir avec plus de sous qu'il n'en avait à l'origine, mais là n'était pas l'objectif. Comme tout homme timide mais décidé à oublier sa peine de cœur, Soren suivit avec entrain et appréhension l'homme qui l'avait alpagué, rentrant légèrement la tête dans les épaules en regardant à droite à gauche.

Rapidement, il se retrouva à table face à des joueurs concentrés sur la manche en cours. Il resta debout près de la table aux côtés des deux inconnus en silence, profitant de son invisibilité aux yeux de ses futurs adversaires pour les jauger un peu. Il laissa la manche se terminer sans un mot, bien qu'il doute déjà du niveau de jeu des hommes attablés.

- Soyez gentils avec mon ami. Il n'a pas joué depuis longtemps, il est un peu rouillé !

Soren sursauta en sentant la main de l'homme sur son épaule, un geste des plus naturel du fait qu'il n'était pas feint. Concentré sur une pré analyse rapide, Soren avait soudainement oublié la présence de son nouvel ami à ses côtés. Ce geste pouvait très bien être pris pour de la fébrilité, ce qui l'arrangeait plutôt finalement. Soren et Al s'installèrent à table et les cartes furent vite distribuées, ainsi que les premières mises disposées devant chaque joueurs.

Dans ce jeu, le bluff était important, et le hasard n'avait que peu de prises sur le résultat d'une manche. Soren observa brièvement chaque individu, puis sa main. Il avait déjà là de quoi faire du jeu, ce qui promettait d'être intéressant. Machinalement - Ou du moins c'est ce qu'il s'efforça de faire croire - Soren se tapota la lèvre du bout du doigt en reposant son menton dans sa paume, comme pour mimer un tic repérable. Lorsque vint le moment de révéler son jeu, il s'avéra que le jeune homme venait d'emporter la première mise de la table. Après un petit rire, il se mit à ramasser maladroitement les pièces en évitant soigneusement le regard de ses adversaires.

- On dirai que j'ai de la chance pour une première manche ! Dit-il avec l'entrain d'une personne mal à l'aise.
- La chance du débutant, t'emballe pas trop vite, rétorqua un homme au visage buriné par l'abus d'alcool et les affres d'une vie sûrement malheureuse.

S'en suivit quelques manches ainsi, où Soren ne rapporta aucun gain de son côté, mais en ayant malgré tout pris soin de ne perdre que ce qu'il avait déjà gagné. Il fallut seulement deux parties pour que Al' tape sur le bord de la table avec l'attitude d'un bon perdant, prétendant soudain être à sec. Il quitta ensuite la table en adressant un clin d'œil à Soren, livré désormais à lui-même. Le jeune homme feinta doublement son malaise mais garda tout de même contenance face à ses adversaires. L'un d'eux révéla un sourire carnassier et noirci de tartre avant de prendre la parole.

- Ce bon Al', un jour il va devoir vendre son corps pour payer ses parties !
- Un habitué de la défaite ?
- Pour sûr ! Reprit le troisième type de la table, il est plutôt de bonne augure lorsque tu as besoin de te refaire et qu'il s'assoit à ta table.

Soren accompagna le rire gras de ses adversaires tout en observant sa nouvelle main. Une main terriblement mauvaise. Pour la première fois, le jeune homme allait devoir jouer prudemment, car il entamait désormais les économies qu'il avait mobilisé pour la soirée. Par prudence, il se retira du jeu avant de perdre trop gros. Les parties s'enchainèrent ainsi. Le jeune homme gagnait à intervalle régulier, mais jamais sur les grosses mises, seulement de quoi "survivre" à la ruine. Flirter avec la perte totale était un exercice stimulant, car il réveillait l'instinct du jeune homme, mais animait également une certaine prédation

Régulièrement, le jeune homme observait les alentours, à l'affût de la moindre information pouvant lui être apporté. Il fit également traîner la consommation de sa boisson pour garder l'esprit clair. Lors de son analyse, il remarqua deux hommes complètement ivres en train de lancer des cartes contre un melon posé sur une table ronde. Un bien étrange jeu pour lequel Soren trouva une soudaine envie d'essayer d'en comprendre les règles. Mis à part ça, rien de spécial n’attira son attention, ce qui n’était pas vraiment pour l’arranger.

Il se concentra à nouveau bien vite sur sa partie en réalisant qu'il approchait de ses dernières ressources avant de devoir vider un peu plus ses poches.

Lorsque plus aucune pièce ne fut devant lui, il poussa un profond soupir de lassitude et un sourire triste vint apparaître sur son visage.

- Eh bien...la veine du début ne m'aura pas accompagné longtemps...Il me reste un peu de sous...Je vais aller me chercher quelque chose à boire et me refaire! Oui c'est ça ! Tenez-vous prêt messieurs, la prochaine manche est la mienne !

Dans ses yeux, les joueurs pouvaient lire une détermination typique d'une personne un peu trop accro aux jeux, ce qui leur fit couler un faux sourire amical au jeune homme, d'ores et déjà debout.

- On en fait une sans toi, mais reviens vite avec de quoi jouer si tu veux pas qu'on te remplace !
- Un conseil, va au bar directement, tu devrais être servi plus vite.

Le ton des hommes assis était trop doux pour être honnête. Soren avait été plumé, bien que personne n'ai remarqué qu'il avait çà-et-là empoché quelques pièces en faisant des passages de mises entre un camp et l'autre. Qui plus est, le malandrin avait bel et bien gardé une autre somme d'argent pour continuer à jouer, juste au cas où.

Suivant les conseils de ses nouveaux amis, il se dirigea alors vers le bar sans détour puis s'accouda au comptoir en attendant de pouvoir capter l'attention de cette pauvre serveuse esseulée qui courait encore partout. Lorsqu'elle arriva à son niveau, elle lui accorda de l'attention directement, probablement parce qu'il faisait partie des client des tables de jeux. Le jeune homme lui adressa ce sourire sincère mais triste dont il semblait désormais avoir le secret.

-Un hydromel s'il vous plait...

Lorsqu'elle s'affaira en vitesse à remplir son verre avec un fut reposant derrière elle, Soren reprit la parole, en parlant avec une voix pleine d'empathie.

- Dites donc, vous n'allez pas avoir assez de bras pour tenir la salle toute seule toute la soirée...Après ça, il poussa un long soupir las et reprit. En plus de m'avoir abandonné sans prévenir, cette garce à aussi déserté son lieu de travail, quelle honte de se comporter ainsi...

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Jeu 14 Oct - 21:47
La première partie de sa tirade lui attira un regard plus sympathique que tout ceux qu’elle lui avait accordés jusqu’ici ; dès qu’il mentionna la serveuse disparue, en revanche, il devint tout à coup dédaigneux, presque hostile. Bertha – il avait entendu des clients éméchés hurler ce nom lorsqu’ils tentaient d’attirer son attention – claqua le torchon qu’elle avait dans les mains sur son épaule comme s’il s’était agi d’un fouet avant de prendre appui sur le comptoir d’un air menaçant.

- Et ça n’a pas traversé ta tête de crétin qu’elle avait peut-être des ennuis pour disparaître comme ça du jour au lendemain sans donner de nouvelles à personne ? Les hommes, je vous jure… Elle renifla de mépris avant de saisir le torchon-fouet et se remit à essuyer les verres. Moïra est une gentille fille, je laisserai personne lui manquer de respect devant moi !

Cette remontrance aussi brutale qu’inattendue fit baisser les yeux d’un Soren tout penaud presque aussitôt.

- Désolé, je… On m'a dit qu'elle avait démissionné… Et puis elle m'avait déjà menti auparavant, dit-il à mi-voix pour ne pas attirer l’attention de tout le bar, visiblement mal à l’aise.

Bertha le regardait toujours du coin de l’oeil et Soren avait la désagréable impression qu’elle se retenait de lui jeter ce qu’elle avait dans les mains au visage.

- Moi ce que je vois, c’est que t’es pas quelqu’un qui lui veut du bien, alors compte pas sur moi pour te renseigner. Si ça se trouve, c’est toi qu’elle fuyait.

- Vous avez peut-être raison, répondit-il en souriant tristement. Sinon elle ne serait pas partie sans rien me dire… Je m'inquiétais, c'est tout, désolé de vous avoir dérangé.

Et il se referma comme une huître, faisant tout juste trembler sa main sur le comptoir comme s’il retenait un sanglot. N’importe qui ayant su qu’il jouait simplement la comédie aurait salué ses prouesses d’acteur. D’ailleurs l’expression de la grosse Bertha se fit moins hostile, bien que toujours méfiante. Au bout d’un certain temps, Soren se risqua à relever la tête.

- J'imagine que je me suis laissé emporter par la colère… Pour tout vous dire, je venais pour lui demander sa main, et quand j'ai appris d'un client qu'elle avait démissionné et disparu sans me prévenir, je me suis senti mal à l'aise. Peut-être refusais-je de le croire avant qu'on me le confirme il y a quelques minutes, admit-il d’une voix qui peinait à contenir sa lassitude.
- Sauf qu’elle n’a pas démissionné, elle a juste cessé de venir, sans rien dire à personne, ce n’est pas tout à fait la même chose, si ?
- Non en effet…, répondit-il, tout à coup plus inquiet. Je n'aurai peut-être pas du écouter les ragots de comptoir. J'aurais du vous demander directement, vous qui semblez l'apprécier… Pensez-vous que quelqu'un lui voudrait du mal ?

Inconsciemment, le regard de Bertha s’était porté sur Léonard à l’autre bout de la pièce une fraction de seconde. Elle détourna très vite les yeux mais le mal était fait : Soren n’en avait pas perdu une miette. Elle soupira ensuite et secoua la tête d’un air désolé.

- Je vois pas pourquoi on voudrait faire du mal à une jeune fille comme elle, mais je suis pas dans la tête d’un détraqué. Peut-être qu’un sale type l’a suivie quand elle rentrait du travail… Ça me fait frémir rien que d’y penser. J’espère que je me trompe, j’espère qu’elle va bien et qu’elle reviendra bientôt.

Soren n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit : on appelait Bertha aux tables des joueurs et elle grommela quelque chose d’inaudible avant de s’éloigner du comptoir, tout juste eut-elle le temps de déposer l’hydromel que le jeune homme avait commandé devant lui.

Il n’avait pas eu beaucoup d’informations pour le moment, pourtant ce bref regard en direction du maître des lieux semblait confirmer la théorie d’Anna : c’était sans doute lui qui était à l’origine de la disparation. Ou peut-être qu’il faisait fausse route et qu’il ne voulait voir que ce qui l’arrangeait ? Il se résolut à retourner à sa table, disputer encore quelques parties de cartes. Cette fois, il empocha un peu plus que la dernière fois, de quoi pouvoir faire traîner la soirée autant que possible. À son grand regret, il ne fut jamais invité à la table de Léonard.

Peut-être avait-il été percé à jour ?

Depuis combien de temps ce type au comptoir le fixait-il de cette façon ?

Est-ce qu’il n’avait pas fait une erreur en parlant si ouvertement de Moïra ?

Et comme pour alimenter sa soudaine paranoïa, le fameux type au comptoir se leva avant de se diriger vers Léonard, lui soufflant quelques paroles à l’oreille. Quelque chose vacilla dans le sourire du maître des lieux un bref instant mais sa fausse jovialité revint bien vite lorsqu’il s’excusa auprès des joueurs à sa table. Impossible de savoir ce qui avait été murmuré à son oreille, mais c’était suffisamment important pour qu’il laisse tomber une mise importante.

Les deux hommes s’éloignèrent vers la porte d’entrée de l’établissement avant d’en sortir. Hormis Soren, personne ne semblait intrigué par quoi que ce soit.
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Ven 15 Oct - 0:52
Deux possibilités, telle était la situation vue par Soren à cet instant. Soit l'inquiétude grandissante mêlée à un instinct primaire de préservation lui jouaient habilement un tour en alimentant sa paranoïa vis à vis de ce soudain mouvement, soit le jeune homme avait suscité l'intérêt d'un sbire du maître des lieux, mais d'une façon qui ne semblait guère enchanteresse ni arrangeante. Dans sa tête, la première option prenait dès lors beaucoup plus de place et son inconfort grandissait trop pour qu'il puisse conserver son rythme de jeu sans commencer à agir bizarrement.

Sans attendre plus longtemps qu'une partie après le départ de Léonard et de son sous fifre, Soren fit une bonne fois le malin en sachant pertinemment qu'il allait se faire rétamer. Fort heureusement pour lui, sa main était assez crédible pour être jouée sans prudence, seulement le tic nerveux de l'homme au visage buriné, à savoir un reniflement somme toute irritant, lui avait clairement indiqué que cet homme partait gagnant. Avec une moue de dépit, le jeune homme logea son visage dans ses deux mains en baissant la tête avant de se masser l'arrête du nez comme pour digérer la défaite.

- Bah alors gamin ? J'ai bien l'impression que cette fois tu t'es emballé un peu vite ! Par ici la monnaie.

A contrecœur, Soren glissa les pièces vers son adversaire qui le toisait d'un air triomphant. Fort heureusement, il avait une nouvelle fois réussi à ranger un peu moins que sa mise de départ dans ses poches, voilà qui sauvait les meubles. Après avoir laissé traîner une seconde sa moue dégoûtée sur les cartes encore sur la table, le jeune homme se leva en soupirant.

- Bon...Il me reste à peine de quoi reprendre un verre, je vais devoir vous tirer ma révérence...
- Reviens quand tu veux p'tit, tu gagneras peut-être la prochaine fois ! Dit un homme avec une fausse compassion remarquablement feinte.

Un ronflement discret de rires se fit entendre autour de la table, une réaction normale lorsque quelqu'un se faisait plumer sûrement.

Le jeune homme salua poliment de la tête ses adversaires et revint vers le comptoir. Cette fois en revanche, il prit soin de ne pas croiser ni la trajectoire, ni le regard de Bertha, car son plan était tout autre désormais. Le manque de clients dans la première salle - et surtout le désintérêt qu'ils pouvaient avoir pour lui - joua en sa faveur. Il s'approcha du comptoir lorsque la cheffe de salle s'était retrouvée à l'opposé, dans l'espace de jeu. En observant son petit manège, il avait remarqué que cette pauvre femme passait un temps fou à aller de table en table en récupérant les verres préalablement remplis sur le comptoir.

Ce battement était idéal pour le malandrin qui se faufila dans l'ouverture dédiée aux cuisines. Bien entendu, il ne trouva personne ici non plus, car Bertha était bel et bien seule au service. Il balaya la salle du regard et l'odeur de deux grosses marmites en train de mijoter vinrent chatouiller ses sens et son estomac un peu trop vide à son goût. Il ne s'attarda pas lorsqu'il repéra ce qui l'intéressait : une fenêtre donnant sur l'extérieur de la taverne.

Les deux hommes étaient sortis et Soren n'avait pas vu la direction qu'ils avaient emprunté, mais cette fenêtre donnant sur l'extérieur était bel et bien sa seule chance d'espérer voir ce qui se tramait devant. Il s'approcha à pas de loup, veillant à ne rien renverser par maladresse. Lorsqu'il vint à la fenêtre, il claqua sa langue dans sa bouche de frustration. A cause du contraste de chaleur entre les cuisines et le froid hivernal, la buée avait envahi les carreaux, s'additionnant à l'obscurité à peine rehaussée par les éclairages de devanture. Pas le choix, le jeune homme devait se risquer à ouvrir la fenêtre en essayant de minimiser le bruit des gonds et du cadre de celle-ci.

Un mince filet frais s'insinua dans la pièce, faisant frissonner le jeune homme qui commençait à avoir un peu trop chaud à se mouvoir si près des marmites et fourneaux. Il ignora malgré tout le désagrément et tendit l'oreille pour finalement distinguer des voix d'homme, non loin devant lui. Il ne se risqua pas à relever la tête et resta couvert au maximum par la partie embuée de la vitre. Arrivé visiblement en début de conversation, Soren s'immobilisa pour se concentrer uniquement sur l'écoute.

- … a posé des questions tout à l’heure.

Le jeune homme put entendre un profond soupir après un léger silence.

- Alors va là-bas et débarrasse toi d’elle, on a assez attendu, tant pis pour les infos. Fais attention, on doit pas remonter jusqu’à moi.
- On retrouvera même pas son corps quand j’aurais fini.

Quelques secondes plus tard, des pas se firent entendre et Soren comprit que l'un des deux allait passer devant la fenêtre. Concentré et habile de ses mains, il parvint à refermer la fenêtre sans un bruit. Voilà, il ne lui restait plus qu'à...

Il se figea sur place après s'être retourné. Devant lui, dans l'encadrement de la porte, se tenait Bertha, les yeux posés sur lui, sourcils froncés. Il se sentit tout à coup comme un rat pris en plein délit de vol de fromage. En avançant vers lui, la tenancière récupéra un rouleau à pâtisserie sur un plan de travail, une arme somme toute redoutable dans les mains expertes d'une cuisinière et qui amplifia cette étrange sensation...Pleine de colère, Soren la vit froncer les sourcil avant de l'invectiver violemment.

- Qu'est-ce que tu fous dans ma cuisine ?!

D'instinct, Soren plaça ses mains devant lui en signe de passivité...S'il avait pu éviter de se confronter à Bertha, il n'aurait pas hésité...Mais maintenant qu'elle se tenait devant lui, il n'avait plus rien à perdre. Dans sa tête, il envisagea l'étroite fenêtre comme porte de sortie éventuelle.

- Moïra est en danger ! Vous aviez raison, ils vont se débarrasser d'elle ! Dit-il prestement, perdant son rôle d'homme peiné un instant.

Décontenancée par le ton direct du jeune homme, Bertha semblait ne pas vraiment savoir quoi faire de son rouleau à pâtisserie, dans le doute, Soren resta méfiant à ce sujet.

- Qu'est-ce que tu baves là, gamin ?
- Je viens d'entendre votre patron demander à un type de se débarrasser d'elle, juste là dehors, il désigna la fenêtre d'un signe de tête, ils sont sortit il y a une minute, et ils vont revenir dans quelques secondes...
- Tu es sûr de ce que tu as entendu mon garçon ? Je ne choisirai pas Léonard comme gendre mais penser qu'il puisse faire du mal à Moïra...
- Il a demandé à son homme de main de se débarrasser d'elle, et que l'on ne devait pas remonter à lui. J'imagine qu'il ne parle pas d'une caisse de melon de contrebande...Écoutez, je suis ici pour trouver Moïra et j'ai des raisons de croire qu'elle n'a pas quitté cet endroit.

Chaque seconde qu'il passait à se justifier amplifiait son inquiétude, d'autant qu'il était probable que l'homme de main de Léonard soit déjà en route pour se débarrasser de la pauvre jeune femme. Bertha sembla s'apaiser un peu plus et reposa son rouleau sur la table avant de lisser nerveusement son tablier. Aux vues de son attitude, Soren savait qu'il obtiendrait gain de cause.

- Elle n'est pas ici, ce n'est pas possible. Léonard n'aurait jamais pris le risque de l'enfermer ici, si près des clients...

Soren n'avait pas envisagé cela sous cet angle, mais maintenant qu'il y pensait, il n'avait entendu qu'une seule personne repartir dans sa direction, à savoir vers la porte de la taverne...Il reprit alors, calmement.

- J'ai entendu du mouvement dehors, mais je ne suis pas sûr qu'ils soient partis dans la même direction. Il est possible que Léonard vienne de rentrer seul dans la taverne et qu'il soit allé ailleurs...Si c'est le cas, le temps presse...Pourriez-vous regarder dans la salle pour moi?

Fort heureusement Bertha coopéra sans faire d'histoires et revint ensuite vers lui.

- Léonard vient de rentrer, seul. Et maintenant il se dirige vers les tables de jeux.
- Alors il va falloir que vous me croyiez sur parole et que vous me laissiez sortir par cette fenêtre sans en parler à votre patron...

La franchise de Soren avait repris le dessus, laissant désormais totalement derrière lui ce personnage qu'il avait joué le temps d'une soirée. l'heure n'était plus au théâtre. Bertha hocha finalement la tête et le jeune homme put remarquer ce qui apparut presque à un sourire sur ses lèvres.

- J'allais te proposer la même chose. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de te faire confiance. File d'ici maintenant !

Soren esquissa lui aussi un sourire sincère à la tenancière, ravi de voir qu'il avait la chance d'avoir affaire à quelqu'un de sensé.

- Merci...je vous revaudrai ça...Répondit-il en se tournant vers la fenêtre qu'il ouvrit dans la foulée.

Il se faufila dehors sans traîner et entendit la fenêtre se refermer quelques secondes après. Soren resserra les pans de son manteau pour se protéger du froid mordant de la nuit. Ses yeux peinèrent à déceler quoi que ce soit hors des zones faiblement éclairées par les lanternes, jusqu'à ce qu'il puisse finalement découvrir des traces de pas partant d'une position fixe, à peine quelques mètres plus loin, et qui se dirigeait il ne savait où pour le moment. Fort heureusement, il n'avait que peu de chance de se tromper, les traces étaient fraiches et dénotaient largement sur le manteau blanc tant elle ne se mêlaient pas aux traces de passage plus centrée sur la rue.

Soren redoubla malgré tout de prudence en avançant, car l'homme de main de Léonard ne devait pas être très loin devant, et il connaissait son visage. Pendant ses premiers pas, une vague d'appréhension s'était emparé de lui, et si absolument tout ceci n'était qu'une ruse montée contre lui? C'était un peu gros, mais il ne put s'empêcher de se l'imaginer. La vue du timide sourire de Bertha ainsi que l'affection qu'elle semblait porter à Moïra chassa en partie cette idée sans pour autant le quitter totalement. La prudence n'était pas une des qualité première de Soren, et pourtant, il allait devoir faire attention où il mettait les pieds, cette fois-ci.
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Lun 18 Oct - 11:39
À l’aide des empruntes de pas laissées dans la neige, Soren ne tarda pas à retrouver la piste de l’homme de main ; conscient qu’il contrastait avec la blancheur diaphane qui les entourait, il le laissa prendre un peu d’avance sur lui pour ne pas risquer de se faire repérer. Il connaissait le dédale de rues qu’il arpentait par cœur, si bien qu’il remarqua très vite que l’itinéraire de sa cible n’avait aucun sens : il bifurquait parfois dans une rue qui semblait l’éloigner de son point d’arrivée et faisait des détours inutiles comme s’il craignait d’être suivi. Soren redoubla de prudence pour éviter d’être vu mais une désagréable sensation se logea au creux de son estomac pour ne plus jamais le quitter.

Assez vite, ses pas l’amenèrent dans le quartier Amaranthis, mais pas dans n’importe quelle partie du quartier : la plus délabrée, celle où toute la frange la plus pauvre de la population était parquée. Sa cible entra dans une tour en ruine laissée aux quatre vents qui, à première vue, n’était pas occupée ; et pour cause, ce genre d’édifice pouvait s’effondrer d’un moment à l’autre, faute d’entretien de la part de la ville. Combien de fois Grim avait proposé à des jeunes orphelins qui vivaient dans ce genre d’endroit de venir les rejoindre dans leur entrepôt pour ne pas finir sous les décombres ? Certains avaient accepté, d’autres avaient connu un sort funeste.

Soren resta un moment à analyser la situation. Vraisemblablement, c’était l’endroit où était retenue Moïra, et il avait désormais l’information pour laquelle il avait été mandaté. Mais ce n’était pas suffisant pour le jeune malandrin car s’il ne faisait rien, la jeune femme allait mourir avant qu’il n’ait le temps d’informer Anna. Allait-il rester les bras croisés alors qu’il avait le pouvoir d’agir et de la sauver ? Certainement pas. Son œil expert commença à repérer toutes les entrées possibles ; la plus évidente était l’entrée principale mais il écarta très vite cette possibilité. Le reste de la bâtisse était un vrai gruyère et les accès ne manquaient pas.

Soren jeta son dévolu sur une ouverture en hauteur qui nécessiterait un peu d’escalade mais qui lui permettrait de repérer les lieux avant d’intervenir rapidement dès qu’il apercevrait l’agent d’Anna. Trop occupé à mettre en place un plan d’action, il n’aperçut que trop tard un mouvement juste à la périphérie de son regard ; dès qu’il tourna les yeux, un poing s’abattit sur son visage avec force et une vive douleur transperça son crâne. Son nez avait absorbé la majeure partie du choc et déversait maintenant un flot de liquide carmin sur la neige. Trop hébété pour réagir correctement, Soren ne put que regarder impuissant un deuxième poing s’abattre sur lui, sur le côté de son visage cette fois.

Et ce fut le noir total.

La première chose qui le saisit à son réveil fut le froid. L’avait-on laissé dans la neige ? Non, il sentait qu’il était assis et ce n’est qu’en ouvrant finalement les yeux qu’il remarqua les liens étroits autour de son corps qui le maintenaient à une chaise. La pièce dans laquelle il se trouvait était plongé dans l’obscurité même si quelques chandelles venaient disperser les ténèbres ; vu les pierres qui l’entouraient, Soren aurait pu jurer se trouver dans l’édifice dans lequel il comptait s’introduire quelques minutes auparavant. Quelques minutes ? Combien de temps était-il resté inconscient ? Son cœur commença à s’affoler dans sa poitrine.

- Je crois qu’il se réveille…
- C’est pas trop tôt !

Devant lui se tenaient trois hommes : Léonard, au centre, à sa droite son homme de main, celui que Soren avait suivi, et à sa gauche un homme plus grand que la moyenne, sans doute celui qui lui avait envoyé par deux fois son poing dans la figure. Le sang avait continué de ruisseler sur son visage bien après le choc et Soren sentait que le liquide poisseux avait dégouliné sur son menton, jusque sous le col de sa veste. Il n’en menait pas large. Quant à l’autre partie de son visage qui avait été touchée, il pouvait déjà sentir une belle ecchymose commencer à apparaître.

- Je crois que tu arrives un peu trop tard, mon gars, railla Léonard, mais j’espère que tu seras plus bavard que ta copine, car crois-moi, c’est ta seule chance de te sortir de ce merdier en vie. Commence par me donner le nom du type pour qui tu travailles et on pourra peut-être devenir amis toi et moi.
Soren Grim
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Lun 18 Oct - 23:49
Voilà une situation des plus embarrassante...Pour une fois que Soren s'efforçait de rester prudent, il se retrouvait malgré tout ligoté à une chaise au moins aussi vieille que l'endroit, entouré de personnes avec qui il aurait souhaité éviter tout contact. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'il ne pourrait pas se défaire de ses liens discrètement, ce qui n'arrangeait pas son inquiétude. Difficile également pour lui de garder son calme quand la douleur de son nez ensanglanté et cette affreuse odeur de sang séché venait prendre le pas sur lui. Dans le même temps, son sang pulsait dans ses tempes, résultat du dernier coup reçu et qui l'avait plongé dans l'inconscience. Le jeune homme ne put pas feindre non plus l'inconscience, car il fut repéré rapidement.

Trois hommes, telle était son erreur. Concentré sur sa filature, il n'avait pas été aussi prudent qu'il l'avait imaginé, plongeant ainsi la tête la première dans un piège très largement évitable. Chaque fois qu'il lui arrivait quelque chose de ce genre, Soren avait l'impression que son imprudence serait ce qui lui couterait la vie un jour. Cette fois...il se pourrait bien qu'il ne soit pas loin de la vérité. Forcé d'écouter les dires de ses agresseurs, Soren s'efforça de garder la tête relevée, mais économisa ses ressources au maximum pour essayer de reprendre conscience de son corps.

Ce qu'il entendit le fit blêmir et il peina à avaler sa salive. Il était donc arrivé trop tard? Tout ça pour simplement un cuisant échec? Non...Soren refusait de perdre espoir de ne pas avoir échoué sur toute la ligne, pas tant qu'il ne serait pas sur des dires de Léonard. Le jeune homme puisa dans ses réserves pour prendre une attitude froide, légèrement sur de lui. Sentant le désagréable goût cuivré du sang dans sa bouche, Soren cracha sur le côté avant de prendre la parole.

- Je crois qu'il me paye pas assez cher pour que je me risque à garder le secret. Il me tuerai pour avoir balancé, mais vous me tueriez pour être resté silencieux non?
- Personne ne te tuera si tu nous dis qui c’est et où le trouver, donc t’as tout intérêt à passer à table. C’est un truc qu’elle a pas réussi à comprendre, mais toi… t’as l’air un peu plus futé.
- Me dites pas que vous l'avez buté...Si c'est ça, on est tous dans la merde jusqu'au cou...Répondit-il sans délai pour souligner le péril de la situation.

Il y était, le tout pour le tout. Soren entrait dès lors dans une phase de bluff dont il avait le secret, le plus important pour lui allait être de garder un discours cohérent, mais aussi un sang froid à tout épreuve. Qu'elle soit vivante ou morte, il était fort probable qu'il l'apprenne ici et maintenant, ensuite. Étrangement, son espoir de ne pas être arrivé trop tard lui accorda un répit sur la douleur non négligeable pour les négociations.

- Que fait-on aux traîtres, à ton avis ? Je lui offre un boulot et je me rends compte que cette salope m’espionne pour le compte de quelqu’un d’autre. Non, personne ne laisserait passer ça. Répondit Léonard avant de laisser planer un petit silence en passant la main dans sa barbe. Elle est pas morte, pas encore. Je me suis dit que t’aurais peut-être besoin de motivation.

Heureusement, le jeune homme n'avait pas tressaillit pendant le silence pesant qu'avait entretenu Léonard, mais il n'avait pas été plus expressif non plus en apprenant que Moïra était vivante. Impassible, le jeune homme finit quand même par esquisser un petit sourire narquois avant de ménager le suspense une ultime fois.

- Alors on va peut-être pouvoir tous survivre finalement...

La patience de Léonard vacilla soudainement, il s'approcha alors de Soren puis l'agrippa par le col pour le rapprocher bien trop près de lui.

- A ta place, j'éviterai de jouer au plus malin avec moi !

Le point de rupture, il n'était plus l'heure de faire le malin, le jeune homme devait rentrer dans le vif du sujet.

- Kylar Stern, c'est lui l'homme qui vous surveillait.

Leonard lâcha le col du jeune homme puis se redressa pour reprendre son tic pensif, la main dans la barbe.

- Mais... Pourquoi ? Je le rince pas déjà suffisamment pour qu'il regarde ailleurs et qu'il arrête de s'occuper de moi ? Je fais toujours bien attention de ne pas empiéter sur son territoire, parce que c'est ce que n'importe qui d'intelligent ferait.
- Kylar ne croit qu'en ce qu'il voit, ou en ce que ses petites favorites voient pour lui, cet homme aime le contrôle et à peur d'être doublé, c'est pas nouveau...Mais bon, si il avait voulu vous faire disparaître, vous seriez déjà plus là.
- Si ta copine bossait pour un type comme lui, pourquoi elle l’aurait pas simplement dit, comme tu viens de le faire ? À nouveau Léonard saisit Soren au col, Est-ce que tu me prendrais pas pour un con ?!

Évidemment, l'argumentaire de Soren avait des failles, il avait insinué le doute chez son interlocuteur, mais tout ne se passait pas exactement comme prévu et Léonard était effectivement le genre d'homme à ne pas se laisser piéger.

- Parce qu'il tue les balance, mais moi...je suis pas son chien de garde, il me paye pour un boulot. Elle a bien dû essayer de vous dire que vous faisiez erreur, si vous lui avez laissé le temps de parler...
- Si t’es personne et qu’elle est importante, alors il y a qu’elle que j’ai besoin de garder en vie, non ? Je vais rendre un service à Kylar et le débarrasser d’une petite balance. Répondit Léonard tout en lui parlant de très près.

Bluffer comportait beaucoup de risques, et voilà que Soren se trouvait maintenant dans un sacré pétrin. Garder son assurance devint de plus en plus difficile et déjà le jeune homme tentait de s'imaginer une miraculeuse échappatoire.

- Ce serait pas mal en effet, une bonne base...Il n'est pas obligé de savoir que vous avez entendu son nom...Et il pourrait même être induit en erreur à ce sujet...Tenta-t-il de lancer avec une pointe de désespoir en tête.

Leonard lâcha alors Soren avant de lui tourner le dos. La colère semblait l'avoir brutalement quitté tandis qu'il reprit la parole sans se retourner.

- C'est la dernière chose que tu as à dire, petit?

Soren déglutit péniblement, cette phrase était si froide qu'elle noua l'estomac du jeune homme. Généralement, le comportement froid d'une personne du genre de Léonard n'augurait rien de bon. Soren étudia brièvement les alentours avant de répondre. Il était coincé...Alors autant tenter le tout pour le tout. Une dernière chose, telle était sa seule occasion de réitérer son propos. Pas vraiment sûr de lui, Soren fit le choix de simplement synthétiser son argumentaire, car céder au désespoir et supplier pour sa vie revenait à coup sur à signer leur arrêt de mort à tout les deux...

- Je vous ai donné son nom, et je vous donne une opportunité de le doubler. Dans tous les cas, je ne serait pas le seul à y passer si vous la libérez pas...
Erzebeth
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Mar 19 Oct - 1:30
Alors c’était la fin ? Il allait mourir comme ça ? Au moins pouvait-il espérer que Léonard relâche vraiment Moïra par peur de potentiellement courroucer un plus gros poisson que lui. Soren était suicidaire mais très noble en fin de compte. Lorsque Léornard se tourna vers lui, il semblait différent ; le visage d’un homme qui s’apprêtait à donner la mort pouvait vraiment être aussi paisible ? Il lui fit même l’affront de lui sourire, comme aurait souri un père à son enfant en le voyant marcher pour la première fois sans appui.

Lorsque la porte de la pièce exiguë dans laquelle ils étaient tous enfermés s’ouvrit sur l’obscurité, le jeune homme sut qu’il aurait de quoi gagner un peu de temps. Ce qu’il n’anticipa pas en revanche, ce fut la vision qui s’offrit à lui dès que l’intrus fit quelques pas dans la lumière. Anna venait d’entrer avec un flegme déconcertant et il lui sembla que la température dans la pièce chuta de quelques degrés encore. On aurait pu s’attendre à des exclamations de surprise, à des menaces, à un combat épique entre les malfrats et la demoiselle qui cachait pas moins de vingt-six couteaux sur elle – un peu partout en fait – mais il n’en fut rien. À la place de tous ces scénarios, le silence.

Lorsque son regard de glace se posa sur Soren, elle fronça ostensiblement les sourcils. Si ses expressions n’étaient pas facilement déchiffrables par le commun des mortels, cette fois n’importe qui aurait été capable de dire qu’elle était contrariée.

- Qu’est-il arrivé à son visage ?

Plus que son visage, à son nez ! S’en prendre à son nez, c’était s’en prendre à l’œuvre de Providence elle-même !

Dans la pièce, le grand dadais qui avait flanqué son poing dans la figure du voleur tenta de se faire tout petit pour ne pas attirer les foudres de l’Ascanienne tandis que Léonard se massait la nuque avec malaise.

- Désolé pour ça, mais en même temps, il fallait que ça ait l’air crédible.
- Quels mots dans « Ne lui faîtes pas de mal » n’avez-vous pas compris exactement ?
- J’ai paniqué, m’dame ! tenta finalement de se justifier le géant qui avait tout perdu de sa superbe.

Le regard qu’elle posa sur lui le fit se voûter davantage pour paraître plus petit qu’il ne l’était en réalité.

- Son nez…

Non, c’était impardonnable.

- Sortez d’ici, imbécile.

Il ne se fit pas prier pour obéir. Elle ordonna au deuxième homme de main de débarrasser Soren de ses liens et très vite la pression des cordes autour de sa cage thoracique s’allégea. Lui aussi quitta la pièce promptement après son œuvre achevée et il ne resta plus que Léonard, Erzebeth et Soren, toujours perplexe face à la situation, même si celle-ci devenait de plus en plus limpide.

- Il n’a rien dit, annonça finalement Léonard en croisant les bras sur sa poitrine.
- Je sais, répondit Erzebeth sans quitter le voleur des yeux.
- Et il a essayé de sauver la fille à tout prix.
- Je sais, répéta t-elle d’une voix d’où filtrait légèrement son impatience. Laisse-nous.

Léonard s’inclina brièvement avant de sortir. Lentement, Erzebeth se pencha vers Soren pour observer de plus près l’ampleur des dégâts. S’il allait voir un médecin Amaranthis ce soir, peut-être qu’il pourrait sauver quelque chose.

- J’imagine que je vous dois quelques explications.

Certains d’entre eux faisaient des miracles, avec un peu de chance ce nez serait toujours superbement droit et bien placé une fois qu’il passerait entre les mains de l’un d’entre eux. Mais les explications d’abord… L’Ascanienne se redressa, dardant sur lui un regard qui aurait pu être intimidant s’il n’était pas aussi focalisé sur cette blessure.

- Léonard travaille pour moi, c’est lui mon agent. Moïra n’a jamais existé. Enfin si, mais pas celle que je vous ai demandée de trouver. La vraie Moïra est une serveuse sans histoire qui travaille pour lui et qui est tombée malade il y a quelques jours de cela, c’est la raison pour laquelle vous ne l’avez pas vue.

D’un geste, elle sortit un mouchoir en tissu de sa poche et le lui tendit pour qu’il s’essuie le visage.

- Vous excuserez cette supercherie mais je n’avais pas vraiment le choix. Je ne peux pas me permettre de confier n’importe quel travail à n’importe qui. Je sais maintenant que vous êtes quelqu’un de loyal, tête brûlée mais loyal.

On ne rencontrait pas des gens comme Soren à chaque coin de rue ; il ne la connaissait pas et pourtant il n’avait pas voulu donner son nom pour sauver sa vie. Beaucoup l’auraient fait à sa place, parce que l’argent ne suffisait pas à garantir la loyauté, loin de là. Soren semblait régir sa vie selon des codes plus complexes que l’appel de l’argent et elle comprenait maintenant pourquoi Providence l’avait mis sur son chemin.

Restait à savoir s’il pardonnerait d’avoir été malmené de la sorte pour… rien.

Sans réfléchir, elle lui tendit sa main gauche, comme s’ils se rencontraient pour la première fois.

- Erzebeth. Et devant son air interrogateur, elle ajouta : Je pense que vous avez gagné le droit de connaître le nom de celle qui vous emploie.
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Mar 19 Oct - 23:40
Du sourire de Léonard à l'arrivée soudaine d'Anna, il fallut un temps à Soren pour analyser tout ce qui se passait devant ses yeux. Le dialogue qui s'enchaina entre les diverses personnes autour de lui accentua sa confusion mais il se força au silence, juste au cas où. Voir le colosse se faire tout petit face à l'autoritaire Ascanienne avait quelque chose d'hilarant, si tant est que l'on faisait fi du contexte quelque peu morbide dans lequel était le jeune homme.

C'est seulement en entendant Léonard faire un résumé des actions de Soren qu'il comprit enfin qu'il avait été l'objet d'une machination, et que probablement personne n'était en danger dans cette vieille bâtisse abandonnée...Pendant un instant, le jeune homme serra les dents et fronça les sourcils, tout en évitant malgré tout soigneusement le regard de qui que ce soit. Profiter de sa liberté renouvelée était sa priorité, et déjà le malandrin se délectant du relâchement de pression sur son corps pour s'asseoir sur le rebord de la chaise en prenant fermement appui sur ses jambes.

Lorsqu'Anna entama ses explications, le jeune homme releva finalement la tête - un peu vite -, s'octroyant un vertige passager qui l'obligea à jauger de l'ampleur de l'hématome sur sa tempe en passant ses doigts sur la partie de sa peau boursouflée et déjà surement bleutée.

Les explications de son employeuse le laissèrent un instant de marbre, confirmant malgré tout ses soupçons d'il y a quelques minutes. Alors tout ceci n'était d'un test? Une pointe de frustration naquit chez Soren qui eut une moue colérique en saisissant le mouchoir, sans geste brusque en revanche. Finalement, le nom d'Anna s'effaça de sa tête pour devenir Erzebeth, la potentielle véritable identité de son interlocutrice. Soren hésita un instant en observant la main tendue, toujours appliqué à essuyer le sang séché sur son visage, en évitant soigneusement d'appuyer sur son nez endoloris.

Il se décida finalement à empoigner la main de la jeune femme et plongea son regard dans celui de sa nouvelle employeuse. Il prit ensuite la parole en grommelant presque d'insatisfaction.

- Dites donc...La demi-mesure c'est pas votre fort j'imagine...
- Je suis désolée pour votre nez. Répondit-elle avec une étonnante  sincérité.

Un léger silence s'installa, pendant lequel Soren passa le mouchoir sur son nez, ce qui le fit instantanément grimacer de douleur.

- J'ai pas l'impression que ça soit cassé...C'est pas trop moche?

Soren retira le mouchoir de son visage pour laisser la possibilité à la jeune femme d'examiner l'étendue des dégâts. Erzebeth se pencha alors légèrement pour observer le jeune homme de plus près.

- Non, il est parfait. Dit-elle avait de se redresser, d'un coup, Je veux dire... il n'est pas cassé.
- Tant mieux, parce que j'aurai pas eu les moyens de me faire rafistoler !

Le ton de Soren n'était pas engageant, bien qu'au fond il réalise que la colère n'avait absolument pas pris le pas sur son ressenti actuel. Au contraire, le jeune homme était plutôt rassuré de savoir qu'il n'avait pas échoué dans une mission impliquant une autre vie que la sienne, mais aussi sa propre survie par la même occasion.

- Ce travail n'en était peut-être pas vraiment un, mais vous serez payé malgré tout.

Pour accompagner sa parole, Erzebeth sortit une bourse visiblement assez remplie de sa poche et la lança à Soren qui la rattrapa habilement, visiblement pas trop impacté par les coups encaissés un peu plus tôt. La frustration du jeune homme déserta alors complètement son esprit pour laisser place à un air bien plus apaisé, quoi qu'un peu confus.

- Oh...je...merci? Dit-il presque timidement.
- Ne me remerciez pas, après tout vous avez rempli votre part du contrat.

La jeune femme disait vrai, Soren avait rempli sa part du contrat, mais les termes et conditions du dit contrat n'impliquait nullement un test de performance, ce qui aurait pu clairement arriver avec un employeur peu scrupuleux comme on en trouvait dans les rues de Claircombe.

- En tout cas j'espère que vous ne passez pas systématiquement vos collaborateurs à tabac...Dit-il en se faisant grimacer une nouvelle fois de douleur, à force de tripoter son nez comme le ferait un enfant appuyant sur sa blessure pour des raisons inconnues.

Le jeune homme se leva alors doucement pour éviter de s'imposer un nouveau vertige, puis il se massa la tempe lentement tout en laissant traîner son regard sur son interlocutrice. Finalement, un sourire très naturel vint enfin se dessiner sur le visage de Soren, lui redonnant des couleurs et un air bien plus engageant. La lueur dans ses yeux devint malicieuse, et déjà le jeune homme oubliait qu'il venait d'encaisser deux violents coups au visage...Il en avait vu d'autres, après tout. C'est sur le ton de la plaisanterie qu'il reprit finalement la parole, après un long silence.

- Et maintenant patronne? Je vais devoir démanteler un réseau de trafiquants de melons frelatés pour vous prouver que je ne suis pas bon qu'à sauver des vies ? Je vous préviens, mes honoraires sont variables !
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Jeu 21 Oct - 22:23
« Pourquoi vous tenez autant à vous charger de ça vous-même ? »

‘Pourquoi vous tenez autant à vous charger de ça vous-même alors que nous avons des affaires bien plus importantes sur les bras’, avait-il voulu dire.

Malgré son apparente docilité, Anders aimait beaucoup questionner ses décisions ou ses idées, non pas qu’il ne les respectait pas ou qu’il pensait en avoir de meilleures, mais c’était comme si c’était plus fort que lui ; parfois elle se demandait si ce n’était pas juste l’occasion pour lui de sortir enfin de son mutisme et d’entamer la conversation. À cette question, elle avait simplement répondu qu’elle aimait finir ce qu’elle avait commencé. Et puis, qui était-elle pour ignorer les signes que Providence envoyait sur son chemin ? Ils avaient ensuite continué leur route jusqu’au lieu du rendez-vous en silence, et lorsqu’ils cheminaient ainsi il était toujours difficile de savoir lequel des deux avait l’air le plus revêche.

Oui, Erzebeth aimait finir ce qu’elle commençait et c’était elle qui avait machiné toute cette comédie uniquement pour mieux connaître celui dont elle espérait user dans le futur. À elle maintenant de venir en récolter les fruits. Peut-être existait-il des façons plus simples de connaître quelqu’un mais elle n’en connaissait pas ; la seule façon qui ne gaspillait ni trop d’énergie ni de temps était d’ouvrir une âme en deux pour contempler ce qui s’y trouvait en profondeur. Les méthodes variaient d’un individu à l’autre mais la finalité était toujours la même.

Elle n’avait pas été surprise d’apprendre que Soren ne l’avait pas trahie pour avoir la vie sauve : pourquoi Providence l’aurait amené à elle s’il n’était pas digne de confiance ? Restait à savoir si cette petite aventure avait été au goût du jeune homme ou pas du tout ; vu son air peu engageant, elle n’était pas prête à parier qu’il sauterait sur le prochain travail qu’elle lui proposerait. La bourse qu’elle lui lança sembla atténuer sa colère, heureusement : l’Ascanienne savait bien qu’on n’attrapait pas des mouches avec du vinaigre.

Bras croisés sur sa poitrine, elle l’observa se redresser sans mot dire. Il semblait soudain plus guilleret maintenant qu’il savait qu’il avait tout de même gagné quelque chose dans l’histoire. L’argent restait important malgré tout, surtout pour quelqu’un comme lui.

- Et maintenant patronne ? Je vais devoir démanteler un réseau de trafiquants de melons frelatés pour vous prouver que je ne suis pas bon qu'à sauver des vies ? Je vous préviens, mes honoraires sont variables !

Même s’il ne fut pas contagieux, le sourire de Soren décrispa quelque peu le visage de la brune.

- Dois-je en conclure que vous n’êtes pas échaudé à l’idée de travailler pour moi ?
- En effet, votre subordonné ne m'a pas frappé assez fort pour me décourager, il faut croire, dit-il en lançant la bourse bien remplie qu’il avait dans la main d’un air nonchalant.

Il n’était pas son subordonné, plutôt celui de Léonard. Elle veillerait toutefois à ce qu’il soit puni comme il le méritait.

- Je n’ai pas organisé tout ça juste pour savoir si vous étiez digne de confiance. J’étais aussi curieuse de savoir comment vous alliez vous y prendre ; je sais maintenant que je ne pourrais pas vous demander de rester les bras ballants si une vie est en jeu.

Le ton n’était pas au reproche, loin de là. Erzebeth avait conscience que lorsqu’elle confiait une mission à quelqu’un, elle devait prendre en compte tout un tas de facteurs et la personnalité de ses agents en faisait partie. Ils étaient rares à pouvoir mettre de côté leurs sentiments pour aller jusqu’au bout, ils étaient encore plus rares à n’avoir rien à perdre et aucune corde sensible sur laquelle appuyer. Des gens de cette trempe, elle n’en connaissait que deux : Anders et elle-même.

- Mais surtout, je voulais vous faire prendre conscience d’une chose : c’est ce qui pourrait être amené à se produire si vous acceptez de travailler pour moi. Les gens que je traque ne sont pas des enfants de chœur, on ne vous ôtera pas simplement la vie si on vous attrape. Elle laissa planer un silence sinistre et décroisa lentement les bras. Vous comprenez ?

Elle fit quelques pas vers lui puis ouvrit la porte, le vent qui s’engouffra dans la pièce fit s’éteindre les quelques chandelles à même le sol, les plongeant tout à coup dans une quasi obscurité ; si Soren avait été superstitieux, sans doute aurait-il pu croire que c’était un avertissement.

- Vous n’êtes pas obligé de prendre une décision ce soir, ajouta l’Ascanienne comme si elle lisait dans ses pensées. Voulez-vous que je vous accompagne chez un médecin ?
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Sam 23 Oct - 1:15
Si Soren n'avait pas été comme il est, à savoir difficile à traumatiser et prompt à dédramatiser, il y aurait eu fort à parier qu'il aurait déjà quitté les lieux sans demander son reste. Même si l'on faisait fi de la rouste et de l'interrogatoire qu'il avait subi pour un simple test de compétence, les propos d'Erzebeth faisaient eux aussi force de dissuasion. Le jeune homme trouva cette franchise assez appréciable, car cela lui offrait le sentiment de ne pas s'aventurer en terre inconnue.

Il esquissa un petit sourire et prit un air pensif un instant, avant de finalement passer ses doigts avec prudence sur l'arrête de son nez, encore douloureux.

- Si vous connaissez quelqu'un qui peut au moins vérifier que c'est pas cassé...Je dis pas non.
- Suivez-moi.

Soren ne s'offusqua pas plus que ça de la froideur constante de son interlocutrice. A vrai dire, il commençait déjà à s'y habituer et en cela il parvenait à reprendre une attitude plus naturelle et spontanée, même lorsqu'elle était dans les parages. Sans traîner plus encore dans ce sordide endroit, le jeune homme emboîta le pas d'Erzebeth tout en rabattant les pans de son manteau -encore tâché de sang- pour se protéger du froid.

De nouveau, les deux jeunes gens se retrouvèrent à arpenter les rues de la ville, désertée de la plupart de ses habitants et dont la neige avait pour la énième fois recouvert les vestiges de traces de pas, mis à part les plus fraîches réalisées par Erzebeth à son arrivée. Le silence s'était installé assez naturellement, et ce fut Soren qui prit finalement la parole.

- J'apprécie le fait que vous preniez le temps de m'avertir des risques encourus si j'accepte de travailler pour vous...Dit-il en continuant de regarder devant lui, à moitié hypnotisé par la blancheur des rues.
- Vous dîtes ça comme s'il était inhabituel d'être informé de telles choses.

Soren laissa échapper un petit rire face à cette réponse.

- Vous semblez prompte à user de procédures, ce qui parait normal pour vous n'est pas si courant pour moi.
- C'est pourtant une exigence que vous devriez avoir, quel que soit votre employeur. Répondit-elle sur un ton assez naturel, qui ne se voulait visiblement pas moralisateur.
- Vous dites vrai, je peux pas vous enlever ça...Le jeune homme leva les yeux au ciel, comme s'il se remémorait quelques bribes de passé, mais parfois quand on crève de faim ou qu'on a besoin d'aider quelqu'un, on finit par comprendre qu'on a pas toujours le choix.

Le regard d'Erzebeth se dirigea vers la ceinture de Soren, à l'endroit où il avait soigneusement accroché la bourse remplie de pièces qu'elle lui avait préalablement confié, avant de reporter son attention sur le chemin.

- Au moins, vous n'aurez pas à vous soucier de la faim pendant les prochaines semaines.
- C'est vrai...ça a l'air de bien payer de travailler pour vous. Répondit-il avec un petit sourire malicieux et pensif.

Elle disait vrai, cette somme généreuse était au-delà de ce que pouvait se faire Soren en trouvant un petit boulot ou en jouant les musiciens de comptoir occasionnellement.

- Les bénéfices sont souvent à la hauteur des risques.
- Et moi, j'aime vivre dangereusement.

Le regard qu'elle lui adressa était presque réprobateur, soulignant vraisemblablement que cet aspect n'était pas vu que comme une qualité selon elle. Le ton qu'elle venait d'employer l'amusa quelque peu.

- En effet. Dit-elle finalement avant de laisser planer un léger silence,  mais faites attention à ce nez, voulez-vous ?

Soren regarda Erzebeth avec un air interrogateur avant de finalement reprendre son air détendu habituel.

- Figurez-vous que je n'ai pas eu le temps de lui demander d'éviter le visage.
- Figurez-vous que je l'ai fait à votre place mais qu'on ne m'a pas écouté.
- Ils avaient surement peur que je flair l'arnaque...
- Sans doute. Conclut-elle, pensive.

Soren se retint de rire en pinçant ses lèvres tant ses plaisanteries - sans doute un peu vaseuses - étaient passées au-dessus de la tête de son interlocutrice. Il se dispensa d'expliquer ce qu'elle venait de rater, de peur qu'elle ne le trouve un peu trop puéril, au point de finalement ne pas l'engager.

Il continuèrent à marcher pendant de longues minutes en silence presque uniquement ponctué par des réactions à la douleur que s'auto infligeait Soren en passant ses doigts sur sa tempe violacée qui l'élançait à chaque pas. Ils arrivèrent finalement devant la demeure d'un médecin qui -malgré l'heure tardive - ouvrit sa porte lorsqu'elle s'annonça à lui. L'espace d'un instant, Soren se demanda si les médecins de cette ville dormaient parfois, car ils semblaient toujours prompts à ouvrir leur cabinet, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

En très peu de temps, l'examen fut réalisé et Soren se rassura de savoir que son nez n'était effectivement pas cassé. Il ne sut jamais s'il avait rêvé ou s'il avait vraiment vu son employeuse soupirer discrètement de soulagement à l'annonce du médecin. En prime, le jeune homme se vit confier une fiole contenant une décoction soi-disant efficace contre les douleurs que lui infligera sa tête dans la nuit. Il fut surpris de voir qu'il n'eut besoin de rien payer, comme si cet homme travaillait lui aussi pour Erzebeth.

Quelques minutes plus tard à peine, voilà que les deux protagonistes se retrouvaient dehors, prêts à prendre leurs chemins respectifs. Leurs regards se croisèrent à la faible lueur de la lumière passant au travers de la fenêtre du cabinet du médecin et Soren esquissa un nouveau sourire.

- J'accepte de travailler pour vous, inutile de faire semblant de réfléchir trop longtemps.

Un silence s'installa entre eux à nouveau, mais Erzebeth vint finalement prendre la parole à son tour.

- Pourquoi? Demanda-t-elle très sobrement.

Soren eut l'air pensif un instant, mais son regard ne se détacha pas yeux de glace de la jeune femme. L'espace d'un instant, il eut l'impression qu'elle connaissait déjà la réponse à sa question, et qu'elle cherchait simplement à vérifier qu'elle avait correctement lu au fond de son âme.

- Vous payez bien...Bien plus que ce que je peux espérer ailleurs, et malgré les risques...J'ai plusieurs raisons qui me poussent à ne pas me conforter éternellement dans la précarité.

Ces "raisons" étaient frères et sœurs, orphelins et vivant au crochet de Soren depuis maintenant un peu plus d'un an. La simple pensée dirigée vers les deux gamins qui partageaient sa vie lui tirèrent un air attendri, presque paternel. Un air probablement très ressemblant à celui qu'avait son père adoptif avec les orphelins qu'il recueillait.

Avant qu'Erzebeth ne demande plus de détail, Soren se détourna et fit quelques pas dans la direction qui était la sienne, avant de finalement s'arrêter.

- J'aime vivre dangereusement, mais pas au point de mourir bêtement pour quelques piécettes. Plus maintenant en tout cas...J'accepte votre offre, et vous ne serez pas déçue, croyez-moi.

Cette phrasé, au-delà de détonner d'assurance, marquait également une certaine détermination. Il marqua une petite pause avant de finalement ajouter une dernière chose.

- Je ne suis pas une célébrité, mais j'imagine que vous n'aurez aucun mal à me retrouver pour me confier un travail. Il tourna la tête et afficha un grand sourire taquin, évitez juste s'il-vous-plaît de me kidnapper et de me passer à tabac, si possible !

Après ces derniers mots et un petit signe de main, le jeune homme fourra ses mains dans ses poches avant de marcher nonchalamment jusqu'à ce que l'obscurité s'empare de sa silhouette.
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