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Le Faucon, la Pie, Et le Corbeau (PV Uraïa) {Terminé}
Baldhramn
Baldhramn
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Mar 16 Fév - 11:40
Aussi sombre que puisse être le cœur de la nuit, l’aube apparait toujours aussi belle.
Comme un cadeau du Créateur, le gris du jour avait coulée sur l’encre obscure du ciel endormi. Le gris s’était mué en une faible lueur dorée, timide, au travers des lourds nuages cendrés qui arpentaient les cieux.
Dos appuyé aux fagots de bois, chaudement emmitouflé sous ses peaux épaisses, Baldhramn admirait le fabuleux spectacle du levé du jour.

Les premières lueurs de l’aube éclaboussaient les landes environnantes d’une chaude couleur de feu et miel, malgré le blanc manteau glacé qui les recouvrait.
La cime des arbres rachitique semblait s’embraser, les collines paraissaient se couvrir d’une pellicule de poussière d’or, rappelant que les bienfaits du Créateur n’avaient pas de prix. Que ce spectacle était un trésor seulement offert aux âmes riches de la Foi en la Tridéité.

Après cette longue nuit, le chasseur sentait son cœur se réchauffer à la vue de la nature qui s’éveillait. Il régnait sur ces terres sauvages depuis maintes saisons maintenant. Elles étaient aussi belles que mortelles. La moindre erreur et il en serait fini de lui.
C’était plaisant.

Une étincelle dans son regard double brûlait du feu de l’espoir.
Après ce qu’il avait vu ce soir, après l’angoisse d’une crise particulièrement intense, il avait hâte de s’accomplir dans cette nouvelle journée. Entièrement se livrer à ses activités, oublier son esprit et se laisser guider par Shoggoth. Allez là où les Dieux l’emmèneraient, se laisser porter par le flux, et oublier que demain encore, la lune se lèverait, emmenant avec elle, de nouvelles terreurs.

Pour l’heure, le fier allait faire un tour, quitter son repère. Descendre à la ville, revendre ses produits issus de la chasse, de la cueillette. Puis il se servirait d’une partie des gains pour racheter cette boisson, le rhum, que Jezabelle lui avait fait goûter. C’était chaud et ça le faisait sourire.
Il voulait sourire encore.


Baldhramn ne souriait pas du tout.
Grommelant dans sa barbe et jurant abondamment, le nomade, bras croisés se tenait là, les fesses appuyées contre le puits de la grand place. Les cornes de cervidé n'avaient pas trouvé preneur,
ni les peaux de veaux. Le rouleau était fort lourd à trimballer et il se serait bien passé de s'en retourner grimper à la cabane alourdit de ce fardeau. Il lui restait aussi encore quelques morceaux de viande salée en surplus, ainsi que la patte de lapin porte-bonheur ou la corne de vache évidée. Le chasseur avait beau se creuser les méninges pour trouver un contact susceptible de lui reprendre la marchandise, il ne voyait personne de sa connaissance dans cette maudite ville qui puisse le délester de ses produits.

- " Il n'est vraiment pas futé ce gros crétin... "
Le murmure glacial à son oreille droite témoignait encore de la douce rancœur qu'il inspirait à Elle.
Si elle était plus intelligente que lui, elle n'avait qu'à suggérer quelque chose, au lieu de se plaindre.
En cette froide journée, son mépris, au fond, ne pourrait pas tant que ça jeter un froid...

C’était une journée grise et froide comme on en faisait souvent dans les faubourgs dans cette période hivernale. Les faucons blottis l’un contre l’autre gonflaient les plumes pour se tenir chaud, le cou si contracté que la tête des rapaces semblait se confondre avec leur dos. Xan’ti pénétra dans la volière sans un bruit, aussi furtif qu’un renard et pourtant Vali ouvrit instantanément un œil acéré qu’il referma tout aussitôt qu’il reconnut le nomade. Celui ci émit un petit son qui tira les volatiles de leur long sommeil. Quand l’Utgardienne avait à faire c’était Xan’ti qui s’occupait de la volière. Une tâche qu’il prenait pour un grand honneur qu’il s’agisse de les nourrir ou de nettoyer leur domaine. Cette fois ci, il était seulement venu leur rendre visite. Le nomade se sentait mal à son aise seul dans les faubourgs. Il restait dans le sillage d’Uraïa habituellement mais cette fois la pisteuse lui avait dit de rester et il tournait en rond autour de l’auberge de l’Oie blanche sans savoir s’il allait y entrer ou rester sur le pas de la porte. Il tira quelques lamelles de viande séchée de son épais manteau rapiécé et les volatiles se jetèrent dessus tout en laissant ses mains intactes, preuve qu’ils avaient non seulement accepté mais aussi adopté le jeune homme.
Il avait trouvé un bon compromis : rester à proximité de l’auberge mais dans la volière. Personne ne viendrait le chercher ici, aussi il déposa sa gibecière devant la porte grillagée et s’emmitoufla dans son manteau tandis que Vidhar prenait place sur son épaule.


Baldhramn posa maladroitement sa bouteille de rhum sur le rebord en grès du puits.
Voilà qu'il avait dépensé à l'auberge de quoi se désaltérer, dans l'attente de trouver une solution à son insoluble problème. Jouant pensivement avec un de ses couteaux, les marchandises épars, le nomade faisait tourner la pointe de sa lame, s'amusant à railler intérieurement l'infortuné qui avait le malheur d'être désigné.

Cette activité saugrenue divertissait Patte d'Ours depuis déjà un moment lorsqu'un faucon sembla le prendre en grippe. Tournant autour de son crane avec des battements d'ailes rageurs, l'oiseau avait les serres brandies et le bec menaçant.

-" Mais fout moi la paix stupide piaf de.... Crénom ! Dégage ! "

Le nomade flanquait vainement ses poings dans le vide pour fracasser le volatile, mais celui-ci était bien trop agile et rapide.
Quelques badauds hilares observaient la scène. Et lui de fouetter l'air rageusement sans succès.

-" Hé, tu t'y prends mal. Regarde, on fait comme ça. "

Surpris Baldhramn constata alors qu'un homme avait quitté les badauds et se tenait à son niveau. Tendant un avant-bras ganté, il tenait un morceau de viande séchée et semblait patienter que l'oiseau en furie ne vienne se poser.
Ce qui advint quelques instants plus tard, à la consternation et le soulagement du chasseur.
L'inconnu nourrit le faucon avec un sourire malicieux à l'animal.

Le nomade détailla l'autre. Et tiqua immédiatement.
Il ne s'agissait nullement d'un résident de Claircombe. Ça n'était pas un gueux, mais il était vêtu plus chichement que les gens d'ici. Il était fin comme tout, mais semblait conserver des forces explosives. En fait il était équipé pour l'action. La vrai, le terrain. Ça ne trompait pas.
Un membre de tribu ? Un vagabond ? En tous cas, un homme de route.

-"Et on peut savoir qui t'es, grosse tête ? "

Le chasseur était de mauvais poil.
Il était en rogne. Et ce môme qui prétendait lui apprendre la vie n'était pas là pour arranger les choses. Des bêtes comme ça, il en tuait tous les jours pour les manger et revendre leurs serres et leurs plumes. Qui c'était cet avorton pour prétendre lui enseigner quoi que ce soit ?
Balhdramn en oublia ses marchandises laissées sur le puits. La bouteille de rhum à la main, son arc géant toujours dans son dos, sa hache de combat ainsi que ses deux couteaux à la ceinture, il se mit en tête de poursuivre son 'sauveur'.

-"C'est vrai quoi ? D'où tiens-tu toute cette 'science' des piafs, toi ? "

Il faisait les signes des guillemets à 'science', arrogant.
Habituellement, le Corbeau se montrait patient, calme. Mais aujourd'hui, maintenant, comme une soupape avait cédé, le laissant déverser une agressivité injustifiée sur ce petit bout d'homme qui n'avait eu de tort que de l'aider à se débarrasser du faucon. Il marchait après le garçon, l’apostrophant de tout nom d'oiseau qu'il pouvait bien connaitre, et les passants prenaient bien garde à ne surtout pas s'interposer.

-"Mais revient, je ne fais que discuter ! Je suis calme là. Montre moi comment tu empêches ces trous du cul d'me picorer à mort ! Hé ! Gamin ! "

Quelque part, il savait qu'il était embarrassant. Qu'il n'avait pas besoin de s'en prendre à lui. Qu'il pouvait retourner à sa vie, laisser pisser. Passer à autre chose.
Mais comme le chien qui sens la peur, attaque, Baldhramn s'amusait à asticoter ce type.
Qui sait combien de temps ce jeu pourrait durer ...?


Dernière édition par Baldhramn le Jeu 8 Avr - 2:02, édité 1 fois
Uraïa
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Ven 19 Fév - 3:00
Le Faucon, la Pie, Et le Corbeau
Baldramn & Uraïa
Faubourgs | Après-midi | An 82, 2ème mois d’Hiver, Jour 2





Le froid mordait ses joues, son nez et ses oreilles, tandis qu’elle traversait les faubourgs en sens inverse. Elle avait rendu visite à Orik histoire de régler une affaire de peaux tannées qu’il voulait traiter d’une certaine teinte pour une commande et il avait eu besoin de ses conseils. Orik prenait toujours son avis pour les affaires importantes, malgré son air léger, il plaçait l’opinion de sa sœur de lait au-dessus de tous les autres avant de se décider, un honneur qu’elle lui rendait à sa façon. Si quelque chose advenait, c’était à lui qu’elle se confiait ou demandait de l’aide. Ainsi allait leur lien depuis un nombre incalculable d’années. Elle aurait pu emmener Xan’ti, mais en réalité, Orik vivait dans le quartier Utgardien, et la pudeur voulait qu’elle ne s’y rende qu’encapuchonnée, tête basse pour n’être remarquée de personne. Elle n’avait pas envie que le jeune nomade qu’elle avait pris sous son aile ne la voie dans cette posture de disgrâce.

Orik en avait profité pour la faire boire, évidemment, et elle sentait à peine la différence de température entre l’intérieur de sa boutique surchauffée et l’extérieur gris et glacial. Elle souriait à demi en avançant, la démarche un peu inégale. Elle avait bu juste assez pour se sentir légèrement flotter, le sang chaud pulsant doucement à ses tempes, distordant quelque peu le temps et l’espace. Elle faillit presque emboutir Xan’ti et cligna des yeux en s’apercevant que ses pas l’avaient conduite presque inconsciemment à proximité de l’auberge de l’Oie Blanche, son domaine. Elle en fut la première surprise et attrapa le jeune homme par les épaules avant de se rendre compte qu’il avait l’air vaguement affolé et mal à son aise. Elle rangea aussitôt son sourire aux oubliettes, et reprit toute sa concentration, plantant son regard dans les yeux du jeune homme. Non loin, elle perçut le cri d’alerte de Vali qui semblait lui aussi dans un de ses bons jours, prêt à partir en chasse. Vidhar ne tarda pas à se faire entendre à son tour, retrouvant son épaule, plus nerveux qu’à l’accoutumée.

— Qu’est ce qui se passe, Xan’ti ? Pourquoi les faucons sont dehors ?

Le nomade semblait chercher ses mots, l’air de vouloir quitter les lieux au plus vite mais elle le retint assez pour qu’il puisse formuler ce qui n’allait pas, l’air piteux.

— Je… je voulais pas… Mais il y a un nomade… une grosse montagne, il me lâche pas. J’aime pas son air. Il pue le rhum…

Le sang d’Uraïa ne fit qu’un tour, il était déjà chaud, il ne demandait qu’à bouillir à son plein potentiel. Elle daigna tout de même sourire d’un air rassurant à Xan’ti. Le jeune homme était taillé pour la fuite, la discrétion, mais ce n’était pas un combattant de première ligne. Et quiconque devait s’en prendre à lui passerait d’abord par elle. Il lui désigna rapidement une silhouette massive qui s’avançait dans la brume au milieu de la boue de la petite place, transformée en cloaque avec les pluies répétées de la mauvaise saison. Elle repoussa Xan’ti derrière elle et son capuchon sur ses épaules, affichant son visage anguleux et un sourire à faire fuir le meilleur prêcheur.

— Retourne à l’auberge. Prends ma clé. Tu vas dans ma chambre et tu ne bouges pas. Compris ?

Elle savait que ce n’était pas le genre d’instruction qu’il suivrait avec plaisir, mais pour le moment, elle devait d’abord comprendre à quoi elle avait affaire. Le nomade prit la clé et s’écarta, mais ce n’est pas pour autant qu’il entra à l’intérieur, suivant les mouvements de l’Utgardienne de loin, replié dans un coin sombre sous un porche. La rousse s’avança, la mine peu affable, et harangua l’importun d’une voix mauvaise, la main sur le manche de son couteau de chasse à sa ceinture.

— Eh toi, l’ahuri ! Ta mère t’a jamais dit qu’il fallait laisser les étrangers tranquilles ?
 

Baldhramn
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Sam 20 Fév - 10:23

D'un simple jeu, le combat est si vite arrivé.
C'est comme ça. Le vivant aime se confronter. Hiérarchiser les forces en présence. Établir un ordre clair de puissance et de capacités. On trouve toujours plus fort que soi.

Selon son bon plaisir quelque peu éméché, Baldhramn s'amusait à poursuivre de ses commentaires sarcastiques le jeune homme qui s'enfonçait toujours plus loin de par les rues. Il s'entêtait à ignorer le chasseur, et il s'agissait là d'un comportement tout à fait horripilant. Patte d'Ours était habitué à ce qu'on lui témoigne du respect, de la crainte. Qu'on fuit son regard, ou qu'on le confronte, qu'on évite de le courroucer en esquivant maladroitement ses demandes ou sa présence. En fait, qu'on lui accorde un minimum d'intérêt, quel qu’il soi, enfin !

Mais le jeune blanc bec n'en avait visiblement que faire de lui et accélérait graduellement, slalomant entre les passants d'un pas souple.
Bien plus lourd, le chasseur suivait, se faisant distancer petit à petit.

Lorsque tout à coup !

Baldhramn s'arrêta pour se tourner vers l'épouvantail qui l’apostrophait.
La bonne femme révélait sa frimousse, sûr de son coup. Le chasseur ne vit aucune trace de frayeur ou de doute dans son regard saphir.
Et ça n'était pas du tout la seule curiosité de l'étrangère.
Même avec sa tenue, on pouvait deviner une femme d'action, taillée pour la course et les confrontations. Plus menue que le type qu'il poursuivait de ses jérémiades, elle ne devait pas peser bien lourd pour autant.
Son dos large, ses épaules et son arc laissaient deviner ce qu'elle savait faire, et le Corbeau tiqua. À tous les coups il tirait mieux qu'elle. La curiosité l'emporta. Ainsi que la colère.

C'était qui cette nomade modèle réduit pour lui parler comme ça ?!
Qui croyait-elle être pour manquer de respect à sa mère ?! Elle avait beau l'avoir isolé du reste de la tribu, elle était chamane quand même !

Il allait lui apprendre à faire preuve d'humilité face à lui et à sa chamane de mère !

Avec un sourire carnassier, le nomade brandit son énorme main, tentant de saisir l'intrépide inconnue par le front !

Il pouvait tenir son crâne dans sa main et le briser comme un œuf d'une pression de ses doigts épais, s'il le voulait.
Mais pour cela, il fallait réussir à l'attraper. D'où le fait qu'il n'avait pas laissé de signe avant coureur. D'où le fait qu'il n'avait pas perdu de temps en tergiversations. Il savait qu'il n'était pas bien vif. Mais s'il parvenait à mettre la main sur elle, elle était foutue.

Enfin, pas immédiatement.
Il voudrait d'abord l'interroger. Savoir pour qui elle se prenait. Qui pensait-elle être pour oser lui parler comme ça ?
Et puis, en même temps, il espérait presque qu'elle lui en colle une qui lui décolle la mâchoire.
Depuis qu'il vivait dans les alentours, le nomade n'avait pu que voir évoluer de frêles jeunes femmes aussi fragiles qu'un pétale de rose perdu dans la neige.
Jezabelle, dernière rencontre en date, était un bon exemple de ce qu'il se faisait de mieux ici.
Et elle semblait prête à se briser au moindre contact.

Ici, enfin il y semblait que Patte d'Ours trouverait une forme de répondant. Une personne fière et forte, capable de prendre des positions claires, et les assumer, quitte à en crever. Une personne qui ressemblait aux gens avec lesquels il avait grandit auparavant, tout simplement.
Intéressant.

Uraïa
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Sam 20 Fév - 23:01
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Uraïa s’était laissée emporter par le fleuve impétueux de son humeur du moment. Et son humeur du moment lui disait que ce gros lard avait menacé celui qu’elle protégeait. Elle n’avait jamais été mère, ne le serait probablement jamais, mais elle avait ça dans le sang : le sens de la famille. Du reste, le sang n’avait jamais été un critère pour elle, si ce n’était celui qu’on partageait dans les batailles. Le reste n’était qu’un concept abstrait qui demandait à être éprouvé par les faits, quelque chose de tangible que la chasseresse pouvait voir ou sentir. Tout ce qui appartenait au champ de l’intellect et de l’immatériel ne lui évoquait absolument rien, si ce n’est un mépris vague pour ce qu’elle considérait être des niaiseries, ou pire : de belles palabres, qui dérivaient invariablement vers le mensonge ou la tromperie.

En bref, elle avait foncé dans le tas. Et quel tas ! De près, elle se rendit compte que Xan’ti n’avait pas exagéré : ce type était bel et bien une montagne. L’ombre qu’il projetait devant lui était propre à vous masquer la clarté du soleil, et cette ombre se rapprochait dangereusement vite. Elle esquissa un pas de côté dans la boue, un peu trop lent, ou pas assez loin pour l’envergure de ses larges battoirs, et se trouva aussitôt épinglée à un mur qu’elle n’avait pas senti si proche de prime abord. Peu importait, le naseau fulminant, il la maintenait désormais sous sa grosse paluche dans une posture humiliante, elle qui avait l’habitude d’être du côté des prédateurs plutôt que des proies.


Désormais, de très près, la montagne s’avérait dotée de pics acérés, une véritable armurerie ambulante, dont des armes lourdes que même un Utgardien bien bâti aurait du mal à soulever sans rougir. De quoi regretter d'avoir eu envie de le chatouiller. Mais la pisteuse ne regrettait rien, comme toujours. Le regret ne faisait pas partie de son vocabulaire. Elle le toisa avec un mépris qui valait tous les crachats du monde, une attitude qui lui avait valu plus d’une cicatrice. Mais on ne se refaisait pas. Markus disait qu’un jour, son arrogance aurait raison d’elle, mais Uraïa ne voyait la vie que sous deux angles : la fuite ou l’attaque. Et elle n’était pas très douée pour courir. Leurs regards s’affrontèrent donc, tandis qu’il pressait son front comme s’il était capable de faire exploser son crâne à la force de sa poigne.

C’est qu’il n’avait pas encore compris à quel point elle avait la tête dure.

— Et t'es qui, minette pour me parler comme ça ? Vas y, ouvre-la pour voir, qu'on rigole.

L’animal voulait discuter. Grave erreur. Uraïa n’était pas de la catégorie des causeuses. Elle lui retourna un sourire tout aussi carnassier que le sien et comprenant qu’il était vain de vouloir se dégager d’une telle masse en usant de son propre poids, elle déploya son bras gauche et arma son poing serré en direction de ses côtes. Il l’avait peut être prise pour une demi-portion depuis sa carrure de géant, mais il n’en était rien. Uraïa était une Utgardienne, peut être pas la plus grande de l’histoire, mais indubitablement un beau modèle, taillée par le grand air et la chasse, et convenablement nourrie. Elle avait la force, l’endurance, et surtout une énergie décuplée par la hargne qui l’animait depuis toujours.

Elle enfonça donc ses phalanges affutées dans le point sensible entre deux côtes et frappa sec et fort. Le bestiau, tout costaud qu’il était, était doté lui aussi de ces os mous et fragiles dans les flancs, et elle fut satisfaite de le voir pigner un brin et relâcher sa tête pour se plier de côté. Désormais, elle était plus libre de ses mouvements, mais elle était loin d’être tirée d'affaires. Elle se déplaça de côté, s’éloignant du mur contre lequel elle était acculée et serra de nouveau les poings à hauteur de son visage.

— Viens par ici, tu vas l’apprendre...



Dernière édition par Uraïa le Mar 23 Fév - 19:02, édité 1 fois
Baldhramn
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Dim 21 Fév - 13:36
Il était facile d'attraper la grosse tête.
Et cela était souvent fatal.
Un grognement de satisfaction enflait dans la poitrine du chasseur. Il était parvenu à se saisir de la tête de sa proie d'un vif mouvement. Se servant de son élan, il l'avait repoussé contre le mur de cette maisonnée de bois et de grès. Il serrait maintenant assez fort ses tempes pour lui imposer une bonne migraine par la suite, cependant son adversaire se contentait de lui sourire en retour.
Oho, il avait affaire à une forte tête, visiblement.
Encore plus intéressant !

Le chasseur sentait bouillir en lui une colère et une excitation similaire à celle de la traque. Lorsque la proie est acculée et qu'elle le sait. Mais ici, la proie lui montrait les dents. Bien que Patte d'Ours était assurément le prédateur dans cette configuration, son adversaire agissait aussi avec la fierté et l'honneur qu'incombe aux puissants de ce monde. Ce qui lui donnait une valeur toute particulière. Et qui donnerait un goût encore plus satisfaisant à sa victoire ! Mais n'allons pas trop vite en besogne. Il savait que jamais il ne devait se laisser aller à jubiler trop tôt. Cela lui avait coûté la vie de son père.
La plus grave des erreurs.

-" Attention ! "
Le cri dans son oreille droite claqua sèchement. Elle l'avait vu venir.

Un coup de poing fusa !

-"GHA !"

Bien que prévenu, le chasseur ne fut pas assez rapide. Un coup puissant fit naitre la douleur à son flanc. Elle avait de la poigne la petite ! Sous la surprise plus que la souffrance, Patte d'Ours lâcha bien involontairement la jeune femme. Voilà qui était fâcheux. Il s'était attendu à un combat à sens unique. Lui ôter toute velléité de victoire dès les premières secondes.
Mais le Créateur en avait décidé autrement. Cela contrariait fortement le nomade.

-" Ressaisit toi, imbécile ! Rappelle toi qu'on est deux là-dedans !"

La colère et la peur d'Elle venait de lui vriller le cerveau.
La combattante tenta de passer sous sa garde. Elle voulait s'éloigner du mur, où elle savait que ses conditions de victoires étaient faibles. Mais il avait anticipé.
Elle se décala, réduisit son profil pour passer. Baldhramn leva la jambe. Il voulait faire un chassé à la femme juste au-dessus du genou pour lui broyer la jambe vers l'intérieur. Mais il la frappa au tibias.
L'effrontée, fauchée frappa le sol. Elle stoppa sa chute de ses bras.
Vraiment pas commune, celle-là. D'habitude, ils se vautraient lourdement, laissant rouler une ou deux dents sur le pavé. Ils relevaient difficilement la face, la gueule en sang, la mâchoire toute gonflée.

-" CRÉTIN CONCENTRE TOI !!! !"

Trop rapide.
La lame brilla l'espace d'un instant. En un battement de cœur la morsure de l'acier ! La salope lui avait suriné la guibole ! Mais quelle garce !
Alors lui, lui laissait une chance au vu de sa condition de femme et voilà comment ça se passait ?! Une attaque en traitre avec son couteau de cueillette de champignons ?!
Qu'elle aille se faire foutre !

Patte d'Ours vit rouge.
Jusqu'ici il s'amusait de la situation, se montrant violent juste ce qu'il fallait pour qu'elle comprenne qui était le plus dangereux ici. Mais là ça allait trop loin ! Il allait juste la couper en deux !
Il allait lui séparer ses longues gambettes de sa taille marquée ! Puis il se saisirait de son couteau et le lui collerait dans ses orbites tient ! Qu'elle cesse de lui jeter ce regard haineux !
Oui c'était un bon plan ça, ça lui plaisait...

Baldhramn observait de haut la femme, un genou dans la boue. Ce genre de choses faisait bien plus mal que certains coups portés. Sa jambe saignait, mais il semblait qu'il n'était pas sévèrement touché. Le sang glissait le long de sa cuisse, contournait le genou avant de s'écraser en gouttes mollassonnes sur le sol grisâtre.

-" Ne fait pas ça ! Troue là avec ton arc, ne prend pas de risques !"  

Encore une fois, il ignora le commentaire glacé. Il ne sentait que sa colère froide qui gagnait en intensité. Décidé à faire ça bien, le chasseur prit les deux couteaux à sa ceinture qui lui servaient à découper ses proies abattues. Il les tenait dans ses énormes poings comme s'il allait se battre avec. Au lieu de cela, il les laissa choir au sol, toujours les yeux rivés sur l'inconnue. Il ne la quittait plus du regard, la transperçant de son regard double, conscient de toute la hauteur qu'il lui imposait, encore debout qu'il était.
Faisant craquer ses doigts, menaçant, Baldhramn se dit qu'il devait absolument la désarmer d'abord. Il projetait maintenant de lui briser le bras pour qu'elle lâche son arme. Ensuite il lui pèterait son nez tout droit.

Aidé par sa taille imposante, il savait qu'il occupait son attention sur la partie haute de son corps. D'où le fait qu'il eu forcé ses mouvements vers le haut. Pour faire tomber ses lames. Qu'elle n'accorde plus d'importance qu'à ce qu'il voulait qu'elle regarde.
Au bout de tout cela, le chasseur mit un coup de pieds dans la poussière et la boue. Il voulait en flanquer dans les yeux de son adversaire pour l'aveugler.
Le terrain. C'était son meilleur allié.

Si son plan marchait, elle aurait suivit la chute des armes jusqu'au sol, où elle aurait reçu une giclée dans la face.
La suite ne serait alors qu'une sinécure...
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Dim 21 Fév - 18:56
Le Faucon, la Pie, Et le Corbeau
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Faubourgs | Après-midi | An 82, 2ème mois d’Hiver, Jour 2



Ah ! Voilà qu’il la prenait enfin au sérieux ! Elle esquissa un sourire victorieux en découvrant son air ahuri puis furieux de se voir entamer la jambe par sa lame. Il croyait vraiment qu’elle était venue là pour tailler la bavette, mais elle tranchait dans le lard et pas qu’un peu. Un peu déçue néanmoins de le voir à peine cligner - c’était un morceau diablement gros et avec le cuir épais. Elle avait seulement entamé la partie superficielle de l’animal.

Qu’à cela ne tienne, il fallait déjà penser à son prochain mouvement. La foule se rassemblait autour d’eux, et certains firent un geste pour arrêter le colosse, à deux ou trois sans que l’intéressé semble vraiment le remarquer, les yeux rivés sur elle. Elle gueula dans leur direction, plus déchaînée que jamais :

— Ne le touchez pas, bande de sacs à vin ! Il est à moi !

Tout comme il ne la lâchait pas du regard, elle était déterminée à finir cette danse dans la boue à deux. Il l’avait défiée, c’était à elle de s’en défaire, et elle n’accepterait d’être rabaissée par personne et surtout pas quelques mâles en manque de reconnaissance. C’est alors qu’il attrapa ses armes et s’approcha d’un air plus sinistre que jamais vers elle. Elle se tordit un peu pour se redresser, la jambe douloureuse, et se prépara. S’il l’a collait au sol, c’en était fini d’elle et il avait le regard fou de ceux qui vont jusqu’au bout. Pas question de lui laisser cette chance.

Mais encore une fois, il fit preuve d’arrogance ou de pitié à son égard. Lâchant ses deux lames qui se fichèrent dans la boue, il racla la boue épaisse de sa botte pour lui envoyer une pelletée dans la figure. Une technique digne des meilleurs ivrognes en fin de soirée. Elle se protégea d’un avant bras, s’épargnant une bonne partie de la volée, et surtout ses yeux, et carra les épaules. Très bien, il voulait jouer à ça. Il n’avait toujours pas compris à qui il avait affaire.

Elle prit appui sur un coude puis se dressa de profil, projetant son pied en plein dans la faille, visant l’entrejambe sans férir. Puisqu’on en était aux coups bas, elle n’allait pas se priver. Elle laissa échapper un rire en le voyant ployer, les yeux écarquillés, et se rapprocher dangereusement d’elle en tombant. C’était dangereux pour lui, désormais. Elle se saisit de sa tête à deux mains, maintenant à bonne hauteur et précisa :

— Moi, c’est Uraïa.

Et elle lui envoya un coup de tête digne d’un bélier en rut, crâne en avant, en plein centre, là où l’os du nez rencontrait les délicats cartilages des narines, et des gencives. Elle aimait agrémenter ses coiffures de petits os qu’elle glissait dans ses nattes, et qui ne manqueraient pas de former quelques reliefs intéressants en s’écrasant contre le visage de la brute. Ces présentations enfin faites, elle se redressa, couverte de boue, poings en avant, une lame dans une main et les pieds bien campés dans la glaise, alors que les quolibets et les cris des badauds commençaient à ressembler à des vociférations d’arène.

Elle n’allait pas tergiverser, et s'apprêta à donner le coup de grâce d’un geste sec derrière la nuque. Fais dodo, la montagne...



Dernière édition par Uraïa le Mar 23 Fév - 19:02, édité 1 fois
Baldhramn
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Lun 22 Fév - 2:44
Lorsque l'on a été le meilleur, on ne peut que s'affaiblir et disparaitre parmi les médiocres.
Une ère s'achevait, une autre débutait. C'est précisément lorsque la botte de la femme lui écrasa les valseuses qu'il le su. Le coup venu de nul part surpris le nomade. Avant qu'il ne comprenne pourquoi, une douleur insupportable enfla entre ses jambes !

Insupportable.
Insurmontable.

Une pression aberrante écrasait ses viriles boulette de taurine sauvage. Une chaleur, une envie de vomir toute la bile du monde remonta immédiatement enflamma son ventre, ses jambes.
Ses genoux se dérobèrent contre sa volonté. Le cœur au bord des lèvres, le chasseur avait perdu toute sa superbe. Les mains portées à son entre-jambe dans un réflexe aussi grotesque qu'automatique, toute sa puissance au service d'un corps invulnérable n'était rien face au coup de pied vengeur de l'inconnue flamboyante.
Celle-ci se présenta d'ailleurs, énonçait clairement son patronyme. Comme un message clair : Retient bien qui je suis, je suis l'incarnation de ta misère !

Un éclair aveugla alors le chasseur qui chuta lourdement dans la boue de la rue dégueulasse. Son arête nasale était en feu ! Une énorme main recouvrant son visage, le chasseur était étendu sur le dos de tout son long à même les rares pavés, la mélasse de la gadoue grise, et la terre battue imbibée. Un liquide chaud affluait le long de ses joues, glissait dans sa barbe. Il se mêlait aux  flots ininterrompu des larmes salées qui déferlaient de ses yeux. Il ne voyait rien au travers de ces pleurs amères, sinon un brouillard lumineux gris et azuré. Le ciel.

Sous le regard des Dieux, Baldhramn sentait le froid du sol pénétrer son gilet pour salir son dos, ses bras, ses cheveux épars. Qu'importe, il était bien, là. Sa bouteille de rhum était allée se briser au sol un peu plus loin éclaboussant les pierres d'une offrande particulière. Une ombre se dessina, le surplombant totalement. Au travers du rideau humide qui lui masquait la vue, difficile de se faire une idée de qui il s'agissait, mais cela avait-il un quelconque intérêt, au fond ?

- " Tu es pathétique. "
Le ton glacial cingla. Des paroles pleines de vérité. Et s'il se débrouillait pour rejeter leur sens, leurs accusations ou perçait une colère froide, s'il faisait la sourde oreilles aux propos d'Elle d'habitude, ici, il ne pouvait qu'entendre tout ce qu'elle pouvait bien lui cracher à la figure.

-" Regarde toi, ramper au sol comme un ver de terre. Ah il est beau le grand Bladhramn ! Patte d'Ours ! Tueur de Scrofa Giganta ! Le Corbeau ! Tu t'es fais retourner comme de rien !"

Oui elle avait raison.
Ailleurs, plus loin, hors de son intérêt, de son monde de souffrance actuel, des quolibets et des rires moqueurs fusaient aussi. Comment pareil gaillard pouvait bien avoir pu ainsi perdre face à cette femme ? Il y eu quelques applaudissement timides. Des rires et des exclamations excités durant les temps fort de l'échange de coups. Puis les mères avaient caché les yeux des enfants pour leur éviter la vision choquante de la frappe dans les parties.
Des gens s'amassaient ici soucieux de connaitre le fin mot de tout ceci. Mais pour rien au monde ils auraient brisé le cercle invisible de l'arène. La chasseuse avait été claire. Et si elle pouvait étaler facilement ce gros baraqué, alors personne ne prétendait avoir suffisamment de répondant pour l'affronter.

Le torse de Baldhramn fut parcouru d'un soubresaut. Puis d'un rire incontrôlable. Tout vautré qu'il fut, mis au tapis par la douleur écrasante qui lui ravageait le bas du corps, il roula doucement sur son flanc, ramenant les genoux vers la poitrine en position fœtale. Il était parcouru d'un rire sans humour qui le secouait tout entier.

Ainsi jusqu'au bout on pourrait dire que nul homme ne pouvait venir à bout de Baldhramn.
Mais une femme, par contre...

C'était trop hilarant.
Elle, n'y voyait absolument rien de comique et continuer de le tancer vertement d'un ton acide.

Les doigts du chasseur s'agrippèrent à la boue. Tout concentré qu'il était au feu de son bas ventre, aveuglé par ses larmes, il n'avait nullement conscience de ce qu'il se passait alentour. En fait, il se redressait plus pour montrer qu'il ne se laissait pas abattre, que pour réellement retourner le cours du combat. Toute la combativité du monde avait ses limites, et il savait que l'enchainement qu'il avait encaissé ne lui laissait aucune chance.

Peut-être aussi que la souffrance physique qui l'habitait maintenant lui permettait de laisser exploser une autre forme de douleur qui le tenaillait jusqu'à là. En fait, c'était presque plaisant. Incapable de pleurer par lui-même sur son sort depuis si longtemps, la frappe dans le nez lui avait permit, à l'instar d'un barrage qui cède, de libérer un flot trop longtemps endigué. Il se faisait battre comme plâtre et cela chassait agréablement ses propres tourments intérieurs. Avoir trop mal pour réfléchir.
Douce délivrance d'un instant acquise dans la fange et la souffrance.
Il était méprisable...

Pleurant, riant, l'homme prenait appuie lourdement sur ses mains pour se redresser à quatre pattes. Au fond, le coup au visage ne le lançait presque plus. Il avait connu bien pire au long de ses voyages avec la tribu. Il était dur au mal. Mais le coup de pied si bien visé avait décidé de l'issue du combat.

Il se doutait que son adversaire n'était pas loin, mais il était incapable de déterminer où avec précision.
Se sentant capable de se redresser, l'homme tentait déjà de se remettre sur ses pieds sans flancher. Ses cuisses tremblaient, la blessure au couteau saignait elle aussi, rappelant d'une pointe aiguë qu'il n'y avait pas que le bas du corps et le nez qui souffraient.
Il pouffa.

-" Tu frappes comme une fillette... Uraïa. Truc. ... Même pas mal...."

Crâna-t-il d'une voix quelque peu flageolante.
Il ne trompait personne, sinon lui-même. Mais si ses forces l'abandonnaient, si le combat était perdu, les mots, eux avaient encore un pouvoir. Même s'il n'était que rajouter de la mauvaise foi à son image déjà bien entachée par ce qu'il se passait...
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Lun 22 Fév - 15:52


Il riait. Uraïa en resta comme deux ronds de flan. Elle venait de lui envoyer une tannée qui en aurait couché plus d’un, et elle n’avait pas l’habitude de faire dans la dentelle. Et lui, il riait. Pire, malgré le sang qui s’échappait de son nez, ses lèvres fendues, et la vue brouillée, il cherchait à se relever. Il la provoquait même, alors qu’elle venait de l’étendre avec soin. Ce type avait le cuir dur, c’était une certitude. Mais de là à en redemander…

— Mais… T’es un grand malade, toi...

Au fond, elle aimait ça. C’est ce qui fit hésiter son bras. Mais elle n’était pas comme lui, elle ne prenait aucun adversaire à la légère. Un ennemi qu’on laisse se relever est un adversaire à qui on offre le dernier mot. Elle ne laissait ce privilège à personne. Elle s’avança de côté, prévoyant le coup fourré, et soudain quelque chose attrapa son bras, qui la fit s’arrêter. Elle secoua l’épaule, contrariée, et s’apprêta à aboyer sur l’importun qui osait se mettre en travers de son chemin quand elle retrouva les traits de Xan’ti, inquiet, qui la tirait en arrière.

— Uraïa, arrête-toi. La garde. Pas loin.

Elle souffla du nez, exaspérée. Le nomade avait sûrement raison, elle entendait déjà pas loin le bruit des sabots sur le sol inégal. Nul doute que l’attroupement avait rameuté l’attention de la garde montée sur le bas quartier. Rapidement, les gens amassés là commencèrent à se disperser, laissant les deux combattants exposés sur cette petite place improvisée. Xan’ti continuait de tirer sur le bras d’Uraïa, tiraillée entre l’idée d’en finir, la curiosité pour cette créature qui ne flanchait pas sous ses poings, et le manque d’attrait pour ces cages à lapin qu’étaient les geôles de Claircombe. Finalement, elle grogna en levant les yeux au ciel, et s’éloigna en boitant.

— On se reverra, l’ahuri.


Le Faucon, la Pie, Et le Corbeau (PV Uraïa) {Terminé} W69b
Le Faucon, la Pie, Et le Corbeau (PV Uraïa) {Terminé} 2iZTvrN


Le lendemain, le ciel était passé du gris au soleil, bien que le fond de l’air restait froid. La chasseresse aimait particulièrement ce temps là. Il lui semblait que l’horizon dégagé était riche de possibilités inexplorées et ses rapaces piaillaient dans la volière en quête de bon gibier, ce qu’elle n’allait pas leur refuser. Aussi, elle s’engagea vers la sortie de la ville toute proche, tandis que Xan’ti se faufilait déjà dans les sous-bois aux alentours. La rixte de la veille l’avait enfermé dans un mutisme qui pouvait rivaliser avec celui de l’Utgardienne. Les deux pouvaient passer des jours à se côtoyer sans se parler, c’est ce qui faisait qu’ils s’entendaient aussi bien. Elle lui laissa sa liberté sans chercher à savoir où il allait. Il la retrouverait quand il en aurait l’envie ou quand il aurait besoin de chaleur.

Elle s’engagea sur les sentiers d’un pas ralenti par sa douleur à la jambe. L’hématome avait poussé sur son tibia jusqu’à former une boule dure qui appuyait constamment sur le cuir de ses chausses, un rappel lancinant de son combat avorté. Elle grimaça mais décida de chasser ces pensées de son esprit. Ici, elle était en paix, avec son arc et ses faucons pour seule compagnie. Elle se laissait guider par les rapaces sans rien exiger d’eux et accéda bientôt à un espace plus dégagé, que les volatiles favorisaient pour plonger en piqué sans se soucier des arbres. Elle les vit plonger successivement en piqués foudroyants au dessus de la vallée ensoleillée, comme s’ils allaient s’écraser au sol et en émergeaient miraculeusement avec un rongeur entre les pattes ou un gros lapin, la spécialité de Vidhar. Il était des deux le chasseur le plus patient, le plus calme sûrement, et malgré son envergure supérieure, il n’en demeurait pas moins habile. Vali privilégiait la vitesse, et il se délectait des petits rongeurs qui couraient avec affolement entre les herbes, les harcelant jusqu’à ce qu’ils se perdent entre ses serres.

Elle pouvait les observer chasser pendant des heures sans se lasser, les suivant de plus ou moins près, jusqu’à ce que Vidhar, son favori, ne lui revienne avec une prise qu’il ne réservait que pour elle. D’ailleurs, comme pour faire écho à ses pensées, il revenait déjà par un demi-cercle large, ses serres emprisonnant un lièvre gras qui n’avait pas vu la mort arriver. Elle sourit en tendant le poing, son bras renforcé de cuir, préparant le retour du rapace qui ne manquerait pas - quand quelque chose siffla à ses oreilles. Un trait partit entre les arbres non loin, sur son flanc droit plus exactement, et manqua de peu le rapace qui poussa un cri courroucé avant de lâcher le lièvre aux pieds d’Uraïa et de s’envoler plus loin à l’abri des arbres. Vali, alerté par le cri de son frère prit de la hauteur et finit par disparaître à la vue de la pisteuse. Qui était l’abruti qui avait tenté d’embrocher l’un de ses rapaces… Qui était assez stupide pour tirer sur un oiseau de proie… Elle allait le trouver, et l’étriper… Elle se ferait un joli manteau de sa peau… Non, mieux, elle donnerait ses entrailles à ses faucons… Il allait voir…

Elle dégaina son arc, s’enfonçant dans le sous-bois à la recherche de traces, sa blessure à la jambe oubliée et toute idée de paix et de quiétude avec elle.

Baldhramn
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Mar 23 Fév - 12:52
La ténacité était la plus belle qualité d'un combattant.
Aussi ridicule que soit sa situation, le lourd chasseur défait n'était pas prêt à cesser les hostilités. Tout du moins, il partageait deux ambitions totalement contraires : Se redresser afin qu'elle le tabasse encore. Ou se relever pour poursuivre un affrontement perdu d'avance.
Dans un cas, il se fichait comme d'une guigne du combat et de ses enjeux. Il ne serai qu'un tas de viande à attendrir. Dans l'autre cas, il demeurait en compétition pour la victoire, tout en sachant pertinemment qu'elle n'était plus à sa portée.
Qu'importe.
Le nomade, en poussant largement sur ses épaules releva son buste et puis fléchi les genoux. Tout son torse répondait convenablement. Mais le magma de douleur à son entre-jambe ne lui assurait pas d'aller plus loin.
Le rire dément qui le secouait mourut lorsque dans un grondement sonore Patte d'Ours se porta de nouveau avec ses jambes.
Il ne se sentait pas stable du tout. Nul doute qu'une feuille portée par la brise l'aurait de son impact violent renvoyé boulé au sol.
Mais il était tout à fait redressé à présent, couvert de boue, les genoux incertains, mais tout de même sur ces guiboles.

Ne se sentant pas de faire un pas de plus, il perçut la lassitude et l'étonnement chez son adversaire. Tournant la tête, il passa le poignet sur les yeux pour en chasser l'humidité. De la boue la remplaça en partie, et il se dit qu'il était vraiment stupide.

Mais… T’es un grand malade, toi... (Une pause) On se reverra, l’ahuri.

Entre ses paupières mi-closes il devina que la femme quittait l'arène accompagnée d'un autre individu.
Se tenant là comme un idiot, Baldhramn les suivit de son regard trouble quelques instants, avant de tourner sa figure vers les nuages. Fermant les yeux, il sentait son cœur gonfler d'une multitude d'émotions confuses.
C'était clairement une défaite. Un échec qui avait pourtant un goût d'inachevé. Il n'était pas mort, n'avait pas le corps en vrac. Il était encore tout à fait capable d'encaisser. Alors pourquoi, par la carie du Créateur, se retirait-elle du combat ? Ça n'avait absolument aucun sens ! Ça n'était pas fini.
Bon, même si on imaginait sans mal qui aurait fini par bouffer le purin. Alors pourquoi ne pas être allé au bout des choses ? On lui avait toujours enseigné de faire les choses tout à fait, ou de ne pas les faire. Commencer une tâche et ne pas la mener à bien, c'était comme chasser, tuer une proie... Et puis s'en retourner chez soi, laissant le cadavre là. Cela n'avait aucun sens !

Au-delà de ce sentiment, il ressentait aussi comme une grande déception.
S'il avait des peines de cœur,  il venait de trouver un moyen efficace de les alléger. De les oublier pour un temps.
Jusqu'ici il se les était toujours reproché. 'Tu es faible. Ne plus vivre avec les tiens, parmi les tiens ne devrait pas t'atteindre ainsi'. Aussi vrai qu'on le surnommait Patte d'Ours, tel l'ursidé il devait poursuivre son existence en solitaire. Alors pourquoi ressentait-il ce mal en lui ? Il était faible.
Mais il avait découvert une nouvelle façon de traiter ce problème. Pour être précis, il avait déjà marché dans cette voie. Se mettre constamment en péril, pousser toujours plus sur ses capacités physiques, ignorer les plaintes de son corps. Autant de façons de se faire du mal, comme pour extérioriser une souffrance intérieure.
Au fond, se prendre une raclée, n'était que la suite logique de ce chemin.

Depuis toutes ces saisons, proche de Claircombe, il n'avait rencontré personne capable de le mettre dans si triste état. Bien sûr qu'il avait déjà prit des trempes magistrales. Surtout au début. Peu au fait des stupides coutumes locales, il avait tôt fait de se faire des ennemis. Et il avaient dû s'acharner en nombre conséquent pour lui casser la gueule !
Dans ce cas de figure, elle était seule. Ce qui donnait une grande valeur à la personne qui lui avait mit copieux. Uraïa...
Il retiendrait ce prénom. Le corps retient mieux que l'esprit. Elle avait gravé au burin de ses poings dans son cerveau son nom.
Un nom respectable.
Il exigerait sa vengeance le plus tôt possible. Il n'allait pas rester sur cet engagement pitoyable, ça non.

- " Arrête de penser. C'est pénible d'entendre toutes ces fadaises."

Une main se posa sur son épaule.
Un homme en arme suivit de ses acolytes se tenait là.

-" Tout va bien ? Que s'est-il passé ici ? "
L'autre ne semblait que vaguement intéressé, et de toutes les manières Baldhramn ne comptait pas évoquer ce qu'il s'était passé ici.

-" Je me suis pris le bec avec un drôle d'oiseau..."


Passa une lune.
Dans le calme de la nuit, le chasseur eu tout le loisir de songer à la suite des évènements. Il était hors de question d'en rester là. Une personne puissante on s'en fait un allié, ou on la surpasse.
Et au vu des compagnons des deux larrons, ils ne seraient pas si difficiles que cela à retrouver. Claircombe était le point d'eau des proies qu'il allait traquer. Ses alentours leur terrain de jeu.
Le ciel révèlerait un jour prochain leur position. Il n'avait qu'a lui accorder une attention toute particulière. Alors le chasseur leur donnerait la chasse.
Et s'il ne la trouvait pas en première, son asperge de compagnon la ferait venir à lui.
La lune était belle ce soir. La sphère argentée moucheté se faisait le miroir de son propre visage, mangé par une couleur violacée s'étendant autour de ses yeux, et descendant sur ses pommettes.
Un joli spectacle...

Et le ciel n'avait pas fini de le combler d'aise.
Car au lendemain, un volatile particulièrement intéressant dansait avec les nuages. Remplaçant Sélène et sa course silencieuse dans l'ombre de la nuit, ce jour-ci, c'était un oiseau de proie qui parcourait le ciel. L'animal était trop loin pour ses yeux. Trop loin pour déterminer s'il était de ceux qu'il avait aperçu hier à l'épaule des deux hurluberlus.
Mais le majestueux oiseau présentait l'avantage de tourner non loin de sa cabane.
Lorsque Shoggoth vous présentait des pistes avec tant de bonté, il était de votre obligation de les suivre avec reconnaissance.
S'équipant de ses flèches ainsi que de son arc, le chasseur se hâta dans l'étendue sylvestre qui jouxtait son domicile.
Louvoyant entre les arbres, il ne prêta que peu d'intérêt aux éléments météo, ou au pouls de la forêt, qu'il recueillait d'ordinaire avec attention.
Il avait mal au crane, et pour une fois ça n'était pas du fait d'une beuverie. Sa cuisse le lança selon certains mouvements, mais rien de grave. À nouveau assuré, l'entre-jambe parfaitement revigoré, une énergie nouvelle circulait en lui. Le fameux coup de fouet des lendemains de bagarre. Les sensations de courbature qu'il avait apprit à apprécier.

Suivant le vol de l'oiseau, il constata bien vite qu'il était rejoint à certains moment par un oiseau similaire.
Ne croyait pas à sa veine, le chasseur s'embusqua derrière un arbre renversé, à la bordure d'une clairière garnie de rochers gris et acérés.
Posté là, Baldhramn planta calmement trois traits en terre puis en encocha un. Inspirant profondément, il tendit la corde, bandant son arc géant. Tout son dos se bloqua. Ses muscles contractés à l'extrême servaient un même but. La tête de flèche et l’œil, alignés sur la cible, il patienta que le moment opportun se présente. Ses énormes bras, son dos, gonflés sous l'effort maintenaient une visée parfaitement stable qui lui permettrait d'embrocher le faucon dès lors qu'il adopterait un vol rectiligne.

Il n'eut pas à attendre longtemps.
Mais alors que l'animal amorçait sa descente, le chasseur perçu des pas dans les broussailles. Gardant son attention globale et son arme pointée sur le volatile, Baldhramn porta son regard en direction du bruit.

PAR LA TÊTE EMPLUMÉE DE PHOENIX !

La femme de la veille était là ! Là ! Il la voyait de ses yeux. Et elle prenait l'air comme cela, aussi naturellement que ces gens qui promènent leur chien. Le chasseur n'en croyait pas sa chance. L'espace d'un instant, le chasseur caressa l'idée d'abattre Uraïa à l'instant. Sa flèche lui transpercerait l'épaule, et l'épinglerait au derrière derrière. Alors qu'elle lutterait entre la surprise et la douleur, alors qu'elle casserait le dos du trait pour s'extraire de l'arbre, elle prendrait deux autres projectiles dans les jambes, puis dans son crane.

- " Tu es con, ne pense même pas à les épargner !"

Baldhramn lâcha sa flèche au-dessous du faucon, de sorte qu'il fuse non loin de la femme.
Le tir aurait été enfantin. S'il avait voulu la buter, il l'aurait fait.

- " Et voilà...  Pitié... "

Patte d'Ours sortit de sa cachette. Il laissa choir son arc imposant au sol à côté des flèches fichées en terre. Observant la course de son ennemi qui la menait à lui, il se demanda alors quelle était son intention maintenant. Il avait prévu des plans, des scénarios pour le moment où il la retrouverait.
... Mais rien n'était supposer se passer aussi vite !

- " Hey, Furaïa. Ici !"

L"homme ouvrit les mains pour montrer qu'il n'était pas armé. Du moins qu'il n'avait pas d'intention belliqueuse. Pas tout de suite.
Soupe au lait comme elle était, il se doutait en revanche qu'elle se colère colère. Après tout, il avait volontairement agressé son piaf adoré. Ça, c'était dans le plan d'origine.
Les mains au niveau de la tête, il se dit que si elle l'attaquait, il prendrait sa revanche pour hier dans l'instant.
Les mains ouvertes, et levées, il pouvait aisément contrer une attaque. À laquelle il s'attendait au préalable.

Sinon, si elle savait montrer d'autres émotions ou logique que la bagarre, là il aurait tout le champ d'essayer de comprendre qui était cette parodie de nomade.

Histoire de mettre une raison sur laquelle il s'était fait rosser hier.
Et alors peut-être qu'ils pourraient remettre ça, mais dans les règles de l'art, cette fois...


Dernière édition par Baldhramn le Dim 28 Fév - 18:06, édité 1 fois
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Mar 23 Fév - 22:17
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Non. Ce n’était pas possible. La pisteuse refusait de croire ses sens. Lui. C’était encore lui ! Par Njörd, une fois n’avait pas suffi ! Il avait effrayé Xan’ti, elle l’avait couché dans la boue en risquant ses propres abattis, et elle le retrouvait dans ce trou perdu où peu de gens s’attardaient… Et il tentait d’embrocher Vidhar, son rapace favori ! Que cherchait-il au juste ? Elle ne s’arrêta pas, son couteau de chasse en main, marchant dans sa direction comme un sanglier qui s’apprête à charger pour défendre son territoire. En l’occurrence, elle distinguait les contours d’un cabanon non loin, qui était peut-être celui du nomade. Tiens, ils n’étaient pas censés voyager en permanence ceux-là ? Elle se fit la réflexion qu’elle n’avait jamais croisé l’animal entouré de sa meute. Un solitaire comme Xan’ti. Probabablement un exilé, un paria… Un...

Comment venait-il de l’appeler ? Furaïa ? Il se payait sa trogne en plus de tirer sur elle ? Elle faillit repartir directement à l’assaut, mais la première fois ne lui avait pas beaucoup réussi. Elle se souvenait trop bien de cette main humiliante plaquant son crâne contre un mur avec la force d’un étau de forge. Il l’attendait, il l’avait même provoquée, à dessein, elle en était sûre, et maintenant il jouait les désarmés, sourire goguenard aux lèvres. A tous les coups, il s’agissait d’un piège et elle ne comptait pas tomber dedans. Scrutant les alentours et particulièrement le sol, à la recherche d’un mécanisme ou d’une corde, elle ralentit un peu son approche, avec l’air sombre des mauvais jours. Pour changer.

— Encore toi ! Sérieusement ? Je savais que j’aurais dû en finir quand je le pouvais hier ! Mais cette fois, il n’y aura pas de garde pour venir nous interrompre ! Qu’est ce que tu cherches ? Pourquoi tu me suis ? Effrayer mon ami ne te suffit pas ? Il faut que tu viennes me casser les noix ici !

Elle darda la lame de son couteau de chasse de biais, pointe en avant, s’arrêtant à un bon mètre de distance en le scrutant avec le regard plein de défiance.

— T’en prendre à mes rapaces… Grande preuve de courage, bravo ! Tu n’as pas une petite vieille à terroriser dans les environs ?

Une fois de plus, elle bouillonnait intérieurement. Qui que soit ce grand échalas au cuir épais, il avait un don particulier pour la mettre hors d’elle-même. Sans la boue, elle distingua un peu mieux la couleur de ses yeux, et crut discerner une nuance différente dans chaque oeil. Peut être était-ce le signe d’une quelconque anomalie mentale ? Elle ne voyait pas d’explication rationnelle à ce comportement étrange. A croire qu’il ne la lâchait plus depuis qu’il était entré en collision avec son quotidien.

Elle qui cultivait sa solitude, ses petites habitudes, son cercle restreint de connaissances qu’elle affectionnait. Elle demeurait en dehors des affaires de l’Hurlsk et des Utgardiens en général, ne réclamait l’attention de personne, évitait de se battre en ville pour s’éviter toute mauvaise publicité. En deux jours, elle avait déjà rompu avec la moitié de ses principes. Et tout ça pour quoi ? Elle n’avait pas réussi à éloigner ce rustre de nomade, elle n’avait que provoqué un entêtement qui confinait à l’acharnement. A tous les coups, il était venu chercher sa revanche, elle le devinait à cette flamme qui brillait dans son regard étrange.

Alors qu’il semblait vouloir se rapprocher pour lui répondre, elle le mit en garde de sa lame, coude replié pour parer à toute velléité de désarmement. A cette distance son couteau était sa seule arme, en dehors de ses poings, et elle n’était pas prête à s’en séparer.

— N’approche pas ou je te coupe en rondelles.

Baldhramn
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Dim 28 Fév - 19:23
L'intelligent apprend toujours de ses erreurs.
Il ne les répètent pas pour éviter de souffrir encore. Uraïa semblait avoir retenu qu'il ne fallait pas l'attaquer en frontal. Car elle se garda bien de se trouver à sa portée tout en l'invectivant de sa douce voix de cantatrice de guerre.

— (...) Je savais que j’aurais dû en finir quand je le pouvais hier ! Mais cette fois, il n’y aura pas de garde pour venir nous interrompre ! (...) Il faut que tu viennes me casser les noix ici ! (...) N’approche pas ou je te coupe en rondelles.

Elle semblait furibonde. Il avait bien cherché cet effet, mais il ne s'était pas attendu à sa passivité. Si l'on pouvait qualifier les vociférations dont étaient capables ses cordes vocales de 'passivité'.
Le voilà bien attrapé. Il aurait bien voulu l'étaler dans les bois, signant ainsi sa vengeance sur une erreur de sa part, mais il sembla que les choses ne devaient pas se dérouler de la sorte.

Le chasseur étudia la posture clairement combative de la femme. Ça n'était pas la première fois qu'on voulait lui chatouiller le cuir d'une pointe de fer, mais elle gardait de la marge, méfiante.
Parfaite en combat à mains nues, avisée aux couteau... Elle commençait à l'énerver. Ce qui ne faisait que lui faire gagner du respect.

Elle, elle, caressa du bout des doigts la lame froide. Elle semblait pensive, et Baldhramn savait qu'elle savourait l'idée qu'elle puisse l'égorger. Et en même temps, cela devait lui faire horreur.
Elle était trop fière pour accepter que le nomade puisse finir lardé au fond des bois, disparaissant sans gloire ou une dernière action d'éclat. Et cela lui était tout autant insupportable.
Il faudrait donc soigneusement étudier la situation et comment reprendre la main.

Il avait fait exprès de planter les flèches en terre. En cas de besoin, en une roulade il pouvait les atteindre et s'en saisir aisément. De même, il n'était pas dit qu'elle avait repéré les traits fichés, ou comprit qu'il pouvait s'en servir. C'était aussi pour cela qu'il s'était défaussé de son arme tout en restant confiant.
Il avait TOUJOURS une solution cachée pour surprendre.

... Sauf quand on lui collait un vilain coup de pieds dans les cerises !

Par réflexe, le nomade modifia légèrement sa posture, se postant de trois quart, la jambe gauche plus avancée, protégeant ainsi ses parties sensible d'une frappe mesquine. Il avait comprit qu'elle avait le pieds léger, mais le coup lourd.
Aussi, il ne daigna pas répondre à toutes ses interrogations et passa sur ses stupides provocations puériles. Il n'avait pas le temps de jouer au Bout d'Chou.

- " Il est de quel clan ton 'ami' ? ...Pas reconnu ses couleurs. "

Garda les coudes pliés, bras ouverts, comme les paumes, cela lui permettait de garder une posture réactive en cas d'agression, sans y paraitre. Cependant, il leva le regard faussement distraitement vers les volatiles qui tournaient au-dessus de leurs têtes. Malgré tout il la conservait dans son champ de vision périphérique. Il voulait voir si elle n'allait pas attaquer soudainement. À priori non, mais il voulait tester tous ses réflexes avant d'engager réellement le propos de pourquoi il s'était porté au-devant de sa route.

Baldhramn avait beau être un flanc total en relations humaines, il avait bien saisit que la femme avait le sang si chaud quand il s'agissait de l'autre phasme... Parce qu'il s'agissait de son mâle.
Qu'ils étaient étrangement assortis ! Le destin faisait d'étranges choses parfois... Enfin, qui était-il pour juger, après tout ?

-" Tu n'es qu'un abruti..."
Le reproche claqua à son oreille droite, sec et venimeux.

- " Oui, oui, oui, on lui dira..."
Répondit-il sans guère y songer.

- " Et baisse ta brochette à lapin, toi. Ton pied me fait plus peur que ton jouet."
Enchaina le chasseur à l'adresse de la chasseresse.

Les oiseaux possédaient de belles couleurs. Il avait déjà dans l'idée de mettre la main sur une de leurs plumes.
Cette habitude ne l'avait pas quitté...

Il se tourna à nouveau vers elle et planta son regard dans le sien. Là, il était sérieux. Ses bras étaient retombés le long de son corps, les poings serrés.
Et comme elle semblait bien peu à même de savoir pour le clan de son amant, ou qu'elle ne semblait pas vouloir répondre totalement à sa question, Baldhramn passa à l'un des points importants qu'il souhaitait aborder en ce jour.

-" Prête moi ça plutôt (désignation du couteau). J'ai perdu, je dois en prendre acte. "

Il désignait mes cheveux.
Si au moins elle acceptait de faire un pas vers moi, la suite serait plus facile. Déjà que ça n'était pas glorieux maintenant...
Quelque part, tout aurait été plus simple si elle avait simplement chargé droit devant elle sans réfléchir. Ils se seraient cognés dans le sous bois, il y aurait eu des chicots volants, du sang, et une gueule bosselée. Et tout serait plus simple. Mais visiblement, les Trois l'avait doté d'une tête avec plus d'intelligence qu'elle n'en inspirait au premier abord.
Parfois, certaines personnes avaient tout.

Lui ne voyait comment mieux faire pour calmer un peu la tension à laquelle elle semblait être soumise au quotidien.
Habituellement, on aime, voir on est honoré d'être le témoin d'un homme qui s'inflige la marque de l'échec. Il ne voyait pas mieux comment lui témoigner du respect, se servir au mieux du témoin providentiel qu'on lui envoyait pour cette tâche, et puis par cette 'cérémonie' créer le lien qu'il voulait créer avec elle. Le lien de :

'Un jour je te ferais la peau à mon tour, s'pèce de chèvre'...
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Mer 3 Mar - 19:14
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Ils se toisaient comme deux animaux sur le territoire de l’autre, cherchant à évaluer forces et faiblesses, intentions et calculs. Néanmoins, Uraïa ne put retenir un rire à la posture défensive du géant, afin de préserver ses précieuses. Elle savourait encore l’expression douloureusement surprise du nomade lorsqu’elle avait atteint le divin paquet d’un coup de pied bien senti. Dans ce genre de moment, le faciès dur de l’Utgardienne s’étirait dans l’autre sens, défaisant les creux et plis austères de son visage pour arborer une toute autre facette, qu’il était rare d’observer. La fauconnière ne faisait pas que tirer la gueule. Et tout spécialement, quand elle avait une raison de se réjouir du malheur qu’elle avait provoqué chez ses ennemis.

Et que croyait-il celui-là ? Qu’elle allait parler de Xan’ti ? Elle était peut-être la seule à connaître des bribes de l’histoire du jeune nomade, son périple par delà le désert et les montagnes du Nord, depuis Ana Crocs. Elle n’était pas près de livrer le moindre détail à ce sujet et surtout pas à un étranger qui les avait menacés.

— Tu aurais peut-être dû commencer par une conversation amicale pour gagner ce genre de détails.

Non, elle n’était pas près de rendre les armes, pas plus qu’elle ne pouvait lui accorder cette confiance si difficile à obtenir d’elle. Markus avait mis des mois, des années, avant qu’elle marche à ses côtés les yeux fermés. Et il ne l’avait pas mise en pétard du quart de ce que ce nomade aux yeux dépareillés avait réussi à faire en deux jours. Du reste, il ne franchissait pas cette ligne mince entre eux, cette ligne qui pouvait faire exploser la situation une nouvelle fois. Quelque part, elle se sentait dans une posture douteuse et peu sereine. Elle n’avait pu l’attaquer frontalement et désormais, elle se trouvait dans une étrange négociation avec elle-même. Elle n’aimait pas les entre-deux.

— Tu aurais dû rester dans ton coin.

Le ton sifflait le reproche. Plus que la bagarre, dont elle se remettait vite, elle lui en voulait de la pousser dans ce retranchement dangereux où il fallait parler, comprendre, poser des questions. Uraïa ne posait pas de question. Plus depuis longtemps. Et elle était face à cet épineux problème qu’elle ne comprenait pas cette grosse montagne qui parlait tout seul, et qu’elle n’était pas plus avancée après l’avoir enguirlandé. Et voilà maintenant qu’au lieu de se battre, il lui réclamait son couteau !

— Si c’est une ruse pour me désarmer, c’est la feinte la plus pitoyable qu’on m’ait donnée !

Il n’était pas question de ça, oh non. Et pourtant il avait l’air diablement sérieux, le bougre. Qu’est ce qu’il mijotait encore dans cette caboche surchauffée ? Il était de plus en plus clair qu’il n’avait pas la lumière à tous les étages, l’escogriffe mal embouché.

— Alors, je vais pas poser la question dix fois : qu’est ce que tu veux à la fin ?

Elle ne le lâchait pas des yeux, et pourtant un bruit inhabituel non loin de là parvint à ses oreilles, qui la fit tiquer.



Dernière édition par Uraïa le Dim 7 Mar - 22:15, édité 2 fois
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Dim 7 Mar - 0:34
Aux innocents les mains pleines...
Disait-on, et pourtant Baldhramn restait les mains désespérément vides. Il avait eu beau faire une demande polie, la femme préférait le fustiger avec sa langue de serpent. Décidément, elle ne redescendait jamais celle là. Et cela commençait à l'énerver. Tout compte fait, il allait peut-être la confronter maintenant et lui casser la gueule. Ça lui apprendrait un peu à respecter les gens.
Patte d'Ours serra le poing.
Si elle n'était pas capable de percevoir l'accent de la sincérité dans son ton, ou l'importance du moment qu'il vivait, alors il était inutile de poursuivre plus avant, autant en finir rapidement. Le temps de manger une bonne salade de phalanges était venu.

À l'en voir son regard qui changea, elle devina qu'il allait l'attaquer. Son œil bondit du poing du chasseur à son expression fermée. Elle savait. Il savait. Parfait !
Baldhramn arma... !

Le chasseur reconnu le son.
Dans son dos, un renâclement guttural raisonna suivit d'un bruit de bois brisé. Le nomade soupira. Cela faisait quelques jours qu'une harde de sangliers tournaient dans les parages. Ils semblaient avoir élu domicile dans les bois non loin de sa cabane, et cela n'était pas du tout pour l'enchanter. Ceux-ci étaient de belle taille, l'alpha devait culminer autour des trois mètres cinquante, quatre mètres. Et il avait pu observer de tous jeunes marcassins. Le groupe était donc particulièrement nerveux et hostile.
Mais ils ne s'étaient jamais aventurés si prêt de son domicile. Et il n'avait absolument pas envie que les bêtes prennent leurs aises par ici. S'il laissait faire, demain ou après demain sa maisonnée se retrouverait par terre. Ils viendraient appâtés par la nourriture ou simplement pour se gratter aux murs et l'effondrerait sans même le vouloir.
Il se rappelait comme ces animaux avaient abattus des arbres centenaires comme de simples fétus de paille.

Mauvais !
Oubliant dans l'instant la jeune femme, le chasseur retourna à son arc à grandes enjambées. Vif, il se saisit de l'arme géante et encocha immédiatement une flèche. Il inspira à fond.
Ses muscles gonflèrent. Son dos travailla à tirer la corde, faire ployer le bois de l'arme. Ses bras étaient tendus à l'extrême alors qu'il ajustait la pointe de son projectile sur sa cible. Les pieds solidement fichés en terre il conserva sa pause l'espace de quelques secondes. Il n'était pas pressé.

L'animal était-il seul ? Oui. Il avait dû s'éloigner des siens. Voilà qui ferait un bon stock de viande, et une peau supplémentaire.
Vise peu, rate de peu. C'est ce que disait son père.

L'autre n'était pas sur le trajet de son tir. Derrière sa cible, rien qu'il ne souhaiterait pas détruire. La tête de l'animal oscillait, il fallait juste prévoir où allait se trouver son œil...
L'acide commençait à gagner son corps. Tous muscles bandés il patientait, parfaitement immobile, attendant le moment parfait.

'Vaarkarsh, guide mon bras. Que ma proie sans souffrance soit mise à trépas. Ton feu ardent réchauffe mon cœur. Tu es là, rien ne me fait peur', pria-t-il intérieurement.

Le sanglier se tourna alors dans leur direction.
Un battement de cœur.

Le trait furieux transperça les airs ! Et la chair. La pointe s'enfonça dans le cerveau mou du sanglier. L'arrière de son crane explosa et la bête partit en arrière, secouée malgré sa demi tonne.
Le chasseur expira tout l'air qu'il avait retenu jusqu'ici. Il ré arma aussitôt son arc et visa à nouveau dans la direction générale de sa proie. Il inspira à fond encore une fois. Ses bras gonflèrent révélant toute leur puissance.

Sa cible abattue ne bougeait plus. Et nul autre animal ne surgit, alla le renifler ou s'enfuit dans les bois.
Ainsi, le chasseur patienta dix battements de cœurs supplémentaires. Rien.

Alors seulement Baldhramn, lentement abaissa son arme, détendit la corde.
Passant son arme à l'épaule, le nomade garda une flèche en main et marcha en direction de sa proie abattue. En passant devant la jeune femme il lui fit une tape sur l'épaule.

-" Allons voir."

Il lui referait le portrait une autre fois.
Le temps des réjouissances était passé. Maintenant il devait tirer le meilleur de l'offre du Créateur.
Atteignant bientôt la bête, couchée sur le flanc, le chasseur s'agenouilla et posa la main sur son ventre. Un mouvement imperceptible l'animait encore. La flèche brisée de Baldhramn saillait de l'orbite enfoncée. Il n'avait donc pas totalement réussi son tir. Le projectile avait frappé le bord de l'os, mais avait tout de même atteint le cerveau. Encore un tir imparfait.
Vise peu, rate de peu. Il avait raté de peu, mais tué tout de même.

-" Je t'offre ce sang, moi Baldhramn, qui m'apprête à verser le tient, pour mon bien... "
Murmura-t-il dans un grognement rauque.

Et le nomade dégaina son couteau et s'entailla l'index. Une goutte rouge, puis deux perlèrent, diamants de sang. L'homme posa sa main à plat sur le front de l'animal. Il resta ainsi quelques instants, rendant un dernier hommage à l'âme de la bête, l'accompagnant de ses prières dans sa traversée.

Ça n'est qu'au bout de quelques minutes que l'homme massif daigna se souvenir qu'il n'était pas seul.
Il releva la tête et chercha autour de lui où était la femme. Il ne s'attendait certes pas à ce qu'elle dise quelque chose de positif. Depuis qu'il l'avait dans son champ de vision elle ne parlait que pour cracher son venin au monde. Mais au moins peut-être se montrerait-elle utile ici...
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Les circonstances avaient changé, comme la brise qui tourne en automne, ramenant de nouvelles odeurs dans les sentiers et les sous-bois, avertissement d’une variation subtile. Et parfois, il ne suffisait que de cela pour changer le cours d’un destin, prédateur ou proie. Comme lui, elle avait dégainé son arc, préparé une flèche, et s’était immobilisée dans le sous-bois après avoir rabattu son capuchon sur sa tête, masquant ainsi le roux trop flamboyant de ses cheveux. Il prit la direction du Nord, aussi, elle se tourna pour affronter ce qui pourrait venir dans son dos, et avait progressé à reculons, pas après pas, silencieusement, sans faire de bruit, posant ses pieds avec délicatesse entre les brindilles pour ne pas émettre de craquement.

Des sangliers. Il y avait du poil partout sur les arbres, et bientôt elle distingua foule de traces au sol, des renfoncements et des tranchées non loin, signe que la harde était de taille et semblait plutôt à l’aise dans la proximité avec le cabanon du nomade. Peut-être pas la meilleure idée de s’installer dans les parages. Ici, un sanglier pouvait vous retourner la maison sur la tête en un rien de temps et un mâle en période de rut était particulièrement irritable. Ici, vu la taille réduite des empreintes à certains endroits, elle devina qu’il s’agissait surtout d’élever et protéger les petits de la harde, ce qui n’était pas étonnant à cette période de l’année.

Bientôt, elle perçut un autre bruit, mais avant qu’elle ait pu se retourner pour faire face à la bonne direction, le nomade avait déjà enclenché une flèche et un instant plus tard, le trait fusait avec force et précision à travers les arbres pour se ficher dans l’oeil d’une bête monumentale qui les attendait non loin, le mufle frémissant. La bête roula en arrière et s’affaissa, les pattes agitées des dernières convulsions de la vie. Net et précis, l’Utgardienne porta un regard appréciateur dans le dos du nomade. Elle n’aimait pas le gaspillage et les morts bâclées. Ici, le grand escogriffe avait montré qu’il était capable de bien plus de subtilité qu’il n’en avait fait preuve jusque-là, encore une chose qu’elle ne devrait pas oublier pour la suite.

Familièrement, il se retourna et posa une main sur son épaule pour l’inviter à le suivre en direction de sa proie. Elle n’était pour rien dans sa capture, et elle haussa un sourcil surpris. Non seulement, il venait de lui toucher l’épaule sans qu’elle l’y autorise, mais en plus de cela, il partageait sa prise avec elle comme si elle y avait participé. Étrange nomade vraiment. Il était passé d’une humeur à l’autre à la même vitesse que le vent. Mais finalement, elle aussi, alors elle le suivit et le regarda apposer les dernières marques de respect à sa proie agonisante. Elle était coutumière des manières des nomades, Xan’ti observait les mêmes à peu de choses près. Elle se tint en retrait, observant les alentours de son œil acéré, dès fois qu’autre chose ne vienne les menacer dans le couvert des arbres.

Finalement, il releva le regard vers elle, l’air… interrogateur ? Elle commenta simplement :

— C’est un bel animal, tu lui as offert une fin propre et digne.

C’était bien le meilleur compliment dont elle était capable. Comme il était mérité, il ne lui arrachait pas la bouche. S’il était une chose qu’on pouvait reconnaître à Uraïa, c’était que sa fierté se transformait rarement en mauvaise foi. Surtout sur un sujet aussi sérieux que la chasse. Elle attendit qu’il se redresse pour désigner la bête.

— Ce serait dommage de gâter une telle prise. Tu as de quoi le dépecer ?

Sans barguigner, elle offrit son aide pour traîner l’animal, ainsi qu’un bout de corde pour attacher ses pattes ensemble et faciliter le transport. Elle songeait au cabanon non loin. Le nomade avait sûrement de quoi faire là bas. Une chance, car la carcasse valait son pesant de viande et de défenses.

— Je croyais que les nomades ne s’installaient nulle part.

C’était presque le début d’une question. Maintenant, elle était curieuse de découvrir où vivait ce nomade exilé à peine à quelques encablures de la capitale. Comme quoi, les choses pouvaient vraiment prendre une toute autre tournure à la faveur des caprices du vent.

Baldhramn
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Mer 10 Mar - 9:12
Dans l'ombre du Vide, une lueur
C'est ton Âme qui là-bas luit
à la recherche d'une Âme, sœur
avant de retourner à la nuit

J'ai pris ta vie
pour allonger la mienne
je suis désolé mon ami
plus tard je purgerais ma peine

Enfant de la verte nature
laisse ton âme filer tel le vent
tu sauras je suis sûr
trouver le repos à présent

Moi Baldhramn alourdi mon cœur du fardeau de ta mort
et allège le tiens
et si aujourd'hui je regrette ton funeste sort
je me dois de penser à demain

Il était important pour Baldhramn d'accompagner quelques instants l'Âme de l'animal auquel il avait ôté la vie.
S'il n'était pas un grand sentimental, la vie restait cohérente dans un tout, plus vaste que sa compréhension. Et dans ce grand plan qui régissait le vivant, son acte impliquerait d'autres évènement qu'il ne maitrisait pas. Du moins, celui qu'il anticipait très bien, c'était la viande, le cuir et les défenses dont lui faisait don la sanglier, qui maintenant n'en avait plus besoin.

Habitué à travailler seul, il songeait comme à son habitude à procéder à la découpe immédiatement. Cependant il sembla que ça ne concordait pas avec les intentions de la femme qui l'accompagnait. Comme ailleurs, il avait enjoint à la femme de lui emboiter le pas, plus tôt. Lui-même ne s'expliquait pas vraiment pourquoi. Et voilà qu'à présent, elle le félicitait pour son tir.
Le chasseur su tirer tout le nectar des mots qui lui furent adressé. Il devinait sans mal que ça n'était pas des mots qu'elle prononçait souvent. Et malgré qu'il devina qu'ils étaient rares, il perçu néanmoins la franchise dans son ton.
Enfin quelque chose de positif à apprécier. Un souffle de contentement le gagna. Suffisant pour ne pas se demander avec horreur comment tracter la bête à sa cabane.

Visiblement elle en avait le dessein.
Bien qu'ils fussent deux, le sanglier devait peser plus de trois cent cinquante kilos. Et il eu beau être flatté qu'elle pensa qu'il pourrait déplacer tout cela, c'était une charge conséquente qu'il les voyait mal bouger si loin.
Il serait plus simple de séparer la tête du corps, et de faire dégorger la viande de son sang. Ôter la fourrure. Le transport serait alors des plus aisé.

Il acquiesça lorsqu'elle demanda s'il avait les outils pour la découpe.
Tout ça en un seul voyage, même à deux, c'était trop. Autant se mettre au travail ici et s'épargner bien des peines.
Il tira de sa ceinture son couteau à découpe et inspecta la lame. Il la tenait affuté avec son matériel justement à sa cabane. Il était impératif que le couteau fut en parfait état pour la mission qui était sienne. Sinon, on se retrouvait à se fatiguer inutilement. Avec une bonne lame, une découpe complète pouvait durer moins d'une heure.

Se tournant pour avoir un bon angle, le chasseur répéta les gestes qu'il connaissait si bien. À ce stade, c'était de la mémoire musculaire, il ne songeait plus par lui même à ce qu'il faisait. Ce qui lui permit de répondre sans altérer sa concentration ou sa précision.

- " Nous connaissons des zones de chasse, des lieux protégés de certains prédateurs, ou des intempéries. Mais le Trois Nul Car interdis de rester plus de quelques jours au même endroit. Ton homme ne t'en a pas parlé ?"

Tout en répondant, Patte d'Ours caressait de son énorme main l'oreille du sanglier et cherchait la ligne de la mandibule. Il posa la pointe de son couteau derrière l'oreille de l'animal. Son cuir épais et son pelage émoussaient très vite la lame, voir l'endommageaient si l'on procédait mal. Tenant fermement le manche, Baldhramn savait que la vrai tâche fatigante débutait maintenant.

- " Ma cabane est ouverte. Il y a des couteaux si tu n'en n'a pas sur toi. "

Il aurait bien ajouter qu'il ne fallait toucher à rien d'autre, mais il ne lui ferait pas l'affront de le préciser. Elle semblait suffisamment vive d'esprit pour le deviner.
Et en effet, sa porte n'était pas verrouillée. Il avait monté lui même son semblant de maisonnée en reprenant certaines techniques des shogs. Il n'était pas un bâtisseur. Vivre seul, loin des siens, l'avait obligé a appliquer certains procédés qu'il ne connaissait pas au départ. Monter une tente, si grande et complexe fut-elle n'était rien en comparaison d'une maison. Alors il avait dû apprendre par lui-même à copier certaines connaissances. Cette faculté d'adaptation lui avait permit de ne pas dépérir seul, au milieu de la nature.
Mais bien sûr, un système de verrou, c'était bien au-delà de ses capacités.

Baldhramn planta d"un geste sec son couteau dans la chair chaude du sanglier. Manipuler la viande chaude avait ce côté satisfaisant. Surtout durant l'hiver.
Le couteau perça poils et cuir et se fraya un chemin dans la graisse et les muscles sans offrir de résistance. Il suivit la forme du crane, passant entre deux vertèbres, et descendit de derrière l'oreille, à sous la mâchoire. Le sang épais et collant recouvrit vite le manche, la main de Patte d'Ours, qui, plus que regardait son travail, se concentrait sur le ressenti.
Lever le nez lui permettait aussi de ne pas avoir cette déferlante d'odeur de sang, l'odeur des entrailles, qui était assez nauséabonde.
Une fois qu'il eu achevé de coupé la première moitié du cou, le nomade inversa sa position, et dû plonger son avant-bras, sa lame au fond, derrière la vertèbre pour couper dans l'autre sens. Le travail abimait vite son couteau si bien qu'il faudrait déjà bientôt l'aiguiser. Reproduisant les gestes qu'il avait eu plus tôt, en l'espace de quelques secondes, et six coups de couteau précis, la tête fut séparée du reste du corps.

Baldhramn passa son doigt épais sous la paupière du sanglier et leva. Toute la tête ainsi pouvait être transportée sans difficulté avec une prise sûre.

- " Une fois que la peau sera retirée, on pourra porter la viande chez moi. Et même se faire griller un petit quelque chose. Tout cela me met en appétit."

Il avait des oignons, de l'ail, des carottes, des herbes aromatiques ainsi que du navet et potiron. Bien assez pour se faire à manger.
Et il n'oubliait pas qu'il devait encore se couper les cheveux en signe de honte.

En soit, s'il n'avait pas l'idée au premier abord d'inviter une inconnue chez lui, il était bien dans l'obligation de la recevoir ne serait-ce que pour finir sa besogne au plus tôt. Et vu les bras qu'elle se tirait, elle pourrait aussi partager la tâche, ce qui lui épargnerait quelques efforts. Par exemple en partant de la mutilation du cou, il était facile de gratter du couteau pour tirer sur la peau de l'animal. Ainsi tout le reste serait plus simple. Ensuite il n'aurait qu'à saler la peau une journée durant, puis l'étendre au vent.

La tête, puis la peau, puis vider les intestins, tripes. Enfin prélever la viande. Tout un programme, mais au bout, un festin l'attendait. De quoi mettre du baume au cœur...
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