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Claircombe  :: Titre :: Quartier Ascanien :: Caserne & prison :: Nostalgie et rancœur derrière les barreaux (Soren & Meryl) ::
Nostalgie et rancœur derrière les barreaux (Soren & Meryl)
Soren Grim
Soren Grim
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Mer 17 Fév - 13:17
An 83, troisième mois de l'hiver, 14eme jour
Cette journée était pourrie. Nulle. Ennuyeuse. Soren le savait, non, il le sentait au plus profond de lui. Réveillé en sursaut par un bruit à l'extérieur de la grange qui leur servait de refuge, il lui fut impossible de fermer l'œil plus longtemps. Dès le matin, Han et Lucilia faisaient montre d'un morale bas. Le jeune homme avait noté, possiblement par superstition, que cet état d'esprit venant des frère et sœur annonçait toujours un mauvais moment à passer. Occupés à aider le vieux dans les champs, Soren n'allait pas les emmener avec lui aujourd'hui en ville, et même cela l'ennuyait ! Pour des raisons qu'il ignorait, Soren aurai préféré leur compagnie à la solitude d'une journée à Claircombe. Bien évidemment, lorsque le jeune homme prit la direction des portes de la ville, il s'était mit à pleuvoir...Ce genre de crachin qui durait toute une journée sans jamais se déclarer en averse. Bien qu'optimiste de nature, quelque chose clochait aujourd'hui.

Arrivé en ville, il s'empressa de faire ce qui l'avait conduit dans le quartier Ascanien, zone de la ville qu'il affectionnait le moins. Tout était trop...surveillé et parfait. Même le quartier Amaranthis lui paraissait plus attrayant. En même temps...Il était beaucoup plus simple de soustraire quelques objets précieux aux imprudents et extravagants de la ville. Ici, Soren avait l'impression d'être observé en permanence par des gardes aux allures de bourreaux. Déambulant dans les rues, il était à la recherche de l'échoppe pour laquelle il avait accepté de jouer les coursier par un heureux hasard d'une rencontre la veille. Cependant, les explications du marchand s'avéraient bien moins claires que prévu, une fois dans les rues. Grommelant tout en cherchant, Soren fit bien deux ou trois fois le même tour sous la pluie, sans vraiment s'en rendre compte. Foutu quartier...Est-ce que quelque chose pouvait être simple juste une fois dans cette journée...? Rien n'était sur. Arrivé enfin à destination, le vieux marchand à l'allure fort aimable confia à Soren les missives, lui indiquant le lieu ou il devait les porter et qu'il devait revenir ensuite avec un colis échangé contre les lettres. Un petit boulot de coursier express, simple et efficace. C'est donc lettre en main que Soren reprit son chemin, direction la place du capitaine.

Bien entendu, c'est au moment ou cette journée eut un semblant d'amélioration qu'il se trouva agrippé fermement par la main gantée d'un soldat qu'il n'avait même pas vu venir. A vrai dire, derrière lui, un petit groupe de quatre milicien lui avait emboité le pas à distance raisonnable et dans la plus grande discrétion. S'il avait été plus attentif, il aurai pu s'en rendre compte, mais les contingent armé florissaient dans le quartier Ascanien, si bien qu'il n'avait pas réellement été méfiant. Grossière erreur. Immobilisé avant d'avoir pu dire quoi que ce soit pour sa défense, il dut bien admettre que ça n'allait lui servir à rien de lutter. Suivant la marche cadencée des soldats qui l'encerclaient maintenant, il ne put s'empêcher de pouffer de rire, tant cette journée était au paroxysme de la nullité.


"On peut savoir ce qui te fais marrer brigand?
-ça tombe bien que vous m'appeliez brigand, car sachez que je suis confus quant à cet arrestation messieurs ! exprima-t-il comme si la situation l'amusait. Ce qui lui valu un coup de poing dans les cotes qui lui coupa le souffle.
- Ne fais pas l'ignorant, ça fait des jours qu'on te cherche, tu croyais pouvoir voler impunément d'honnêtes marchands et t'en tirer sans ennuis ? On avait ton signalement mon gars.
- Mon signalement ? Il va falloir que je révise mes technique de..."

Cette fois-ci c'est un crochet du droit qui le fit taire, l'impact métallique sur l'os de sa joue lui fit voir des étoiles. Peut-être était-il temps de se taire en effet. La fin du trajet n'en fut que plus pénible.

--Plus tard dans la journée--

*Ploc, ploc, ploc*

Le son des gouttes s'écoulant contre la pierre humide et puante de la cellule dans laquelle il se retrouvait eut don d'agacer Soren. Se retrouver enfermer le jour ou il avait accepté un petit boulot honnête...Comme quoi parfois les choses étaient vraiment mal faites. Assis sur ce banc de fortune qui servait aussi de lit, il agitait distraitement sa jambe en réfléchissant à une éventuelle pirouette pour se sortir de ce pétrin. Pour l'instant, rien ne lui vint si ce n'est négocier sa cause en embrouillant les gardes. Mais pour cela, il avait besoin de temps, et d'une occasion pour parler avec un des geôliers, de préférence parmi ceux qui ne tapent pas avant de discuter. Les heures passaient et se ressemblaient. Soren sortit de sa poche la missive maintenant chiffonnée qu'il avait conservé...Le vieux marchand devra patienter un peu ou missionner quelqu'un d'autre. Soupirant de frustration, son esprit divagua vers les enfants qui étaient surement encore occupé à assister le vieillard de la ferme. Les journées étaient éreintantes pour leurs petites mains, mais au moins ils étaient à l'abri le soir et surveillés la journée. Le jeune homme ne s'inquiéta pas outre mesure, Lucilia et Han connaissaient la règle, "Pas d'inquiétude avant trois jours d'absence", et Soren n'avait nullement l'intention de s'attarder aussi longtemps ici.

Il esquissa un petit sourire puis héla à haute voix le garde le plus proche, qu'il ne pouvait pas voir dans le couloir aux lumières tamisées entre les cellules.


"A quelle heure est servi le repas dans cet établissement, il se fait faim ! Dit-il avec un air théâtral exagéré qui fit rire un détenu voisin.
- Ferme la tout de suite ou tu n'auras de toute façon plus assez de dent pour te nourrir correctement."

Une grosse voix raisonna du bout de l'allée, surement un garde ventripotent avec des mains ressemblant à des pelles a tarte. C'était un pari risqué, mais Soren avait maintenant l'information que ce garde-ci  parlait avant de frapper. Le jeune homme se leva observa les alentours. Les geôles étaient séparées par une bonne largeur de couloir, de façon à rendre impossible tout contact avec la cellule d'en face, ni celle d'à coté. Le garde était posé à l'entrée et ne semblait pas faire moult rondes pour vérifier l'état des prisonnier. Il faut dire qu'il n'y avait que peu d'intérêt à accorder de l'attentions à des malfrats bon pour finir à la potence. Le jeune homme ne s'inquiétait pas outre mesure et se réinstalla sur le banc branlant de la cellule. Au moins, la journée ne pouvait plus empirer...

Un cri se fit entendre à l'entrée du couloir, des bruit de lutte et de protestation. Une voix de femme qui sonna étrangement familière à l'oreille du jeune homme. Encore étouffée par la distance, il ne fit par le rapprochement. Connaissant la consigne lorsqu'un prisonnier devait être mis en cellule, il resta immobile sur son banc, n'esquissant pas un regard vers l'allée dans laquelle les gardes emmenait la femme qui semblait encore se débattre. La porte de la cellule de Soren s'ouvrit...quel chance, il allait avoir une compagne de chambre. Le jeune homme garda la tête immobile, fixant ses pieds. S'il y a bien des gens qu'il n'avait aucune envie d'énerver, c'était des gardes déjà en proie à la contestation d'un autre prisonnier. Lorsqu'il entendit le corp de la femme s'étaler dans l'entrée de la cellule, jeté comme un vulgaire sac à patate, il releva la tête, espérant ne pas avoir affaire à une psychopathe ou autre démente. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il rencontra un visage qu'il reconnu malgré ses cheveux en bataille à cause de la chute. Un visage qu'il n'aurai jamais cru revoir devant lui. Les poings serrés, il parla d'une voix très froide.


"Meryl..."

La porte de la cellule claqua, faisant raisonner le tintement métallique des barreaux qui s'entrechoquent. Puis le son d'une clé verrouillant son loquet se fit entendre, suivi par les pas de gardes quittant la pièce. Le silence retomba lourdement.


Dernière édition par Soren Grim le Sam 6 Mar - 12:08, édité 1 fois
Meryl
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Ven 19 Fév - 22:27
« Aucune bonne action ne demeure impunie. »

Un diction qui lui allait comme un gant. Même animée des meilleures intentions du monde, Meryl savait que ses actions, d'une façon ou d'une autre, finissaient pas œuvrer contre elle. Parfois, elle trouvait que cela valait quand même le coup. Souvent, elle regrettait de ne pas avoir simplement baissé les yeux et continué sa route. Quand est-ce que cela avait commencé ? Elle n'aurait su le dire, mais chaque fois qu'elle tentait de faire quelque chose de bien, cela se retournait contre elle.

Elle avait connu de nombreux autres enfants qui, comme elle, n'avaient pas eu beaucoup de chance dans leur vie. L'un d'entre eux, Finn pour ne pas le nommer, avait eu une vie tellement misérable qu'à côté de lui la sienne lui paraissait relativement agréable. Âgé d'un an de plus qu'elle, il avait été recueilli par l'Église après que sa prostituée de mère ait tenté de le noyer dans une bassine car elle ne supportait plus ses cris. L’identité de son père, évidemment, était inconnue ; ça leur faisait au moins un point commun.

Finn avait toujours été le plus violent de la bande, le plus teigneux et le plus réfractaire à la discipline. Autant dire qu'il avait détesté l'orphelinat Ascanien. Meryl et lui s'étaient beaucoup battus à cette période. Si elle avait d'abord choisi d'ignorer totalement son inexistence insupportable, elle n'avait bientôt plus eu d'autre choix que d'intervenir lorsqu'il terrorisait la moitié des résidents, parfois bien plus jeunes que lui. Et pourtant, malgré les bagarres et les insultes, elle avait été la seule à lui tendre la main. Il ressentait de la haine envers tout et tout le monde, y compris lui-même ; elle, elle en était dépourvue.

Leur curieuse « amitié » avait été en dents de scie tout au long de leur vie. Parfois ils ne se parlaient plus pendant des mois, voire des années, puis ils se recroisaient -souvent dans une taverne- et entamaient le jeu du « Qui de nous deux a la vie la plus pourrie ? » : ils faisaient toujours beaucoup d'ex æquo. Ce jour là était un de ces jours, et Meryl avait retrouvé Finn à moitié ivre mort dans le quartier Utgardien, pris à partie par tous les gens qu'il avait réussi à agacer au cours de la journée. Elle avait soupiré, avait pesé le pour et le contre, le contre l'avait emporté haut la main, et elle était intervenue malgré tout.

Non, Meryl n'était pas une bonne âme, elle était juste stupide. C'est en tout cas comme ça qu'on parlerait d'elle lorsqu'elle finirait invariablement par se faire tuer après avoir tenté d'aider quelqu'un qui ne voulait pas de son aide.


- Et pourquoi le type qui m'a mis son poing dans la figure n'est pas mis en cellule, lui aussi ?
- Parce qu'il n'a pas essayé de mettre feu à une chèvre pour créer une diversion.
- Mais j'ai pas fait exprès !

Bien que ce soit totalement inutile, elle essayait malgré tout de se débattre, au moins pour la forme.

- Et est-ce que mon ami va bien ?
- Il a été envoyé au dispensaire Ascanien.
- Oh. Il va être tellement ravi de se réveiller là-bas.

Ravi ou pas, c'était quand même lui qui s'en sortait le mieux, encore une fois. Lorsque le garde qui la tenait fermement par le bras s'arrêta en face de ce qu'elle supposa être sa future cellule, elle vit que celle-ci était déjà occupée.


- Vous êtes sérieux ? Je vais encore devoir partager ma cellule avec un détraqué ? On ne mélange pas les femmes et les hommes dans ce genre d'endroit, vous savez. Je veux une cellule à moi.
- S'il t'embête, tu n'auras qu'à crier comme tu le fais si bien depuis tout à l'heure. Et peut-être qu'on viendra lui remettre les idées en place. Ou peut-être qu'on viendra juste se rincer l’œil.

Et sans plus de ménagement, on la jeta dans sa cellule. Combien de temps allait-elle rester là ? Elle n'eut même pas le temps de le demander au gardien qu'il s'éloignait déjà. Merveilleux. Merveilleuse  journée. Tout était absolument parfait. Mais bon, au moins, ça ne pouvait pas empirer.

- Meryl.

- Quoi encore ?
répondit-elle avec un brin de mauvaise humeur en massant doucement la jolie ecchymose sur sa pommette droite.

Son compagnon de cellule semblait la connaître -on appelait rarement des gens qu'on ne connaissait pas du tout par leur nom- et vu le ton froid qu'il avait employé pour lui parler, ça n'allait pas être une rencontre plaisante. Quoi ? Elle lui devait de l'argent, c'est ça ? À qui est-ce qu'elle ne devait pas de l'argent dans cette ville, de toute façon.

- Si je te dois de l'argent, désolée, mais ça devra attendre encore un peu.

Aucune réaction, et pourtant il semblait en attendre une de sa part. Curieux. Donc si ce n'était pas l'argent, qu'est-ce que cela pouvait bien être d'autre ? Oh, non...

- Je t'ai promis une soirée inoubliable et je ne suis jamais venue au rendez-vous ?

C'était très peu probable mais pas impossible. Un moment d'égarement dans une taverne miteuse. Il fallait parfois recourir à ce genre de stratagème pour avoir la paix dans cette ville. Le garçon avait l'air tout de même drôlement rancunier pour un simple rendez-vous manqué. Et c'était bien sa veine d'ailleurs, de se retrouver enfermée avec le seul garçon qu'elle avait éconduit de façon inélégante.

Ou alors...

Maintenant qu'elle le regardait de plus près, il ne lui était plus si inconnu que ça. Cette tignasse noire et ce regard plein de gouaille, avec quelques années de moins, il lui faisait penser à...


- Soren.

Un poids lui tomba lourdement dans les entrailles et la sensation lui donna presque immédiatement la nausée. Elle eut aussitôt envie de briser le contact visuel mais en fut incapable. Maintenant qu'elle le voyait clairement, elle se trouva presque stupide de ne pas l'avoir reconnu plus tôt. Lui, ici, avec elle, c'était certainement l'une des plaisanteries les plus cruelles que les Dieux lui aient faite. Et pourtant les Dieux n'avaient jamais été tendres avec elle.

« Dis quelque chose, Meryl, n'importe quoi ». Mais dire quoi ? Les souvenirs remontaient tous à la surface, tous aussi douloureux les uns que les autres. Oh, elle avait de bons souvenirs qui impliquaient Soren, même de très bons, mais c'était ce qui les rendait encore plus amers aujourd'hui. Il avait été le premier ami qu'elle avait eu dans cette ville. Ça ne s'était pas très bien fini entre eux. Et tout était de sa faute. N'est-ce pas toujours de sa faute, d'ailleurs ?

Elle avait passé tellement de temps à tout enfouir au fond d'elle qu'elle s'était presque convaincue que Soren n'avait jamais existé, que toute cette partie de sa vie n'avait été qu'un sombre rêve qu'il valait mieux oublier. Lui jeter son existence au visage de la sorte était...

Mais Meryl était Meryl. Elle était devenue douée pour faire comme si rien n'avait d'importance. Soren n'en avait pas plus que le reste. Le passé était le passé. Elle, elle avançait. Oui, voilà. Si elle se répétait ça suffisamment de fois, cela deviendrait presque convaincant.


- Alors comme ça, c'est ici que tu vis maintenant ? C'est... douillet.

C'est ça, désinvolte, et absolument pas déstabilisée par la situation. Elle jeta un œil dans le couloir derrière elle. Plus aucune trace du garde. Plus aucun bruit.

- J'imagine que c'est trop tard pour demander une nouvelle cellule. Du coup... tu préfères dormir à gauche ou à droite ?


Dernière édition par Meryl le Dim 21 Fév - 11:45, édité 1 fois
Soren Grim
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Sam 20 Fév - 16:09
Soren était quelqu'un de sociable qui avait une étrange faculté à sympathiser avec n'importe qui. Ainsi, en voyant quelqu'un arriver dans la cellule, il avait espéré que la journée n'empirerai pas plus et que son compagnon de cellule serait un bon parti de discussions. Mais il semblait visiblement que le destin avait décidé de continuer à lui marcher dessus dans vergogne. Meryl...Du peu de personne pour qui Soren ressentait une profonde rancœur, il avait fallut que ça soit elle, elle qui avait fait basculer tout un pan de sa vie dans le chaos. Bien sur, une part de lui avait toujours essayé de lui hurler que ce n'était vraiment pas de sa faute, comme elle avait brièvement tenté de le justifier avant que Soren ne l'incite à ne jamais revenir. Il avait longtemps ruminé sur le sort qu'il pourrait lui réserver si elle osait se présenter devant lui à nouveau, allant même jusqu'à imaginer commettre l'irréparable. Aujourd'hui, elle était devant lui, enfermée dans un espace sans issue en sa compagnie. Son regard ne put décrocher de celui de la jeune femme, il n'avait d'ailleurs pas esquissé un mouvement depuis que la porte avait claqué.

Et pour être tout à fait honnête, Soren n'avait absolument aucune idée de la façon la plus adéquate de réagir, tant il n'aurait pu s'attendre à ça. Son cerveau l'embrouillait, devait-il être en colère ? Oui, très certainement, l'était-il? Pas sur… Les poings serrés, il écouta les dires de son ancienne amie qui semblait avoir gardé son attitude nonchalante qui la caractérisait déjà à l'époque malgré son jeune âge. Ne pouvait-elle pas être détestable pour une fois?! Au moins Soren aurai trouvé une motivation pour en venir aux mains, mais non, elle restait la même, comme s'il ne s'était jamais rien passé, et voila une chose qui le perturbait au plus haut point. Une flopée de souvenirs passaient par bribes dans l'esprit du jeune homme, pourquoi avait-il envie de sourire en y repensant? D'habitude, ces réminiscences ne le conduisaient qu'a un vague accès de colère contre elle et contre lui-même. Il se leva alors doucement et s'avança d'un seul pas vers son ancienne amie.


"Je ne suis que demi pensionnaire, le confort n'est pas au rendez-vous et le repas n'est toujours pas servi, mais n'hésite pas si tu veux te reposer, je te prête mon humble couchage et je veillerai à ce qui ne t'arrive rien."

Il accompagna ses paroles d'un mouvement ample du bras dirigé vers ce banc miteux qui servait de couchette, comme le ferai un majordome un peu trop théâtral. Pourquoi faisait-il dans le sarcasme, n'était-il pas sensé lui envoyer directement le lit de fortune en plein dans son joli minois? Si, très certainement, mais quelque chose le retenait, si bien qu'il devenait difficile de comprendre le ressentit du jeune homme, alliant un regard froid et des paroles ironiques mais une gestuelle pacifique. De toute façon, l'intimidation ne marchait pas avec Meryl, il le savait. Reportant son attention sur elle, il pointa du doigt dans l'ecchymose du visage de sa codétenue et la gratifia d'un regard moqueur et d'un sourire un peu crispé.

"Jolie couleur, tu t'essaye à la mode Amaranthis en te bariolant de poudres affriolantes ? Aurais-tu trouvé un nouvel environnement dans lequel t'épanouir ?"

Soren avait presque exactement la même marque sur sa joue gauche, ayant lui aussi trop parlementé avec ses geôliers, nullifiant quelque peu volontairement l'effet agressif de sa phrase en ne dissimulant pas sa propre marque. Il glissa la main dans une poche de son vêtement et fit mine de fouiller tout en fixant toujours la jeune femme. Il ressortit alors d'un geste vif sa main et envoya rapidement un projectile dans la direction de Meryl, qu'elle attrapa par reflexe malgré la force du lancer. Ce projectile, c'était un paquet de vieilles cartes enserré d'une petite cordelette, seul objet qu'il avait réussi à faire échapper aux gardes lorsqu'ils lui avaient confisqué ses biens. Non sans garder ce petit sourire crispé inexplicable, Soren reprit la parole.

"Tu es toujours aussi nulle à ton avis ? Que dirais-tu de jouer, tout en discutant un peu...ça fait si longtemps Meryl."

Dans la réalité des faits, Meryl gagnait presque tout le temps à l'époque, mais Soren était délibérément de mauvaise foi et n'avait même pas remarqué qu'elle l'avait parfois laissé gagner pour éviter ses sautes d'humeur. Cela étant, le jeune homme ne donna pas plus de détails, son regard restait assez sombre dans son attitude, tiraillé par des sentiments contraire. Il se posa à l'extrémité gauche du lit de miséreux pour laisser de la place a son ancienne amie et un espace pour poser les cartes. De toute façon, il faudrait aux deux protagonistes un temps pour analyser leur environnement s'ils souhaitaient se soustraire aux geôles de la cité par la petite porte, alors autant tuer le temps d'une manière ou d'une autre. D'autant plus que pour le moment, le geôliers en place ne semblait pas prompt à être relayé de si tôt.

Soren avait beau avoir tourné et retourné dans sa tête l'éventualité d'une retrouvaille avec son amie, il n'aurai jamais pu se douter que cela arriverai entre les quatre murs sales et humides d'une prison à lui proposer une partie de cartes. Au fond de lui, il ne pouvait pas nier que la compagnie de la jeune femme lui avait quelque peu manqué durant ces années, et ce malgré cette rancœur qui continuait à lui envoyer des signaux contraires à chaque seconde ou son regard croisait celui de Meryl.
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Sam 20 Fév - 23:12
Ainsi, ils allaient jouer à ce petit jeu tous les deux ? Soit, c'était plus agréable qu'un long silence gênant. Les yeux de son interlocuteur continuaient toutefois de lancer des éclairs, Meryl n'était pas aveugle ; elle fit parfaitement semblant de l'ignorer, en revanche. Il était assez ironique que la personne qui  lui promettait la sécurité soit en fait celle dont elle avait le plus à craindre. Et pourtant, ici et maintenant, Meryl se savait en sécurité. Peut-être était-elle naïve de le croire.

Elle ferma les yeux de douleur lorsque l'index de Soren vint se planter dans sa pommette d'un geste délibéré. Si c'était là l'étendue de sa vengeance, elle s'en accommoderait. En réalité, elle était prête à endurer beaucoup de choses, énormément de choses, pour peu qu'il soit dissuadé de parler du passé. Sous son air désinvolte, peut-être redoutait-il exactement la même chose ? Elle le maudissait, en cet instant, pour parvenir à rester aussi insondable.

Elle le regarda fouiller ses poches et lui jeter, presque avec violence, quelque chose à la figure : un banal paquet de cartes. Ça aussi, elle l'avait peut-être mérité. Elle l'observa un instant, sourcils froncés, mais sa dernière tirade eut au moins le mérite de la faire sourire sincèrement. Soren avait toujours été nul aux cartes. C'était lui, d'ailleurs, qui lui avait appris à jouer, mais l'élève avait très vite dépassé le maître, et Soren avait été quelque peu blessé dans son orgueil lorsqu'elle avait fini par le battre à plate couture.

Bien qu'hésitante, Meryl rejoignit bien vite le jeune homme sur la couchette, alors qu'il battait déjà les cartes dans ses mains avec assurance. Soren insistait toujours pour battre les cartes lui-même, car il avait fini par la suspecter de tricher. Elle ne put s'empêcher de sourire en y repensant.


- Longtemps, en effet. C'est d'ailleurs curieux, non ? La ville n'est pas si grande, et nous nous retrouvons seulement maintenant. Ou alors préférions-nous inconsciemment ignorer la présence l'un de l'autre alors que nous étions pourtant dans la même pièce ?

Et excédés de les voir se tourner autour sans jamais se retrouver réellement, les dieux avaient fini par les enfermer dans cette pièce exiguë. Ou alors ce n'était qu'une coïncidence ; on accordait beaucoup trop de crédit aux dieux ou au destin, de façon générale.

- J'ai fini par croire que les rues de Claircombe s'étaient ouvertes et t'avaient englouti. Quelque chose avait frémi imperceptiblement dans sa voix. Je suis contente de voir que j'avais tort.

Lui, en revanche, devait probablement être déçu qu'un tel sort lui ait été épargné. Elle lui lança un sourire espiègle ; elle ne lui en aurait pas tenu rigueur si c'était le cas. Il avait de bonnes raisons de n'avoir jamais voulu la revoir, après tout.

Meryl découvrit ses cartes avec une certaine satisfaction, elle avait toujours eu la main chanceuse aux cartes. C'était bien le seul domaine dans lequel la chance ne l'avait jamais abandonnée d'ailleurs. Soren, lui, ne put s'empêcher de froncer les sourcils, signe que la partie était déjà jouée d'avance. Sans masquer son sourire amusé, Meryl joua aussi mal que possible. Il n'était pas rare qu'elle fasse semblant de perdre juste pour égailler l'humeur du jeune homme. Cette fois, il faudrait sans doute bien plus qu'une victoire aux cartes mais... c'était un début.

Bien vite, la sentence tomba et Meryl afficha une petite moue dépitée de circonstance.


- Le perdant avait toujours droit à un gage, si mes souvenirs sont bons. Il aurait fallu le décider avant de commencer la partie. C'est un peu moins fair-play, maintenant...
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Dim 21 Fév - 12:07
Même la main que le jeu de carte lui avait offert était nulle, comme un point finale à une journée qui n'en finissait plus. Pouvait-il vraiment gagner avec ça ? C'était peu probable. A moitié concentré sur le jeu il prit en considération les dires de Meryl. C'était vrai, une éternité semblait s'être passé depuis la fois ou Soren lui avait intimé de ne jamais revenir vers lui, c'était la moindre des choses après le tragique évènement qui avait causé tout ça. Malgré tout, plusieurs fois, il avait manqué de croiser le chemin de son ancienne amie. Évitant soigneusement le contact, Soren avait préféré s'éloigner pour ne pas se laisser guider par les pulsions de haine qui l'avait envahi à chaque fois. Il esquissa un petit sourire blasé en écoutant les dires de Meryl. Était-elle vraiment contente de se retrouver enfermer avec lui à cet instant ?

"Les rues de cette foutue ville finiront par tous nous engloutir comme tu dis. Mais on peut se rassurer d'avoir encore de belles années de galère devant nous."

Quand Soren disait quelque chose de négatif, le ton qu'il employait arrivait presque toujours à atténuer la gravité du sujet, voir à rendre les propos optimiste, c'était une des choses qui caractérisait le plus le jeune homme, depuis  toujours. Le fait de se retrouver enfermé avec celle pour qui il avait nourri depuis des années un sentiment de profonde rancœur ne changea d'ailleurs rien à cette habitude. Il n'avait pu s'empêcher de dire on, les habitudes d'un lointain passé avaient la vie dure…

Un son de porte qui s'ouvre au loin raisonna au bout du couloir, faisant instinctivement marquer une pause aux deux prisonniers. Un petit ensemble de voix se faisait entendre. Bien qu'il fut impossible de savoir de quoi il en retournait, impossible de se tromper sur l'interprétation de ce qu'il se tramait. C'était l'heure de la relève, la journée touchait donc à sa fin.

Lorsque la victoire revint à Soren, celui-ci eut une moue satisfaite. Il avait gagné. Bien qu'il savait au fond que la victoire n'aurai pas du lui revenir, il eut une réaction très similaire à celle qu'il avait put avoir par le passé. Un souvenir lui revint en mémoire, celui d'une quinzaine de défaites d'affilé à ce même jeu, sur le toit plat d'une maison Amaranthis, il avait dit à cet instant que la dernière manche serai la seule qui compte pour savoir qui l'emportait. Il avait toujours soupçonné que cette fois aussi, elle l'avait laissé gagner. Lorsqu'elle mentionna le gage, l'exact même souvenir se répéta une nouvelle fois dans sa tête, mot pour mot, trait pour trait...Soren serra les dents.


"C'est vrai qu'on faisait ça, quand on était encore amis…"

Point d'optimisme cette fois-ci, toute émotion avait d'ailleurs déserté sa voix sans qu'il ne l'ait vraiment décidé, son regard s'était planté dans celui de la jeune femme. Alors qu'elle détournait le regard pour ramasser une carte qui trainait sur le lit, Soren lui attrapa le poignet sans ménagement, reprenant toute son attention.

"Alors voila ton gage Meryl, seras-tu capable de me dire aujourd'hui que tu n'es pas responsable de la mort du vieux Grim? Je ne t'ai pas laissé parler par le passé, car je pense que j'aurai tenté de te tuer. Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, mais je dois savoir...Dis moi la vérité!"

Le ton employé était devenu glacial, chose rare venant de Soren. Même ses plus proches amis et connaissances pouvaient compter sur les doigts d'une main les moment ou le jeune homme avait laissé la colère le déborder. Pourtant, à cet instant il était on ne peut plus sérieux, les yeux plein d'une tristesse sincère mêlée à de la colère. Sa prise sur le poignet de la jeune femme était ferme, si bien qu'il avait oublié lui même qu'il enserrait son amie de la sorte. Depuis la seconde ou Meryl avait débarqué dans la cellule, Soren était tiraillé entre garder tout ça pour lui pour essayer de passer à autre chose et faire revenir le douloureux passé des deux amis sur le tapis. Dominé par une furieuse envie de comprendre ce qu'il s'était refusé d'écouter par le passé, il avait laissé ses sentiments déborder sur la situation. Toute trace de sourire avait disparu sur le visage du jeune homme.

Les dents serrés, il attendait des explications. Au fond, il aurait eu envie d'amener le sujet autrement, la violence, qu'elle soit verbale ou physique n'était pas souvent une solution efficace. Si le vieux avait pu revenir d'entre les morts, Soren se serai pris une tape derrière la tête et un sermon rien que pour le fait de ne pas avoir réfléchi avant d'agir. Oui...Bien que celle qui avait causé sa mort était la, le vieux n'aurai pas crié vengeance et aurai essayé de comprendre les motivations qui l'avait poussé à commettre l'irréparable…

Il marmonna presque pour lui même cette dernière phrase qui avait surement été à peine perceptible.


"Tu as tout gâché..."

Meryl
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Dim 21 Fév - 16:56
- Tu me fais mal, lâche-moi.

La prise autour de son poignet se relâcha aussitôt, presque comme si le contact avec sa peau l'avait brûlé. Meryl en profita pour se redresser avant de faire les cents pas dans la petite cellule, comme un loup en cage, évitant le moindre contact visuel avec Soren. Elle avait essayé de rendre ça le moins désagréable possible pour l'un comme pour l'autre, et voilà qu'il gâchait tout. Aurait-elle dû se plonger dans un mutisme borné depuis qu'elle l'avait reconnu ? Ou hurler jusqu'à ce qu'on daigne enfin la changer de cellule ?

Lorsqu'elle s'arrêta de marcher et consentit enfin un regard -presque furieux- au jeune homme, ce ne fut que pour pousser un soupir de frustration.


- Donc, ça y est, la trêve est terminée et tu veux déjà exhumer tous les cadavres du passé ?

Elle ne pensait pas réellement qu'il s'était agi d'une trêve, mais elle avait pensé, assez naïvement, qu'aucun d'entre eux ne voudrait revenir sur ce qui les avait séparés. Elle avait tort. Mais c'était difficile à entendre. Elle n'avait pas envie de l'entendre. Et elle n'avait pas non plus envie de se justifier. Qu'attendait-il d'elle, au juste ; qu'elle se mette à genoux et implore son pardon ?

- Tu ne crois pas qu'il est un peu tard pour exiger des réponses. Neuf ans. Neuf ans, Soren !

Neuf ans au cours desquelles elle avait ressassé et ressassé les événements jusqu'à la nausée. Peut-être qu'elle aurait aimé avoir l'occasion d'implorer son pardon neuf ans en arrière ; ce n'était plus le cas aujourd'hui. Parce qu'elle n'avait été qu'une gamine, une gamine prise au milieu de quelque chose qui la dépassait totalement. Elle avait le recul nécessaire aujourd'hui pour réaliser qu'elle n'était responsable de rien, sinon d'avoir été poussé à choisir le moindre mal.

Une petite part d'elle-même comprenait toutefois ce que ressentait Soren. De tous les gamins qui avaient perdu leur mentor ce jour-là, c'était lui qui en avait probablement le plus souffert ; il lui avait présenté Meryl et insisté pour qu'elle reste avec eux. Dans sa quête de responsable, il était impossible qu'il ne s'en soit pas blâmé à un moment ou un autre.


- La plupart des réponses que tu réclames, tu les connais déjà. Qu'est-ce que je pourrais bien te dire de plus ? Si tu as vraiment besoin de quelqu'un à détester, je veux bien tenir ce rôle encore un peu. Mais si un jour, tu as réellement envie de connaître la vérité, comme tu l'affirmes, alors demande-toi si le responsable de tout ça n'est pas Grim lui-même. Vous étiez tous des enfants, c'était à lui de prendre les bonnes décisions. C'était à lui de vous protéger, et il vous a tous mis en danger ce jour-là.

Sans doute que ce serait la goutte de trop pour le jeune homme, Meryl s'attendait à le voir exploser d'un instant à l'autre. La vérité était souvent dure à entendre, mais c'est lui qui l'avait réclamé.

Spoiler:
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Dim 21 Fév - 21:02
Dès lors qu'elle fut écartée de lui, à faire des aller retour dans la cellule, Soren s'était déjà maudit d'avoir ramené si subitement le sujet sur le tapis, de l'avoir ramené tout court d'ailleurs. Son esprit avait été conditionné autour d'une profonde rancœur toutes ses années, il avait bâti tout une histoire concernant cette fameuse justification qu'il avait refusé d'écouter à l'époque. Avec du recul, avait-il vraiment la légitimité de demander quoi que ce soit, si longtemps après? Probablement que non, et pourtant, il l'avait fait quand même, régit par un sentiment qu'il ne laissait échapper que rarement, la colère. Soren avait son regard rivé sur la jeune femme, assis face à elle comme lorsqu'elle venait d'entrer dans la cellule. Il n'esquissa pas un mouvement supplémentaire, son regard sombre suivait les mouvements incessants de Meryl. Ses poings étaient serrés à s'en faire blanchir les phalanges.

De colère, Soren se leva tout en écrasant son poing contre le lit, laissant dans un craquement sonore une large fissure sur la surface boisée de l'assise. Il était a présent face à elle, imitant presque ses mouvements d'aller retour à l'exact inverse, ses yeux brillaient de colère et toute trace de sourire avait à cet instant déserté le visage du jeune homme.


"Neuf années pendant lesquelles j'ai au moins autant imaginé te tuer que de te demander de revenir! tu crois pas que je me suis maudit de t'avoir chassé sans essayer de comprendre?"

Le ton montait entre les deux protagonistes, faisant tinter leurs voix colériques le long des murs de la prison, attirant le regard de certains détenus qui se collaient aux barreau de leur propre cellule pour observer la scène ou au mieux écouter la confrontation. Ils étaient la, face à face comme deux animaux en cage, tout deux confrontés brutalement aux réminiscence douloureuse d'un passé qui aurai du rester enterré. Tout aurai pu se passer calmement, voir même peut-être s'arranger si ils avaient fait fi du passé, mais non, ce n'était pas le chemin qu'avait choisi Soren, une part de lui criait encore trop fort dans son esprit pour qu'il l'ignore impunément.

L'autre part de son esprit, celle de l'adulte qu'il était devenu, essayait tant bien que mal de garder un semblant de bon sens. Il ne pouvait pas ignorer le fait qu'elle n'avait pas d'explications à donner, neuf ans après, alors qu'elle avait bel et bien tenter de plaider sa cause à l'époque. Quand bien même, pouvait-on blâmer une enfant de se faire manipuler par des adultes? Toutes ces questions et affirmations tournaient et retournaient dans l'esprit de Soren, augmentant la confusion de cette impromptue rencontre avec Meryl.

A l'instant ou il entendit le nom de Grim de la part de Meryl, son esprit ne fit qu'un tour et occulta tout espoir que Soren ne se raisonne. Les poings serrés, il essaya de parler.


"Tu..."

Mais non. S'en était trop. Soren bondit en avant, avec la ferme intention de plaquer Meryl contre le mur derrière elle. Malgré la soudaineté de l'attaque, la jeune femme était bien trop sur ses gardes pour se laisser avoir, si bien qu'elle exécuta une remarquable esquive sur le coté, et ce malgré le coté exiguë des lieux. Sorent sentit alors le poing serré de la jeune femme heurter sa joue la seconde d'après. Par reflexe, il recula d'un pas tout en regardant dans sa direction, la vue brouillée par la colère. Semblant ignorer la douleur bien présente qu'avait impliqué l'impact, il pointa du doigt Meryl, tandis que de sa main perlait des gouttes de sang, résultat de l'impact entre son poing et le lit, un peu plus tôt. Soren semblait être l'ombre de lui-même, déformé par la colère.

"Ne t'avise pas de prononcer son nom! Il donnait sa vie pour rendre la notre meilleurs! La tienne y compris! et malgré ça, voila comment tu l'as remercié?! Je...je..."

Alors qu'il avait ramené sa main contre lui, son poing s'était serré à nouveau tandis que le sang s'écoulait toujours très lentement entre ses doigts. Tout devint flou l'espace d'instant et la volonté de Soren vacilla, avant de revenir le heurter de plein fouet. Il ne put retenir de s'attaquer de nouveau à Meryl, envoyant en avant son poing ensanglanté. Le choc fut brutal alors qu'il heurta la joue de son ancienne amie qui en tomba au sol. Manquant de l'accompagner dans sa chute, le jeune homme posa maladroitement un pied en avant pour reprendre appui. Haletant, une larme s'échappa de ses yeux embués pour venir rouler sur sa joue alors que son regard s'était à nouveau posé sur elle.

"Pourquoi j'arrive pas à te détester…"

Aussi redoutable qu'avait été la rancœur que Soren avait nourri contre elle ces dernières années, ses mots lui avait échappé sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Ces paroles ne faisaient pas écho à la violence du coup qu'il lui avait porté, rendant la situation quelque peu absurde. Le regret commençait déjà à s'installer, s'il avait la volonté de tout gâcher, Soren s'y prenait vraiment à merveille.
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Dim 21 Fév - 23:05
Elle ignorait ce que ses paroles allaient provoquer. Des cris sans aucun doute, des insultes probablement, mais pas ça. Même hors de lui, le Soren qu'elle avait connu n'aurait jamais levé la main sur elle. Il aurait frappé n'importe quoi d'autre que son visage, il aurait... Ou alors elle se racontait simplement des histoires et ne voulait pas croire que c'était elle qui avait placé cette violence en lui. Avait-il à ce point changé par sa faute ? Le peu de souvenirs joyeux qu'ils partageaient ensemble n'auraient su atténuer ce qui venait de se passer. Ils venaient de passer tout deux un point de non retour, et le temps ne guérirait rien du tout, bien au contraire.

Toujours au sol et quelque peu sidérée par la violence du geste, elle resta un moment à regarder simplement les bottes du jeune homme. Il avait attaqué en premier, elle n'avait fait que se défendre. Il avait frappé la joue déjà endolorie, une plaie sur une autre plaie, belle métaphore de ce à quoi ressemblait leur relation à présent. Comme si toutes les plus petites choses qui les blessaient tout deux s'additionner simplement les unes aux autres. Un cercle de rancœur et de violence ininterrompu.

Elle ne se releva pas, renonçant à ce combat qu'elle n'avait jamais voulu. Que Soren frappe les murs s'il avait à ce point besoin de se défouler. Quand ses dernières paroles raisonnèrent dans la cellule, Meryl eut un sourire douloureux.


- Je trouve que tu te débrouilles très bien.

Elle releva les yeux vers lui et ce qu'elle vit ne fut pas pour lui plaire. Lui faisait-il l'affront de regretter son geste ? Dans l'impact, elle s'était mordu si fort la lèvre qu'un goût métallique lui avait aussitôt envahi la bouche : elle cracha le sang sans cérémonie à ses pieds, avant de ramener ses genoux contre son torse.

- Ne pose pas de question si tu n'es pas capable d'entendre la réponse.

Au moins, elle savait exactement à quoi s'en tenir avec lui. Il était incapable du moindre recul sur la situation. Il préférait se convaincre qu'elle avait autant de responsabilité dans la mort de son père de substitution que celui qui l'avait battu à mort dans une sombre cellule ascanienne. Elle, une gamine de treize ans à l'époque des faits.

Autour d'eux, les autres prisonniers n'avaient rien perdu de leur échange, et si certains réclamèrent un combat en bonne et due forme et un peu plus d'hémoglobine sur les murs, d'autres s'offusquèrent qu'un homme frappe une femme sans défense et appelèrent à une intervention des gardes. La garde fut assez prompte à intervenir, d'ailleurs, et quelques secondes après leur petite altercation, des pas se firent entendre dans le couloir.

Deux gardes s'arrêtèrent devant leur cellule, l'un resta dans le couloir tandis que l'autre ouvrit la porte pour les y rejoindre. Son regard passa du poing ensanglanté de Soren à lèvre fendue de Meryl.


- On peut savoir ce que tu fous, petit malin ? Tu crois que c'est une façon de traiter une femme ? Il s'adressait à Soren avant de reporter son attention sur la blonde. Ça va, ma colombe ? Pas trop de casse ?

- Je veux changer de cellule, se borna t-elle à répondre, les genoux toujours plaqués contre sa poitrine.

Le garde hocha pensivement la tête puis, sans prévenir, envoya son genou gauche dans le ventre de son compagnon de cellule. Le souffle coupé, il ne sut même pas réagir quand un second coup lui fut donné en plein visage. Par terre, les coups de pieds s'enchaînèrent sous le regard horrifié de la jeune femme qui, très vite, vint s'interposer entre les deux hommes.

- Stop, arrêtez ! Arrêtez ça, répéta t-elle avant de se mettre elle-même entre Soren et les coups de botte qu'il recevait dans l'abdomen, passant ses bras autour de lui dans un geste instinctif et protecteur. Avant de la blesser également dans la manœuvre, le garde se stoppa dans son geste.

- De la compassion pour l'homme qui vient de te frapper ? Ce chien mérite qu'on le remette à sa place.
- Il a compris. Arrêtez.
- Soit. Viens avec moi, je vais te trouver un endroit plus tranquille où passer la nuit.

Meryl avisa le corps recroquevillé entre ses bras. Elle ne lui devait rien, il n'éprouvait visiblement que de la haine et de la rancœur envers elle et elle avait toutes les raisons du monde de vouloir s'éloigner de lui le plus tôt possible. Un léger tremblement dans le corps qu'elle tenait encore dans ses bras la cloua cependant au sol. Elle ne pouvait pas le laisser dans cet état. Elle ne pouvait pas juste partir comme ça. C'était impossible.

- Non, finalement... Je vais rester.
- Tu es sûre ?
- Oui.

Le garde sembla surpris mais n'insista pas. Après tout, vu l'état dans lequel il l'avait laissé, il doutait qu'il puisse encore se sentir l'envie de passer ses nerfs sur une pauvre femme. Avec un claquement sinistre, la porte se referma derrière lui, laissant Meryl et Soren, l'un passablement amoché, alors que la nuit tombait doucement.
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Lun 22 Fév - 21:03
Pour ce qui était de tout foutre en l'air, Soren avait décroché haut la main la première place. Son geste, il l'avait regretté à la seconde même ou sa main avait rencontré le visage de la jeune femme. Il avait déjà imaginé ce scenario-ci et bien pire encore, mais jamais il n'aurai cru que cela arriverait vraiment au terme de neuf ans de sombre desseins. Était-ce la vraiment ce qu'il avait voulu faire au fond de lui? Probablement pas, mais il était tout de même passé à l'acte. Quel était cet accès de rage qui l'avait poussé à ça, était-ce vraiment à cause de Meryl, ou bien se maudissait-il intérieurement de ne pas avoir pu sauver le vieux Grim, reportant sa faute sur la malheureuse qui n'avait à l'époque même pas l'âge de comprendre qu'on la manipulait? L'injustice dont il avait fait preuve envers elle relevait de l'impardonnable.

Il n'avait pas vu arriver le premier coup, perdu dans ses pensées. Le deuxième, il l'avait redouté. Son souffle déjà coupé par le genoux qui s'était enfoncé dans son ventre avait détruit toute possibilité de riposte. Projeté au sol par l'impact, sonné par ce choc au visage qui lui faisait voir des étoiles, il ne put qu'encaisser les coups, tous plus douloureux les uns que les autres. Soren n'entendait plus rien à cet instant, la seule image qui se dessinait dans son esprit était celle de son amie, les genoux ramené vers elle, refusant une confrontation qu'elle ne méritait pas. Il se demanda à cet instant s'il n'allait pas y rester, ici, sur le sol froid de cette geôle humide, devant les yeux de celle qu'il avait injustement puni. Mourir de la même façon que le vieux, pour des raisons bien moins noble, voila une sacré ironie. Lui qui s'était targué de suivre les enseignement de celui qui fut son père adoptif avait renié tout ses principes et essuyait maintenant les conséquences de ses actes. Son regard était voilé, tout son corps se contractait, en réaction à la botte qui s'enfonçait dans ses cotes à un rythme effréné.

Puis tout s'arrêta. Le regard voilé de Soren se perdait sur les irrégularités du sol maintenant teint de la couleur de son sang. Il n'entendait rien de ce qui se disait, un sifflement mêlé à un bourdonnement sourd lui vrillaient les tympans. Son corps était raide, contracté pour se protéger des coups à venir, il tremblait sous la violences des impacts qu'il venait de subir. Mais alors pourquoi tout s'était stoppé? Les gardes avaient-il décidé de le laisser souffrir en paix ? Non, c'était autre chose. quelque chose avait fait que la pluie de coup n'était plus. Quelqu'un...Meryl...Elle s'était interposé et protégeait maintenant le jeune homme, faisant barrage aux garde par sa présence et l'entourant de ses bras. Pourquoi...pourquoi faisait-elle ça, n'avait-il pas été de la pire espèce avec elle, demandant des explications pour ensuite lui renvoyer à la figure. Il sentait sa présence, celle d'une personne qu'il avait perdu pendant si longtemps et dont il avait secrètement espéré le retour, bien plus qu'il navrait souhaité la disparition, même s'il ne se l'était jamais avoué. Le contact des bras de la jeune femme protégeant son corps à cet instant vulnérable lui provoqua un frisson et renforça un instant ses tremblements. Voila que même après avoir commis l'irréparable, la jeune femme prenait sa défense. Finalement, celle qu'il avait accusé d'avoir causé la mort de son mentor avait tiré plus de leçons du passé que lui-même, comble de l'ironie.

Lorsque la porte claqua dans un bruit sourd, suivi par le rythme des pas des gardes raisonnant dans le couloir, il y eut un petit flottement pendant lequel plus rien ne bougea. Personne n'avait osé moufeter pendant la correction que recevait Soren, si bien que la prison eut paru désertée de tout ses occupants, tous sauf les deux protagonistes, rendu à une bien délicate situation. Soren reprit peu à peu ses esprit, il se redressa en gardant appui sur son bras, veillant à ne faire aucun geste brusque, terrorisé rien qu'a l'idée de heurter Meryl sans le faire exprès. Derrière eux, le mur de la cellule sembla pour Soren une solution approprié pour arrêter de contempler le sol. D'un geste non assuré, il se décala vers la surface verticale, trainant péniblement son corps dans un effort qui lui laissa échapper un grognement de douleur. Il s'adossa assis contre le mur, les jambes étendues devant lui, les bras tremblants relâchés sur ses flancs. Il appuya sa tête un peu en arrière, son nez saignait, le coup qu'il avait reçu au visage avait frappé entre son œil et l'arrête de son nez, accentuant l'ecchymose déjà présent auparavant. Ses yeux mi-clos étaient encore embués, mais son regard se posa timidement sur Meryl, qui se tenait toujours en face de lui.


"Si tu veux finir le travail, vise des endroits pas encore touché...Histoire de varier un peu..."

Il esquissa un sourire, un sourire qui reflétait à la fois le Soren qu'il était, celui qui plaisantait de tout et de rien, mais aussi un sourire plein de mélancholie et de regret. Le regret d'avoir tout gâché pour une vaine colère qu'il s'était lui même crée afin de ne pas regarder la vérité en face. Son regard à demi voilé essayait de rester concentré sur elle, elle qui l'avait sauvé d'un supplice, voir d'un tragique destin. Bien qu'ironique dans sa phrase, il n'en aurai pas voulu à Meryl qu'elle veuille réellement le faire payer plus encore.

Il cracha sur le coté le sang qui avait empli sa bouche, grimaçant de douleur rien qu'au fait d'avoir tourné son buste pour ça. Sa respiration était sifflante, il peinait à réellement reprendre un souffle régulier. Le jeune homme ressentit le besoin impérieux de dire quelque chose, une chose qu'il n'aurai su exprimer avant, une pensée qu'il n'avait que trop refusé, une affirmation bien plus vrai qu'il ne se l'était jamais avoué. Et bien qu'il soit très certainement trop tard pour ça, il ne pouvait rester silencieux. Il aurait voulu tout dire, tout expliquer, faire une longue phrase pour détailler ce qui lui broyait le cœur à cet instant, mais il se contenta d'une très courte phrase qui ne serai surement plus qu'une cause perdue maintenant.


"C'était pas ta faute..."
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Jeu 25 Fév - 23:33
Elle ne lâcha ses épaules que lorsqu'elle fut totalement sûre qu'il soit capable de tenir sans son aide ; et même là, elle semblait se tenir prête à le rattraper s'il basculait. Son regard trahissait son inquiétude, ses gestes également. Même après tout ce qu'il s'était passé entre eux, elle n'éprouvait pas la moindre satisfaction à le voir souffrir, c'était même tout le contraire. Tout ressentiment s'était envolé, peut-être pas indéfiniment, mais au moins pour les trois prochaines minutes. Jusqu'à ce qu'il ouvre enfin la bouche pour la rassurer, pour lui dire quelque chose de stupide qui la ferait rire malgré les circonstances. Soren faisait toujours ça.

- Si tu veux finir le travail, vise des endroits pas encore touché... Histoire de varier un peu...

Voilà. Elle n'était pas encore capable d'esquisser un sourire mais quelque chose se détendit dans son visage. Est-ce que cela signait une nouvelle trêve ? Ou aurait-il envie de l'étrangler à nouveau dès qu'il se sentirait mieux ou dès qu'elle aurait le malheur de dire une parole de travers ? Silencieuse, elle observait son visage à moitié caché dans l'ombre de ses mèches rebelles. Il était bien amoché mais elle savait que ça devait être encore pire sous les vêtements, vu les coups qu'il avait reçus à l'abdomen.

- Ce serait avec plaisir mais il n'y a plus tellement de place sur ton visage.

Ses lèvres se courbèrent en un demi sourire un peu triste. Elle aurait voulu que tout reste toujours aussi simple que cet instant. Ce qui allait suivre, en revanche, la prit totalement au dépourvu. Encore proche de lui, elle se rassit doucement sur ses talons, le visage tout à coup très sérieux. Avait-elle rêvé ce qu'il venait de dire à l'instant ? Elle sentit un vague sentiment d'injustice l'envahir, avant que la colère ne prenne le relais, l'emplissant totalement.

Si rien n'était de sa faute, alors elle n'avait rien à se faire pardonner. Et si elle n'avait rien à se faire pardonner, cela signifiait qu'elle n'avait rien mérité de tout ce qu'il avait pu dire ou faire ces neufs dernières années. Elle aurait dû se sentir soulagée d'un poids, et pourtant elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela... trop facile.


- Crétin.

Il y avait plus d'exaspération dans sa voix que de colère, ce qui était un signe encourageant. Le froncement dans ses sourcils, en revanche, n'augurait rien de bon.

- Idiot.

C'était factuel, après tout. Elle ne faisait qu'énoncer l'évidence. Mais ce n'était pas suffisant.

- Imbécile.

Contre toute attention, elle vint se plaquer à lui, lui arrachant un gémissement de douleur, et passa ses bras tout autour de son corps. L'étreinte n'était sûrement pas agréable pour lui, bien au contraire, mais elle s'en moquait totalement. Menton sur son épaule, elle veillait tout de même à ne pas le serrer trop fort, pour ne pas aggraver son état.

- Il t'aura fallu neuf ans pour t'en rendre compte ? Neuf ans... Juste du gâchis. Si tu m'avais permise de rester près de toi, jamais je ne t'aurais laissé tomber.

Sa voix n'était qu'un souffle et pourtant elle vibrait de colère. Elle devait sans doute lui faire mal. Bien fait pour lui.

- Fais pas ton bébé, Soren. C'est qu'un mauvais moment à passer. Dès que j'estimerai que tu as assez souffert, je te ferai sortir d'ici. Et tu me diras « merci ».
Soren Grim
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Dim 28 Fév - 2:32
Bien qu'il n'y ait plus de vraiment de zone intact sur son visage, Soren eut un réel doute sur les intentions de Meryl quant au fait de rajouter une couleur supplémentaire à son visage bien amoché. Malgré ce ressentit qui lui laissait penser que l'ambiance entre eux s'était un peu adoucie, Soren avait le cœur lourd et se demandait si le fait d'avoir balancé d'une manière aussi brut qu'il reconnaissait avoir fait fausse route n'était pas une regrettable erreur. Lorsqu'elle le fixa avec un air déserté de toute forme de joie, un frisson lui parcouru l'échine. Bien sur que c'était une erreur, il lui balançait comme ça, après neuf années d'ignorance, qu'elle n'y était finalement pour rien, qu'elle avait payé les pots cassés d'un crime dont elle n'était guère responsable. Dans quel monde Soren avait-il pu penser que cela allait passer, pourquoi l'avait-il dit comme ça, de but en blanc? Un crétin...Oui, il en était un. Son regard s'égara dans les yeux de la jeune femme, durcis par des sourcils froncés accusateurs. Un idiot...Voila une affirmation encore plus vraie que la précédente, car il s'était laissé bercer par la colère, acceptant une évidence faussée et refusant d'admettre la triste vérité. Un imbécile...Il était probablement bien pire que ça, lui qui mettait un point d'honneur à ne pas blesser les gens auquel il tenait et qui pourtant avait chassé délibérément son amie de sa vie, ignorant le mal qu'il avait pu causer. Soren allait s'en prendre une, ou deux ou trois bien mérités.

"Hmphf" Fut l'étrange bruit qu'il laissa échapper, prit de court par le geste de son amie.

Jamais il n'aurai pu imaginer le scenario qui se déroulait dans la petite cellule des protagonistes. La douleur fut saisissante et vive alors que Meryl l'enlaça de ses bras. Déconcerté par ce qui se passait, il y eut un petit flottement pendant lequel il ne sut comment réagir alors qu'il sentit le visage de la jeune femme se poser doucement sur son épaule. Il avait mal, il n'y avait physiquement rien d'agréable dans cette étreinte tant ses côtes meurtries par les coups du geôlier le faisait souffrir. Pourtant, Soren n'aurai échangé ce moment contre rien au monde...La chaleur de son amie contre lui réveilla des souvenirs qu'il avait enfoui, des fragments de mémoire assombris et déformés par de sombres idées reprenaient vie dans son esprit, des moments de partage, de discussions, de rires et même de disputes, toujours teintés d'une bien plus douce et réconfortante couleur à ses yeux. A cet instant, Soren aurai voulu l'étreindre à son tour, mais son corp meurtri peinait encore à se mouvoir. Il dégagea cependant son bras doucement pour poser une main dans le dos de la jeune femme, dans un geste mesuré et très délicat qui se voulait dénué de toute force, essayant de lui rendre la pareille du mieux qu'il le pouvait.

Il n'était pas dupe, tout les troubles générés par neuf ans de discorde n'allaient pas s'effacer en quelques minutes, bien que Soren ne soit prêt à faire ce qu'il faut pour rattraper ce qui peut l'être, animé par l'espoir que lui procurait cet étreinte. Les paroles de Meryl firent écho à ses pensées, neuf ans de gâchis pendant lesquels elle et lui auraient pu arpenter la ville, veillant l'un sur l'autre comme avant. Au fond, il était même honnête d'admettre que seul le sourire innocent et communicatif de son amie aurai pu le consoler de la mort du vieux Grim, à l'époque...Quelle sombre ironie.

Soren n'osa guère répondre, il avait presque oublié la douleur pourtant désagréable de ses cotes compressés. Lorsqu'elle reprit par un sujet bien plus immédiat et terre à terre, il laissa échapper un petit rire qui ne manqua pas de le rappeler à l'ordre sur son état à la moindre vibration dans sa cage thoracique.


"Evite de me lacérer les cotes et on pourras parler de reconnaissances.. Dit-il sur ce ton de plaisanterie qui avait don de dédramatiser presque toute les situations. Il continua dans un souffle, rendant sa voix à peine audible. - Mais sache que cette fois, je ne manquerai pas de te remercier."

Il esquissa un sourire en restant silencieux cette fois, précautionneux de se préserver de souffrances supplémentaires. Alors qu'elle détacha l'étreinte, Soren reprit la parole avec entrain tout en amorçant un relevé contre le mur.

"Allez, on se bou..."

Sa phrase retourna au néant en même temps que ces espoirs de reposer tout de suite sur ses deux jambes alors qu'il retomba un peu lourdement au sol, poussant un petit cri de protestation face à la douleur. Il regarda Meryl avec un petit air gêné, son regard trahissait l'effort qu'il faisait pour ne pas se tordre de douleur à cause de l'atterrissage forcé.

"Je réfléchis mieux quand je suis assis de toute façon...Il nous faut un plan, on va pas s'éterniser ici, le service est déplorable et inconvenant pour nos illustres personne...Si on pouvais ne pas passer deux jours de plus ici, ça m'arrangerai."

Soren pensait aux enfants en disant ça, les deux orphelins qu'il avait prit sous son aile avaient l'habitude de ne pas le voir revenir un soir, si bien qu'il avait instauré une règle qui stipulait de ne pas s'inquiéter tant que trois jours ne s'était pas écoulés. Jusqu'à maintenant, il avait tenu cet engagement. Il n'avait cependant pas prévu ce qui se passerai si l'échéance était atteinte et il préférait ne pas y penser. La témérité des deux frère et sœur était déconcertante, il n'avait que peu de doute qu'il se fourrerai dans de beaux draps pour enquêter sur sa disparition à la seconde ou le délai serai passé...Hors de question que ça arrive.

Malgré tout, Soren n'était pas inquiet, les deux enfants de la rue aujourd'hui devenus adulte ne resteraient pas enfermés bien longtemps derrière les barreaux de cette maudite prison.
Meryl
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Jeu 4 Mar - 0:24
La nuit n'avait pas été particulièrement agréable. Aucun d'eux n'avait voulu s'installer sur la couchette, ils s'étaient donc retrouvés dos à dos sur le sol froid et dur de la cellule. On leur avait servi une sorte de gruau infâme en guise de dîner ; Soren avait fait la fine bouche et Meryl avait vite compris que c'était dans l'unique but de lui laisser sa part. Elle réussit malgré tout à lui faire avaler quelques bouchées en prétextant que son estomac gargouillant risquait de la réveiller en pleine nuit. Il avait capitulé, et elle avait mangé le reste.

Ce n'était donc pas l'estomac de son compagnon de cellule qui l'avait réveillée, plutôt un cauchemar, comme si ces retrouvailles avec son ami d'enfance avaient remué bien d'autres choses que de la simple rancœur. Elle se souvenait très bien des jours qui avaient précédé le drame, elle se souvenait très bien avoir livré Grim aux Ascaniens, comme ils le lui avaient demandé, juste pour protéger les autres enfants. Non, même pas les autres enfants, juste un en particulier.

« Providence nous enseigne le pardon » lui avait-on dit. Si Grim donnait le nom de son commanditaire, alors tout se passerait bien. C'était ce qu'on lui avait promis. C'était la première fois que les Ascaniens brisaient une promesse. La première d'une longue série. Avec le recul, Meryl se demandait s'il lui avait été possible de sauver le vieux tout en protégeant les autres. Mais c'était tout le problème de vouloir réécrire l'histoire : on savait ce qu'on perdait mais pas ce qu'on gagnait. Dans cette réalité, Soren était vivant, et c'est tout ce qui comptait pour elle. Elle pouvait vivre avec ça, mais peut-être pas lui. C'était aussi pour cette raison qu'elle n'avait pas tenté de se justifier auparavant.

Presque en bout de couloir, leur cellule était très mal éclairée et Meryl n'y voyait pas grand chose. Elle sentait la légère pression du corps de Soren dans son dos et retenait parfois sa propre respiration pour sentir celle du jeune homme, juste pour se rassurer. L'idée de se retourner pour lui lancer un « Hey, Soren, tu dors ? » jusqu'à ce qu'il se réveille lui traversa l'esprit. Les premières années, les nuits dans la Cité Maudite lui paraissaient épouvantables, elle qui n'avait connu que la forêt, alors elle avait pris l'habitude de réveiller Soren, juste pour qu'il lui parle de toute et de rien. Elle s'endormait souvent au petit matin et lui arborait des cernes toute la journée du lendemain.

Non, elle lui devait bien un peu de repos, la journée du lendemain n'allait probablement pas être une partie de plaisir. Elle resta ainsi éveillée jusqu'au petit matin pour constater que l'état de Soren empirait, bien qu'il soit un peu trop fier pour le laisser paraître. Elle ne savait pas exactement pour quoi il était là, mais elle se doutait que, contrairement à elle, la garde n'allait pas le relâcher de sitôt. Soit... S'il ne s'agissait que de le sortir de cet endroit, elle pouvait l'y aider. A sa façon.


- Gardes ! Gardes ! Venez vite !

Promptement arrivé devant leur cellule, le garde qui avait molesté Soren la vieille lui lança un regard perplexe.

- Quoi ? Il a refait des siennes ?
- Il est très mal en point. Je pense qu'il a besoin de soin. D'urgence.
- Il a pris quelques coups, rien de bien grave. Il va s'en remettre.
- Il a probablement les cotes cassées. Si l'une d'elle perfore un poumon...
- Comment tu peux savoir ça ? T'es médecin ?
- Non, justement. Je pense que c'est pour ça qu'il devrait en voir un très vite. S'il meurt ici alors qu'il allait bien en entrant, on risque de vous poser plein de questions, non ?
- Donc, si je résume, ce type te frappe, je viens le remettre à sa place et plutôt que de me dire simplement merci, tu me fais du chantage pour j'aille l'escorter au dispensaire ?
- C'est... à peu près ça.

Le pire, c'est qu'elle lui aurait probablement dit merci, si seulement il s'était agi de n'importe qui d'autre que Soren. Le garde soupira et ordonna à d'autres hommes d'aller chercher de quoi transporter le « petit gringalet qui ne sait pas encaisser quelques coups ». Pendant ce temps, Meryl s'agenouilla près de lui.

- Bon, tu seras attaché à ton lit mais... c'est déjà mieux que d'être enfermé dans une cellule minuscule avec moi, non ? Elle lui sourit. Je suis sûre que tu t'es déjà sorti de situations bien pires que celle-là. Je te fais confiance. Prends soin de toi, Soren.
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Sam 6 Mar - 1:31
Bien qu'il ait une nouvelle fois un peu fait le malin, prétendant que tout allait bien et qu'il avait juste besoin de se reposer un peu, la douleur que Soren ressentait dans sa cage thoracique lui fit passer une nuit affreuse. Cet empaffé de garde n'y était pas allé de main morte et il était bel et bien possible que le jeune homme ne soit plus esquinté qu'il ne le pensait. Replié en partie sur lui même pour minimiser l'étirement de son corps, il reposait dos à Meryl, s'efforçant de rester le plus immobile possible pour ne pas perturber le sommeil de son amie qu'il croyait profondément endormie. Fatigué à l'extrême par la souffrance, Soren s'endormait par intermittence, réveillé en général par une contraction musculaire douloureuse.

Par deux fois pendant la nuit, le jeune homme cru entendre la voix de Meryl lui dire une phrase qu'il avait entendu maintes et maintes fois par le passé. "Hey, Soren tu dors". A l'époque, le jeune homme avait l'habitude d'entendre cette phrase lorsque son amie peinait à trouver le sommeil, si bien qu'encore aujourd'hui Soren avait hésité à se tourner vers sa compagne de cellule pour lui raconter des trucs inutile de philosophe de comptoir, jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Rappelé à l'ordre par ses blessures à la seconde ou l'idée de se tourner s'était présenté, Soren revenait à la réalité. Il avait entendu la voix de Meryl, mais pas celle de sa compagne de cellule. Cette voix, c'était celle de son amie qu'il avait chassé neuf auparavant, aveuglé par la colère, l'affublant d'une culpabilité qu'elle n'avait pas mérité. Que ce serait-il passé ce jour la s'il ne l'avait pas chassé de son existence, aurait-il tout de même dissous la confrérie?  seraient-ils restés amis et aussi proche qu'à l'époque, possiblement...Bien entendu, on ne refait pas le passé, mais malgré le fait que Soren en ait bien conscience, il ne pouvait s'empêcher de sentir la culpabilité le ronger, une douleur bien plus grande que celle de son abdomen meurtri. Et pourtant, même après tout ça elle se tenait là, dos contre lui après l'avoir protégé contre ses agresseurs avant qu'un drame ne se profile.

Imperceptiblement, le jeune homme s'était légèrement décalé pour rapprocher son dos de celui de Meryl, s'appropriant un peu plus ce contact réconfortant, se demandant un instant si cette réconciliation n'était que le fruit d'une paix temporaire provoqué par la situation. Avait-il une chance de se rattraper auprès d'elle, une fois dehors ? Il l'espérait plus que tout à cet instant...Soren cracha un petit filet de sang avant de sombrer de nouveau d'épuisement.


"Gardes ! Gardes ! Venez vite !"

Tiré de son demi sommeil comateux par les cris de le jeune femme, il resta silencieux cette fois alors que Meryl appelait à l'aide. Pourquoi appelait-elle un garde d'ailleurs ? Pourvu qu'elle n'ait pas changé d'avis vis à vis de lui pendant la nuit, demandant à un garde d'en rajouter une couche...Peu probable...Soren tendit l'oreille, refermant un bras contre son torse. La douleur contractait toute sa cage thoracique, il avait l'impression que son propre corps l'enserrai dans un étau. Il allait peut-être avoir besoin d'aide finalement. Il entendit la conversation par bribes, mais le message paru clair, et le jeune homme compris vite ou Meryl voulait en venir. Fort heureusement, elle avait réussi à se tirer les bonnes grâce de ce garde qui sembla accéder à sa demande. Lorsqu'il vit Meryl s'agenouiller à ses cotés, il posa ses yeux mi clos et cernés sur elle, parvenant à décrocher un sourire timide mais sincère alors qu'il l'écoutait.

"Mis a part pour la bouffe qui était infecte, j'aurai pu me faire à ta compagnie finalement..." D'un geste timide, il posa sa main sur l'avant bras de la jeune femme avant de reprendre. "Je m'en sortirai...D'ici la, entraine toi aux cartes...t'es vraiment trop nulle Meryl..."

Tout en souriant d'une manière plus prononcée, il enserra doucement l'avant bras de Meryl sous sa main, presque à l'exact endroit ou il l'avait saisi plus tôt dans la journée avant de lui balancer de fausse vérités en plein visage. Cette fois cependant, son geste se voulait bien plus doux et affectueux, sans aucune force. Les gardes revinrent à se moment, Soren fit un petit mouvement rapide que Meryl ne remarqua pas, l'attention détournée par les geôliers et leur civière de fortune. Lorsque les soldats hissèrent le jeune homme, il ne broncha pas, s'efforçant de ne pas y aller d'un petit commentaire ironique dont il avait le secret, qui n'aurai fait qu'empirer la situation. Il adressa un dernier regard à son amie, sans un mot, avant de disparaitre dans le couloir, porté sans ménagement par les gardes.

________Deux jours et une nuit plus tard________


C'est au son des remontrance d'un corps armé que la journée débuta dans le dispensaire de Claircombe. La pauvre aide soignante se faisait remonter les bretelles devant un lit déserté de son occupant, libéré des entraves qui pendaient encore sur le montant du lit. La jeune femme baissait la tête tout en encaissant la remontrance, les joues encore rouges de honte de s'être laissé berner par les charmes du convalescent jeune homme qui reposait ici quelques heures plus tôt encore. Penaude, elle ne sut comment s'expliquer à ce sujet, si bien que les gardes quittèrent le dispensaire, à la recherche de l'individu qui "ne devait pas être bien loin".

En vérité, Soren était déjà loin. Cette ville, il la connaissait en long en large et en travers. Lui laisser une longueur d'avance se résumait à ne jamais le retrouver. Le jeune homme, bien que blessé, avait prit la direction de l'extérieur de la ville, serpentant dans les ruelles les moins fréquentés et jouant de détours impromptu pour brouiller d'éventuelles pistes. Il parvint à se rendre dans les faubourg sans encombre, gagnant sa demeure de fortune dans les temps. Les enfants, attendant son retour, avaient déjà échafaudé des plans de recherche à mettre en place si Soren tardait à revenir, ce qui ne manqua pas de faire rire le jeune homme, malgré l'horrible douleur que cela lui provoquait.

La journée touchait doucement à sa fin. Au prix d'un effort considérable, Soren s'était hissé sur le toit de la grange qui servait d'abri de fortune, une bouteille sous le bras. Assis sur la surface plate de la grange, il contemplait le soleil qui tombait sur la cité, baignant l'horizon dans une douce lumière orangée, agrandissant les ombres pour ne plus distinguer que les silhouettes de l'amas de bâtisse que constituait Claircombe. Il ôta le bouchon de la bouteille à l'aide de ses dents et but une gorgé de ce vin qui n'était pas spécialement bon, mais que le vieux fermier lui avait donné de bon cœur, rendant la liqueur meilleurs que n'importe lequel des breuvages. repliant légèrement ses jambes vers lui pour s'appuyer dessus, il tira de sa poche une seule et unique carte qu'il contempla en silence, un petit sourire mélancolique pendu sur ses lèvres.

Peut-être qu'à cet instant, Meryl s'était rendu compte que Soren avant discrètement glissé dans sa poche le paquet de cartes. Un jeu malheureusement incomplet, car la carte que Soren contemplait à cet instant figurait parmi l'ensemble du paquet laissé à la jeune femme. Il avait gardé cette seule et unique carte. La vagabonde de cœur, une carte qui n'avait pas la force d'un empereur ou d'une impératrice dans le jeu, mais qui pouvait au détours de combinaisons diverse renverser n'importe quelle situation. Cette carte, il l'avait gardé précieusement pour la simple et bonne raison qu'elle lui rappelait beaucoup de choses. Meryl le battait sans arrêt par surprise avec cette carte, cette satané carte qui lui avait couté tant de parties qu'il croyait gagné. Il pouffa d'un petit rire en contemplant cette carte, l'effigie même de celle qui, il l'espérait, redeviendrai l'amie qu'il avait perdu.


"Merci Meryl...à un de ces quatre."
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